Projet de loi de finances pour 2002 - Tome III - Annexe 42 : II. Défense : Exposé d'ensemble et dépenses en capital
MARINI (Philippe), Rapporteur général ; BLIN (Maurice), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 87 (2001-2002) - TOME III - Annexe 42 - COMMISSION DES FINANCES
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PRINCIPALES OBSERVATIONS
- 1. En 2002, le budget de la Défense confirme son rôle de variable d'ajustement privilégiée de l'équilibre budgétaire général
- 2. Le sacrifice constant de l'équipement militaire tout au long de la législature handicape la réalisation du « modèle d'armée 2015 »
- 3. L'adaptation du secteur public de nos industries d'armement n'a pas été menée à terme
- 4. La dérive française s'inscrit dans le cadre d'une évolution européenne fragilisée
- 5. Conclusion : un « état des lieux » préoccupant
-
INTRODUCTION
LA NATURE DE LA MENACE -
CHAPITRE PREMIER
BILAN GLOBAL DE LA LOI DE PROGRAMMATION MILITAIRE 1997-2002-
I. TITRE III : UN OBJECTIF GLOBALEMENT ATTEINT EN TERMES
D'EMPLOIS BUDGÉTAIRES, POUR UN COÛT SENSIBLEMENT SUPÉRIEUR
AU CALIBRAGE INITIAL
- A. LE FORMAT PRÉVU POUR 2002 SERA GLOBALEMENT ATTEINT
- B. LES SITUATIONS CATÉGORIELLES TRADUISENT DES RÉUSSITES MÉLANGÉES
- C. LES FACTEURS INÉLUCTABLES DE PROGRESSION DES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT
- II. TITRE V : UNE ANNÉE DE CRÉDITS EN MOINS AU TERME DE LA PROGRAMMATION
-
I. TITRE III : UN OBJECTIF GLOBALEMENT ATTEINT EN TERMES
D'EMPLOIS BUDGÉTAIRES, POUR UN COÛT SENSIBLEMENT SUPÉRIEUR
AU CALIBRAGE INITIAL
-
CHAPITRE II
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DU BUDGET 2002- I. LES PRINCIPALES ÉVOLUTIONS DU BUDGET 2002
-
II. LA DÉFENSE, PARENT PAUVRE OU VARIABLE
D'AJUSTEMENT ?
- A. LE CINQUIÈME POSTE DES DÉPENSES DE L'ÉTAT
- B. UN AJUSTEMENT PERMANENT SUR L'ÉQUIPEMENT ET L'ACTIVITÉ DES FORCES
- III. ELÉMENTS DE COMPARAISON INTERNATIONALE
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CHAPITRE III
DÉPENSES D'ÉQUIPEMENT MILITAIRE-
I. ANALYSE GÉNÉRALE1616 En l'état
des informations, les chiffres commentés correspondent aux
« crédits disponibles » présentés par
le Gouvernement, c'est-à-dire aux crédits nouveaux 2002
majorés des reports autorisés 2001.
- A. UNE NOUVELLE ENCOCHE FORTE PAR RAPPORT À L'ACTUELLE LOI DE PROGRAMMATION, UNE JONCTION DIFFICILE AVEC LA PROCHAINE LOI DE PROGRAMMATION
-
B. POURSUITE DU « BOURRAGE
D'ENVELOPPE »
-
1. Dépenses ne relevant pas par fonction du budget
de la Défense
- a) Les crédits du Budget civil de recherche et développement : 5,4 milliards de francs sur la durée de la programmation
- b) Les dépenses de restructuration des industries de défense : 5,3 milliards de francs sur la durée de la programmation
- c) Les « compensations » de la Polynésie : plus de 3 milliards de francs sur la durée de la programmation
- 2. Dépenses ne relevant pas du titre IV par nature
-
1. Dépenses ne relevant pas par fonction du budget
de la Défense
-
II. ANALYSE DES PRINCIPALES ÉVOLUTIONS
- A. RÉPARTITION PAR ARMÉE ET SERVICE : LE POIDS DES COMMANDES RETARDÉES
- B. ÉVOLUTION PAR DOMAINE : LA REMONTÉE DE L'AGRÉGAT NUCLÉAIRE
- C. ÉVOLUTION PAR CATÉGORIE DE DÉPENSES : UN EFFORT BIENVENU EN FAVEUR DE LA RECHERCHE ET DU MAINTIEN EN CONDITIONS OPÉRATIONNELLES DES MATÉRIELS
- D. L'AMÉLIORATION NÉCESSAIRE DE LA GESTION DES CRÉDITS
- E. VERS UN RISQUE DE « CRISE DES PAIEMENTS » AU COURS DE LA PROCHAINE PROGRAMMATION ?
-
I. ANALYSE GÉNÉRALE1616 En l'état
des informations, les chiffres commentés correspondent aux
« crédits disponibles » présentés par
le Gouvernement, c'est-à-dire aux crédits nouveaux 2002
majorés des reports autorisés 2001.
-
CHAPITRE IV
L'EXÉCUTION DES GRANDS PROGRAMMES-
I. LE NUCLÉAIRE
- A. ÉVOLUTION GÉNÉRALE DES CRÉDITS : LA REMONTÉE STRUCTURELLE DE L'AGRÉGAT NUCLÉAIRE
-
B. LES FORCES NUCLÉAIRES STRATÉGIQUES
- 1. La Force océanique stratégique (FOST) : des retards importants
- 2. La composante aéroportée et les missiles : horizon 2008 pour le couple Rafale-ASMP-A
- 3. La dotation du Commissariat à l'énergie atomique : une couverture élevée en crédits de paiement pour les prochains exercices budgétaires
- 4. La simulation : reprise des autorisations de programme seulement
- 5. Le démantèlement : un processus encore long
- II. L'ESPACE
-
I. LE NUCLÉAIRE
-
CHAPITRE V
LES ÉQUIPEMENTS CLASSIQUES -
AUDITION DE M. ALAIN RICHARD,
ministre de la Défense - EXAMEN EN COMMISSION
-
ARTICLE 32
Mesures nouvelles. Dépenses en capital des services militaires -
MODIFICATIONS APPORTÉES PAR
L'ASSEMBLÉE NATIONALE
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès verbal de la séance du 22 novembre 2001
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 42
DÉFENSE :
- • EXPOSÉ D'ENSEMBLE ET DÉPENSES EN CAPITAL
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Gérard Miquel, Claude Belot, Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, M. Aymeri de Montesquiou, vice-présidents ; MM. Yann Gaillard, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Bernard Angels, Bertrand Auban, Denis Badré, Jacques Baudot, Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Eric Doligé, Thierry Foucaud, Yves Fréville, Adrien Gouteyron, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, François Marc, Michel Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
(2001-2002)
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS
1. En 2002, le budget de la Défense confirme son rôle de variable d'ajustement privilégiée de l'équilibre budgétaire général
L'examen
du budget de la Défense pour 2002 s'inscrit dans un double
contexte : la fin de l'actuelle loi de programmation militaire, dont il
convient de dresser le bilan avant de s'engager dans la prochaine, et la
nécessaire analyse, sinon la prise en compte, des
événements du 11 septembre 2001, s'agissant des
évolutions potentielles de la « nature de la
menace ».
Les principales données du budget 2002 confirment la tendance lourde
relevée tout au long de l'exécution de la loi de programmation
qui s'achève. Le budget de la Défense a constamment
constitué la variable d'ajustement privilégiée de
l'équilibre budgétaire général, et n'a jamais
bénéficié des « dividendes de la
croissance », pourtant considérables sur la durée de la
législature.
De 1996 à 2002, la part du budget de la Défense dans le budget de
l'Etat aura diminué de 12,3 % en 1996 à 10,9 % en 2002.
Parallèlement, la part de l'effort militaire dans le PIB aura
régressé de 2,41 % à 1,89 %.
Avec 29,3 milliards d'euros (y compris les reports autorisés), le
budget de la Défense devient en 2002 le cinquième poste de
dépenses de l'Etat, après l'Education nationale, les Charges
communes -qui comprennent la charge de la dette- les concours de l'Etat aux
collectivités locales et l'Emploi et solidarité.
De façon relativement inusitée, et en tout état de cause
contraire au strict droit budgétaire, le Gouvernement inclut dans la
présentation du budget 2002 des reports de crédits de l'exercice
2001, pour un montant total de 412 millions d'euros (soit
2,7 milliards de francs), ce qui lui permet d'afficher un montant de
crédits « disponibles » sensiblement plus
élevé.
Hors reports, le budget 2002 s'établit à 28,85 milliards
d'euros hors pensions (189,2 milliards de francs), soit une croissance
limitée à 0,2 %, nettement inférieure à celle
de l'inflation prévue (+ 1,6 %), et correspondant à
moins du dixième de ce qui est prévu en moyenne pour les budgets
civils (+ 2,5 %).
Certes, l'exercice 2002 correspond à un effort particulier en direction
de la « condition militaire », puisque le titre III
progresse de 2,3 %. Cette évolution reste toutefois
inférieure de moitié à celle des budgets civils
(+ 5,1 %), et correspond pour moitié à
l'inéluctable prise en compte des mesures Sapin. Si un réel
effort est fait en termes de mesures catégorielles,
généralisées cette fois à l'ensemble des
armées et services, celles-ci ne concernent que les sous-officiers pour
l'essentiel, et ne peuvent constituer qu'un début de réponse,
face à l'ampleur des besoins justifiés qui commencent, à
peine, à s'exprimer.
En revanche, le montant des crédits d'équipement militaire ne
peut être, en aucun cas, considéré comme satisfaisant. Il
correspond à une nouvelle encoche par rapport à l'objectif
fixé par la loi de programmation militaire, même
révisée, dont il s'écarte (hors reports) de près de
5 milliards de francs si l'on tient compte des reports autorisés,
et de plus de 7 si, en toute rigueur budgétaire, on n'en tient pas
compte. Il représente surtout un écart considérable avec
l'annuité en principe retenue pour 2003 par la prochaine loi de
programmation.
Hors dépenses dites de « bourrage », en principe
exclues par la loi de programmation militaire, c'est-à-dire notamment
contribution au BCRD et financement des compensations accordées à
la Polynésie au titre de l'arrêt des essais nucléaires, cet
écart peut être évalué à près de
10 milliards de francs.
Quant au niveau des autorisations de programmes, bien que supérieur de
4 milliards de francs aux crédits de paiement, il ne suffit pas
à maintenir une politique cohérente de commandes globales, et
impose de repousser à nouveau d'un an des commandes importantes, comme
celle du programme de missiles M51.
2. Le sacrifice constant de l'équipement militaire tout au long de la législature handicape la réalisation du « modèle d'armée 2015 »
Au sein
même du budget de la Défense, les dépenses
d'équipement ont elles-mêmes toujours servi de variable
d'ajustement à des dépenses de fonctionnement en constante
progression et désormais prépondérantes (57,1 % du
total du budget).
En particulier, les dépenses de fonctionnement liées à la
participation de la France à des opérations extérieures,
notamment sur le théâtre du Kosovo, pourtant prévues et
récurrentes, ont constamment été financées par un
prélèvement, en cours d'exécution, sur les crédits
d'équipement du titre V : soit, en cinq ans,
l'équivalent du prix du second porte-avions nucléaire.
Au sein du titre III, le poids croissant des dépenses de
rémunérations et charges sociales, également lié
à l'incidence lourde des mesures globales fonction publique, a
exercé par ailleurs un important effet d'éviction sur les
crédits d'activité et de fonctionnement courant, contribuant
à une sensible détérioration des taux d'activité
des forces françaises, tombés en deçà des normes
OTAN, et surtout très en deçà des seuils britanniques.
Au total, l'exécution globale de la loi de programmation risque de se
solder par une année complète de dépenses
d'équipement en moins, et une détérioration des
matériels plus importante que prévue.
De fait, fin 2001, les plus hauts responsables militaires reconnaissent
désormais qu'il y aura, sinon ruptures de capacités d'ores et
déjà avérées, du moins « érosion
des matériels », « dégradation du
modèle d'armée 2015 », et « inquiétude
sur la cohérence des forces ».
En réalité, les retards successifs pris dans les commandes au
cours de l'actuelle programmation font que la plupart des programmes majeurs ne
seront pas livrés avant 2008-2011 ; ainsi, par exemple, le
quatrième SNLE-NG, équipé directement du missile M51, ne
sera admis au service actif qu'en 2008 au plus tôt ; la mise en
service des missiles ASMP-A sous Mirage 2000 et Rafale n'interviendra pas avant
2007-2008 ; le premier satellite successeur de Syracuse II ne sera
lancé qu'en 2013 ; les premiers Tigre version appui-protection de
l'armée de Terre, ainsi que ses premiers hélicoptères NH90
ne seront livrés qu'en 2011 ; le premier escadron
opérationnel de Rafale au standard F2 n'entrera en service qu'en 2006,
la première frégate anti-aérienne Horizon et la
première frégate multimissions qu'en 2008 ; le premier
sous-marin nucléaire d'attaque type Barracuda ne sera admis au service
actif qu'en 2012 ; et les premiers nouveaux transports de chalands de
débarquement qu'en 2006. Quant au futur avion de transport A-400M, son
sort apparaît aujourd'hui particulièrement incertain.
Les armées françaises devront dès lors aborder la
prochaine loi de programmation militaire avec une double
difficulté : une réalisation en termes physiques d'ores et
déjà moins favorable que prévue, et une dotation en
autorisations de programmes, comme en crédits de paiement, qui
présente un écart sensible avec les dotations prévues pour
2003.
3. L'adaptation du secteur public de nos industries d'armement n'a pas été menée à terme
Malgré une dépense budgétaire d'ores et
déjà considérable, la restructuration de DCN et de
GIAT-Industries n'est toujours pas acquise. On peut d'ailleurs alternativement
considérer que c'est la baisse des budgets d'équipement de
défense qui a mis à mal nos anciens arsenaux terrestres et
maritimes, ou que c'est le prélèvement lié aux
restructurations et la dégradation de la qualité du service rendu
qui ont contribué à la détérioration des
équipements militaires. Quoi qu'il en soit, le résultat est tout
à la fois désastreux pour les industries d'armement et pour
l'équipement des forces armées.
Dans les deux cas, la mutation, difficile, notamment parce qu'elle exige
d'abord celle des personnels, ne se fera pas sans une nouvelle et forte
contribution budgétaire. Sur la période 1997-2002, le coût
de restructuration de la DCN aura déjà représenté
3,3 milliards de francs. Depuis sa création en 1990, le groupe
GIAT-Industries aura totalisé 24 milliards de francs de pertes et
l'Etat, actionnaire unique, aura versé 18,5 milliards de francs au
titre de sa recapitalisation (dont 11,7 depuis 1996), au prix d'un
prélèvement important sur le titre V. Une nouvelle
recapitalisation, de l'ordre de 4 milliards de francs, est attendue d'ici
la fin de l'exercice.
4. La dérive française s'inscrit dans le cadre d'une évolution européenne fragilisée
La
politique européenne de défense a certes franchi, il y a deux
ans, une étape décisive au sommet d'Helsinki de décembre
1999, avec l'adoption du principe d'une « force de réaction
rapide » européenne, théoriquement
opérationnelle à horizon 2003.
Un an avant la date envisagée, toutefois, de nombreux points sensibles
et stratégiques, dont l'insuffisance a été
concrètement soulignée sur le terrain du Kosovo, restent encore
à améliorer, en particulier en matière de défense
anti-missile, de forces opérationnelles spéciales, de
renseignement, de communication et de transport stratégique
aérien et naval.
En réalité, les conditions, et même le succès, de la
mise en place d'une défense européenne, paraissent
étroitement dépendants d'un degré minimum de convergence
des choix budgétaires -et donc en réalité politiques- des
Etats membres.
Or, dans ce domaine, l'écart se creuse entre la France et le Royaume-Uni
d'un côté et l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne de l'autre, mais
surtout, et ceci est sans doute plus pernicieux, entre le Royaume-Uni et la
France.
En 2000, le Royaume-Uni consacre encore près de 2,3 % du PIB
à son effort de défense, tandis que la France y consent moins de
1,8 %. Le niveau actuel des dépenses de fonctionnement par soldat
est deux fois et demie plus élevé chez les britanniques, et les
dépenses d'équipement par soldat près de deux fois plus
importantes. A tous ces égards, l'écart entre la France et le
Royaume-Uni est plus élevé que celui, souvent très faible,
entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis.
De fait, concrètement, la coopération en matière de
programmes d'armement marque le pas. Lors de l'examen du
précédent budget, il convenait de se féliciter du proche
aboutissement du projet de l'avion de transport A-400M. Un an après,
à quelques semaines de la décision finale, de sérieuses
incertitudes menacent la participation de l'Allemagne et de l'Italie.
S'ajoutant à l'échec du programme Syracuse (satellite de
communication) en 1998, puis Horizon (frégate anti-aérienne) en
1999, du fait du retrait britannique, ceci réduirait à bien peu
de choses la liste des succès réels de la coopération
européenne en ce domaine (le seul missile Meteor...).
Enfin et surtout, les événements du 11 septembre 2001 ne sont pas
sans conséquences sur les perspectives de cette Europe de la
défense. L'accélération considérable donnée
au programme de l'avion de combat américain Joint Strike Fighter
pèse sur les perspectives de développement du Rafale et de
l'Eurofighter, rebat considérablement les cartes de l'industrie
européenne, et constitue un exemple qui doit être
médité. Plus profondément, il convient sans aucun doute
d'être attentif au repositionnement politique évident de certains
partenaires européens -le Royaume-Uni, certes, mais aussi l'Italie-
autour des Etats-Unis.
5. Conclusion : un « état des lieux » préoccupant
Au
total, dans un contexte géostratégique profondément
évolutif, la professionnalisation des armées françaises
est acquise, mais elle reste à consolider et à inscrire dans la
durée. La modernisation des équipements a subi successivement
encoches, reports et annulations de crédits, qui aboutissent en fin de
loi de programmation à un « écart » de
l'ordre de 80 milliards de francs, et se traduisent par l'érosion
des matériels, la dégradation de la cohérence des forces,
et des perspectives de ruptures capacitaires au cours de la prochaine
législature.
Du seul point de vue budgétaire, il faut être conscient que la
professionnalisation des armées, pour être seulement
consolidée, implique une charge supplémentaire importante sur le
titre III. Que le lancement de commandes importantes en fin de programmation
risque fort de se traduire, au cours de la prochaine législature, par la
nécessité de renforcer considérablement le niveau des
crédits de paiement, sauf à aboutir à une véritable
crise des paiements. Que l'adaptation de notre industrie d'armement n'a pas
été menée à terme et que le coût pour l'Etat,
compte tenu de la nécessaire prise en compte des considérations
liées au maintien de l'emploi et à l'aménagement du
territoire, sera conséquent - sans pour autant d'ailleurs qu'il revienne
nécessairement au budget de la Défense, dont ce n'est pas la
vocation, de le supporter indéfiniment.
Du seul point de vue budgétaire donc, qui est celui de la commission des
Finances, les conditions générales d'exécution de
l'actuelle loi de programmation conduisent à souligner l'ampleur des
charges accumulées, qui conduiront mécaniquement, et en dehors de
tout choix politique de renforcement de notre effort militaire, à une
sensible augmentation des dépenses militaires au cours de la prochaine
législature, sauf à remettre en cause définitivement le
modèle d'armée 2015.
INTRODUCTION
LA NATURE DE LA MENACE
Le
projet de budget de la Défense pour 2002 s'inscrit dans un environnement
international marqué par les événements du
11 septembre 2001.
Votre rapporteur ne peut mieux faire ici que de reprendre les principaux
éléments de l'analyse du ministère de la
Défense
1(
*
)
. Celui-ci considère en
effet que
« l'examen des facteurs susceptibles d'influencer notre
outil de défense permet de
confirmer, dans leurs grandes lignes
,
les hypothèses stratégiques qui avaient présidé
à l'élaboration du modèle 2015. Toutefois,
certains
enseignements doivent être tirés de l'évolution
récente du contexte international et des engagements de nos forces
armées depuis 1996
.
I. UN CADRE GÉOSTRATÉGIQUE PRÉOCCUPANT
A. L'ÉVOLUTION DU CONTEXTE INTERNATIONAL : NOMBREUX FACTEURS DE DÉSORDRE ET DE CONFLITS
1. Une expression paroxystique du terrorisme
-
« Les attentats aux Etats-Unis ont frappé le monde entier par
le nombre de victimes (près de 6 000 morts) et la
volonté de destruction massive qu'ils témoignent de la part de
leurs auteurs. Même si cette expression paroxystique du terrorisme ne
relève pas nécessairement d'une rupture stratégique, elle
souligne
l'importance de l'effort à engager au niveau
international pour lutter contre le terrorisme et plus
généralement contre les facteurs qui sont à son
origine
.
- « De nombreux facteurs de désordre et de conflits persistent
par ailleurs dans un environnement international incertain.
2. Les difficultés de la transition démocratique dans l'entourage immédiat de l'Europe
«
Autour de l'Europe, les effets de la transition
démocratique vont continuer à se manifester plus longtemps
encore. Les économies des régions en développement
connaissent des difficultés profondes. Leurs sociétés en
transition seront marquées par
une instabilité forte,
aggravée par d'intenses migrations internes
. Cette
instabilité continuera à s'exprimer par
des réactions
identitaires violentes, teintées de nationalisme ou de fondamentalisme
religieux. Les pays européens s'en trouveront affectés de
diverses manières : mouvements migratoires, actions terroristes,
criminalité organisée
.
«
La crédibilité des Nations-Unies
comme outil
de règlement des conflits sera régulièrement mise à
l'épreuve,
et, avec elle, l'audience des pays comme la France
qui
veulent en faire un élément-clé de la régulation
politique mondiale.
« Les risques et les menaces pour la France et pour l'Europe se
caractérisent, plus que par le passé, par l'asymétrie en
tant que mode de réponse par un certain nombre d'Etats ou d'acteurs non
étatiques qui ne sont pas en mesure de s'opposer par d'autres moyens
à la supériorité des pays appartenant à la
sphère occidentale. Ces risques comprennent en particulier
le
terrorisme, qui n'est pas un risque nouveau mais manifeste actuellement des
tendances très préoccupantes
: réseaux moins
centralisés, terroristes dormants,
liens croissants avec les
économies criminalisées et les mafias, montée d'un
terrorisme maximaliste tel que celui exprimé aux Etats-Unis d'une
façon dramatique.
Ce risque concerne aussi l'Europe sur son
territoire comme nos forces déployées à
l'extérieur.
3. Des risques asymétriques de prolifération
«
Ces risques asymétriques comprennent
également les
diverses formes de prolifération
, y compris
la prolifération des armes de destruction massive et des missiles
associés, les agressions contre les systèmes d'information, et
nécessiteront des moyens plus importants dans le domaine de la
détection, du renseignement et de la protection
.
«
Les Etats-Unis
sont engagés dans un effort
budgétaire de défense particulièrement important, et
semblent faire le choix, avec la défense antimissile, d'options
stratégiques nouvelles qui doivent être précisées
dans le cadre de leur revue générale de défense. Ils se
mettent ainsi
en position d'imposer davantage encore leurs concepts de
défense et leurs propres normes. Le défi adressé à
l'Europe
dans les domaines stratégique et technologique par la
nouvelle approche américaine pourrait affecter son autonomie future
d'appréciation et d'action et a pour enjeu sa capacité à
entrer dans des
coopérations transatlantiques
équilibrées tant sur les concepts de défense que sur
l'accès aux technologies.
B. LES ENGAGEMENTS DE NOS FORCES ARMÉES DEPUIS 1996 : DES LEÇONS À TIRER
1. Un déploiement à la limite de nos capacités.
«
Depuis 1996, nos forces ont été
impliquées dans des opérations de nature très diverses, et
souvent particulièrement contraignantes, que ce soit par leur
durée (Bosnie), leur intensité (Kosovo), ou leur
éloignement(Timor).
« Ces forces ont parfois été déployées
à la limite de leurs capacités, comme cela a été le
cas lors de la crise au Kosovo, du fait de la concomitance de la montée
en puissance de la professionnalisation et de la rotation très rapide du
personnel en opérations.
« Les
insuffisances déjà connues
ont
été confirmées.
«
D'autres ont été
révélées
, notamment lors de l'opération Force
alliée. L'interopérabilité, tant sur le plan technique que
sur celui de l'entraînement peut encore être
améliorée afin de permettre de conduire, au sein de l'OTAN ou de
l'UE, un combat complexe et prolongé.
« Plus particulièrement, dans le cadre des opérations
du Kosovo, d'autres capacités se sont révélées
insuffisantes au niveau national ou européen, comme le
renseignement
stratégique par tout temps
, la
suppression des défenses
aériennes adverses
, le
sauvetage de pilotes au combat, la
sélection de cibles
et l'
évaluation des dommages
. Le
rôle croissant de l'infanterie dans la phase de consolidation de la paix
a par ailleurs mis en évidence la nécessité
d'améliorer sa protection.
2. Persistance de faiblesses technico-opérationnelles déjà identifiées
« Cette persistance de faiblesses technico-opérationnelles déjà identifiées confirme la nécessité de maintenir une cohérence de longue durée dans la politique d'équipement. La programmation actuelle, qui s'inscrit dans cette préoccupation, permettra le développement ou l'entrée en fabrication d'un nombre élevé de programmes, aujourd'hui approuvés, pendant la loi de programmation militaire à venir (avion de combat Rafale, avion de transport A400M, missiles, hélicoptères NH90 et Tigre, Véhicule de combat d'infanterie VBCI, frégates multimissions et sous-marins d'attaque futurs, segment sol de l'imagerie radar, drones de théâtre et tactiques).
3. Des besoins confirmés et des contraintes fortes
«
Les crises récentes ont
confirmé
l'intérêt de la supériorité technologique dans les
domaines du renseignement, du contrôle et du commandement, de la
précision des armes et de l'action à distance sous toutes ses
formes
.
