Loi de finances pour 2002 - Tome III - Annexe 9 : Culture et communication : communication audiovisuelle
MARINI (Philippe), Rapporteur général ; BELOT (Claude), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 87 (2001-2002) - TOME III - Annexe 9 - COMMISSION DES FINANCES
Rapport au format Acrobat ( 272 Ko )Table des matières
-
PRINCIPALES OBSERVATIONS
- I. LES DONNÉES BUDGÉTAIRES ET FINANCIÈRES
-
II. L'ÉVOLUTION DU PAYSAGE AUDIOVISUEL
- A. LE SECTEUR PUBLIC FACE À LA CONCURRENCE EN MODE NUMÉRIQUE
-
B. AUDIOVISUEL EXTÉRIEUR : UNE DISPERSION DES
MOYENS ?
- 1. Priorité à la culture et aux produits culturels français
- 2. Des chaînes françaises pourtant moins visibles que celles d'autres grands pays européens
- 3. La réforme de TV5
- 4. RFI, parent pauvre de l'audiovisuel extérieur
- 5. La forme retrouvée d'EuroNews
- 6. L'action internationale de France Télévision
- C. TÉLÉVISIONS LOCALES : UNE FLORAISON D'INITIATIVES
- III. ACTIVITÉ DES SOCIÉTÉS ET ORGANISMES
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès verbal de la séance du 22 novembre 2001
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 9
CULTURE ET COMMUNICATION :
COMMUNICATION AUDIOVISUELLE
Rapporteur spécial
: M. Claude BELOT
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Gérard Miquel, Claude Belot, Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, M. Aymeri de Montesquiou, vice-présidents ; MM. Yann Gaillard, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Bernard Angels, Bertrand Auban, Denis Badré, Jacques Baudot, Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Eric Doligé, Thierry Foucaud, Yves Fréville, Adrien Gouteyron, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, François Marc, Michel Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
(2001-2002)
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS
Le
présent budget, en dépit de dotations apparemment flatteuses,
surtout lorsqu'on les rapporte à celles de 1997, ne donne pas aux
sociétés nationales de programmes des moyens à la mesure
des ambitions audiovisuelles qu'on leur assigne.
Il s'inscrit dans une politique qui, en particulier en matière de
numérique terrestre, ne prend pas assez en compte ni les
impératifs économiques, ni les enjeux culturels.
1. Le numérique terrestre sans perspectives immédiates
A peine
adoptée, la nouvelle loi audiovisuelle apparaît
dépassée. Tout se passe comme si, malgré les
avertissements du Sénat, le Gouvernement avait du mal à tenir
compte des réalités économiques.
La conjoncture ambiante a profondément changé. La bulle Internet
et l'économie virtuelle ont éclaté ; le marché
publicitaire régresse après des années d'expansion
exceptionnelle et n'est plus forcément cette manne qui allait permettre
de financer sans efforts tous les nouveaux développements
numériques ; les valeurs TMT résistent, mais perdent,
elles-aussi du terrain dans le climat d'incertitude, qui a suivi les attentats
du 11 septembre.
Bref, la télévision numérique n'est plus ce nouvel
Eldorado de l'audiovisuel, propice à toutes les initiatives et de nature
à supporter les contraintes de service public ou de mise en concurrence
systématique que le législateur emporté par l'ivresse
nouvelles technologies avait voulu imposer.
L'affaire des « 49 % » est tout à fait
significative du temps mis à se rendre à l'évidence :
il était illusoire de croire que les actionnaires de certaines
chaînes thématiques allaient renoncer au contrôle des
chaînes qu'ils avaient créées sur le câble ou le
satellite pour venir sur le numérique terrestre.
Le changement de climat est tel que l'on voit les opérateurs historiques
du satellite envisager de « réduire la voilure » et
ne pas refuser d'évoquer un rapprochement voire une fusion des bouquets
hier encore impensable tant la concurrence était vive entre les deux
« frères ennemis ».
En dépit de la sérénité affichée des
pouvoirs publics, les hésitations des opérateurs privés se
font de plus en plus manifestes au point d'alimenter un climat
d'attentisme.
Tous les éléments recueillis par votre rapporteur spécial
viennent à l'appui de ce qui semble une décision de prudence,
voire de bon sens : quand le marché hésite, quand les
opérateurs historiques privés traînent les pieds pour
alimenter une offre adaptée, quand le service public n'a pas les moyens
de se déployer et d'occuper sa place sur ce nouveau créneau,
quand les industriels, enfin, tardent à se mettre d'accord sur un
standard commun, on ne peut qu'en tirer les conséquences et
réexaminer le processus de mise en oeuvre de la télévision
numérique de terre.
A la
question fondamentale
:
qui a intérêt au
numérique de terre ?
La réponse est simple : le
secteur public, c'est-à-dire France Télévision et TDF.
Mais est-ce suffisant pour garantir la réussite d'un projet qui suppose
l'adhésion de tous les acteurs de cette aventure technologique et
économique ? Méconnaître cette évidence, et en
l'occurrence, « aller plus vite que la musique », c'est non
seulement risquer de gaspiller l'argent public mais encore faire perdre
à l'économie nationale le bénéfice d'un pari sur
l'avenir comme cela déjà été le cas par le
passé avec les expériences malheureuses du plan câble ou
des satellites de télédiffusion directe.
(a) L'ébauche du paysage de la télévision numérique de terre par le CSA
Conformément aux dispositions de l'article 30-1 de la
loi du
30 septembre 1986 modifiée, le Conseil supérieur de
l'audiovisuel a conduit en septembre 2000 une large concertation avec
l'ensemble des acteurs publics et privés concernés sur
l'aménagement du spectre hertzien dans la perspective d'un
développement optimal de la télévision numérique de
terre et a publié les résultats de cette concertation à la
fin du mois d'octobre 2000. Le Conseil s'est largement appuyé sur les
résultats de cette consultation dans ses travaux de planification des
fréquences. A la
fin du premier semestre 2001
, le Conseil,
conformément aux dispositions de l'article 53 de la loi n° 2000-719
du 1
er
août 2000, a publié une
première liste
de fréquences disponibles
pour les services de
télévision à vocation nationale et à vocation
locale diffusés par voie hertzienne terrestre.
Par ailleurs, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a
procédé à la rédaction du texte de l'appel aux
candidatures pour la diffusion de services de télévision à
vocation nationale. Afin de donner la plus large lisibilité à la
procédure engagée, le projet d'appel aux candidatures a
été mis en ligne, au printemps 2001, sur le site Internet du
Conseil de façon à permettre à tous les acteurs
intéressés de faire parvenir leurs observations à
l'instance de régulation. Le texte définitif a tenu compte des
différentes contributions et été approuvé par
l'assemblée plénière du Conseil lors de sa réunion
du
24 juillet 2001, date officielle du lancement de l'appel aux
candidatures.
Le Conseil avait fixé au 29 novembre 2001 la date
limite à laquelle les dossiers de candidature doivent être remis .
Mais avec le report de la parution des décrets
« production » tout est reporté, à commencer
par cette date limite, qui pourrait se trouver fixée à la fin
janvier. Le démarrage des émissions de la
télévision numérique de terre pourra-t-il bien commencer
comme prévu à la fin de l'année prochaine ? La
question peut être posée.
Une préoccupation essentielle du Conseil supérieur de
l'audiovisuel a été de déterminer le
nombre de
services
susceptibles d'être présents sur chaque multiplex. II
convient en effet de tenir compte du besoin en bande passante pour la diffusion
de chaque service et de la nécessité de veiller à une
qualité suffisante du signal. Dans l'appel lancé le 24 juillet
dernier, le Conseil a retenu le principe de la diffusion de
trente-trois
services de télévision
répartis sur les
six
multiplex
prévus par site de diffusion. Cela signifie donc que
trois multiplex pourront contenir six services
chacun alors que les
trois autres multiplex ne comprendront que cinq services à la
fois
. Le Conseil a en effet souhaité faire preuve de prudence et a
voulu tenir compte du fait que certains services, en raison de leur format,
seront appelés à utiliser davantage de bande passante pour
assurer convenablement la diffusion de leurs émissions.
L'interopérabilité des systèmes
de réception
représente également un enjeu important pour la réussite
de la télévision numérique de terre. Le niveau
d'interopérabilité doit être fixé, aux termes de la
loi, par des arrêtés interministériels. Dans son avis du 24
juillet 2001, le Conseil a pris acte de la portée limitée des
projets dans la mesure où ils ne permettent qu'une
interopérabilité réduite des signaux émis et des
terminaux de réception des services diffusés.
Le Conseil
considère, dès lors, qu'il faudra poursuivre avec les
différents acteurs la recherche de moyens de nature à assurer une
interopérabilité optimale
. II convient, à cet
égard, de rappeler que l'article 30-3 de la loi du 30 septembre 1986
modifiée impose aux éditeurs autorisés pour l'exploitation
de services faisant appel à une rémunération de la part
des usagers de conclure les accords permettant l'interopérabilité
de leurs systèmes d'accès conditionnel et de leurs moteurs
d'interactivité. Ces accords devront intervenir dans les deux mois
suivant la délivrance par le Conseil supérieur de l'audiovisuel
de leurs autorisations aux distributeurs commerciaux.
Au delà des aspects techniques, il est évident que le
succès de la télévision numérique de terre
dépendra largement de l'équilibre économique de cette
nouvelle télévision et en particulier celui des
dix-huit
nouveaux services privés de télévision.
Afin d'analyser les
facteurs de cet équilibre économique
,
certains experts et en particulier ceux de la Direction du développement
des médias, ont avancé un certain nombre d'hypothèses
qu'il convient préalablement de présenter.
Les coûts de diffusion sont estimés entre 20 et 25 MF pour 80 % de
couverture. En revanche, pour passer de 80 % à 85 %, le nombre
d'émetteurs devra augmenter substantiellement et le coût pour la
couverture de la quasi-totalité du territoire avoisinerait, dans ces
hypothèses, les 50 MF par an.
Le coût de grille moyen retenu pour les nouvelles chaînes, qu'elles
soient publiques ou privées, en clair ou payantes, est de 100 MF, tout
au moins les premières années. Cette hypothèse est un
minimum au regard du niveau de qualité attendu pour la
télévision numérique de terre et semble cohérent
avec ce qui se pratique pour les chaînes thématiques actuelles.
L'équilibre économique des télévisions associatives
sera, quant à lui, à rechercher en référence
à un coût de grille unitaire nettement inférieur.
(b) Les hésitations des opérateurs historiques privés
En
dépit de leurs différends en ce qui concerne l'émission
Loft Story, les deux grands opérateurs historiques se rejoignent pour
critiquer la façon dont est conduit le lancement du numérique de
terre.
Ainsi, M. Patrick Le Lay, président-directeur général de
TF1, a-t-il fait savoir dans le quotidien La Tribune qu'il espérait que
le gouvernement allait « renoncer » au numérique
terrestre. Les formules employées sont particulièrement
fortes ;
« Il n'est pas interdit, quand on est responsable,
d'arrêter une catastrophe
», a-t-il déclaré,
dénonçant «
l'écart entre les discours
politiques et la réalité évidente du
marché ».
Son analyse économique est non moins radicale :
« Sur
les cinq dernières années, quelque 80 chaînes
thématiques ont été créées en France. Il y
en a 60 de trop
». Pour lui,
«il ne faut pas se voiler la face,
la télévision payante perd de l'argent
». «
On
peut chiffrer à 26 milliards d'euros les pertes des chaînes du
satellite et du câble, dans l'ensemble des pays
européens ».
De son côté, M. Nicolas de Tavernost a développé des
positions analogues dans des termes tout aussi directs.
« Nous allons vers de graves déceptions. Il faut confier
cette technologie aux opérateurs existants. Pas pour protéger
leur monopole, mais pour que le numérique terrestre, le câble et
le satellite soient complémentaires (...) Ce n'est pas la peine
d'autoriser tout un tas de chaînes si elles ne correspondent pas à
un marché. Avant d'autoriser, le CSA doit regarder la composition de
l'offre
». Il conclut :
« le marché
publicitaire a changé et ça s'est accéléré
avec les événements aux États
-
Unis. La sagesse
serait de réfléchir aux conséquences de l'arrivée
de la TNT sur les autres supports avant le lancement
».
Certes, les thèses développées ont tendance à
faire coïncider l'intérêt collectif avec les
intérêts acquis. Mais la question de l'équilibre
économique de la télévision numérique de terre
mérite bien d'être posée.
De fait, les
« nouveaux entrants
»,
c'est-à-dire les opérateurs qui ne sont pas aujourd'hui
présents dans la télévision hertzienne nationale, n'ont
pas la même analyse :
« Ce serait un sacrilège de ne
pas présenter un certain nombre de dossiers
», a
déclaré de son côté, Arnaud Lagardère, PDG de
Lagardère Média : «
Qu'il y ait ce lobbying des
grandes chaînes hertziennes contre le numérique terrestre est
plutôt encourageant pour certains entrants »
, même
s'il a clairement signifié «
qu'il n'acceptera pas «de
perdre beaucoup d'argent sur la TNT
».
La France a besoin d'entreprises privées fortes sur leur
marché national. Elle doit leur offrir un cadre législatif stable
et de nature à assurer la rentabilité de leurs investissements.
Une telle préoccupation doit être présente à
l'esprit des pouvoirs publics au moment où l'on voit se poursuivre des
grandes manoeuvres audiovisuelles à l'échelle mondiale,
même s'il convient de les apprécier au regard des exigences du
service public et du maintien d'une nécessaire concurrence.
Les opérateurs privés (TF1, Canal, M6 et les autres),
réticents à se lancer dans cette aventure qu'ils jugent sinon
hasardeuse du moins pas vraiment lucrative, souhaitent s'allier pour
contrôler la distribution des 18 chaînes qui leur sont
dévolues sur les 33 actuellement prévues.
Dans le cas particulier, la ministre de la culture et de la communication, a
déclaré «
s'agissant du développement d'un
nouveau marché, la question est ouverte
». Elle a ainsi
demandé à M. Laurent Fabius, ministre de l'Économie, des
Finances et de l'Industrie, de faire examiner ce projet par la Direction
générale de la concurrence les conditions «pour respecter
à la fois les règles de la concurrence et celles du pluralisme,
sans compromettre la viabilité économique du projet».
(c) La sérénité des pouvoirs publics en dépit des observations du CSA
Les
pouvoirs publics affichent une confiance sans faille dans le caractère
équilibré du processus programmé, dans lequel les enjeux
économiques restent subordonnés aux enjeux culturels.
Mme Catherine Tasca s'est élevée contre les critiques reprochant
au Gouvernement le caractère « trop volontariste »
de sa politique en matière de numérique de terre. Pour elle, le
Ministère de la Culture et de la Communication «
a toujours
avancé, à chaque étape de ce projet, avec
pragmatisme et réalisme et su adapter les règles aux
nécessités économiques. Mais, il est clair ... qu'elles ne
sauraient occulter les enjeux de la création »
: [...] de
fait,
« l'intérêt de la TNT est évidemment
qu'elle contribue à la pluralité de la diffusion des oeuvres et
à l'accroissement des sources de financement vers la
création
».
Cette confiance dans la politique actuelle repose sur une analyse du
marché exposée à plusieurs reprises par M. Marc
Tessier
1(
*
)
. Estimant que « la France
est le pays qui a le moins de chaînes de télévision
généralistes », il considère que la
télévision numérique terrestre constitue
«
l'opportunité de sortir de cet engrenage pour le moins
malthusien qui limite dans notre pays l'offre de télévision et
ralentit l'essor de chaînes thématiques
». Pour lui,
l'offre nouvelle de chaînes thématiques est avant tout payante,
chère, et donc limitée à une part très minoritaire
de la population française. Par manque d'oxygène, ces
chaînes thématiques ont une rentabilité précaire :
l'assiette de leur diffusion est trop étroite et leurs ressources sont
trop dépendantes des choix d'un petit nombre d'opérateurs
commerciaux, CanalSatellite, TPS, les câblo-opérateurs,
eux-mêmes liés aux groupes télévisuels historiques
privés comme publics.
Pour les partisans de la procédure actuelle, c'est clairement le public
qui est au coeur du projet de numérique terrestre. Celui-ci doit
permettre
« aux chaînes thématiques qui le
souhaiteront d'étendre leurs zones de diffusion, donc leurs ressources,
et par voie de conséquence améliorera la qualité des
programmes pour les téléspectateurs... L'essentiel sera le
doublement de l'offre de télévision en clair et la
création pour la première fois dans notre pays de chaînes
locales et régionales de plein exercice... A terme, c'est bien la fin du
mode analogique qui est visée. Le saut qualitatif pour le
téléspectateur sera décisif
. »
Bref, qu'apporte en définitive, la télévision
numérique de terre ?
« Tout simplement l'opportunité
de sortir de cet engrenage pour le moins malthusien qui limite dans notre pays
l'offre de télévision et ralentit l'essor des chaînes
thématiques. Ce résultat, elle l'atteint non pas en concurrence,
mais en complémentarité avec les programmes proposés sur
le câble et le satellite, ainsi qu'avec les télévisions
hertziennes existantes.
».
C'est autour de cette idée de complémentarité et
d'articulation des offres entre télévision hertzienne en clair,
numérique terrestre - qu'il soit gratuit ou payant - et câble et
satellite, qu'il faut chercher à définir la politique du
numérique terrestre.
L'avis du CSA sur le projet de décret relatif à la production qui
fixera les obligations des futures chaînes de la TNT, rendu public au
début du mois d'octobre dernier, peut ainsi être
interprété comme demandant plus de souplesse, de
simplicité et de flexibilité afin d'assurer « la
viabilité économique » du numérique terrestre.
Et lui permettre de trouver sa place à côté du câble
et du satellite.
En premier lieu, le CSA préconise la possibilité pour les
chaînes du numérique terrestre de diffuser de la publicité
toute la journée, contrairement à ce qui avait été
prévu dans le projet de décret, qui ne la prévoyait comme
c'est le cas de Canal+, que six heures par jour au maximum sur des programmes
en clair. On note que se pose la question de l'ouverture de la publicité
des secteurs jusqu'ici interdits (distribution, cinéma, presse et
édition). Le CSA estime également qu'il faut plus de souplesse
dans les quotas de production.
A la différence du projet de décret qui prévoit que la
production d'oeuvres françaises doit atteindre, au bout de cinq ans, 16
% du chiffre d'affaire des chaînes, l'instance de régulation est
favorable à la fixation d'une durée de sept ans, souhaitant
à ce sujet des modifications du texte sur la définition de la
production indépendante ou sur les quotas de diffusion d'oeuvres
européenne ou d'expression originale française.
(d) Des inconnues économiques et juridiques
L'équilibre économique du paysage audiovisuel
reste
incertain. Indépendamment des inconnues techniques
2(
*
)
, il faut tenir compte des coûts et de recettes
dont il faut admettre qu'elles sont problématiques ; qu'il s'agisse
des péages ou de la ressource publicitaire, voire des incertitudes
juridiques issues du projet de certains opérateurs de joindre leurs
forces pour la commercialisation de la télévision
numérique de terre. En tout état de cause, il est évident
le succès de l'opération dépend en grande partie de
l'engagement des opérateurs commerciaux, qu'il s'agisse des
constructeurs d'appareils ou gestionnaires de bouquets
3(
*
)
.
D'une façon générale, les experts semblent s'accorder pour
considérer que le numérique terrestre a un potentiel de
marché. Avec moins d'un foyer sur trois abonné à au moins
une offre de télévision payante (7 millions de foyers souscrivent
aujourd'hui 9 millions d'abonnements), la France reste loin de la plupart de
ses voisins européens à haut revenu, notamment lorsqu'ils
disposent historiquement d'une forte implantation des réseaux
câblés (Allemagne, Benelux, Suisse, Europe du Nord).
Avec un prix adapté de l'ordre de 100 Francs par mois hors location de
décodeur, les experts du ministère estiment que près de la
moitié des foyers pourraient être abonnée à la
télévisions numérique de terre à horizon 2012, pour
un accès à une quinzaine de chaînes payantes - de type
« best of » des chaînes thématiques du
câble, hors cinéma-sport -, et, bien sûr, à la
quinzaine de chaînes gratuites y compris les chaînes historiques
actuelles.
Les nouvelles chaînes en clair de la télévision
numérique de terre, publiques et privées, s'inscriront dans un
schéma économique fondé sur la ressource publicitaire,
dont l'élasticité par rapport à la croissance globale
peut-être estimé à long terme à 1,5%. Mais à
court terme, en période d'incertitude, on peut craindre que les recettes
de publicité ne soient pas au rendez-vous, surtout que le fonctionnement
du marché publicitaire qui privilégiant les audiences de masse
est plus favorable aux grosses chaînes qu'aux petites.
Enfin, il convient de sécuriser l'environnement juridique des
opérateurs notamment en ce qui concerne la distribution. Peut-il y avoir
ou pas un seul opérateur de la future télévision de terre
ou bien, le droit de la concurrence oblige-t-il de garantir plusieurs
opérateurs ? Face à l'initiative des opérateurs, le
Gouvernement semble hésiter, non sans raisons, tant la matière
est délicate.
D'un côté, il convient d'évoquer le contexte politique et
administratif de cette affaire, dans la mesure où nombre d'observateurs
ont vu dans cette initiative la volonté de M.Laurent Fabius, de se poser
en interlocuteur. Aucun texte législatif ou réglementaire ne
prévoyant de règles en la matière, cette liberté a
priori pourrait se révéler un handicap, en inhibant les
opérateurs peu enclins à prendre le risque d'une remise en cause
de leurs accords ou de contentieux interminables entre opérateurs
eux-mêmes.
La Direction générale de la concurrence de la consommation et de
la répression des fraudes s'est ainsi vu confier «
une
mission d'analyse et de concertation
». Pour déterminer si
«
l'éventualité d'un seul opérateur
commercial est pertinente et compatible avec les règles du droit de la
concurrence français, voire européen »
,
étant entendu qu'il est a priori peu probable que même si la
DGCCRF concluait à la possibilité d'un opérateur unique,
il est probable qu'elle assortirait son aval d'un certain nombre d'exigences et
de contreparties.
Bref, que le numérique de terre soit une nécessité,
personne n'en doute. Mais, faut-il dans la conjoncture actuelle, y aller
à marche forcée, toute la question est là.
2. Le secteur public sans marge de manoeuvre
Sans
moyens adaptés aux objectifs multiples qu'on lui assigne, sans
véritable doctrine, l'audiovisuel public est devenu avec la
réforme de 2000, une sorte de colosse aux pieds d'argile. Il souffre de
handicaps inutiles et d'un sous financement chronique, se voit saper les
ressources qui lui sont affectée, et n'est pas incité à
entreprendre les réformes de structures à défaut
desquelles l'ensemble nouvellement créé ne trouvera les
capacités réactives nécessaires dans un contexte
concurrentiel.
La formule de Greg Dyke, directeur général de la BBC, selon
laquelle «
il faut choisir entre le changement et la mort
lente
, » vaut également pour France
Télévision.
(a) La réduction de la durée de la publicité : un handicap inutile
La
cristallisation du débat sur la question des ressources publicitaires
apparaît à votre rapporteur spécial comme un débat
daté. Comment ne pas rattacher l'invention de la réduction
à huit minutes en heure glissante de la durée maximale des spots
à l'euphorie ambiante des années 1999-2000 au cours desquelles le
marché de la publicité télévisée connaissait
une croissance à deux chiffres.
Aujourd'hui, quand les temps s'annoncent sinon nécessairement plus
difficiles, du moins plus incertains notamment sur le plan budgétaire,
une telle décision teintée d'idéalisme, ne devrait pas
vraiment réduire la pression de l'audimat sur les programmes.
Au nom de l'idéal nostalgique voire régressif d'une
télévision sans publicité, le gouvernement prive le
secteur public de recettes, alors qu'il a besoin de toutes les ressources
disponibles pour faire face aux investissements qu'exigent le numérique
et la situation financière toujours fragile dans laquelle se trouvent un
certain nombre des sociétés qui composent l'audiovisuel public.
La stabilisation de l'audience ne fait qu'accroître le manque à
gagner pour le service public. Certes sur le plan de la qualité, on ne
peut que se féliciter de ce que France télévision ait
raflé 14 trophées lors des derniers 7 d'or, mais cela
suffira-t-il à relâcher la pression de l'audimat ?
(b) Des besoins de financement insatisfaits
S'il ne
veut pas être marginalisé, le secteur public doit
bénéficier de ressources courantes
- indépendamment
de ses besoins d'investissements propres pour acheter des programmes mais aussi
se placer sur le marché de l'interactivité -, dont la
croissance reste du même ordre de grandeur que celle de ses
concurrents
.
Il lui faut investir dans des programmes suffisamment attractifs qu'il s'agisse
de payer les droits de plus en plus lourds exigés pour les
retransmissions sportives ou de conserver leurs animateurs vedettes - ce qui
est un problème pas seulement pour la télévision mais
également pour la radio - ou de faire réaliser des
émissions de fiction de prestige -.
