3. Des tensions sur le logement
La conséquence la plus immédiate de la hausse continue des prix immobiliers est l'existence de tensions sur le marché du logement. Les résidents de l'île trouvent de plus en plus difficilement à se loger, y compris en location. La priorité des investisseurs va au logement locatif saisonnier, et non pas au logement locatif annuel.
Selon les statistiques de l'INSEE, la Corse comptait en 2008, 205 000 logements, dont 126 000 résidences principales, 71 000 résidences secondaires et 8 000 logements vacants. Le poids des résidences secondaires est donc en Corse d'environ 35 % du parc de logements, contre 10 % au niveau national, 17 % en région PACA ou 22 % en Languedoc-Roussillon.
On dénombrait, en 2009, 12 115 logements sociaux, ce qui équivaut à un taux de logements sociaux d'environ 10 % des résidences principales, alors que la moyenne nationale est de 17 %. Les communes d'Ajaccio et de Bastia concentrent les trois quarts du logement social.
Indice de la tension sur le marché du logement, la part des logements vacants ne représente que 3,8 % du parc immobilier, contre 6,3 % au niveau national. Les grands perdants de la pénurie de logements sont les jeunes actifs, dont les salaires sont plus bas et qui ne bénéficient pas en général de l'apport de la revente d'un premier bien immobilier déjà acquis.
La difficulté à se loger a également un impact négatif sur la mobilité géographique des personnes à la recherche d'emploi, entre les différents bassins d'emplois de l'île.
4. Les risques d'une correction brutale
Le marché immobilier corse semble avoir atteint un niveau de développement irrationnel, les fondamentaux de l'économie insulaire ne justifiant pas une telle hausse. La situation est en fait très proche de celle observée en Espagne durant les années fastes, entre 2000 et 2008. Un déséquilibre profond se creuse, avec la formation d'une « bulle » immobilière. Le poids de la construction et de l'immobilier dans l'économie devient disproportionné.
Alors que la crise financière entraîne un resserrement du crédit immobilier et que la réduction des niches fiscales touche fortement l'investissement locatif, les conditions semblent aujourd'hui réunies pour que cette « bulle » immobilière éclate. Les conséquences en seraient destructrices pour l'économie corse : emplois perdus, patrimoine des ménages dévalué, déstabilisation de la structure économique, perte de recettes fiscales...