« Simultanément, la maîtrise de la violence et le
contrôle des espaces continueront d'imposer des actions de projection
dans lesquelles nos forces devront s'adapter à des formes souples et
rapidement réversibles d'action militaire, au contact avec la
population, de plus en plus fréquemment dans des milieux urbains,
passant, parfois au cours d'une même mission, de l'accompagnement de
l'effort humanitaire au contrôle de la sécurité des
personnes, ou aux
opérations ponctuelles de rétablissement de
la paix pouvant impliquer des phases de combat de haute intensité
.
« L'action militaire sera contrainte de recourir à
des
moyens de plus en plus discriminants et sélectifs
. La maîtrise
des effets sur l'environnement, le respect des prescriptions du droit
international et la maîtrise de la communication sont devenus des
contraintes fortes qui s'imposent à l'action militaire. Les moyens de
supériorité des forces doivent en tenir compte.
« La durée indispensable au succès des
opérations de rétablissement de la paix
se confirme,
introduisant de
fortes contraintes sur la gestion de notre appareil
militaire
. »
II. L'EUROPE DE LA DÉFENSE : UNE AMBITION QUI RESTE À METTRE EN oeUVRE
La Politique européenne de sécurité et de défense (P.E.S.D.) découle des dispositions du Traité d'Amsterdam entré en vigueur le 1 er mai 1999 qui prévoyait le renforcement de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) instituée par le Traité de Maastricht . Elle a franchi une étape décisive au sommet d'Helsinki les 10 et 11 décembre 1999, avec l'adoption du projet de mise en place d'une Force de réaction rapide propre à l'Union européenne, confirmant ainsi la décision franco-britannique de Saint-Malo prise le 4 décembre 1998.
A. LA FORCE DE RÉACTION RAPIDE EUROPÉENNE
1. Les objectifs d'Helsinki
L'objectif global («
headline
goal
»)
défini à Helsinki en décembre 1999 visait, en principe,
à mettre en place à horizon 2003 les forces ainsi
définies :
- 60 000 hommes (l'équivalent d'un corps d'armée),
- pouvant demeurer déployé au moins un an,
- 150 navires,
- 300 à 350 avions de combat.
Cet objectif s'accompagnait de la création d'organes politiques et
militaires au sein de l'Union européenne pour lui permettre de
décider et de conduire une opération : le
Comité
politique et de sécurité
(COPS), le
Comité
militaire
(CMUE) et l'
Etat-major de l'Union européenne
(EMUE).
La
Conférence de Feira
(19-20 juin 2000) a précisé
et complété les mesures adoptées à Helsinki, en
adoptant les principes directeurs devant régir les relations avec les
pays non-membres de l'Union européenne, et en décidant de la mise
en place d'une force de police européenne
2(
*
)
.
La
Conférence d'engagement des capacités du
20 novembre 2000
a défini «
l'objectif global
des capacités »
rassemblant les contributions des
états-membres au sein d'un « réservoir »
permettant de garantir l'objectif d'Helsinki. Elles correspondent à
100.000 hommes, 400 avions de combat, et 130 bâtiments.
L'engagement des principaux partenaires comporte notamment :
- pour la France : 12.000 hommes, 97 avions de combat dont
22 embarqués, 1 porte-avions (en dehors des périodes
d'indisponibilité programmée), 4 frégates, 1
sous-marin nucléaire d'attaque, 6 bâtiments divers ;
- pour le Royaume-Uni : 10.000 hommes (+ 3 bataillons
d'infanterie de marine), 72 avions de combat dont
12 embarqués, 15 ravitailleurs, 45 C-130,
1 porte-avions (6 mois), 2 sous-marins nucléaires d'attaque,
4 frégates, 13 bâtiments divers) ;
- pour l'Allemagne : 18.500 hommes, 77 avions de combat,
15 bâtiments de combat (dont 2 frégates et 2 sous-marins).
Le
Conseil européen de Nice
(7 et 8 décembre 2000) a
décidé la création, de façon permanente, d'une
architecture décisionnelle (COPS, CMUE, EMUE) destinée à
évaluer les situations de crise et à recommander au Conseil les
réponses, y compris militaires, adaptées à la gestion de
ces crises, comme envisagé à Helsinki.
L'Union européenne devrait en principe être déclarée
opérationnelle au plus tard au
Sommet de Laeken de décembre
2001
, conformément au mandat établi par les
déclarations des
Conseils européens de Nice
et de
Göteborg
.
La
Conférence d'amélioration des capacités du 19
novembre 2001
devait permettre aux Etats membres d'annoncer des projets
concrets visant à combler les lacunes capacitaires (capacités de
contrôle et de commande, transport stratégique, renseignement),
d'établir une revue détaillée des programmes nationaux,
bilatéraux et multinationaux déclarés à l'Union
européenne, de faire le point sur leur degré d'avancement et
surtout de déterminer l'échéance prévisible de la
mise en oeuvre de ces programmes.
L'objectif est de préserver l'autonomie d'action de l'Union
européenne et de faire porter les efforts sur les capacités les
plus déterminantes pour la cohérence opérationnelle
(transport stratégique, capacités de contrôle et de
commande, renseignement) et également essentielles dans tous les
scénarios et dans toutes les hypothèses d'emploi.
2. Les lacunes identifiées
En
confrontant l'objectif global de capacités, défini en
juin 2001 à Helsinki (
Helsinki Headline goal catalogue
), le
Comité militaire de l'Union européenne a affirmé
qu'à l'horizon 2003, l'Union européenne serait capable de mener
toutes les missions du type « Petersberg » même si
certaines restrictions peuvent apparaître sur les délais et
volumes de déploiement.
L'élaboration du catalogue d'amélioration de capacités
(
Helsinki Progress Catalogue
) doit permettre aux états-membres de
modifier leurs contributions afin de résoudre un certain nombre de
capacités « lacunaires ».
Ces travaux ont conduit à l'établissement d'un document
confidentiel dressant une liste de 54 capacités pour chacune
desquelles le niveau des contributions des nations conduit à constater
une « lacune ».
La plupart de ces lacunes sont réelles dans les capacités
disponibles au sein des forces armées des nations européennes,
principalement dans les domaines suivants :
- capacités contribuant à l'
autonomie d'appréciation de
situation
de l'Union européenne, parmi lesquels on soulignera
l'importance de l'observation spatiale, de la surveillance aérienne de
théâtre et les systèmes de drones tactiques à
autonomie importante ;
- capacités nécessaires à la
projection des forces
,
en particulier les avions de transport, de ravitaillement en vol et
hélicoptères de transport ;
- capacités de
combat
, en particulier dans le domaine de la
protection des forces européennes projetées face aux menaces
balistiques, et de la protection des avions contre les moyens sol-air de
l'adversaire (brouillage dit « offensif ») ;
- capacités de
transport stratégique
par air et mer ;
- capacités
logistiques
avec des bataillons de transport.
Ces lacunes devront impérativement faire l'objet d'une action
concertée des pays européens si l'on veut assurer l'autonomie
d'appréciation de situation, de prise de décision et d'action de
l'Union européenne.
Leur comblement repose également, à condition que la conjoncture
économique le permette, sur un volontarisme accru sur le plan
budgétaire.
Le projet
ETAP
(Programme européen d'acquisition de technologie)
Le 19
novembre 2001 à Bruxelles, les ministères de la Défense de
six pays (Allemagne, France, Espagne, Italie, Royaume-Uni et Suède) se
sont engagés à créer un «
programme
européen d'acquisition de technologie
»,
c'est-à-dire un système de combat aérien futur (SCAPE),
avion de combat pilote ou non piloté, ou missile de croisière
à long rayon d'action, concurrent potentiel du
Joint Strike
Fighter
et du
Tomahawk
américains.
Les études commandées pour l'été 2002 sont
très diversifiées et l'éventail des solutions très
ouvert.
Les industriels concernés par l'accord de Bruxelles se sont
engagés à développer en commun un démonstrateur,
habité ou non.
Les six gouvernements ont accepté de prévoir les financements
industriels et étatiques nécessaires pour lancer la recherche
technologique adaptée en amont des programmes.
Pour autant, le Royaume-Uni maintient sa collaboration avec les Etats-Unis sur
le
Joint Strike Fighter
et le
Tomahawk
.
B. LES PROGRAMMES D'ARMEMENT EN COOPÉRATION : UNE RÉUSSITE FRAGILE
1. Après les échecs de Syracuse et Horizon, une inquiétude nouvelle sur l'A-400M
Concrètement, la coopération en matière de
programmes d'armement marque le pas. Lors de l'examen du
précédent budget, il convenait de se féliciter du proche
aboutissement du projet de l'avion de transport A-400M.
Un an après, à quelques semaines de la décision finale, de
sérieuses incertitudes menacent la participation de l'Allemagne et de
l'Italie.
L'Italie
3(
*
)
n'a pas signé le
Memorandum of Understanding (MOU)
du dernier Salon du Bourget. La
décision finale de l'Allemagne est impérativement liée
à celle du
Bundestag
, au sein duquel les opinions sont
particulièrement divisées sur ce sujet. De fait, la signature du
contrat commercial vient d'être repoussée, l'Allemagne ayant
annulé la réunion de l'OCCAR prévue le 16 novembre
à Bonn pour entériner le lancement de la production. Le
Royaume-Uni, qui a un besoin urgent de 25 appareils et peut en
acquérir aux Etats-Unis, a demandé à ses partenaires de
trancher la question avant fin 2001.
S'ajoutant à l'échec du programme Syracuse (satellite de
communication) en 1998, puis Horizon (frégate anti-aérienne) en
1999, du fait du retrait britannique, un échec définitif de
l'A-400M réduirait à bien peu de choses la liste des
succès réels de la coopération européenne en ce
domaine (le seul missile Meteor...).
2. Les conséquences du 11 septembre
Enfin et
surtout, les événements du 11 septembre 2001 ne sont pas sans
conséquences sur les perspectives de cette Europe de la défense.
L'accélération considérable donnée au programme de
l'avion de combat américain
Joint Strike Fighter
pèse sur
les perspectives de développement du
Rafale
et de
l'
Eurofighter
, rebat considérablement les cartes de l'industrie
européenne, et constitue un exemple qui doit être
médité.
Plus profondément, il convient sans aucun doute d'être attentif au
repositionnement politique évident de certains partenaires
européens -le Royaume-Uni, certes, mais aussi l'Italie- autour des
Etats-Unis.
L'organisation conjointe de coopération en matière d'armement (OCCAR)
L'OCCAR
est fondée sur les principes de coopération dits de Baden-Baden,
datant de décembre 1995.
La personnalité juridique de l'OCCAR a été acquise le
26 janvier 2001. Elle lui confie notamment une autonomie
contractuelle.
L'OCCAR peut être considérée comme le précurseur
d'une
Agence européenne
de l'armement
souhaitée par
les quatre pays fondateurs, auxquels viendraient se joindre en temps utile
d'autres pays.
L'OCCAR a intégré :
- à sa création, les programmes franco-allemands
Tigre
,
Hot
,
Roland
,
Milan
;
- en 1999, le programme franco-germano-britannique
Cobra
, le programme
franco-italien
FSAF
et le programme germano-britannique
MRAV/GTK
(véhicule blindé) ; ce dernier programme a été
rejoint par les Pays-Bas en 2000.
Le programme
A400M
d'avion de transport (France, Allemagne, Royaume-Uni,
Italie, Espagne, Belgique, Turquie, Portugal) devrait être
intégré lorsque le contrat sera passé par l'OCCAR à
l'industrie.
L'accélération de la restructuration de l'industrie de
défense européenne appelle une organisation de maîtrise
d'ouvrage déléguée pour la gestion des programmes
d'armement.
Pour devenir plus efficace dans la gestion des programmes d'armement, l'OCCAR
devrait se développer en amont de ses activités actuelles, en
gérant des démonstrateurs technologiques (principe acquis et
objectif d'en intégrer un en 2002) puis ultérieurement des
activités de recherche.
Les crédits de paiement mobilisés au titre de l'OCCAR comprennent
les crédits du budget administratif (fonctionnement) et du budget
opérationnel. L'OCCAR ne gère les crédits
opérationnels des programmes que lorsque le transfert des contrats a eu
lieu. Ainsi les crédits des programmes dont l'agence exécutive se
situe en France (FSAF, Hot-Milan, Roland) demeurent en 2001 gérés
par le ministère de la Défense.
CHAPITRE PREMIER
BILAN GLOBAL DE LA LOI DE PROGRAMMATION MILITAIRE
1997-2002
I. TITRE III : UN OBJECTIF GLOBALEMENT ATTEINT EN TERMES D'EMPLOIS BUDGÉTAIRES, POUR UN COÛT SENSIBLEMENT SUPÉRIEUR AU CALIBRAGE INITIAL
La loi
de programmation militaire 1997-2002 a organisé le passage progressif
d'une armée mixte, au sein de laquelle les appelés occupent une
part importante, à une armée professionnelle, composée de
militaires de carrière ou sous contrat et de jeunes volontaires.
Cet objectif a été globalement atteint.
A. LE FORMAT PRÉVU POUR 2002 SERA GLOBALEMENT ATTEINT
1. Un objectif atteint à 1 % près
Sur la
période 1997-2002, il était prévu une diminution globale
des effectifs (appelés compris) de moins 23,2 %.
Celle-ci résultait de deux évolutions : d'une part, la
suppression des appelés
(201.498 postes) et la
déflation des postes d'officiers et de sous-officiers
, d'autre
part la professionnalisation des forces armées par la
création
de 47.975 postes de militaires du rang
(MDR), de
27.171
volontaires
et de 9.276
civils
.
Avec le projet de budget pour 2002, dernier de la programmation, cet objectif
est quasiment atteint. Les effectifs budgétaires du ministère de
la Défense (hors comptes de commerce) s'établissent, pour 2002,
à 436.221 emplois, contre 440.206 prévus en loi de
programmation militaire. Ceci correspond à un léger
déficit de l'ordre de 4.000 postes budgétaires, soit moins
de 1 % de la cible visée.
2. Vingt-cinq mille suppressions de postes par an pendant cinq ans
Le
projet de budget pour 2002 conduit globalement à la suppression nette de
9.922 emplois, dont les 22.818 derniers appelés.
L'annuité 2002 est la plus limitée en matière de
réduction d'effectifs, après une moyenne de
25.000 suppressions de postes par an durant les cinq premières
années de la professionnalisation.
Hors appelés, le solde des créations et suppressions d'emplois
est de + 12.896, soit une augmentation des effectifs de la Défense
nettement supérieure à celles rencontrées durant les cinq
premières années de professionnalisation (évolution
moyenne par an hors appelés de 10.300 postes).
B. LES SITUATIONS CATÉGORIELLES TRADUISENT DES RÉUSSITES MÉLANGÉES
1. Militaires du rang : une réalisation quasi parfaite
Le
budget 2002 prévoit la création de 8.141 postes de
militaires du rang, finalisant ainsi les ouvertures de postes
nécessaires à la professionnalisation.
Entre 1996 et 2002, les effectifs budgétaires de militaires du rang
auront plus que doublé, passant de 44.552 en 1996 à 92.184 en
2002, soit une création de 47.632 emplois.
Sur l'ensemble de la programmation, ces créations concernent surtout
l'armée de Terre (+ 35.268 postes) et l'armée de l'Air
(+ 11.286 postes).
2. Officiers et sous-officiers : des situations légèrement divergentes
Les effectifs de sous-officiers seront légèrement supérieurs (+ 0,6 %) à la cible fixée par la loi de programmation militaire, essentiellement en raison de la création, avérée nécessaire en cours d'exécution, de postes supplémentaires dans la Gendarmerie et le service de Santé. Les effectifs d'officiers sont à peu près réalisés.
a) Les sous-officiers : créations supplémentaires dans la Gendarmerie et au service de Santé des armées.
La loi
de programmation prévoyait une déflation de 15.532 postes de
sous-officiers sur 6 ans (2.600 postes par an en moyenne) ;
compte-tenu des mesures arrêtées au budget 2002,
14.312 déflations auront été effectuées sur la
période.
Les effectifs budgétaires de sous-officiers atteindront donc
200.156 postes en 2002 contre 199.296 prévus en loi de
programmation, soit
1.110 postes de plus
.
Cette situation résulte notamment de la création, en 2001 et
2002, de 1.405 postes de gendarmes hors programmation et, en 2002, de
200 postes de militaires infirmiers techniciens des hôpitaux des
armées (MITHA) supplémentaires, permettant au service de
Santé de renforcer ses effectifs hospitaliers.
Par ailleurs, la réforme de la scolarité de l'école
Polytechnique a transformé le statut administratif des
400 élèves officiers de la 3
ème
année en le rattachant au corps des sous-officiers, comme c'est le cas
des élèves officiers des autres écoles militaires.
Ces créations de postes sont partiellement compensées par
d'autres mesures telles que la transformation, à la demande de
l'armée de l'Air et de la Marine, de postes de sous-officiers en postes
d'officiers.
b) Les officiers : quasiment le format prévu
La loi
de programmation militaire prévoyait une déflation totale de
267 postes, toutes armées confondues, sur la période
1997-2002. En 2002 les effectifs budgétaires s'établiront
à 37.738 postes, soit un
déficit de 451 postes
par
rapport aux prévisions.
La raison principale de cet écart est due aux élèves de
3
ème
année de l'école Polytechnique, qui,
administrativement, passent de la catégorie
« officiers » à la catégorie
« sous-officiers ». Les 51 autres postes, qui
représentent le déficit réel, constituent le solde de
diverses mesures d'ajustement, à la hausse ou à la baisse, durant
les six annuités d'exécution de la programmation.
Cette situation générale recouvre des évolutions beaucoup
plus divergentes entre les armées et la Gendarmerie. Au total, de 1996
à 2002, 1.669 postes d'officiers auront été
supprimés dans l'armée de Terre, 439 postes dans
l'armée de l'Air, et 27 postes dans la Marine. A l'inverse, les
effectifs d'officiers auront augmenté dans la Gendarmerie
(1.353 postes).
3. Volontaires et effectifs civils : déficit de recrutement
a) Les effectifs civils : moins 2.028 postes
La loi
de programmation militaire prévoyait une croissance forte des effectifs
civils sur la période, ceux-ci devant passer de 73.747 postes en
1996 à 83.023 en 2002, soit environ 10.000 postes
supplémentaires.
Cette évolution avait pour objet de transférer, sur des emplois
de personnel civil, des fonctions à caractère administratif ou
technique auparavant tenues par du personnel militaire, ce dernier étant
désormais réorienté vers des fonctions
opérationnelles.
La comparaison des effectifs civils prévus au budget 2002 avec les
effectifs inscrits en programmation, fait apparaître un
déficit
de 2.028 postes
, résultant de mesures hors programmation,
inscrites au budget depuis 1997, qui modifient le périmètre de la
Défense. Les mesures d'adaptation des moyens aux besoins
représentent en effet un écart négatif de 3.240 emplois.
Le chiffre global résulte de variations positives et négatives.
Ainsi, le total de mouvements de transferts aboutit à un solde positif
de 3.982 emplois résultant principalement de l'intégration
du secrétariat d'État aux Anciens combattants en 2000
(+ 1.980 postes), de la mesure de budgétisation de la
Direction des constructions navales étatique (+ 1.468 postes
de personnels civil) ainsi que de la titularisation des personnels sous contrat
de droit privé dits « Berkani ».
Ce solde positif est compensé par différentes mesures
d'adaptation aux structures (- 2.770 emplois), dont la « revue
de programmes » (- 1.575 emplois à la DGA et
à l'état-major de la Marine) et l'abandon du rendez-vous citoyen
(- 750 emplois).
Il est également compensé par les diverses mesures d'adaptation
des effectifs aux besoins (- 3.240 emplois), qui recouvrent notamment le
développement de la sous-traitance, par redéploiement des
crédits correspondant à 1.620 emplois, et des mesures de
transformation d'emplois et de repyramidage visant à ajuster les emplois
budgétaires aux besoins identifiés en gestion.
Il correspond aussi à de réelles difficultés de
recrutement, et surtout de fidélisation des recrues, notamment dans
certains secteurs comme le transport, « les métiers de
bouche » et la surveillance.
b) Les volontaires : l'objectif n'est pas atteint
Les
volontaires constituent une composante à part entière de
l'armée professionnelle depuis la
loi n° 99-894 du
22 octobre 1999 portant organisation de la réserve militaire et du
service de défense
.
Disposant d'un statut militaire à part entière, les volontaires
en service dans les Armées, dans la Gendarmerie nationale et dans les
Services communs des armées font partie intégrante des effectifs
militaires et peuvent occuper des emplois opérationnels ou techniques
très diversifiés et des fonctions de soutien ou à
caractère scientifique. Outre-mer, les volontaires servent dans les
unités du service militaire adapté (SMA).
La loi de programmation a fixé à 27.171 les postes de volontaires
pour 2002. Les premières créations sont intervenues au budget
1999, 6.500 postes ont été créés en 2000 et
7.000 postes en 2001. Le projet de budget pour 2002 prévoit la
création de 6.538 postes nouveaux, dont 4.178 pour la
gendarmerie et 2.360 pour les armées, soit un total de
24.788 postes créés sur la période, permettant ainsi
d'atteindre 91 % de la cible fixée par la loi de programmation.
La Gendarmerie bénéficie donc de la majorité des emplois
créés sur la période (15.203 postes soit
61 %) ; ces emplois s'avèrent en effet indispensables à
la réalisation du
Plan de redéploiement et de renforcement des
unités territoriales
.
En 2001, le recrutement de volontaires dans les forces armées se
poursuit malgré une baisse du taux de sélection. Au
1
er
août 2001, les 18.250 postes ouverts pour la
Défense, dont 11.025 pour la Gendarmerie nationale, ont
été honorés à 78 % seulement.
Au total, la réalisation des effectifs de civils et de volontaires
n'a pas été aussi rapide que souhaitée. Cet écart
non négligeable par rapport aux objectifs est lié à la
reprise du marché civil de l'emploi, à la nécessité
de disposer d'un certain niveau de formation initiale et à la
spécificité de la condition militaire, dont les contraintes sont
évidemment peu concurrentielles à l'époque des
35 heures.
4. Des résultats contrastés selon les armées.
D'une façon générale, les forces armées devraient atteindre leurs formats respectifs. Cette évolution globale masque toutefois des différences entre les armées : une réalisation supérieure à l'objectif pour la Gendarmerie (100,3 %), proche de l'objectif pour l'armée de l'Air (98 %) et sensiblement inférieure pour l'armée de Terre (97,4 %) et la Marine (96,4 %).
C. LES FACTEURS INÉLUCTABLES DE PROGRESSION DES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT
La
croissance plus forte que prévue des dépenses du
titre III
, qui a dû être financée par des
prélèvements croissants sur le
titre V
, résulte
exclusivement de celle du poste rémunérations et charges sociales.
Ainsi, sur la période de programmation, les crédits de
rémunérations et charges sociales ont augmenté en valeur
de 1,8 milliard de francs (près de 12 milliards de francs),
soit une progression de 15,2 %, deux fois supérieure à celle
de l'ensemble du titre III.
Celle-ci est liée à plusieurs facteurs, qui recouvrent à
la fois une relative sous-estimation du coût de la professionnalisation
des armées, la non-prise en compte de l'impact des mesures
générales fonction publique et le poids récurrent de la
participation de la France à des opérations militaires sur les
théâtres extérieurs (OPEX).
1. Le coût de la professionnalisation des armées
Au
total, sur la période 1997-2002, le coût des mesures
d'accompagnement de la professionnalisation aura représenté, pour
les seuls crédits de rémunérations et de charges sociales
et hors « mesures d'effectifs » -aides au départ,
reconversion, réserves, sous-traitance, mensualisation des militaires du
rang et des élèves officiers-, un total de 155 millions
d'euros (plus de 1 milliard de francs). Ceci correspond à moins de
10 % de l'augmentation totale du poste rémunérations et
charges sociales sur la période (en loi de finances initiale).
L'effet des « mesures d'effectifs » de la programmation,
c'est-à-dire le solde net des mesures de créations de postes de
civils, militaires du rang et volontaires, et des suppressions de postes de
sous-officiers, d'officiers et d'appelés, s'élève pour sa
part à 297,2 milliards d'euros (soit 1,95 milliard de francs),
ce qui explique 16,5 % de l'augmentation du poste
rémunérations et charges sociales sur la période.
Au total, l'effet « professionnalisation »
représente 451 millions d'euros (2,96 milliards de francs),
soit le quart de l'augmentation du poste RCS.
2. L'impact des mesures générales fonction publique
Sur la
période 1997-2002, l'ensemble de ces mesures peut être
évalué à 815 millions d'euros (5,4 milliards de
francs), hors mesures catégorielles, prise en compte du GVT et accords
salariaux spécifiques.
Ceci correspond à 45 % de l'augmentation totale du poste
rémunérations et charges sociales sur la période
(en
loi de finances initiale).
3. Les modifications de périmètre
Les
changements de périmètre non prévus, voire exclus par la
programmation, ont représenté, sur la durée de la
programmation, 471 millions d'euros (3,09 milliards de francs), soit
un peu plus du quart (26,2 %) du total de la progression du poste
RCS
.
Il s'agit notamment des
mesures de budgétisation de DCN
, des
gendarmes d'autoroutes
, de la
cotisation patronale au Fonds
spécial des ouvriers industriels de l'Etat
, de la
CSG
, et de
l'intégration du
secrétariat d'Etat aux Anciens
combattants
.
4. La participation à des opérations militaires sur des théâtres extérieurs (OPEX)
A ce
titre, le surcoût des dépenses de fonctionnement, financé
en totalité en cours d'exécution par prélèvement
sur le titre V, a atteint en moyenne 450 millions d'euros par an
(près de 3 milliards de francs), soit, sur l'ensemble de la
période 1997-2002, l'équivalent du coût d'un second
porte-avions nucléaire.
De fait, sur la durée de la programmation, ces dépenses ont
été croissant : 286 millions d'euros en 1998,
447 millions d'euros en 1999, 438 millions d'euros en 2000 et
422 millions d'euros en 2001 (estimation au 30 juin).
