II. LES MISSIONS DE SERVICE PUBLIC
Les armées françaises sont de plus en plus sollicitées par des opérations souvent lourdes de sécurité civile ou de service public national, pour un coût au total non négligeable.
A. PRINCIPALES OPÉRATIONS DE SÉCURITÉ CIVILE ET DE SERVICE PUBLIC NATIONAL
1. Participation aux plans Polmar et Orsec
Les
dépenses supplémentaires supportées par les armées
au titre de leur intervention dans le cadre, d'une part, du
plan Polmar
de lutte contre la pollution marine provoquée par la catastrophe de
l'Erika
et, d'autre part, du
plan Orsec
d'assistance à la
population victime des tempêtes de la fin de l'année 1999, sont
respectivement de 41 millions d'euros (269 millions de francs), dont 18,3
millions d'euros (120 millions de francs) au titre du plan
Polmar mer
,
et 22,7 millions d'euros (149 millions de francs) au titre du plan
Polmar
terre,
et 11,4 millions d'euros (75 millions de francs).
Au plus fort de leur intervention, des moyens importants ont été
engagés : plus de 10.000 hommes, sept bâtiments de la Marine
nationale, soixante hélicoptères, six avions de transport, une
centaine d'engins lourds du génie et mille cinq cents groupes
électrogènes.
2. Inondations dans la Somme
Le
plan Orsec
a été déclenché fin mars 2001
dans le cadre des inondations dans la vallée de la Somme : 100 puis
200 hommes ont participé à cette opération de
début avril à fin juin, totalisant ainsi 13.500 journées
de travail.
Le surcoût pour l'armée de Terre s'est élevé
à 0,38 million d'euros (2,5 millions de francs).
Pour la période du 3 avril au 1
er
juin 2001, le personnel de
l'armée de l'Air a fourni 850 journées de travail. Le bilan
financier de cette opération s'élève à 0,21 million
d'euros (1,4 million de francs), dont 0,04 million d'euros (260.000
francs) de dépenses supplémentaires.
3. Feux de forêts
Chaque
année, les armées apportent leur contribution à la lutte
contre les feux de forêts dans le sud de la France. Les chiffres
communiqués sont ceux de l'année dernière. En 2000, la
campagne a début le 27 juin pour se terminer le 14 septembre.
Pour cette période,
l'armée de l'Air
a effectué
1.128 journées de travail, le potentiel d'utilisation
d'aéronefs a été de 43 h 45, le coût de
cette campagne a été évalué à
0,46 million d'euros (3 millions de francs), dont 0,41 million d'euros
(2,7 millions de francs) au titre des dépenses supplémentaires.
Dans le cadre de la lutte contre les incendies de forêts, 120 hommes en
moyenne de
l'armée de Terre
ont été engagés
de fin juin à fin septembre 2000 (10.800 journées). En 2001,
200 hommes en moyenne sont engagés depuis la fin du mois de juin.
Pour ce qui concerne la
Marine
, sa participation à la lutte
contre les feux de forêts a été de 34 hommes par jour
de la mi-juin à la mi-septembre.
4. Opération « VIMY »
Huit cent militaires ont participé à l'opération « VIMY » (transport de munitions dangereuses, chimiques notamment du dépôt de munitions de Vimy à Suippes) entre le 10 et le 21 avril 2001, ce qui correspond à 9.000 journées de travail pour un coût de 0,11 million d'euros (720.000 francs).
5. Participation au plan Vigipirate
Pour
l'année 2000, la dépense constatée au titre des
armées a atteint 5,44 millions d'euros (35,7 millions de francs),
les effectifs mensuels moyens déployés ayant porté sur 689
hommes par mois.
Pour l'année 2001,
le plan Vigipirate
a été
renforcé depuis le 11 septembre. Le surcoût
prévisionnel supporté par les armées est de
7,93 millions d'euros (52 millions de francs).
6. Surveillance des côtes et frontières
Les
unités nautiques de la
gendarmerie
départementale et de la
gendarmerie maritime ont respectivement effectué, au cours de
l'année 2000, 6.426 et 3.795 services de surveillance
côtière, consacrant à cette activité 74.229 et
99.387 heures/gendarmes. Il ne peut être dressé de bilan
concernant la surveillance exécutée à terre par les
unités de la gendarmerie, cette mission ne pouvant être
discriminée du service de surveillance générale
réalisé par les personnels affectés dans les unités
implantées sur le littoral.
De même, la mission de surveillance des frontières ne peut
être extraite du service de surveillance générale des
unités frontalières.
Dans le domaine de la lutte contre l'immigration clandestine par voie maritime,
les unités de la
Marine
dont l'activité s'est
accentuée depuis le 2 mars 2001, suite à l'échouement
du caboteur
« East Sea »
sur la côte varoise
le 17 février 2001, ont effectué 900 heures pour les
bâtiments de surface et 808 heures de vol pour les aéronefs.
Le surcoût prévisionnel est de 0,09 million d'euros
(590.000 francs). De plus, la veille des sémaphores de la
côte méditerranéenne a été renforcée,
nécessitant la mobilisation permanente de 19 personnes
supplémentaires (évaluation du coût annuel :
0,96 million d'euros (6,3 millions de francs).
7. Surveillance des transferts de fonds liés à l'euro fiduciaire (opération « Staterre »)
La
participation des armées à la mise en place de l'euro consiste
principalement à assurer la garde des centres de stockage des euros et
des francs lorsque ces derniers seront retirés de la circulation, ainsi
que diverses missions de transport en métropole et dans les
départements d'outre-mer.
Pour la
Gendarmerie
, il s'agit essentiellement d'une mission de
sécurisation des transports de fonds pour l'approvisionnement en
pièces et billets de La Poste, des banques et du Trésor public,
ainsi que des commerçants à partir du 1
er
décembre 2001.
L'ensemble de cette opération concerne globalement 65.000 hommes
pour la Gendarmerie (escortes, sécurisations, préparations des
transferts...) et environ 2.200 hommes par jour pour les armées
(essentiellement pour des gardes statiques).
B. L'IMPACT SUR LE BUDGET DE LA DÉFENSE
Les
surcoûts liés aux opérations d'assistance ont
été pris en charge par le budget de la Défense.
Le dossier
Polmar
est en cours d'examen et sera susceptible de donner
lieu à remboursement de l'Etat dans le cadre de la procédure
judiciaire en cours.
Les surcoûts de
Staterre
en rémunérations et charges
sociales, soit 21,1 millions d'euros (138 millions de francs), sont couverts
intégralement par les crédits ouverts en
décret
d'avance du 8 octobre 2001
. Les surcoûts en fonctionnement et en
équipement sont financés par redéploiements internes.
Pour le plan
Vigipirate
, les surcoûts feront l'objet d'une demande
d'abondement de crédits en gestion 2002.
Votre rapporteur a toujours estimé que ces missions, pas
nécessairement conformes à la notion d'armée
professionnelle, mais sans doute nécessaires pour une meilleure
intégration de l'armée dans la société civile,
devaient en tout état de cause faire l'objet d'un financement
spécifique, et ne pas se traduire par une surcharge financière
qui pourrait être qualifiée d'indue. La couverture du
surcoût de
Staterre
et, en tout cas en prévision, de
Vigipirate renforcé
, constitue à cet égard une
amélioration bienvenue.