B. LES ACTIVITÉS DE L'INA EN 1995
La richesse de son patrimoine, son savoir-faire reconnu en matière documentaire, ses capacités de recherche et d'innovation, constituent pour l'INA autant d'atouts qui lui permettent, en s'appuyant sur des technologies nouvelles, de se positionner comme un centre de ressources ouvert à des publics larges et diversifiés, aussi bien professionnels que chercheurs ou même grand public.
C'est en ce sens que plusieurs projets sont actuellement en cours d'études, dans le cadre des futures autoroutes de l'information, avec la création d'une chaîne câblée thématique, à vocation historique, en partenariat avec les diffuseurs publics et privés et enfin des propositions commerciales de destinées aux télévisions chinoises de mise à disposition d'un système de gestion d'archives.
Depuis 1993 l'effort poursuivi par l'INA en matière de conservation et d'exploitation des archives audiovisuelles s'articule autour de deux axes prioritaires.
1. La préservation et l'entretien du Patrimoine
Pour gérer son fonds, l'INA a adopté en 1993 un schéma directeur informatique qui devrait aboutir en 1997.
L'effort de restauration et de sauvegarde du patrimoine a été intensifié en 1994 et 1995 grâce à l'acquisition de nouveaux équipements.
L'inventaire des fonds d'actualités et des archives radiophoniques a été poursuivi et l'inventaire physique des supports films d'actualités (230.000 supports) est terminé, ce qui améliore la fiabilité et la pertinence de l'accès aux images.
Enfin, l'INA a accueilli de nouveaux fonds.
Les nouveaux fonds de l'INA 1994-1995
• programmes diffusés dans le cadre de
Télé Emploi
(pour le compte du Ministère
du Travail),
• conservation et communication des enregistrements
des débats des séances publiques ainsi que d'autres types
d'événements (séances de commissions ouvertes à la
presse, conférences de presse...) du
Sénat,
• fonds de l'ex-Cinq déposés premier
semestre 1995 par La Cinquième qui en est le propriétaire.
• production film et vidéo de la
SFP,
a). Les versements des diffuseurs en 1994
Avec 26 420 heures en 1994, le volume du versement des diffuseurs présente quelques variations par rapport à 1993.
• En ce qui concerne la Vidéothèque de
Production
(17 300 heures), la hausse sensible (+ 4,3 %) des
versements est essentiellement due à des facteurs
conjoncturels :
- un important dépôt de copies d'exploitation de programmes anciens par France 3 (1 787 heures d'actualité et 5 086 heures de production),
- l'accueil des fonds Télé Emploi (657 heures),
- le versement d'un stock significatif de programmes coproduits par l'INA (5 942 heures, dont des opérations de restauration),
A l'inverse, les versements de TF1 et de France 2 se contractent en raison :
- pour TF1, de la réduction du nombre d'émissions traitées au profit de cette chaîne (4 594 heures d'actualité et 569 heures de production),
- pour France 2, par l'achèvement des versements de copies films en provenance d'EVA 2 (plus de 2.300 supports versés en 1993), d'une part, et de l'augmentation des achats de droits commande, d'autre part (représentant 2 740 heures d'actualité et 5 045 heures de production).
• Pour ce qui est de la
Vidéothèque d'Actualités
(9 121 heures),
l'arrêt par TFl des journaux du soir et du matin, ainsi que des magazines
et des émissions sportives, induit une nette diminution du
résultat 1994 (- 7,4 %), malgré l'augmentation des
dépôts de France 2 (+ 13 %) et de France 3 (+ 22,7 %).
Enfin, les versements à la Phonothèque, qui habituellement varient entre 13.000 et 15.000 par an en fonction des grilles de programmes, sont en hausse sensible, avec 18 850 heures en 1994. Celle-ci est due au versement groupé et ponctuel de plusieurs années d'émissions sélectionnées mais provisoirement stockées dans les unités de production.
En 1995, le désengagement de TFl se traduira par une baisse très significative des versements de ce diffuseur.
b). Les activités de restauration de l'1NA en 1994
En matière des émissions de radio, 2.800 heures ont été traitées en 1994, dont 900 nécessitant une restauration plus délicate et sophistiquée, soit une progression de 450 heures (+ 19 %), entre 1994 et 1995.