L'essentiel de la charge est lié à la présence
française en Macédoine et au Kosovo, où 5.891 hommes
sont présents, ainsi qu'en Bosnie et Croatie, avec 2.823 hommes sur le
terrain. La France est également présente sur d'autres
théâtres, notamment au Tchad, en Centrafrique et au Liban. Au
total 10.750 soldats et gendarmes, soit plus de 3 % des effectifs
sont mobilisés pour les opérations extérieures.
Il avait été établi lors de la loi de programmation
militaire que l'ensemble des dépenses liées aux opérations
extérieures « courantes » seraient financées
sur le budget « courant », seules les dépenses
réellement « imprévues » étant
couvertes en cours d'exécution par des crédits
supplémentaires.
Cette règle doit être respectée, s'agissant
d'opérations récurrentes et répertoriées, au moins
à hauteur d'un socle de l'ordre de 300 millions d'euros.
Non conforme à l'esprit de l'ordonnance organique, le financement
constant en cours d'exécution des dépenses du titre III, par
prélèvement sur les crédits du titre V, a
été un facteur essentiel du non-respect de la loi de
programmation.
En tout état de cause, pour la prochaine législature,
nécessité au moins fera peut-être loi, car les reports du
titre V, largement utilisés au cours de l'actuelle législature,
seront alors très réduits, pour faire même peut-être
place à une crise des paiements.
II. TITRE V : UNE ANNÉE DE CRÉDITS EN MOINS AU TERME DE LA PROGRAMMATION
A. CALCUL DE L'ÉCART AVEC LA LOI DE PROGRAMMATION
Le
montant total de l'enveloppe des crédits initialement définie par
la loi de programmation militaire pour les dépenses d'équipement
avait été fixé à 541,2 milliards de francs
1995
4(
*
)
(82,5 milliards d'euros) sur 1997-2002.
De fréquents débats ont opposé et opposent encore
5(
*
)
le Gouvernement et ses différents
interlocuteurs au sein du Parlement, toutes tendances confondues, sur
l'appréciation du taux de réalisation de la loi de programmation
qui s'achève, s'agissant des équipements.
Il paraît donc utile de préciser les différentes
démarches retenues à cet égard.
1. La méthode retenue par le Gouvernement
La
présentation retenue par le Gouvernement consiste à comparer aux
prévisions de la loi de programmation révisée,
exprimées en francs constants 1997, les dotations inscrites en loi de
finances initiale en francs courants.
A ce titre, les ressources « allouées » ont
effectivement permis d'atteindre un taux de couverture de 96,7% pour les
autorisations de programme et de 94,8 % pour les crédits de
paiement.
Suivant ce calcul, l'écart en moyens de paiement s'élève
tout de même à 28,1 milliards de francs (5,2 % de la
dotation initiale), soit pratiquement le coût de deux porte-avions
nucléaires supplémentaires
6(
*
)
.
2. La prise en compte des dépenses effectives
Les
calculs effectués par votre Commission
7(
*
)
conduisent à des estimations assez éloignées,
fondées sur des hypothèses de travail il est vrai
différentes.
Ils reposent en effet sur les considérations suivantes :
L'
article 2 de la loi de programmation
mentionne
expressément les
dépenses
et non les crédits
initiaux.
Il convient donc de se référer aux dépenses nettes
effectives, telles que retracées par les lois de règlement des
budgets. Ceci est d'autant plus nécessaire que les dépenses
effectives d'équipement sont, de manière constante sur la
période, très largement inférieures aux crédits
initiaux.
L'
article 2-2-1 du rapport annexé à la loi de
programmation
exclut expressément la participation du
ministère de la Défense au
Budget civil de recherche et
développement
, qui se traduit par un transfert de l'ordre de
7 milliards de francs en exécution à destination du Centre
national d'études spatiales.
Il convient donc d'extraire cette dotation des calculs.
En fin de programmation, il paraît plus judicieux d'exprimer les
objectifs prévus par la loi de programmation en
francs (euros)
courants
8(
*
)
et non en francs (euros) 1997.
Pour la dotation initiale 2002, les chiffres retenus sont
hors
reports
2001 autorisés.
L'estimation des dépenses effectives nettes 2001 et 2002 est
effectuée en appliquant à la dotation initiale des crédits
le
taux d'exécution
(dépenses effectives nettes /
crédits votés en loi de finances initiale) constaté en
2000 par la loi de règlement du budget, soit 87,9 %.
B. BILAN : UNE ANNÉE QUI MANQUE
Bilan
en fin de programmation
A.-
Ecarts en milliards d'euros 2001 par rapport à la loi de
programmation initiale
- Effet
de la revue de programmes : - 2,65 milliards d'euros (18 milliards de
francs)
- Crédits inscrits en LFI : - 7,7 milliards d'euros (50,5 milliards de
francs)
- Dépenses exécutées
hors BCRD : - 14,76
milliards d'euros (96,8 milliards de francs)
B.-
Ecarts en milliards d'euros 2001 par rapport à la loi de
programmation militaire révisée
- Crédits inscrits en LFI : - 5,05 milliards d'euros (33,1
milliards de francs)
- Dépenses exécutées hors BCRD : - 12,11
milliards d'euros (79,44 milliards de francs), soit un taux d'exécution
de 85,2 %
Au
total, en fin de programmation, en rapportant les dépenses nettes
effectives, à la dotation prévue par la loi de programmation
révisée, exprimée en francs courants, et compte non tenu
du transfert au BCRD, l'écart pourrait s'établie à
12,1 milliards d'euros (79,5 milliards de francs), soit
l'équivalent de près d'une année de crédits
d'équipement.
Cette hypothèse n'est pas démentie par les chiffres
avancés par le chef d'Etat-major des Armées et le
Délégué général de l'armement, qui
évaluent d'ores et déjà à 10,4 milliards d'euros
(68,2 milliards de francs) l'insuffisance cumulée des
crédits d'équipement fin 2001
9(
*
)
.
De fait, fin 2001, les plus hauts responsables militaires auditionnés
par les différentes commissions et par votre rapporteur reconnaissent
désormais qu'il y a d'ores et déjà, sinon des ruptures de
capacité, du moins
« érosion des
matériels », « dégradation du contenu du
modèle d'armée 2015 »
et surtout, ce qui est plus
grave,
« inquiétude sur la cohérence des
forces ».
Les armées devront dès lors aborder la prochaine loi de
programmation militaire avec une double difficulté : une
réalisation en termes physiques moins favorable que prévue, et
une dotation en autorisations de programmes, comme en crédits de
paiement, qui présente un écart sensible avec les dotations
prévues pour 2003.
CHAPITRE II
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DU BUDGET 2002
I. LES PRINCIPALES ÉVOLUTIONS DU BUDGET 2002
Le projet de budget de la Défense pour 2002 s'élève à 37,6 milliards d'euros (246,7 milliards de francs), dont 8,75 milliards d'euros (57,4 milliards de francs) de pensions, soit un montant hors pensions de 28,85 milliards d'euros (189,2 milliards de francs) 10( * ) .
A. UNE ÉVOLUTION TRÈS INFÉRIEURE À CELLE DES BUDGETS CIVILS
Par
rapport aux crédits votés en loi de finances initiale pour 2001,
la progression globale du budget de la Défense atteint 0,2 %,
contre une moyenne de + 2,5 % pour l'ensemble des budgets civils.
Les crédits (hors pensions) du
Titre III
proposés
pour 2002 s'élèvent à 16,5 milliards d'euros (107,9
milliards de francs), soit une progression de 2,3 % par rapport à
2001, inférieure de moitié à la majoration de 5,1 %
consentie pour l'ensemble des budgets civils de fonctionnement.
Les crédits des
Titres V et VI
(crédits de paiement)
s'élèvent à 12,4 milliards d'euros
(81,4 milliards de francs), soit une diminution de 2,5 % par rapport
à 2001, très supérieure à la baisse moyenne de
1,7 % pour les dépenses d'investissement civil.
B. L'INCLUSION DISCUTABLE DES « REPORTS AUTORISÉS »
Toutefois, de façon relativement
inusitée
11(
*
)
, le Gouvernement a d'ores et déjà
autorisé - et inscrit dans la présentation des chiffres du projet
de budget 2002 - le report partiel de crédits
d'équipement 2001 non consommés, à hauteur de
411,6 millions d'euros (2,7 milliards de francs), ce qui correspond
à la moitié environ de l'enveloppe attendue.
Ceci permet d'afficher un total de «
crédits
disponibles
» 2002 de 12,8 milliards d'euros
(84,0 milliards de francs) pour les dépenses d'équipement et
de 29,3 milliards d'euros (192 milliards de francs) pour le budget total,
et donc une progression -optique- de 0,6 % des crédits
d'équipement et de 1,6 % du budget total de la
Défense
12(
*
)
.
L'inclusion contestable des « reports autorisés »
La
lettre-plafond du Premier ministre en date du 17 juillet 2001 a autorisé
le ministère de la Défense à mobiliser des reports de
crédits de la gestion 2001 sur l'exercice 2002 à hauteur de
412 millions d'euros (2,7 milliards de francs), sur un montant
attendu de l'ordre du double.
Toutefois, pour être acquis, les reports devront être ouverts par
un
arrêté du ministre de l'Economie et des Finances.
Or la circulaire du 12 janvier 1998 visant à améliorer les
délais de mise à disposition des crédits dont l'ouverture
est de droit a expressément exclu le ministère de la
Défense du transfert de la gestion des reports à l'Agence
comptable de contrôle du Trésor. La direction du budget reste donc
seule compétente pour valider cette autorisation.
En tout état de cause, la rigueur intellectuelle impose de
comparer
des données de même nature
, c'est-à-dire, soit les
chiffres des crédits ouverts en loi de finances initiale, soit les
chiffres des crédits disponibles sur chaque exercice,
c'est-à-dire incluant reports, annulations, fonds de concours et
transferts.
On ne saurait voter une deuxième fois des crédits
déjà votés en 2001.
C. LA PRIORITÉ DONNÉE À LA « CONDITION MILITAIRE »
En
dernière année de programmation, le projet de budget 2002
confirme l'évolution générale relevée sur la
période. Il se caractérise notamment par une forte revalorisation
des rémunérations et charges sociales qui traduit la
priorité particulière donnée cette année à
la «
condition militaire
».
Lié à la réalisation de la dernière annuité
de programmation de la professionnalisation, qui se traduit par une
création nette d'emplois budgétaire hors appelés de
12.896 unités, cet effort correspond surtout à la mise en
oeuvre d'un
plan exceptionnel d'amélioration de la condition des
personnels
.
Celui-ci comprend à la fois la revalorisation des
rémunérations (221 millions d'euros - 1,5 milliard de
francs), et plusieurs mesures catégorielles (79 millions d'euros -
518 millions de francs), celles-ci recouvrant notamment
l'amélioration des bas salaires
(27,7 millions d'euros),
des
mesures catégorielles spécifiques
(38 millions
d'euros), essentiellement en direction des sous-officiers, et l'ajustement des
crédits d'indemnités liés à la
mise en oeuvre
des 35 heures au sein du personnel civil
13(
*
)
(7,5 millions d'euros).
Parallèlement, les crédits de fonctionnement courant (hors
rémunérations et charges sociales) sont majorés de
78 millions d'euros (511,6 millions de francs). De fait, dans sa
présentation, le Gouvernement ajoute à ces « mesures
nouvelles » l'incidence de la réduction du format des
armées et de diverses mesures d'économies et de transferts,
à hauteur de 122 millions d'euros, ce qui lui permet d'afficher un
effort global de 200 millions d'euros (1.312 millions de francs) en
faveur du fonctionnement.
D. LE SACRIFICE CONFIRMÉ DES CRÉDITS DU TITRE V
S'agissant des crédits d'équipement inscrits au
budget
de la Défense, il faut souligner l'évolution très
divergente des crédits strictement affectés à
l'équipement des forces armées (titre V), dont la baisse se
confirme en 2002, tandis que les crédits du titre VI, qui recouvrent des
dépenses de nature diverse dont certaines étaient exclues par la
loi de programmation (contribution de la Défense au budget civil de
recherche et développement, compensation à la Polynésie et
dépenses Anciens combattants notamment), poursuivent une croissance
forte, qui masque partiellement la baisse du titre V.
De fait, les crédits d'équipement (hors reports) du titre V
subiront en 2002 une nouvelle encoche importante :
- 2,1 milliards de francs ( 320 millions d'euros) de moins par
rapport aux crédits votés de la loi de finances initiale pour
2001 ;
- 7,2 milliards de francs (1,1 milliard d'euros) de moins par rapport
aux crédits prévus, en francs 2001, pour l'annuité 2002
par l'actuelle loi de programmation révisée qui
s'achève ;
- 6,3 milliards de francs (960 millions d'euros) de moins par rapport
aux crédits envisagés pour l'annuité 2003 par la prochaine
loi de programmation.
E. LES BESOINS CROISSANTS DE LA GENDARMERIE
L'analyse des crédits proposés pour 2002 confirme également une autre tendance relevée sur la plus longue période : les besoins croissants de la Gendarmerie et la priorité donnée à celle-ci dans la répartition des moyens, pour un résultat qui apparaît encore insuffisant.
Evolution des moyens
- Titres III et V -
(en
pourcentage du total)
|
LFI
|
LFI
|
LFI
|
PLF
|
Air
|
27,4
|
25,9
|
24,8
|
24,2
|
Représentant un peu plus de 12 % du total des
moyens de
la Défense (titres III et V) en 1991, la Gendarmerie en
représentera en 2002 près de 18 %.
De fait, sur l'ensemble de la période de programmation, la part des
dépenses de fonctionnement de la Gendarmerie aura
représenté 125 milliards de francs courants, soit
l'équivalent des dépenses conjointes de la Marine et de
l'armée de l'Air.
Évolution globale des crédits de la Défense
|
LFI 2001 |
PLF 2002 |
Evolution |
Rappel : budgets civils |
Dépenses ordinaires
|
16,1
|
16,5
|
+ 2,3
%
|
+ 5,1 % |
Dépenses en capital (CP)
|
12,7
|
12,4
|
- 2,5
%
|
- 1,7 % |
Dépenses en capital (CP)
|
12,7
|
12,8
|
+ 0,7
%
|
ns |
Total hors reports 2001
|
28,8
|
28,9
|
+ 0,2
%
|
+ 2,5 % |
Total y compris reports 2001
|
28,8
|
29,3
|
+ 1,6
%
|
ns |
II. LA DÉFENSE, PARENT PAUVRE OU VARIABLE D'AJUSTEMENT ?
A. LE CINQUIÈME POSTE DES DÉPENSES DE L'ÉTAT
Avec 29,3 milliards d'euros, le budget de la Défense est passé au cinquième rang de dépenses de l'Etat, après l'Education nationale (61,4 milliards d'euros), les Charges communes (51,6 milliards d'euros, dont 36,8 milliards de dette publique nette), les concours de l'Etat aux collectivités locales (56,1 milliards d'euros) et l'Emploi et solidarité (32,1 milliards d'euros).
Poids relatif du budget de la Défense (hors pensions)
|
Budget Défense/Budget
Etat
|
Budget Défense/PIB
|
1980 |
15,52 % |
3,07 % |
1996
|
12,30 %
|
2,41 %
|
1. Un poids inférieur à celui de la charge de la dette
En 2002,
le poids de la dette publique et des garanties de l'Etat
s'élèvera à 37,3 millions d'euros (244,7 milliards de
francs), soit exactement le poids du budget de la Défense, pensions
comprises.
Hors pensions (28,8 milliards d'euros), l'écart atteint
huit milliards d'euros et le budget de la Défense est à
peine supérieur à celui de l'Equipement, du Logement et des
Transports (21,4 milliards d'euros).
2. Une tendance lourde des choix budgétaires de la législature
De 1996
à 2002, la part de l'effort consacré à la Défense
dans le budget de l'Etat aura diminué de 1,4 point, et la part de
l'effort de la Défense dans le PIB de 0,5 point.
Depuis 1980, cette diminution atteint près de cinq points de PIB,
et plus de deux points du budget général.
En réalité, le budget militaire est clairement devenu le parent
pauvre, ou plutôt la variable d'ajustement privilégiée de
l'équilibre du budget général.
Cette tendance, constante tout au long de la loi de programmation,
marquée dès les lois de finances initiales, a toujours
été renforcée en cours d'exécution. La Cour des
Comptes, dans son Rapport sur l'exécution du budget 2000, est
elle-même amenée à s'inquiéter :
« La part des dépenses militaires au sein du budget de
l'État ne cesse de s'amenuiser ; cette diminution constitue en tant
que telle le pari le plus difficile à gagner de ce ministère, au
plan national comme international »
14(
*
)
B. UN AJUSTEMENT PERMANENT SUR L'ÉQUIPEMENT ET L'ACTIVITÉ DES FORCES
1. L'effet de ciseaux des conditions d'exécution budgétaire
a) L'inversion du poids relatif des dépenses de fonctionnement et d'équipement
Depuis 1990, au sein d'une enveloppe demeurée rigoureusement identique en francs courants, la structure du budget militaire s'est profondément modifiée, avec une inversion absolue du poids relatif des dépenses de fonctionnement et des dépenses d'équipement.
Evolution de la structure du budget de défense
(milliards de francs courants)
|
LFR 1990 |
PLF 2002 |
Titre III
|
87
|
107,9
|
Total |
189 |
189,3 |
Ainsi,
en 1990, les dépenses du titre III, hors pensions,
s'établissaient à 87 milliards de francs courants et les
dépenses d'équipement à 102 milliards de francs
courants.
En 2002, la situation est plus qu'inversée, avec 108 milliards de
francs de dépenses de fonctionnement et 82 milliards de francs de
dépenses d'équipement.
De façon constante sur l'ensemble de la période, et
renforcée au cours de l'actuelle législature, les dépenses
du Titre III ont été privilégiées au
détriment des dépenses d'équipement du titre V, qui ont
systématiquement servi de variable d'ajustement interne, tant en loi de
finances initiale qu'en exécution budgétaire.
b) Une tendance soulignée par les conditions d'exécution budgétaire
Globalement, sur l'actuelle législature,
l'exécution
du budget de la Défense a été constamment
inférieure à l'enveloppe votée initialement.
En réalité, plus précisément, les crédits
du titre III ont été systématiquement
exécutés au-dessus des crédits initiaux, tandis que les
crédits des titres V et VI étaient exécutés en
deçà
.
Sur les
quatre premières années de la programmation, les dépenses
nettes effectives du budget de la Défense se sont élevées
à 109,8 milliards d'euros (720,4 milliards de francs), pour
une enveloppe initiale de 114,9 milliards d'euros (753,8 milliards de
francs).
Ce déficit d'exécution, de l'ordre de 23 milliards de francs
(soit un taux d'exécution de 95,6 %), recouvre en
réalité une sur-exécution des dépenses du titre III
(dépassement de 21 milliards de francs) et une exécution
inférieure de près de 55 milliards de francs pour les
dépenses d'équipement.
De fait, les dépenses nettes effectives du titre III se sont
élevées à 66,54 milliards d'euros
(436,5 milliards de francs), pour une enveloppe initiale de
63,25 milliards d'euros (414,9 milliards de francs), soit un taux
d'exécution de 105,2 %.
Les dépenses nettes effectives des titres V et VI se sont
élevées à 43,3 milliards d'euros (284 milliards
de francs), pour une enveloppe initiale de 51,63 milliards d'euros
(338,7 milliards de francs), soit un taux d'exécution de
83,9 %.
Là encore, cette évolution doit être
précisée : la surconsommation des dépenses effectives
du titre III recouvre deux mouvements de sens différent : la prise
en compte des mouvements de gestion (transferts nets, annulations, reports,
fonds de concours, lois de finances rectificatives) aboutit à majorer
considérablement les ressources globales du titre III. Les
dépenses effectives sont, elles, légèrement
inférieures en définitive aux ressources globales ainsi
dégagées.
c) L'effet conjoint des annulations et des reports
Les crédits des titres V et VI traduisent en revanche un double mouvement de même sens : une diminution des ressources globales en exécution en raison des mouvements de gestion qui se font au détriment des crédits d'équipement, et une sous-consommation des dépenses effectives par rapport aux ressources nettes.
L'écart entre l'enveloppe initiale des crédits et
celle des ressources globales résulte essentiellement des annulations
intervenues en cours d'exercice.
Depuis 1997, le montant des annulations opérées en cours
d'exercice n'aura cessé d'augmenter : 5 milliards de francs
(0,85 milliard d'euros) en 1997, 7,3 milliards de francs
(1,11 milliard d'euros) en 1998, 9,5 milliards de francs
(1,42 milliard d'euros) en 1999, 6,4 milliards de francs
(0,96 milliard d'euros) en 2000, 5,9 milliards de francs
(0,91 milliard d'euros) en 2001
15(
*
)
.
Soit, au total, en quatre ans, 34,1 milliards de francs d'annulations
(5,23 milliards d'euros) correspondant largement au coût de
fabrication de deux porte-avions nucléaires supplémentaires.
Il convient de souligner en revanche que le montant des reports nets,
désormais de l'ordre de 6 milliards de francs, a été
diminué de moitié depuis 1996, date à laquelle il
était proche de 11 milliards de francs.
2. Le recul des dépenses de fonctionnement courant et d'entretien programmé des matériels , au détriment de l'activité des forces
L'alourdissement sensible du poste rémunérations
et
charges sociales a fortement pesé sur les
crédits d'entretien
programmé et de fonctionnement courant
, soumis à la portion
congrue au sein du titre III, alors même que celui-ci prélevait
par ailleurs une dîme croissante sur les crédits
d'équipement militaire.
Ainsi, du budget 1997 au projet de budget 2002, les dépenses de
rémunérations et de charges sociales auront progressé de
près de 9 milliards de francs (+ 11,5 %), tandis que les
moyens d'entretien et de fonctionnement courant auront été
amputés de 3,2 milliards de francs (- 13,1 %), au prix
d'une regrettable détérioration des taux d'activité des
forces.
|
|
|
(millions de francs courants) |
|
|
Rémunérations et charges sociales |
|
Entretien programmé du matériel |
|
1990 |
61 533 |
25 810 |
5 475 |
102 100 |
1991 |
65 691 |
25 709 |
4 696 |
103 148 |
1992 |
66 458 |
25 877 |
4 614 |
102 934 |
1993 |
69 660 |
25 316 |
4 113 |
102 940 |
1994 |
71 965 |
26 947 |
4 068 |
94 916 |
1995 |
73 647 |
25 676 |
3 212 |
94 939 |
1996 |
74 785 |
25 866 |
3 212 |
88 948 |
1997 |
77 720 |
24 503 |
2 138 |
88 705 |
1998 |
80 471 |
23 250 |
1 807 |
81 003 |
1999 |
82 820 |
21 139 |
1 323 |
86 000 |
2000 |
84 049 |
20 942 |
1 109 |
82 955 |
2001 |
84 662 |
20 843 |
815 |
83 426 |
Source : Annuaire statistique de la défense - juin
2001.
(1) Alimentation, carburant, autres fonctionnements.
a) Des évolutions divergentes selon les postes
Cette
baisse moyenne de 13 % de l'ensemble des crédits de fonctionnement
et d'entretien courant recouvre elle-même des évolutions
très divergentes selon les postes.
Ainsi, les dépenses de
carburants
auront augmenté de
36 % sur la période (+ 814 millions de francs) en raison
de l'évolution des cours du baril et du dollar.
Parallèlement, les dépenses
d'alimentation
diminuent de
39 %, compte tenu de la réduction des effectifs liée
à la professionnalisation pour l'essentiel, et d'une ponction sur le
Compte de subsistances militaire.
Les crédits destinés à
l'entretien programmé des
matériels
ont été le plus fortement
réduits : ils sont passés de 2.138 millions de francs
à 374 millions de francs, soit une chute de 62 %, en raison,
il est vrai, du transfert de certaines dépenses liées au
« maintien en conditions opérationnelles » sur le
titre V.
b) La baisse marquée des crédits de fonctionnement courant et d'activité des forces
La
baisse la plus « sensible » concerne en
réalité les
moyens de fonctionnement courant et
d'activité
, amputés de plus de un milliard de francs
(150 millions d'euros) sur la période de la loi de programmation,
soit 10 % du montant initial de 1997.
De fait, après avoir été constamment supérieurs
depuis 1990 à 16 % du total des crédits du titre III, au
terme d'une légère progression entre 1990 et 1997, date à
laquelle ils représentaient 16,8 % du total, les crédits de
fonctionnement et d'activité sont « tombés »
à 14,7 % du total en 2001.
Au sein même des crédits d'activité et de fonctionnement,
l'existence de besoins incompressibles en matière d'entretien immobilier
et de sous-traitance notamment ont conduit à un
prélèvement regrettable sur les taux d'activité des
armées, qui sont aujourd'hui inférieurs aux normes OTAN.
III. ELÉMENTS DE COMPARAISON INTERNATIONALE
A. LE DÉCROCHAGE FRANCO-ALLEMAND FACE AU COUPLE ANGLO-AMÉRICAIN
Dépenses globales de défense (hors
pensions)
(en pourcentage du PIB, après recomposition en
structure OTAN)
Années |
France |
Allemagne |
Grande-Bretagne |
Etats-Unis |
||||
|
dont :
|
|
dont :
|
|
dont :
|
|
dont :
|
|
1991
|
2,60
|
1,16
|
1,89
|
0,46
|
3,95
|
1,04
|
4,68
|
1,43
|
Source : Memorandum statistique OTAN - décembre
2000
Retraitement Ministère de la Défense in Annuaire Statistique -
juin 2001
La
baisse de l'effort de dépense en pourcentage du PIB
-« l'effet dividendes de la paix »
-
caractérise l'ensemble des pays de l'OTAN, Etats-Unis compris.
Il reste qu'en 2000, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne consacrent encore
près de trois points de PIB à leur effort de défense,
tandis que la France est très en deçà de deux points et
l'Allemagne proche de un.