Ainsi, en ce qui concerne la
Coupe du monde de football en 2002
et en
2006, dont les droits reviennent non pas à l'UER mais au groupe Kirch,
la France et l'Italie sont les seuls grands pays n'ayant pas encore acquis
leurs droits de retransmission
, estimant le prix actuel de 100 M€ trop
cher.
En outre, il faut noter qu'en vue de maîtriser
l'inflation des droits
sportifs,
la BBC, France Télévision, la RAI, RTVE et ZDF sont
parvenues à un accord dans la perspective de l'achat des droits de
retransmission du Championnat d'Europe de football en 2004 pour demander
à l'UER de réduire leur part de financement, qui atteint 80 % du
total lors des grands événements. Les grands opérateurs
publics auraient par ailleurs mis au point une répartition des charges
entre eux, tenant davantage compte de leur audience respective.
Cette montée des charges ne fait que renforcer votre rapporteur
spécial dans la conviction que France télévision ne
dispose pas des marges de manoeuvre nécessaires sur le plan
financier : il ne peut que rappeler qu'il a estimé, à la
suite des travaux du groupe de travail de la commission des finances qu'il a eu
l'honneur de présider, le besoin de financement global de France
télévision pour l'horizon 2004, à entre 5 et 600 M€
de ressources publiques courantes annuelles, auxquelles il faut ajouter entre
125 et 275 M€ de dotations en capital.
Les données à long terme du problème n'ont pas
changé : TF1 voit ses dépenses d'exploitation et
d'investissement croître de plus de 10 % par an, tandis que le
budget de France Télévision, lui, ne progresse que de la
moitié environ. Il faut rappeler qu'en 2000 TF1 et M6 ont respectivement
connu des croissances de leur chiffres d'affaires de 22,5 % et 18 %,
à comparer à une hausse des produits d'exploitation de
12,7 % des sociétés du groupe France
Télévision, année où, pourtant, les ressources de
redevance avaient crû de plus de 1,27 Mds de F. Même quand
l'État fait un effort exceptionnel, il est encore distancé par le
secteur privé qui réalise des performances commerciales encore
supérieures.
Certes le ralentissement du marché se profile avec une croissance des
ressources sans doute inférieure à 5 % en 2001. Mais
l'analyse générale reste selon votre rapporteur spécial
tout à fait valable : l'évolution du budget de l'audiovisuel
public tend à suivre celle du budget de l'État, alors que ceux de
ses concurrents privés augmentent à la vitesse d'un marché
en plein développement.
Les projets de développement de France Télévision dans le
numérique sont actuellement évalués à
580 M€ (3,8 MdsF) pour la période 2001-2006. Le
président de France Télévision avait évalué
ces besoins en capitaux à 1,5 MdF sur cinq ans. Le Gouvernement lui
en a accordé 1 milliard, soit 152,45 M€ financés sur
les ressources de privatisations.
Par ailleurs, 800 MF, soit 122 M€ devraient provenir de la cession
d'actifs non stratégiques dont la plus grande part viendrait de la vente
de la participation que le groupe détient dans le bouquet TPS. Ce
montant pourrait se révéler difficile à obtenir dès
lors que, si l'on se base sur les évaluations données par la
presse en ce qui concerne la valeur de la participation de France
Télécom, la valeur de celle de France Télévision ne
serait que de 85 M€.
En tout état de cause, ce décalage entre les besoins de
financement des nouvelles chaînes que veut créer France
Télévision dans le domaine de l'information et du sport, suppose
soit que l'État trouve encore des ressources complémentaires,
soit qu'on autorise France Télévision à trouver des
partenaires privés.
A l'heure actuelle, les projets des chaînes « Info »
et de chaînes « sport » en particulier,
créneau déjà occupé avec succès par le
secteur privé, sont en panne de financement, alors que la loi a
réservé au secteur public une douzaine de chaînes.
Certes, France télévision peut compter sur la réalisation
de sa participation dans TPS évaluée aux alentours d'un milliard
de francs, mais ce montant reste d'autant plus limité que des
informations de presse relatives à la cession de la participation de
France Telecom, valoriserait à 85 M€ soit 560 MF.
(c) La redevance diminuée dans son volume et affaiblie dans son principe
L'année dernière, alors que le débat sur
le
principe même de la redevance pour droit d'usage d'un appareil de
télévision continuait d'agiter les mondes de la politique comme
des médias, on a vu surgir, au cours des débats à
l'Assemblée nationale à l'initiative du rapporteur
général du budget, un amendement prévoyant une
exonération de redevance au profit de personnes âgées de
plus de 70 ans non imposables à l'impôt sur le revenu et à
l'impôt sur la fortune.
Cette année, l'Assemblée nationale fait un pas de plus dans la
même voie en abaissant à 65 ans la limite d'âge ouvrant
droit à cette exonération
4(
*
)
.
Certes, le régime actuel des exonérations n'est pas parfaitement
satisfaisant, au regard de l'égalité entre les citoyens, mais on
peut se demander s'il est souhaitable de le modifier à la marge dans un
sens où il sera sans doute encore plus difficile voire impossible d'en
rationaliser l'assiette.
Plutôt qu'un replâtrage plus ou moins opportuniste qui pourrait
hypothéquer les chances d'une réforme à venir, votre
rapporteur spécial estime qu'il serait préférable de
revoir globalement l'assiette de la taxe et son mode de recouvrement.
Ce que l'initiative a d'inquiétant, c'est qu'elle semble constituer
l'amorce d'un processus de désagrégation de la redevance, qui ne
laissera dans l'avenir d'autre issue que sa disparition.
Pourtant le rapport de l'inspection générale des finances de
novembre 1999, intitulé
« rapport d'enquête sur le
coût, l'efficacité et les perspectives d'évolution du
service de la redevance audiovisuelle
», explorait des voies
intéressantes.
Défavorable
comme l'inspection des finances à
une
budgétisation des ressources de l'audiovisuel public
ainsi
qu'à son
financement par le produit des jeux
, dans la mesure
où il est essentiel de conserver au travers de la redevance un lien
citoyen entre les Français et leur télévision, votre
rapporteur spécial, estime que l'on pourrait effectivement
adosser la
redevance
sur la taxe d'habitation
mais
sans les
confondre
: il s'agirait d'envisager une identité du fait
générateur - disposer d'un local à usage d'habitation - et
donc de l'identifiant informatique du contribuable/redevable, tout en
distinguant les avis d'imposition et les modalités de perception de
façon à
ne pas créer de confusion des
responsabilités entre l'État et les collectivités
territoriales
.
Une telle réforme, qui passe aussi par un
renforcement des pouvoirs
juridiques des services compétents
- droit de communication
amélioré, utilisation de l'avis à tiers détenteur
-, permettrait à la fois d'augmenter substantiellement les ressources de
l'audiovisuel public et de
régler le problème des
exonérations
.
Le service de la redevance, dont votre rapporteur a pu apprécier
l'efficacité, ne serait pas supprimé mais simplement
restructuré pour ne plus avoir à traiter que l'émission
des avis d'imposition et du contentieux, déchargeant en ce qui concerne
cette dernière tâche les services de la comptabilité
publique, ce qui devrait limiter les réaffectations et donc le
coût social de la réforme.
Quant au niveau de la redevance, dont on a vu qu'il était nettement
inférieur à celui des autres grands pays européens, votre
rapporteur spécial estime que, surtout à défaut d'une
réforme d'envergure de la redevance en augmentant sensiblement le
produit, il faudrait en augmenter le montant, non seulement pour rattraper le
retard pris sur l'évolution des prix et du SMIC, mais encore pour
permettre le financement de toutes les activités qui vont aller de pair
à l'expansion des marchés de l'Internet et du numérique de
terre.
Pour sauver le modèle audiovisuel français, il faut y mettre
les moyens financiers. Le rapporteur spécial ne peut que
, surtout
à l'orée d'une nouvelle période de vaches maigres
budgétaires
, réitérer sa position de principe : il
faut non seulement conserver la redevance mais encore avoir le courage de
l'augmenter pour la mettre au niveau de celle des grands pays européens.
(d) Les questions de productivité différées avec la priorité aux mesures salariales
Productivité et responsabilité sont des
impératifs catégoriques faute desquels l'argent public que l'on
s'apprête à injecter, a toutes les chances de
s'évaporer
.
Le poids des mesures salariales, qui doivent absorber plus de la moitié
des moyens nouveaux accordés aux organismes de l'audiovisuel public
indique clairement où sont les priorités du présent budget.
(en millions d'euros)
Programmes |
39,45 |
42,25 % |
Mesures salariales |
46,94 |
50,27 % |
Diffusion |
0,53 |
0,57 % |
Impôts, taxes et prélèvements divers |
3,48 |
3,73 % |
Dotations aux amortissements |
2,84 |
3,04 % |
Autres charges |
0,13 |
0,14 % |
Total |
93,38 |
100 % |
Le tableau ci-dessus montre que sur les 47 M€ de mesures nouvelles allant aux mesures salariales, la moitié correspond en fait aux créations d'emplois rendues nécessaires dans le cadre de la réduction du temps de travail au sein du groupe France Télévision.
|
France 2 |
France 3 |
La 5e |
Créations d'emplois prévues |
85 |
220 |
10 |
Créations d'emplois effectives au 30 juin 2001 |
70 |
218 |
10 |
Coût global du passage aux 35 heures |
5,18 M€ |
15,85 M€ |
0,3 M€ |
Il est
grand temps que l'on accorde, en toute transparence, une autonomie normale aux
entreprises publiques de communication audiovisuelle
. Celles-ci
doivent pouvoir investir et donc emprunter comme le font leurs concurrentes
du secteur privé
. Il faut espérer que les contrats
d'objectifs et de moyens - celui de France télévision devrait
être signé fin novembre - tiendront compte de cet objectif.
Il faut rappeler que, si le gouvernement de M. Blair a refusé à
la
BBC
en février 2000 une redevance spéciale pour
financer ce passage au numérique, il a accepté une hausse
progressive de la
redevance
en contrepartie d'un plan d'économies
de 2,7 mds € sur sept ans. En application de ce plan, la BBC doit
réduire ses frais de fonctionnement, de 24% de son budget en 1999/2000
à 19% en 2000/2001. L'objectif est d'arriver à un ratio de 15%
d'ici cinq ans.
3. Les télévisions locales sans horizon défini
A la
différence de toutes les grandes démocraties, la France n'est pas
parvenue à développer un réseau dynamique de
télévisions locales.
La baisse des coûts de diffusion et l'arrivée du numérique
terrestre vont-elles changer les données du problème ? On
avait pu espérer un changement de politique après la parution en
novembre 1998, du rapport de MM. Michel Francaix, député (PS) de
l'Oise, et Jacques Vistel, conseiller d'État, pour lesquels il est
« nécessaire de donner aux télévisions locales
les chances d'un nouveau départ... ». Mais quoiqu'en dise le
Gouvernement, les progrès introduits par la loi du 1er août 2000
restent limités.
Le ministère de la culture et de la Communication estime, certes, que
pour favoriser la constitution de réseaux de télévisions
locales de proximité, la loi du 1er août 2000 a d'ores et
déjà ouvert certaines possibilités en prévoyant,
notamment, que les associations puissent se porter candidates à l'usage
de fréquences et se voir délivrer par le Conseil supérieur
de l'audiovisuel une autorisation d'émettre d'une durée de dix
ans.
La loi prescrit également que le Conseil supérieur de
l'audiovisuel doit veiller, sur l'ensemble du territoire, à ce qu'une
part suffisante des ressources en fréquences soit attribuée aux
services édités par une association et accomplissant une mission
de communication sociale de proximité. Le Gouvernement reconnaît
toutefois qu'alors qu'il existe près de 600 radios locales associatives
sur l'ensemble du territoire métropolitain et des départements
d'outre-mer, les télévisions de proximité à
vocation non commerciale, qu'elles soient diffusées par câble ou
par voie hertzienne, restent peu nombreuses dans notre pays et sont souvent
dans une situation financière précaire.
Pour évaluer la viabilité des projets de diffusion
télévisuelle en ligne, le gouvernement a confirmé le
prochain dépôt devant le Parlement conformément aux
dispositions de l'article 59 de la loi sur l'audiovisuel du 1er août
2000, d'un rapport sur le développement des télévisions
citoyennes de proximité.
Cette attitude attentiste du Gouvernement se
justifie d'autant moins que le Conseil supérieur de l'audiovisuel
à désigné des pistes pour le développement des
télévisions locales
.
Constatant que la télévision de proximité peine à
trouver sa place dans le paysage audiovisuel français, M. Dominique
Baudis, président du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel a
récemment fait connaître son diagnostic. « Notre paysage
télévisuel ressemble au paysage radiophonique des années
70 : une dominante nationale et généraliste qui s'impose
à part entière, imprime sa spécificité dans notre
paysage audiovisuel et freine l'émergence d'une vraie
télévision de proximité », d'autant plus que son
développement se heurte à deux obstacles, la rareté des
fréquences hertziennes et les problèmes de financement.
Pour lui un certain nombre de pistes restent à défricher :
accès sous certaines conditions du secteur de la distribution à
la publicité pour les télévisions locales ; financement
dans un cadre contractuel par les collectivités ; création
d'un fonds de soutien pour les projets associatifs sur le modèle de ce
qui existe déjà dans le secteur radiophonique.
Votre rapporteur spécial, qui lors de la discussion du dernier projet de
loi audiovisuel était intervenu pour faciliter les initiatives des
collectivités territoriales en matière de
télévision de proximité, ne peut mieux dire. Il approuve
encore le président du CSA lorsqu'il estime que « la
numérisation de la télévision hertzienne de terre
apparaît comme une véritable chance pour la
télévision de proximité avec le soutien des
collectivités locales, qui peuvent en effet participer au succès
de la télévision numérique terrestre ».
Certes le président de l'autorité de régulation a raison
de s'interroger : «Comment en effet rendre ce développement
possible, sans créer de fracture ou d'exclusion, comment encadrer le
mode de financement des médias par les collectivités locales sans
le restreindre, comment encourager les initiatives et les innovations,
favoriser la participation citoyenne ? » Mais il ne faudrait pas
que ces questions légitimes ne retardent le processus législatif
et réglementaire d'intervention des collectivités territoriales,
auxquelles votre rapporteur spécial fait confiance pour trouver sur le
terrain les réponses adaptées.
L'attitude du CSA ne fait pas l'unanimité. Ainsi, l'Association des
villes pour le câble et le multimédia (Avicam) a regretté
que la décision de ne faire porter «les appels à
candidatures pour le local qui doivent être lancés fin novembre,
sur la moitié du multiplex de la télévision publique, soit
trois services, constitue «une division par deux des capacités
prévues il y a deux ans, et surtout une organisation non adaptée
aux spécificités de la télévision locale».
En outre, toujours selon l'Avicam, le choix du CSA implique des surcoûts
: «émetteurs plus puissants, liaisons de contributions plus
longues, standards de qualité plus élevés pour être
compatibles avec les chaînes publiques». Enfin, selon elle, elle
«favorise le développement du national, au détriment du
local, sauf dans une région ou un multiplex sera dédié :
la région parisienne». Sans entrer dans le fonds du débat,
votre rapporteur spécial estime que les spécificités des
télévisions locales doivent être prises en compte dans
l'architecture des multiplex, sans exclure que celles-ci puissent
s'intégrer dans un réseau national.
Il y a là un enjeu important pour la viabilité des
télévisons locales et notamment pour les initiatives que la
presse locale prend à ce niveau
5(
*
)
. A cet
égard, on ne peut que reprendre en première analyse, l'opinion
exprimée par M. Jean, Louis Prévost président de la voix
du Nord, président de
la PQR
, selon laquelle
le
numérique hertzien n'est pas la panacée
: « Ce
dossier arrive au contraire à un mauvais moment. La montée en
charge du numérique terrestre va être lente et coûteuse.
Pour une chaîne locale, commencer par le numérique hertzien serait
très dangereux, ne serait-ce que parce qu'au démarrage, dans
certaines villes, seulement la moitié des foyers pourront en effet
recevoir la nouvelle télévision. Pour notre part, nous attendons
toujours que le Conseil supérieur de l'audiovisuel prenne une
décision concernant l'attribution de nouvelles fréquences
analogiques aux télévisions locales.
La PQR n'a pas besoin de
la TNT pour développer des chaînes de
proximité
».
La PQR estime que la libéralisation des secteurs interdits de
publicité envisagée par le Gouvernement et même l'ouverture
à la grande distribution que ce dernier n'évoque d'ailleurs
qu'avec prudence, ne suffira pas à rendre la télévision
locale économiquement viable . Pour Jean-Louis Prévost,
« Toutes nos études prouvent que même avec la grande
distribution, les télévisions locales seraient
déficitaires. Plus globalement, le marché local ne finance pas ce
type de projet. Pour être rentables, nous avons besoin d'attirer les
annonceurs nationaux. Mais tant qu'on n'aura pas réuni le potentiel de
spectateurs qui les intéresse, nous n'y parviendront pas. Pour avoir
accès à la publicité nationale, nous devons avoir entre 12
et 15 télévisions de proximité qui fassent de 2 % à
3 % d'audience nationale en cumul. »
La ministre de la culture et de la communication, Madame Catherine Tasca, s'est
effectivement déclarée favorable à l'ouverture
«ciblée et progressive» à la publicité
télévisée de certains secteurs actuellement interdits et,
en premier lieu, de la presse, tout en précisant qu'en ce qui concerne
la grande distribution, également interdite de publicité à
la télé, «la réflexion devra être
poursuivie».
Tous ces éléments d'information témoignent de ce que le
Gouvernement n'est pas en mesure, indépendamment même des
incertitudes liées à la conjoncture économique
générale, d'offrir un cadre clair aux initiatives en
matière de télévisions locales.
4. L'audiovisuel extérieur sans dynamique
«Mon rôle est de faire de la politique audiovisuelle
extérieure l'une des principales priorités de notre action
extérieure», a récemment affirmé M. Hubert
Védrine
6(
*
)
, ministre des Affaires
étrangères, qui s'est déclaré convaincu que
« la place de la France dans le monde globalisé d'aujourd'hui,
et encore plus de demain, dépendra en grande partie de la force et de la
présence de ses images et de ses entreprises d'information. Au premier
chef RFI et TV5, mais également, en toute indépendance, l'AFP. Il
faut élargir les zones couvertes par TV5, notamment en favorisant le
sous-titrage sur cette chaîne, développer l'audience de RFI,
susciter le partenariat entre chaînes françaises ou francophones
et chaînes locales. »
On ne saurait mieux dire. Mais, selon votre rapporteur spécial, on
pourrait sans doute mieux faire. La stratégie paraît difficilement
contestable, tout comme les objectifs intermédiaires. Mais se donne-t-on
les moyens d'une telle politique ? Certes M. Hubert Védrine,
ministre des affaires étrangères, peut défendre son
bilan : « Avec mon soutien, Jean Stock a créé TV5
Monde et simplifié les structures de TV5. Depuis le 1er août, deux
nouveaux signaux vers les États-Unis et l'Amérique latine
s'ajoutent aux cinq existants. Maintenant, il faut poursuivre l'enrichissement
de la programmation. Des moyens importants, 25 MF, ont été
dégagés à cette fin dans le budget du ministère des
Affaires étrangères pour 2002. Pour RFI, un contrat d'objectifs
et de moyens sera prochainement signé avec l'État pour la
période 2002-2006. RFI doit réussir la numérisation et
renforcer sa présence dans des régions stratégiques, mais
poursuivre aussi ses efforts de rationalisation.
Par ailleurs, réfléchir à une télévision en
partenariat avec un pays arabe, à destination du public arabophone ou
imaginer une chaîne de divertissement d'abord destinée à la
jeunesse sont effectivement des orientations stratégiques
avancées par le ministre qui méritent d'être
étudiées.
En revanche, l'objectif affiché consistant à développer
les « synergies possibles entre les différents
opérateurs, nationaux et à vocation internationale, mettre
à profit les possibilités nouvelles des chaînes
numériques, par exemple la future chaîne d'information de France
Télévision », ne paraît guère
avancé dans la mesure ou, semble-t-il France télévision a
tendance à vouloir placer France télévision sur des
bouquets de chaînes publiques. Cette volonté n'est pas
forcément illégitime mais devrait être englobée dans
une stratégie d'ensemble.
En dernier lieu, la façon dont s'est effectué le remplacement de
Jean Stock
7(
*
)
à la tête de TV5, a
donné lieu à quelques tiraillements entre la France et ses
partenaires francophones, manifestement irrités par le fait qu'on ne
leur ait pas laissé le choix . A ces grincement externes se sont
ajoutés des frottements internes : Serge Adda de Canal + horizons,
le candidat finalement choisi n'était pas celui de France
télévision actionnaire muet de TV5 et sans doute quelque peu
frustré de ne pouvoir resserrer ses liens avec sa filiale
théorique.
Bien que sachant que BBC WorldWide bénéficie d'un budget de 760
M€ plus de trois fois supérieur à celui que la France
consacre à l'audiovisuel extérieur (234,4 M€), votre
rapporteur spécial estime qu'il conviendrait au préalable de
développer les synergies entre tous les acteurs de l'audiovisuel
extérieur, ce qui lui semble loin d'être le cas tant au niveau
national que sur le terrain à l'étranger.
I. LES DONNÉES BUDGÉTAIRES ET FINANCIÈRES
Le
budget du secteur public de la communication audiovisuelle pour 2002, tel qu'il
est retracé dans le fascicule jaune « secteur public de la
communication audiovisuelle », s'élève à
3241,53 M€ (
21263,04 MF)
contre
3141,07 M€
(20.604,07 MF)
en 2001
, ce qui fait
apparaître
un taux de croissance de + 3,20 %
par rapport
à la précédente loi de finances initiale.
Cette
progression globale de 100,46 M€
(658,97 MF) fait suite
à la forte hausse de 180,36 M€ (1183,1 MF), prévue
l'année dernière. Elle est la résultante :
-
• d'une
hausse de 80,7 M€
(529,36 MF)
des
ressources publiques
(+ 3,35 %), qui doivent se monter à
2488,56 M€ ;
• et une hausse de 19,72 M€ (+2,69 %), (129,38 MF), des ressources propres des organismes , qui doivent atteindre 752,97 M€, à comparer à la baisse de 38,92 M€ (255,3 MF), prévue au projet de loi de finances initiale pour 2001.
Cette politique délibérée de réduction du poids des ressources propres va sans doute être moins voulue que subie avec la contraction annoncée du marché publicitaire .
A. L'EFFORT PUBLIC DANS LE SECTEUR AUDIOVISUEL
La croissance des dotations prévues au présent budget reste soutenue, prolongeant les engagements pris par l'État dans le cadre de la loi n°2000-719 du 1 er août 2000 sur la communication audiovisuelle.
1. Les crédits budgétaires
Les crédits budgétaires diminuent de + 1,63 % par rapport à la li de finances initiale . Ce chiffre recouvre deux évolutions inverses :
-
•
augmentation de 0,1 % au niveau de 69,67 M€
(457 MF)
des dotations inscrites au budget du ministère des
affaires étrangères
(chapitre 42/14) ;
• recul de 1,92 % des crédits inscrits aux services généraux du Premier Ministre (Chapitre 46-01), qui passent TTC de 413,78 M€ (2714,2 MF) à 409,97 M€ (2689,25 MF). Ce tassement de 3,8 M€, soit 25 MF, s'explique en raison de la diminution du nombre de comptes effectivement exonérés par rapport à ce qui avait été anticipé .
2. La redevance
Dans le
projet de loi de finances déposé par le Gouvernement sur le
bureau de l'Assemblée nationale, les recettes hors taxes de redevance
augmentent de 83,68 M€ pour atteindre 2017,36 M€ (H.T). Cette
augmentation de 3,33 %
est à comparer à la
croissance de 2,94 %
constatée en 2000
.
Après être passée de 700 à 735 francs de 1997
à 1998 et à 744 francs en 1999, à 751 francs en 2000
et 2001, soit 114,49 €, la redevance pour l'usage d'un
téléviseur couleur a été portée à
116,5 €,
soit une augmentation de
+ 1,76 %.
On note que, contrairement à l'exercice 2001, il est prévu de
distribuer une partie des excédents de collecte de l'année 2000
pour un montant de 13,72 M€ soit 90 MF.
Le
ralentissement de l'expansion de l'assiette
- on a enregistré
au premier semestre 2001, 204 000 comptes couleur supplémentaires,
contre 340 500 au premier semestre 2000 et 387 500 pour la même
période de 1999 - pourrait, si la tendance se poursuit, se
révéler préoccupant, même s'il faut sans doute y
voir la
conséquence des nouvelles mesures d'exonération
.