Le volume global de restauration des supports film et vidéo est en nette augmentation en 1994, avec 2.426 heures de documents.
Aujourd'hui, la sauvegarde des éditions de journaux nationaux (supports nitrate) du fonds des Actualités Françaises est achevée. L'effort de restauration porte maintenant sur les journaux régionaux.
c). La poursuite de l'inventaire
- pour le fonds radio,
Pour la période de décembre 1968 à février 1978, 32.348 notices ont été saisies et versées dans la base INASON.
Pour la période 1987 à 1993, 55.570 notices ont été saisies et versées dans la base.
En 1995, cette opération est poursuivie avec pour objectif l'achèvement des saisies de l'actualité et le début de l'inventaire du stock de copies d'archives (30.000 boîtes 1947-1994).
- pour le fonds Actualités TV
Le traitement systématique du fonds a été poursuivi en 1994 et en 1995 avec un inventaire physique de 11.900 supports dont environ 7.000 kinescopes représentant 48.800 sujets.
2. La politique commerciale de l'INA
De nouveaux accords commerciaux ont été conclus :
- avec la société RFO, en 1994,
- avec La Cinquième, en Juin 1995.
Par ailleurs, le service « INA News » a été lancé en 1994. Sous forme de lettre bimestrielle destinée aux producteurs et diffuseurs français, il propose une sélection thématique d'extraits d'actualités en relation avec l'événementiel. Des cassettes de visionnage gratuites sont mises à la disposition de ceux qui désirent consulter et commander des images.
L'INA s'est efforcé d'améliorer l'offre de son catalogue d'émissions intégrales et d'appliquer des tarifications souples et adaptées.
Un serveur numérique d'extraits de production, dont l'étude avait été initiée en 1994, sera opérationnel avant la fin de 1995.
Cette nouvelle application qui permet de numériser les extraits sélectionnés par les professionnels, répond au double souci de limiter le recours aux supports de conservation et d'accélérer l'accès aux images.
Au cours de l'année 1994, l'INA a mené les études techniques nécessaires à la création, dès le début 1995, d'un centre serveur multimédia accessible sur le réseau Internet, « Médiaport », fournissant des images, des sons, des films et des informations textuelles. Différentes bases de données sont diffusées dont une base de données d'extraits d'archives audiovisuelles.
a). Les mises à disposition de documents
Avec 23 023 documents d'actualité et 8 563 documents de production, le nombre de mises à disposition est, en 1994, sensiblement équivalent à celui de 1993. On constate, cependant, une forte augmentation de cette activité à la Vidéothèque d'Actualités, due, pour partie, aux commémorations de la Bataille de Normandie et de la Libération.
A la Phonothèque, l'augmentation des mises à disposition à la demande de Radio France et des autres clients (+ 18,7 %), relève du même phénomène événementiel. En 1994, 21 087 documents ont été demandés à l'INA.
b). L'activité commerciale de l'INA en 1994
L'année 1994 a été caractérisée par une reprise des activités commerciales liées aux cessions d'archives. Les différents secteurs d'activité ont progressé sous l'influence d'une politique commerciale plus dynamique et d'un marché en croissance.
La vente des émissions intégrales au secteur hertzien a subi une hausse plus faible malgré un effort important de structuration de l'offre et d'analyse des grilles de programmes des diffuseurs.
COMPARAISON DES CESSIONS 93/94
(En milliers de francs)
Source : INA
(1). Les cessions d'extraits des fonds Production et Actualité
Le chiffre d'affaires 1994 est en progression de 37 % par rapport à 1993 pour l'ensemble des activités de cessions d'extraits de production et d'actualité avec 24,1 millions de francs, contre 17,6 millions de francs en 1993.
Le tassement des demandes directes issues des trois grandes chaînes hertziennes, qui passent dorénavant par les producteurs, constaté en 1993, persiste en 1994.
Cependant, de nouveaux clients diffuseurs sont apparus en 1994 de manière significative : Canal +, M6, La SEPT/ARTE, qui ont notamment eu recours aux extraits de la production.