L'examen des sources nationales montre que les Etats-Unis et le Royaume-Uni
prévoient effectivement une reprise programmée de leurs budgets
militaires. En Allemagne, la diminution des budgets se poursuit, malgré
une apparente croissance qui résulte, depuis 2001, de l'imputation des
opérations extérieures, jusqu'à présent inscrites
au budget général, sur le budget de la Défense.
B. LE POIDS CROISSANT DES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT POUR TOUTES LES ARMÉES PROFESSIONNELLES
L'analyse plus détaillée des chiffres souligne le poids particulièrement élevé des dépenses de fonctionnement, qui atteint près du triple des dépenses d'équipement pour les Etats-Unis et l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni se situant dans un rapport de un à deux.
Dépenses de défense par habitant
(structure
OTAN)
- francs 2000 -
Dépenses totales
|
France |
Allemagne |
Royaume-Uni |
Etats-Unis |
2
742
|
1844
|
3
470
|
6
742
|
Source : OTAN
Dépenses de fonctionnement (yc RCS) par
soldat
Année 2000
-
France : 209 300 F
- Allemagne : 253 300 F
- Royaume-Uni : 441 000 F
- Etats-Unis : 562 100 F
Source : OTAN
De
fait, en 2000, la dépense française de fonctionnement par soldat
reste encore la plus basse des quatre grands pays de l'OTAN. La dépense
britannique est plus de deux fois plus élevée, et la
dépense américaine près de trois fois.
Aujourd'hui, le taux de croissance moyen des dépenses de fonctionnement
et de rémunérations des armées américaine et
britannique est de 2 % par an en termes réels.
C. L'ÉCART DES DÉPENSES D'ÉQUIPEMENT
L'écart est également sensible s'agissant de la dépense d'équipement par militaire. Si le niveau d'équipement du soldat français est cette fois supérieur à celui de l'allemand, il reste inférieur des deux tiers à celui des soldats britannique et américain, de même ordre.
Dépenses d'équipement par
soldat
Année 2000
-
France : 135 000 F
- Allemagne : 85 500 F
- Royaume-Uni : 218 700 F
- Etats-Unis : 212 500 F
Evaluation de l'avancement physique, fin 2002, des
programmes
par rapport aux objectifs de la loi de programmation militaire
CHAPITRE III
DÉPENSES D'ÉQUIPEMENT MILITAIRE
I. ANALYSE GÉNÉRALE16( * )
A. UNE NOUVELLE ENCOCHE FORTE PAR RAPPORT À L'ACTUELLE LOI DE PROGRAMMATION, UNE JONCTION DIFFICILE AVEC LA PROCHAINE LOI DE PROGRAMMATION
1. Crédits de paiement
La présentation des crédits d'équipement pour 2002 intègre 412 millions d'euros (2,7 milliards de francs) de reports de crédits de la gestion 2001.
a) Un écart de 2 milliards de francs avec l'annuité 2001
Compte
non tenu de ces reports, les crédits de paiement des titres V et VI
s'élèvent à 12,4 milliards d'euros
(81,34 milliards de francs), en
diminution de 2,8 % par rapport
à 2001
(soit une baisse une fois et demie plus forte que celle des
budgets d'investissement civil, limitée à 1,7 %).
Si l'on intègre les reports 2001, les crédits de paiement
s'élèvent à 12,8 milliards d'euros
(84,03 milliards de francs), en hausse de 0,7 % par rapport à
2001.
b) Un écart de plus de 7 milliards de francs par rapport à la programmation révisée
Même en intégrant les reports autorisés,
l'enveloppe des crédits d'équipement subit en 2002 une encoche
forte par rapport au niveau arrêté par la revue de programmes de
1998.
De fait, l'écart s'établit à 4,5 milliards de francs
(680 millions d'euros) par rapport au niveau fixé par la loi de
programmation révisée, et à 8,9 milliards de francs
(1,35 milliard d'euros) par rapport à celui fixé par la loi
de programmation initiale.
Hors reports, l'écart atteint 7,2 milliards de francs
(1,09 milliard d'euros) par rapport à la loi de programmation
révisée, et 11,5 milliards de francs (1,76 milliard
d'euros) par rapport à la loi de programmation initiale.
c) Un écart de près de 7 milliards de francs par rapport à l'hypothèse 2003
Par ailleurs, on ne peut que s'inquiéter déjà de l'écart tout aussi considérable entre l'annuité 2002 et le montant retenu pour la prochaine loi de programmation pour 2003, soit 13,34 milliards d'euros (87,5 milliards de francs). Hors reports, celui-ci atteint près de 1 milliard d'euros (7 milliards de francs).
Dès lors, hors dépenses dites de « bourrage », en principe exclues par la loi de programmation militaire, -c'est-à-dire essentiellement contribution au BCRD 17( * ) et financement des compensations accordées à la Polynésie 18( * ) au titre de l'arrêt des essais nucléaires-, la « marche » budgétaire qu'il faudra, en principe, escalader, est de l'ordre de 1,4 milliard d'euros (près de 9 milliards de francs).
2. Autorisations de programme : le report inévitable de commandes importantes
Les
autorisations de programme s'élèvent, en 2002, à
13,01 milliards d'euros (85,34 milliards de francs), soit une
progression de 0,7 % par rapport à 2001.
Bien qu'encore supérieures de 4 milliards de francs à celui
des crédits de paiement, le niveau des autorisations de programme ne
devrait pas suffire toutefois à maintenir une politique cohérente
de commandes totales.
La limitation de la dotation obligera ainsi à repousser début
2003 des commandes importantes qui auraient dû être passées
en 2002, comme celle des
missiles M51
.
B. POURSUITE DU « BOURRAGE D'ENVELOPPE »
Outre
l'effet des reports, l'appréciation portée sur l'évolution
des crédits d'équipement doit également tenir compte de
l'incidence des procédures diverses de « bourrage
d'enveloppe », correspondant à des dépenses non
prévues ou exclues par la loi de programmation, et pour l'essentiel
inscrites au titre VI du budget.
On soulignera d'ailleurs que, sur l'ensemble de la durée de
programmation, l'évolution générale des dépenses
d'équipement recouvre deux mouvements divergents entre les
crédits du titre V, strictement affectés à
l'équipement des forces armées, et ceux du titre VI, qui
regroupent des subventions de nature diverse, parfois très indirectement
rattachées à l'équipement militaire.
De fait, en 2002, seuls les crédits du titre V sont diminués (- 2,8 % en crédits de paiement et + 0,6 % en autorisations de programme). Les crédits du titre VI progressent, eux, sensiblement plus rapidement que la moyenne des budgets civils (respectivement + 3,2 % et + 4,6 %).
1. Dépenses ne relevant pas par fonction du budget de la Défense
Les
crédits du titre VI poursuivent la forte progression enregistrée
au cours des exercices précédents, du fait de l'imputation
croissante sur ce titre de dépenses non liées à
l'équipement des forces armées :
aides à la
Polynésie française consécutives à l'arrêt
des essais nucléaires, financement de la recherche civile
par
transfert de crédits au budget de la recherche civile,
Fonds pour les
restructurations de la défense
(FRED) subventions à l'ONERA
(
Office national d'études et de recherches aérospatiales
)
et à l'Institut franco-allemand de Saint-Louis, dotations pour les
fondations et le tourisme de mémoire (
Anciens combattants
), pour
l'essentiel.
Contraire au principe de spécialité budgétaire, ces
dépenses masquent la réalité de l'effort français
en matière de dépenses d'équipement militaire, et faussent
les comparaisons internationales susceptibles d'être effectuées
sur des bases budgétaires.
a) Les crédits du Budget civil de recherche et développement : 5,4 milliards de francs sur la durée de la programmation
Contrairement à la loi de programmation (article 2-2-1
du
rapport annexé) qui n'aura été respectée qu'une
seule année, le Budget civil de recherche et développement (BCRD)
bénéficie d'un prélèvement sur le titre VI du
budget de la Défense. Celui-ci est affecté exclusivement au
Centre national d'études spatiales (CNES), sous le terme
«
participation de la défense au financement de la
recherche duale
».
Pour 2002, les crédits prévus à ce titre
19(
*
)
sont reconduits à 190,6 millions d'euros
(1.250 millions de francs) en autorisations de programme comme en
crédits de paiement.
Le montant de ce transfert n'a cessé de croître depuis 1997 :
500 millions de francs en 1998, 900 millions de francs en 1999,
1.500 millions de francs en 1999, 1.250 millions de francs en 2001 et
2002, soit un total sur l'ensemble de la programmation de 5.400 millions
de francs (229 millions d'euros).
b) Les dépenses de restructuration des industries de défense : 5,3 milliards de francs sur la durée de la programmation
Par
ailleurs, le budget de la Défense finance, en accord cette fois avec la
loi de programmation, les dépenses liées aux restructurations des
industries de défense.
Ces dépenses transitent par le
Fonds pour les restructurations de la
Défense
(FRED)
20(
*
)
et le
Fonds
d'adaptation industrielle
(FAI)
21(
*
)
. Le
budget de la Défense finance en outre, au-delà du FAI,
l'adaptation des structures industrielles de la
Direction des constructions
navales
22(
*
)
, ainsi qu'une participation
à son plan d'entreprise, ce qui souligne à nouveau
l'ambiguïté des relations entre le budget de la Défense et
le
compte de commerce n° 904-05
(Constructions navales de la
marine militaire).
Au total, sur la durée de la programmation, on peut estimer à
815 millions d'euros au moins (5,3 milliards de francs) le volume des
crédits de « restructuration »
prélevés sur le budget d'équipement de la Défense,
sans contrepartie réelle pour l'équipement des forces.
Sans compter les annulations de crédits d'équipement ayant permis
de gager partiellement les opérations successives de recapitalisation de
GIAT-industries.
Votre commission ne discute pas de la légitimité de ces
dépenses. Elle considère toutefois qu'elles relèvent
davantage de considérations liées à la préservation
de l'emploi et de l'aménagement du territoire français, et ne
correspondent pas à la vocation du budget de la Défense, surtout
s'il doit désormais correspondre strictement aux ressources d'une
armée professionnelle. A ce titre, liées à l'expression
d'une solidarité nationale, ces dépenses trouveraient sans doute
mieux leur place au budget des Charges communes.
c) Les « compensations » de la Polynésie : plus de 3 milliards de francs sur la durée de la programmation
Le
budget de la Défense supporte financièrement, sur ses
crédits d'équipement, le poids des compensations
considérables accordées au Territoire de la Polynésie
française à la suite de l'arrêt des essais
nucléaires et des activités du centre d'expérimentation du
Pacifique.
Au total, depuis le début de la loi de programmation, l'« aide
à la reconversion de l'économie
polynésienne »
23(
*
)
a
prélevé 648 millions d'euros (3,3 milliards de francs)
d'autorisations de programme et 470,3 millions d'euros (3,1 milliards
de francs) de crédits de paiement sur le budget d'équipement de
la défense. La convention signée le 25 juillet 1996 pose en effet
le principe du maintien pendant dix ans des flux financiers annuels
résultant de l'activité du Centre d'essai du Pacifique
évalués à 990 millions de francs, soit 10 milliards
de francs au total. Sur ce total, 220 millions de francs sont directement
affectés au budget du territoire. Le solde est versé à un
« Fonds de reconversion économique » dont
l'utilisation appelle certainement un contrôle approfondi.
Une commission composée de représentants de l'Inspection
générale des finances et du Contrôle général
des armées a été saisie de ce dossier et est actuellement
chargée de procéder au bilan de ce dispositif en vue de son
réexamen, comme le prévoit d'ailleurs la convention initiale.
En tout état de cause, là encore, votre commission
considère que cette charge ne relève pas du budget de la
Défense mais devrait être transférée, jusqu'à
son terme en 2006, au budget de l'Outre-mer.
2. Dépenses ne relevant pas du titre IV par nature
Le titre V « porte » en outre des dépenses dont la nature relèverait davantage du titre III. Celles-ci, qui contribuent à majorer « optiquement » le poids du titre V, correspondent d'ailleurs souvent à des transferts progressifs, au cours de la programmation, en provenance du titre III.
a) Les crédits d'entretien programmé du matériel : plus de 9 milliards de francs sur la durée de la programmation
Tel est le cas par exemple du transfert partiel des crédits d'entretien programmé du matériel , dont le total, au terme d'un nouveau transfert de 40 millions d'euros en 2002 (262 millions de francs), s'élève à 1.388 millions d'euros (plus de 9 milliards de francs).
b) Les dépenses de personnel : une charge non définie
De même, la masse salariale correspondant aux personnels employés par la Direction des constructions navales et par le Service de maintenance aéronautique ne figure pas au titre III du budget mais au titre V, dès lors qu'elle est financée sur les programmes d'armement et d'entretien commandés à ces deux services par les armées. La même situation prévaut pour la Direction des applications militaires (DAM) du CEA , dont la masse salariale est financée sur les programmes militaires.
c) Les pertes de la DCN et la cotisation au FSPOEI : 2,6 milliards de francs sur la durée de la programmation
Deux
dépenses « indues », ne figurant pas au budget 2002,
ont toutefois gonflé les crédits du titre V au cours de la
programmation et doivent être relevées.
Il s'agit d'une part du financement de la majoration de la cotisation patronale
au Fonds spécial des pensions des ouvriers des établissements
industriels de l'Etat (FSPOEI) prélevé sur le titre V à
hauteur de 150 millions d'euros (1 milliard de francs), et d'autre
part du financement des pertes subies par la Direction des constructions
navales sur des contrats à l'exportation (entretien des frégates
saoudiennes, sous-marins au Pakistan) ou de diversification, pour un montant
total de 200 millions d'euros (1,3 milliard de francs).
II. ANALYSE DES PRINCIPALES ÉVOLUTIONS
A. RÉPARTITION PAR ARMÉE ET SERVICE : LE POIDS DES COMMANDES RETARDÉES
La
réduction en 2002 des dotations de la Marine et de l'Etat-major des
armées provient en partie du niveau élevé des dotations
affectées à certains programmes en 2001 (Espace, Rafale
notamment).
L'augmentation des dotations en autorisations de programme de l'armée de
l'Air et de l'armée de Terre s'explique notamment par d'importantes
commandes prévues en 2002 (FSAF -missiles Famille sol-air futurs-,
valorisation VAB, véhicules divers notamment).
B. ÉVOLUTION PAR DOMAINE : LA REMONTÉE DE L'AGRÉGAT NUCLÉAIRE
1. La remontée de l'agrégat nucléaire
L'augmentation sensible en 2002 des crédits
consacrés
au domaine nucléaire résulte principalement de la montée
en puissance des grands programmes, tels que le quatrième SNLE-NG
(sous-marin nucléaire lance-engins - nouvelle génération),
l'ASMP-A (missile air-sol moyenne portée amélioré) et le
programme de simulation.
Parallèlement, les enveloppes des domaines spatial et classique
enregistrent des réductions importantes, en partie seulement
liées au niveau élevé des crédits consacrés
à certains programmes en 2001 (Hélios, Syracuse, Rafale, char
Leclerc, MTGT (modernisation des moyens de transport des garnisons de
l'armée de Terre).
En réalité, l'évolution enregistrée en 2002
reflète sans doute une tendance de plus long terme à laquelle il
convient d'être attentif.
Elle correspond en effet à une remontée structurelle du poids
des dépenses nucléaires, dont l'effet d'éviction sur les
autres grands programmes pourrait bien progresser.
Après avoir considérablement diminué depuis les
années soixante-dix, (il était alors proche de 30 milliards
de francs), l'agrégat nucléaire est tombé à un
niveau voisin de 15 milliards de francs en 2001. La forte progression
enregistrée en 2002 (+ 23 % pour les autorisations de
programme ; + 13 % pour les crédits de paiements),
signale vraisemblablement le début d'un retournement de tendance,
lié à la modernisation simultanée des vecteurs, des
missiles et des charges, et à la montée en puissance de la
simulation
24(
*
)
.
2. Le sacrifice relatif des dépenses liées à l'Espace
Inversement, il faut souligner le relatif « sacrifice » des crédits liés à l'Espace, tout au long de la loi de programmation, notamment en exécution 25( * ) . Certes liée à une visibilité difficile sur l'évolution des programmes, en raison des multiples défaillances de la coopération européenne, ce choix apparaît coûteux aujourd'hui, notamment en termes d'autonomie.
C. ÉVOLUTION PAR CATÉGORIE DE DÉPENSES : UN EFFORT BIENVENU EN FAVEUR DE LA RECHERCHE ET DU MAINTIEN EN CONDITIONS OPÉRATIONNELLES DES MATÉRIELS
Les
variations observées traduisent principalement :
- Un effort en faveur de
moyens d'études et de recherche
,
longtemps sacrifiés ;
- Un effort également en faveur du
maintien en condition
opérationnelle
des matériels, dont le niveau était
devenu préoccupant ;
- La diminution des enveloppes qui avaient été
« privilégiées » au cours de l'exercice
2001 : infrastructures (Gendarmerie et Service de santé des
armées), fabrications et munitions.
D. L'AMÉLIORATION NÉCESSAIRE DE LA GESTION DES CRÉDITS
1. La réforme des procédures budgétaires et comptables
A partir
de 1998, le ministère a conduit une réforme de grande ampleur de
la gestion des crédits d'investissement, conformément aux
recommandations de la Cour des comptes : modernisation de la nomenclature
budgétaire (1999), généralisation de la
déconcentration du contrôle financier (1999), informatisation des
échanges de données avec le ministère des finances,
simplification du nombre d'opérations budgétaires
d'investissement (de 6.000 à 10.000).
Ainsi que le souligne la Cour des comptes dans le cadre du Rapport sur
l'exécution 2000, les conséquences de cette réforme, tant
en termes de rationalisation de la gestion interne que, dans une moindre
mesure, en termes de transparence vis-à-vis de l'extérieur, sont
considérables.
En particulier, la réforme a conduit le ministère à
considérer ses autorisations de programme comme des ressources
véritables et à les répertorier en conséquence.
Le stock d'autorisations de programme disponibles à l'engagement est
passé d'un montant considérable de 15 milliards d'euros
(100 milliards de francs) fin 1996, à 6,25 milliards d'euros
(41 milliards de francs) fin 2000, hors provisions de 3 milliards
d'euros (20 milliards de francs) pour la commande des A-400 M
prévue en 2001.
Le ministère considère aujourd'hui qu'un montant de
6 milliards d'euros (40 milliards de francs) pour les autorisations
de programme disponibles à l'engagement est le minimum nécessaire
pour que la gestion annuelle ne soit pas entravée.
2. Une légère amélioration de la consommation des crédits d'équipement
Le
montant des reports de crédits demeure, sur la durée de la
programmation, élevé en valeur absolue. Il est en effet en
moyenne proche de 1 milliard d'euros (6,5 milliards de francs).
Ce montant est en sensible diminution par rapport à 1996, date à
laquelle il avait atteint 1,7 milliard d'euros (11,1 milliards de
francs).
Il convient de relever également que le taux de consommation des
crédits de la Défense, de l'ordre de 90 %, est très
nettement supérieur à celui de la moyenne des budgets civils en
2000, soit 67 %.
Le budget de la Défense est en outre contraint par des facteurs et
aléas spécifiques, liés aux difficultés de
négociations contractuelles sur les grands programmes d'armement d'une
part et, d'autre part, de façon en principe plus conjoncturelle,
à la mise en oeuvre parallèle de réformes administratives
et informatiques qui ont pu retarder l'entrée en gestion, comme ce fut
le cas avec la difficile entrée en vigueur de la nouvelle application
comptable NABUCCO.
Il reste que ce montant, qui correspond d'ailleurs à un report de
charges à peu près de même ordre, demeure
élevé en montant absolu, et gagnerait sans doute à
être réduit.
E. VERS UN RISQUE DE « CRISE DES PAIEMENTS » AU COURS DE LA PROCHAINE PROGRAMMATION ?
L'année 2000 a été marquée par le
début d'une forte reprise des engagements (autorisations de programme)
en fin d'exercice.
Pour la première fois depuis 1996, le niveau des engagements
(107,4 milliards de francs) a dépassé, et de loin, le niveau
des autorisations de programme ouvertes en loi de finances initiale
(87,5 milliards de francs). L'écart n'a pu être comblé
que grâce à l'importance du stock d'autorisations de programme
disponibles (notamment du fait de reports d'années
précédentes).
De fait, l'exercice 2000 pourrait constituer un tournant dans
l'évolution des paiements du ministère. L'augmentation forte et
continue des engagements depuis quatre ans pourrait engendrer à partir
de 2002 la remontée des paiements (crédits de paiement) attendue
depuis trois ans.
La Cour des comptes souligne ce risque dans son Rapport sur l'exécution
du budget 2000 :
« Compte tenu de l'importance des engagements cumulés des
trois dernières années, qui ne manqueront pas de peser sur les
besoins en crédits de paiement, le ministère devra, dans les
années à venir, adapter son niveau d'engagement annuel au niveau
prévisible de ses ressources en crédits de paiement, s'il veut
éviter une crise des paiements ».
CHAPITRE IV
L'EXÉCUTION DES GRANDS PROGRAMMES
La « revue des programmes » qui avait consisté à analyser tous les programmes d'équipement en les confrontant aux besoins des armées avait eu pour objectif, sinon un retour aux crédits d'équipement fixés par la loi de programmation, du moins leur rétablissement après « l'encoche » du budget de 1998. Beaucoup d'avantages étaient prêtés à cette analyse, notamment celui de renoncer à la pratique coûteuse d'allongement des délais de réalisation des équipements et de donner une assise solide aux quatre dernières années de la loi de programmation militaire. Cette logique n'a prévalu qu'une année avant que ne diminuent à nouveau les crédits de paiement des titres V et VI. Les conséquences de ce retour à des pratiques contestables ne sont pas négligeables.
I. LE NUCLÉAIRE
A. ÉVOLUTION GÉNÉRALE DES CRÉDITS : LA REMONTÉE STRUCTURELLE DE L'AGRÉGAT NUCLÉAIRE
Les
crédits de paiement proposés pour 2002 au titre de la dissuasion
s'élèvent à 2.683,2 millions d'euros (17,6 milliards
de francs) et les autorisations de programme à 2.518 millions
d'euros (16,52 milliards de francs), soit une augmentation par rapport à
l'exercice précédent de 13,1 % pour les crédits de
paiement et de 23 % pour les autorisations de programme.
Cette réévaluation des crédits consacrés à
l'agrégat nucléaire est la plus élevée de la
programmation 1997-2002, à l'exception de l'annuité de
départ.
Elle traduit principalement la montée en puissance confirmée des
grands programmes (
sous-marins nucléaires SNLE-NG
et
missiles
ASMP-A
) ainsi que, en rupture avec la tendance précédente,
une reprise des efforts en faveur du programme de
simulation
.
Evolution des crédits du nucléaire
(milliards d'euros)
Années |
Crédits de
|
Autorisations de
|
1990 |
4,89 |
4,77 |
1997 |
2,87 |
3,00 |
1998 |
2,54 |
2,52 |
1999 |
2,53 |
2,03 |
2000 |
2,42 |
2,81 |
2001 |
2,37 |
2,05 |
2002 |
2,68 |
2,52 |
2002/2001 |
+ 13,1 % |
+ 22,9 % |
2002/1990 |
- 54,8 % |
- 52,7 % |
En 2002,
l'évolution des crédits affectés à la dissuasion
nucléaire marque une inversion par rapport à la baisse
entamée à compter de 1990. En dix ans, les crédits de
paiement auront en effet diminué de 55 % et les autorisations de
programme de 53 %.
Au total, en 2002, les crédits consacrés au programme
nucléaire représentent plus de 19 % du total des autorisations de
programme (contre 16 % en 2001) et près de 21 % du total des
crédits de paiement (contre 19 % en 2001).
Le niveau de dépenses fixé par la loi de programmation initiale,
soit 105,8 milliards de francs constants sur la période 1997-2002, ne
sera pas tout à fait atteint : en 2002, le niveau atteint environ
101 milliards de francs courants. La proportion des crédits de la
dissuasion dans la totalité des crédits du titre V respecte
néanmoins le niveau fixé par le paragraphe 1-3-1 du rapport
annexe :
« La part du budget de la Défense
consacrée aux forces nucléaires s'établira en fin de
période à
un niveau inférieur à 20 %
du
titre V (contre 31,4 % en 1990)
.
Il reste que l'évolution enregistrée en 2002 traduit sans
doute une inversion de tendance à laquelle il convient d'être
attentif.
Elle correspond en effet vraisemblablement à une remontée
structurelle du poids des dépenses nucléaires, dont l'effet
d'éviction sur les autres grands programmes pourrait bien progresser au
cours des prochains exercices budgétaires.
B. LES FORCES NUCLÉAIRES STRATÉGIQUES
1. La Force océanique stratégique (FOST) : des retards importants
a) Les sous-marins : report de l'admission au service actif des troisième et quatrième sous-marins
Aux reports déjà programmés s'ajoutera celui de l'admission au service actif du quatrième SNLE/NG qui n'interviendra qu'en 2010 afin de l'équiper directement en missiles M 51 .
Commandes et livraisons des SNLE/NG
|
Commandes |
Admission service actif selon la programmation |
Admission
|
Le Triomphant. |
Juin 1987 |
Mars 1997 |
Mars 1997 |
Le Téméraire |
Octobre 1989 |
Avril 1999 |
Décembre 1999 |
Le Vigilant |
Mai 1993 |
Décembre 2002 |
Fin 2004 |
Le Terrible |
Septembre 2000 |
Juillet 2007 |
Juillet 2010 |
En
l'état actuel et jusqu'en 2005, la
FOST
reposera sur deux
sous-marins de l'ancienne génération et sur deux
SNLE/NG
admis au service actif, pour une cible visant « au moins deux
sous-marins à la mer en permanence ».
Les reports précédents ont d'ores et déjà
entraîné un surcoût de plus de 380 millions d'euros (2,5
milliards de francs).
