RAPPORT GENERAL N° 85 - TOME II FASCICULE 2 - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 - AFFAIRES EUROPEENNES ET ARTICLE 24 : EVALUATION DE LA PARTICIPATION FRANCAISE AU BUDGET DES COMMUNAUTES EUROPEENNES
M. Denis BADRE, Sénateur
COMMISSION DES FINANCES, DU CONTROLE BUDGETAIRE ET DES COMPTES ECONOMIQUES DE LA NATION - RAPPORT GENERAL N°85 TOME II FASCICULE 2
Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE PREMIER
LE PROJET DE BUDGET DES COMMUNAUTES EUROPÉENNES POUR 1998 -
CHAPITRE II
LA PARTICIPATION DE LA FRANCE AU BUDGET DES COMMUNAUTES EUROPEENNES - EXAMEN EN COMMISSION
N° 85
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M. Alain LAMBERT,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME II
Fascicule 2
AFFAIRES EUROPÉENNES ET ARTICLE 24 : ÉVALUATION DE LA
PARTICIPATION FRANÇAISE AU BUDGET DES COMMUNAUTÉS
EUROPÉENNES
Rapporteur spécial
: M. Denis BADRÉ
(1) Cette commission est composée de :
MM.
Christian Poncelet,
président
; Jean Cluzel, Henri Collard,
Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Philippe Marini,
René Régnault,
vice-présidents
; Emmanuel
Hamel, Gérard Miquel, Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Alain Lambert,
rapporteur
général
; Philippe Adnot, Bernard Angels, Denis Badré,
René Ballayer, Bernard Barbier, Jacques Baudot, Claude Belot,
Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël
Bourdin, Guy Cabanel, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Yvon
Collin, Jacques Delong, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut,
Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Marc Massion, Michel
Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Oudin, Maurice Schumann,
Henri Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
(1997-1998).
Lois de finances. |
INTRODUCTION
L'article 24 du projet de loi de finances pour 1998
évalue le prélèvement sur recettes représentatif de
la contribution française au budget des Communautés
européennes.
Le montant de ce prélèvement est estimé à
91,5 milliards de francs et s'établit à un niveau
supérieur de 4,5 milliards de francs par rapport à
l'estimation figurant dans la loi de finances pour 1997 et de
3,5 milliards de francs par rapport à celle du projet de loi de
finances rectificative pour l'année en cours.
La dynamique du prélèvement européen supporté
par la France exerce donc un effet défavorable sur les finances
publiques
. Elle creuse en effet le solde budgétaire de la loi de
finances de l'année pour un montant de l'ordre de 0,04 point de PIB
représentant à peu près l'écart entre le solde
budgétaire en points de PIB -3,05 %- tel qu'il est prévu par
la loi de finances pour 1998 et le solde de 3 % du PIB "grosso
modo"
1(
*
)
compatible avec les exigences du
traité d'union économique et monétaire.
Malgré cela, le vote sur l'article autorisant le
prélèvement sur recettes au profit du budget communautaire est un
vote largement contraint et partiellement aveugle.
La contrainte résulte de la nature même du
prélèvement sur recettes qui est l'un des instruments du respect
par la France de ses engagements internationaux. A ce stade, le pouvoir du
Parlement national se résume à exercer une fonction d'influence
puisque tout se joue en dehors de lui. Est-ce négligeable ?
Certainement pas. Répondre par l'affirmative à cette
inquiétude reviendrait à accorder peu de foi dans l'une de nos
fonctions les plus éminentes qui est de traduire l'expression de la
volonté du peuple souverain. Au demeurant, la question mérite
d'être posée de savoir si la situation faite au Parlement
lorsqu'il examine les finances publiques de la Nation est tellement plus
favorable que celle qui est la sienne face au budget européen ? En
théorie certes oui, mais la pratique invite à plus de
réserve dans la réponse. Toutefois, une différence majeure
apparaît qui devrait inciter à réfléchir à
une modernisation des rapports entre "l'exécutif européen" et les
Parlements nationaux. Au plan national, l'exercice du pouvoir budgétaire
du Parlement suppose, compte tenu de la complexification des finances
publiques, elle-même résultat de l'accroissement des budgets, que
celui-ci multiplie ses opérations de contrôle budgétaire.
Il s'agit d'une condition indispensable à l'exercice des
compétences du Parlement et à un équilibre
démocratique des pouvoirs. Sans exclure que cette mission doive
être mieux exercée dans le cadre national, on doit souligner que
ses conditions d'exercice ne sont tout simplement pas remplies lorsque les
finances européennes sont en cause. Dans cette perspective, il faut se
féliciter que la commission des finances du Sénat ait pris
l'heureuse initiative d'auditionner ces derniers mois plusieurs commissaires
européens. Il serait souhaitable de prolonger cette volonté
d'information et de contrôle, en posant les bases juridiques d'un
véritable contrôle, par les Parlements nationaux, de l'emploi des
fonds gérés par les institutions européennes.
Sans doute, les contraintes institutionnelles entourant le vote sur le
prélèvement au profit du budget européen
demeureraient-elles, mais elles concerneraient un dispositif que, par
l'exercice de leur contrôle, les Parlements nationaux
maîtriseraient mieux.
Vote trop contraint donc, mais aussi vote quelque peu aveugle. Aveugle pour les
raisons dites plus haut, mais aveugle aussi pour des motifs techniques.
L'évaluation figurant dans le projet de loi de finances a ses
mystères.
En théorie, elle devrait être la contrevaleur
en francs de la contribution de l'Etat français qui est exprimée
en écus nécessaire à la couverture financière du
projet de budget pour l'année en cause. Mais, il n'en est pas ainsi. Au
moment où le prélèvement est évalué on ne
connaît ni le cours de l'écu contre franc sur la base duquel sera
calculée effectivement la contribution française, ni même
le budget européen pour l'année à venir. Ces deux
"inconnues" font donc l'objet d'hypothèses qui, pouvant se
révéler erronées, peuvent parfois laisser place à
un soupçon de volontarisme.
A ces facteurs d'indétermination, s'en ajoutent d'autres.
L'évaluation de la contribution française suppose en effet une
série de paris sur :
l'évolution des recettes perçues en contrepartie des droits
de douane, des droits agricoles et des cotisations "sucre" ;
le solde d'exécution du budget communautaire de l'année
antérieure ;
et le rythme de consommation des crédits européens
escomptée lors de l'année future.
Ces différentes variables offrent quelques marges de manoeuvre dans
l'exercice d'évaluation de la contribution française au budget
européen. Mais, surtout, elles expliquent l'écart observable la
plupart du temps entre les estimations initiales et les réalisations
effectives.
Le vote sur l'article 24 du projet de loi de finances est donc, pour
l'essentiel, l'occasion d'un débat de fond sur l'orientation à
donner au budget européen.
CHAPITRE PREMIER
LE PROJET DE BUDGET DES COMMUNAUTES
EUROPÉENNES POUR 1998
I. L'ENCADREMENT DE L'EXERCICE BUDGÉTAIRE
Les conditions d'élaboration du projet de budget des
Communautés européennes ont été sensiblement
modifiées par l'accord interinstitutionnel du 29 juin 1988 qui a
été renouvelé le 29 octobre 1993.
Ces accords comportent des mécanismes visant à éviter les
conflits budgétaires qui s'étaient succédés
à partir de 1979.
S'ils encadrent le pouvoir d'initiative des institutions, ils constituent aussi
la trame financière et manifestent quelles orientations
budgétaires sont privilégiées par les Etats-membres.
Ces mécanismes s'imposent à toutes les institutions de l'Union et
règlent les conditions d'adoption du budget. Il est plus que jamais
utile d'en faire une brève présentation à ce stade car,
avec l'arrivée à son terme de la programmation en vigueur,
s'ouvre une période décisive de négociations des futures
perspectives financières.
A. LE "VOLET RESSOURCES" DE L'ACCORD DU 29 JUIN 1988
1. Le plafonnement des ressources
L'édiction de règles portant sur les recettes du
budget comporte une conséquence pratique importante
. Comme le budget
des Communautés doit être équilibré, fixer des
plafonds de ressources revient à limiter ipso facto les
dépenses
.
L'accord de 1988 disposait que le montant total des ressources propres
attribuées aux Communautés européennes ne pouvait
dépasser 1,20 % du total du PNB de la Communauté pour les
crédits de paiement. Un calendrier était prévu pour
agencer dans le temps la montée en charge des ressources propres
communautaires.
Plafond par année des ressources propres des
Communautés européennes exprimées
en % du PNB de la
Communauté
1988 |
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1,15 |
1,17 |
1,18 |
1,19 |
1,20 |
A la suite du Conseil européen d'Edimbourg des 11 et
12 décembre 1992, une nouvelle décision sur les ressources
propres est intervenue.