On rappelle, également, que les coûts directs du service de la
redevance, qui s'élèvent à 73,54 M€ (482,4 MF)
comme pour les années 2000 et 2001, font désormais l'objet d'un
versement direct au budget général et non d'un rattachement par
voie de fonds de concours pour satisfaire à la jurisprudence du Conseil
constitutionnel, telle qu'elle résulte de sa décision
n°94-351 du 29 décembre 1994.
Enfin, il faut noter que les crédits de remboursement de redevance
inscrits sur le chapitre 46-01 sont versés tous les deux mois, ce qui a
fait craindre à certains qu'ils puissent faire l'objet d'annulation
avant leur virement sur le compte d'affectations spéciales.
B. L'ÉVOLUTION DES RESSOURCES COMMERCIALES
Les
recettes du secteur public sont la résultante de facteurs
multiples : nouvelles limitations introduites par la dernière loi
audiovisuelle, concurrence accrue, également, des chaînes
privées qui n'ont jamais été aussi dynamiques au niveau
publicitaire, crise probable, enfin, du marché par suite du
ralentissement de l'activité économique et de l'incertitude
résultant des évènements tragiques du 11 septembre dernier.
En dépit du nouveau mode de mesure de l'audience, qui permet de prendre
en compte la part des chaînes thématiques, ce qui diminue
mécaniquement leur part d'audience, les chaînes hertziennes
continuent de capter l'essentiel de la manne publicitaire.
En effet, les revenus publicitaires des chaînes thématiques
restent marginaux, nettement en deçà du poids que celles-ci
représentent dans l'audience. En 2000, alors que l'ensemble des
chaînes de complément représentait environ 8 % de
l'audience totale de la télévision, on évalue à
environ 5 % le poids des investissements publicitaires sur ces
chaînes.
Les quatre cinquièmes des recettes se sont concentrées sur moins
de 20 chaînes et seules 11 chaînes ont reçu plus de 50 MF
bruts en 2000.
1. Les recettes publicitaires des chaînes publiques en 2001 et perspectives pour 2002
Compte
tenu des restrictions imposées à France 2 et à
France 3 en matière publicitaire, il a été
prévu dans le présent projet de loi de finances pour 2002 que les
ressources propres du secteur public audiovisuel
atteindront
752,97
M€
(4939 MF), soit un niveau supérieur de quelque
130 MF à celui annoncé en loi de finances initiale pour 2001.
Cette progression de
+ 2,7 %
des ressources propres est
à remettre dans le contexte de l'évolution des
recettes de
publicité et de parrainage
. Les objectifs prévisionnels du
groupe France télévision s'établissent en 2001 à
3756,2 MF contre 4037,4MF dans le projet de loi de finances pour 2000, ce
qui représente un recul de 281 MF. La régression est encore plus
nette par rapport aux objectifs 1999, qui avec 4587 MF se situaient à un
niveau supérieur de 433 MF aux perspectives actuelles pour 2002.
Il y a là la conséquence des contraintes imposées à
France 2 et France 3 en application de la loi du 1
er
août
2000, que le gouvernement avait déjà anticipé en
décidant
d'abaisser à partir du 1
er
janvier 2000 de
10 à 12 minutes de la durée moyenne des écrans
publicitaires en heure glissante, durée qui a été
diminuée à 8 minutes en 2001.
Au début de l'année, France Télévision estimait que
le marché publicitaire de télévision pourrait
croître d'environ 5 % en 2001, soit un rythme inférieur aux 6,1 %
enregistrés en 2000.
De telles perspectives ont peu de chances de se réaliser, sachant que
les annonceurs ont diminué de 2 % leurs investissements en campagnes
publicitaires à la télévision au cours du premier
trimestre 2001 par rapport à la même période de 2000, selon
le dernier rapport de TNS Secodip. Celui-ci constatait, avant même les
événements du 11 septembre, que le marché est - sauf
pour la radio sur laquelle les investissements publicitaires se sont accrus de
16 % au cours de la même période - particulièrement mou
après deux années de forte croissance,
caractérisées par des progressions de 12 % en 1999 et de 10 % en
2000.
En 2000, des prévisions, particulièrement prudentes ont permis
aux chaînes publiques de dépasser les objectifs qu'elles
s'étaient fixés. Mais ceci est aussi dû à des
performances commerciales honorables. Les résultats obtenus en 2000 par
France Télévision Publicité restent dans ce contexte de
réduction de 2 minutes par heure glissante avec un plafonnement à
4 minutes de chaque écran, satisfaisants, puisqu'alors que le potentiel
diffusable a baissé de 18 % par rapport à 1999, le chiffre
d'affaires ne régresse que de 4,7%.
Source France télévision chiffres hors fais de régie
Source Sécodip
S'agissant de données relatives à l'ensemble de la journée, le tableau ci-dessus montre qu'entre le premier semestre 2001 et le premier semestre 2000, la durée des spots a fléchi de près de 8 % sur France 2 et de 4 % sur France 3, tandis que le nombre d'écrans diminuent corrélativement de 3,8 % et 5,3 %. La régression des spots est encore plus nette en prenant pour base le premier semestre 1999 : depuis cette période, la durée de la publicité a diminué de 31% sur France 2 et 23% sur France 3 la diminution corrélative étant particulièrement nette pour le nombre de spots qui recule respectivement de 28 % et 21 %.
Le tableau ci-dessus démontre que les évolutions soulignées pour l'ensemble de la journée, sont encore plus nettes sur la tranche 19-22 heures : la durée des écrans diminue respectivement de 35 % et 39 % sur France 2 et France 3 depuis le premier semestre 1999 et de 7,6 % et 8,6 % depuis le premier semestre 2000.
Le tableau ci-dessus indique que c'est France 2 qui, avec une perte de part de marché de 1,7 %, paie le prix le plus élevé par suite des nouvelles contraintes publicitaires.
2. La place du secteur public sur le marché publicitaire
La publicité télévisée, qui absorbait en 1987 moins de 25 % des recettes publicitaires des grands médias, en mobilise aujourd'hui plus de 30 %, en dépit des multiples contraintes réglementaires.
Source IREP
(1) y.c. petites annonces (2) y.c. chaînes thématiques (3)
affichage sous toutes ses formes
La part du marché publicitaire de la télévision
occupée par France Télévision en 2000, ne s'est
montée qu'à 23,3 % contre 53 % pour TF1 et 21,1 % pour M6,
alors qu'elle était de 31,30 % en 1997. Mais c'était avant la
diminution de la durée de la publicité...
Le
tableau ci-dessus montre que les chaînes privées ont, avec des
taux de croissance en 2000 de 17,66 % pour TFI et de 23,51 % pour M6,
su profiter à la fois de l'excellente conjoncture et de la diminution de
la durée des écrans.
Toutefois, l'effet « Loft Story » ne semble pas avoir eu
selon les analyses de France Télévision d'effet durable sur le
marché publicitaire, comme le montre le tableau ci-après.
Le tableau permet de remarquer que France télévision a plus
pâti de l'effet « Loft Story », puisque la part de
marché - brut Secodip - a baissé pour passer en dessous de la
barre des 18 %, ce qui est un point bas historique.
3. L'évolution de l'audience de France télévision
En principe, à règles du jeu constantes, les recettes publicitaires dépendent de l'audience. De ce point de vue, les données récentes relatives à l'audience de France Télévision, font apparaître un certain tassement, même si les derniers chiffres connus semblent marquer une amélioration.
France 2 est tombée de 20,6 % en janvier 2001 à 20 % de part de marché en août dernier. Mais il faut relever quelques signes encourageants avec les bonnes performances du journal du soir qui a atteint 24,6 % d'audience en septembre, suite au choix d'un nouveau présentateur du soir, alors qu'elle plafonnait à 22 % entre janvier et juin 2001. En revanche, France 3 aurait connu, semble-t-il, quelques déboires le jour du 11septembre, faute d'avoir suivi les évènements de New-York en direct.
C. LES RÉSULTATS FINANCIERS
Tandis
que la situation des sociétés du groupe France
télévision s'améliore sensiblement tout comme celle de
RFI, en revanche on peut avoir quelques inquiétudes en ce qui concerne
RFO.
Les dérapages en matière de coût des grilles que l'on a
remarqués dans un certain nombre de sociétés, sont,
à certains égards, la conséquence de la priorité
accordée par le présent gouvernement aux programmes, qui avec
presque 40 M€ absorbent 42,25 % des
93,4 M€ de mesures
nouvelles prévues au titres du budget pour 2002
.
Ainsi, il faut souligner que de 1998 à 2001, les budgets de programmes
de France télévision et d'Arte ont cru de 5 % en moyenne sur
l'ensemble de la période.
1. Les sociétés du groupe France télévision
L'année 2000 a été marquée par le
changement d'actionnaires des trois chaînes nationales, qui ont vu France
télévision se substituer à l'État dans leur
capital. La réorganisation du groupe a conduit les trois chaînes
à transférer la quasi totalité de leurs participations
à leur société mère, dans le cadre d'un
arrêté du 29 décembre 2000.
Par rapport à 1999, le nouveau groupe peut faire état de bons
résultats financiers : Avec 13,8 Mds de francs, le chiffre
d'affaires du nouvel ensemble est en croissance de plus de 10 %, tandis
que les résultats nets consolidés se sont montés à
255 MF, faisant apparaître une croissance de 219 %.
Ces bons résultats sont la résultante de l'amélioration de
la situation des trois composantes d'un groupe dont les
effectifs
sont
de
6.278 personnes
.
a) France 2
Le
résultat net comptable fait apparaître un
bénéfice de
+
61,3 MF
à comparer aux
quelque -249,9 MF de déficit de l'exercice 1999, qui a
succédé aux faibles excédents de 3,7 et 58,5 MF
enregistrés en 1998 et 1997. Ce résultat est d'autant plus
remarquable qu'il intègre, en raison du
changement du mode
comptabilisation des amortissements dérogatoires,
une charge de
-181,3 MF.
Le résultat d'exploitation s'établit à 206,8 MF,
niveau retraçant le relativement bon comportement du groupe en
matière de recettes publicitaires.
On peut toutefois noter les points suivants plus préoccupants :
-
•
les effectifs moyens permanents continuent d'augmenter :
+ 209 emplois depuis 1997 pour un effectif total fin 1999 de
1 541, 1 582 fin 2000, ce qui marque la poursuite de la tendance
à l'alourdissement des charges de personnels par suite, notamment, de la
réduction du temps de travail ;
• le coût de la grille reprend sa progression avec une croissance de + 9 %, notamment par suite de l'inflation des droits sportifs, ce qui ne laisse pas d'inquiéter si la tendance se confirmait.
En 2000,
le
résultat d'exploitation
reste
négatif
avec
-
36,3 MF
contre -152,9 MF en 1999, amélioration
relative qui tient à la bonne tenue des recettes publicitaires de la
chaîne
.
La situation financière fait apparaître un résultat positif
avec un excédent de 23,8 MF
à comparer au 32,1 MF
dégagés l'année précédente.
Comme pour France 2, on relève une
nette croissance du coût de
la grille,
qui, avec 4,1 MdsF est en croissance de 4,9 %, par suite
des frais de retransmissions sportives. Il faut noter que, dans les
193,5 MdsF d'augmentation globale, le coût des grilles
régionales compte pour 134 MF à rapporter à un
montant global de 1,8 MdsF. France 3 paye ainsi les conséquences
des accords passées à la suite des mouvements sociaux de 1999,
qui se sont traduits par de nouveaux objectifs de diffusion, ainsi que par
l'augmentation des frais de personnels liés à la réduction
du temps de travail, à l'accord sur les intermittents techniques et
à la poursuite du rattrapage salarial vis à vis de France 2.
c) La cinquième
La chaîne, qui a dû restructurer ses services après l'abandon du processus de fusion avec Arte et solder les litiges l'opposant à ses prestataires pour la Banque de programme et de services, a vu ses comptes rester positifs : le résultat d'exploitation s'établit à + 26,7 MF en 2000 . Ces résultats méritent les commentaires suivants :
-
• Avec 441,3 MF,
le coût de la grille est en nette progression
de +4,8 %
;
• Les dépenses de personnel paraissent maîtrisées , mais on remarque que ce résultat est obtenu malgré une augmentation de plus de 20 unités des effectifs qui passent de 173 à 194.
A l'exception de RFO et de la SFP que votre rapporteur spécial évoquera « pour mémoire », les organismes de l'audiovisuel public dégagent des résultats positifs.
a) L'Institut national de l'audiovisuel
Au delà du résultat comptable positif de 7,8 MF contre 5,2 MF l'année dernière , il faut noter que cet organisme qui est le seul organisme de l'audiovisuel public à avoir signé un contrat d'objectifs et de moyens, peut faire état d'évolutions positives :
-
• La maîtrise des charges d'exploitation stabilisées au
niveau de 621,5 MF.
• La bonne tenue des ressources propres qui se situent à un niveau supérieur de 20MF à celui fixé dans le contrat d'objectifs et de moyens et à 2,7 MF au dessus de la performance réalisée en 1999.
• La poursuite de la régression des effectifs qui passent de 1064 à 1026 de 199 à 2000.
Le
résultat budgétaire
est positif avec
+2,6 MF
en
2000 contre 2,1 MF en 1999. Il en est de même du résultat
comptable qui s'établit à 6,1 MF contre 11,3 MF
l'année précédente.
On note les points suivants :
-
• Le souhait d'Arte d'abandonner sa participation dans la chaîne
musicale Mezzo et, corrélativement, de ne pas souscrire à la
prochaine avance en compte courant, dont la chaîne thématique a
besoin en raison de sa mauvaise santé financière ;
• La poursuite de la diminution des charges de personnel de 3,7MF en dépit de l'augmentation de 20 unités de l'effectif moyen pondéré de la chaîne, dû à des décalages d'embauches, dont les effets se feront sentir sur les comptes de 2001
Le
résultat comptable
s'établit à
+1,7 MF
contre -39 MF en 1999 ; ce rétablissement tient, pour une part,
à
la diminution des dotations pour provisions
, que la
société avait dû constituer pour la poursuite de son plan
de modernisation.
En revanche, le résultat d'exploitation reste déficitaire avec
-30,5 MF contre -73,7 MF en 1999. Il faut souligner à cet
égard que les
dérapages en matière de dépenses
de personnel,
déjà remarqués, l'année
dernière, continuent : ces dépenses ont augmenté de
119,1 MF, ce qui marque une accélération de leur croissance
qui atteint +7,5 % contre + 4,4 % l'année
précédente. Cette évolution, plutôt
préoccupante, se retrouve lorsque l'on considère les effectifs,
qui augmentent de 333 unités pour atteindre 3.571 personnes.
d) RFO Réseau France Outre-mer
La société a dégagé un déficit comptable de 41,58 MF très voisin de celui de 45,9 MF, constaté en 1999. On note les éléments suivants :
-
• Par rapport à l'exécution 1999, les
charges de
personnel
progressent de 61 MF, faisant apparaître une croissance de
+8,2 %,
évolution qui reflète l'augmentation de 35
unités des effectifs entre 199 et 2000 ;
• L'augmentation de certains postes de charges, diffusion TDF et satellite, provisions pour congés payés,
• La dégradation de la situation financière qui, par suite de l'accumulation des déficits, se traduit par un solde de trésorerie qui passe de -21,7 MF à -112,6 MF .
L'excédent comptable
se monte en 1999 à
+36,5 MF en 2000 contre +0,3 MF
en 1999 et un déficit
de 8,4 MF en 1998, ce qui traduit l'amélioration continue de la
situation de la société.
On peut noter que les moyens supplémentaires alloués dans le
cadre de la loi de finances rectificative pour 37,9 MF et par
redéploiement interne au ministère des Affaires
étrangères pour 4,5MF, ont été reportés sur
l'exercice 2001 et affectés à des charges de personnels
liées notamment à la réduction du temps de travail. Ces
ressources ainsi dégagées, ont permis le financement de la
première tranche de la licence de diffusion depuis Chypre des programmes
de RMC-MO.
f) Société française de production
P.m.,
votre rapporteur ne peut pas ne pas évoquer, au moment où le
rideau tombe, la triste histoire de la Société Française
de production, qui apparaît rétrospectivement la victime de
l'aveuglement des acteurs de cette tragédie humaine, commerciale et
financière annoncée.
Illusion des concepteurs qui ont cru que ce mastodonte issu de l'ex-ORTF,
pourrait s'adapter et ne serait pas victime des tentations
d'indépendance, que celles-ci aient pris la forme de sous-traitance
à des sociétés privées ou du rapatriement de
certaines productions en interne ; illusion encore des personnels qui,
fiers de leur savoir-faire, n'ont pas vu que le marché de la production
audiovisuelle leur échappait ; aveuglement enfin des gouvernements
qui ont injecté des sommes considérables dans une entreprise qui
ne voulait ou ne pouvait pas s'adapter aux nouvelles formes de concurrence.
Après plusieurs tentatives avortées, le Gouvernement est enfin
parvenu à privatiser ce qui reste d'une société qui
après avoir compté plus de 3000 personnes à sa
création et encore près de 1500 employés en 1991, en a
à peine 580 aujourd'hui. Le 8 octobre dernier, la décision a
été prise : le gouvernement a choisi d'attribuer pour
30 MF la Société française de production (SFP)
à Euromédia, et à M.Vincent Bolloré, au
détriment du projet de Roland Fiszel, PDG de l'entreprise.
Pour ce dernier, la SFP valait au moins 450 MF (68,60 M€) dans la mesure
où elle détient un certain nombre d'actifs dont la valeur
pourrait être non négligeable : les studios de Bry-sur-Marne
(120 MF, 18,29 M€), les studios de Boulogne (80 MF, 12,20 M€), le
site des Essarts-le-Roi (15 MF, 2,29 M€), le catalogue des productions
audiovisuelles (15 MF, 2,29 M€), ou encore les matériels techniques
- cars, régies mobiles, caméras - (60 MF, 9,15 M€), et une
trésorerie nette de 160 MF (24,39 M€). La privatisation de cette
société très déficitaire, s'accompagnera d'un plan
social qui devrait coûter au minimum 48 M€ à l'État et
4,57 M€ à Euromédia.
En vingt-sept ans, la SFP a perdu 2 870 salariés, reçu
plus de
4,5 milliards de francs (0,69 mds€) d'aides diverses
, tandis
qu'elle perd 10 MF de francs par mois. Ces évolutions sont
retracées depuis 10 ans dans les tableaux ci-dessous.
Les deux repreneurs Le groupe Bolloré et Euromédia ont
fondé une structure commune, SFP holding qui détiendra la
société de production. SFP holding sera détenue à
70 % par Euromédia et 30 % par Vincent Bolloré. Celui-ci a pris
également 20 % d'Euromédia.
S'agit-il d'une opération financière ou la reprise s'inscrit-elle
dans le cadre d'un projet industriel ? M.Vincent Bolloré, a
réussi au moyen d'un investissement limité de quelque 20 MF,
à mettre un pied dans le secteur audiovisuel, après les fructueux
échecs des opérations Bouygues et Pathé. Ce qui est
certain, c'est que, sans doute dans la perspective de l'arrivée du
numérique de terre, on voit arriver un nouveau joueur de poids dans le
secteur de la communication.
II. L'ÉVOLUTION DU PAYSAGE AUDIOVISUEL
Votre rapporteur spécial a choisi dans cette partie de développer deux dossiers d'actualité : la situation des chaînes numériques du secteur public face aux opérateurs de bouquets ; l'audiovisuel extérieur, qui pourrait ne pas trouver de véritable cohérence, en dépit de la réforme récente du fonctionnement de TV 5.
A. LE SECTEUR PUBLIC FACE À LA CONCURRENCE EN MODE NUMÉRIQUE
La
saisine par le ministère des finances de la direction de la concurrence
en ce qui concerne la commercialisation du numérique terrestre met
opportunément l'accent sur les problèmes de concurrence dans le
domaine audiovisuel et sur l'arbitrage délicat qu'il convient de trouver
entre le maintien de la compétition et la nécessité de
garantir aux opérateurs la rentabilité de leurs investissements,
faute de quoi le marché ne pourra se développer.
Votre rapporteur spécial voudrait, sans prendre définitivement
position sur le fond, attirer l'attention sur le risque de mise à
l'écart, voire de marginalisation, que court le secteur public sur le
câble et le satellite.
Ce risque constitue d'ailleurs une des raisons essentielles pour lesquelles il
faut que l'on aide le secteur public à se faire une place dominante en
matière de numérique terrestre.
1. Le secteur public victime de pratiques discriminatoires ?
Ce n'est
pas le moindre des paradoxes que de constater que les chaînes de service
public hier considérées comme des atouts pour la
commercialisation des bouquets satellites, pourraient, dans une certaine mesure
du moins, faire les frais des impératifs commerciaux des
opérateurs.
On se souvient que Canal + avait estimé anormal que TPS ait le monopole
des chaînes de service public et n'a eu de cesse que d'y avoir lui aussi
accès. Par ailleurs, si TPS s'est longtemps prévalu de ses liens
avec France Télévision pour résister aux
prétentions de son rival, il semble qu'aujourd'hui, ce bouquet soit
moins enclin à développer l'offre de chaînes de service
public que celles dont il est actionnaire. Ce n'est pas le poids relativement
faible de France Télévision au sein du capital du bouquet qui
peut faire évoluer cette situation.
Tout se passe comme si les opérateurs de bouquet avaient tendance
à privilégier les chaînes dont ils sont éditeurs,
c'est-à-dire les chaînes dépendantes, au détriment
des autres tant en termes de numérotation que de
rémunérations.
Sur le plan commercial, la numérotation est un enjeu essentiel. Sachant
que nombre de télespectateurs ne savent pas composer directement un
numéro de chaîne à deux chiffres sur leur
télécommande, il est essentiel pour une chaîne d'avoir un
numéro de 1 à 9, sous peine d'être relégué
dans les profondeurs du guide des programmes.
En outre, car il y a des degrés au niveau de
l'» exil », à l'intérieur des groupes
constitués par les dizaines thématiques, les chaînes
dépendant de l'opérateur de bouquets sont systématiquement
mieux traitées que les autres.
En termes de rémunérations, la discrimination est encore plus
flagrante. Les chaînes indépendantes sont soit non
rémunérées soit obligées de payer pour
accéder au réseau.
Votre rapporteur spécial a été informé par exemple
de ce que la chaîne Mezzo a vu sa rémunération par auditeur
passer de 2,5 francs en mars 1998 à 1,5 franc en mars 2000
pour être finalement rémunérée sous la forme d'un
forfait annuel encore moins intéressant pour ses auditeurs.
S'agit-il d'une discrimination abusive ou de la traduction commerciale de la
faible audience de la chaîne ? Votre rapporteur spécial
estime que la situation devrait être analysée par le Conseil
supérieur de l'audiovisuel avec le Conseil de la concurrence.
D'une façon générale, la situation des chaînes
publiques apparaît délicate tant sur le plan du câble que du
satellite. En effet, en dépit des obligations légales de
transport, le « must carry », le fait que le secteur public
ne soit pas opérateur exécutif, le conduit à avoir ses
chaînes non historiques reléguées et soumises aux
impératifs commerciaux de ses concurrents : c'est ainsi que la
Cinquième vient d'être dénumérotée pour
laisser la place à une chaîne dépendante.
2. Comment garantir l'accès au câble et au satellite des éditeurs indépendants
Il faut
rappeler que la loi du 30 septembre 1986 modifié par la loi du
1
er
août 2000 prévoit un must carry des chaînes
publiques diffusées en analogique mais pas pour celles diffusées
en mode numérique.
L'article 46 de la loi du 1
er
août 2000 dispose toutefois que
le Gouvernement transmet au Parlement à l'issue d'un délai de
trois ans après l'entrée en vigueur de la présente loi, un
bilan du passage à la diffusion hertzienne terrestre numérique.
Ce bilan présente des propositions portant notamment sur les conditions
d'extension éventuelles du dispositif prévu à
l'article 34-3 et répondant à des missions de service
public.
D'un côté, on peut considérer que l'attitude des
opérateurs privés est légitime dès lors que les
chaînes publiques diffusées en numérique ne
présentent pas le même caractère de service public que
l'offre de base analogique ; de l'autre, on peut estimer que, notamment
lorsqu'il s'agit de chaînes à caractère culturel ou
d'information, les nouvelles chaînes sont le prolongement du service
public et doivent à la fois bénéficier d'un traitement
privilégié et être protégées de comportements
commerciaux discriminatoires.
Il y a là un débat que votre rapporteur spécial souhaitait
ouvrir sans pour autant prendre position sur le fond. Il note toutefois que le
maintien en bonne place de chaînes thématiques du service public
serait sans doute indispensable dans le cas où l'on assisterait à
la fusion des deux bouquets Canal Satellites et TPS.
Surtout dans cette hypothèse, il conviendrait de fixer à un
niveau assez élevé les quotas de chaînes
indépendantes, ainsi que la fixation d'un mode de
rémunération identique pour toutes les chaînes de
même nature, garantissant que les opérateurs du satellite ou du
câble ne favorisent pas abusivement au détriment notamment des
chaînes de service public, les chaînes qu'ils éditent ou
dont ils sont actionnaires.