Le coût des programmes évalué initialement pour six
SNLE/NG
s'établissait à 13,7 milliards d'euros
(90 milliards de francs 1997). Pour une facture quasiment identique en
francs constants (13,3 milliards d'euros) seuls quatre
SNLE/NG
seront
livrés. Le dépassement des devis a surtout concerné le
poste fabrications. On notera qu'un des facteurs d'augmentation est lié
à l'augmentation du taux de charges patronales applicables aux ouvriers
d'Etat de la Direction des constructions navales (pour 67 millions
d'euros, soit 437 millions de francs).
b) Missiles équipant les SNLE/NG : travaux coûteux d'adaptation et retards pour le M51
Les SNLE
de l'ancienne génération sont équipés du
missile
M 4
.
Le
missile M 45
, version modernisée du
missile M 4
,
équipera les trois premiers SNLE de la nouvelle
génération. Sa portée, sa furtivité, sa
capacité de pénétration sont accrues.
Son poids très supérieur à celui du M4
nécessitera toutefois d'importants et coûteux travaux d'adaptation
des trois premiers SNLE/NG entre 2008 et 2012.
Le
missile M 51
équipera directement le quatrième
SNLE/NG
. Sa mise en service avait été avancée de
2010 à 2008 par la revue de programmes. Les retards subis par ce
programme contraignent à repousser à nouveau
l'échéance à 2010.
Une commande de 1,1 milliard d'euros portant sur une tranche ferme de deux
ans de développement a été enfin passée en
décembre 2000, au terme d'une difficile bataille contractuelle entre
EADS et la Délégation générale à l'armement,
portant le montant du prix.
Une « décision équilibrée » a
été arrêtée en définitive, qui traduit bien
le fait qu'en matière d'industries d'armement, les rapports de nature
régalienne ont désormais vécu
.
2. La composante aéroportée et les missiles : horizon 2008 pour le couple Rafale-ASMP-A
Elle est
constituée de trois escadrons de
Mirage 2000 N
relevant des
Forces aériennes stratégiques (FAS) et de deux flottilles de
Super-Étendard du groupe aéronaval. A l'horizon 2008 seulement
désormais, le couple
Rafale ASMP-A
devrait succéder au
couple
Mirage 2000 N-ASMP
.
L'ASMP actuel devrait être en effet ultérieurement remplacé
par l'ASMP amélioré (
ASMP-A
), d'une portée plus
grande et mettant en oeuvre une charge nucléaire nouvelle. La mise en
service est prévue fin 2007 sous
Mirage 2000
et en 2008 sous
Rafale
.
3. La dotation du Commissariat à l'énergie atomique : une couverture élevée en crédits de paiement pour les prochains exercices budgétaires
L'exercice 2002 se traduit par une sensible majoration des
crédits mis en place à la Direction des applications militaires
du CEA (+ 7,2 % pour les crédits de paiement, + 24,4 % pour
les autorisations de programme).
Le montant élevé des autorisations de programme, qu'il faudra
veiller à couvrir par un niveau correspondant de crédits de
paiement au cours des prochains exercices, traduit le lancement de la
construction du bâtiment du
laser mégajoule
et surtout la
réalisation du
réacteur d'essais
(RES) dédié
à la propulsion nucléaire navale.
4. La simulation : reprise des autorisations de programme seulement
En
raison de l'arrêt des essais nucléaires et de la signature en
septembre 1996 du
Traité d'interdiction des essais
nucléaires
, il a été jugé nécessaire de
mettre au point un programme de simulation des essais. Son objet est de
garantir la fiabilité et la sécurité des charges
nucléaires des armes actuelles et futures.
Complexe, la conduite de ce programme de simulation (ex-
PALEN
) repose
sur quatre éléments : l'expertise scientifique et
technologique dans un domaine très spécifique du personnel de la
Direction des applications militaires du CEA, la mise au point de la machine de
radiographie
Airix
, celle du
laser mégajoule
et le
développement de logiciels de calcul complexe.
Le coût de l'ensemble du programme est estimé à
5,1 milliards d'euros (33 milliards de francs) sur une période
d'une dizaine d'années. Il est doté en 2002 de 396 millions
d'euros d'autorisations de programme, en progression de 32,4 % par rapport
à 2000, qui correspond à un nouveau renforcement par rapport
à l'exercice 2001, qui avait déjà enregistré un
renforcement du programme. Les crédits de paiement sont en revanche
minorés de 4 %.
Il est impératif de ne prendre aucun retard sur ce programme si l'on
veut que les différents instruments de simulation fonctionnent en 2010,
soit avant le départ des personnels qui ont connu les essais en grandeur
réelle.
5. Le démantèlement : un processus encore long
Le
démantèlement de la composante nucléaire terrestre s'est
achevé avec la dénucléarisation effective du plateau
d'Albion le 25 février 1998. Le démantèlement des sites de
production de matières nucléaires (Pierrelatte et Marcoule) n'est
pas terminé, et la charge financière de cette opération
risque de monter en puissance. Selon les informations communiquées, la
poursuite des travaux de démantèlement « devrait
être assurée », en tout cas, par Pierrelatte.
La décontamination radioactive du site de Pierrelatte devrait prendre
encore cinq ou six ans. La charge financière est de l'ordre de
60 millions d'euros (400 millions de francs) par an pour le CEA.
L'assainissement du site de Marcoule sera beaucoup plus long, de l'ordre de
trente ans, pour un coût consolidé voisin de 5 milliards
d'euros (33 milliards de francs).
II. L'ESPACE
A. DES CRÉDITS SACRIFIÉS, SURTOUT EN EXÉCUTION
Après avoir été particulièrement
malmenés au cours de l'exécution 2000, les crédits
affectés à l'Espace avaient enregistré, en loi de finances
initiale 2001, une forte progression tant en crédits de paiement
(+ 17,4 %) qu'en autorisations de programme (+ 52,4 %). Celle-ci
est partiellement remise en cause par l'exécution budgétaire.
Lorsqu'il faut procéder à des annulations, c'est
généralement les crédits de l'Espace qui sont
affectés en priorité.
Aussi, sur 2001, les deux arrêtés d'annulation du 8 octobre
et du 14 novembre se seront traduits au total par une réduction de
907 millions de francs des crédits de paiement, soit près de
12 % de l'enveloppe initiale et d'une réduction de
188 millions de francs des autorisations de programme, soit près de
3 % de l'enveloppe initiale.
Les crédits prévus au budget 2002 marquent une nouvelle baisse,
avec une chute de 28,7 % des autorisations de programme et une progression
des crédits de paiement limitée à 9,1 %.
Cette situation traduit vraisemblablement la persistance de difficultés
en matière de coopération européenne sur les projets
concernés, notamment
Hélios II
et le programme
successeur
Syracuse II
26(
*
)
. De fait, le
premier satellite
Helios II
ne pourra être lancé qu'en 2004
et le premier satellite successeur
Syracuse II
que fin 2013.
Au
total, la loi de programmation avait prévu une enveloppe globale de
3.298 millions d'euros (21,6 milliards de francs).
Les crédits inscrits en loi de finances initiale n'auront
représenté que 77,6 % de cette enveloppe, soit un
écart de 688 millions d'euros (4,5 milliards de francs).
Les conditions d'exécution ont considérablement accru cet
écart, puisque, sur les quatre premières années seulement
de la programmation, il s'élève déjà à
1.011 millions d'euros (6,6 milliards de francs), soit un taux
d'exécution de 30 % de l'enveloppe initiale.
B. DES PROGRAMMES INACHEVÉS
1. Le renseignement stratégique : HELIOS
La
réalisation du programme de satellite d'observation
HELIOS
II
27(
*
)
, dont les études de
faisabilité ont été initiées en 1992, a
été lancée seulement en 1998, en raison à la fois
de difficultés de négociation avec les partenaires
européens et des restrictions budgétaires françaises.
Désormais, la France poursuit seule ce programme après les
défections de l'Allemagne, de l'Espagne et de la Belgique, et
l'échec des discussions avec l'Italie.
La disponibilité au lancement du premier satellite
HELIOS II-A
ne
devrait pas intervenir avant mars 2004, soit 12 années de
délai au total, qui contribuent clairement à majorer les
coûts, aujourd'hui estimés à 2,13 milliards d'euros au
total
28(
*
)
(14 millions de francs) pour la
partie française.
HELIOS II-B
ne sera pas disponible au tir avant
2005 pour un lancement prévu en 2008. L'objectif de la loi de
programmation était 2001.
Parallèlement, la décision d'accroître les performances
d'
HELIOS
se traduit par une « pause » dans
l'engagement de nouveaux programmes comme le satellite radar
Horus
,
programme dont l'Allemagne s'est également retirée, ou le
système de surveillance de l'espace.
Quels que soient les jugements portés sur le programme
HELIOS
, et
notamment sur le coût qu'il atteint aujourd'hui, la crise récente
du Kosovo a confirmé la nécessité de disposer d'une
capacité autonome de renseignement pour les européens
29(
*
)
. En principe, -et à nouveau-, de nouvelles
formules de coopération européennes devraient être
étudiées dans le domaine des satellites d'observation radar,
à la suite notamment des déclarations d'intention allemandes.
En tout état de cause, l'objectif de la loi de programmation sera
loin d'être respecté. Il prévoyait en effet la
réalisation de trois satellites de 2
ème
génération, dont le premier lancé en 2002. En
l'état actuel, le lancement du premier satellite est retardé
à 2004, et le programme réduit à deux satellites. Il
prévoyait également le démarrage du programme HORUS avec
l'Allemagne en vue du lancement d'un premier satellite en 1995. Ce programme a
été abandonné en 1998.
2. Les satellites de communication : SYRACUSE
Le
programme
Syracuse II
de télécommunications militaire par
satellite a commencé sa phase de développement en 1988. Il est
conditionné par le calendrier du satellite
Télécom II
qui répond au même besoin pour la partie civile.
Le coût global du programme s'élève à
2,2 milliards d'euros (14,4 milliards de francs), dont
1,7 milliard d'euros a déjà été
dépensé.
Le lancement du premier satellite
Syracuse II
est prévu pour fin
2003. Le programme successeur de
Syracuse II
, pour lequel
156 millions d'euros (1 milliard de francs) sont inscrits au projet
de budget 2002, a été tronçonné en deux
étapes, ce qui obscurcit singulièrement l'analyse du coût
global, des modalités de financement, et des perspectives
d'aboutissement de ce programme, dès lors qu'aucune évaluation
n'est fournie pour la seconde étape.
De fait, là encore, l'objectif de la programmation sera loin
d'être atteint. Il prévoyait en effet le lancement d'un premier
satellite successeur en 2003. En 2002, la constellation ne devrait compter que
deux satellites pleinement opérationnels, alors que la crise du Kosovo a
montré que quatre satellites étaient nécessaires à
la bonne marche des opérations.
CHAPITRE V
LES ÉQUIPEMENTS CLASSIQUES
La part des crédits consacrés aux équipements classiques (par opposition aux crédits consacrés au nucléaire, à l'espace et aux restructurations), s'établit à 9,5 milliards d'euros 30( * ) (62,7 milliards de francs), en nouvelle diminution de 2,3 %, après une légère reprise enregistrée en 2001.
I. L'ARMÉE DE TERRE
Les
crédits affectés à l'armée de Terre
s'élèvent à 2.843 milliards d'euros
(18,6 milliards de francs) en autorisations de programme et à
2.574 milliards d'euros (16,9 milliards de francs) en crédits de
paiement.
Ceci correspond à une nouvelle progression de 10,1 % des
autorisations de programme (après + 18,8 % en 2001), et
à une nouvelle baisse de 3,9 % pour les crédits de paiement
(après - 1,3 % en 2001).
A. PRINCIPALES ÉVOLUTIONS PRÉVUES POUR L'EXERCICE 2002
1. La capacité d'action blindée
La
« modernisation de la capacité d'action
blindée » s'est notamment traduite par une réduction
considérable du nombre de régiments de chars, passés de 17
en 1988 à 6 en 2001.
En 2002, 33
chars Leclerc
devraient être livrés. Fin 2002,
406
chars Leclerc
auront été commandés,
conformément à la cible fixée par la loi de programmation
révisée. Mais seulement 304 auront été
effectivement été livrés. Etant entendu que les 17
premiers chars livrés sont inaptes à une quelconque
activité militaire, le « trou » par rapport à
l'objectif s'établira à 113 chars. Pour compenser notamment le
manque de chars disponibles à l'entraînement,
22
simulateurs Leclerc
seront livrés en 2002.
Cette réduction sensible des cibles touche directement le producteur
final,
GIAT-Industries
dont, malgré l'ampleur financière
des mesures de redressement, la situation reste très difficile. Il n'est
pas assuré du reste que la fabrication des chars pour l'armée de
Terre dégage un résultat positif. Et les acquis de l'exportation
ont fait l'objet, d'une gestion désastreuse.
De fait, l'avenir de l'entreprise reste aujourd'hui largement dépendant
de la concrétisation des perspectives d'exportation du
char
Leclerc
.
Le coût total du
programme Leclerc
s'élève à
5,7 milliards d'euros (37,4 milliards de francs) dont
3,85 milliards d'euros déjà votés en crédits
de paiement. Les crédits de paiement prévus pour 2002
s'élèvent à 323 millions d'euros. Le coût
unitaire moyen est de 8 millions d'euros (52,5 millions de francs), en
dépassement de 20 % par rapport aux devis initiaux, en raison des
surcoûts du maître d'oeuvre industriel et de la réduction de
cible.
La Cour des comptes
31(
*
)
évalue au double
le coût unitaire d'acquisition global d'un
char Leclerc
, soit
15,9 millions d'euros (104,4 millions de francs), en tenant compte
notamment des coûts de développement, d'industrialisation, de
pièces de rechange et de systèmes d'armes annexes, de munitions
spécifiques, d'infrastructures, d'instruction et d'entraînement.
Le
véhicule blindé de combat d'infanterie
(VBCI) sera un
véhicule à roues destiné au transport de troupe qui
remplacera l'
AMX 10-P
équipé de chenilles. Il existera en
deux versions : une version poste de commandement (VPC) et une version
combat d'infanterie (VCI). Initialement mené en coopération avec
l'Allemagne et la Grande-Bretagne, ce projet a donné lieu à une
proposition du consortium ARTEC (Krauss-Maffei, Rheinmetal, Wegmann,
Alvis/GKN-D et GIAT-Industries). La France a estimé que la proposition
du consortium n'était pas satisfaisante pour la version transport de
troupe. Elle ne poursuit donc la coopération en cours que pour la
version poste de commandement. De fait, le calendrier initial a accumulé
les retards et devient maintenant critique.
Or l'arrivée dans les forces d'un nouveau véhicule pour le combat
d'infanterie est urgente, l'
AMX 10-P
n'étant plus en mesure
d'assurer une bonne protection à nos troupes.
Le coût total estimé du programme est désormais de
1,98 milliard d'euros (13 milliards de francs), le coût unitaire est
de 15 millions d'euros (10 millions de francs) pour la version VPC et
de 1,9 million d'euros (13,5 millions de francs) pour la version VCI.
En théorie, la livraison du premier véhicule ne devrait pas
intervenir avant mi-2005, ce qui là aussi, laisse présager un
« trou » compte tenu de l'état actuel des
AMX
10-P
. Des crédits sont donc prévus par le projet de budget
2002 pour des opérations de rénovation de l'
AMX 10
(commandes de 44 châssis).
Ce programme illustre à nouveau certaines des difficultés de la
coopération européenne. Les états-majors n'expriment pas
les mêmes besoins, ni sur la nature du matériel, ni sur les
calendriers de renouvellement. Les hésitations conduisent à des
retards. Les industriels du pays le plus éloigné du besoin
standard se retrouvent en porte-à-faux vis-à-vis de leurs
homologues européens. Ainsi nos partenaires allemand et britannique
continuent de privilégier la chenille, et sont surtout confrontés
à un besoin de renouvellement beaucoup plus reculé dans le temps
(au-delà de 2010).
2. La mobilité aéroportée
L'hélicoptère Tigre
(programme en
coopération
avec l'Allemagne intégré dans l'OCCAR)
est désormais parvenu au stade de l'industrialisation. L'accord
bilatéral sur la production a été conclu le 20 mai 1998.
Le contrat de série a été signé le 18 juin 1999. Il
porte, pour la France, sur 80 appareils (70 appareils appui protection HAP
et 10 appareils antichar HAC). Une commande globale de 12,7 milliards de
francs a été passée en 1999. Au total, les commandes
françaises porteront sur 115 hélicoptères en version
appui protection (HAP) et 100 en version antichars (HAC). Les premières
livraisons interviendront seulement en 2003 pour les appareils HAP et en 2011
pour les appareils HAC.
Le coût total du programme est estimé à 7,1 milliards
d'euros (46,6 milliards de francs). Le coût unitaire est de
20 millions d'euros (131 millions de francs) pour la version HAC et
de 17 millions d'euros (111 millions de francs) pour la version HAP.
L'hélicoptère de transport NH 90
doit équiper les
forces françaises, allemandes, italiennes et néerlandaises. Il
doit permettre soit le transport de 14 à 20 hommes ou d'un
véhicule de combat léger soit, à partir d'une
frégate, la lutte anti sous-marine ou anti-navires.
Le coût du développement du programme devrait s'élever pour
l'armée de Terre à 480 millions d'euros (3,13 milliards de
francs) et la part française de l'industrialisation à
1,5 milliard de francs. Le coût unitaire d'un appareil, en version
transport, devrait être de 20,1 millions d'euros (132 millions
de francs).
Les hélicoptères NH 90 version terre ne seront pas disponibles
avant 2011, ce qui pose à nouveau un réel problème compte
tenu du vieillissement accéléré des
Puma
, soumis
à une utilisation plus intense que prévu. De fait, il est
prévu un programme coûteux de remotorisation des
Puma
(137 millions d'euros, soit 900 millions de francs pour 100 appareils). La
première commande globale passée en juin 2000 ne concerne en
effet que les appareils version marine.
3. La trame anti-char
Dans ce
domaine, l'adaptation des armées au nouveau contexte
géostratégique a été particulièrement lente.
Démarré à la suite d'un protocole d'accord
intergouvernemental signé le 22 octobre 1976, entre la France, la
République fédérale d'Allemagne et le Royaume-Uni, pour
une «
menace identifiée
» correspondant au
Pacte de Varsovie, les deux programmes
AC3G-LP et AC3G-MP
(anti-char
3
ème
génération longue et moyenne
portée) ont été progressivement abandonnés par tous
les partenaires européens.
Pour sa part, la France a décidé en 2001 seulement de stopper
définitivement ces deux programmes, tout en maintenant le financement du
développement jusqu'à son terme.
Au total, le coût des deux programmes aura représenté
620 millions d'euros (près de 4 milliards de francs), sans que
la France, à terme, ne participe à la fabrication d'aucun des
deux.
Il semble que la trame anti-char puisse continuer de reposer sur les produits
existants et améliorés, à savoir l'enchaînement
Eryx-Milan-Hot
, étant entendu qu'il faudra, à l'horizon
2008-2010, remplacer le
système Milan
alors âgé de
quarante ans.
4. Munitions, transmissions, communications, renseignements
En 2002,
l'armée de Terre devrait bénéficier d'une livraison de
410
obus BONUS
, étant entendu qu'une nouvelle version plus
performante est actuellement en cours de développement, pour une
qualification prévue en 2002.
Le programme
radar de contre-batterie COBRA
, en coopération avec
l'Allemagne et le Royaume-Uni dans le cadre de l'OCCAR prévoit la
livraison de 3 radars de série en 2002.
Enfin,
1 200 postes de radio
4
ème
génération PR4G
seront
livrés en 2002.
B. BILAN DE RÉALISATION DE LA LOI DE PROGRAMMATION
S'agissant des livraisons effectuées fin 2002, aucun
objectif
n'est tenu. La plupart ne le sont pas du tout, certains, comme le
char
Leclerc
et le
système Roland
, partiellement seulement. Des
retards importants caractérisent même les commandes, non
passées en particulier pour le
NH 90
, et très
partiellement seulement pour le
VBCI
et les programmes de missiles.
Les dates prévues de livraisons s'échelonnent comme suit :
-
VBCI
: mi- 2005
- hélicoptère Tigre HAP : 2003
- hélicoptère Tigre HAC : 2011
- hélicoptère NH90 : 2011
II. LA MARINE
Les crédits de paiement, en progression de 1,7 % atteindront 3.216,8 millions d'euros (21,1 milliards de francs). Les autorisations de programme, en baisse de 9 %, atteindront 3.041,4 millions d'euros (19,9 milliard de francs).
A. PRINCIPALES ÉVOLUTIONS PRÉVUES POUR L'EXERCICE 2002
1. Le porte-avions nucléaire
L'admission au service actif du
porte-avions
nucléaire
(PAN) Charles de Gaulle a été officiellement prononcée le
18 mai 2001
32(
*
)
, soit un peu plus de
quinze ans après le lancement de la construction.
Le coût du porte-avions s'est stabilisé à 3 milliards
d'euros (20 milliards de francs), dont 2 milliards d'euros
(13,5 milliards de francs) pour la fabrication.
En tout état de cause, le porte-avions nucléaire ne disposera pas
de tous ses moyens d'intervention et de protection indispensables à la
cohérence du dispositif.
La défense du porte-avions repose en effet en grande partie sur son
groupe aérien et sur son escorte. Vis-à-vis de la défense
missiles, il dispose de la protection d'une frégate anti-aérienne
et d'un système de défense propre, reposant sur des moyens de
guerre électronique et des missiles embarqués. Face à la
menace sous-marine, il s'en remet à son escorte de bâtiments de
surface, éventuellement renforcée par un sous-marin
nucléaire d'attaque.
Le déroulement du programme interarmées de missiles
FSAF
(famille de sol-air futurs)
se poursuit et vise à équiper le
porte-avions nucléaire en missiles
Aster 15
. Les
difficultés rencontrées par l'industriel dans la mise au point de
l'
Aster 15
ont repoussé les échéances, et
40 missiles seulement seront livrés courant 2002, après le
tir de qualification prévu en janvier.
La commande d'un second porte-avions a été reportée
au-delà de l'horizon de l'actuelle programmation. Son admission au
service actif ne pourra intervenir au minimum avant 2012. Son coût est
estimé à 15 milliards de francs compte tenu des économies
réalisées sur les études. Qu'il soit à propulsion
nucléaire ou non, ce bâtiment ne pourra être la reproduction
du Charles de Gaulle en raison de l'ancienneté des études de
conception de celui-ci.
Les réflexions en cours du Royaume-Uni sur le remplacement de ses
porte-aéronefs actuels par des porte-avions nouveaux ne semblent pas
être en mesure actuellement d'ouvrir la voie à une
coopération dans ce domaine dès lors que celui-ci reste
fidèle à son concept d'appareils à décollage
vertical.
Le porte-avions Foch ayant été cédé au
Brésil en octobre 2000, pour un montant de 85 millions de francs,
la disponibilité du groupe aéronaval ne pourra donc être
assurée en permanence
.
Elle ne le sera notamment pas, pendant
plusieurs mois, en 2004-2005, pendant la première indisponibilité
périodique d'entretien et de réparation (IPER) du bâtiment
et, en 2010 et 2011, pendant 18 mois à 2 ans pour une IPER plus
importante.
2. L'aéronautique navale
Les
avions
Crusader
ont été retirés du service. La
première flottille de
Rafale marine
ne sera opérationnelle
que fin 2002, neuf appareils étant en principe livrés d'ici
là, au lieu des 12 prévus par la loi de programmation militaire.
Les 48 autres appareils seront ensuite livrés à partir de 2005,
au rythme de 6 par an jusqu'en 2012. L'entrée en service du premier
escadron opérationnel au standard F2 n'est pas prévue avant 2006.
Un seul appareil de ce type sera livré en 2002.
La Marine a par ailleurs bénéficié, le 30 juin 2000, d'un
contrat de commande pour 27
hélicoptères NH 90 version
marine
33(
*
)
, pour un montant global de
840 millions d'euros (5,5 milliards de francs), ouverts par la loi de
finances rectificative de juin 2000. Les autorisations de programme
nécessaires pour honorer cette commande ont été
financées par redéploiement au sein du budget de la
défense, au détriment d'autres programmes, notamment relatifs
à l'Espace. Les premières livraisons n'interviendront pas avant
2005.
Le prix unitaire de la version marine-soutien s'élève à
25,6 millions d'euros (168 millions de francs) et celui de la version
marine-combat à 30,5 millions d'euros (200 millions de francs).
S'agissant des avions de surveillance aérienne, les deux premiers
appareils
Hawkeye
ont été livrés en 1998, et la
livraison du troisième est prévue pour fin 2003. Actuellement, le
coût unitaire d'un
Hawkeye
est évalué à
310 millions d'euros (2 milliards de francs), contre 260 millions
d'euros (1,7 milliard de francs) pour le
Awacs-3F
, dont
l'armée de l'Air détient quatre exemplaires.
3. La flotte de surface
Le
programme des
frégates légères de type La Fayette
a
été ramené de 6 à 5 unités. Quatre
bâtiments ont été admis au service actif, le dernier sera
livré fin 2001.
Le programme des
frégates Horizon,
frégates
antiaériennes destinées à assurer la protection du groupe
aéronaval, est mené en coopération avec l'Italie seulement
depuis le retrait de la Grande-Bretagne en avril 1999. Ces bâtiments, de
plus de 6000 tonnes, seront équipés du système
d'autodéfense PAAMS.
Le programme lancé en 1994 a connu de nombreuses vicissitudes et
souffert, lui aussi, de retards comme d'autres programmes menés en
coopération européenne. Deux exemplaires seulement de cette
frégate seront en définitive commandés pendant la
durée de la programmation. Le premier devait l'être en 1998 et le
second en 2000. En définitive, le premier ne sera commandé qu'en
2000. Son admission au service actif ne pourra intervenir avant fin 2006, et
celle du second est prévue pour 2008.
