3. Des lacunes notamment en matière de renseignement et de communication
Le présent budget marque également un renversement de tendance en matière de recherche : les crédits d'études amont, comme il est coutume de dire, qui avaient chuté de 30% entre 1997 et 2002 au moment où Britanniques et Américains développaient fortement les leurs, sont en augmentation de 10%.
Il y a là la reconnaissance de l'importance de la recherche pour l'efficacité des systèmes d'armes de demain mais aussi le gage de retombées importantes dans le domaine civil .
En revanche, dans le domaine de l'espace , la France est bien seule en Europe à avoir pris conscience de son importance stratégique . Non sans panache, elle s'efforce de rester dans la course, en dépit des coûts très élevés des technologies.
Hélios 1, un satellite d'observation optique fonctionne de façon satisfaisante, Hélios 2, son successeur à infrarouge, coûte très cher et ne bénéficie que d'un petit apport à hauteur de 2,5% de la Belgique et de l'Espagne. Le lancement du premier exemplaire est prévu pour 2004 et le second pour 2008.
Syracuse, qui est un système de satellites de télécommunication, a connu des difficultés avec le retrait de la Grande-Bretagne en 1998. Il représente un effort considérable pour la France, seule. Or l'accès à un tel outil est essentiel du point de vue la boucle Commandement, conduite, communication, renseignement dite C3R : rappelons que celle-ci, qui était de 2 jours pendant la guerre du Golfe, de six heures pendant celle du Kosovo, n'était plus que de 20 minutes en Afghanistan.
Or, la France est quasiment seule à porter des projets qui conditionnent la capacité de réaction d'un appareil militaire et donc son efficacité.
L'Europe ne doit pas dépendre en matière de renseignement ou pour ses systèmes de communication des satellites américains. Il en va de son indépendance. D'où l'importance des projets de satellite Helios ou des systèmes de télécommunication Syracuse, qui, en dépit de leur coût, sont essentiels pour doter l'Europe d'une certaine autonomie de jugement et d'action vis-à-vis de l'ami américain.
La mise en place du système Galileo, le GPS européen, est un bon test de la volonté des Européens de se mettre d'accord sur une répartition des contributions efficace et équilibrée, ainsi que sur leur capacité à résister aux pressions américaines .
Galileo offrira plusieurs niveaux de services : un service de base ouvert et gratuit pour les applications grand public, un service commercial qui permettra le développement d'applications professionnelles, un service vital pour des applications mettant en jeu la vie humaine (navigation aérienne ou maritime), un service de recherche et de sauvegarde pour l'assistance en cas de détresse, et un service gouvernemental dit Public Regulated Service ou PRS crypté et résistant aux brouillages et interférences, réservé aux besoins des institutions publiques (protection civile, sécurité nationale, etc.).
Or ce service pose un problème particulier, car il doit permettre d'augmenter la probabilité qu'en présence de menaces ou de périodes de crise, des utilisateurs agréés par leur gouvernement puissent disposer d'un signal continu dans l'espace. Il faut savoir que, compte tenu du manque de place dans le spectre des fréquences dévolues à la radionavigation par satellite, la superposition des bandes de fréquences utilisées par le GPS (système américain) et par Galileo est inévitable.
Cette superposition est conforme aux règles internationales en l'absence d'interférences dommageables pour les deux systèmes, précise la commission. Or, les États-Unis qui disposent actuellement du monopole de fait en matière de radionavigation par satellite, avec le GPS, s'opposent pour l'instant à la superposition, en bande de fréquence haute sous une modulation spécifique, de l'un des deux signaux du PRS et de l'un des deux signaux militaires du GPS. Pourtant, le choix des fréquences retenues pour le signal PRS de Galileo se justifie pleinement sur le plan technique, car il s'agit du spectre de fréquences offrant les meilleures performances, notamment en termes de résistance et robustesse, le meilleur rapport bénéfice/coût et la meilleure garantie de continuité et d'intégrité.
Si ce projet tarde à voir le jour, c'est parce que les États-Unis auront tout fait pour en entraver la mise en oeuvre, afin de préserver le monopole de leur système de GPS.