B. AUDIOVISUEL EXTÉRIEUR : UNE DISPERSION DES MOYENS ?
Dans un
contexte de globalisation rapide du marché audiovisuel mondial,
d'explosion de l'offre - et de la demande - d'images liée à la
compression numérique, le gouvernement a décidé en 1998,
d'accentuer ses efforts en faveur de l'action audiovisuelle extérieure
La démultiplication de l'offre et la globalisation du marché ne
sont pas spontanément des facteurs de diversité. Pour
préserver les conditions de cette diversité, il faut mobiliser
des moyens importants.
L'état des lieux qui va suivre ne convainc pas votre rapporteur
spécial de la parfaite cohérence des moyens
déployés pour assurer une présence audiovisuelle
extérieure française significative
1. Priorité à la culture et aux produits culturels français
Le fondement de la stratégie est moins d'exporter la langue que la culture et l'esprit français : dans tous les pays du monde, l'immense majorité des habitants regardent et écoutent des médias s'exprimant dans leur propre langue. De ce fait, l'exposition régulière de films et de programmes télévisés français doublés ou sous-titrés sur les télévisions nationales, ou le succès au hit parade local d'un artiste français, bénéficient bien davantage au rayonnement culturel et à l'image de modernité de la France que la diffusion d'une chaîne en langue française, accessible à une frange limitée de la population locale, et par nature moins adaptée aux goûts locaux.
RÉCAPITULATION DES MOYENS DE L'ACTION AUDIOVISUELLE EXTÉRIEURE
8
BENEFICIAIRE |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 LFI exécution |
PLF 2002 |
|
RFI
|
715,6
|
746,6
|
721,9
|
737,4
|
763,0
|
763,0
|
812,0
|
Medi 1
|
7,5
|
7,6
|
8,0
|
7,0
|
7,0
|
7,0
|
7,0
|
TV5 |
232,4 |
273,5 |
349,4 |
367,5 |
377,5 |
386,5 |
410,9 |
CFI |
169,6 |
155,9 |
153,0 |
147,7 (3) |
147,7 |
147,7 |
147,7 |
France Télévision |
18,8 |
33,0 (4) |
13,3 |
6,3 |
6,3 |
6,3 |
6,3 |
Diffusion TV Maghreb |
- |
- |
- |
13,0 |
13,0 |
- |
- |
Bouquets satellitaires |
37,0 |
40,1 |
61,0 |
70,1 |
68,1 |
67,9 |
67,9 |
Portinvest (Le Sat) |
10,2 |
12,8 |
20,3 (5) |
12,8 |
12,8 |
10,8 |
10,8 |
Euronews (6) |
24,1 |
21,4 |
21,4 |
21,0 |
21,0 |
21,0 |
21,0 |
Aides à l' exportation |
6,3 |
9,8 |
18,3 |
22,0 |
24,0 |
24,0 |
26,0 |
TOTAL |
1 258,8 |
1 332,0 |
1 398,3 |
1 432,8 |
1 468,4 |
1 468,2 |
1 537,6 |
dotation intégrée à celle de RFI à partir de 2000
2
financée sur le chapitre 42-11 à partir de 1999
3
dont 13,3 MF versés à la Sofirad pour
recapitalisation de sa filiale
4
dont 13,7 MF de droits Tunisie (rattrapage 1993-1997)
5
dont 5 MF versés à CFI pour recapitalisation de sa
future filiale
6
dont 17 MF versés par les actionnaires France 2 et France
3
a) La recherche de coopération avec le secteur privé en matière de satellite
Par
ailleurs, le développement international des grandes entreprises
audiovisuelles ou multimédias participent de la présence
culturelle française à travers le monde : la création
de marques mondialement connues, l'exportation de concepts de chaînes ou
de formats de programmes, la prise de participation dans des réseaux de
distribution locaux sont en effet des enjeux aussi importants que la
présence directe de nos programmes, et en sont
généralement la préfiguration. Sur des marchés
encore émergents, les risques sont élevés, même pour
des groupes privés puissants, et les candidats restent trop peu
nombreux. Pour les encourager, l'intervention des pouvoirs publics a pris
depuis 1998 la forme d'un soutien financier aux chaînes de
télévision présentes dans des bouquets satellitaires
diffusés à l'étranger.
Le ministère des affaires étrangères qui est maître
d'oeuvre de la politique audiovisuelle extérieure, a fait le choix d'un
partenariat avec le secteur privé. Il estime qu'une telle
stratégie représente pour l'État une économie
très substantielle, dans la mesure où la plus grande partie du
risque et des coûts pèse sur les entreprises, l'État ne
couvrant par son aide qu'une part marginale, mais décisive pour les
opérateurs, des déficits encourus.
L'État s'est efforcé de garantir un maximum d'objectivité,
dans le cadre d'une processus de sélection de prendre à sa charge
une partie des frais de diffusion ou de «localisation» (doublage,
sous-titrage) de certaine chaînes françaises désireuses de
conquérir une audience internationale, à charge pour les
entreprises intéressées d'acquérir les droits de
diffusion. Dans ce cadre, une action d'incitation financière,
s'inscrivant dans la durée pour permettre le développement de
projets à moyen terme, a été mise en place à partir
de 1999 sur le budget du ministère des Affaires étrangères
(chapitre 42.14). Les lois de finances 2000, 2001 et 2002 ont reconduit la
ligne «appui aux bouquets satellitaires», support budgétaire
de cette politique.
Ces aides financières directes ont permis d'aider pour leurs
activités à l'international les diffuseurs suivants : Canal+
Horizons, filiale de Canal+ (Afrique, bassin méditerranéen,
Océan indien) ; les chaînes musicales MCM et Muzzik (Europe,
Maghreb, Asie, Amérique latine); certaines chaînes de la
société Multithématiques (Planète, Seasons,
Ciné Classics, Ciné Cinémas) pour leur diffusion en
Pologne, Allemagne, Espagne, et Italie ; l'opérateur de bouquets
Média Overseas pour l'internationalisation des bouquets Canal Satellite
dans les Caraïbes, dans l'Océan indien, dans le Pacifique ; le
bouquet TPS pour encourager la diffusion élargie de certaines
chaînes dans la zone Maghreb, Proche-Orient, Europe centrale et orientale
; Canal+Polska et ses chaînes thématiques Minimax et AleKino en
Pologne et en Hongrie et enfin, le lancement de déclinaisons
internationales de Paris Première et de Canal J/Tiji.
APPELS A PROJETS : CHAINES CANDIDATES ET RETENUES
|
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Dossiers présentés |
AB Sat
(Zik)
|
AB Sat
(Moteurs)
|
AB Sat
(Moteurs)
|
Berbère Radio TV
|
Dossiers
|
Canal+
Horizons
|
Canal+
Horizons
|
Canal+
Hongrie Canal+ Horizons
|
à l'étude |
S'agissant d'une politique qui ne peut s'inscrire que dans la
durée, le ministre des Affaires étrangères a pris
l'engagement politique d'inscrire ce soutien public dans une certaine
durée, sans préjudice du respect des règles de
l'annualité budgétaire. Cet engagement est cependant assorti de
deux principes, qui guident les décisions du ministère quant aux
montants accordés :
- le soutien est dégressif, pour un périmètre d'action
donné ;
- le soutien accordé doit jouer un rôle déterminant dans la
décision de l'opérateur considéré, qu'il s'agisse
de lancer un nouveau projet, de poursuivre une expérience qui reste
déficitaire, ou dans celle de proposer une programmation à
contenu français significatif, qui n'est pas nécessairement la
plus facile à imposer sur un marché étranger.
Sur ce dernier point, les différents dossiers retenus depuis
1999
8(
*
)
présentent des profils divers,
liés à la taille des entreprises considérées et
à l'ampleur du risque afférent à leurs projets. Trois cas
de figure peuvent être ainsi distingués :
- des projets qui n'auraient pas vu le jour sans l'impulsion publique :
création de Paris Première International et de Tiji, extension
des zones de diffusion de TPS et des bouquets Média Overseas ;
- des projets plus anciens, à fort impact culturel, qui sont
extrêmement lourds et n'ont pas encore atteint la rentabilité, et
qui, de ce fait, risquaient d'être remis en cause par leurs actionnaires
: MCM International, Canal+ Horizons ;
- des projets lancés sans soutien public, mais qu'un tel soutien, pour
marginal qu'il soit dans leur économie, permet d'orienter vers une
programmation minimale de contenus français, qui n'aurait pas
été spontanément aussi élevée : Canal+
Pologne, chaînes éditées par Multithématiques.
Depuis plusieurs années Arte et La Cinquième
bénéficient d'une contribution publique (redevance) pour leur
diffusion analogique en clair sur le satellite Hotbird 4. On note que pour la
première fois en 2001, le groupe France Télévision a
déposé un dossier de candidature, actuellement à
l'étude.
b) Le cas particulier de l'Afrique subsaharienne
En
Afrique subsaharienne, où le marché de la
télévision par satellite reste beaucoup moins
développé que sur les autres continents, et compte tenu des
fortes attentes du public et de la position privilégiée que la
France se doit de préserver dans cette zone, les pouvoirs publics ont
choisi une approche plus volontariste. A défaut de pouvoir inciter des
chaînes françaises à rejoindre des bouquets
régionaux qui n'existaient pas, il a été
décidé de prendre l'initiative de constituer un bouquet
satellitaire francophone, dont la gestion a été confiée
à un opérateur subventionné à cet effet sur fonds
publics.
Ce bouquet, dénommé «Le Sat» (Satellite Afrique
Télévision), est géré depuis fin 1997 par
Portinvest, filiale de la Sofirad, puis du fait de la disparition
programmée de cette dernière, filiale de CFI depuis juin 2000. Le
Sat bénéficie depuis sa création d'une subvention publique
couvrant le coût de location d'un transpondeur numérisé sur
le satellite Intelsat, les recettes d'abonnement, défalquées des
reversements aux chaînes, devant couvrir en principe l'ensemble des
autres dépenses de Portinvest.
Le Sat propose actuellement CFI-TV, TV5-Afrique, Canal+ Horizons, MCM Africa,
Planète, Mangas, Euronews, RTL9, Tiji et Festival, ainsi que plusieurs
chaînes de radio. Il touche environ 75 000 foyers le recevant par
réseaux MMDS, câble, ou en réception directe et
connaît une progression régulière, accentuée depuis
sa reprise par CFI.
Les négociations menées actuellement avec les ayants-droit
concernés laissent espérer l'intégration prochaine de
France 2 et de Arte/La Cinquième au bouquet, ce qui permettrait à
ce bouquet de mieux faire face à son concurrent Sud africain Multichoice.
Par ailleurs, souhaitant redéfinir sa stratégie sur le continent
africain en raison des pertes importantes subies par Canal+ Horizons, le groupe
Canal+ a informé le ministère des Affaires
étrangères de son intention de lancer une offre commerciale
numérique sur la zone à partir d'un satellite en bande KU
(réception directe par petites antennes), sur le modèle qui
réussit fort bien dans les DOM-TOM. Compte tenu de cet
élément nouveau, une réorganisation du dispositif public,
visant à optimiser la présence audiovisuelle française
dans la région, est envisagée et fait l'objet actuellement de
discussions avec ce groupe privé.
Les opérateurs privés estiment que l'État devrait
reconnaître officiellement l'exportation des images françaises
comme une priorité de service public, financée
intégralement sur fonds publics, pour les raisons suivantes :
- un retour sur investissement long et incertain, certains estimant même
que la rentabilité de cette forme d'exportation est loin d'être
acquise, y compris à terme : les opérateurs privés ont
donc appelé les pouvoirs publics à ne pas interrompre les aides
« au milieu du gué », alors même que plusieurs
entreprises (Canal+, Lagardère, Médias Overseas, Paris
Première, ....) ont fait le pari risqué de l'international, en
intégrant pour certaines d'entre elles l'engagement moral de
l'État à les accompagner sur plusieurs années ;
- la contrainte croissante que représente l'acquisition des droits de
diffusion, qu'il s'agisse de son coût, de sa complexité, ou
même, dans certains cas, de leur inaccessibilité quand les droits
sur certains territoires ont déjà été
cédés. A l'inverse, le coût du transport satellitaire a
plutôt tendance à décroître, au moins relativement.
De ce fait, les chaînes estiment aujourd'hui que le soutien
accordé au seul transport satellitaire est trop limitatif et ne
correspond pas à leurs besoins réels : une aide à
l'acquisition des droits est désormais jugée indispensable.
Dans ce contexte, les moyens mis en oeuvre restent modestes au regard des
objectifs affichés. De ce point de vue, alors que l'importance des
enjeux a été reconnue par tous, le choix d'un partenariat avec le
secteur privé représente pour l'État une économie
très substantielle, dans la mesure où la plus grande partie du
risque et des coûts pèse sur les entreprises, l'État ne
couvrant par son aide qu'une part marginale, mais décisive pour les
opérateurs, des déficits encourus.
En définitive, le ministère des Affaires
étrangères, considérant que la période
écoulée n'était pas suffisante pour tirer des conclusions
définitives, a décidé de maintenir le système
d'aide mis en place en 1998 et de poursuivre son action de persuasion
auprès des opérateurs français. Un nouvel appel à
projets a donc été lancé pour l'année 2001 dans des
conditions globalement analogues aux années antérieures. Les
dossiers des opérateurs candidats sont actuellement à
l'étude.
c) La volonté d'assurer une présence audiovisuelle en langue française
La
France a l'ambition d'assurer, a minima, la présence d'une chaîne
de télévision (TV5) et de radio (RFI) partout dans le monde, d'un
accès le plus facile et le moins coûteux possible pour le public.
Mais, sans doute parce que le ministère considérait qu'il avait
quelque retard à rattraper, il est clair que la télévision
a été privilégiée au détriment de la radio.
TV5 bénéficie ainsi depuis quatre ans d'un effort
budgétaire soutenu du ministère des Affaires
étrangères (+ 78% entre 1998 et 2002), qui lui a permis de
moderniser son antenne début 1999, avec pour conséquence une
certaine progression de l'audience dans toutes les zones sous
responsabilité du pôle parisien de la chaîne.
Parallèlement, se fondant sur ces résultats positifs, la France
s'est efforcée depuis deux ans de regrouper à Paris une direction
mondiale unique pour mettre un terme aux lourdeurs et au manque
d'efficacité de la gestion bipolaire (Paris-Montréal)
antérieure. La création de TV5 Monde en juin 2001 est
l'aboutissement de ces efforts et doit permettre à la France d'exercer
à l'avenir une responsabilité élargie, à la hauteur
des moyens investis, sur la chaîne francophone.
Pour sa part, RFI poursuit, dans un contexte budgétaire peu favorable,
la mise en oeuvre des priorités définies en 1996 : recherche
d'alternatives à l'onde courte (FM, internet), numérisation de la
production et de la diffusion, adaptation des émissions en langues
étrangères. Au total, l'effort de développement des
dernières années permet à RFI d'aborder l'an 2001 fort
d'un réseau de 81 relais FM ou AM en propre, 200 accords de reprise par
des radios partenaires à l'étranger et 20 locations satellitaires
lui permettant de couvrir l'ensemble de la planète. On notera que la
licence d'émission en ondes moyennes à partir de Chypre de RMC
Moyen-Orient, filiale arabophone de RFI, vient d'être renouvelée
pour 10 ans : cet investissement de 18 MF sur trois ans est essentiel dans le
contexte géopolitique actuel.
En complément de TV5 et de RFI, et dans certains cas, quand la
géographie l'impose, à leur place, cette mission de
présence mondiale peut être remplie par d'autres opérateurs
: CFI, qui, compte tenu de l'ampleur de la demande de programmes
français en Afrique, a maintenu une chaîne grand public dans cette
zone sous le nom de CFI-TV, chaîne tournée vers les jeunes urbains
et qui rencontre un très grand succès ; RFO autour des DOM-TOM ;
les chaînes nationales de Radio France, France Télévision
ou Arte dans la zone de couverture des satellites européens.
2. Des chaînes françaises pourtant moins visibles que celles d'autres grands pays européens
Au vu de
son expérience personnelle, votre rapporteur spécial estime
pourtant qu'en dépit de tous ces efforts, la France a moins de
visibilité que certains autres pays, qu'il s'agisse de l'Angleterre,
bien sûr mais aussi de l'Allemagne et même de l'Italie et de
l'Espagne.
L'état des lieux des chaînes chaînes de
télévision françaises disponibles à
l'étranger (septembre 2001) se présente de la façon
suivante :
a) Europe
Le
satellite Télécom 2C, qui diffuse en analogique clair l'ensemble
des chaînes hertziennes nationales avec l'objectif de couvrir les zones
d'ombre du territoire français, constitue
de facto
, de par sa
zone de couverture assez large, un bouquet qui peut être facilement
reçu par les particuliers en Europe occidentale et dont certaines
chaînes sont reprises sur des réseaux câblés (TF1 au
Danemark, M6 en Roumanie, et même l'ensemble des chaînes à
Moscou). L'absence de droits hors France pour la reprise de ces chaînes,
ajouté au fait que Télécom 2B ne diffuse que des
chaînes en français et a donc un parc de réception
relativement restreint, limite cependant le nombre de ces reprises, en
comparaison notamment de celles des chaînes nationales italiennes
(à partir de Hot Bird) ou allemandes (à partir d'Astra).
D'où l'idée trop répandue que les chaînes allemandes
et italiennes sont omniprésentes et les chaînes françaises
invisibles... On notera au passage que les chaînes nationales
britanniques et espagnoles (à l'exception de certaines chaînes
régionales de second ordre) sont totalement inaccessibles en dehors de
leur territoire, contrairement à une autre idée reçue.
Notons cependant que tant la TVE que la BBC émettent en clair un
programme spécialement fabriqué pour l'international, à
l'image de TV5 : (TVE Internacional en clair, BBC World en clair et BBC Prime
en crypté).
Sur les satellites Hot Bird (13° Est) qui couvrent l'Europe et le bassin
méditerranéen sont présentes :
- en analogique clair : TV5-Europe, Arte (en français et en allemand) et
La Cinquième (sur le même canal).
- en numérique crypté : MCM, Muzzik, Paris Première
International, la chaîne pour enfants Tiji et Canal+ Horizons.
- en numérique clair: TV5-Europe, Arte en français et allemand
Euronews (cette dernière en 6 versions dont le français), Fashion
TV, Liberty Tv et Atlas Tv et une vingtaine de radios en clair.
Sur les satellites Astra (19,2° Est) sur l'Europe sont présentes :
- en analogique clair Arte en allemand à destination de l'Allemagne et
des pays de l'Est ;
- en numérique clair : Euronews, Arte, La Cinquième, TV5
France/Belgique/Suisse, TV 5-Europe, Fashion TV, La chaîne Parlementaire,
Moteurs, Motors Tv , Zik, KTO, Liberty Tv.com, Wishline, Atlas TV, Home
shopping Europe ainsi que une quarantaine de radios françaises.
Certaines de ces chaînes participent par ailleurs à des bouquets
numériques français (TPS sur Hot Bird et/ou Canal Satellite sur
Astra) ou étrangers : Canal Satellite digital en Espagne (TV5-Europe,
Muzzik, Euronews, Fashion TV) ; D+ en Italie (TV5-Europe, Euronews, Fashion
TV); Cyfra + en Pologne (TV5-Europe, Muzzik, MCM, Euronews, Fashion TV) ; Canal
Digitaal aux Pays Bas (Muzzik, Fashion TV, Euronews) ; Le Bouquet en Belgique
francophone (Muzzik) ;
On notera que le groupe français Canal+ est opérateur de ces
bouquets. Il mène par ailleurs, à travers sa filiale
Multithématiques, une politique de déclinaison de ses
chaînes nationales (Planète, Seasons, Ciné Classics,
Ciné Cinémas) afin de les adapter aux différents
marchés (doublage essentiellement).
D'autres bouquets étrangers accueillent également des
chaînes françaises : -YES (TV5-Europe, MCM, Muzzik) en
Israël; NTV + en Russie (TV5-Europe, Euronews, Muzzik, Fashion TV) ;
Digitürk en Turquie (TV5-Europe, MCM, Muzzik, Euronews Fashion TV) ; Wizja
TV en Pologne (TV5-Europe, Fashion TV,Euronews) ; Stream en Italie (Euronews,
Fashion TV) ; Lumières à Chypre (MCMI) ; ZDF-Vision en Allemagne
(Euronews); Sky Digital au Royaume Uni (Euronews, Fashion TV); NOVA (Euronews)
et OTE (MCM, Muzzik) en Grèce.
b) Maghreb
Le
Maghreb est couvert par le satellite Hot Bird mais il convient également
de noter l'impact du satellite Télécom 2C qui permet aux
téléspectateurs d'une partie du Maghreb (hors Maroc), avec des
équipements de réception peu onéreux, de recevoir en clair
TF1, France 2, France 3, M6, Arte, la Cinquième et le signal
France-Belgique-Suisse de TV5, ainsi que Canal+ en crypté.
De même, le bouquet français TPS sur Hot Bird n'est pas
officiellement en vente au Maghreb mais l'existence d'un marché
« gris » rend le produit assez répandu dans cette
zone, notamment au Maroc qui ne bénéficie pas de l'effet
Télécom 2C. Le passage du transpondeur diffusant France 2, France
3, Eurosport (en français) et LCI en mode wide beam - effectif depuis
décembre 2000 - devrait encore renforcer ce marché.
Par ailleurs, MCM, Odyssée, Télétoon et Festival sont
commercialisées au Maroc et en Tunisie dans le cadre du bouquet ART
(Arab radio and Television) qui propose aussi des chaînes
thématiques en arabe.
Une des difficultés à régler serait selon les informations
portées à la connaissance de votre rapporteur, serait de
gérer l'arrêt programmé du satellite Télécom
2C, à la suite duquel une partie de la population de la zone perdrait
cet accès commode et bon marché aux chaînes
françaises.
c) Proche et Moyen-Orient
Le
bouquet présent sur Télécom 2C n'est accessible que par
l'intermédiaire d'antennes de grande dimension, ce qui exclut les
particuliers. En revanche, certaines chaînes de ce bouquet sont reprises
sur des réseaux câblés au Liban (dans des conditions
juridiques douteuses).
Le Proche-Orient est couvert par le satellite Hot Bird, avec les mêmes
effets que sur le continent européen (voir ci-dessus).
Par ailleurs, sur l'ensemble de la zone, TV5-Orient est diffusée en
analogique clair sur le satellite Arabsat et TV5-Europe en numérique sur
le satellite égyptien Nilesat. Euronews est également
présente sur ces deux satellites.
MCM est par ailleurs la seule chaîne française à faire
partie des bouquets First Net, Al Awael et Pehla du groupe ART sur Arabsat aux
côtés de chaînes arabes et américaines.
d) Asie
TV5-Asie, est présente aux côtés d'autres
chaînes européennes (Deutsche Welle, RTVE, RAI) sur le satellite
Asiasat 2 en numérique. TV5-Asie est en outre présente en
analogique sur le satellite indonésien Palapa qui dessert l'Asie du Sud
Est et le nord de l'Australie. MCM a pour sa part migré du satellite
Asiasat 2 vers le satellite Intelsat 704.
Ces chaînes mènent des négociations avec les
différents bouquets existants ou en cours de constitution dans la zone,
avec à ce jour les résultats suivants : en Thaïlande dans le
bouquet UBC (TV5-Asie, MCM et Fashion TV) ; en Indonésie dans le bouquet
Indovision ( TV5-Asie, MCM, Fashion TV) ; en Australie dans le bouquet Tarbs
(MCM) LBS (TV5 Asie); - en Nouvelle-Zélande, dans le bouquet Sky
Télévision (MCM, Fashion TV) ; à Taiwan dans les bouquets
PDMC et Média Méga pour TV5-Asie et PDMC, Pacific
Multimédia et C Sky Net pour MCM et Fashion TV ; - à Hong-Kong
dans le bouquet Star TV (Fashion TV).
Enfin Médias Overseas commercialise une partie du bouquet Canal
Calédonie en Australie sous le nom «Le bouquet
français » et au Vanuatu (TV5-Europe, MCM, RTL9, Euronews, RFM
TV et RFO Sat, ainsi que la radio Europe 1). 85% des Australiens y ont
accés avec des antennes de 90 cm à 1,20 m.
Votre rapporteur spécial a pu constater par lui même que la
présence des images françaises était quelque chose de
largement théorique notamment pour TV 5 qui lui est apparue lors de son
passage dans la zone n'occuper qu'une position tout à fait marginale.
e) Amérique latine / Caraïbes
TV5-ALC,
présente en Amérique latine en numérique sur un satellite
Panamsat, participe au bouquet Sky au Mexique, au Brésil et en Colombie
; au bouquet DirecTV au Brésil, en Argentine et au Chili ainsi qu'au
bouquet TecSat au Brésil.