Sur un coût total du programme initialement évalué à
12,4 milliards de francs, la programmation a prévu 5,23 milliards
de francs pour la période 1997-2002.
Le programme de construction de 17
frégates multimissions
est
passé au stade de la conception en 2001. L'admission au service actif de
la première frégate n'est pas prévue avant 2008.
Les
nouveaux transports de chalands de débarquement
(NTCD),
bâtiments de plus de 10000 tonnes, sont prévus pour
transporter et débarquer des forces d'intervention terrestre avec une
fonction porte-hélicoptères particulièrement
développée
34(
*
)
. Les NTCD ont
été prévus en remplacement des deux unités les plus
anciennes -
Ouragan
et
Orage
- qui devront être
désarmées en 2005 et 2006 après quarante ans de service.
Les deux premiers,
La Foudre
et le
Sirocco,
sont
déjà en service.
Les deux suivants devront être mieux adaptés à la
projection des forces. Lors de la revue des programmes, il a été
décidé que la réalisation de ce programme se ferait sous
la contrainte d'un coût objectif fixé après une comparaison
nationale et européenne. Ce programme, dont le coût est
estimé à 560 millions d'euros (3,7 milliards de
francs)
35(
*
)
, a bénéficié
en 2001 de dotations importantes destinées à financer la commande
groupée de deux bâtiments, notifiée fin 2000. La
réalisation se poursuivra en 2002. Les admissions au service actif sont
prévues pour 2005 et 2006.
Le programme du
sous-marin nucléaire d'attaque
Barracuda, qui a
pris beaucoup de retard, est seulement en cours de lancement. L'admission au
service actif du premier sous-marin n'est pas prévue avant 2012.
La Marine bénéficiera enfin en 2002 de la livraison de
50
torpilles MU 90
, de 60
missiles MICA
(missile
d'interception, de combat et d'autodéfense) et de 24
missiles
Aster 30
(sol-air moyenne portée pour le PAN Charles-de-Gaulle.
Un
chasseur de mines tripartite
(CMT) type Eridan modernisé sera
livré en 2002.
Le
bâtiment hydrographique et océanographique
commandé en 2001 sera livré en 2003.
B. BILAN DE RÉALISATION DE LA LOI DE PROGRAMMATION
Au terme
de l'actuelle loi de programmation, le porte-avions nucléaire sera tout
juste définitivement opérationnel (le 1
er
décembre ), quinze années après le lancement de la
construction. Seules les frégates La Fayette auront
été commandées et livrées conformément aux
objectifs.
Ni les
frégates Horizon
, ni les
hélicoptères
NH90
, ni les
systèmes PAAMS
n'auront été
livrés. Trois
sous-marins nucléaires lance-engins
seulement au lieu de quatre seront disponibles.
Seuls 10
Rafale marine
auront été livrés et
25 commandés, sur les 60 prévus initialement.
Les dates prévues de livraison s'échelonnent comme suit :
- Troisième
Hawkeye
: fin 2003
- Second
porte-avions
: pas avant 2012
-
Rafale
manquants : entre 2005 et 2012
-
Hélicoptères NH90
: pas avant 2005
-
Frégates Horizon
: 2006 pour la première,
2008
pour la seconde
-
Frégates multimissions
: pas avant 2008
- Prochains
NTCD
: 2005 et 2006
-
Sous-marins nucléaires d'attaque
(Barracuda ) : pas avant
2005
1. Évolution de l'équipement de la Marine
Matériels |
1996 |
2002
|
2015
|
Porte-avions |
2 |
1
porte-avions nucléaires
|
1 ou 2 |
Avions embarqués |
74 |
58 (dont 12 Rafale) et 2 Hawkeye |
60 Rafale en parc et 3 Hawkeye |
Avions de patrouille maritime |
25 |
22 |
22 |
Hélicoptères de combat |
38 |
40 |
ND |
Sous-marins nucléaires lanceurs d'engins |
5 dont 1 SNLE-NG |
4 dont 3 SNLE-NG |
4 SNLE-NG |
Sous-marins d'attaque |
12 dont 6 nucléaires |
6 SNA |
6 SNA |
Frégates antiaériennes |
4 |
4 |
4 |
Frégates anti-sous-marins |
11 |
8 |
8 |
Frégates de 2ème rang |
17 |
14 |
14 |
Bâtiments anti-mines |
16 |
14 |
16 |
Transports de chalands de débarquement (TCD) |
4 dont 1 porte-hélicoptères |
5 dont 1 porte-hélicoptères |
4 |
2. Bilan de réalisation de la loi de programmation
|
|
|
Livraisons cumulées réelles fin 2002 |
Commandes cumulées réelles fin 2002 |
Porte-avion nucléaire |
1 |
1 |
1 |
1 |
Rafale Marine |
60 |
60 |
10 |
25 |
Hawkeye |
3 |
3 |
2 |
3 |
SNLE-NG |
4 |
4 |
2 |
3 |
Hélicoptères NH 90 - Marine |
27 |
27 |
0 |
27 |
Frégates Horizon |
4 |
2 |
0 |
0 |
Système PAAMS |
|
|
|
|
Systèmes |
4 |
4 |
0 |
0 |
• Missiles |
240 |
240 |
40 |
40 |
Frégates La Fayette |
5 |
5 |
5 |
5 |
NTCD |
2 |
2 |
0 |
2 |
Torpilles MU 90 |
600 |
450
commandes
|
300 |
100 |
III. L'ARMÉE DE L'AIR
En régression de 2,8 % par rapport à 2001, le budget d'équipement de l'armée de l'Air atteindra 2,79 milliards d'euros (18,29 milliards de francs) en crédits de paiement ; les autorisations de programme s'élèveront à 3,41 milliards d'euros (22,36 milliards de francs), ce qui correspond à une augmentation de 8 %.
A. PRINCIPALES ÉVOLUTIONS PRÉVUES POUR L'EXERCICE 2002
1. Les avions de combat
L'acquisition du système de forces
«
frappe dans
la profondeur »
qui associe avions de combat et missiles, dans un
contexte d'emploi des forces qui vise à un minimum de pertes et de
dégâts collatéraux, se fait particulièrement
lentement en raison notamment des contraintes budgétaires.
La flotte de combat actuelle, qui comporte 350 avions, repose essentiellement
sur les
Mirage 2000
, qui sont constamment
« rétrofités » pour faire face aux
décalages permanents des livraisons de
Rafale
.
La flotte actuelle de
Mirage 2000
comporte 60
Mirage
2000 N
(dissuasion avec une relative polyvalence), 30
Mirage
2000-5F
, 80
Mirage 2000-B et C
(défense aérienne)
et 60 Mirage 2000-D (attaque au sol).
Le meilleur avion d'attaque est le
Mirage 2000 D
36(
*
)
. Pour un programme lancé en décembre
1998, le premier escadron opérationnel a été
constitué en 1995. Le coût unitaire s'élève à
50 millions d'euros (330 millions de francs).
Les retards constants de livraison du Rafale conduisent à prolonger
au-delà des prévisions le
Mirage 2000-D
(au-delà de
2004), mais aussi le
Mirage F1CT
(2014) et le
Jaguar
(2005). Il
n'est pas assuré qu'à ces dates, et même avant, leurs
capacités soient toujours au standard requis pour une opération
en coopération. En outre, l'âge de leur cellule (5 pour le
Mirage 2000
-D, mais 20 ans pour le
Mirage F1CT
et
22 ans pour le
Jaguar
fin 2002) complique et renchérit
leur maintenance.
Au total, fin 2001, les forces armées disposent de onze
Rafale
en
tout et pour tout, dont deux seulement pour l'armée de l'Air, alors que
la précédente loi de programmation militaire (1984-1988)
évoquait le chiffre de 137 avions et le dossier de lancement du
développement en 1989 celui de 66 avions.
Les livraisons sont désormais censées s'étaler jusqu'en
2020,
soit trente et un ans après le lancement du
développement
.
Le programme
Rafale air
a été lancé en 1985. Le
premier escadron de l'armée de l'air ne sera pas opérationnel
avant 2005. Depuis 1992, les échéances du programme ont
été retardées de huit ans. Du même coup se
réduit l'avance du
Rafale
par rapport à
l'
Eurofighter
, dont les premières livraisons sont intervenues en
2001 et qui sera commandé à 620 exemplaires. Les travaux
d'industrialisation interrompus en 1995 et les travaux de fabrication
interrompus en 1996 ont été repris à la suite d'une
commande de 3 milliards de francs passée en 1997. La revue des
programmes a entraîné un recul de 10 mois de la livraison des
premiers avions destinés à l'armée de l'Air et une
diminution de 25 à 23 du nombre d'avions livrés à la fin
de 2005. Ces retards successifs ont entraîné un
renchérissement significatif du coût de développement,
estimé aujourd'hui à 30 % par rapport au niveau figurant dans le
dossier de lancement.
Le coût total du programme pour 234
Rafale Air
et 60
Rafale
Marine
s'élève à 32,3 milliards d'euros (212
milliards de francs) ; un quart du coût de développement
étant assuré par les industriels, le coût budgétaire
est de 130,6 milliards d'euros (20,2 milliards de francs).
Le coût unitaire des avions est de 44 millions d'euros
(288 millions de francs) pour le
Rafale Air
monoplace, et de
52 millions d'euros (341 millions de francs) pour le
Rafale
Marine
. En 1992, ces coûts étaient respectivement de
41 millions d'euros (275 millions de francs) et 43,4 millions
d'euros (284,7 millions de francs), soit en dix ans un surcoût par
appareil allant de 13 à 56 millions de francs...
Il est clair que les étalements de programme se sont traduits par des
dépassements considérables du devis global. La moitié du
dépassement s'est faite entre 1908 et 1995, époque à
laquelle les contrats ne comportaient ni prix plafond, ni contrainte de
délai pour la production de l'avion de série. L'autre
moitié est liée à l'étalement du programme et aux
modifications substantielles de spécifications.
L'armée de l'Air bénéficiera directement du standard
F2
37(
*
)
à partir de 2005 et du standard
F3
38(
*
)
en 2007.
2. La force aérienne de projection
L'essentiel du parc actuel est composé de Transall auxquels s'ajoutent quelques C 130 Hercules américains et quelques CASA CN 235 fabriqués en Espagne.
Type |
Nombre |
Entrée en service |
Charge
|
Nombre maximum de passagers |
Transall
C 160
|
46 |
1967 |
4 T à 4400 km |
91 |
Transall
C 160
|
20 |
1981 |
8 T à 6600 km avec RVT |
91 |
Hercules C 130 H/H 30 |
14 |
1987 |
10 T à 550/4850 km |
92/122 |
Casa CN 235-100 |
10 |
1991 |
3 T à 1950 km |
44 |
En 2001,
l'armée de l'Air a pris livraison des deux derniers
Transall
rénovés.
Cette rénovation ne permettra pas d'assurer les missions requises
jusqu'à l'entrée en service du nouvel avion de transport
(ATF).
En effet, l'usure des
Transall
a été
accélérée par la participation des troupes
françaises à de très nombreuses opérations
extérieures dans des conditions souvent difficiles. La prolongation du
nombre de « cycles » (unité de mesure du potentiel
d'un avion de transport prenant spécialement en compte le nombre de
décollages et d'atterrissages) admis pour cet appareil rencontre deux
limites : celle de l'augmentation du coût de sa maintenance et celle
de la corrosion des cellules. Les premiers
Transall
devront
impérativement être retirés du service en 2005 et le pic de
retrait interviendra peu après, entre 2007 et 2009. De fait, en
l'état actuel, la France dispose d'une flotte maximale de 25 avions
cargos (C160 et C1320).
Après la signature du
MOU
(
Memorandum of
Understanding
)
39(
*
)
le 19 juin 2001,
les principaux états participants
40(
*
)
au
programme
A-400M
, le contrat de commande de 50 avions pour la
France devrait intervenir, en principe, fin 2001.
La moitié des autorisations de programme nécessaires pour honorer
la commande ont été financées par redéploiement
dans le collectif de fin d'année 2000. Le solde (3,6 milliards
d'euros, soit 23,6 milliards de francs) est ouvert dans la loi de finances
rectificative qui vient d'être déposée par le Gouvernement.
Une incertitude importante demeure néanmoins sur la décision
définitive de l'Allemagne, compte tenu des réticences fortes du
Bundestag
, au moins au sein de sa commission des finances.
En l'état actuel des informations, l'Allemagne vient de reporter la
réunion de l'OCCAR prévue à ce titre le 14 novembre
à Bonn. Le Royaume-Uni a fait savoir qu'il se retirerait du programme
s'il n'était pas effectivement lancé dans les conditions
prévues avant fin 2001
.
La couverture du programme en crédits de paiement montera
progressivement en puissance au cours de la prochaine loi de programmation,
avec des annuités allant de 234 millions d'euros
(1,53 milliard de francs) à 365 millions d'euros
(2,4 milliards de francs), mais pèsera davantage encore sur les
exercices 2009 à 2015, avec des annuités supérieures
à 460 millions d'euros (3 milliards de francs).
Les deux premiers appareils ne seront pas livrés avant 2007. La
capacité globale du programme
A-400M
, -permettant notamment la
projection d'une force de réaction immédiate, soit environ
1.600 hommes avec les véhicules et les hélicoptères
associés, à 5.000 kms en moins de 72 heures-, ne sera
acquise, au mieux, qu'après 2005.
D'ici là, il faudra affronter, dès 2005, un trou capacitaire
important.
3. Les missiles
Toutes
les crises des années quatre-vingt-dix -guerre du Golfe Persique,
Kosovo, Afghanistan- ont démontré l'utilité des missiles
de croisière.
L'armée de l'Air est engagée dans plusieurs programmes de
missiles destinés à l'équipement de ses avions :
Apache anti-piste
,
Scalp d'emploi général
et
Mica
pour le combat aérien.
En 1977, il a été commandé 100 missiles
Apache
et 500 missiles
Scalp-EG
.
Initialement envisagé pour 2000, la livraison des 29 premiers
missiles
Apache
était prévue pour 2001, avec une mise en
service opérationnelle sur le
Mirage 2000-D
le 31 juillet
2001. Celle-ci est à nouveau retardée d'un an, en raison de
difficultés de mise au point du système local de
préparation et de situation de mission.
L'armée de l'Air devrait recevoir 43 nouveaux
Apache
en 2002.
Les premières livraisons de missiles
Scalp/EG
n'interviendront
pas en revanche avant 2003.
Le coût du programme
Apache
s'élève à
667 millions d'euros (4,3 milliards de francs) et le coût du
programme
Scalp
à 773 millions d'euros (5,1 milliards
de francs). La famille
Apache
doit être complétée
par le programme d'
armement air-sol-modulaire
(
AASM
) de faible
coût unitaire, destinés à tous les objectifs du champ de
bataille, et adaptables au plus grand nombre d'avions. La cible est de
3.000 exemplaires dont 2.000 pour l'armée de l'Air et 1.000 pour la
Marine. Le coût total est de 410 millions d'euros
(2,7 milliards de francs).
Les premières livraisons ont été décalées de
début 2004 à début 2005.
4. Les systèmes de commandement et de communication
La
modernisation du réseau de télécommunications des bases
aérienne
(programme MTBA) devrait s'achever en 2005, pour un montant
global évalué à 3,1 milliards de francs.
Six nouvelles bases aériennes seront équipées en 2002 des
Moyens de transmission de base aériennes
(MTBA), portant à
26 le nombre de sites modernisés. Le coût total du programme
s'élève à 479,15 millions d'euros
(3,12 milliards de francs).
L'armée de l'Air poursuivra par ailleurs la réalisation du
Système de commandement et de conduite des opérations
aérienne
(SCCOA). Le programme
SCCOA,
étroitement
couplé avec le programme
Air command and control system de
l'OTAN
, vise à doter l'armée de l'Air d'une capacité
de maîtrise de l'espace aérien et de gestion globale des
systèmes d'armes à partir d'un commandement unique des
opérations. Le coût total du programme représente
2.353,3 millions d'euros (15,4 milliards de francs).
B. BILAN DE RÉALISATION DE LA LOI DE PROGRAMMATION
Etat de réalisation de la loi de programmation
|
|
|
Livraisons cumulées réelles fin 2002 |
Commandes cumulées réelles fin 2002 |
Mirage 2000-D |
86 |
86 |
86 |
86 |
Rafale Air |
36 |
36 |
3 |
36 |
Avions de transport du futur |
commande
2001
|
commande
2001
|
0 |
0 |
Missiles Apache antipiste |
100 |
100 |
72 |
100 |
Missiles Mica |
1 070 |
1 070 |
125 |
185 |
Missiles Scalp-EG |
500 |
500 |
0 |
450 |
Armement air-sol modulaire (AASM) |
2 000 |
0 |
0 |
744 |
Des
retards préoccupants caractérisent la livraison des
Rafale
(3 seulement fin 2002) et celles des missiles, notamment
Scalp/EG
,
aucun n'étant livré en effet de programmation. Le niveau de
livraison des missiles
Apache anti
-
piste
et
Mica
est
également faible, au regard des objectifs fixés initialement. Les
missiles
AASM
ne sont pas non plus disponibles.
On rappellera que les dates prévues pour les prochaines livraisons
s'échelonnent comme suit :
-
Rafales
restant : jusqu'en 2020
-
A-400 M
: capacité globale atteinte au mieux en 2015
(2 premiers appareils - si commande - en 2007)
-
Scalp/EG
: 2003
-
AASM
: début 2005
Coûts unitaires des programmes
|
Millions d'euros |
Millions de francs |
Char Leclerc |
8 |
52,5 |
VBCI |
1,9 |
13,5 |
Hélicoptères Tigre
|
|
|
Hélicoptères NH90
|
|
|
Porte-avions nucléaires
|
2000 |
13 500 |
Avion de surveillance maritime (Hawkeye) |
310 |
2000 |
NTCD |
280 |
840 |
Rafale marine |
52 |
341 |
Rafale air/monoplace |
44 |
288 |
Mirage 2000-D |
50 |
330 |
Éléments de comparaison
AUDITION DE M. ALAIN RICHARD,
ministre de la Défense
Commission des finances - 24 octobre 2001
Avant de
procéder à la présentation des principales
caractéristiques du projet de budget de la Défense pour 2002,
M. Alain Richard, ministre de la Défense
, a tenu à
souligner que les événements du 11 septembre dernier, les
interrogations qu'ils pouvaient susciter, et les réflexions qui en
découlaient, ne remettaient aucunement en cause l'économie et la
pertinence du budget présenté, objet d'un accord entre le
Président de la République et le Premier ministre. Il a notamment
considéré que le défi actuel concernait d'abord la
protection intérieure et l'efficacité dans la recherche des
réseaux. A ce titre, les besoins militaires ne pouvaient être que
de nature complémentaire, et ne constituaient qu'un
« fragment » de l'action anti terroriste. En tout
état de cause, les récents événements ne se
prêtaient, selon lui, à faire disparaître ou à
remettre en cause ni le contexte, ni les défis, ni les objectifs dont la
définition avait présidé à l'élaboration du
présent projet de budget et, plus généralement, de
l'actuelle loi de programmation militaire.
Abordant ensuite rapidement le bilan de cette loi de programmation
,
M. Alain Richard
a estimé que la quasi-totalité
des objectifs avait été atteint, notamment en ce qui concerne les
effectifs. Les engagements extérieurs des forces françaises ont
confirmé la pertinence globale des choix effectués dans la
conception du modèle d'armée 2015, tout en révélant
la nécessité de certaines adaptations. L'engagement dans les
Balkans a en outre confirmé la nécessité de poursuivre la
consolidation et le renforcement de l'Europe de la défense.
Le projet de budget 2002 se traduit par une progression de 1,6 % des
« crédits disponibles ». Celle-ci privilégie
le titre III, majoré de 2,3 % à 16,5 milliards d'euros,
tandis que le titre V ne progresse que de 0,7 % pour les crédits de
paiement, portés à 12,4 milliards d'euros,
complétés par 411 millions d'euros de reports disponibles,
soit un niveau global de 12,8 milliards d'euros, inférieur à
celui des autorisations de programme (13,01 milliards d'euros).
M. Alain Richard
a souligné que l'évolution du titre III
traduisait l'achèvement de la professionnalisation des forces, avec la
réalisation à 99 % du niveau d'emplois budgétaires
prévu par la loi de programmation, soit 436.000 emplois
réalisés, pour 440.000 emplois programmés. Il a
relevé que les écarts par rapport à la loi de
programmation, limités à moins de 1 % de l'objectif final,
ne concernaient pour l'essentiel que les civils, avec un déficit de
2.000 postes, et les volontaires, avec un déficit de 2.400 postes. Il a
par ailleurs rappelé que les moindres dépenses ainsi
réalisées avaient permis d'accroître le recours à
l'externalisation.
M. Alain Richard
a évoqué les
difficultés, désormais croissantes, de recruter dans un contexte
de reprise du marché du travail, et relevé à cet
égard le caractère particulièrement ambitieux du niveau de
recrutement prévu pour 2002, avec 35.900 militaires et
3.750 civils, soit un seuil jamais atteint jusqu'à présent.
De fait, un effort particulier sera consenti en 2002 pour améliorer
l'attractivité des carrières, avec la mise en oeuvre de plus de
38 millions d'euros de mesures indemnitaires nouvelles d'une part, et par
le biais, d'autre part, d'un renforcement des moyens de fonctionnement de
nature à accroître les taux d'activité des forces.
M. Alain Richard
a par ailleurs précisé qu'un effort
particulier serait consenti en direction de la gendarmerie, avec la
création de 700 postes supplémentaires de sous-officiers et de
200 postes d'officiers. En outre, les services de renseignement
bénéficieront de 200 emplois supplémentaires.
Abordant ensuite l'analyse des crédits du titre V, affectés
à l'équipement des forces armées, le ministre a
estimé que le niveau prévu pour 2002, soit 12,4 milliards
d'euros pour les crédits de paiement et 13 milliards d'euros en
autorisations de programme, était de nature à permettre de
réaliser en fin de période à 94 % le niveau global
des crédits prévus par la loi de programmation, cette estimation
s'appliquant aux crédits votés en loi de finances initiale, et
non aux crédits consommés.
M. Alain Richard
a en effet reconnu la difficulté,
récurrente pour les dépenses d'équipement, de consommer la
totalité des crédits votés initialement, compte tenu
notamment de la complexité et de la durée des programmes
d'armement, et des difficultés de conclusion de contrats
réunissant souvent plusieurs partenaires.
Abordant ensuite rapidement le contenu physique des principaux programmes, le
ministre a d'abord évoqué la poursuite des programmes de
renouvellement des forces stratégiques ASMP-A (missile air-sol moyenne
portée amélioré ; SNLE-NG (sous-marin
nucléaire-nouvelle génération) ; simulation et enfin
missile M51. Il a souligné que ce dernier programme, certes
retardé par des difficultés de négociations entre l'Etat
et l'EADS, se déroulait néanmoins au niveau de prix prévu
par la DGA (Direction générale de l'Armement). S'agissant des
programmes, considérés comme essentiels, relatifs aux fonctions
de commandement, communication, conduite des opérations et
renseignement,
M. Alain Richard
a estimé satisfaisant le
déroulement des programmes Hélios et Syracuse, en dépit
des difficultés de coordination européenne.
S'agissant des capacités de projection des forces, il s'est
félicité du quasi-aboutissement du programme ATF (avion de
transport du futur), même si l'on ne pouvait exclure qu'un au moins des
neufs partenaires soit amené à différer son choix.
Parallèlement, il a souligné que le programme NTCD (nouveaux
transports de chalands de débarquement) était en phase de
réalisation, dans le cadre d'un partenariat réussi entre la DCN
(direction des chantiers navals) et les Chantiers de l'Atlantique. S'agissant
enfin des moyens de frappe dans la profondeur,
M. Alain Richard
a
d'abord rappelé que le programme Rafale se poursuivait
conformément aux engagements pris. Il a surtout tenu à souligner
le caractère significatif du développement d'un missile de
croisière européen (le SCALP/EG), différent des Tomahawk
américains actuellement utilisés, considérant que le choix
britannique de s'engager avec la France sur la réalisation d'un missile
européen n'était pas "indifférent". Il a
précisé que ce missile serait disponible pour l'armée de
l'Air, à partir de 2003 et la Marine, en 2005. Enfin, il s'est
également félicité de voir les Australiens et les
Espagnols choisir le Tigre comme hélicoptère de combat de
l'armée de terre
,
qui était en concurrence avec l'Apache
américain.
M. Alain Richard
a ensuite indiqué qu'un effort particulier
serait accompli, dans le cadre du budget 2002, en direction des crédits
d'entretien et de réparation, afin d'améliorer les taux de
disponibilité des matériels, qui pouvaient effectivement
être qualifiés d'insatisfaisants. A cet égard, la
réorganisation des services de maintenance, avec la mise en place de la
SIMMAD (Structure intégrée de maintenance des matériels
aéronautiques et de défense) et du SSF (Service de soutien de la
flotte) devrait utilement contribuer, à terme, à cette
nécessaire amélioration.
Abordant enfin l'important sujet de l'Europe de la défense,
M. Alain
Richard
a indiqué que le prochain sommet de Bruxelles prévu
pour la mi-novembre devrait en principe aboutir à déclarer
l'Union européenne opérationnelle en matière de traitement
de crise. Une conférence d'amélioration des capacités
devrait également faire le point prochainement. A cet égard, le
ministre a estimé que si le niveau quantitatif des effectifs et des
armements était atteint, les capacités de commandement de
communication, d'information et de transports, demeuraient encore
insuffisantes. Il a déclaré à cet égard que la
France entendait apporter dans ces domaines une contribution
complémentaire, étant entendu que cet effort supposait des moyens
importants, mais nécessaires pour préserver tout à la fois
l'autonomie européenne vis-à-vis de l'OTAN et la maîtrise
industrielle en la matière.