Elle confirme le principe d'un plafonnement mais relève les plafonds
à l'horizon 1999.
Plafond par année des ressources propres des
Communautés européennes
exprimées en % du PNB de la Communauté
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
1,21 |
1,22 |
1,24 |
1,26 |
1,27 |
2. La composition des ressources
Par ailleurs, la réforme des "ressources propres des Communautés européennes" ratifiée par la France en décembre 1994 entraîne une modification de la structure des ressources. Le taux d'appel de la ressource TVA - actuellement 1,4 % d'une assiette uniformisée entre les Etats membres - sera abaissé graduellement à 1 % en 1999. En outre, la réduction du plafond de l'assiette TVA de 55 à 50 % du PNB des Etats membres, immédiate pour les pays à faible revenu par habitant, sera menée graduellement pour les autres Etats et achevé en 1999.
*
* *
La décision du Conseil du 31 octobre 1994 sur les ressources propres est entrée en vigueur en juin de l'année dernière. Son application rétroactive a rendu nécessaire une régularisation des ressources versées au titre des budgets 1995 et 1996.
B. LE VOLET "DÉPENSES"
1. Une programmation à moyen terme des dépenses européennes...
Le budget des Communautés européennes
s'inscrit, depuis 1989, dans le cadre d'une programmation pluriannuelle des
dépenses décidée à la suite de l'accord
interinstitutionnel du 27 mai 1988.
La programmation financière des dépenses communautaires,
appelée, dans le jargon européen, perspectives
financières, mais vulgarisée sous la dénomination de
"paquet Delors I" constituait un compromis entre l'accord
interinstitutionnel
sur la discipline budgétaire et l'amélioration de la
procédure budgétaire au terme duquel la classification des
différentes dépenses par rubrique permettait de préserver
l'évolution nécessaire des dépenses obligatoires et les
possibilité d'évolution des actions correspondant à des
dépenses non-obligatoires.
Le Conseil européen d'Edimbourg du mois de décembre 1992 devait
adopter de nouvelles perspectives financières pour la période
1993-1999, -le "paquet Delors II" - consacrées par l'accord
interinstitutionnel du 29 octobre 1993.
Les perspectives financières d'Édimbourg
(CE en Mécus 1992)
1993* |
1994* |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
|
Ligne directe agricole |
35.230 |
35.095 |
35.354 |
37.245 |
37.922 |
38.616 |
39.327 |
Actions structurelles |
21.277 |
21.885 |
24.477 |
26.026 |
27.588 |
29.268 |
30.945 |
- fonds de cohésion |
1.500 |
1.750 |
2.000 |
2.250 |
2.500 |
2.550 |
2.600 |
- fonds structurels |
19.777 |
20.135 |
22.369 |
23.668 |
24.980 |
26.610 |
28.345 |
- mécanisme EEE |
- |
108 |
108 |
108 |
- |
||
Politiques internes |
3.940 |
4.084 |
4.702 |
4.914 |
5.117 |
5.331 |
5.534 |
Actions extérieures |
3.950 |
4.000 |
4.549 |
4.847 |
5.134 |
5.507 |
5.953 |
Dépenses administratives |
3.280 |
3.380 |
3.738 |
3.859 |
3.974 |
4.033 |
4.093 |
Réserves |
1.500 |
1.500 |
1.100 |
1.100 |
1.100 |
1.100 |
1.100 |
- monétaires du FEOGA |
1.000 |
1.000 |
500 |
500 |
500 |
500 |
500 |
- d'aide d'urgence |
200 |
200 |
300 |
300 |
300 |
300 |
300 |
- pour garantie de prêts |
300 |
300 |
300 |
300 |
300 |
300 |
300 |
Compensations |
1.547 |
701 |
212 |
99 |
|||
Total des crédits
d'engagements |
|
|
|
|
|
|
|
* Communauté avant élargissement |
Le tableau qui précède présente les perspectives financières qui sont partie intégrante de l'accord interinstitutionnel mentionné.
2. ... qui ménage quelques souplesses
L'accord interinstitutionnel ménage
deux
procédures permettant de faire évoluer la programmation à
moyen terme
des crédits d'engagements du budget communautaire.
·
L'adaptation annuelle
des perspectives
financières qui regroupe :
-
Les ajustements techniques
opérés en amont de la
procédure budgétaire
afin de tenir compte de la croissance du
PNB et des prix
.
Ils supposent, d'une part, de calculer la ligne directrice agricole qui
constitue le plafond de la rubrique 1 "Politique agricole commune".
Celle-ci
est actuellement indexée sur l'indice des prix majoré de 74 % du
taux de croissance réelle.
Ils supposent, d'autre part, de réévaluer les plafonds des
autres rubriques en tenant compte de la croissance du PIB telle
qu'estimée pour l'année à venir et de la dérive des
prix telle qu'elle est prévue.
Ces ajustements sont effectués par la Commission et communiqués
au Parlement et au Conseil.
-
Les adaptations liées aux conditions d'exécution
consistent à adapter le montant total des crédit de paiement en
fonction du rythme de consommation des crédits d'engagement.
Les
attributions de la Commission dans ce domaine varient selon la nature des
dotations concernées.
Généralement, ces propositions
doivent recueillir l'agrément du Conseil et du Parlement qui statuent
à la majorité qualifiée pour l'un et, pour l'autre,
à la majorité des membres qui le composent et des trois
cinquièmes des suffrages exprimés. Cependant
, s'agissant des
crédits relatifs aux fonds structurels et aux fonds de
cohésion
, la Commission est forte de l'engagement consenti par le
Conseil et le Parlement à l'occasion de l'accord interinstitutionnel du
29 octobre 1993 d'autoriser
le transfert sur les années
ultérieures des dotations non utilisées au cours de l'exercice
précédent, même si ce transfert a pour effet d'augmenter
les plafonds correspondants des dépenses.
·
La révision des perspectives
financières
Elle vise à "
faire face à la nécessité
d'engager des actions non prévues à l'origine dans le respect du
plafond des ressources propres
"
L'accord interinstitutionnel précise "qu'
en règle
générale, une telle proposition de révision doit
être adoptée avant le début de la procédure
budgétaire pour l'exercice ou le premier des exercices concernés
par cette révision
."
Les règles de majorité sont celles indiquées plus haut
à l'occasion de la présentation de la procédure
"d'adaptation liées aux conditions d'exécution
.
"
Il existe en réalité plusieurs "architectures" possibles de
révision des perspectives financières
.
Une règle impérative est posée. Comme on l'a vu,
les
révisions doivent respecter le plafond des ressources propres
.
En revanche, et l'hypothèse n'est pas purement théorique compte
tenu du fait que les plafonds des crédits d'engagement sont
inférieurs au plafond des ressources propres, les révisions
financières peuvent conduire à une augmentation des plafonds des
crédits d'engagement supérieure à ce qu'autorisent les
ajustement techniques examinés plus haut.
L'accord interinstitutionnel de 1993 édicte
quelques principes
devant guider l'exercice de révision.
Il fait d'abord
deux recommandations
qui sont les suivantes :
- il s'agit d'abord de rechercher, si au sein d'une même rubrique, il
existe des possibilités de
réaffectation des dépenses
entre les programmes
qu'elle regroupe sur la base en particulier des
sous-exécutions de crédits escomptables ;
- il s'agit, d'autre part, de rechercher les possibilités de compenser
le relèvement du plafond d'une rubrique par la réduction du
plafond d'une autre rubrique.
Il pose ensuite
deux règles
:
·
aucune révision au titre des dépenses
obligatoires ne peut entraîner une réduction du montant disponible
pour les dépenses non obligatoires ;
·
toute révision doit assurer le maintien d'une
relation ordonnée entre engagements et paiements
.
La Commission avait présenté en 1996 une proposition de
révision des perspectives financières. Le Sénat
s'était opposé à ce projet et avait demandé au
gouvernement de refuser fermement la proposition présentée par la
Commission. Celle-ci n'a d'ailleurs pas reçu l'aval du Conseil.
Cet épisode démontre amplement qu
'il est capital que nous
nous mobilisions mieux dès maintenant pour être dans les
meilleures conditions pour influer sur la manière dont seront
conçues le prochaines perspectives financières du budget
européen
. Il s'agit en effet pour l'avenir de l'Europe d'un
rendez-vous essentiel.
Les prochaines perspectives financières
Les perspectives financières appelées à
succéder à la programmation actuelle dont le terme arrive
à échéance fin 1999 devraient couvrir les années
2000-2006. Il s'agit d'un rendez-vous décisif pour l'Europe et le
Sénat doit s'associer au processus de négociation dont l'une des
premières dates importantes est celle du 12 décembre de
l'année en cours, le Conseil européen de Luxembourg devant tracer
les grandes orientations des futures perspectives financières de la
Communauté.
