B. LA CONFORMITÉ DU PROJET DE LOI AUX EXIGENCES CONSTITUTIONNELLES
Le présent projet de loi habilitant le Gouvernement à simplifier le droit doit respecter formellement les conditions posées par l'article 38 de la Constitution. Ces dernières encadrent le recours aux ordonnances et permettent de protéger les prérogatives du Parlement . Elles ont été précisées par plusieurs décisions du Conseil constitutionnel.
1. Le champ de l'habilitation
Tout
d'abord, la demande d'habilitation du Gouvernement à prendre des
ordonnances doit permettre l'« exécution de son
programme ». Le Conseil constitutionnel a précisé la
notion de « programme » dans une
décision n° 76-72 DC du 12 janvier 1977, en indiquant que
«
ce texte doit être entendu comme faisant obligation au
Gouvernement d'indiquer avec précision au Parlement, lors du
dépôt d'un projet de loi d'habilitation et pour la justification
de la demande présentée par lui, quelle est la finalité
des mesures qu'il se propose de prendre
». Cette
interprétation du Conseil Constitutionnel permet d'encadrer le recours
aux ordonnances et donc de protéger les pouvoirs du Parlement par une
indication précise des finalités des mesures à prendre.
Le Conseil constitutionnel a d'ailleurs considéré que
«
l'urgence est au nombre des justifications que le Gouvernement
peut invoquer pour recourir à l'article 38 de la
Constitution
» (décision n° 99-421 DC du
16 décembre 1999).
En outre, le Conseil Constitutionnel contrôle qu'«
en
l'espèce, les précisions requises, en vertu de l'alinéa
premier de l'article 38 de la Constitution, ont été dûment
fournies par le Gouvernement au soutien de sa demande d'habilitation
[...].
» (décision n° 76-72 DC du 12 janvier 1977).
En l'espèce le Gouvernement répond bien à cette exigence
dans l'exposé des motifs du présent projet de loi en indiquant
que le caractère très technique des mesures à prendre et
la volonté politique de provoquer un débat général
sur la simplification administrative ont conduit au choix des ordonnances pour
légiférer
37(
*
)
.
De plus, l'exposé des motifs précise également que le
projet de loi d'habilitation délimite «
le champ des
mesures de simplification et fixe, pour chacune d'elle, leur
objet
». En effet, d'après plusieurs décisions du
Conseil constitutionnel
38(
*
)
, la
loi d'habilitation doit préciser les « domaines
d'intervention » des mesures envisagées. Si la majorité
des articles autorisant le gouvernement à légiférer par
voie d'ordonnance répond à ces exigences, certaines des
habilitations proposées peuvent paraître demeurer assez larges
après l'examen du projet de loi par l'Assemblée nationale. Chaque
commission saisie pourra, en conséquence, être conduite à
vous proposer d'en préciser les contours pour respecter les exigences
constitutionnelles.