II. UNE VALIDATION LÉGISLATIVE JUSTIFIÉE PAR DES IMPÉRATIFS D'INTÉRÊT GÉNÉRAL
A. LES BÉNÉFICES ATTENDUS DU PROJET D'A69 : LE DÉSENCLAVEMENT ET LE DÉVELOPPEMENT DE CASTRES-MAZAMET
1. Améliorer l'accès à l'agglomération toulousaine et à ses grands équipements
Le bassin de vie de Castres-Mazamet (42 000 emplois et 112 000 habitants) est le seul bassin d'Occitanie de cette importance situé à plus d'une heure du réseau autoroutier, du réseau TGV et de la capitale régionale, Toulouse. Il reste de ce fait à l'écart des grands équipements du pôle toulousain (centre hospitalier universitaire, aéroport international de Blagnac, universités et grandes écoles, etc.). En effet, les infrastructures de desserte de ce territoire manquent de rapidité et de fiabilité :
- il faut 1h10 pour rejoindre Toulouse depuis Castres via la RN 126, ce qui place cette ville dans une situation singulière par rapport aux agglomérations situées à des distances équivalentes (telles qu'Albi) ou inférieures de Toulouse, mais reliées au réseau autoroutier ;
- la liaison ferroviaire Castres-Mazamet-Toulouse est constituée d'une voie unique ne permettant pas - sauf sur de rares portions - de croisements de trains. Il faut 1h15 en moyenne pour un trajet Castres-Toulouse et 1h30 pour un trajet Mazamet-Toulouse. Cette ligne n'est en outre pas adaptée au transport de marchandises compte tenu de ses limites capacitaires ;
- l'aéroport de Castres est principalement dédié aux liaisons directes avec Paris et perd en attractivité depuis des années.
2. Enrayer le décrochage démographique de Castres-Mazamet
La dynamique démographique dans le bassin de vie de Castres-Mazamet contraste avec celle d'autres agglomérations comparables d'Occitanie, qui sont reliées à Toulouse par le réseau autoroutier.
Tandis que la population des bassins de Castres et de Mazamet a, respectivement, augmenté de 4,3 % et diminué de près de 10 % entre 1990 et 2021, celle de Gaillac a augmenté de 39 %, celle d'Albi de 19 % et celle de Montauban de 34 %. En moyenne, sur la même période, la population d'Occitanie a cru de 32 %, l'essentiel de cette croissance profitant aux territoires situés le long du littoral et sur les axes autoroutiers Toulouse-Montauban, Toulouse-Albi et Toulouse-Carcassonne.
Population 2022 et évolution annuelle moyenne sur la période 2016-2022 en Occitanie
L'enjeu de l'attractivité démographique est d'autant plus vital dans le bassin de vie de Castres-Mazamet que sa population est vieillissante : les personnes de plus de 60 ans représentent près du tiers de la population du sud du Tarn.
3. Soutenir le développement économique du territoire, qui pâtit de son enclavement
La Chambre de commerce et d'industrie (CCI) du Tarn a réalisé, en mars 2025, une étude socio-économique sur l'évolution de Castres-Mazamet comparativement à 10 autres agglomérations reliées à la métropole toulousaine par un axe autoroutier, à partir de données de l'Insee, de l'Observatoire économique d'Occitanie et de la CCI d'Occitanie : la communauté d'agglomération de Castres-Mazamet (CACM) présente le taux d'activité parmi les plus faibles (10ème position sur les 11 agglomérations), le taux de chômage (15 %) le plus élevé ainsi que le taux de création d'emplois publics et privés le plus faible.
Selon les données transmises par la préfecture du Tarn, entre 2010 et 2021, Castres-Mazamet est la seule agglomération dont l'emploi stagne, alors que les bassins équivalents de la région sont en progression : l'emploi a augmenté de 1,4 % dans l'agglomération de Castres-Mazamet, contre près de 14 % dans le Grand Montauban, de 7 % dans l'agglomération Gaillac-Graulhet et de 6 % dans l'Albigeois, ces agglomérations étant reliées à Toulouse par les autoroutes A62 et A68.
L'enclavement du territoire engendre en outre des difficultés de recrutement récurrentes pour les établissements privés et publics de Castres-Mazamet.
« L'absence d'autoroute est aujourd'hui clairement un critère péjoratif dans le choix que font les jeunes professionnels qualifiés, notamment médecins, dans leur engagement professionnel. Chaque trimestre, des médecins déclinent un poste au centre hospitalier intercommunal de Castres (CHIC) pour motif de contraintes de transport/accessibilité [...]. Une cinquantaine de médecins du CHIC sur un total de 180 est domiciliée à Toulouse ou son agglomération. »
Propos du directeur du CHIC, rapportés par le Groupe Pierre Fabre
Cette situation constitue un obstacle non seulement pour attirer de nouvelles entreprises, mais aussi pour assurer le maintien du tissu économique du territoire.
« S'il n'existe aucune automaticité entre la création d'un équipement autoroutier et le développement économique territorial, en revanche, la réciproque est vraie : un territoire ne peut pas se développer - ou même maintenir son activité économique - sans infrastructure de mobilité. »
Groupe Pierre Fabre
En outre, le rapporteur constate avec satisfaction que l'arrivée de cette infrastructure a été collectivement préparée à travers l'élaboration d'un projet de territoire par les services de l'État et les collectivités territoriales, de manière à ce que l'A69 soit un véritable catalyseur de développement et de désenclavement du sud du Tarn.
4. Améliorer la sécurité routière sur l'axe Castres-Toulouse
La RN 126, qui comprend 2x1 voie sans séparateur central, est particulièrement accidentogène. Elle est bordée d'arbres et fréquentée par de nombreux poids lourds du fait des spécificités du tissu économique local (transport de matériaux lourds et volumineux, comme du granit, du bois ou encore des matériaux de construction). Elle comprend en outre peu de créneaux de dépassement et des traversées de bourgs.
Selon les préfectures du Tarn et de Haute-Garonne, de 2010 à 2020, 11 morts sont à déplorer et 120 blessés, dont 65 ont été hospitalisés. Elles indiquent : « depuis 2021 et jusqu'à fin octobre 2024, soit en moins de quatre ans, il est déjà comptabilisé 18 accidents ayant causé la mort de 6 personnes. »
Le réseau autoroutier étant beaucoup moins accidentogène que le réseau hors agglomération, les reports de trafics vers l'A69 (les prévisions de trafic de l'infrastructure font état de 14 000 véhicules par jour) permettront d'améliorer la sécurité des usagers. La sécurité routière sur la RN 126 - qui sera déclassée en route départementale - sera également améliorée grâce à la baisse du trafic, notamment de véhicules lourds.