MCM, diffusée sur l'Amérique latine par Intelsat, est
présente au Brésil dans le bouquet numérique TecSat et en
Colombie dans la plateforme TV Cable.
Multithématiques a racheté la chaîne brésilienne
Eurochannel, qui diffuse 20 heures quotidiennes de programmes européens
et notamment français en version originale sous-titrée sur les
bouquets numériques brésiliens, et qui va être
adaptée pour les marchés hispanophones d'Amérique du Nord
et du Sud.
Par ailleurs, Médias Overseas commercialise un mini bouquet issu de
CanalSatellite Antilles (TV5-Europe, Euronews, RFO-Sat...) à Haïti
et Saint Domingue, et depuis décembre 2000 au Venezuela.
La chaîne Paris Première, qui a lancé courant 2001 une
version internationale de son programme, est présente pour sa part sur
le continent américain via le satellite Panamsat 9. Elle mène
actuellement des négociations afin que les opérateurs de
câble et de bouquets satellitaires reprennent Paris Première
International, notamment en Amérique latine.
f) Amérique du Nord
TV5-USA
est diffusée sur les États-Unis par le bouquet satellitaire de
télévision directe Echostar. La chaîne est essentiellement
commercialisée à la carte à destination des foyers,
francophones principalement (8 000 abonnés actuellement). Une
sélection des programmes de la chaîne (2 heures par jour) est par
ailleurs proposée, via le bouquet International Channel, à 10
millions de foyers américains.
Au Canada, TV5-Québec-Canada présente sur le satellite Anik F1
est reprise dans les bouquets numériques Starchoice et Expressvu. RFO
Saint-Pierre et Miquelon est reprise - dans des conditions juridiques
contestées par les ayants droit français - par le bouquet
numérique Starchoice. Cinq chaînes thématiques (Paris
Première, Muzzik, Planète, Tropic et Euronews) ont obtenu une
licence du CRTC pour rejoindre les bouquets canadiens.
g) Afrique / Océan indien
TV5
Afrique en analogique et CFI-TV en numérique sont diffusées en
analogique clair sur le satellite NSS 803.
Le Sat, déjà mentionné lancé en 1997,
présent également sur NSS 803, propose actuellement en
numérique CFI-TV (clair), TV5-Afrique (clair), Canal+ Horizons, MCM
Africa, Planète, RTL9, Euronews, Mangas, Festival, Tiji. Avec 75 000
foyers le recevant par réseaux MMDS, câble, ou en réception
directe actuellement, le bouquet enregistre une progression de 35% en un an.
TV5-Afrique (depuis 1995) et Canal+ Horizons (depuis 1996), ainsi que Fashion
TV font partie du bouquet numérique Multichoice appartenant au groupe
sud africain Nethold et commercialisant 30 chaînes (dont BBC, Voice of
America) dans le sud du continent africain.
Enfin, Médias Overseas commercialise à Madagascar et Maurice une
quinzaine de chaînes du bouquet Canal Satellite Réunion,
lancé en novembre 1998. Des négociations sont en cours pour les
Seychelles.
3. La réforme de TV5
L'exécution du budget 2000 s'est réalisée
conformément aux prévisions et se conclut par un résultat
positif de 0,05 million d'euros (0,3 MF). La réalisation nette des
ressources propres fait apparaître une plus-value par rapport au budget,
puisqu'elle s'élève à 3,37 M€(22,1 MF), soit + 0,50
million d'euros (3,3 MF) par rapport au budget 2000. Ce résultat est
lié à l'introduction d'écrans publicitaires sur les
antennes de TV5.
Ainsi, TV5 a bénéficié en 2000 de 67,26
M€(441,2 MF) de ressources, initialement budgétées
à 66,82 M€(438,3 MF). Ces financements proviennent à hauteur
de 56,03 M€(367,5 MF) de la France, de 3,37 M€(22,1 MF) de ressources
propres, et de 7,87 M€(51,6 MF) des partenaires non français.
a) L'organisation
Il
convient de rappeler que Satellimages-TV5 gère à la fois les
frais communs de diffusion de ses signaux dont le financement est
partagé entre les partenaires, et les frais spécifiques de la
France, représentant notamment les coûts de programmes
français. En revanche, les frais spécifiques de mise à
disposition de programmes par les partenaires non français
n'apparaissent pas dans le budget de Satellimages-TV5.
Ainsi que le prévoyait le plan d'entreprise triennal, TV5 a
achevé en 2000, la mise en place de son dispositif technique de
diffusion tout numérique, lui permettant de diffuser 5 signaux
régionalisés, de façon à ajuster l'offre de
programmes aux attentes des publics de chaque zone. La régionalisation
permet, par ailleurs, d'offrir des programmes forts (films, football) sur
certaines zones (Afrique, Orient, Asie, Amérique Latine et
États-Unis), alors qu'ils sont indisponibles sur l'Europe ou
financièrement hors de portée.
L'information est devenue depuis deux ans la colonne vertébrale de la
chaîne. TV5 assure une veille rédactionnelle 24 heures sur 24, et
diffuse sur l'ensemble de ses signaux, un journal à chaque heure
ronde : les journaux des télévisions partenaires sont
diffusés à un horaire très proche de la diffusion sur leur
chaîne d'origine, afin de leur conserver toute leur pertinence. La
rédaction de TV5 actualise l'information par des éditions de 2'30
ou de 12' à toutes les autres heures de la journée, et apporte
des « regards croisés » sur l'actualité
mondiale par la confection du « journal mondial des
journaux » qui met en perspective l'actualité vue par les
différentes rédactions partenaires, et par la production de
« Kiosque », où s'échangent les points de vue
des représentants de la presse étrangère à Paris.
En 2000, la chaîne a accentué ses efforts pour rendre ses
programmes accessibles à un nombre croissant de
téléspectateurs en introduisant, à côté du
sous-titrage en français, le sous-titrage de fictions en allemand,
suédois, et néerlandais sur l'Europe, en anglais sur l'Asie, et
en arabe sur l'Orient.
Le dispositif satellitaire de TV5 s'est amélioré en 2000,
grâce à la montée de TV5 Europe en numérique sur
Astra qui permet à plusieurs bouquets numériques en Europe de
reprendre le signal de TV5.
L'année 2001 est, pour TV5, une année charnière, car c'est
celle au cours de laquelle se concrétisent les modifications de
structure qui se sont négociées depuis plusieurs mois entre les
gouvernements partenaires de TV5. En vertu des décisions prises au mois
de juin 2001, la date d'effet des modifications intervient au 1er août
2001.
b) Les objectifs de la nouvelle organisation de TV5
La
principale avancée attendue par TV5 depuis un an était du ressort
des gouvernements bailleurs de fonds de TV5 qui, en octobre 2000, lors de la
Conférence de Vevey ont décidé le principe d'une
réforme globale du dispositif TV5.
Il s'agissait de pouvoir s'appuyer sur une structure unique, pour des raisons
à la fois d'efficacité et d'indispensable cohérence de
l'image de la chaîne partout dans le monde.
La détermination du gouvernement français, jointe au consensus
européen (France / Communauté Française de Belgique /
Suisse) et à la qualité des solutions proposées, a abouti
à la décision conjointe de l'ensemble des Ministres en charge de
TV5 de transférer à Paris les signaux dédiés aux
États-Unis ainsi qu' à l' Amérique Latine, et de les
placer sous la responsabilité de la société
européenne, rebaptisée TV5 Monde.
Les conséquences de l'accord résident donc principalement dans le
regroupement au sein du pôle parisien, de tous les signaux TV5, à
l'exception du signal TV5 Québec-Canada dont la gestion est maintenue
à Montréal du fait des conditions favorables liées
à la licence domestique canadienne.
Par ailleurs, pour répondre à un souci de cohérence
globale et de simplification , la répartition des contributions des
partenaires aux frais communs de l'ensemble des signaux correspond
dorénavant à la composition de l'actionnariat et à la
représentation au Conseil d'Administration de TV5 Monde.
A compter du 1er août 2001, date de prise d'effet de la réforme,
l'effort contributif global de la Suisse et de la Communauté
Française de Belgique, maintenu à son niveau actuel, est
considéré comme le neuvième de base. Les contributions du
Québec et du Canada sont alignées sur celles des autres
partenaires.
Le Québec-Canada finançait jusqu'ici 35 % de TV5
Amérique latine et 30 % de TV5 USA, la France finançait
50 % de ces signaux, la Suisse et la CFB contribuaient chacune à
hauteur de 7,5 % pour l'Amérique Latine et 10 % pour le
États-Unis.
Le rééquilibrage des pouvoirs dans TV5 États-Unis et TV5
Amérique latine a pour conséquence de ramener la part de
financement du Québec-Canada au même niveau que celle de la
Communauté Française de Belgique ou que la Suisse.
La France, désormais majoritaire sur l'ensemble du dispositif, finance
6/9èmes du budget (frais communs) et détient 6/9èmes du
capital.
Les radiodiffuseurs français disposent de 6 sièges au Conseil
d'administration de TV5 Monde. La Suisse, la Communauté Française
de Belgique, et le Québec-Canada (comptant pour un partenaire) qui
participent pour chacun à 1/9ème du capital, disposent chacun
d'un siège au Conseil. A noter que le siège du
Québec-Canada est alternativement occupé par Radio-Canada ou
Télé-Québec, le radiodiffuseur non titulaire assistant au
Conseil en tant qu'observateur.
Le CIRTEF (Conseil International des Radios - Télévisions
d'Expression Française), qui gère une partie du budget de TV5
Afrique pour la remontée d'images du Sud, siège désormais
au Conseil d'administration. de TV5 Monde en qualité d'observateur. Le
Président du Conseil d'Administration de TV5 Monde, qui est
également Président-Directeur général, est
nommé, pour un mandat de trois ans renouvelable, par le Conseil
d'administration, après concertation approfondie entre les gouvernements
partenaires. Une procédure de sonnette d'alarme doit être mise en
place afin de permettre un recours à un partenaire s'estimant gravement
lésé par une décision. La responsabilité de la
composition de la grille de programmes relève explicitement du PDG,
après examen des grandes orientations de la programmation par le Conseil
d'administration.
Les radio diffuseurs des pays partenaires sont appelés à fournir,
libres de droits, les programmes représentatifs du meilleur de ce qu'ils
diffusent sur leurs territoires nationaux respectifs. La programmation repose
sur la qualité et la pertinence des programmes, qui doivent
représenter la diversité culturelle, en valorisant notamment la
présence du Sud, et viser à un équilibre entre les
différentes origines, mais sans la contrainte de quotas.
La société TV5 Amérique Latine, société de
droit canadien, doit être dissoute et ses droits et obligations sont
dévolus à TV5 Monde. La société TV5 USA,
société de droit américain, est maintenue, mais doit
devenir filiale à 100 % de TV5 Monde. Quant à TV5
Québec-Canada, il devient totalement autonome dans son administration et
son financement. Le Consortium de Télévision du Québec et
du Canada, qui gère ce signal, est désormais intégralement
financé par les gouvernements du Québec et du Canada et par le
produit des abonnements perçus sur ces territoires. Les partenaires
européens continuent à fournir, libre de droits, 85 % de la
programmation de ce signal. La gestion de cet apport en programmes demeure sous
la responsabilité de TV5 Monde.
Au niveau des financements, chaque pays partenaire prend en charge, outre les
frais communs évoqués plus haut, les coûts de
libération et d'acquisition de ses programmes nationaux sur financements
spécifiques.
Jusqu'ici, le coût des acquisitions pour les signaux États-Unis et
Amérique Latine (essentiellement de programmes français)
était partagé entre les différents partenaires : la
France y contribuait à hauteur de 50 % . Elle en supporte
désormais intégralement le coût. De ce
rééquilibrage entre pouvoirs et financements découle un
rééquilibrage dans la présence des programmes sur les
antennes de TV5 au profit de la France , notamment sur les grilles
américaines.
c) Les conséquences budgétaires
La
première période, du 1er janvier au 31 juillet 2001, se
déroule selon le dispositif antérieur : Satellimages-TV5 a
en charge la gestion des 5 signaux : TV5 Europe, TV5
France-Belgique-Suisse, TV5 Afrique, TV5 Asie et TV5 Orient. Par ailleurs,
Satellimages-TV5 contribue au financement de TV5 Québec-Canada, TV5
États-Unis et TV5 Amérique latine, gérés par
l'opérateur montréalais.
À compter du 1er août 2001, Satellimages-TV5, rebaptisée
TV5 Monde, devient l'opérateur de l'ensemble des signaux, à
l'exception du signal TV5 Québec-Canada qui, du fait des conditions de
la licence domestique accordée par l'instance de régulation (le
CRTC), demeure sous l'entière responsabilité de
l'opérateur canadien. Le transfert à Paris des signaux
États-Unis et Amérique latine s'accompagne, dès lors,
d'une modification des structures juridiques et des modalités de
financement de TV5.
Le nouveau budget annuel pour 2001 s'élève désormais
à 73,096 M€ (479, 481 MF), dont 40,646 M€ (6, 623 MF)
pour la période du 1er janvier au 31 juillet 2001, et 32,45 M€
(12, 858 MF) pour la période du 1er août au
31 décembre 2001.
On note qu'un déficit budgétaire au 31 juillet 2001 est apparu
sur les programmes. Il est, pour une large part, dû à une
régularisation sur deux années antérieures, de droits
phonographiques et vidéographiques (0,46 millions d'euros/3 MF).
Mais, en tout état de cause, des tensions apparaissent sur le budget des
droits du fait de l'augmentation substantielle des tarifs
réclamés par les sociétés représentant les
éditeurs de vidéogrammes. TV5 a, en conséquence,
décidé de diminuer de manière très significative le
volume de clips de chansons françaises et francophones diffusés
sur ses antennes à partir de la rentrée de septembre.
Les tensions sur le budget d'acquisitions de programmes, notamment les films
cinéma, risquent, en revanche, de s'accentuer. La programmation
cinéma s'est effectuée en 2001 par prélèvement
massif sur les stocks constitués fin 2000 sur ressources non
reconductibles. Le budget d'acquisition 2001 ne permet donc pas de reconstituer
les stocks de films, ni de poursuivre l'effort qualitatif entrepris en 2001.
d) Les perspectives pour 2002
En 2002,
TV5 s'est vu confier la mission ambitieuse de réussir la
pénétration du marché télévisuel aux
États-Unis, marché particulièrement difficile où
les canadiens ont connu un échec relatif. Le grand chantier du second
semestre 2001 et de l'année à venir, en terme d'extension de
diffusion, sera incontestablement celui des États-Unis pour TV5,
rebaptisée TV5 Monde depuis la réforme voulue par les
gouvernements bailleurs de fonds de la chaîne . Jusqu'il y a peu, les
téléspectateurs des États-Unis n'avaient accès au
signal de TV5 qu'au travers du bouquet crypté distribué en
réception directe par le satellite Echostar 2. Au bout de trois ans
d'activité, le nombre de foyers abonnés n'était que de
8000.
Aujourd'hui, le câble numérique apparaît comme le vecteur de
développement incontournable pour TV5. A ce jour, TV5 Monde compte 13
contrats finalisés ou en cours de finalisation. Sur base des documents
remis par l'agent de TV5, International Channel , l'état des
négociations est le suivant :
Classement |
Opérateurs |
Foyers
abonnés
|
dont Foyers numériques |
Contrats |
||
|
|
|
|
|
||
1 |
AT&T |
15,9 |
3,125 |
finalisé |
||
2 |
AOL Time Warner |
12,9 |
2,2 |
finalisé |
||
3 |
Comsat |
7,73 |
1,56 |
finalisé |
||
4 |
Charter Com |
6,35 |
1,34 |
à finaliser |
||
5 |
Cox Com |
6,2 |
0,96 |
à finaliser |
||
6 |
Adelphia |
5,72 |
1,2 |
à finaliser |
||
7 |
Cablevision |
2,97 |
|
à finaliser |
||
8 |
Insight |
1,41 |
0,183 |
|
||
9 |
Mediacom |
0,777 |
0,053 |
|
||
10 |
Cable One |
0,768 |
0,104 |
|
||
|
TOTAL |
60,725 |
10,725 |
|
||
Les 7 premiers |
Sous TOTAL |
57,77 |
10,385 |
|
||
Source: Broadcasting & Cable 4 Juin 2001 |
|
TV5
doit, par ailleurs, consolider sa présence en Amérique Latine et
y maintenir le niveau des recettes liées aux abonnements (plus de 1,07
millions d'euros) (7 MF) alors que ce continent subit actuellement une grave
crise économique. TV5 compte en effet près de 8 millions
d'abonnés payants sur ce continent. Il s'agit notamment d'accentuer la
visibilité de la chaîne par des actions de marketing et de
développer de nouvelles positions de «niches«, au travers du
bureau délocalisé de TV5 installé à Buenos Aires,
ainsi que de consentir un effort tout particulier en direction des professeurs
de français, public particulièrement actif et attaché
à TV5.
De plus, le défi quotidien que doit relever TV5 sur les autres
territoires (Europe, Afrique, Asie, Orient) face à la concurrence
exacerbée de toutes les chaînes du câble et du satellite
diffusées dans les langues nationales ou dans des langues plus
familières que le français à nos publics, oblige la
chaîne à poursuivre son effort en termes d'amélioration de
la qualité, de la proximité des téléspectateurs, et
de l'accessibilité de ses programmes (notamment grâce au
sous-titrage), des services associés (notamment vis-à-vis de nos
cibles privilégiées que sont les enseignants et apprenants du
français, ainsi que les voyageurs francophones), et de marketing de
terrain.
Pour atteindre ces objectifs, TV5 Monde dispose d'un budget de reconduction
extrêmement contraint (et même, depuis la réforme de ses
structures, en régression significative par rapport au budget
consolidé des différentes sociétés composant TV5
avant cette réforme). La décision de recentraliser tout le
dispositif à Paris et de limiter l'influence du Québec-Canada
à parité avec les partenaires belges et suisses, a donc eu pour
conséquence directe, d'une part des économies d'échelle,
et d'autre part un certain désengagement financier de la part des
partenaires nord-américains.
Une mesure nouvelle de 3,87 M€(25,4 MF) est donc prévue pour TV5 en
2002 dans le projet de budget du ministère des Affaires
Ètrangères, au titre de la reconstitution de la base
budgétaire de 2001 et de l'absorption, en année pleine, des
conséquences de la réforme des structures.
L'impact de ces modifications de financement représente
2,70 M€(17,7 MF) pour la France sur la base du budget 2001. Pour la
portion d'année 2001 suivant le changement de structure, le financement
des surcoûts pour la France s'est réalisé sur des
ressources non reconductibles.
Ainsi le besoin de reconstitution de la base de reconduction du budget 2001
s'élève au total à 0,32 million d'euros (21,4 MF), pour la
France.
Le renforcement des programmes français : 0,61 million d'euros (4
MF) est la conséquence de cette nouvelle organisation. Cette mesure
minimale a vocation à permettre l'acquisition de programmes
français en remplacement de programmes canadiens pour les grilles
États-Unis et Amérique Latine : les programmes canadiens
représentaient en effet 35 % de ces grilles dans l'ancienne
configuration. Elle devrait également permettre d'introduire davantage
de sous-titres en anglais pour les États-Unis.
En définitive, au regard des moyens financiers dont disposent les autres
chaînes françaises, publiques comme privées, ce budget
demeure extrêmement limité pour produire, émettre et
transporter 7 signaux, 24 heures sur 24, sur le monde entier, via 40
transpondeurs, auprès des 130 millions de foyers qui reçoivent la
chaîne.
La chaîne regrette que, compte tenu du poids des charges techniques de
diffusion (environ 36 %, dans le budget prévisionnel 2002), le
budget consacré aux acquisitions ne permet pas d'avoir accès aux
meilleurs films français récents pour promouvoir le cinéma
français à travers le monde.
Afin de relever le défi américain, TV5 Monde doit
améliorer l'offre de programmes, introduire des émissions pour la
jeunesse, développer le sous-titrage en anglais et en espagnol sur ce
territoire, offrir des services spécifiques sur Internet, et mener une
véritable politique de marketing de terrain, toutes choses qui
étaient pratiquement inexistantes dans la gestion montréalaise.
TV5 est actuellement disponible sur l'ensemble de la planète
auprès de 130 millions de foyers, Mais, au delà de cette
disponibilité qui se traduit par, une progression de son initialisation
dans le monde de 48 % au cours des trois dernières années, il y a
un problème de visibilité. Certes, TV5 s'emploie en effet , au
delà des chiffres d'initialisation, à mieux cerner l'audience
réelle de la chaîne : si on se réfère aux
tableaux établis par la chaîne sur base des résultats
obtenus au travers de 56 sondages par 23 Instituts différents (voir
annexe) ce sont au total 30 millions de téléspectateurs qui
regardent au moins une fois par semaine la chaîne dans 26 pays d'Europe
et d'Afrique du Nord, près de 3 millions de personnes dans 10 pays
d'Afrique sub-saharienne, plus de 3 millions au Proche et Moyen Orient, et 700
000 au Cambodge et en Thaïlande. Les chiffres pris en compte concernent
près de 60 % du total des téléspectateurs de TV5 à
travers le monde, soit près de 77 millions de foyers dont on constate
que plus de 37 millions regardent TV5 chaque semaine , et près de 10
millions chaque jour.
En définitive, Tv5 est à la croisée de deux
logiques : une logiqque institutionnelle qui a préavalu
jusqu'à present et qui en faisait un vecteur de nature
quasi-diplomatique ou politique ; une logique commerciale de recherche
d'audience avec l »introduction d'une démarche commerciale
Certes , le second semestre 2000 a été marqué pour
TV5 par l'obtention d'un « must carry » sur le câble
et les plates-formes numériques en France, à la suite d'une
initiative parlementaire, soutenue par le gouvernement, initiative qui pourrait
inspirer des initiatives similaires de la part des États et
Gouvernements de la famille francophone à l'égard de
l'opérateur direct des Sommets qu'est TV5, qualifié de vecteur
idéal de la diversité culturelle. Comme cela a été
affirmé lors de la récente conférence de Cotonou.
Mais il y a aussi une voie plus libérale, qui amènerait à
rechercher une articulation plus étroite de TV5, ainsi
« renationalisée », sur les chaînes
françaises et, en particulier sur France télévision.
4. RFI, parent pauvre de l'audiovisuel extérieur
La radio
reste, en dépit de son impact, le parent pauvre de l'audiovisuel
extérieur. La société qui est dans bien des régions
du monde un média significatif et est présente sur tous les
théâtres d'opération du monde - comme une actualité
tragique l'a rappelé aux Français - doit gérer la
pénurie tout en subissant comme ses collègues les contraintes de
gestion comme la réduction du temps de travail.
Première société de l'audiovisuel public à avoir
signé son accord sur la réduction du temps de travail, RFI est
sur le point de signer son contrat d'objectifs et de moyens.
a) Les objectifs 2002 : Les programmes et les techniques de diffusion.
Les
orientations de RFI en 2002 sont étroitement liées au projet de
numérisation de la production. Après une première phase
pilote lancée à la fin 2001 concernant quelques services, la
numérisation entrera dans une phase de déploiement pour
l'ensemble de la rédaction en français à l'occasion de la
nouvelle grille de mars 2002 puis progressivement l'intégralité
des services de production et des rédactions.
Ce projet d'entreprise majeur consiste à acquérir de nouveaux
matériels offrant de nouvelles possibilités techniques et
rédactionnelles. Il s'accompagne surtout d'une formation
renforcée des personnes chargées de la production : journalistes,
assistants et techniciens.
La numérisation de la production et de la diffusion permettra de
diversifier et de moduler les horaires de diffusion des magazines. Par ailleurs
des journaux centrés sur l'actualité de certaines zones
géographiques (Europe, Moyen-orient, Asie) ont vu le jour. Ainsi le
contenu des programmes et les horaires de diffusion seront mieux adaptés
aux attentes de chacun de nos auditoires.
|
|
|
|
|
en milliers d'Euros |
|
Comptes |
Budget |
Comptes |
Budget |
Budget |
Variation |
|
1999 |
1999 |
2000 |
2000 |
2001 |
B01/B00 |
|
INFORMATION EN FRANCAIS MONDE |
18,1 |
17,9 |
19,7 |
18,8 |
20,6 |
9% |
part dans le budget total de RFI |
|
16,2% |
17,1% |
16,6% |
16,7% |
|
ÉMISSIONS EN LANGUES ÉTRANGÈRES |
17,8 |
17,1 |
19,0 |
17,5 |
20,8 |
19% |
part dans le budget total de RFI |
|
15,4% |
16,5% |
15,4% |
16,9% |
|
PROGRAMMES EN FRANCAIS MONDE |
4,3 |
4,7 |
4,5 |
4,7 |
5,1 |
8% |
part dans le budget total de RFI |
|
4,3% |
3,9% |
4,1% |
4,1% |
|
INFORMATION ET PROGRAMMES AFRIQUE |
3,7 |
3,7 |
4,6 |
3,8 |
4,3 |
12% |
part dans le budget total de RFI |
|
3,3% |
4,0% |
3,3% |
3,5% |
|
PRODUCTION POUR L'EPRA |
0,4 |
0,4 |
0,4 |
0,4 |
0,5 |
36% |
part dans le budget total de RFI |
0,4% |
0,4% |
0,3% |
0,4% |
|
b) Le contrat d'objectifs et de moyens.
