2. Les mesures de relance : un « multiplicateur keynésien » qui pourrait être plus faible qu'habituellement
Les mesures de relance stricto sensu obéissent à une logique de « multiplicateur keynésien », défini comme l'impact sur le PIB d'une augmentation ex ante (avant prise en compte du supplément de recettes permis par la croissance) du déficit d'1 euro. Par exemple, si le multiplicateur est de 1,5, cela signifie qu'une augmentation du déficit d'1 euro augmente le PIB de 1,5 euro.
Selon les estimations usuelles, dans le cas de la France :
- 1 euro d'investissement public ou de transferts aux personnes à faible revenu augmente le PIB d'1 euro (multiplicateur keynésien égal à 1 ) ;
- 1 euro d'allègement fiscal (hors mesures de trésorerie) augmente le PIB de 0,5 euro (multiplicateur égal à 0,5 ).
Au niveau de l'Union européenne, ces chiffres doivent être multipliés par 2. En effet, si l'économie française a un taux d'ouverture 24 ( * ) de l'ordre de 30 %, celui de l'Union européenne est de l'ordre de seulement 10 %, comme celui des Etats-Unis et du Japon : une relance française isolée se « dilue » dans l'ensemble de l'Union européenne, et bénéficie pour moitié à ses partenaires.
Il faut cependant se garder d'une application mécanique de ces règles. Celles-ci correspondent en effet à de simples ordres de grandeur, et décrivent ce qui doit se passer dans une situation « normale ». Dans le contexte actuel de crise de confiance et de crise du système de financement de l'économie, le multiplicateur est vraisemblablement moindre. Tel est en particulier le cas en ce qui concerne les mesures fiscales, dont l'efficacité dépend du comportement d'épargne des ménages.
* 24 Le taux d'ouverture est la moyenne des exportations et des importations, exprimée en part du PIB.