Une première étape a été franchie avec la
présentation par la Commission au mois de juillet de ses propositions
dites "
Agenda 2000
".
Le document de la Commission inscrit la future programmation financière
dans le cadre d'un plafond des ressources propres des Communautés de
1,27 % du PNB, inchangé par rapport au plafond théorique
pour 1999. Selon la Commission, il devrait en résulter un
supplément de ressources d'environ 20 milliards d'écus en
fin de période du fait d'une hypothèse de croissance en volume de
2,5 % par an dans les 15 Etats-membres de 4 % chez les pays qui
devraient adhérer vers le milieu de la période de programmation.
Ce supplément de recettes serait insuffisant pour couvrir les dotations
prévues en matière agricole et d'actions structurelles qui
évolueraient comme indiqué dans les deux tableaux ci-dessous.
Rubrique 1 : Evolution des dépenses agricoles
Prix courants
(en milliards d'écus)
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
|
Ligne directrice (prix courants)* |
45,0 |
46,7 |
48,5 |
50,6 |
52,6 |
54,7 |
56,9 |
59,2 |
Dépenses agricoles (prix courants) |
44,0 |
45,9 |
49,7 |
52,1 |
53,2 |
53,9 |
54,5 |
|
Communauté à
Quinze
|
41,7 |
41,6
|
43,4
|
45,4
|
47,3
|
47,9
|
47,9
|
47,9
|
Nouveaux Etats membres
|
0,0
|
0,0
|
1,1
|
1,2
|
1,2
|
1,3
|
1,4
|
|
Aide pré-adhésion** |
0,5 |
0,5 |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
|
Marge |
2,7 |
2,6 |
0,9 |
0,5 |
1,5 |
3,0 |
4,7 |
** Soit 500 millions à prix constants de 1997.
Source : Commission des Communautés européennes. Agenda 2000
Rubrique 2 : Evolution des dépenses au titre des
actions structurelles
Prix 1997
(en milliards d'écus)
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
|
Communauté à quinze
|
31,4 |
31,3 |
32,1 |
31,3 |
30,3 |
29,2 |
28,2 |
27,3 |
Fonds de cohésion |
2,9 |
2,9 |
2,9 |
2,9 |
2,9 |
2,9 |
2,9 |
2,9 |
Nouveaux Etats membres* |
0,0 |
0,0 |
3,6 |
5,6 |
7,6 |
9,9 |
11,6 |
|
Aide pré-adhésion |
1,0 |
1,0 |
1,0 |
1,0 |
1,0 |
1,0 |
1,0 |
|
Total |
34,3 |
35,2 |
36,0 |
38,8 |
39,8 |
40,7 |
41,7 |
42,8 |
Source : Commission des Communautés européennes. Agenda 2000
Le supplément de dépenses au titre de ces deux
rubriques s'élèverait en 2006 à 21,3 milliards
d'écus soit un niveau supérieur de 28 % -laissant
apparaître une croissance de 3,6 % l'an- par rapport au niveau
atteint en 1999 et se décomposant en 8,5 milliards de
dépenses structurelles supplémentaires et 12,8 milliards de
dépenses agricoles de plus.
La dynamique des dépenses agricoles avec une progression de 3,9 %
par an serait plus vive que celle des dépenses structurelles dont la
croissance serait limitée à 3,2 % en moyenne annuelle.
L'essentiel de ces suppléments de dépenses -18,7 milliards
d'écus- proviendrait des effets de l'adhésion de nouveaux
Etats-membres qui supposerait 15,7 milliards d'écus de
dépenses supplémentaires en 2006 et de l'aide aux pays en phase
de pré-adhésion avec, en 2006, 3 milliards d'écus
prévus à leur bénéfice. Le détail des
simulations du coût budgétaire de l'élargissement de
l'Union entre 1999 et 2006 est rappelé ci-dessous.
Aide pré-adhésion et dépenses
liées à l'adhésion de nouveaux Etats-membres
Prix 1997
(en milliards d'écus)
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
|
Total de l'aide pré-adhésion |
1,3 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
Rubrique 1
|
1,3 |
0,5
|
0,5
|
0,5
|
0,5
|
0,5
|
0,5
|
0,5
|
Autres pays candidats**
|
0,5
|
1,2
|
1,2
|
3,0 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
Montants pour les nouveaux Etats membres |
5,8 |
8,2 |
10,8 |
13,3 |
15,7 |
|||
Rubrique 1***
Rubrique 2 Rubrique 3 |
1,5
|
1,9
|
2,4
|
2,9
|
3,3
|
** La répartition de 1999 à 2001 est purement indicative.
*** Données transformées à prix 1997 pour la comparaison. Seules les estimations à prix courants sont pertinentes.
Source : Commission des Communautés européennes. Agenda 2000
Il en ressort que les dépenses en faveur des
15 Etats-membres actuels progresseraient de 1,3 % l'an contre une
évolution de l'ensemble des dépenses de 3,5 %.
Un jugement complet sur ces perspectives serait prématuré.
Votre commission des finances est très attachée à ce que
l'information du Sénat soit sur ce point la plus exhaustive qui se
puisse. C'est pourquoi son rapporteur spécial s'attachera au cours des
mois à venir à présenter tous les éléments
permettant à la Haute-Assemblée de s'associer au processus de
décisions en cours, décisif pour la construction
européenne.
II. LES RECETTES DU PROJET DE BUDGET POUR 1998
Evolution des recettes de la Communauté entre 1997 et 1998
(en millions d'écus)
Origine des recettes |
Budget 1998
|
Projet budget 1998 (en écus) |
% |
Ecart |
Prélèvements agricoles |
786,1 |
623,9 |
0,75 |
- 0,25 |
Cotisations sucre/isoglucose |
1.229,4 |
1.047,1 |
1,25 |
- 0,25 |
Droits de douane |
12.203,2 |
11.144,3 |
13,5 |
- 1,6 |
Ressources propres TVA |
34.587,7 |
34.134,5 |
41,5 |
+ 1,2 |
Ressources propres fondées sur le PNB |
32.224,2 |
35.362,9 |
43 |
+ 3,2 |
Recettes diverses |
615,7 |
627,6 |
||
TOTAL |
81.646,3 |
82.940,3 |
100,00 |
Le montant total des ressources propres
s'élève à 1,13 % du PNB communautaire prévu pour
1998.
Ce pourcentage est inférieur à celui prévu l'an dernier
-1,16 %- et aussi au plafond fixé par la décision relative
aux ressources propres du 31 octobre 1994 qui est de 1,26 % pour 1998.
A. L'ARCHITECTURE DES RECETTES
La structure des recettes continue à se
déformer sous l'effet de la mise en oeuvre de la décision
"ressources propres". Le phénomène de renforcement de la part de
la contribution des Etats assise sur leur PNB se poursuit et s'accompagne d'une
baisse de celle de leur contribution assise sur la TVA. Il faut observer
d'emblée que ce n'est que par commodité de langage qu'on nomme
ces deux recettes "ressources propres".
En ce qui concerne la ressource TVA
, qui représenterait
41,5 % du total des ressources communautaires, s'il est encore loisible de
la considérer comme une ressource propre des Communautés en ce
sens qu'elle est perçue sur la base d'une assiette unifiée et
selon un système de taux fixé par la décision du
31 octobre 1994, on doit toutefois observer que les pouvoirs de
décision de la Communauté sont aujourd'hui réduits
à la constatation d'une assiette et à l'application d'un taux
prédéterminé.
Mais, qualifier de "ressource propre"
la ressource assise sur le
PNB
c'est pousser trop loin "l'impropriété". La "quatrième
ressource" n'est en fait rien de plus qu'une recette permettant de solder
le
budget communautaire compte tenu des plafonds de recettes applicables et du
niveau des dépenses. Le calcul de son taux apparaît ainsi purement
arithmétique.
La question de la responsabilisation de l'Europe en matière de
prélèvements reste donc posée et l'on peut même
affirmer qu'elle se pose de plus en plus. Le système actuel des
ressources des Communautés peut être considéré de ce
fait comme transitoire.
Compte tenu, d'une part, de la pression qui devrait continuer de s'exercer en
matière de gestion des finances publiques en Europe et, d'autre part,
des perspectives d'élargissement de l'Union européenne, ce
dossier doit être ouvert et faire d'urgence l'objet d'un vrai
débat en France pour préparer les échéances de
1999. Ce débat a d'ailleurs été ouvert par le ministre
allemand des finances qui a annoncé que son pays présenterait en
temps opportun un projet de réforme du système de calcul des
contributions financières des pays membres.
Le système actuel a cependant le mérite d'une certaine
cohérence. Faute d'une vraie légitimité politique et
étant donnée l'architecture politique de l'Europe, il est
justifié que le pouvoir de prélever l'impôt soit
refusé aux institutions européennes. En outre, la montée
en puissance de la contribution assise sur le PNB témoigne du choix
d'une assiette de contribution plus équitable que d'autres car
correspondant mieux à la capacité contributive des Etats.