La
direction générale de RFI a présenté aux tutelles
début juillet un projet de plan stratégique définissant
des objectifs pour les années 2002-2006 et les moyens financiers qu'elle
estime nécessaire pour les atteindre. Les réponses des tutelles
devraient permettre de rendre un arbitrage à l'automne et se traduire
par la signature du contrat d'objectifs et de moyens avant la fin de
l'année. Des dotations en LFR 2001 sont nécessaires pour
permettre de mettre en oeuvre les premières dispositions de ce contrat.
Les propositions d'orientations stratégiques reprises dans le projet de
plan développent les grands axes suivants :
-
- modernisation accélérée des outils de production
interne : numérisation complète de la production audio, et
transformation du fonctionnement des rédactions afin de permettre une
réelle synergie fondée sur la mise en commun, et l'exploitation
sur Internet, de la production texte et audio réalisée par
chacune des rédactions ou des filiales ou des bureaux de RFI à
l'étranger ;
- développement des émissions par Internet et multimédias, conçu non comme une rédaction séparée, mais intégré dans le cadre d'une véritable complémentarité avec les programmes en français et en langues ;
- adaptation des contenus aux demandes des auditeurs régions par régions : en Afrique, introduction de deux langues vernaculaires (haoussa et swahili) en Afrique, pour résister à la concurrence des autres radios internationales, et des radios, locales comme des autres radios internationales, en Europe, recherche d'une plus grande proximité avec les pays dans les langues desquels RFI émet dans le reste du monde, régionalisation croissante des programmes diffusés ;
- maintien et développement des activités fondamentale de service public : coopération avec les radios africaines, promotion de la francophonie et de l'apprentissage du français, radio des communautés étrangères en France. La société sera conduite dans ce cadre à demander au CSA une fréquence à Paris pour sa filiale de langue arabe Radio Monte Carlo Moyen-Orient, et des fréquences dans les grandes villes de province, en particulier, Marseille, Lille, Lyon et Strasbourg ;
- présence sur les différents modes de transmission de la radio : maintien de l'onde courte pour des raisons d'indépendance et de souveraineté, et d'atteinte des zones rurales en Afrique, tout en s'efforçant d'obtenir du diffuseur TDF des conditions tarifaires moins défavorables, poursuite du développement du réseau FM et des accord de reprises avec des radios locales et nationales à travers le monde, veille active sur les grands projets susceptibles de transformer les modes d'écoute de la radio : DAB, numérisation de l'onde courte et moyenne, radios-satellites.
Le transfert d'une partie du capital à un opérateur privé a permis à EuroNews de développer son audience et d'atteindre son équilibre financier, m^me si celui-ci reste encore fragile.
a) L'audience élargie
EuroNews
9(
*
)
, qui diffuse 24h/24h
depuis le début de l'année, est désormais reçue
dans plus de 113 millions de foyers dans 75 pays du monde : Europe,
Moyen-Orient, Afrique, Asie et Amérique Latine via le câble, le
satellite numérique et les réseaux hertziens.
La distribution d'EuroNews progresse de façon très importante
suite à l'avènement des bouquets numériques et, plus
précisément, la présence d'EuroNews sur deux d'entre eux -
Sky Digital au Royaume-Uni et ZDF Vision en Allemagne -, mais également
sur la base d'abonnés de plus en plus nombreux en Europe de l'Est.
L'utilisation de nouveaux outils de mesure d'audience a par ailleurs permis
à la chaîne de mettre en avant auprès des annonceurs ses
performances réelles auprès des téléspectateurs et
face à ses concurrents. EuroNews a en effet franchi en 2000 une
étape importante vers une meilleure précision de la mesure de
l'audience à fournir aux media-planners et aux annonceurs. Un
modèle d'estimation a été construit pour permettre de
connaître l'audience réelle quotidienne de la chaîne, sur la
base d'audimat pays par pays, et non plus sur la base d'une étude
restreinte type EMS (European Media Survey, une étude d'audience
européenne utilisée par l'ensemble des chaînes
paneuropéennes). 3,6 millions de téléspectateurs regardent
EuroNews chaque jour par câble et satellite, ainsi que 1,4 millions via
les fenêtres hertziennes.
Sur la base de ces nouvelles données, EuroNews est la chaîne
d'information pan-européenne leader en Europe en distribution comme en
audience.
Le lancement récent de la septième version linguistique, la
langue russe, permet à la chaîne d'être diffusée sur
les principaux réseaux câblés de Moscou et partout en
Russie via le bouquet satellitaire NTV+. Elle devrait également
être diffusée par une télévision hertzienne russe
d'ici la fin de l'année.
Les vecteurs de diffusion classiques ne sont pas les seuls domaines où
la chaîne a développé sa distribution. Le site internet de
la chaîne a connu un nombre de visites en constante progression. L'offre
de contenu a été étoffée et sa mise à jour
largement améliorée par l'arrivée d'une équipe
spécialement dédiée.
b) Le retour à l'équilibre financier
L'objectif prioritaire de l'année 2000,
l'équilibre
financier, a été atteint. Pour la première fois de son
histoire, la société n'a pas accusé de pertes. L'exercice
2000 de SOCEMIE se traduit par un bénéfice de 1,1 million
d'euros (7,2 MF). Ce bénéfice est en amélioration de
1,83 million d'euros (12 MF) par rapport au budget, qui lui
était une perte de 0,73 million d'euros (4,8 MF). Cet
équilibre a été atteint sur la base d'une forte
activité du marché publicitaire et grâce au support continu
de l'ensemble des contributeurs
10(
*
)
A ce jour,
si les charges d'exploitation sont maîtrisées, les produits de la
publicité sont en recul par rapport aux prévisions, en lien
direct avec le niveau inattendu du marché publicitaire
pan-européen. L'exercice 2001 devrait ainsi se traduire par une perte.
Conformément à un engagement de l'État pris en 1992
pour 10 ans, le ministère des Affaires étrangères a
versé encore en 2001 une subvention annuelle de 0,61 M€(4 MF)
à la chaîne, installée depuis l'origine à Lyon.
Dans ses relations avec la chaîne, le ministère des Affaires
étrangères a veillé à ce que les engagements
initiaux (implantation en France, pluralité de la rédaction,
diffusion multilingue) soient intégralement tenus par ITN.
6. L'action internationale de France Télévision
L'action internationale de France Télévision est conduite par la Direction du développement international, qui est une direction commune des trois chaînes filiales de la holding. Cette action prend plusieurs formes : coopération et assistance technique à des télévisions étrangères, relations bilatérales et multilatérales, diffusion des chaînes de France Télévision à l'étranger, reprise de programmes par certaines télévisions étrangères et fourniture de programmes aux opérateurs spécialisés.
a) Coopération et assistance technique à des télévisions étrangères
Depuis
des années, les équipes de France Télévision
apportent leur expertise et leur savoir-faire aux télévisions du
monde entier.
Ainsi, pour 2001, en Afrique, la coopération et l'assistance technique
ont essentiellement porté sur la production à travers la
formation de réalisateurs et de cadreurs. Réalisée en
partenariat avec le CIRTEF (Conseil International des Radios et
Télévisions d'Expression Française), cette action a
mobilisé plusieurs professionnels de France Télévision
pendant quatre mois et demi sur le terrain. Sept télévisions
d'Afrique francophone, de l'Ouest, du Centre et de l'Océan Indien en ont
bénéficié. D'autre part, une vidéothécaire a
été détachée pendant une semaine lors d'un
séminaire organisé à Dakar autour des nouvelles techniques
d'archivage réunies au sein du projet francophone AIME (Archivage
Intelligent Multimédia Economique).
Des contacts ont été entrepris pour la mise à disposition
de programmes de La Cinquième aux chaînes africaines francophones.
Un partenariat avec les universités africaines est également
recherché.
En 2001, au Proche-Orient à la demande de la télévision
jordanienne, France Télévision, en collaboration avec le
ministère des affaires étrangères, a réalisé
une mission de trois semaines pour restructurer l'ensemble des journaux
télévisés en matière d'organisation des
rédactions, d'écriture et de construction de reportages. Une
mission similaire a été réalisée en Syrie pour
moderniser le fonctionnement et améliorer la mise en images des
journaux. Au Liban, dans le cadre du contrat qui lie France 2 au Conseil de la
Reconstruction et à la veille du Sommet de la francophonie d'octobre,
plusieurs missions ont été effectuées pour accompagner les
changements de structure de Télé Liban. D'autres missions ont
été menées dans les Emirats Arabes Unis et en Tunisie.
En 2002, les actions devraient se poursuivre dans ces pays ainsi que dans
d'autres comme le Maroc qui est en train de restructurer son paysage
audiovisuel, le Yémen qui souhaite s'ouvrir à la francophonie et
certains pays du Golfe comme Oman.
b) Diffusion des chaînes de France Télévision à l'étranger
France
Télévision développe la diffusion payante de ses
chaînes dans les territoires où des accords sont possibles avec
les ayants droits, c'est à dire en Europe et en Afrique par câble
ou par satellite.
En Europe, France 2 et France 3 sont parties aux accords collectifs dits
« AGICOA » 11(
*
) qui mettent en
place un cadre juridique permettant de diffuser des chaînes
étrangères sur le câble d'un pays donné. Selon les
pays, 15 à 30 chaînes étrangères, publiques et
privées, sont parties à ces accords. Les
câblo-opérateurs qui le souhaitent sont alors autorisés
à diffuser ces chaînes. Lorsqu'il diffuse une chaîne
étrangère, le câblo-opérateur reverse une partie de
ses recettes, selon une clé de répartition
pré-établie, aux trois catégories d'ayants droit, c'est
à dire aux diffuseurs, producteurs et auteurs ou à leurs
représentants.
France 2 et France 3 peuvent ainsi être reprises par les
câblo-opérateurs qui le souhaitent en Belgique, au Luxembourg, aux
Pays-Bas, en Allemagne et, plus récemment, en Bulgarie, en Lettonie, en
Lituanie et en Estonie. En Suisse et au Danemark, les chaînes
étrangères peuvent être diffusées selon des
modalités définies par la loi. La reprise des chaînes varie
en fonction de la demande des téléspectateurs. Par exemple,
France 2 est reçue par 3,8 millions de foyers en Belgique, par
près de 2,5 millions d'abonnés en Suisse, par plus d'un million
de foyers en Allemagne, par plus de 500 000 foyers aux Pays-Bas et par 24 000
foyers en Bulgarie. En revanche, ni France 2 ni France 3 ne sont reprises dans
les pays baltes.
En 2001, France Télévision a négocié le maintien de
la diffusion de France 2 dans certains Länder frontaliers allemands
(notamment en Sarre et en Rhénanie Palatinat), où la
pénurie de canaux sur le câble analogique menace certaines
chaînes. Des contacts ont été engagés avec les
câblo-opérateurs de plusieurs pays, par exemple le
Royaume-Uni, où les chaînes du groupe ne sont pas reprises.
Pour 2002, France Télévision poursuivra sa politique de maintien
et d'extension des chaînes dans les pays d'Europe occidentale où
elles ne sont pas présentes. Dans les pays d'Europe centrale et
orientale, l'Union européenne de radiodiffusion (UER), mandatées
par les chaînes publiques, cherche à conclure de nouveaux accords
AGICOA afin de lutter contre le piratage.
En matière de diffusion par satellite, France Télévision a
signé en juin 2001, un accord « pionnier » avec
l'AGICOA et l'ANGOA
12(
*
)
afin de diffuser ses
chaînes sur les bouquets satellitaires du continent africain du Proche et
du Moyen Orient ainsi que de l'Océan indien. La diffusion de France 2 et
de La Cinquième devait démarrer à l'automne 2001 en
Afrique francophone, sur le bouquet LE SAT opéré par Portinvest,
une filiale de CFI. Ce bouquet compte pour l'instant 60 000 abonnés.
La diffusion sur les bouquets satellitaires est d'autant plus
intéressante qu'elle se réalise à coût constant pour
le groupe. Les frais de transport peuvent être pris en charge par le
ministère des affaires étrangères et les ayants droit sont
rémunérés proportionnellement aux recettes versées
par les opérateurs.
En 2002, ce type d'accord pourrait être recherché avec des
bouquets satellitaires européens en particulier dans les pays où
existe une demande de chaînes françaises, comme l'Espagne, le
Portugal, la Grande-Bretagne ou la Pologne.
c) Reprise de programmes de France Télévision par certaines télévisions étrangères
Le
Journal de 20H de France 2 est repris par certaines télévisions
étrangères notamment aux États-Unis, au Japon et en
Corée du Sud.
Aux États-Unis, une version sous-titrée en anglais de 28 minutes
touche plus de 45 millions de foyers potentiels, essentiellement sur la
chaîne câblée nationale « The International
Channel » à 19h (10 millions de foyers), la chaîne
câblée éducative nationale SCOLA (12 millions de foyers),
certaines chaînes locales associatives communautaires ou
éducatives comme WNYE à New-York (8 millions de foyers),
WYBE à Philadelphie (2,7 millions de foyers) ou UCTV à San Diego
(7 millions de foyers) et certaines chaînes hertziennes du réseau
national de la télévision publique PBS comme WNVC à
Washington (2 millions de foyers), WLRN à Miami (1,4 million de foyers)
ou LPB à Baton rouge (1 million de foyers).
En 2001, des discussions ont été menées avec le
ministère des affaires étrangères et TV5 afin de
rationaliser la transmission du journal sous-titré depuis le
siège de France Télévision jusqu'aux têtes de
réseaux des chaînes américaines.
Au Japon, depuis la signature d'un accord signé en 1977 et reconduit en
1992, le journal de 20H de France 2 est diffusé sur la chaîne
satellitaire BS1 de la télévision publique, la NHK. En
Corée du Sud, le journal est diffusé sur la chaîne de
service public KBS à partir du signal du satellite de la NHK.
On note que l'émission, « Bouillon de Culture »,
était diffusée depuis 1986 par la chaîne
câblée new-yorkaise Cuny TV (2 millions de foyers) en
français non sous-titré. L'intégralité de la
dernière émission ainsi qu'un entretien exclusif de Bernard Pivot
ont été diffusés les 14 et 15 juillet 2001. En 2001-2002,
Cuny TV a décidé de diffuser la nouvelle émission
littéraire de Guillaume Durand, « Campus », qui
prend la suite de Bouillon de Culture.
d) Fourniture de programmes aux opérateurs spécialisés
France
Télévision est le principal actionnaire de TV5-Satellimages dont
elle possède 47,5% du capital. Par ailleurs France 2 et France 3
contribuent à son budget à hauteur de 3,99 M€ (26,2 MF) par
an. Enfin, France Télévision est le premier fournisseur de
programmes de TV5 , en vertu de l'obligation contenue dans le cahier des
charges des chaînes de fournir gratuitement les programmes à la
chaîne francophone (articles 53 pour France 2, article 55 pour France 3,
article 35 pour La Cinquième).
En pratique, France Télévision donne à TV5 tous les
programmes dont elle possède les droits en propre. Pour les
co-productions, France Télévision propose systématiquement
aux producteurs d'inclure dans les contrats une clause prévoyant la
cession des droits de diffusion à TV5. Les co-producteurs acceptent
généralement cette clause en se réservant parfois la
possibilité de supprimer certains pays dans lesquels ils espèrent
commercialiser leurs programmes. Pour les achats (productions
extérieures), il n'est pas envisageable d'inclure cette clause.
En 2000, France Télévision a contribué gratuitement pour
29% aux programmes des 8 grilles de TV5, soit 20 % pour France 2 ( 1785
heures), 7% pour France 3 (640 heures) et 2% pour La Cinquième (176
heures). Par ailleurs, TV5 achète un certain nombre de productions
extérieures diffusées sur les chaînes de France
Télévision.
Comme pour TV5 et conformément à leur cahier des charges
(articles 52, 54 et 34), France 2, France 3 et La Cinquième mettent
systématiquement leurs programmes à la disposition de CFI. CFI
reprend ou non les émissions en fonction des demandes des
télévisions partenaires de la banque de programmes CFI-PRO et des
besoins de programmation de la chaîne CFI-TV en Afrique.
Ainsi, en 2000, CFI-TV et CFI-PRO ont diffusé 2 985 heures en provenance
de France Télévision (1480 heures de France 2, 1269 de France 3
et 236 heures de La Cinquième), soit à peu près 25% de
leur diffusion totale (hors info).
L'entrée de France Télévision dans le capital de CFI
(à hauteur de 75% du capital) devrait renforcer des liens
déjà étroits entre les deux sociétés.
C. TÉLÉVISIONS LOCALES : UNE FLORAISON D'INITIATIVES
Les difficultés financières récurrentes rencontrées par les chaînes locales avaient conduit le Conseil supérieur de l'audiovisuel, entre 1994 et 1998, à ne pas lancer d'appel aux candidatures visant à autoriser de nouvelles télévisions locales avant d'avoir au préalable conduit une réflexion sur la place qu'elles sont susceptibles d'occuper dans le paysage audiovisuel.
1. La multiplication récente des candidatures
Saisi
par un opérateur, qui s'était vu opposer par le CSA, en 1994, un
refus de lancer un appel aux candidatures d'une telle nature, le Conseil
d'État a annulé cette décision en juillet 1998. Le Conseil
supérieur de l'audiovisuel ayant tiré les conséquences de
cette décision, depuis l'année 2000, cinq nouvelles chaînes
sont apparues : deux en Vendée, une à Clermont-Ferrand, une dans
les départements de Savoie et une à Bordeaux. Deux sont en cours
de création à Tours et dans les Hautes-Alpes.
En 2000 et 2001, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a
enregistré un nouvel afflux de demandes d'appels aux candidatures . A la
mi-juillet 2001, le total des demandes s'établissait à soixante
et une unités.
L'augmentation s'explique par la promulgation de la loi du 1er août 2000
modifiant la loi du 30 septembre 1986 qui, notamment, consacre l'existence des
télévisions locales et, par ailleurs, permet la délivrance
d'autorisations permanentes au secteur associatif. Si les demandes ont
continué à être formulées par des entreprises de
presse entendant constituer un réseau cohérent de
télévisions locales (une vingtaine initiée par le
groupement Télévision Presse Région), ainsi que par des
sociétés nouvelles engagées dans le multimédia, les
plus récentes d'entre elles proviennent largement du monde associatif.
Dès la fin 1999, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a
informé les opérateurs potentiels que le lancement des appels aux
candidatures en mode analogique était subordonné à la
conduite des travaux de planification liés au développement du
numérique hertzien terrestre. Dès lors, la recherche de
fréquences hertziennes analogiques pour les télévisions
locales, devait être menée parallèlement à la
planification numérique, confiée au Conseil supérieur de
l'audiovisuel depuis la promulgation de la loi du 1er août 2000. Pour ces
différentes raisons, en 2000, celui-ci a différé les
appels aux candidatures pour des télévisions locales hertziennes
en mode analogique.
Conformément à la loi précitée, le Conseil
supérieur de l'audiovisuel a arrêté, le 24 juillet 2001,
une première liste de fréquences disponibles pour des services de
télévision numérique terrestre à vocation nationale
ainsi qu'une liste des fréquences supplémentaires disponibles
pour des services à vocation locale en mode analogique à Grenoble
et à Nantes, et en mode numérique à Paris. Cette liste a
été publiée au journal officiel le 31 juillet 2001. Il a
par ailleurs précisé que d'autres fréquences pourront
être identifiées au fur et à mesure de l'avancement des
travaux de planification.
Le Conseil a également lancé le 24 juillet 2001 un appel aux
candidatures pour des services nationaux de télévision
numérique diffusés par voie hertzienne terrestre (TNT) portant
sur 22 services de télévision répartis sur 4 multiplex sur
29 premiers sites.
En ce qui concerne la télévision locale, le Conseil a
décidé en séance plénière le 29 août
2001 d'affecter les capacités nécessaires pour 3 services locaux
par zone couverte, son objectif étant de lancer les appels aux
candidatures correspondants pour la télévision locale au plus
tard le 30 novembre 2001
. Ces appels seront effectués sur les
capacités numériques et analogiques identifiées et
réservées aux services locaux. Cette première liste de
fréquences sera complétée au fur et à mesure de
l'avancement des travaux de planification et de nouveaux appels aux
candidatures seront alors lancés.
2. L'état des lieux
L'attribution d'autorisations d'émettre
permanentes
13(
*
)
pour les chaînes de télévision
hertziennes privées locales ou nationales s'effectue après une
procédure d'appel aux candidatures lancée par le Conseil
supérieur de l'audiovisuel pour l'utilisation des fréquences
disponibles conformément aux articles 28, 29, 30 et 30-1 à 4 de
la loi du 30 septembre 1986 modifiée par la loi du 1er août 2000.
Il conclut avec les opérateurs autorisés une convention qui fixe
les règles particulières applicables au service.
Les règles relatives aux conditions d'exploitation des
télévisions locales hertziennes se distinguent sensiblement de
celles applicables aux services nationaux. Ces télévisions sont
soumises aux grands principes définis par la loi (pluralisme de
l'information et des programmes, protection de l'enfance et de l'adolescence,
honnêteté de l'information, droit de réponse...) ainsi
qu'aux règles de droit commun relatives à la publicité
(excepté dans les DOM-TOM), au parrainage ou au télé-achat.
Depuis la loi du 1er août 2000, les associations peuvent être
candidates aux appels aux candidatures, aussi bien pour des
télévisions locales que nationales.
La durée de l'autorisation initiale ne peut être supérieure
à 10 ans pour les services de télévisions hertziennes
privées nationales et locales. A compter du 1er janvier 2002, la
possibilité d'une reconduction des autorisations par le Conseil
supérieur de l'audiovisuel, hors appel aux candidatures, est
autorisée dans la limite d'une seule fois depuis la loi du 1er
août 2000 - au lieu de deux fois, pour une durée de 5 ans, chaque
fois, dans la loi antérieure du 1er février 1994 - et la
procédure de reconduction est rendue plus contraignante (article 28-1 de
la loi du 30 septembre 1986 modifié par l'article 43).
a) Les télévisions locales en métropole
L'instance de régulation a autorisé 9
télévisions locales hertziennes terrestres en métropole.
Trois modèles de télévisions locales permanentes se
dégagent aujourd'hui.
1) Les « télévisions de ville », qui
diffusent sur des agglomérations importantes. Toulouse et Lyon ont
été les premières grandes villes à être
dotée d'une télévision locale. Après plus de dix
ans d'existence et des parcours différents, Télé Toulouse
et TLM ont élaboré des grilles qui présentent des
caractéristiques analogues avec, notamment, une
prépondérance de l'information locale. C'est aussi dans cette
logique que s'inscrivent les offres les chaînes locales autorisées
plus récemment à Clermont-Ferrand (Clermont/1ère),
à Bordeaux (TV7 Bordeaux) et Troyes (Canal 32).
2) Les « télévisions de pays » diffusent sur
un territoire plus étendu mais homogène par son histoire, sa
culture locale et ses caractéristiques économiques. C'est le cas
d'Aqui-TV en Dordogne, ou de TV8 Mont Blanc en Savoie. Bien que sur des zones
géographiques différentes, ces télévision ont mis
en place des types de programmes semblables en vue de toucher une population
homogène. Avec des moyens limités, ce type de
télévision produit des émissions d'un genre nouveau :
récits illustrés, événements locaux situés
dans un contexte local et avec des protagonistes familiers. En ce qui concerne
Télé Bleue (Nîmes), la chaîne ayant
opéré des modifications substantielles des données au vu
desquelles son autorisation avait été reconduite en 1998, le
Conseil a mis en oeuvre la procédure prévue par l'article 42-3 de
la loi précitée (retrait d'autorisation) le 29 août 2000.
3) Les « télévisions de proximité » ou
« télévision-miroir », avec deux
télévisions vendéennes apparues courant 2000 :
Télé 102 (zone des Sables-d'Olonne) et Télé Sud
Vendée (zone de Luçon). L'information est présentée
à l'occasion de courts reportages. Les personnalités locales sont
invitées à s'exprimer et le milieu associatif y trouve une
tribune ouverte en permanence. Ce type de télévision relate les
événements de la commune et de ses environs. Elle suit le rythme
des saisons : plus riche en période estivale, son offre est plus
limitée le reste de l'année.
b) Les télévisions locales dans les Dom-Tom
On
compte 14 chaînes locales ou régionales privées dans les
Dom-Tom .
