B. DES ÉCONOMIES SONT POSSIBLE
1. Le nécessaire redéploiement des radios locales
Financées pour l'essentiel par la redevance, bénéficiant de ressources publicitaires modestes, les 39 radios locales de Radio France participent approximativement pour un quart à l'audience de Radio France.
Les zones de service des 39 radios locales de Radio France couvrent 36 départements et 6 agglomérations, ce qui correspond à 44 % de la population française (hors DOM TOM).
L'extension du réseau s'est progressivement ralentie, en raison des contraintes d'ordre budgétaire, pour s'arrêter en 1988.
Plus de 1 000 personnes font vivre ce réseau radiophonique avec 262 journalistes, 263 techniciens, 203 personnels chargés de la logistique et environ 400 collaborateurs de programme.
Les 39 radios locales réalisent, chaque jour, entre 6 heures et 14 heures de programme spécifique (mis à part Radio France Toulouse), auxquels il faut ajouter la diffusion par satellite du programme « Modulation France ». Celui-ci, élaboré à la Direction des radios locales par une équipe d'animateurs tous issus des régions, est utilisé dans les stations, soit en diffusion automatique, notamment la nuit, soit accompagné localement par des présentateurs. Fidèles à leur vocation de départ, les radios locales sont des radios de pays, en prise directe avec leurs auditeurs. Les missions de proximité, convivialité, pluralisme et interactivité constituent la base de leur succès et leur meilleure arme face à la concurrence. Cette stratégie de proximité ne se limite pas à la relation à une région, mais repose surtout sur la prise en compte des préoccupations et comportements des auditeurs face aux changements de société et à leurs incidences sur la vie quotidienne. Elle s'applique indifféremment à toutes les composantes de l'antenne : information, programmes.
Si le succès incontestable des radios de pays qui couvrent une zone en général rurale, équivalente à plusieurs cantons, on peut, en revanche, s'interroger sur la pertinence de maintenir les radios de villes, compte tenu de leur coût de fonctionnement et de la faible audience. Dans ces villes de province, grandes ou moyennes, le service public est correctement assuré grâce à la bonne réception de France Inter et rien ne justifie le maintien de ces radios qui ne sont écoutées que par 5 000 à 10 000 personnes pour un budget moyen de 3,4 millions de francs par station.
Audiences et budgets de certaines radios locales de Radio France
(Budgets en millions de francs)
Source : Radio-France
On peut également s'interroger sur la nécessité de maintenir des « doublons » constitués par l'existence de stations locales de Radio France et de stations FIP, comme à Lille.
2. Le coût élevé des formations musicales de Radio France
Le nouveau chapitre 43-70 - Interventions culturelles dans le secteur de l'audiovisuel public du ministère de la Culture, doté d'un montant de 630,71 millions de francs, comprend des crédits à hauteur de 357,35 millions de francs pour financer l'activité musicale de Radio France. Ce transfert couvrira en réalité 94,78 % du budget total de l'activité musicale de la station, estimé à 377 millions de francs en 1996, contre 367 millions de francs en 1995.
La production musicale de la radio publique est une tradition ancienne. La RTF avait quatre orchestres à Paris et 17 en Province. Elle a créé un orchestre symphonique permanent, l'Orchestre national, dès 1934.
L'activité musicale de Radio France comprend le budget correspondant aux formations permanentes, deux orchestres et deux choeurs, le budget de France Musique, des activités en matière de jazz, de musique traditionnelles et de musique contemporaine. Dans ce dernier domaine, on relève une politique importante de commandes (23 oeuvres en 1994). Un « bureau des séries thématiques » organise les exécutions des orchestres et des choeurs de Radio France et des formations invitées. Enfin, Radio France est également producteur de disques.
La production musicale de Radio France est assurée par l'Orchestre national de France et par l'Orchestre Philharmonique. On peut relever la faiblesse de leur production, pour un coût de fonctionnement élevé. Le budget des formations permanentes est en progression régulière : 192 millions de francs en 1994, 199,9 millions de francs en 1995, 205,5 millions de francs en 1996. Les effectifs des orchestres et du choeur sont en effet importants : 119 musiciens à l'Orchestre national, 138 musiciens à l'Orchestre philharmonique, 112 interprètes au Choeur de Radio France, soit un total de 385 personnes, dont la rémunération représente 80 % du budget total.
L'Orchestre national de France a en effet produit, en 1994, 73 concerts publics représentant 140 heures 54 de musique, correspondant à 36 programmes, soit 56 heures 37 de musique originale. Sur ces 73 concerts, 50 ont été produits exclusivement par Radio France et 24 en coproduction. Il a exécuté 49 concerts à Paris et en région parisienne, 21 à l'étranger et trois seulement en province. Il n'a donné que deux oeuvres de création française.
L'Orchestre Philharmonique a produit pour sa part 57 concerts publics représentant 74 heures 12 de musique, correspondant à 54 programmes, soit 71 heures de musique originale. Sur ces 57 concerts, 41 ont été produits en exclusivité et 17 en coproduction. Il a exécuté 46 concerts à Paris et en région parisienne, 9 en province, 3 à l'étranger, 12 créations mondiales, 5 créations françaises et une première exécution à Paris.
L'Orchestre national de France aura donc exécuté environ deux concerts par semaine ouvrable et l'Orchestre Philharmonique, 1,2 concert toutes les semaines ouvrables, pour un coût moyen de 1,53 millions de francs par concert.
Le choeur de Radio France a donné, en 1994, 32 concerts, dont 6 en Province.
La maîtrise de Radio France a donné, en 1994, 13 concerts.
On rappellera par ailleurs que le coût de l'activité musicale de Radio France représente 14,23 % de son budget total (377 millions sur 2 648 millions en 1996).
Les recettes de concert pour toutes les activités musicales -y compris les activités musicales-, n'ont représenté que 8 millions de francs en 1994, soit un « taux de couverture », par rapport aux dépenses -hors apport de ces activités aux programmes de Radio France-, de 4,16 %.
La qualité et la notoriété de ces formations musicales méritent d'être soulignées. Elles ne sont nullement en cause. La gestion de la production musicale pourrait toutefois donner lieu à des recherches d'économies et de recettes. La coproduction pourrait être développée. La mise à disposition -à titre onéreux- des formations musicales des festivals devrait être encouragée. Les orchestres pourraient effectuer un certain volume de prestations en studios ; la présence d'un chef et d'un soliste de renom, indispensables pour un concert public, est moins nécessaire pour un enregistrement radiophonique.