Mais,
si les institutions européennes étant dépourvues
d'une vraie légitimité démocratique, sont à bon
droit privées de la compétence fiscale, il ne faut pas en
déduire que les Parlements nationaux exercent effectivement leur
souveraineté en matière de prélèvements
européens.
Le contrôle des Parlements nationaux est
enfermé dans un système ; il n'est qu'épisodique et
contraint. Les Parlements nationaux ont un pouvoir d'adresse et de
contrôle très indirect. Ils n'ont en aucun cas un pouvoir de
décision et encore moins de censure.
En outre, l'approfondissement de la réflexion sur les recettes
des Communautés européennes doit également concerner les
problème posés par les recettes actuelles.
L'amélioration de la connaissance des bases taxables
doit
être poursuivie afin que tous les Etats soient traités sur un pied
d'égalité.
S'agissant de la TVA
, le problème essentiel concerne le taux
moyen pondéré (TMP) de celle-ci. Toute variation du TMP d'un Etat
membre se traduit par une modification de sa base TVA et, le cas
échéant, par une modification de sa situation au regard du seuil
d'écrêtement en fonction d'un pourcentage du PNB. Or, le TMP n'est
pas calculé de manière uniforme dans les Etats, ainsi que l'a
relevé la Cour des Comptes des Communautés européennes.
C'est ainsi qu'aux termes de l'article 89 du Règlement CEE-Euratom
n° 1533/89, les taux pris en considération doivent être
ceux qui influent sur les recettes de la TVA encaissées durant
l'année considérée. Cette disposition vise à
permettre un calcul précis du TMP en assurant la cohérence entre
taux et recettes.
Or, la Cour constate de façon récurrente que les Etats membres
ne ventilent pas les recettes selon l'exercice au cours duquel la taxe est
devenue exigible. Les recettes d'une année contiennent donc des
éléments concernant des exercices antérieurs.
Dans ces conditions, les bases TVA qui résultent du calcul de TMP ne
sont pas conformes aux assiettes fiscales réelles des Etats membres.
Par ailleurs, le calcul de la pondération des taux pour
l'établissement du TMP suppose pour chaque taux la mesure
complète des opérations taxables à ce taux. Or tel n'est
pas le cas. Certains Etats ne disposent pas d'un appareil statistique leur
permettant de satisfaire cette condition.
La Cour des Comptes des Communautés estime que les Etats membres ont
certes progressé dans la comparabilité des données et des
méthodes, mais considère que
"le degré de
fiabilité de la base de"
-ce qui était alors
- "la plus
importante ressource communautaire reste insuffisant"
2(
*
)
.
De plus la recette fait l'objet de sérieuses présomptions de
fraude fiscale. Ainsi, depuis la mise en place du marché unique, la TVA
appliquée à des produits faisant l'objet d'échanges entre
Etats membres n'est plus acquittée dans les bureaux de douane par les
transporteurs, mais par les entreprises acheteuses, une fois les marchandise
livrées. Le contrôle de l'acquittement de la TVA s'effectue par
coopération des administrations fiscales. Or on constate la
difficulté d'opérer de tels contrôles dans certains Etats
membres, ce qui laisse à penser que leur vigilance en matière de
TVA n'est pas ce qu'elle devrait être.
C'est ce qu'invite à considérer le dernier rapport de la Cour
des Comptes des Communautés européennes du 12 novembre 1996, qui
a noté de très graves dysfonctionnements dans le
prélèvement de la TVA en Europe, comme l'a rappelé un
récent rapport de la Délégation du Sénat pour
l'Union européenne.
3(
*
)
"Dans le cadre de l'échange d'informations sur les numéros de
TVA et la valeur des échanges entre Etats membres, les
vérifications de la Cour ont montré que, globalement, au moins
20 % des états récapitulatifs des entreprises sont fournis
avec un retard ou ne sont pas du tout transmis. En 1993, dans neuf Etats, plus
de 5 % du nombre total de données incorrectes (c'est-à-dire
pouvant faire l'objet d'irrégularités dans les
déclarations, soit 608.387) n'avaient toujours pas été
rectifiées en juin 1994. Ces dysfonctionnements étaient encore de
4,2 % en 1994 (532.708) et de 2,6 % en juin 1995 (327.123).
La Cour déclare : "
Les données déclarées par
les fournisseurs nationaux et communiquées par le système
à d'autres Etats membres ne correspondent pas toujours à celles
qui sont indiquées par l'Etat membre qui reçoit les marchandises.
De légères différences sont acceptables en raison de
variations des taux de change et de délais techniques. Mais, dans de
nombreux cas, des différences de plus de 10 % et même de
40 % ont été constatées sans que ce
phénomène ait pu être expliqué dans sa
totalité".
Le système européen d'information statistique sur les
échanges de marchandises (Intrastat) connaît lui aussi de graves
déficiences. La Cour constate que : "
les données Intrastat
connaissent des écarts considérables qui restent à
expliquer. Alors que, en principe, les livraisons et les acquisitions
intracommunautaires devraient être d'un montant égal, on constate
une différence de 28 milliards d'Ecus pour 1993 (685 milliards
d'Ecus déclarés au titre de livraisons et 657 milliards
d'Ecus déclarés au titre d'acquisitions, la différence
étant de 4 %), et même de 34 milliards d'Ecus pour 1994
(759 milliards d'Ecus déclarés au titre de livraisons et
725 milliards d'Ecus déclarés au titre d'acquisitions, la
différence étant de 5 %). La comparaison, à partir
des données Intrastat, entre les "introductions" (importations
intracommunautaires) d'un Etat membre donné et les "expéditions"
(exportations) faites par les autres Etats de l'Union vers cet Etat membre font
apparaître des différences pouvant aller jusqu'à 50 %
en 1994
".
Des pertes de recettes fiscales semblent avérées.
La Cour estime que "
l'instauration
du régime transitoire de
TVA sur les échanges intracommunautaires en 1993 s'est
accompagnée, pour cette année, d'une stagnation des recettes
nettes TVA qu'on ne peut expliquer par des facteurs tels que la croissance
économique, l'inflation ou les changements de taux et d'assiette. La
question est de savoir si ce phénomène est dû uniquement
à des délais techniques liés à ce nouveau
régime ou s'il a d'autres causes... Les données disponibles pour
la période 1989-1994 confirment que l'arrêt de la croissance des
recettes en 1993 ne peut être expliqué au niveau
général par la modification de trois principaux facteurs
d'évolution des recettes de TVA (changements de taux et de base de TVA,
inflation, croissance du volume de l'activité économique). Elles
indiquent une perte de recettes TVA potentielle, de l'ordre de 5 à
6 % pour 1993. Ce manque à gagner pour l'ensemble des Etats membres
serait de l'ordre de 18 milliards d'Ecus en 1993, compte non tenu des
fluctuations du taux de l'écu".
S'agissant de la ressource assise sur le PNB
, elle est
conditionnée par l'évaluation des PNB nationaux. Or, celle-ci
laisse, dans certains cas, apparaître des insuffisances, qu'il s'agisse
des disparités quant aux périodes de référence des
données ou des incertitudes quant aux procédures et aux bases
statistiques utilisées pour le calcul du PNB.
La France a pris l'initiative exemplaire de créer une instance de
coordination de lutte antifraude aux fonds communautaires (l'ICLAF). Cette
instance doit devenir le correspondant privilégié et actif de
l'UCLAF qui est le service central de lutte contre la fraude de la Commission.
Il serait très souhaitable que chaque Etat-membre suive notre
exemple. En tout état de cause, il paraît pertinent de faire
figurer au premier rang des priorités de l'ICLAF la question de la
sincérité des contributions des Etats membres et, en particulier,
de la comparabilité des PNB nationaux déclarés par les
membres de l'Union européenne.
La Cour des Comptes des Communautés estime par exemple qu'une grande
incertitude demeure du fait de références à des comptes
nationaux établis à partir de données trop anciennes
(Grèce, Portugal, Länder de l'ex-RDA). Des phénomènes
d'économie souterraine sont en outre susceptibles d'altérer la
vérité des comptes.
Quant à l'évolution des vraies ressources propres
des
Communautés que sont les prélèvements agricoles et les
"cotisations sucre" et les droits de douane, elle s'est traduite par
une
réduction de leur part dans le total des ressources qui, de 22 % en
1992 serait inférieure à 15 % en 1998.
L'évolution des recettes provenant des droits de douane est
particulièrement préoccupante. De 6.392 millions
d'écus en 1981, elles sont passées à
12.340,9 millions d'écus en 1995 progressant en moyenne annuelle de
4,8 %.