Concluant,
M. Alain Richard, ministre de la défense
, a
estimé que dans un contexte macro-économique tendu, et dans le
cadre contraint d'une politique économique et budgétaire
soucieuse de préserver la rigueur budgétaire, le budget de la
défense pour 2002 pouvait être considéré comme
maîtrisé financièrement et constituait un
« compromis justifié » entre les différents
objectifs poursuivis.
Un débat s'est ensuite engagé avec les membres de la commission.
M. Alain Lambert, président
, a souhaité obtenir des
précisions sur l'hypothèse, évoquée par le ministre
dans d'autres enceintes, d'une demande américaine de renforcement de la
présence européenne dans les Balkans.
M. Alain Lambert,
a ensuite fait état de l'annonce de la sortie
imminente d'un rapport public particulier très sévère de
la Cour des comptes à l'égard du GIAT (Groupement des industries
d'armements terrestres), de la SNPE (Société nationale des
poudres et des explosifs) et de la DCN (Direction des constructions navales) et
soulignant la « décrépitude de l'état de nos
munitions ». Il a souhaité connaître l'analyse du
ministre sur ce point.
Evoquant enfin le rapport annuel de la Cour des comptes sur l'exécution
du budget 2000,
M. Alain Lambert
s'est inquiété de voir la
Cour estimer que l'importance des engagements cumulés des trois
dernières années risquait de peser lourdement sur les besoins en
crédits de paiement au cours des prochains exercices budgétaires.
M. Maurice Blin, rapporteur spécial de l'ensemble du budget de la
défense et des crédits d'équipement militaire
, a
d'abord relevé que l'objectif de maîtrise de la dépense
publique marquait plus spécifiquement le budget de la Défense, et
que celui-ci lui semblait, de façon d'ailleurs récurrente, payer
un tribut particulièrement lourd à l'équilibre du budget
général, pour lequel il paraissait continuer de
représenter une variable d'ajustement privilégiée.
Relevant ensuite la priorité donnée par le budget 2002 à
la « condition militaire »,
M. Maurice Blin
a
souligné la progression toujours supérieure des dépenses
de fonctionnement par rapport aux dépenses d'équipement, qui
apparaissaient elles-mêmes comme la variable d'ajustement du budget
militaire. Le décret d'avances du 8 octobre dernier constitue une
nouvelle illustration de cette démarche, puisque
l'intégralité des dépenses de fonctionnement liées
à la participation de la France à des opérations
extérieures (soit 3,4 milliards de francs) a été
financée par prélèvement à due concurrence sur les
crédits d'équipement militaire.
M. Maurice Blin
a ensuite rappelé qu'en 2000, les Etats-Unis et
la Grande-Bretagne consacraient encore près de trois points de produit
intérieur brut (PIB respectivement 2,9 % et 2,3 %) à
leur effort de défense, tandis que la France se situait désormais
très en-deça de deux points (1,8 %) et l'Allemagne au
voisinage de un point (1,1 %). Il s'est inquiété à
cet égard de voir se creuser, entre les quatre pays occidentaux, un
écart de nature à remettre en cause la cohésion et la
cohérence de la défense européenne.
Interrogeant ensuite le ministre sur l'important projet A400 M (avion de
transport du futur), il a souhaité avoir confirmation de l'engagement
italien, et surtout connaître la nature de la position allemande,
notamment du Bundestag, dont l'autorisation constitue un préalable
à l'engagement des dépenses.
Saluant les efforts accomplis par le ministère dans le cadre de
l'exercice 2000 pour réduire le montant des reports,
M. Maurice
Blin
s'est toutefois interrogé sur la signification de la notion de
crédits « disponibles » dans le cadre de la
présentation d'un projet de loi de finances initiale, dès lors
que ceux-ci incluent des crédits reportés de l'exercice
précédent et donc déjà votés. De fait, il a
rappelé que, compte non tenu des reports, la progression du budget de la
défense se limitait à 0,2 %, contre une moyenne de
2,5 % pour l'ensemble des budgets civils, tandis que les seuls
crédits d'équipement diminuaient de 2,5 %.
Evoquant ensuite les retards constatés sur de nombreux programmes et le
vieillissement des matériels, le rapporteur spécial a
souhaité savoir s'il était possible d'évaluer le
coût de ces retards. Il s'est ensuite interrogé sur la
réalité du risque de voir se produire des « ruptures
capacitaires » pour certains équipements, parfois majeurs,
entre 2002 et 2005.
M. Maurice Blin
a souhaité ensuite obtenir des précisions
sur la nature des demandes américaines formulées dans le cadre
des opérations en Afghanistan.
Il s'est également interrogé sur le niveau de réalisation
des objectifs de la Force de réaction rapide européenne,
prévue pour être opérationnelle en 2003.
Il a enfin souhaité savoir si la recapitalisation du GIAT,
annoncée à hauteur de 4 milliards de francs, « dans le
cadre d'un collectif », interviendrait avant la fin de l'année
et si elle se ferait au prix d'une nouvelle ponction sur les crédits
d'équipement militaire du titre V.
M. François Trucy, rapporteur spécial des crédits du
titre III,
a souhaité obtenir des précisions sur le bilan des
expériences d'externalisation, celui-ci ayant fait l'objet d'une analyse
plutôt critique de la Cour des comptes dans le cadre de l'examen de
l'exécution 2000.
Il a également souhaité connaître l'opinion du ministre sur
le rapport de MM. Charles Cova et Jean-Nöel Kerdraon,
députés, sur l'entretien de la flotte.
Il s'est ensuite inquiété de l'absence de mesures indemnitaires
nouvelles en direction des jeunes officiers. Il a par ailleurs souhaité
connaître les perspectives d'application des 35 heures aux militaires, et
obtenir des précisions sur la rumeur, selon laquelle les gendarmes
bénéficieraient, à ce titre, d'un treizième mois.
M. François Trucy
a évoqué, enfin,
« l'affaire » des pistolets Beretta défectueux
livrés à la gendarmerie, souhaitant connaître le coût
et les délais de remplacement du matériel concerné, et la
nature des responsabilités engagées.
M. Jacques Baudot, rapporteur spécial des crédits des Anciens
combattants,
a regretté le manque de lisibilité de certains
crédits affectés aux anciens combattants et désormais
fondus au sein du budget de la défense, notamment ceux relatifs à
la politique de la mémoire. Il a ensuite souhaité obtenir des
précisions sur l'avenir des deux bases aériennes de Ochey et
Toule-Rozières, situées en Meurthe-et-Moselle, s'agissant
notamment des possibilités de vente des terrains aux
collectivités locales intéressées.
M. Roland du Luart
s'est interrogé sur le niveau quantitatif et
qualitatif actuel de la réserve, s'inquiétant de l'insuffisance
des effectifs, actuellement très inférieurs à l'objectif
fixé. Il a évoqué la récente proposition de
Jean-Pierre Chevènement, tendant à rétablir le service
militaire pour dix semaines. Il s'est enfin félicité du
renforcement des moyens de la gendarmerie, tout en soulignant que, sur le
terrain, il apparaissait que cet effort ne suffirait pas à compenser la
mise en place de l'ARTT (aménagement et réduction du temps de
travail).
M. Jacques Chaumont
a souhaité savoir si la France menait une
politique spécifique en matière de systèmes d'armements
à l'égard des PECO (pays d'Europe centrale et orientale),
candidats à la fois à l'Union européenne et à
l'OTAN. Il s'est interrogé ensuite sur les conséquences du
« zèle arménien » sur le bon
déroulement des contrats commerciaux d'armement en cours avec la Turquie.
M. Jean-Philippe Lachenaud
a souhaité obtenir des
précisions sur l'hypothèse évoquée de la
construction, au niveau européen, d'un porte-avions
« mutualisé ». Il a par ailleurs souhaité
connaître le niveau de l'aide apportée au plan européen
(Plan Konver et Programme plurirégional de défense) à la
mise en oeuvre de la professionnalisation et de la restructuration des
armées.
M. Yann Gaillard
a souhaité confirmer le sentiment de malaise
croissant de la gendarmerie ressenti par les élus locaux.
M. Michel Moreigne
, à son tour, a souligné cette
détérioration, particulièrement sensible dans le monde
rural profond. Tout en saluant l'importance de l'effort consenti en termes de
mesures indemnitaires, il a estimé que celui-ci ne serait pas suffisant.
Evoquant l'exemple du camp militaire de la Courtine, il a également
souhaité savoir s'il était envisagé de développer
les villages de combat.
M. Jean-Pierre
Demerliat
a souhaité obtenir des
précisions sur le délai et les modalités de transfert de
l'ancienne base aérienne de Romanet à la ville de Limoges,
s'inquiétant notamment des modalités de gardiennage et de prise
en charge des réparations des dégâts causés par les
tempêtes de fin 1999.
Enfin,
M. François Marc
s'est interrogé sur le
bien-fondé de la priorité donnée par les américains
au développement des équipements à très haute
technologie, au détriment peut-être du facteur humain, compte tenu
de la nature des menaces actuelles. Parallèlement, il a souhaité
savoir si l'apparition de ces menaces justifiait une réorientation de
l'effort français de défense.
En réponse à ces questions,
M. Alain Richard, ministre de la
défense
, a apporté les précisions suivantes :
- l'opération actuellement menée par les Etats-Unis à
l'encontre des infrastructures du réseau El Qaïda et des moyens
militaires talibans est de nature très limitée. Les Etats-Unis
ont dix ou vingt fois les moyens de la mener seuls, sans aucune contribution
extérieure. Quatre groupes aéronavals, dotés chacun de
quatre-vingt avions de combat, sont actuellement présents en mer
d'Arabie, mais moins de la moitié d'un groupe est actuellement
utilisé. La demande américaine adressée à cinq
pays, dont la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, est de nature
politique. Elle se traduit pour la France par une participation aux instances
de planification. En tout état de cause, l'efficacité militaire
commande un recours exclusif à des équipements américains.
La France reste en mesure de fournir, de façon immédiatement
disponible, une dizaine d'avions projetables dans un délai de dix jours,
et sept à huit mille hommes projetables dans un délai de trois
semaines.
S'agissant de la présence dans les Balkans, il peut être
envisagé un retrait des moyens américains de l'ordre de 5 %
à 10 % de l'effort global.
S'agissant du GIAT, le ministre a indiqué que ce rapport serait rendu
public le lendemain. Il a rappelé qu'il avait
préconisé, pour sa part, de façon constante, une
réduction des surcapacités du GIAT, tout en prenant les mesures
d'accompagnement nécessaires : recapitalisation, respect des
engagements de l'Etat au niveau des commandes, mesures de reconversion sociale.
La recapitalisation, prévue à un niveau un peu inférieur
à quatre milliards de francs, est actuellement examinée,
notamment par le ministère de l'économie et des finances.
La transformation du statut de la DCN fera également l'objet de mesures
présentées dans le cadre du collectif de fin d'année ;
- l'amélioration conséquente du niveau des engagements sur la fin
de l'actuelle loi de programmation exercera inévitablement une pression
sur les crédits de paiement des prochains exercices
budgétaires ;
- les chiffres de comparaison internationale évoqués sont
incontestables. Mais les pays cités ne se situent pas dans la même
catégorie de responsabilité internationale. Par ailleurs, les
Etats-Unis incluent dans leur effort de défense la totalité de
leurs dépenses de recherche. En outre, l'Allemagne est actuellement
handicapée par l'ampleur du coût de la réunification. Dans
ce cadre, la France et la Grande-Bretagne ont choisi d'exercer un effet
d'entraînement ;
- s'agissant du projet de l'A-400-M, le vote du Bundestag constitue
certainement une échéance majeure. Le ministre de la
défense allemand a assuré son homologue français qu'il
présenterait au Bundestag la totalité de la commande
prévue, soit 73 appareils.
- le ministre a reconnu que des problèmes de
« soudure » pourraient intervenir au cours des prochaines
années sur certains équipements, comme les avions de transport.
Le degré de vieillissement des équipements est toutefois
inégal. Ainsi, le parc français de chars de combat est
aujourd'hui le plus récent de l'ensemble des partenaires
européens. Par ailleurs, l'importance des commandes passées
récemment remédiera nécessairement aux difficultés
actuelles, à condition d'être couvertes en temps voulu par les
crédits nécessaires.
L'externalisation s'applique désormais à des fonctions plus
intégrées de soutien des armements. De ce fait, les
expériences menées rencontrent davantage de difficultés.
Celles-ci toutefois ne remettent pas en cause le bien-fondé du principe
de l'externalisation.
Le rapport parlementaire sur l'entretien de la flotte repose sur un constat qui
n'est pas contestable. Celui-ci a déjà conduit la défense
à mettre en oeuvre depuis deux ans la plupart des propositions
émises, suivant une orientation qui se traduit nécessairement par
la remise en cause des intérêts acquis de la D.C.N.
Dans le cadre d'une enveloppe budgétaire contrainte, les mesures de
revalorisation de la situation de personnels bénéficieront par
priorité en 2002 aux jeunes sous-officiers, conformément aux
souhaits des représentants du personnel. Des mesures devront être
prises en 2003 en direction des jeunes officiers.
La nature radicalement spécifique des conditions d'emploi des forces
armées et notamment de la gendarmerie exclut le transfert des
dispositions de l'ARTT. Toutefois la nécessité de garantir la
qualité de son intégration au sein du monde civil, et le souci de
renforcer l'attractivité de ce métier, impliquent que des mesures
soient prises. Celles-ci feront l'objet en novembre de travaux du Conseil
supérieur de la fonction militaire. Différentes mesures
d'allègement et de réduction du temps de travail seront mises
à disposition des commandants
d'unités, qui
détermineront leur emploi en fonction des contraintes
opérationnelles. Le recours à des mesures indemnitaires permettra
de pallier la nécessaire limitation des mesures liées aux temps
d'activité ;
- les pistolets Beretta défectueux vont être progressivement remis
en état, dans un délai qui ne devrait pas excéder neuf
mois. Le défaut, constaté au niveau de la culasse, met en cause
Beretta seul, qui a livré ces pièces au GIAT ;
- les mesures de restructuration du réseau des bases
aériennes définies en 1996 par le précédent
gouvernement, après concertation avec les élus locaux, seront
mises en oeuvre intégralement ;
- les villages de combat pourront être développés dans
les camps militaires ;
- le niveau actuel des réservistes est inférieur à
30.000, pour un objectif fixé à 100.000. Le déficit est
particulièrement élevé chez les sous-officiers et les
militaires du rang. Y remédier ne relève pas d'une augmentation
de crédits, mais d'une amélioration de l'information
adressée aux jeunes ;
- les PECO (Pays d'Europe centrale et orientale) constituent à
l'évidence une forte priorité en matière de relations
d'armement. Ces pays sont toutefois handicapés par la faiblesse de leurs
moyens financiers, et bénéficient de livraisons gratuites de
matériel américain. La mise en oeuvre de relations commerciales
constitue un des objectifs importants de nos attachés de défense
locaux ;
- le dialogue en matière d'armement avec la Turquie n'est pas totalement
rompu ;
- la construction mutualisée d'un porte-avions européen, ou
seulement franco-britannique, n'est pas d'actualité dans la mesure
où elle se heurte à des questions de souveraineté,
nécessairement plus sensibles s'agissant de grands pays ;
- la reconversion des industries de défense et la restructuration des
armées ont bénéficié de crédits
européens mobilisés, dans le cadre de la réforme des fonds
structurels, qui n'a pas exclu ce type d'interventions ;
- les événements du 11 septembre 2001 ne conduisent pas à
remettre en cause la nature des menaces ou les catégories d'emploi des
forces. Il n'y a pas contradiction entre le renforcement du renseignement
technologique et technique et le niveau du renseignement humain. Ces deux
aspects sont totalement complémentaires, et interviennent d'ailleurs
conjointement dans le cadre de l'opération en cours en Afghanistan.
Les choix américains comportent une évidente composante de
soutien à l'industrie nationale. En tout état de cause, la
maîtrise de la haute technologie demeure une garantie fondamentale de la
souveraineté nationale ou européenne, d'une part, et du
caractère opérationnel de nos équipements d'autre part.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le
mardi 20 novembre 2001
, sous la
présidence de M. Alain Lambert, président, la commission a
ensuite procédé à l'
examen de l'exposé
d'ensemble et des dépenses en capital du budget de la défense et
de l'article 32 du projet de loi de finances
, sur le rapport de
M. Maurice Blin, rapporteur spécial
.
M. Maurice Blin, rapporteur spécial,
a d'abord rappelé que
l'examen du budget de la défense pour 2002 s'inscrivait dans un double
contexte : la fin de l'actuelle loi de programmation militaire, dont il
convenait de dresser le bilan avant de s'engager dans la prochaine, et la
nécessaire analyse des événements du 11 septembre 2001,
s'agissant des évolutions potentielles de la « nature de la menace
».
Il a considéré que les principales données du budget 2002
confirmaient la tendance lourde relevée tout au long de
l'exécution de la loi de programmation qui s'achève. Rappelant
que le budget de la défense avait constamment constitué la
variable d'ajustement privilégiée de l'équilibre
budgétaire général, il a regretté qu'il n'ait
jamais bénéficié des « dividendes de la croissance
», pourtant considérables sur la durée de la
législature.
Précisant que, de 1996 à 2002, la part du budget de la
défense dans le budget de l'Etat avait diminué de 12,3 % à
10,9 %, tandis que la part de l'effort militaire dans le PIB régressait
de 2,41 % à 1,89 %,
M. Maurice Blin, rapporteur
spécial
, a souligné qu'avec 29,3 milliards d'euros (y compris
les reports autorisés), le budget de la défense devenait en 2002
le cinquième poste de dépenses de l'Etat, après
l'éducation nationale, les charges communes -qui comprennent la charge
de la dette- les concours de l'Etat aux collectivités locales et
l'Emploi et solidarité.
M. Maurice Blin, rapporteur spécial,
a ensuite souligné,
que de façon relativement inusitée, et en tout état de
cause contraire au strict droit budgétaire, le Gouvernement incluait
dans sa présentation du budget 2002 des reports de crédits de
l'exercice 2001, pour un montant total de 2,7 milliards de francs, ce qui lui
permettait d'afficher un montant de crédits « disponibles »
sensiblement plus élevé.
De fait,
M. Maurice Blin, rapporteur spécial
, a
précisé que hors reports, le budget 2002 s'établissait
à 189,2 milliards de francs, soit une croissance limitée à
0,2 %, inférieure à celle de l'inflation prévue (+
1,6 %), et correspondant à moins du dixième de ce qui
était prévu en moyenne pour les budgets civils (+ 2,5 %).
Soulignant que l'exercice 2002 était marqué par un effort
particulier en direction de la « condition militaire », avec une
progression de 2,3 % du titre III, il a noté que cette
évolution restait toutefois inférieure de moitié à
celle des budgets civils (+ 5,1 %), et correspondait en outre pour
moitié à l'inéluctable prise en compte des mesures
« Sapin ». Précisant que, si un réel effort
était fait en termes de mesures catégorielles,
généralisées cette fois à l'ensemble des
armées et services, celles-ci ne concernaient que les sous-officiers
pour l'essentiel, il a estimé que ces mesures ne pouvaient constituer
qu'un début de réponse, face à l'ampleur des besoins
justifiés qui commençaient tout juste à s'exprimer.
M. Maurice Blin, rapporteur spécial,
a considéré
qu'en revanche, le montant des crédits d'équipement militaire
prévus pour 2002 ne pouvait, en aucun cas, être
considéré comme satisfaisant, dès lors qu'il traduisait
une nouvelle encoche par rapport aux objectifs fixés par la loi de
programmation militaire, même révisée, et présentait
surtout un écart considérable avec l'annuité en principe
retenue pour 2003 par la prochaine loi de programmation.
Ainsi, hors reports, l'écart entre les crédits initiaux du budget
2002 et le niveau prévu par la loi de programmation
révisée s'établit à 7,21 milliards de francs, et
l'écart avec le niveau envisagé pour 2003 s'établit
à 6,3 milliards de francs.
M. Maurice Blin
a par ailleurs indiqué que l'analyse de la
répartition des moyens prévus pour 2002 conduisait à
souligner la remontée structurelle de l'agrégat nucléaire,
dont l'effet d'éviction sur les autres grands programmes risquait de
progresser, compte tenu de l'effet conjoint de la modernisation
simultanée des vecteurs, des missiles et des charges, et de la
montée en puissance de la simulation. Parallèlement,
M. Maurice Blin
a déploré le relatif
« sacrifice » des moyens affectés à l'Espace,
notamment en cours d'exécution budgétaire. Rappelant que cette
situation était notamment liée à une visibilité
difficile sur l'évolution des programmes, en raison de multiples
défaillances de la coopération européenne, le rapporteur
spécial a néanmoins estimé que cette carence pouvait
être coûteuse à terme, notamment en termes d'autonomie.
Plus généralement,
M. Maurice Blin, rapporteur
spécial,
a déploré qu'au sein même du budget de
la défense, les dépenses d'équipement aient
elles-mêmes toujours servi de variable d'ajustement à des
dépenses de fonctionnement en constante progression et désormais
prépondérantes.
Il a ainsi rappelé que les dépenses de fonctionnement
liées à la participation de la France à des
opérations extérieures, que le ministre de l'économie et
des finances avait toujours refusé d'inscrire en loi de finances
initiale, avaient constamment été financées en cours
d'exécution, au prix d'un prélèvement sur les
crédits d'équipement du titre V équivalent en cinq
ans au coût d'un second porte-avions nucléaire.
Au total,
M. Maurice Blin, rapporteur spécial
, a estimé
que l'exécution globale de la loi de programmation se solderait
vraisemblablement par un déficit de crédits d'équipement
correspondant à une annuité complète, et par une
détérioration des matériels plus importante que
prévue.
Il a précisé, à cet égard, que, fin 2001, les plus
hauts responsables militaires reconnaissaient désormais qu'il y aurait,
sinon ruptures de capacités d'ores et déjà
avérées, du moins « érosion des matériels
», « inquiétude sur la cohérence des
forces » et surtout « dégradation du modèle
d'armée 2015 ».
En conclusion,
M. Maurice Blin, rapporteur spécial,
a
considéré que, à l'abord de la prochaine loi de
programmation militaire, les armées françaises se trouvaient
confrontées à une double difficulté : une
réalisation en termes physiques d'ores et déjà moins
favorable que prévue, et une dernière dotation en autorisations
de programme, comme en crédits de paiement, présentant un
écart sensible avec les dotations en principe arrêtées pour
2003 par le chef de l'Etat et le Premier ministre.
Abordant ensuite rapidement le secteur public des industries d'armement,
M.
Maurice Blin
a estimé que la réforme nécessaire
n'avait pas été menée à terme.
Il a indiqué que, malgré une dépense budgétaire
d'ores et déjà considérable, ni la restructuration de la
direction des constructions navales (DCN) ni celle de GIAT-Industries
n'était acquise, estimant que, dans les deux cas, la mutation,
difficile, notamment parce qu'elle exigeait d'abord celle des personnels, ne se
ferait pas sans une nouvelle et forte contribution budgétaire. Il a
rappelé que, sur la période 1997-2002, le coût de
restructuration de la DCN avait déjà représenté
3,3 milliards de francs et que, depuis sa création en 1990, le
groupe GIAT-Industries avait totalisé 24 milliards de francs de
pertes, obligeant l'Etat, actionnaire unique, à verser
18,5 milliards de francs au titre de sa recapitalisation, au prix,
là encore, d'un prélèvement important sur le titre V.
M. Maurice Blin
a indiqué qu'une nouvelle recapitalisation, de
l'ordre de 4 milliards de francs, avait été évoquée
pour la fin de l'exercice, mais ne figurait pas dans le cadre du collectif de
fin d'année qui venait d'être déposé par le
gouvernement.
Enfin, le
rapporteur spécial,
a considéré que la
dérive française s'inscrivait dans le cadre d'une
évolution européenne fragilisée.
Tout en soulignant que la politique européenne de défense avait
franchi, il y a deux ans, une étape décisive au sommet d'Helsinki
de décembre 1999, avec l'adoption du principe d'une « force de
réaction rapide » européenne,
M. Maurice Blin, rapporteur
spécial,
a estimé que, un an avant la date envisagée
pour sa mise en place opérationnelle, de nombreux points sensibles et
stratégiques, dont l'insuffisance avait été
concrètement soulignée sur le théâtre du Kosovo,
restaient encore à améliorer, en particulier en matière de
défense antimissile, de forces opérationnelles spéciales,
de renseignement, de communications de combat et de transport
aéroporté.
Considérant que les conditions, et même le succès, de la
mise en place d'une défense européenne étaient en
réalité étroitement dépendants d'un degré
minimum de convergence des choix budgétaires -et donc en
réalité politiques- des Etats membres,
M. Maurice
Blin
a relevé l'écart croissant, dans ce domaine, entre la
France et le Royaume-Uni d'un côté et l'Allemagne, l'Italie,
l'Espagne de l'autre, mais, surtout, entre le Royaume-Uni et la France. Il a
ainsi précisé qu'en termes d'effort de défense en
pourcentage de PIB, ainsi qu'en termes de dépenses par soldat de
fonctionnement comme d'équipement, l'écart entre la France et le
Royaume-Uni était désormais plus élevé que celui,
souvent très faible, entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis.
M. Maurice Blin, rapporteur spécial
, s'est ensuite
inquiété de voir la coopération en matière de
programmes d'armement marquer le pas. Il a estimé, en particulier, que
de sérieuses incertitudes menaçaient la participation de
l'Allemagne et de l'Italie au projet d'avion de transport futur (A 400-M).
Il a enfin considéré que les événements du 11
septembre 2001 n'étaient pas sans conséquences sur les
perspectives de l'Europe de la défense, estimant que
l'accélération considérable donnée par les
américains au programme de l'avion de combat américain Joint
Strike Fighter pesait sur les perspectives de développement du Rafale et
de l'Eurofighter, rebattait considérablement les cartes de l'industrie
européenne et constituait un exemple qui devait être
médité. Soulignant également qu'il convenait d'être
attentif au repositionnement politique évident de certains partenaires
européens -le Royaume-Uni, certes, mais aussi l'Italie- autour des
Etats-Unis, il a considéré que le sursaut américain
constituait un défi, sinon un écueil, pour une Europe de la
défense encore en gestation.