A la Réunion, quatre services ont été autorisés :
Antenne Réunion, Canal Réunion (cryptée), TV4 et TV Sud ;
la société qui exploitait la chaîne locale TV4 ayant
été dissoute, le Conseil, le 9 mai 2000, a abrogé,
l'autorisation dont elle était titulaire ; s'agissant de la chaîne
locale TV Sud, le Conseil a entamé une procédure de
négociation en vue de sa reconduction le 9 mai 2000. A la suite
d'une mise en demeure le 12 septembre 2000 l'invitant à respecter les
conditions de son autorisation, Le 15 novembre 2000, le Conseil a
décidé de ne pas reconduire l'autorisation de TV Sud.
Aux Antilles, cinq services sont recensés: en Martinique la chaîne
locale ATV (Antilles Télévision) a vu son autorisation reconduite
par décision en date du 31 août 1999 ; à la Guadeloupe, les
chaînes locales TCI (L'A1), Canal 10 et Eclair TV (TV Basse Terre
Télévision) autorisées depuis le 17 janvier 1998 pour
une durée de cinq ans ; Canal Antilles (cryptée) est
diffusé dans les deux îles.
En Guyane, deux chaînes locales, Antenne Créole Guyane (terme de
l'autorisation mars 2003) et Canal Guyane (cryptée) sont
présentes.
En Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française, Canal
Calédonie et Canal Polynésie proposent une offre cryptée.
A Tahiti, depuis le 27 juin 2000, la chaîne locale Tahiti
Nui-Télévision est autorisée pour une durée de 5
ans.
3. Données sur l'équilibre financier des chaînes actuellement autorisées
D'une
façon générale, les télévisions locales
hertziennes métropolitaines autorisées antérieurement
à juillet 1999, TLM, TLT, Télé Bleue et Aqui-TV, ont
dû faire face, depuis l'origine, à des difficultés
financières importantes en raison, principalement, de
l'inadéquation entre leurs ressources et leurs charges. En effet, les
télévisions locales privées sont confrontées
à des marchés publicitaires limités alors qu'elles doivent
assurer quotidiennement la diffusion d'une programmation dont le coût est
important même si elles font largement appel à la rediffusion de
leurs programmes.
Le chiffre d'affaires annuel de ces télévisions locales
hertziennes varie selon les stations, de 360 000 francs à 21 MF (55 000
€ à 3,2 millions €). En outre, pour certaine d'entre elles,
l'ampleur des concours publics recueillis peuvent susciter des interrogations
eu égard à leur vocation privée et commerciale.
Pour le CSA, la multiplication récente de demandes d'autorisations
démontre la volonté de nouveaux opérateurs de nature
très diverse de s'engager dans ce secteur.
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel à différentes
reprises a considéré que l'ouverture progressive de la
publicité au secteur de la distribution en faveur des
télévisions locales en métropole, tout en
préservant les intérêts des autres médias locaux,
pourrait contribuer à leur viabilité financière. Au vu du
contexte actuel du marché publicitaire national et local, le
développement cohérent des télévisions locales
commerciales pourrait passer par la mise en place d'une syndication
publicitaire comme le préconisent certains opérateurs.
Par ailleurs, le Conseil a également exprimé le souhait que les
modalités d'intervention, y compris financières, des
collectivités locales soient clarifiées.
Comme dans le cas des radios locales, associatives ou commerciales, les
télévisions locales qui seront autorisées sur les
fréquences numériques devront signer avec le CSA une convention
qui devra préciser leurs engagements et obligations en matière de
programmation, d'économie, d'organisation, de financement, notamment
publicitaire. Dès lors, toute évolution de ces différents
critères sera soumise à l'agrément du CSA qui pourra
s'opposer à la remise en cause des équilibres établis
entre les différents types de services, lors de l'affectation des
fréquences, par d'éventuelles tentatives de concentrations
ultérieures.
LES CHAINES LOCALES PRIVEES EN METROPOLE
Nom |
Autorisation d'origine |
Autorisation actuelle |
Zone de diffusion |
TLM (Lyon) |
11 juillet 1988 |
1 er septembre 2001 (5 ans) |
Lyon |
TLT (Toulouse) |
7 décembre 1987 |
12 septembre 2000 (5 ans) |
Toulouse |
Aqui-TV (Dordogne) |
25 octobre 1993 |
14 novembre 1997 (5 ans) |
Dordogne |
Télé 102 (Vendée) |
19 juillet 1999 |
(5 ans) |
Sables d'Olonne (Vendée) |
Télé Sud Vendée |
18 novembre 1999 |
(5 ans) |
Luçon (Vendée) |
Clermont 1 ère SCT |
6 juin 2000 |
(5 ans) |
Clermont-Ferrand |
TV8 Mont Blanc |
26 juillet 2000 |
(5 ans) |
Savoie |
TV7 Bordeaux |
26 juillet 2000 |
(5 ans) |
Bordeaux |
Canal 32 (Aube) |
24 juillet 2001 |
(5 ans) |
Troyes |
Liste des demandes d'appels aux candidatures en mode analogique
Demandeur |
Date de la demande |
||
TV Miroir
Nîmes
|
8 octobre 1998 |
||
Télé Bocal
|
20 octobre
1998
|
||
Saint
Etienne Première TV
|
26 octobre 1998 |
||
La
Chaîne - Paris Nord
|
13 novembre
1998
|
||
Epsilon -
banlieue Sud-est
|
25 novembre 1998 |
||
TV Ouest -
Nantes - St Nazaire
|
25 novembre
1998
|
||
TVB
Télévision Berry - Bourges
|
11 décembre 1998 |
||
Prospective
Image Orléans
|
16 décembre 1998 |
||
Bap
Vidéo Allier
|
4 janvier
1999
|
||
C9
Télévision - Lille
|
14 janvier
1999
|
||
TV locale
d'information
|
21 janvier
1999
|
||
Ondes Sans
Frontières
|
3
février 1999
|
||
TV 93
Première
Association La Métisse |
17 février 1999 |
||
Télévision locale
|
17
février 1999
|
||
Vidéoscope Multimédia SA
|
24
février 1999
|
||
Association ab7 Télévision
|
25
février 1999
|
||
TSF
Télévision Sans Frontières
|
11 mars 1999 |
||
Vaucluse
Télévision Vidéo
|
15 mars 1999 |
||
TV locale
(Manche-50)
|
16 mars 1999 |
||
TV Locale
(Vienne)
|
26 mars 1999 |
||
TVPI Basque
- la Rhûne
|
5 mai 1999
|
||
Télévision locale Atlantique
|
10 mai 1999 |
||
TV locale
Le Mans
|
15 juin 1999 |
||
Arles
Camargue Télévision
|
15 juin 1999 |
||
TV Flamingo
Cap d'Agde (34)
|
27
août 1999
|
||
TV Locale
Orthez (64)
|
8 septembre 1999 |
||
REIMS
PQR-TPR
|
5 octobre
1999
|
||
NANTES
PQR-TPR
|
7 octobre
1999
|
||
LA ROCHELLE
|
4 octobre 1999 |
||
TV de
proximité (31)
|
10 octobre
1999
|
||
METZ PQR-TPR
|
12 octobre
1999
|
||
LILLE
PQR-TPR
|
14 octobre
1999
|
||
PERPIGNAN
|
3 novembre 1999 |
||
L'Echo Le Régional TV locale 95300 Pontoise Sarl de presse S.A.V.O.I.R. |
5 novembre
1999
|
||
Association
|
13 novembre
1999
|
||
MULHOUSE
PQR/TPR
|
30
novembre 1999
|
||
MONTPELLIER
PQR/TPR
Société Gemili S.A. |
6
décembre 1999
|
||
TV
locale de proximité
Sarl SOPRODI |
1er
décembre 1999
|
||
Forcal'TV
|
14 février 2000 |
||
ZALEA
TV
Association |
29
février 2000
|
||
TV 17
Charente-Maritime
|
10 mars 2000 |
||
Vidéosol TV Manosque -Sisteron
Association |
4 avril 2000
|
||
Société Parisienne de Télévision
|
28 avril
2000
|
||
J.M.G
Production
|
30 août 2000 |
||
SAINT
ETIENNE
|
20 septembre 2000 |
||
Association
SCEN TV
|
24 septembre 2000 |
||
Association
ARRIMAGE
|
3 octobre 2000 |
||
NORD PAS DE
CALAIS
|
11 octobre 2000 |
||
NICE
Association Nice-Télévision
|
24 octobre 2000 |
||
NARBONNE -
Société Médiasud
|
15 novembre 2000 |
||
Association
Regarde à Vue
|
15 novembre 2000 |
||
GRENOBLE
|
27 novembre
2000
|
||
Association
Télévillage
|
5 décembre 2000 |
||
LILLE Nord
Eclair Quotidien
|
12 janvier
2001
|
||
LE MANS
Canal 8
|
23 janvier 2001 |
||
AssociationB2 C Vidéo
|
21 février 2001 |
||
PERIPH. 1
|
20 mars 2001 |
||
Association
«Tournez Manettes»
|
7 juin 2001 |
||
Association
Pour le Développement
|
7 juin 2001 |
||
MARSEILLE
|
12 juin 2001 |
||
Association
«Télévision des Charente» - Angoulême
|
22 juin 2001 |
Liste des demandes d'appels aux candidatures en mode numérique
Demandes émanant de collectivités locales |
Date |
District de Sarreguemines (57) |
26 janvier 2001 |
Ville de Besançon |
29 janvier 2001 |
Communauté d'Agglomération Gand Rodez |
29 janvier 2001 |
Communauté urbaine du Grand Nancy |
29 janvier 2001 |
Ville de Blois |
1 er février 2001 |
Demandes émanant de canaux locaux du câble |
Date |
Association
ab7 Télévision - Andrézieux-Bouthéon (42)
|
22 janvier 2001 |
Sté
Locale d'Exploitation du Câble St Quentin-en-Yvelines
|
29 janvier 2001 |
Ville de
Cluses - Canal local - Canal C
|
30 janvier 2001 |
Régie Intercommunale de Val d'Argent (68)
|
30 janvier 2001 |
Association
Canal 15 - La Roche-sur-Yon
|
30 janvier 2001 |
Association
Cannes TV
|
31 janvier 2001 |
Association
Canal Local Erstein (67)
|
2 février 2001 |
Société Rennes Cités Média
|
14 février 2001 |
Cités Télévision - Villeurbanne - Lyon
|
14 mars 2001 |
SAEML
VIDEOCABLE 91 - Téléssonne
|
3 mai 2001 |
Association
pour la création et la promotion d'un canal local
|
14 mai 2001 |
SAEML Perpignan Infos (Canal local du câble) |
15 juin 2001 |
Composition du capital et chiffre d'affaires 2000 des chaînes locales en métropole
Service |
Montant et composition
|
Chiffre
d'affaires
|
Effectifs
moyens
|
TLM (Lyon) |
SA au
capital de : 14,8 MF
|
21MF 3,2 M€ |
53 |
TLT (Toulouse) |
SA au
capital de : 29,9 MF
|
18 MF 2,7 M€ |
30 |
Aqui-TV (Dordogne) |
SA au
capital de : 1 MF
|
10 MF 1,5 M€ |
22 |
Télé 102 Vendée |
SARL au
capital de : 50 000 F
|
360 000 55 000 € |
2 |
Télé Sud Vendée |
SARL au
capital de 200 000 F
|
600 000 91 000 € |
2 |
Clermont 1 ère SCT |
SA au
capital de : 5 MF
|
12,5 MF 1,9 M€ |
27 |
TV8
Mont Blanc
|
SA au
capital de : 2 MF
|
8 MF 1,2 M€ |
13 |
Service |
Montant et composition
|
Chiffre
d'affaires
|
Effectifs
moyens
|
TV7 Bordeaux |
SA au capital de : 15 MF
Atlantel sarl 48,92 %
Autres (6 actionnaires) 3,08 % |
18 MF 2,7 M€ |
30 |
Canal 32 (Troyes) |
SA au capital de : 2,9 MF
France Régions Participations 24,2 %
|
(prévisionnel) 6 MF 915 000 € |
15 |
Les deux services en cours de création à Tours, dans les Hautes-Alpes et à Troyes (estimations)
Service |
Francs Euros |
Effectifs moyens |
TV37 (Tours) |
6 MF (prévisionnel) 915 000 € |
17 |
Télé Alpes 1 |
2,4 MF(prévisionnel) 366 000 € |
10 |
III. ACTIVITÉ DES SOCIÉTÉS ET ORGANISMES
Votre
rapporteur spécial n'a pas souhaité entreprendre de dresser un
panorama exhaustif des organismes constituant l'audiovisuel afin de se
concentrer sur certains dossiers d'actualité. Son objectif reste de
parvenir sur un cycle de trois ou quatre ans à passer en revue les
organismes de l'audiovisuel public pour en exposer les conditions de
fonctionnement et les problèmes de financement.
Au moment où le groupe France Télévision se met en place
et où il s'apprêt à se lancer dans l'aventure du
numérique terrestre, il a paru prématuré de se pencher sur
le contrat d'objectif.
En l'occurrence, et compte tenu des développements consacrés
à certaines sociétés dans les rapports
déposés à l'Assemblée nationale, il a choisi de
traiter :
-
• Du contrat d'objectifs et de moyens de France
télévision ;
• de la situation de Radio France, dont il estime qu'elle reste fragile compte tenu de la faible marge de manoeuvre dont dispose cet organisme.
La
signature du contrat d'Objectifs et de Moyens, prévu par la loi du
1
ier
août 2000, vient en principe clarifier les relations
entre France Télévision et son actionnaire, l'État.
Comme son nom l'indique, il vient fixer des objectifs constituant sa mission de
service public et déterminer les moyens, sans toutefois que son contenu
échappe à la tentation des formules incantatoires.
1. Le cadre général
En fait,
il énonce une exigence éditoriale de nature à
caractériser la télévision publique ; il fixe ensuite
le cadre du développement du groupe pour la période
2001-2005 : déploiement de l'offre publique sur le réseau
numérique hertzien, diversification en matière de chaînes
thématiques et de gestion des droits, développement des services
interactifs.
Il prévoit également un financement présenté comme
« cohérent » de ce développement qui sera
assuré :
• de la part de l'État
- par
l'assurance d'une progression annuelle des ressources publiques
à hauteur de 3,5 % à 3,7 %
par an sur les années
2003-2005 selon la formule suivante : progression garantie 3,1 % par an ; part
variable additionnelle comprise entre 0,4 % et 0,6
% et liée
à la réalisation des objectifs du contrat, ainsi que
- par l'attribution d'une dotation en capital de 152,5 M€ (soit un
milliard de francs) destinée à financer le démarrage des
chaînes numériques herztiennes avec un premier versement de 53,4
M€ (soit 350 millions de francs) dès 2002,
• de la part de France Télévision :
- par un autofinancement provenant d'une bonne gestion des ses ressources
grâce à un plan de redéploiement et de synergies, au
service des programmes et du développement du groupe,
Enfin en se fondant sur un principe de responsabilité mutuelle, il
visera à moderniser le mode de contrôle de l'actionnaire sur la
gestion du groupe.
A côté de ce contrat avec l'État, France
Télévision passe aussi un contrat avec les
téléspectateurs en matière de qualité et de
diversité des programmes.
L'ensemble des engagements ainsi pris, font l'objet d'une série
d'indicateurs qui permettront de mesurer l'activité et
l'efficacité du groupe dans ses différents domaines
d'intervention au regard de six missions prioritaires :
• Assurer la diversité et la spécificité des
programmes en soutenant la création. Les chaînes du groupe
s'engagent à offrir aux heures de grande écoute le plus large
éventail de programmes et à privilégier en
particulier : l'information, la découverte et le décryptage,
le spectacle vivant, les programmes régionaux, les sports, les
programmes liés à la jeunesse. Parallèlement, la
télévision publique soutiendra plus que jamais la création
audiovisuelle en augmentant ses investissements en 2002 et 2003 et en faisant
porter ses efforts particulièrement sur la fiction, le documentaire et
l'animation.
• Placer le téléspectateur au centre du dispositif
élaboré pour honorer les engagements du service public,
grâce au renforcement des services des médiateurs la mise en place
d'une charte de l'antenne commune aux chaînes du groupe. Un
baromètre qualitatif de satisfaction
du public sera
créé ainsi qu'un
indice d'affinité
qui permettra de
vérifier que les programmes du groupe France Télévision
s'adressent à toutes les composantes de la population sans exclusion.
2. Les objectifs en matière de numérique terrestre
Dans ce
domaine, les projets de France Télévision sont confirmés.
Les chaînes actuelles seront déployées sur le
numérique hertzien terrestre avec le passage de la Cinquième
à une diffusion 24 heures sur 24. Les nouvelles chaînes
numériques viendront compléter l'offre globale du groupe afin de
mieux assurer les missions que lui fixe la loi :
- assurer le pluralisme de l'information avec la chaîne d'information
continue ;
- renforcer le lien social et l'information de proximité avec les
chaînes régionales ;
- offrir une nouvelle fenêtre aux meilleurs programmes des chaînes
publiques et faire découvrir la culture d'aujourd'hui avec une
chaîne développée avec Arte France.
3. Le développement de nouvelles activités et la politique de partenariats
Dans ce
secteur d'avenir, le groupe s'engage à un effort de rationalisation et
de redéploiement des chaînes thématiques payantes.
Les capacités de développement de France Télévision
Distribution seront renforcées et une structure d'acquisitions et de
négoce de droits sera créée.
France Télévision Interactive accroîtra l'offre de contenus
et de services interactifs sur les différents supports (internet en
particulier avec la création de portails régionaux,
télévision interactive,...).
France Télévision participera au rayonnement international des
programmes français à travers TV5, CFI et des projets de
développement qui seraient mis en oeuvre en accord avec le
Ministère des Affaires Étrangères.
4. Les objectifs en matière de gestion
Il
s'agit d'abord, sans que l'on sache ce que recouvrent ces formules par trop
polies de « poursuivre une politique de ressources humaines dynamique
et de qualité », c'est-à-dire « d'accompagner
les évolutions technologiques du secteur et de permettre à chaque
salarié du groupe de développer ses compétences et de
bénéficier des opportunités offertes par les nouveaux
projets de développement.
Les efforts porteront sur la gestion prévisionnelle, sur la
mobilité à l'intérieur du groupe, la formation aux
nouveaux métiers, l'amélioration et l'harmonisation de la
couverture sociale, le rôle de l'encadrement et la modernisation de la
politique salariale.
Plus concret mais guère contraignant à court terme, est
l'objectif par lequel France Télévision s'engage à
maîtriser l'évolution de ses effectifs qui devront rester stables
sur la période avec la souplesse d'une augmentation de 250 emplois
pendant la période de démarrage des chaînes
numériques.
On remarque que les objectifs déjà mentionnés font
relativement
peu de place aux considérations de
productivité
. Sans en sous-estimer l'importance, on ne peut que
souligner qu'on met plus l'accent sur les modalités plus
générales de management du personnel -gestion
prévisionnelle des emplois et des compétences, mobilité
intra-groupes, formation professionnelle aux nouveaux métiers,
harmonisation de la couverture sociale- que sur les objectifs
d'efficacité économique que sont la maîtrise des effectifs
et la modernisation de la politique salariale du groupe. La formulation est
suffisamment souple pour ne pas faire craindre que l'horizon d'adaptation du
système de rémunération ne soit finalement assez lointain,
même si on note avec intérêt qu'est évoquée
« une évolution progressive » du mode de
rémunération « collectivement en fonction des
résultats obtenus par les sociétés du groupe et
individuellement par rapport aux résultats de chacun ».
Par ailleurs, il faut remarquer qu'est envisagée, au moins
implicitement, une évolution du cadre social sans toutefois que la
renégociation de la convention collective du secteur constitue
clairement un objectif. Il est dit simplement que
« l'évolution du secteur audiovisuel nécessite
l'ouverture d'un dialogue direct avec les organisations syndicales sur les
textes conventionnels, sur leur application et sur leur évolution sans
écarter une réflexion sur l'élaboration interne d'une
convention de branche ».
5. Le financement de l'investissement
Sur le
plan de la gestion, le contrat prévoit des engagements
réciproques de France Télévision et de son actionnaire,
l'État.
Le volume d'investissements sur la période 2001-2005 est très
important : 640 M€ (4,2 milliards de Francs). Ces investissements
financeront les chaînes historiques, les nouvelles chaînes
numériques et les actions de diversification. Il faut noter que la plus
grande part de ces investissements sera consacrée à France 2,
France 3 et la Cinquième, ce qui représente un effort sans
précédent en faveur des programmes. C'est ainsi que globalement
les coûts de grille entre 2001 et 2005 progresseront en moyenne de 5,3 %,
soit d'une façon sensiblement supérieure à
l'évolution des ressources publiques.
L'État s'engage à apporter une dotation en capital exceptionnelle
de
152 M€ (1 milliard de Francs) pour le développement dans le
domaine du numérique terrestre. Un premier versement de 53,4 M€
(350 millions de Francs) sera versé en 2002 afin de couvrir les
investissements de départ.
De son côté, France Télévision s'engage à
dégager une capacité d'autofinancement de 497 M€ (3,2
milliards de Francs) y compris cessions d'actifs ; elle le fera en partie au
moyen d'un plan d'économies et de synergies d'un montant de 249,7
M€ (1,6 milliards de Francs), correspondant chaque année à
environ 1% d'économies cumulées sur son budget pour la
période 2001-2005.
Par ailleurs, l'État s'engage sur une progression de la ressource
publique à partir de 2003 qui se décompose en une partie fixe de
3,1 % à laquelle s'ajoutera une partie supplémentaire de 0,4
à 0,6 % en fonction du respect des objectifs fixés par le
contrat ;
France Télévision et l'État s'orientent vers une
modernisation de leurs relations basée sur une autonomie de gestion du
groupe et un renforcement des modalités de contrôle a posteriori.
Enfin l'exécution du contrat fera chaque année l'objet d'un audit
indépendant et, comme le prévoit la loi, d'un rapport devant le
Parlement.
6. L'effort de France Télévision en matière de création
Un
certain nombre d'indicateurs vont permettre d'évaluer l'effort du groupe
en matière de création :
• Les pourcentages d'investissement par chaîne vont progresser d'une
façon très significative : de 0,5 point en 2001, 2002 et
2003 pour France 2 et France 3, de 1 point pour la Cinquième en
2002
|
2001 |
2002 |
2003 |
France 2 |
17,5% |
18% |
18,5% |
France 3 |
18% |
18,5% |
19% |
5 ème |
15% |
16% |
16% |
En matière de diffusion et de financement d'oeuvres d'origine française et européenne dans les trois genres majeurs que sont la fiction, le documentaire et l'animation, France Télévision accentue son effort avec la consolidation de la part de premières diffusions d'oeuvres d'expression française et européennes au dessus de 55% et du volume horaire annuel d'oeuvres cofinancées à un niveau supérieur à 1 200 heures ; en outre, France 2 accentuera son effort dans le domaine de la fiction (180 h en 2000) et notamment les fictions destinées aux adolescents, tandis que France 3 confortera son effort dans le domaine du documentaire (plus de 13M€ en 2000) en développant les coproductions internationales et poursuivra sa politique de soutien à l'animation (plus de 13M€ en 2000) et accroîtra le volume de fiction cofinancée. Enfin, la Cinquième accentuera son effort dans le domaine du documentaire (plus de 23 M€ en 2000), proposera des programmes d'éveil pour les jeunes enfants et consolidera ses engagements en matière d'animation.
B. LA SITUATION DE RADIO FRANCE
La progression de 2,8% du budget de Radio France prévue pour 2002 porte le niveau du budget de cet organisme à un niveau insuffisant pour lui permettre de faire face aux besoins résultant des embauches rendues nécessaires par la réduction du temps de travail en dépit des progrès de productivité qui se sont traduits par le quasi-retour à l'équilibre intervenu en 2000.
1. La position de Radio France dans le paysage radiophonique
En
matière de radio - qui est le média a été
écouté par plus de huit français sur dix pendant trois
heures 10 minutes en moyenne par jour de semaine - l'événement
marquant depuis 1999 est la forte chute de RTL enregistrée de septembre
à décembre 2 000. - près de 2 millions d'auditeurs ont
abandonné la station - au profit essentiellement d'Europe.
Dans ce contexte, France Inter a maintenu son audience à 11,3 % (5,4
millions d'auditeurs) pour se classer dans le trio de tête des radios
dans 20 agglomérations, dont la 1ère position à Paris
intra-muros, Nantes, Rennes...
France Bleu, dont la naissance est le deuxième évènements
important de cette saison, est créditée de 6,4 % d'audience
cumulée (3 millions d'auditeurs) et de 136 minutes de durée
d'écoute.
France Info a enregistré une progression de 0,4 point. Son audience
cumulée s'élève à 11,2 %. Elle se situe en
tête de toutes les radios dans 14 agglomérations (dont Lyon,
Marseille, Toulouse, Nice..) ainsi qu'à Paris+Petite Couronne.