Or, au cours de la même période, les importations se sont accrues
de 6,3 % en valeur par an. Il existe donc une forte disparité entre
les droits de douane perçus aux frontières de l'Union et le flux
des biens importés par celles-ci. Certains ont pu évoquer un
phénomène de banalisation de l'espace économique
européen favorisé par des mesures de désarmement douanier
sans contrepartie.
Il reste d'ailleurs à démontrer que les chiffres
précédemment cités rendent un compte fidèle de
l'écart véritable entre les produits liés à
l'application des tarifs douaniers et les importations de biens dans le
territoire de l'Union.
Les soupçons de fraude sont en la matière considérables.
A cet égard, deux observations peuvent être formulées :
Les points d'entrée des marchandises en provenance de pays
extérieurs à l'Union européenne sont potentiellement
nombreux mais très concentrés dans la réalité. A
eux seuls, les Pays-Bas versent 34 % du total des droits de douane
perçus par les pays européens. Il devrait donc être
possible de maîtriser les flux d'importation en concentrant le
contrôle sur les points sensibles.
Le désarmement douanier de l'Union européenne qui
répond parfois à des considérations louables lorsqu'il
s'agit de l'orienter dans un sens favorable aux pays en développement
n'est pas une bonne affaire pour l'économie européenne. Il est de
coutume d'indiquer qu'il favorise l'accès des consommateurs
européens à des biens produits ailleurs. Mais, compte tenu de
l'attrait du grand marché européen on peut penser que les
producteurs de ces biens souhaiteraient en tout état de cause
pénétrer ce grand marché. Or, la baisse des tarifs
douaniers leur permet de le faire à partir de territoires
extérieurs à l'Union si bien que le consommateur européen
finance alors les facteurs de production localisés en dehors de l'Europe.
La baisse des tarifs douaniers diminue donc l'attractivité du
territoire européen comme lieu de production.
*
* *
L'harmonisation des conditions de contribution des Etats
membres doit être recherchée si l'on veut que les contributeurs
nets ne se révoltent pas.
En outre, la question de l'opportunité de maintenir le système de
compensation accordé au Royaume-Uni se pose.
B. LA HIERARCHIE DES CONTRIBUTEURS
Le tableau qui précède rappelle que
la France
est le deuxième contributeur au budget européen
(17 % du
total), loin derrière l'Allemagne (27,4 %) mais aussi loin
devant le Royaume-Uni (14%) et l'Italie (12,8 %). Ces quatre Etats
financent plus de 71 % du budget communautaire. Il est intéressant
de rapprocher ces résultats de la part prise par le PIB de ces Etats
dans le PIB communautaire. Elle s'élèverait en 1998 à
environ 72 %.
Il faut également apprécier l'évolution des contributions
des Etats membres dans le temps. On observe d'abord que l'entrée de
trois nouveaux Etats membres s'est traduite en 1995 par un allégement
mécanique de la part contributive des Etats déjà membres.
On constate aussi que la contribution de l'Allemagne s'allège rapidement
entre 1994 et 1998. La part de sa contribution dans le total se replie de 5,4
points alors qu'à l'inverse, la part contributive de notre pays
déclinant de 2,6 points. A l'inverse, la contribution du
Royaume-Uni s'accroît brusquement en 1995 principalement sous l'effet de
l'évolution du cours de change de la livre contre écu.
La progression de la contribution britannique repose également, en 1998,
sur un écart de croissance favorable au Royaume-Uni.
III. LES DEPENSES DU PROJET DE BUDGET POUR 1998
Au terme de leur adaptation, les perspectives
financières pour la période allant de 1993 à 1999
s'établissent comme suit :
Perspectives
financières adaptées
|
||||||||
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
||
Ligne directrice agricole |
36.657 |
36.465 |
37.944 |
40.828 |
41.805 |
43.263 |
44.064 |
|
Actions structurelles |
22.192 |
23.176 |
26.329 |
29.131 |
31.477 |
33.461 |
36.618 |
|
Politiques internes |
4.109 |
4.370 |
5.060 |
5.337 |
5.603 |
6.003 |
6.231 |
|
Actions extérieures |
4.120 |
4.311 |
4.895 |
5.264 |
5.622 |
6.201 |
6.703 |
|
Dépenses administratives |
3.421 |
3.634 |
4.022 |
4.191 |
4.352 |
4.541 |
4.609 |
|
Réserves Compensations |
1.522 |
1.530 |
1.146 |
1.152 |
1.158 |
1.176 |
1.176 |
|
Total des crédits d'engagement |
72.021 |
73.486 |
80.943 |
86.604 |
90.229 |
94.744 |
99.401 |
|
Total des crédits de paiement |
68.611 |
70.352 |
77.229 |
82.223 |
85.807 |
90.581 |
94.032 |
|
Paiements en % du PNB |
1,20 |
1,20 |
1,20 |
1,20 |
1,22 |
1,23 |
1,25 |
|
Source : Relations financières avec l'Union européenne - PLF pour 1998 |
Les crédits prévus pour 1998 s'élèvent quant à eux à 82,9 milliards d'écus en progression de 0,7 % par rapport à 1997.
Le projet de budget des Communautés européennes pour 1998
(Millions d'écus courants)
Rubriques des perspectives |
Budget 1997 |
APB 1998* |
Projet de budget |
Ecart/APB |
|
||||
financières |
CE |
CP |
CE |
CP |
CE |
CP |
CE |
CP |
1996 (CP) |
Politique agricole commune |
40.805 |
40.805 |
40.987 |
40.987 |
40.987 |
40.987 |
0 |
0 |
39.108 |
Marge |
1.000 |
2.276 |
2.276 |
||||||
Actions structurelles |
31.477 |
26.300 |
33.461 |
28.400 |
33.461 |
27.400 |
0 |
- 1.000 |
24.329 |
Fonds structurels |
28.620 |
23.866 |
30.482 |
25.643 |
30.482 |
24.643 |
0 |
- 1.000 |
22.369 |
Fonds de cohésion |
2.749 |
2.326 |
2.871 |
2.649 |
2.871 |
2.649 |
0 |
0 |
1.872 |
Marge |
2 |
0 |
0 |
||||||
Politiques internes |
5.601 |
5.109 |
5.629 |
5.186 |
5.384 |
4.770 |
- 245 |
- 416 |
4.464 |
Marge |
2 |
374 |
619 |
||||||
Actions extérieures |
5.601 |
4.498 |
5.624 |
4.549 |
5.476 |
4.207 |
- 245 |
- 416 |
3.666 |
Marge |
21 |
577 |
725 |
||||||
Dépenses administratives |
4.283 |
4.283 |
4.374 |
4.374 |
4.301 |
4.301 |
- 73 |
- 73 |
4.102 |
Marge |
69 |
167 |
240 |
||||||
Réserves |
1.158 |
1.158 |
1.176 |
1.176 |
1.176 |
1.176 |
0 |
0 |
390 |
Compensations |
212 |
212 |
99 |
99 |
99 |
99 |
0 |
0 |
701 |
Total |
89.137 |
82.366 |
91.350 |
84.770 |
90.885 |
82.940 |
- 465 |
- 1.830 |
76.760 |
Marge (CE)/% PNB EUR 15 (CP) |
1.092 |
1.173 |
3.394 |
1.153 |
3.859 |
1.128 |
1.121 |
* Après prise en compte des demandes des institutions
Source : Relations financières avec l'Union européenne : PLF pour 1998
Par rapport à l'avant-projet de budget présenté par la Commission qui se caractérisait par un dérapage des dépenses avec une progression des crédits de paiement de 2,9 %, le Conseil réuni le 24 juillet 1997 est revenu à plus de sagesse. En dégageant des économies à hauteur de 1,8 milliards d'écus en crédits de paiement, il a mis en lumière les dérives du projet de la Commission et a montré que la voie des économies était ouverte lorsqu'une volonté politique était là.
De l'avant-projet de budget (APB) au projet de
budget
des
communautés européennes
Le projet de budget des Communautés européennes
arrêté par le Conseil pour 1998 est construit sur la base d'une
progression des crédits de paiement de 0,07 %, les crédits
d'engagements s'accroissant, eux, de près de 2 % par rapport
à 1997.
Il est empreint d'orientations plus rigoureuses que l'avant-projet de
budget
qu'avait élaboré la Commission. Celui-ci voyait les
crédits augmenter de 2,9 % s'agissant des crédits de
paiement et de 2,5 % pour les crédits d'engagement. Les corrections
apportées par le Conseil au schéma de la Commission sont les
suivantes en ce qui concerne les crédits de paiement.
Variations des crédits de paiement entre le projet de budget et l'APB
(en millions d'écus)
Politique agricole
commune
|
0
|
Actions structurelles
|
- 1.000
|
Politiques internes
|
- 416
|
Actions extérieures
|
- 342
|
Dépenses administratives |
- 73 |
Réserves |
0 |
Total |
1.831 |
Source : Relations financières avec l'Union européenne; PLD pour 1998.