Concluant,
M. Maurice Blin
a estimé que la seule analyse
budgétaire conduisait à un état des lieux
préoccupant. Qu'en effet, si, dans un contexte
géostratégique profondément évolutif, la
professionnalisation des armées françaises était acquise,
elle restait à consolider et à s'inscrire dans la durée et
que la modernisation des équipements avait subi successivement encoches,
reports et annulations de crédits, aboutissant en fin de loi de
programmation à un « trou » de l'ordre de 80 milliards de
francs, et se traduisant par l'érosion des matériels, la
dégradation de la cohérence des forces, et des perspectives de
ruptures capacitaires au cours de la prochaine législature.
Il a souligné que, du seul point de vue budgétaire, la
professionnalisation des armées, pour être seulement
consolidée, impliquait une charge supplémentaire importante sur
le titre III. Que le lancement de commandes importantes en fin de programmation
risquait fort de se traduire, au cours de la prochaine législature, par
la nécessité de renforcer considérablement le niveau des
crédits de paiement, sauf à aboutir à une véritable
crise des paiements. Que l'adaptation de notre industrie d'armement n'avait pas
été menée à terme et que le coût pour l'Etat,
compte tenu de la nécessaire prise en compte des considérations
liées au maintien de l'emploi et à l'aménagement du
territoire serait onéreux - sans pour autant d'ailleurs qu'il revienne
nécessairement au budget de la défense, dont ce n'était
pas la vocation, de le supporter indéfiniment.
Qu'en d'autres termes, les conditions générales
d'exécution de l'actuelle loi de programmation conduisaient à
souligner l'ampleur des charges accumulées, qui conduiraient
mécaniquement, et en dehors de tout choix politique de renforcement de
notre effort militaire, à une sensible augmentation des dépenses
militaires au cours de la prochaine législature, sauf à remettre
en cause définitivement le modèle d'armée 2015.
M. Philippe Marini, rapporteur général
, a
considéré que l'analyse des crédits d'équipement
militaire constituait le point le plus crucial de l'examen budgétaire
2002, à cause de son poids prépondérant dans les
dépenses publiques d'équipement dont il illustrait parfaitement
le sacrifice, mais compte tenu aussi de sa signification profonde, en termes
d'exercice de la responsabilité de l'Etat.
Il a relevé que les conditions d'exécution des crédits
d'équipement militaire tout au long de la durée de l'actuelle loi
de programmation, l'état actuel de l'équipement de nos forces
armées, et les perspectives de livraison des principaux programmes
engagés révélaient un risque de décrochage de la
France, sans pour autant que la défense européenne, en principe
mise en route à Helsinki en décembre 1999, paraisse en mesure de
prendre le relais.
Il a souhaité obtenir des prévisions sur l'écart
apparaissant d'ores et déjà entre le montant des crédits
d'équipement inscrit en loi de finances initiale 2002, et celui
prévu pour 2003, première annuité budgétaire de la
prochaine loi de programmation.
Il s'est par ailleurs interrogé sur l'ampleur des marges
d'économies potentiellement liées à la
réorganisation des industries françaises d'armement, en
particulier celle de la direction des constructions navales, qui fait l'objet
d'un article spécifique dans le projet de loi de finances rectificative
déposé sur le bureau de l'Assemblée nationale.
Relevant que les responsables gouvernementaux continuaient d'affirmer que la
loi de programmation militaire avait été respectée
à 94 %,
M. Eric Doligé
a souhaité obtenir des
précisions sur le chiffrage de l'écart constaté en fin de
période.
M. René Trégouët
s'est vivement
inquiété à son tour de la détérioration de
la situation des industries d'armement française et européenne.
Il s'est interrogé par ailleurs sur l'éventualité d'un
projet de porte-avions européen, ou à tout le moins
franco-britannique.
Indiquant qu'il avait récemment effectué un stage au sein de
l'entreprise EADS,
M. Philippe Adnot
a souligné la gravité
des conséquences, pour les industriels concernés, des reports et
annulations de crédits correspondant aux grands programmes d'armement.
M. François Marc
s'est interrogé sur l'ampleur des
économies d'échelle et des synergies potentielles liées
à la construction d'une défense européenne. Concernant
l'importance de l'effort d'armement américain, et le poids des
industriels de ce secteur, il s'est inquiété de la
capacité américaine à adhérer aux accords de
désarmement. Il s'est enfin interrogé sur l'adéquation des
systèmes de défense actuels à la nature de la
défense, telle que perçue actuellement.
Evoquant l'importance des annulations et des reports de crédits
intervenus sur les dépenses d'équipement, et l'ampleur de leur
taux de sous-consommation,
M. Alain Lambert, président
,
s'est interrogé sur la propension du gouvernement à utiliser
ceux-ci comme instrument de régulation budgétaire. Il s'est
également inquiété de l'écart qui lui paraissait se
creuser entre le niveau de l'effort de défense britannique et celui de
la France.
Répondant aux différents intervenants,
M. Maurice Blin,
rapporteur spécial
, a d'abord souhaité insister sur la
divergence croissante des positions des différents partenaires
européens, ne serait-ce qu'en termes d'effort budgétaire,
estimant qu'on ne pouvait exclure un risque de
« dislocation » de l'Europe de la défense. Il s'est
particulièrement inquiété du retard pris par l'Allemagne,
certes freinée par la charge de la réunification. Evoquant le
risque non négligeable de voir l'Allemagne se soustraire au projet de
l'A-400 M, compte tenu des divergences fortes au sein du Bundestag,
M. Maurice Blin
a estimé que, comme elle l'avait toujours
fait historiquement, dans un sens ou dans l'autre, c'était à
l'Allemagne qu'il revenait, en définitive, de donner le ton à
toute construction européenne, et que la réticence allemande
« plombait » aujourd'hui l'Europe de la défense.
Sur l'hypothèse d'un porte-avions européen ou franco-britannique,
M. Maurice Blin
a estimé que ce projet, évoqué
effectivement, se heurtait toutefois à des divergences notamment
liées aux modalités de catapultage et d'appontage des appareils.
S'agissant enfin des conditions de réalisation de la loi de
programmation militaire, le
rapporteur spécial
a tenu à
apporter plusieurs précisions.
Si l'on s'en tient aux seules lois de finances initiales, et si l'on se
réfère à un objectif exprimé en francs 1997, le
taux de couverture de la loi de programmation initiale, s'agissant des
crédits d'équipement, atteint 92,7 %, et le taux de couverture de
la loi de programmation corrigée par la revue de programme 95,7 % - soit
les taux généralement évoqués par le gouvernement.
Mais l'article 2 de la loi de programmation mentionne explicitement les
« dépenses », et non les crédits initiaux. Il
convient donc bien, en toute rigueur, d'examiner, au regard des montants
prévus par la loi de programmation, le montant des dépenses
exécutées. De même convient-il de rapporter le montant des
crédits annuels, à l'objectif fixé par la loi de
programmation exprimé en francs courants, et non en francs 1997. Dans ce
cadre, sur les quatre premières années d'exécution, compte
tenu des annulations et des reports, le taux d'exécution par rapport
à la loi de programmation révisée est de 90,4 % (et de
88,3 % par rapport à la loi de programmation initiale). Si l'on
retire en outre de ce montant les dépenses non prévues, voire
expressément exclues par la loi de programmation, notamment la
participation de la défense au budget civil de recherche et de
développement (B.C.R.D), les crédits d'entretien programmé
du matériel, les cotisations patronales au Fonds spécial des
pensions des ouvriers de l'Etat, et la compensation des pertes subies par la
direction des constructions navales sur des contrats à l'exportation, on
arrive à un taux d'exécution inférieur à 88 % si
l'on se réfère à la revue de programmes et
inférieur à 86 % si l'on se réfère à la loi
de finances initiale.
De même, compte non tenu de ces différentes dépenses dites
de « bourrage », et en appliquant aux crédits
initiaux 2002 le taux d'exécution constaté en 2000, il
apparaît que l'écart avec le niveau fixé pour 2003 par la
prochaine loi de programmation risque d'être proche de 10 milliards de
francs.
La commission a procédé ensuite à l'examen des
dépenses ordinaires du budget de la défense et de
l'article 31 du projet de loi de finances, sur le rapport de
M. François Trucy, rapporteur spécial.
M. François Trucy, rapporteur spécial
, a d'abord tenu
à souligner que, au terme de la loi de programmation, la
professionnalisation des armées s'était accomplie de
manière globalement satisfaisante et qu'il convenait de saluer l'ampleur
de cette réforme, assise sur des suppressions massives d'emplois et des
mesures conséquentes de reconversion et d'incitation au départ.
Il a rappelé qu'à ce jour aucun ministère civil n'avait
été en mesure de réussir une telle démarche.
Il a précisé que le ministère de la Défense
était à nouveau le premier à achever les
négociations syndicales relatives à l'application des
35 heures pour les effectifs civils, et le premier à mettre en
oeuvre la jurisprudence Berkani visant à intégrer, sauf
décision contraire des intéressés, les personnels
contractuels dans les effectifs de la fonction publique.
Tout en indiquant que l'objectif global des effectifs budgétaires
était respecté à 1 % près, puisque la
Défense emploiera en 2002 un effectif budgétaire de
436.221 personnes, soit le cinquième des effectifs civils,
M. François Trucy
, rapporteur spécial, a toutefois
estimé nécessaire de souligner l'existence de certains
décalages au regard des objectifs plus détaillés : un
peu plus de militaires du rang que prévu, beaucoup plus de gendarmes, et
moins de personnels civils. Il a indiqué que certains secteurs
spécifiques, comme les médecins, les informaticiens, les
atomiciens ou les plongeurs-démineurs apparaissaient d'ores et
déjà vulnérables, voire parfois franchement
déficitaires.
M. François Trucy, rapporteur spécial
, a
considéré ensuite que, si la professionnalisation était
« accomplie », il restait à la consolider. A cet
égard, il a estimé que, pour seulement préserver l'acquis,
il faudrait vraisemblablement consentir un effort budgétaire
supplémentaire considérable. Il a notamment indiqué
qu'au-delà des soucis ponctuels de recrutement, apparaissaient surtout
des difficultés de fidélisation, liées à la
concurrence forte d'un marché de l'emploi civil conjoncturellement
à la hausse, mais aussi, de façon plus structurelle, à une
moindre attractivité du métier, s'agissant des conditions de vie
et de rémunération. Il s'est particulièrement
inquiété de « l'effet 35 heures ».
Le
rapporteur spécial
, a souligné par ailleurs que la
comparaison avec les « collègues » des armées
de l'OTAN n'était pas davantage enviable, précisant que la
dépense globale de fonctionnement consentie sur la tête du soldat
français, certes du même ordre que celle du soldat allemand,
était près de deux fois moins élevée que celle du
soldat britannique, et près de trois fois inférieure à
celle du soldat américain.
De fait,
M. François Trucy, rapporteur spécial
, a
estimé illusoire de penser que le pouvoir d'achat du titre III pourrait
rester constant dans la durée, si toutefois l'on souhaitait
préserver les acquis de la professionnalisation.
M. François Trucy, rapporteur spécial
, a ensuite
rappelé que le dérapage des dépenses du titre III au cours
de l'exécution de la programmation avait été
systématiquement financé, en loi de finances initiale comme en
exécution, par un prélèvement sur les crédits
d'équipement du titre V. Il a souligné que les facteurs de ce
dérapage ne pourraient que se maintenir, voire se renforcer, au cours de
la prochaine législature, et de la prochaine loi de programmation, qu'il
s'agisse du coût de la consolidation de la professionnalisation, de
l'incidence des mesures générales fonction publique, ou de la
participation de la France à des opérations militaires
extérieures.
Sur ce dernier point,
M. François Trucy, rapporteur spécial,
a de nouveau vivement critiqué le refus constant d'inscrire en loi
de finances initiale les dépenses de fonctionnement correspondant
à la participation de la France à des opérations
extérieures, indiquant que ces opérations, constamment
financées en cours d'exécution par prélèvement sur
les crédits d'équipement du titre V, à hauteur de
3 milliards de francs environ chaque année, représentaient
sur la durée de la programmation l'équivalent du coût d'un
deuxième porte-avions nucléaire.
Il a considéré à cet égard que, non conforme
à l'esprit du droit budgétaire, ce procédé avait
largement contribué au non respect de la loi de programmation,
s'agissant des crédits d'équipement.
Tout en soulignant que le projet de budget 2002 comportait un incontestable
effort en faveur de la « condition militaire »,
M.
François Trucy, rapporteur spécial
, a estimé
qu'intervenant bien tardivement, cet effort ne saurait être suffisant
pour répondre à des demandes qui pouvaient être
qualifiées de légitimes. Il a relevé que cet effort
restait en tout cas globalement inférieur de moitié à
celui qui était consenti pour les budgets civils : le titre III de
la Défense progresse en effet de 2,3 %, alors que ceux des budgets
civils augmentent en moyenne de 5,1 %.
Il a précisé en outre que cet effort correspondait pour partie
à l'incontournable prise en compte des mesures
« Sapin » relatives au point d'indice et à la
revalorisation des bas salaires dans la fonction publique, lesquelles
représentaient un total de 1,3 milliard de francs, soit la
moitié du total des moyens nouveaux du titre III.
Il a enfin souligné que, si les mesures catégorielles
étaient élargies cette année à l'ensemble des
forces armées, et non plus limitées, comme en 2001, à la
Gendarmerie, au Service de Santé et à la Délégation
générale pour l'Armement, elles ne concernaient toutefois que les
sous-officiers, laissant totalement les officiers de côté.
Rappelant ensuite que l'alourdissement sensible du poste
rémunérations et charges sociales avait fortement pesé sur
les crédits d'entretien programmé et de fonctionnement courant,
et notamment les moyens liés à l'activité des forces,
amputées de plus de un milliard de francs sur la période de
programmation, soit 10 % du montant initial de 1997,
M. François Trucy
a indiqué que de fait, les taux
d'activité des armées françaises étaient
aujourd'hui inférieurs aux normes OTAN.
Indiquant que, tenant compte de cette dérive, le budget 2002
prévoyait effectivement une majoration des crédits de
fonctionnement hors rémunérations et charges sociales, M
.
François Trucy, rapporteur spécial,
a précisé
que les deux tiers de cet effort étaient en réalité
financés par des mesures d'économies et de transfert, ne
correspondant donc pas à des moyens nouveaux, et que le tiers du montant
ainsi globalement disponible bénéficierait à la
gendarmerie.
Il a relevé que si, au total, les taux d'activité de nos forces
armées devraient être ainsi légèrement
améliorés, cette progression ne suffirait pas à leur
permettre d'atteindre l'objectif OTAN, et moins encore celui des forces
britanniques.
M. François Trucy, rapporteur spécial
, a enfin
souligné que les besoins de la gendarmerie prélevaient une part
croissante des moyens de fonctionnement affectés à la
défense. Il a ainsi précisé qu'au total, sur l'ensemble de
la période de programmation, les coûts globaux de fonctionnement
de la gendarmerie représentaient un cinquième du total de
l'enveloppe globale du titre III, soit l'équivalent des dépenses
de l'armée de l'air et de la marine réunies. Il a indiqué
qu'en 2002, la Gendarmerie serait la seule à bénéficier de
la création de postes de sous-officiers -au-delà de la cible de
programmation, majorée en définitive de 700 postes, et la
principale bénéficiaire des nouvelles primes de qualification
attribuées aux sous-officiers confirmés (4.200 sur le total
de 6.000), comme des moyens nouveaux dégagés pour le
fonctionnement, dont le tiers lui serait attribué.
M. François Trucy, rapporteur spécial
, a relevé que
pour autant, la situation de la gendarmerie semblait avoir atteint un seuil
critique, que les mesures prises ne lui paraissaient pas suffisantes à
résoudre. Il a en effet considéré que la
détérioration de la situation sécuritaire, et
l'élévation du niveau d'exigence en matière de
sécurité publique, devaient être prises en compte, de
même que les demandes relatives à l'application des
35 heures.
Concluant, il a déploré à son tour la rigueur
particulière appliquée au budget de la défense, en
dépit des opportunités offertes par la croissance
économique au cours des précédents exercices
budgétaires, estimant que l'assombrissement des perspectives
conjoncturelles ne permettrait plus nécessairement de dégager les
marges indispensables au seul maintien de l'acquis de la professionnalisation.
M. René Trégouët
a souligné la
préoccupation des élus locaux face au malaise croissant de la
gendarmerie, notamment justifié par une réelle insuffisance de
leurs moyens de fonctionnement.
M. Auguste Cazalet
s'est interrogé sur d'éventuelles
perspectives de restructurations et de regroupement des services de police et
de gendarmerie, et sur l'hypothèse d'une prise en compte concrète
des contraintes spécifiques de disponibilité et d'horaires de
travail par la gendarmerie.
Suivant l'avis de ses rapporteurs, la commission a alors
décidé de proposer au Sénat le rejet des crédits du
ministère de la Défense.
ARTICLE 32
Mesures nouvelles. Dépenses en capital des services
militaires
I.- Il est ouvert au ministre de la défense, pour 2002, au titre des mesures nouvelles sur les dépenses en capital des services militaires, des autorisations de programme ainsi réparties :
Titre V « Equipement » |
12.482.020.000 € |
Titre VI « Subventions d'investissement accordées par l'Etat » |
527.364.000 € |
Total |
13.009.384.000 € |
II.- Il est ouverte au ministre de la défense, pour 2002, au titre des mesures nouvelles sur les dépenses en capital des services militaires, des crédits de paiement ainsi répartis :
Titre V « Equipement » |
2.127.544.000 € |
Titre VI « Subventions d'investissement accordées par l'Etat » |
340.363.000 € |
Total |
2.467.907.000 € |
Exposé des motifs :
La comparaison, par titre, des autorisations de programme et des crédits
de paiement prévus pour 2002, au titre des dépenses militaires en
capital, avec les autorisations de programme et les crédits de paiement
accordés en 2001, figure au II de la partie « Analyses et
tableaux annexes » du présent projet de loi.
Les justifications détaillées par chapitre sont
présentées dans l'annexe « Services votés -
Mesures nouvelles » relative au budget de la défense.
Votre commission vous propose de rejeter cet article.
MODIFICATIONS APPORTÉES PAR
L'ASSEMBLÉE
NATIONALE
PRISE EN COMPTE DE LA RÉFORME DES FONDS SPÉCIAUX
Les
crédits du titre III ont été abondés de 608.540
euros (4 millions de francs) pour tenir compte de la réforme des
fonds spéciaux adoptée par l'Assemblée nationale lors de
l'examen du budget des services généraux du Premier ministre.
La majoration de ces crédits porte d'une part sur le chapitre 31-12
« personnels civils non ouvriers-indemnités et allocations
diverses », article 10 « ministre et secrétaire
d'Etat » pour 580.642 euros (3,80 millions de francs), soit
une multiplication par cinq de la dotation initiale
(115.361 euros
- 756.720 francs).
Elle porte d'autre part sur le chapitre 34-01 « S.G.A.
(secrétariat général pour l'administration) - D.G.S.E.
(direction générale de la sécurité
extérieure) - D.P.S.D. (direction de la protection et de la
sécurité de la défense) - P.P.E. (postes permanents
à l'étranger) - D.S.N. (direction du service national) -
D.I.C.O.D. (délégation à l'information et à la
communication de la défense) - C.G.A. (contrôle
général des armées) - A.P. (affaires pénales) -
entretien et achat de matériels - fonctionnement et entretien
immobilier ». Seuls les crédits de l'article 22
« Secrétariat général pour l'administration -
représentation et réceptions » sont abondés
à hauteur de 27.898 euros (183.000 francs), correspondant à
3,6 % de la dotation initiale.
Cet amendement ne modifie pas la position de la commission.
1
Sources :
-
Réponse aux questionnaires budgétaires
- I
ntroduction du Rapport au Parlement sur l'exécution de la loi de
programmation militaire
Octobre 2001
-
Audition de M. Jean-Claude Mallet, Secrétaire
général de la Défense Nationale, Commission
de la Défense de l'Assemblée nationale - Mardi 16 octobre
2001
2
A horizon 2003, l'Union européenne devrait avoir la
capacité d'envoyer 5 000 policiers, dont un
élément de déploiement rapide de 1 000 hommes
sous trente jours.
3
Dont les penchants pro-américains se renforcent depuis le
11 septembre.
4
Actualisés en principe chaque année par application
de l'indice des prix hors tabac retenu par la loi de finances.
5
Cf. notamment les échanges assez vifs intervenus à
l'Assemblée Nationale lors de l'examen des crédits de la
Défense - JOAN - 16 novembre 2001 :
- Le ministre : « J'observe d'ailleurs avec
intérêt que les autres intervenants de l'opposition qui ont
critiqué ce niveau de réalisation ont donné quatre
chiffres différents quant au manque de crédits. C'est dire que ce
n'est pas, en tout cas du côté de la droite, une science exacte.
- L'orateur : « Il est tellement difficile d'avoir des
informations !
- Le ministre : « Pouvez-vous rester maître de vous,
Monsieur, s'il vous plaît ! »
6
Coût de fabrication.
7
Comme d'ailleurs par la commission des Finances de
l'Assemblée Nationale, suivant le rapport de M. Jean-Michel Boucheron.
8
Indice des prix retenus : 1998 : 1,1
1999 : 0,3
2000 : 1,3
2001 : 1,6
2002 : 1,5
Source : Rapport économique et financier annexé au PLF 2002.
9
Audition du Général Jean-Pierre Kelche, chef
d'Etat-major des Armées - Commission de la défense et des forces
armées de l'Assemblée nationale - 2 octobre 2001.
Audition de M. Yves Gleizes, Délégué
général pour l'armement - ibid - 18 octobre 2001.
10
Hors reports 2001.
11
Utilisée déjà, il est vrai, lors de la
présentation du projet de budget pour 1998, pour « faire
passer » l'encoche de la revue de programmes.
12
Chiffres retenus dans la présentation du document de
presse.
13
Accord signé le 11 juillet 2001.
14
Page 260.
15
Arrêtés d'annulation des 21 mai (300 millions
de francs), 8 octobre (3.362 millions de francs), et 14 novembre
(2.414 millions de francs).
16
En l'état des informations, les chiffres commentés
correspondent aux « crédits disponibles »
présentés par le Gouvernement, c'est-à-dire aux
crédits nouveaux 2002 majorés des reports autorisés 2001.
17
De l'ordre de 1,25 milliard de francs.
18
De l'ordre de 1 milliard de francs.
19
Chapitre 66-50, article 54.
20
Chapitre 66-50, article 40 du budget de la Défense. Le
FRED a vocation à compenser les effets des mesures de restructuration
pour les collectivités territoriales et les bassins d'emploi les plus
pénalisés. La dotation 2002 s'élève à 28,6
millions d'euros en autorisations de programme et en crédits de paiement.
21
Le FAI a vocation à financer l'accompagnement social des
restructurations de la direction des applications militaires (DAM) du CEA et de
la Direction des constructions navales (DCN). Le coût total de
restructuration de la DAM s'est élevé à 119 millions
d'euros (781 millions de francs) et celui de la DCN, jusqu'à
présent, à 550 millions d'euros (3,6 milliards de
francs).
22
Chapitre 55-11, article 38 du budget de la Défense.
La dotation 2002 s'élève à 131 millions d'euros (859
millions de francs) en autorisations de programme et en crédits de
paiement.
23
Chapitre 66-50, article 21 du budget de la Défense.
La dotation 2002 s'élève à 152,5 millions d'euros
(1 milliard de francs) en autorisations de programme et 94,3 millions
d'euros (618,6 millions de francs) en crédits de paiement.
24
L'évolution sensible du contexte stratégique depuis
la fin de la guerre froide doit également être pris en
compte : un passage du concept de « pure dissuasion »
à celui de « frappe éventuelle » ne doit pas
être totalement exclu.
25
L'Espace a souvent été une victime de choix pour
les annulations de crédits...
26
Les déclarations d'intention allemande et italienne
restent toujours à confirmer
27
Le programme Helios II doit prendre le relais des satellites de
la première génération et apporter notamment les
progrès opérationnels suivants : réduction des
délais d'acquisition de l'information, amélioration de la
résolution dans la bande optique visible, introduction d'une
capacité d'observation infrarouge, introduction d'une capacité
multispectrale de nature à déjouer les tentatives de leurre et de
camouflage.
28
Coûts de développement, de réalisation et
d'exploitation.
29
L'exemple américain en Afghanistan l'illustre
également.
30
Dont 190,6 millions d'euros (1,25 milliard de francs)
pour le Budget civil de recherche et développement.
31
Rapport public particulier sur les Industries d'armement de
l'Etat - Octobre 2001.
32
Sa traversée de longue durée, entamée le
24 octobre, a été à nouveau interrompue le
9 novembre par la rupture d'une pale d'hélice babord. Le
porte-avions devrait être définitivement opérationnel le
1
er
décembre.
33
Destinés à remplacer à terme les Lynx et les
Super-Frelons.
34
Missions : transport et mise à terre des premiers
éléments lors d'une intervention terrestre, accueil et soutien
d'un PC interarmées, accueil et soutien d'une antenne chirurgicale,
soutien médical d'une opération humanitaire et amphibie.
35
Soit un coût unitaire de 280 millions d'euros
(840 millions de francs).
36
Seul actuellement à posséder la capacité de
tir de nuit des armements à guidage laser.
37
Polyvalent air-air, air-sol.
38
Air-mer, reconnaissance, nucléaire.
39
Non contraignant juridiquement pour les Etats, mais les engageant
politiquement.
40
France (50 avions), Royaume-Uni (25 avions), Allemagne
(73 avions), Belgique (8 avions), Espagne (27 avions), Turquie
(10 avions). L'Italie n'a pas signé le MOU.