France Culture et France Musiques stabilisent leur audience à
respectivement 0,9 % et 1,6 % un jour moyen de semaine. Si l'on
considère l'auditoire d'une semaine (lundi-dimanche), France Culture
touche 2,5 millions de personnes (5,4 %) et France Musiques 3,4 millions
(7,2 %).
Le Mouv' progresse dans les agglomérations où elle était
déjà présente (Toulouse : 5,2 %, Angers : 7,1 %,
Valence : 2,8 %) et démarre bien dans les agglomérations
nouvellement desservies (Brest :2,7 %, Rennes :1,8 %....).
L'audience de FIP augmente à Bordeaux (4,2 %), à Strasbourg (4,4
%), à Paris intra-muros et reste stable à Nantes (3,1 %).
En ce qui concerne les réseaux musicaux nationaux, on peut noter les
hausses de NRJ, Nostalgie, Fun radio et Skyrock.
Audience cumulée du MOUV' |
||||||
05H00-24H00 - Lundi-Vendredi - 15 ans et + |
||||||
Septembre 00 - Juin 01 |
||||||
|
1% = |
|
||||
TOULOUSE |
6 044 |
5,2 |
||||
ANGERS |
1 782 |
7,1 |
||||
VALENCE |
938 |
2,8 |
||||
RENNES |
2 189 |
1,8 |
||||
BREST |
1 670 |
2,7 |
||||
LYON |
10 510 |
1,5 |
||||
MARSEILLE |
9 282 |
1,4 |
||||
NANTES |
4 304 |
1,5 |
||||
LILLE |
7 414 |
1,3 |
||||
AJACCIO |
526 |
1,4 |
||||
Source: Médiamétrie, Médialocales |
|
|||||
AUDIENCE EN CUMULE DES STATIONS DE RADIO |
||||||
|
Septembre 99 - juin 00 |
Septembre 00 - juin 01 |
||||
|
1 % = 474 730 |
1 % = 476 330 |
||||
|
|
|
||||
TOTAL RADIO |
83,6 |
83,5 |
||||
FRANCE INTER |
11,4 |
11,3 |
||||
EUROPE 1 |
10,2 |
11,1 |
||||
RTL |
17 |
13,8 |
||||
RMC INFO |
2,6 |
2,0 |
||||
FRANCE BLEU |
- |
6,4 |
||||
FRANCE INFO |
10,8 |
11,2 |
||||
FRANCE CULTURE |
0,9 |
0,9 |
||||
FRANCE MUSIQUES |
1,6 |
1,6 |
||||
CHERIE FM |
5,7 |
5,8 |
||||
EUROPE 2 |
5,2 |
5,1 |
||||
FUN RADIO |
6,5 |
7,3 |
||||
NOSTALGIE |
8 |
8,7 |
||||
NRJ |
11,7 |
12,1 |
||||
RFM |
4,5 |
4,3 |
||||
RTL2 |
4,5 |
4,5 |
||||
SKYROCK |
6,3 |
6,7 |
||||
RIRE ET CHANSONS |
3,2 |
3,6 |
||||
MFM |
1 |
1,5 |
||||
Source : Médiamétrie enquête 75 000 +. 5h-24h, 15 ans et plus |
|
2. Une situation budgétaire encore tendue
En
dépit de l'amélioration constatée pour l'exercice 2000 -
les produits ayant progressé de 3,5% alors que l'évolution des
charges a été limitée à 2% - , la situation reste
fragile.
Il convient de rappeler que ce résultat pour 2000, qui reste encore
déficitaire, supporte :
- le poids des provisions d'exploitation constituées au cours de
l'exercice clôturé, soit 27,2 MF en 2000. Comme l'a
souhaité le Conseil d'Administration lors de l'arrêté des
comptes 1999, la Société a opéré une rupture dans
sa politique de provisionnement. C'est ainsi que, dans la perspective de la
prochaine mise en application des nouvelles règles comptables, les
provisions constituées pour charges à répartir sur
plusieurs exercices dont la dotation 1999 s'était élevée
à 61,9 MF ont été limitées à 9,6 MF .
- la charge des amortissements dégagés par les investissements
réalisés à l'aide de subventions, dont la reprise est
comptabilisée en produits exceptionnels, soit 10,1 MF en 2000.
(en millions de francs |
1999 |
2000 |
Variation |
Produits
d'exploitation
|
2 991,2
|
3 096,4
|
+ 105,2
|
Résultat d'exploitation |
- 73,7 |
- 30,5 |
+ 43,2 |
Produits
financiers
|
8,1
|
6,9
|
-1,2
|
Résultat financier |
,4 |
,6 |
- 0,8 |
Résultat courant |
- 66,3 |
- 23,9 |
+ 42,4 |
Produits
exceptionnels
|
5,0
|
4,8
|
+
9,8
|
Résultat exceptionnel |
7,5 |
8,7 |
+ 1,2 |
Intéressement
|
,0
|
,9
|
+ 2,9
|
Résultat net |
-39,0 |
1,7 |
+ 40,7 |
Le
résultat budgétaire de l'exercice - comparaison entre le
surcroît de recettes nettes (exploitation et financier, hors reprise de
provisions) soit 30,2 MF et le surplus de dépenses nettes
(exploitation et financier, hors constitution de provisions) soit 35,9 MF
s'établit à - 5,7 MF.
Ce léger déséquilibre constitue naturellement le solde de
nombreux mouvements de sens contraire, mais il traduit surtout les tensions
financières, d'ordre conjoncturel, entraînées par la mise
en oeuvre de la RTT et la réduction des disparités salariales,
mesures non inscrites au budget initial, et pour lesquelles les pouvoirs
publics ont accordé en fin d'exercice une dotation complémentaire
de redevance de 38,2 MF, couvrant partiellement les dépenses
supportées par la Société et portant le budget de 2892,3
MF à 2930,5 MF.
Pour 2001, le budget de Radio France s'élève à 3.062,0
MF.
BUDGETS FONCTIONNELS & COMPLETS 2001 |
|||||
(en millions de francs) |
|||||
|
|
|
|
|
|
|
|
Budget |
|
Budget |
|
|
|
fonctionnel |
|
Complet |
|
|
|
2001 |
|
2001 |
|
France Inter |
|
321,9 |
|
480,3 |
|
France Info |
|
135,1 |
|
182,1 |
|
France Culture |
|
257,2 |
|
365,5 |
|
France Musiques |
|
119,8 |
|
215,7 |
|
France Bleu |
|
46,7 |
|
132,5 |
|
Le Mouv' |
|
37,4 |
|
44,8 |
|
Formations permanentes |
|
238,9 |
|
238,9 |
|
Autres productions musicales |
|
27,1 |
|
27,1 |
|
Développement des produits nouveaux |
|
28,1 |
|
31,5 |
|
Programmes nationaux |
|
1 212,2 |
|
1 718,4 |
|
Réseau FIP |
|
24,8 |
|
32,2 |
|
Radios Locales |
|
640,3 |
|
765,6 |
|
Urgences |
|
5,2 |
|
5,7 |
|
Sophia |
|
3,9 |
|
4,8 |
|
Programmes locaux |
|
674,2 |
|
808,4 |
|
Autres activités de programmes |
|
38,6 |
|
38,6 |
|
Versement sociétés d'auteurs et droits voisins |
|
149,6 |
|
0,0 |
|
Diffusion |
|
490,7 |
|
0,0 |
|
Autres frais de programmes |
|
678,9 |
|
38,6 |
|
TOTAL MOYENS AFFECTES AUX PROGRAMMES |
|
2 565,3 |
|
2 565,3 |
|
INA |
|
20,0 |
|
20,0 |
|
Cotisations diverses |
|
0,0 |
|
0,0 |
|
Impôts et taxes |
|
101,3 |
|
101,3 |
|
Formation professionnelle |
|
36,5 |
|
36,5 |
|
Action sociale |
|
68,0 |
|
68,0 |
|
Affaires commerciales |
|
23,7 |
|
23,7 |
|
Activités immobilières & prestations diverses |
|
46,0 |
|
46,0 |
|
Informatique |
|
91,3 |
|
91,3 |
|
Services centraux |
|
50,4 |
|
50,4 |
|
Charges communes non ventilables |
|
59,5 |
|
59,5 |
|
TOTAL MOYENS NON DIRECTEMENT AFFECTABLES AUX PROGRAMMES |
|
496,7 |
|
496,7 |
|
TOTAL |
|
3 062,0 |
|
3 062,0 |
3. L'accord sur la réduction du temps de travail
L'accord
sur la réduction, l'organisation du temps de travail et l'emploi
à Radio France, signé le 27 janvier 2000 avec les syndicats CFDT,
CFTC, SNJ et SJA FO, est entré en application le 1er février 2000.
Cet accord repose sur quatre principes majeurs
• Diversité et souplesse des modalités de
réduction du temps de travail : selon les types d'horaires
pratiqués, les catégories de personnels (cadres, non-cadres,
journalistes) et les contraintes d'organisation des services, la RTT s'effectue
en heures ou en jours, à la semaine, au mois ou à
l'année ;
• Maintien du salaire de base et réforme du paiement des heures
majorées : l'accord RTT conclu à Radio France a permis de
modifier les dispositions de la convention collective par une baisse sensible
des taux de majorations des heures supplémentaires ; en particulier les
heures supplémentaires rémunérées à 200 et
225% ont été supprimées et en contrepartie les majorations
des heures effectuées de nuit (entre 21h et 6h) sont passées de
20 à 40% ;
• Flexibilité du temps de travail par l'introduction de la
modulation et de l'annualisation .
La modulation du temps de travail sur des périodes de quatre semaines
permet de faire varier la durée du travail entre 28 et 42 heures d'une
semaine à l'autre sans que le dépassement d'une durée
hebdomadaire de 35 heures entraîne mécaniquement le paiement
d'heures supplémentaires.
Ces dispositions concernent l'ensemble des techniciens des radios locales, les
assistants et chargés de réalisation, les techniciens,
éclairagistes et aides de plateaux du centre technique de production,
les techniciens de maintenance du centre technique des reportages, les
chargés d'accueil des radios locales, les techniciens du Mouv', soit au
total 530 personnes.
80 personnes, salariés itinérants non-cadres, appartenant
pour l'essentiel au centre technique des reportages ont vu leur durée du
travail annualisée sous la forme d'un forfait annuel en heures.
Une centaine de cadres non référés à un horaire
collectif sont régis par un forfait annuel en jours.
Cet accord s'est traduit par la création de 175 emplois (dont 55 de
journalistes) ciblées sur les activités qui constituent le coeur
de métier de Radio France : production et diffusion des programmes et de
l'information dans les chaînes nationales et les stations locales du
groupe.
Le bilan de la première année d'application de l'accord fait
apparaître que 80% des salariés qui travaillent en horaire
hebdomadaire constant, ont effectivement pris la totalité de leurs
journées ou demi-journées RTT. Ce pourcentage est identique pour
les cadres et les non-cadres et ne présente pas de différence
significative d'une direction à l'autre.
La mise en oeuvre de la modulation du temps de travail a eu dans les
différents secteurs concernés le double effet attendu de baisse
du volume et de baisse des coûts des heures supplémentaires
A fin juin 2001, 278 salariés, essentiellement cadres et journalistes,
ont ouvert un compte épargne temps ; en moyenne chaque salarié
ayant ouvert un CET a épargné 11 jours ouvrés sur un
maximum possible de 15 (60% étant des jours de congés
payés, le reste des jours RTT ou des heures de
récupérations capitalisées en jours)
Au 15 mai 2001, 171 emplois sur les 175 prévus étaient pourvus.
Deux effets positifs importants sont à noter dans le processus de
comblement de ces emplois
- un mouvement important de mobilité : sur les 55 postes de journalistes
créés 33 l'ont été par la mobilité, de
même que 26 postes sur 60 de techniciens ;
- le rajeunissement de la pyramide des âges résultant des
recrutements effectués après mobilités dans les
métiers de journaliste et technicien.
4. Des besoins complémentaires
La
nécessité de créer plus de 170 emplois pour satisfaire aux
exigences de la réduction du temps de travail ne peut qu'avoir une
influence défavorable sur les comptes au détriment de
dépenses tendant à améliorer la productivité, et en
particulier à celles relatives à la numérisation.
Telle est actuellement la situation de cet organisme qui, ne pouvant faire face
aux dépenses quasi-obligatoires de la RTT, ainsi qu'à certaines
charges exceptionnelles, se voit contraint de repousser certains
investissements.
En l'occurrence, aux charges de personnels, viennent s'ajouter pour
l'exercice 2002 trois dépenses exceptionnelles :
1/ deux grands événements qu'il va falloir couvrir comme les
élections présidentielles et législatives, les jeux
olympiques et la coupe du monde, surtout, dont le coût total peut
être estimé à 11 millions de francs ;
2/ la modification des tarifs de TDF qui s'est traduite par une augmentation de
3,2 % en 2001 contre 1 % environ en moyenne, ce qui laisse un solde
résiduel de 10 millions de francs sans financement ;
3/ un changement de règles comptables qui ne permet plus à Radio
France de constituer des provisions pour charges à répartir sur
plusieurs exercices et qui finançaient le budget de fonctionnement de
l'entreprise jusqu'à 50 millions de francs de façon
récurrente.
La direction de l'entreprise souhaiterait pouvoir rééquilibrer
ses comptes pour 2001 par l'affectation d'une partie de la redevance
d'investissement dont la diminution serait compensée par l'affectation
de crédits supplémentaires en loi de finances rectificative
financée sur des suppléments de redevance. Il y a là une
piste qu'il faut effectivement envisager en fonction des recettes effectives de
redevance, étant entendu que celles-ci ne dégagent plus des
suppléments aussi importants et ce d'autant plus qu'une fraction en est
déjà distribuée en loi de finances initiale.
En tout état de cause, le problème de Radio France ne lui est pas
propre. Tous les organismes de l'audiovisuel public doivent faire face à
des charges exceptionnelles qu'ils devraient être en mesure de financer
par des redéploiements si la réduction du temps de travail ne
venait pas grever lourdement leur budget.
Votre rapporteur spécial regrette, à cet égard, d'une
façon générale, qu'on n'ait pas eu la volonté
politique de lier l'application des 35 heures à la remise à
plat de la convention collective de l'audiovisuel. Seule la rénovation
de cette convention permettait de dégager des gains de
productivité suffisants pour financer la réduction du temps de
travail et permettre à l'audiovisuel public de tirer tout le profit des
nouvelles technologies numériques.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le 13 novembre 2001 sous la présidence de
M.
Alain Lambert, la commission a examiné les
crédits
de la
communication audiovisuelle
, ainsi que
l'article 47
et les
lignes 38 et 39 de l'état E annexé à
l'article 43
.
Après avoir évoqué l'évolution des grandes masses
financières qui caractérisent le budget des organismes
constituant l'audiovisuel public, le rapporteur spécial a
évoqué une série de questions d'actualité.
Il a exposé, en tout premier lieu, les termes de la controverse ouverte
par le lancement de la télévision numérique de terre
décidée dans les conditions fixées par la loi du 1er
août 2000, pour indiquer qu'on assistait à un conflit
d'intérêt évident entre les opérateurs
déjà présents sur le satellite ou le câble, et tous
les groupes qui aspirent à se faire une place dans le paysage
audiovisuel français. Il a estimé qu'il fallait tenir compte des
réalités commerciales, et en particulier, du coût
réel des décodeurs qui pourrait se révéler bien
supérieur à ce qui est annoncé, et rester prudent,
étant donné l'échec des expériences scandinaves et
britanniques, signalant à ce sujet que le bouquet numérique
terrestre anglais On Digital devenu ITV Digital, avait perdu près de
9 milliards de francs en trois ans.
En ce qui concerne la situation de l'audiovisuel public, il a fait savoir que
la dotation en capital d'1 milliard de francs promise par le gouvernement et
qui devrait être versée par tranche à compter de la
signature du contrat d'objectifs et de moyens entre l'État et France
Télévision, ne donnerait pas au groupe, en dépit du talent
des équipes qu'il mobilise, les moyens de développer de nouvelles
chaînes dans de bonnes conditions.
Ensuite, évoquant la pauvreté du paysage audiovisuel
français, le rapporteur spécial a fait le point sur la situation
des télévisons de proximité qui ne parviennent pas, en
dépit de la multiplication des initiatives émanant notamment de
la presse locale, à se développer, faute de pouvoir
évoluer dans un cadre clair en ce qui concerne la nature des ressources
publicitaires auxquelles elles peuvent avoir accès, et les
possibilités d'intervention des collectivités territoriales.
Puis il a rappelé la triste histoire de la Société
française de production qui, après avoir perdu, en 25 ans,
80% de ses effectifs et englouti plus de 4,5 milliards de francs de
dotations publiques, vient d'être cédée à un
opérateur associé au groupe Bolloré pour 30 millions
de francs, une somme quasi-symbolique compte tenu de la valeur des actifs
transférés et du savoir-faire de la société.
En dernier lieu, il a insisté sur la situation de l'audiovisuel public
extérieur, qui, autant qu'il avait pu en juger à l'occasion de
déplacements à l'étranger, ne parvenait pas à
développer une stratégie cohérente associant tous les
acteurs publics et à mettre en place une vraie dynamique tirant parti du
capital de compétence et de dévouement -comme en témoigne
une actualité dramatique- qui caractérise les
sociétés concernées.
Répondant ensuite aux questions de
MM. Gérard Braun
et
Michel Sergent
,
M. Claude Belot, rapporteur spécial
, a
notamment indiqué que la négociation de la retransmission du
championnat du monde de football de 2002 faisait l'objet d'une partie de bras
de fer entre le groupe Kirch détenteur des droits et les
télévisions françaises, et rappelé qu'il voyait
difficilement comment, au vu de l'ampleur des besoins, on pourrait
éviter une augmentation de la redevance, rappelant à cet
égard son attachement à l'existence d'une recette affectée.
A l'issue de ce débat, sur proposition du rapporteur spécial qui
a rappelé que beaucoup de sujets étaient traités dans
l'ambiguïté, la commission a décidé de proposer au
Sénat de
rejeter les crédits de la communication
, ainsi
que
l'article 47 et les lignes
38 et 39 de l'état
E annexé à l'article 43
.
1
Notamment dans Les Échos du 8
octobre
2001
2
Elles ont été recensées par des experts. En
premier lieu, le rythme de déploiement technique sur des 85 % de
population qu'il est économiquement raisonnable de desservir, sera
nécessairement lent. Il est conditionné par la lourdeur des
travaux de recherche et de validation des premières fréquences
numériques cohabitant dans le spectre hertzien, de la planification
décalée des émetteurs secondaires et des
réémetteurs, de l'obligation de réarrangements partiels de
fréquences analogiques, l'approvisionnement en matériels de
diffusion et leur réglage, de la mise aux normes puis en services
d'infrastructures de diffusion préexistantes ou nouvelles. En ce qui
concerne le volet réception les incertitudes ne sont pas moins
grandes : elles portent ici sur le taux obligé d'interventions de
défiltrage ou de remplacement d'antennes de toit, sur le taux
d'immeubles désormais dépourvus d'antennes collectives du fait
d'un abonnement généralisé au service de base du
câble, et enfin sur le taux de portabilité permettant aux foyers
de s'affranchir de la contrainte d'une antenne extérieure, le
bénéfice de cette portabilité étant intimement
lié à la proximité des émetteurs, aux puissances
rayonnées et aux caractéristiques de chaque appartement. Enfin,
il s'agit de permettre la lecture des signaux numériques sur
l'écran de télévision. Trois types d'équipement
domestique pourront satisfaire cette fonction : un téléviseur
numérique intégré permettant de traiter les signaux
numériques reçus en clair mais sans fonction de décryptage
des services payants ; un boîtier démodulateur à connecter
à son téléviseur encore analogique ; ou bien, enfin, un
démodulateur-décodeur, permettant la réception des
chaînes payantes et gratuites, probablement fourni en location par le
distributeur commercial de chaînes payantes. Les premiers modèles
de téléviseurs numériques intégrés devraient
être proposés dans les magasins français à la fin de
l'année 2002, mais l'incertitude plane sur le rythme d'introduction et
l'élargissement de gamme à des prix accessibles au grand public.
3
Il est probable que l'équipement TNT des ménages
français sera en début de période majoritairement
assuré par des boîtiers décodeurs fournis en prêt ou
location par les éditeurs et distributeurs de chaînes payantes,
selon le schéma suivi depuis 15 ans par Canal Plus, le câble et
les deux plates-formes satellitaires. A cet égard la migration des
décodeurs du parc de canal+ serait un puissant levier de diffusion de la
télévision numérique de terre, si ce geste ne consistait
pas pour cette entreprise à alimenter sa propre concurrence.
4
L'adoption de cette mesure a conduit le Gouvernement à
majorer en seconde délibération l'article 10 du chapitre 46-01 du
budget des services du Premier ministre de 68,6 M€.
5
«Ouest France», «Le Télégramme de
Brest», et «Presse Océan» (Socpresse)
réfléchissent aujourd'hui sur la possibilité de
présenter à la mi-novembre, auprès du CSA, un dossier de
candidature commun pour la création d'une télévision
locale à Nantes.
Le groupe Ouest France, via sa filiale Ouest France Multimédia, vient de
faire son entrée au sein de TVWeb Régions, réseau de
télévisions locales interactives. Au sein du conseil
d'administration de TVWeb Régions. Ouest France rejoint ainsi les cinq
autres partenaires («La Nouvelle République du Centre Ouest»,
«Sud Ouest», «La Dépêche du Midi», «Le
Télégramme de Brest», «Le Parisien») qui
détiennent à eux six 80 % du capital, les 20 % restants
appartenant à CanalWeb.net, actuellement en difficultés
6
«La Tribune» du 31 octobre 2001
7
Nommé à la Tête de l'Union européenne
de radiodiffusion
8
On trouvera en annexe la liste des chaînes candidates et
retenues, année par année.
9
Le capital social de SOCEMIE, société
opératrice d'Euronews, qui s'élève au 1er juillet 2001
à 5 115 795 euros (33 557 415 FF), est détenu à 49% par la
société d'information britannique ITN et à 51% par
SECEMIE.(Société Editrice de la Chaîne Européenne
Multilingue d'Information EuroNews) qui détient la licence de diffusion.
Elle appartient à 20 chaînes publiques de télévision
d'Europe et du Bassin Méditerranéen, les deux derniers
actionnaires étant la télévision publique irlandaise RTE,
arrivée en 1999, et la télévision publique russe RTR,
arrivée le 29 juin 2001, à hauteur de 1,8%. France
Télévision est actionnaire à hauteur de 28% du capital de
cette société dont les trois autres actionnaires principaux sont
la RAI italienne, la RTVE espagnole et la SSR suisse. Pour 2001, les quatre
actionnaires du noyau dur versent une cotisation annuelle de 8 689 594 euros
(57 000 000 FF). La participation de France Télévision
s'élève à 2 591 633 euros (16 999 998 FF).
Ce montant sera reconduit pour 2002 conformément au contrat de
sous-licence signé par les actionnaires précités avec la
société SOCEMIE, le 1er janvier 1998.
10
Les chaînes publiques actionnaires, mais également
le fonds Eureka en provenance du parlement italien, la ville de Lyon, la
région Rhône-Alpes ainsi que le ministère français
des Affaires étrangères. Leurs supports ont
représenté en 2000 45% de nos produits d'exploitation
11
du nom de l'AGICOA, Association de Gestion Internationale
Collective des OEuvres Audiovisuelles, qui représente les producteurs.
12
Association Nationale de Gestion des OEuvres Audiovisuelles.
13
Des autorisations temporaires pour un service de
télévision hertzienne privé peuvent être
délivrées par le Conseil supérieur de l'audiovisuel, hors
appel aux candidatures, pour une durée n'excédant pas neuf mois
depuis la loi du 1er août 2000 (au lieu de six mois antérieurement
: article 28-3 de la loi). En application de l'article 28-3 de la loi
précitée le Conseil a délivré 16 autorisations
en 2000 et 15 autorisations au cours de l'année 2001, jusqu'au mois de
septembre. .Pour partie, les autorisations ont été
accordées à des opérateurs qui avaient
antérieurement bénéficié d'autorisations similaires
(Chamonix Défi Organisation, TV Céreste, TV Flamingo, Festival
Vidéo Catalan). Face à l'afflux des demandes constatées
dans la région parisienne et en raison de la rareté de la
ressource hertzienne, le Conseil a décidé de réserver un
canal spécifique à ces demandeurs. Au surplus, les autorisations
ont été accordées sous réserve, notamment, du
respect par le service de la diffusion de son programme à des plages
horaires strictement délimitées. Un même canal a pu ainsi
accueillir six services distincts (Zaléa TV, Ondes Sans
Frontières, Télé Bocal, Télé Plaisance,
Télé Montmartre et La Locale).