L'effort d'économies entrepris par le Conseil s'est
donc élevé à 1.831 millions d'écus, soit
environ 11 milliards de francs. Il l'a conduit à amputer
trois-quarts des crédits supplémentaires prévus par la
Commission.
Les économies ont été centrées sur les fonds
structurels (55 % des abattements de crédits par rapport à
l'APB), les politiques internes (23 % des économies) et les actions
extérieures (19 % des économies).
L'exercice d'économies entrepris par le Conseil peut être
évalué au regard de l'observation suivante :
Contrairement aux apparences, la répartition des économies
entre les rubriques est, partiellement, optique.
Ainsi, le maintien des
crédits de la politique agricole commune au niveau prévu par la
Commission qui suppose une croissance de 0,4 % entre 1997 et 1998 ne
manifeste pas de la part du Conseil une quelconque volonté de
"sanctuarisation" des moyens de la PAC. La marge sous le plafond de
la ligne
directrice agricole fixée par la Commission à 2.276 millions
d'écus, en augmentation donc de 1.276 millions par rapport à
1997, est en effet préservée par le Conseil dans un contexte
d'augmentation des dépenses de marché par rapport à ce que
la Commission avait prévu.
En revanche,
l'abattement des crédits d'actions structurelles ne peut
être compris comme manifestant une réelle volonté de
rationalisation
. Il ne concerne que les crédits de paiement. Les
crédits d'engagement sont, quant à eux, entièrement
préservés et progressent de 6,3 % entre 1997 et 1998. Leur
niveau ne laisse aucune marge sous le plafond fixé par les perspectives
financières pour 1998. Quant aux crédits de paiement, si les
économies recherchées par le Conseil s'élèvent
à quelque 3,5 % du montant inscrit par la Commission, leur
progression s'établit dans le projet de budget du Conseil à
4,3 % par rapport au budget pour 1997.
Finalement, les seules rubriques sur lesquelles l'effort d'économies
s'est montré réellement significatif sont celles relatives aux
politiques internes (- 8 % par rapport à l'APB ;
- 7,1 % par rapport au budget pour 1997) et aux actions
extérieures (- 7,5 % par rapport à l'APB ;
- 6,5 % par rapport au budget de 1997).
Le projet de budget pour 1998 ne manifeste cependant aucun effort
d'économies
. Les dépenses européennes
s'accroîtraient de 574 millions d'écus
4(
*
)
,
environ 3,7 milliards de francs et les
crédits en engagement augmenteraient de 2 %.
Pour un budget qui n'a pas à supporter le poids de la dérive
automatique des charges d'intérêt et dans lequel la part des
dépenses de personnel reste, malgré tout, réduite, la
performance n'a rien d'exceptionnel
.
Le budget européen est, en tant que budget d'interventions
"arbitrable" au premier écu.
En outre, la préoccupation d'économie telle qu'elle se
manifeste ne paraît pas entièrement appropriée.
D'abord, elle semble procéder, plutôt que d'une
démarche consistant à dégager des économies
à partir d'une remise en question en profondeur des dépenses
européennes basée sur l'évaluation de leur
efficacité, d'une volonté d'affichage d'une croissance nominale
faible des crédits. En témoigne l'écart entre les
prévisions de crédits d'engagement et de paiement.
Ensuite, il faut souligner que la logique même de la programmation
financière des dépenses européennes supposait de limiter
la croissance des crédits. Car, si les prévisions de croissance
retenues pour adapter les plafonds des différentes rubriques des
perspectives financières en 1998, ont permis un rehaussement sensible
des plafonds, il aurait été manifestement peu prudent, compte
tenu des pesanteurs économiques en Europe continentale, de faire
entièrement fond sur ces prévisions. Le niveau des marges
laissées sous les plafonds d'engagement, 3,8 milliards
d'écus, soit 4 % du plafond des crédits d'engagement
témoigne ainsi plus que d'une volonté d'économies, du
souci d'éviter d'être pris en défaut par
l'évaluation réelle de l'économie européenne.
Enfin, le projet de budget pour 1998 est construit sans réelle
considération des conditions de l'exécution budgétaire en
Europe.
Ainsi, si en 1996, dernière année connue, le taux de
consommation des crédits s'est élevé à 96,9 %
pour les crédits d'engagement, il n'a atteint que 92,3 % pour les
crédits de paiement.
Un calibrage plus réaliste des dépenses communautaires tenant
compte du niveau considérable des restes à liquider
accumulés au cours des ans, et des possibilités
financières des Etats membres, permettrait de réduire l'appel
à contribution demandé à ceux-ci.
A. LES DÉPENSES AGRICOLES
Les dépenses agricoles seraient stabilisées
ne s'accroissant que de 0,45 %.
Elles sont placées sous un plafond, la ligne directrice agricole qui
s'élève chaque année de 74 % du rythme de croissance
du PNB communautaire et est indexé sur l'évolution
prévisible des prix.
Le montant de la ligne directrice agricole est ainsi de 43.263 millions
d'écus en 1998. La Commission, lors de l'élaboration de son
avant-projet de budget avait laissé une marge significative sous ce
plafond qui, avec 2.276 millions d'écus, correspondait à
5,3 % du montant de la ligne directrice agricole. Le Conseil a maintenu
cette marge, mais l'a reportée différemment, décidant un
abattement forfaitaire linéaire de 3,3 % sur l'ensemble des lignes
du FEOGA-garantie.
Au total, les crédits de la PAC s'élèveraient ainsi
à 40.987 millions d'écus.
Exécution 1993 |
Exécution 1994 |
Exécution 1995 |
Exécution 1996 |
Budget 1997 |
Projet budget 1998 |
|
Produits végétaux |
21.258 |
21.853 |
22.983 |
24.980 |
25.199 |
26.392 |
Produits animaux |
11.657 |
9.804 |
10.750 |
12.003 |
13.421 |
11.516 |
Autres dépenses |
1.676 |
1.314 |
764 |
2.124 |
2.185 |
3.078 |
Total FEOGA-Garantie |
34.591 |
32.971 |
34.497 |
39.108 |
40.805 |
40.987 |
Source : Relations financières avec l'Union
européenne - PLF pour 1998.
Par rapport au niveau des dépenses effectives en 1996
-39,1 milliards d'écus- les crédits ouverts pour 1998
marquent une progression de 4,8 %, soit une croissance annuelle moyenne de
2,4 %. Cette prévision de dépenses peut être
jugée modeste. Mais, il faut, pour l'apprécier, tenir compte de
plusieurs données. Rapportée à 1995, la progression des
dépenses agricoles ressort à un niveau beaucoup plus
élevé de 18,6 %. Ce ressaut est pour partie le
résultat des dépenses liées à la crise de la vache
folle mais, si 2.200 millions d'écus avait été
budgétisés à ce titre en 1997, seuls 1.300 millions
d'écus le sont en 1998. Hors crise de la vache folle, la progression des
dépenses agricoles aurait été de 15 % entre 1995 et
1998.
De surcroît, la mise en oeuvre de la politique agricole commune fait
apparaître chaque année un écart d'exécution entre
les crédits de la ligne directrice agricole et les crédits
consommés. Entre 1990 et 1995 le cumul des sous-exécutions s'est
élevé à 20 milliards d'écus. Cette
année, la marge laissée sous la ligne directrice agricole
apparaît plus cohérente avec le niveau moyen d'exécution
des crédits.
Le budget de la politique agricole commune s'inscrit depuis quelques
années dans le cadre de la politique agricole commune
réformée.
Celle-ci a réorienté les dépenses agricoles vers le
versement
d'aides directes
qui représentent 23.700 millions
d'écus dans le projet de budget pour 1998, soit 57,8 % de
l'ensemble des crédits et baissent de 7,1 %. L'essentiel de ces
aides bénéficient au
secteur végétal
qui
bénéficie de 64,4 % du budget de la PAC en 1998 contre
61,7 % en 1997.
Le
secteur de la viande bovine
est le second bénéficiaire
de ces versements. Le montant total des dépenses de soutien à ce
secteur s'élèverait à 6.331 millions d'écus et
s'infléchirait ainsi de 1.120 millions d'écus. La plus
grande partie de ces abattements de crédits proviendrait de la baisse
des besoins de financement issus de la crise de la vache folle.
Contrepartie de la baisse des aides directes, les crédits
d'intervention et de soutien des exportations s'inscrivent en hausse
malgré une perspective de diminution de l'écart entre prix
communautaires et prix mondiaux.
Cette dernière évolution est à l'évidence
capitale car elle conditionne l'avenir même de la politique agricole
commune dont la redéfinition est en cours
. Si ce rapprochement
devait être jugé durable, il faudrait en tirer toutes les
conséquences.