La croissance de ce marché s'est manifestée sur les deux créneaux spécifiques : extraits d'actualité (+68%) et extraits de production (+18%). L'augmentation du chiffre d'affaires d'extraits d'actualité est notamment due à une très forte hausse de l'activité réalisée avec les producteurs indépendants, en particulier dans le cadre des productions liées à la commémoration de la Libération. La programmation de grandes émissions de variétés a également favorisé la croissance du chiffre d'affaires de production.
(2). Les cessions en faveur des chaînes du câble
Le chiffre d'affaires 1994, de 5 millions de francs, est en hausse de 94,7 % par rapport à l'exercice 1993.
Un effort important de structuration de l'offre commerciale a été effectué en 1994. L'analyse des stratégies de programmation des chaînes câblées a permis de instituer des ensembles thématiques cohérents qui ont trouvé place dans les grilles de programmes de ces nouveaux clients.
COMPARATIF DU CHIFFRE D'AFFAIRES RÉALISÉ DANS LE CÂBLE EN 1994/93 PAR CLIENTS
(En milliers de francs)
Source : INA
(3). La diffusion des produits auprès du public
En 1994, l'INA a soutenu son effort en matière de développement de l'accès grand public à ses fonds audiovisuels et sonores au moyen d'édition de vidéocassettes
Le chiffre d'affaires de ce secteur a progressé de 38 % par rapport à 1993. Il est aujourd'hui de 8,3 millions de francs, réalisé essentiellement grâce à deux produits, « Bonne nuit les petits » (41% du total) et « L'Epopée des verts » et « Les grandes batailles » (29%).
La politique phonographique s'est poursuivie en 1994 en privilégiant deux axes : l'autonomie éditoriale dans le domaine de la musique classique, et les coéditions parlées.
Grâce à la progression nette des ventes à l'exportation, le chiffre d'affaires, réalisé en 1994 avec la collection « INA Mémoire Vive », a quasiment doublé.
L'activité d'édition et de diffusion de cassettes vidéo a généré un chiffre d'affaires d'1,5 million de francs.
c). La production
Globalement le bilan de l'activité en 1994 est très proche de celui de l'année précédente.
En 1994, le volume de production de 53 heures est égal à celui de 1993, alors que le chiffre d'affaires de 32,928 millions de francs est inférieur de 6,8 %, mais toujours nettement supérieur à l'objectif budgétaire établi à 29 millions de francs. Cette diminution est due essentiellement à une réduction sensible de la production de fiction.
L'objectif budgétaire est fixé, en 1995, à 29 millions de francs également.
Le niveau de la production déléguée qui reflète les responsabilités prises par l'INA en tant que promoteur de projets est toujours élevé puisqu'il est supérieur à
65 %.
L'équilibre quasi parfait entre programmes produits et programmes diffusés montre l'intérêt que les sociétés de programme leur portent.
Cette activité n'a pu être réalisée que grâce à une collaboration étroite avec une multiplicité d'organismes adaptés à la grande diversité des projets.
•
Les diffuseurs
sont naturellement
les partenaires principaux. Ils ont Participé à 77 % des
programmes produits au cours de l'année.
La collaboration avec la SEPT ARTE a certes diminué mais reste de loin la Plus importante, représente une présence dans 56 % de la production et un apport en chiffre d'affaires de 42 %.
France 3 est le deuxième partenaire de l'INA. Les programmes se répartissent, également, dans les lignes éditoriales documentaires de la chaîne et représente 7 % du chiffre d'affaires.
En revanche, la programmation documentaire de France 2 est limitée (2 % du chiffre d'affaires). La chaîne publique se montre, pour l'INA, trop timide.
La Cinquième, en période de lancement, n'offrait pas en 1994 de débouchés significatifs.
Par ailleurs, l'INA a produit pour Canal + trois films.
•
Les autres partenaires sont le CNC
(20 % du chiffre d'affaires), qui intervient par le biais du compte de
soutien, mais également en quelques occasions par des aides directes
pour soutenir une action de caractère patrimonial et les
producteurs indépendants et
les
télévisions étrangères
qui
représentent environ 15 % du chiffre d'affaires que viennent abonder
également la
PROCIREP
et la participation des
ministères, parfois déterminantes (11 % du chiffre
d'affaires).
d). Le projet de la chaîne « Histoire »
Voir supra, chapitre II, E.