B. LES ACTIONS STRUCTURELLES
La croissance des crédits destinés aux
actions structurelles s'élève à 6,3 % en
crédits d'engagement et à 4,2 % en crédits de
paiement.
Ainsi le projet de budget pour 1998 confirme l'inertie à la hausse de
ces crédits qui ont été multipliés par 4 en niveau
depuis 1988.
Cette inertie provient elle-même de la doctrine adoptée lors du
Conseil d'Edimbourg selon laquelle les plafonds de crédits
définis dans le cadre de la rubrique "Actions structurelles" des
perspectives financières de la Communauté sont en
réalité non des contraintes mises à l'essor des
crédits de cette nature, mais bien des objectifs de dépenses. Du
coup, nulle marge sous les plafonds des perspectives financières n'est
ménagée.
Il résulte, en outre, de cette doctrine que, normalement, les
crédits d'engagement non mobilisés lors d'un exercice
budgétaire sont reportés lors de l'exercice suivant.
Les développements ci-dessous démontreront assez l'ampleur de
l'anomalie budgétaire associée à cette règle.
On rappelle que les fonds structurels ont fait l'objet de deux exercices de
programmation :
·
le premier pour la période 1988 à 1993
pour un montant cumulé de 83.057 millions d'écus ;
·
le second pour la période 1994-1999 pour un
montant de 159.694 millions d'écus en hausse de 92 % par rapport
à la première période de programmation.
Les crédits d'engagement prévus au titre des actions
structurelles s'élèvent en 1998 à 0,37 % du PIB
communautaire.
Rapportée aux crédits d'engagement du budget
communautaire, la part des fonds structurels s'élevait à
12 % en 1984, atteignait 30 % en 1994 et s'élèverait
à 35 % en 1999.
Source : Relations
financières avec
l'Union européenne - PLF pour 1998.
L'objectif des actions structurelles est louable
. Il s'agit d'assurer
une correction des déséquilibres économiques et sociaux
dans le grand marché européen en vue d'une mise en oeuvre
convenable de l'Union économique et monétaire.
Plus précisément, les objectifs des fonds structurels sont au
nombre de six :
promouvoir le développement et l'ajustement structurel des
régions en retard de développement dont le PIB est
inférieur à 75 % de la moyenne communautaire (objectif 1) ;
reconvertir les zones industrielles en déclin à savoir celles
où le taux moyen de chômage est supérieur à la
moyenne communautaire et qui sont affectées par le déclin de
l'industrie (objectif 2) ;
combattre le chômage de longue durée (objectif 3) ;
faciliter l'insertion professionnelle des jeunes
(objectif 4)
;
accélérer l'adaptation des structures agricoles et de la
pêche
(objectif 5a)
;
faciliter le développement et l'ajustement structurel des zones
rurales
(objectif 5b).
promouvoir le développement et l'ajustement structurel des
régions connaissant une très faible densité de
population"
(objectif 6)
qui concerne essentiellement les régions
arctiques.
Les crédits d'actions structurelles sont pour l'essentiel - 80,5 %-
alloués aux trois fonds structurels de la Communauté, le Fonds
européen de développement régional (FEDER), le Fonds
social européen (FSE) et le Feoga-Orientation, auxquels il faut ajouter
l'Instrument financier d'orientation de la pêche (IFOP). Une partie des
moyens alloués (9 %) est réservée au financement de
programmes d'intervention communautaire (PIC), les moyens de la lutte
anti-fraude qui représentent 1,2 % des crédits d'actions
structurelles étant curieusement agrégés à ceux-ci.
Mais une part importante des crédits d'actions structurelles est
destinée au Fonds de cohésion. Celui-ci reçoit 9,7 %
des moyens prévus et ses interventions sont réservées aux
Etats membres dont le PIB par habitant est inférieur à 90 %
de la moyenne communautaire.
Enfin, une partie marginale des crédits sert, conformément
à l'acte d'adhésion des trois nouveaux membres de l'Union,
à prendre en charge leurs quotes-parts dans le financement du
mécanisme financier "Espace économique européen".
Le mode de versement des fonds doit être rappelé.
Il est différent selon les objectifs :
les objectifs à caractère national
: objectifs
3, 4 et 5a. Les crédits sont répartis entre les Etats membres
à charge pour les gouvernements de gérer les crédits ;
les objectifs à vocation spécifiquement régionale
: objectifs 1, 2, et 5b. Les crédits sont répartis entre les
régions des Etats membres.
Les règlements adoptés en 1993 visaient à concentrer
les ressources et les actions, à simplifier l'exécution des
programmes et à garantir le respect du principe
d'additionnalité.
Conformément à l'article 4 du règlement (CEE)
n° 2081/93 : "
L'action communautaire est conçue comme
un complément des actions nationales correspondantes ou une contribution
à celles-ci
". Sauf pour l'objectif n° 1 où les
fonds peuvent contribuer jusqu'à 75 % du coût d'un projet
(80 % dans les pays bénéficiaires du fonds de
cohésion), le principe d'additionnalité implique un cofinancement
qui limite l'intervention des fonds structurels à 50 % du
coût total d'un projet.
Les masses financières en jeu sont considérables mais
les
doutes portant sur l'efficacité et la bonne gestion du système
sont récurrents
.
Il faut d'abord relever que les experts estiment que des transferts de l'ordre
de 1 % au moins du PIB de la Communauté seraient nécessaires pour
réduire les disparités régionales alors qu'ils en
représentent moins de la moitié.
L'exigence de concentration des actions n'a pas été
respectée
, si bien qu'une proportion considérable des
populations européennes est couverte par les financements
européens.
Dans ces conditions,
les progrès de la convergence réelle
semblent décevants
.
Ceci conduit à s'interroger sur la pertinence économique des
actions favorisées et renvoie, par ricochet, au regret récurrent
d'une carence de l'évaluation des programmes financés. Ce besoin
d'évaluation doit impérativement être satisfait tout comme
l'exigence de recentrer les interventions sur des actions économiques
dynamisantes et d'éviter de financer des interventions en violation du
principe de subsidiarité.
Enfin, les conditions de gestion des fonds structurels restent
médiocres. Les retards dans les paiements sont excessifs ; ils cumulent
ceux qui résultent des tergiversations de la Commission et ceux qui
proviennent des difficultés pour certains Etats membres à
identifier le bénéficiaire final.
En 1996, on doit sans doute relever une amélioration du taux de
consommation des crédits :
- Le taux d'exécution en crédits d'engagement a
été de 98,4 % contre une moyenne de 94,1 % sur la
période 1993-1995, soit une sous-consommation annuelle de l'ordre de
deux milliards d'écus ;
- En crédits de paiement, les crédits non
exécutés, depuis 1994, ont atteint 11,9 milliards
d'écus à fin 1996. Mais le taux de consommation s'est
redressé lors de ce dernier exercice s'établissant à
94,8 % contre 83,4 % en moyenne entre 1993 et 1995.
Le total cumulé des crédits engagés et non encore
payés s'élevait cependant fin 1996 à 29,5 milliards
d'écus, soit une somme supérieure au montant des crédits
de paiement prévus au titre des actions structurelles par le budget pour
1998.
Face à cette situation, l'effort "d'économie"
réalisé en 1998, qui se résume à un abattement de
un milliard d'écus par rapport aux dépenses programmées
par l'avant-projet de la Commission, laisse subsister une progression des
crédits par rapport au budget de 1997 qui demeure conséquente et
qui se traduira immanquablement par un alourdissement des "restes à
payer".
C'est le moment de rappeler que l'exécution du budget européen
est loin d'être satisfaisante pour toute une série de raisons
parmi lesquelles figure le niveau très important atteint par les "restes
à liquider". Le tableau ci-dessous en récapitule le détail
pour les principales rubriques du budget communautaire.