3. Les activités de recherche de l'INA
a). En matière d'images de synthèse
La publicité reste le principal utilisateur d'images de synthèse. En effet, les spots de publicité sont souvent de courte durée et bénéficient d'un gros budget, ce qui correspond aux possibilités actuelles de la 3D. On note cependant une percée récente dans le marché des effets spéciaux haut de gamme pour le cinéma (Jurassic Park, Terminator II, Le Masque, Caspar...
Le marché est actuellement dominé par 3 grands fournisseurs, tous américains.
Dans le cadre du programme européen EUREKA, l'INA a
donc créé et mis au point l'outil Synthetic TV, aujourd'hui
devenu «
Hybrid Vision
»
• Cette technologie
permet de mélanger harmonieusement et avec cohérence de l'image
de synthèse et de l'image réelle.
Grâce à ce système, il est en effet possible de filmer des personnages et objets réels évoluant dans un monde virtuel comme des personnages et objets de synthèse évoluant dans un monde réel, au moyen de la capture des mouvements de caméra et d'optique et la transmission de ces informations au système informatique, et de l'interfaçage matériel au système informatique et l'interfaçage logiciel aux caméras virtuelles des logiciels de synthèse d'images 3D.
b) En matière d'images d'animation
L'industrie européenne de l'animation réalise un chiffre d'affaires annuel d'environ 900 millions de francs, avec un appel massif à la sous-traitance en Asie du Sud-Est. Son informatisation est en cours, de nombreuses décisions d'investissement se prendront en 1995.
La production française d'animation se situe au troisième rang mondial derrière les États-Unis et le Japon. Alors que l'animation ne représente que le cinquième de la production audiovisuelle française, elle est responsable d'un tiers des exportations de programmes.
Les enjeux de ce créneau du marché de la production audiovisuelle sont donc loin d'être négligeables.
Le programme Computer Cartoon du Club d'Investissement Media et de
Cartoon a été lancé en 1992. Il a soutenu, pour un investissement global de 13,5 millions d'Ecus, 4 projets de développement dont « Anim 2000 » du Consortium d'Animation 2000 dont l'INA est le leader technique. Ce programme vise à développer une nouvelle génération de logiciels plus particulièrement orientés vers la production de grandes séries.
Par ailleurs, comme il n'existe pas aujourd'hui sur le marché de solution spécifique pour la conception des séries d'animation, Anim 2000 entend informatiser les principales étapes de conception.
Ce produit vise à permettre des coûts de fabrication de 30 à 40 000 la minute, pour des séries de qualité. L'objectif est ambitieux car la rentabilisation des investissements de développement consentis sur les seul » s ventes Europe nécessite de prendre 25 à 30% de parts de marché dans les trois prochaines années, d'autant qu'Animation 2000 sera désavantagé par une arrivée tardive sur le marché, face à des logiciels déjà commercialisés en production, mais bénéficiera en revanche de certains avantages techniques et de l'accent mis sur les étapes de conception, ainsi que de la synergie avec France Animation et les studios associés.
Une version commerciale du produit a été présentée en juin 1995 dans un salon professionnel.
c) En matière de multimédia
L'INA a investi dès 1994 dans un Centre Serveur faisant appel aux techniques de compression numérique MPEG1 et MPEG2 destiné à l'exploitation de son fond d'archives audiovisuelles.
L'investissement initial, de 8 millions de francs, doit permettre d'atteindre deux objectifs :
la constitution d'une banque d'extraits dont la cession aux professionnels, chaînes et producteurs est en constante progression.
la préfiguration d'un dispositif de transfert massif des fonds enregistrés sur supports périssables ou obsolètes, comme les bandes 3/4 de pouces, sur lesquelles se trouvent inscrites 12 ans d'actualités télévisées nationales et régionales.
Le Centre Serveur a été présenté dans le cadre de l'appel d'offres des autoroutes de l'information, et notamment la mise à disposition en ligne d'une sélection d'images et de sons par un réseau A.T.M.