Evolution du reste à liquider sur crédits dissociés pour 1996
(en millions d'écus)
Engagements d'exercices antérieurs |
Engagements de l'exercice |
TOTAL |
|||||||||
RUBRIQUE |
RAL
1
Exercice
|
Dégage-ments
réévalua-tion
|
Paiements sur RAL
1
|
RAL
1
sur exercices
précédents
|
% du RAL
1
liquidé
|
Engage-ments de l'exercice
|
Paiements
|
RAL
1
sur exercice
|
% d'augmen-tation
|
RAL
1
fin
d'exercice
|
%
d'augmen-tation
|
Politique agricole commune |
0,00 |
0,0 |
0,00 |
0,0 |
|||||||
Actions structurelles |
25.885,96 |
605,90 |
12.106,72 |
13.173,33 |
- 49,1 |
28.672,34 |
12.341,33 |
16.331,01 |
63,1 |
29.504,34 |
14,0 |
. Fonds structurels |
23.672,67 |
592,49 |
11.344,91 |
11.735,27 |
- 50,4 |
26.141,33 |
11.143,87 |
14.997,46 |
63,4 |
26.732,73 |
12,9 |
. Fonds de cohésion |
2.213,28 |
13,41 |
761,81 |
1.438,06 |
- 35,0 |
2.443,93 |
1.110,38 |
1.333,55 |
60,3 |
2.771,61 |
25,2 |
. Mécanisme financier EEE |
|
|
|
|
|||||||
Politiques internes |
6.221,62 |
211,72 |
2.394,26 |
3.615,54 |
- 41,9 |
5.354,04 |
2.150,03 |
3.204,01 |
51,5 |
6.819,65 |
9,6 |
Actions extérieures |
10.019,17 |
209,85 |
2.732,66 |
7.076,66 |
- 29,4 |
5.561,92 |
1.072,14 |
4.489,78 |
44,8 |
11.566,44 |
15,4 |
Dépenses administratives |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TOTAL |
42.126,97 |
1.027,47 |
17.233,75 |
23.865,74 |
- 43,3 |
39.588,30 |
15.563,50 |
24.024,80 |
57,0 |
47.890,54 |
13,7 |
(1) RAL : Reste à liquider |
Fin 1996, le montant des crédits restant à
liquider s'élevait à 47,9 milliards d'écus, soit plus
de 58 % du budget voté pour cet exercice.
La répartition des reliquats était la suivante : pour
61,6 %, il s'agissait des crédits d'actions structurelles, pour
14,2 % des crédits consacrés aux politiques internes, le
reste, soit 24,2 % concernait les crédits d'actions
extérieures.
Exprimés en pourcentage des crédits ouverts pour l'exercice
1996, les restes à liquider représentaient 102,8 % pour les
actions structurelles, 128 % pour les politiques internes et 207 %
pour les actions extérieures.
Le montant des restes à liquider se répartissait à peu
près pour moitié entre les restes à liquider sur les
crédits d'engagement de l'exercice et les restes à liquider sur
des engagements d'exercices antérieurs. Le montant des apurements
d'engagements dormants s'est élevé à 1 milliard
d'écus en 1996, soit moins de 2,5 % des crédits restant
à liquider.
Ces données indiquent abondamment qu'il existe un écart
important entre les crédits engagés lors d'un exercice
budgétaire donné et les paiements réalisés sur ces
engagements. Ce phénomène peut s'expliquer lorsque les
engagements de crédits portent sur des dépenses d'investissement
dont la réalisation s'étale dans le temps. Il n'est, en revanche,
pas justifiable lorsqu'il s'agit de dépenses courantes.
En tout état de cause, s'il peut apparaître comme significatif
d'une gestion attentive des crédits de paiement de la part de la
Commission, il révèle également les difficultés
rencontrées par elle dans l'exécution des diverses politiques
qu'elle entend conduire.
Comme les crédits de paiement d'un exercice donné sont
destinés à couvrir pour une proportion considérable
(43 % en 1996) les engagements financiers d'exercices antérieurs,
il conviendrait à tout le moins que la progression des crédits
d'engagement d'un exercice sur l'autre soit modéré pour tenir
compte des délais d'exécution de la dépense communautaire.
Ce n'est pas ce que l'on constate.
L'observation selon laquelle le taux
d'engagement des crédits européen s'élève n'est
d'ailleurs pas de nature à rassurer. Ce dernier phénomène
laisse à penser que les gestionnaires des crédits
européens manifestent, par là, un biais dépensier peu
responsable en terme de gestion financière, laissant mal augurer de leur
capacité à choisir des dépenses utiles.
Une baisse importante des crédits d'engagement constituerait ainsi
un acte de bonne gestion
. C'est l'un des éléments sur
lesquels nous devons insister dans le cadre de la préparation des
futures perspectives financières. Si elle ne se traduirait pas dans
l'immédiat par une diminution des crédits de paiement du budget
européen dont le niveau doit être compatible avec celui des restes
à payer sur engagements antérieurs, elle jetterait les bases
d'une réduction de la dépense communautaire une fois le passif
apuré.
Il reste cependant à se poser la question du rythme d'apurement de ce
passif. Un calibrage cohérent des crédits d'engagement devrait
permettre de le résorber en trois ans, mais une estimation
entièrement fiable suppose de porter un jugement sur le niveau des
engagements définitivement compromis. Les dégagements de
crédits apparaissent en effet très faibles puisque, on l'a dit,
ils s'élevaient en 1996 à moins de 2,5 % des engagements sur
exercices antérieurs. Une politique d'apurement plus vigoureuse
favoriserait un assainissement financier plus rapide du budget communautaire.
Les perspectives ouvertes par ce dernier processus en terme d'appels à
contribution des Etats-membres se rapprocheraient d'autant.
Cet objectif doit d'autant plus être poursuivi qu'il ne faut en effet
pas oublier que l'utilisation des crédits structurels est soumise
à un
principe d'additionnalité
qui conditionne leur
paiement à une contribution des Etats membres.
Les contraintes pesant sur les finances publiques de ceux-ci conduisent
à douter de la cohérence du rythme de progression des
crédits européens avec l'existence de ce principe
d'additionnalité, voire à formuler des interrogations sur le
respect même de ce principe par les Etats membres.
Pour toutes ces raisons, il aurait été souhaitable de faire une
pause marquée dans la progression des crédits d'action
structurelle.
C. LES AUTRES DÉPENSES
1. Les politiques internes
Les crédits de paiement consacrés aux
politiques internes se replieraient de 8 % et s'élèveraient
à 4.770 millions d'écus.
L'essentiel des crédits, pour un montant en baisse de 3%, de
3.066 millions d'écus, soit 64,3 % du total, est
consacré à financer le quatrième programme-cadre de
recherche et de développement dont les principaux volets concernant les
technologies de l'information (28 %), l'énergie (18 %), les
technologies industrielles et des matériaux (16 %), les sciences et
technologies du vivant (13 %), l'environnement (9 %) et la formation et la
mobilité des chercheurs (6 %).
Le quatrième programme-cadre qui arrive à échéance
en 1998 prévoyait de dégager des financements à hauteur de
13,2 milliards d'écus, soit près de 87 milliards de
francs. L'importance des sommes en jeu et la négociation en cours d'un
5ème programme justifient qu'une attention particulière soit
portée à ces dépenses.
Votre rapporteur ne peut que réitérer ses préoccupations
sur :
la légitimité du processus de définition de la
stratégie européenne en matière de recherche avec, en
particulier, la quasi-absence à ce stade initial des grands
opérateurs de recherche que sont les entreprises ;
le manque d'évaluation de l'efficacité des dépenses
même si le quatrième programme-cadre contenait des dispositions
visant à corriger cette lacune ;
la légitimité même de nombreuses interventions
communautaires au regard du principe de subsidiarité lorsque lesdites
interventions ne s'accompagnent pas d'actions concertées entre
Etats-membres.
Une politique communautaire en matière de recherche ne se
conçoit qu'en tant qu'elle est susceptible d'apporter une plus-value par
rapport aux résultats que peuvent atteindre les politiques nationales.
Le vrai apport de la Communauté dans ce domaine serait de promouvoir
des projets exceptionnels articulés autour de la participation commune
de centres de recherche des pays membres.
Il ne semble pas que cette conception anime suffisamment les instances
européennes si bien que se dégage trop souvent l'impression
déplaisante de la constitution d'une "tirelire de la recherche"
où les plus habiles viendraient puiser au gré de leurs
besoins.
Le nombre des projets -3.000 nouveaux projets en 1995 pour 10.000
participants- témoigne du saupoudrage des moyens. Certains ont pu
évoquer à ce propos les "dérives cohésives" de la
"politique de recherche" des Communautés européennes faisant
observer que, la règle d'adoption des objectifs de recherche faisant
place à l'unanimité, une correction systématique,
était entreprise par la Commission au profit des pays les moins
compétitifs. On soulignera que les
moyens européens
consacrés à la recherche n'ont pas
a priori
à
être orientés en fonction d'objectifs de convergence
régionale qui relèvent d'autres instruments et, tout
particulièrement, des crédits d'actions structurelles.
Un réexamen complet de l'utilisation des moyens européens
consacrés à la recherche s'impose de toute évidence, et de
toute urgence, compte tenu des contraintes d'efficacité qu'imposeront en
la matière les orientations retenues pour construire les perspectives
financières à l'horizon 2006
. En tout cas, les
décisions concernant le 5ème PCRD ne sauraient être prises
hâtivement à l'écart des Parlements nationaux si bien que
leur calendrier doit permettre un débat argumenté sur le projet
de la Commission.
Les réseaux transeuropéens
bénéficieraient
d'une dotation de 560 et 413 millions d'écus en
crédits d'engagement et en crédits de paiement respectivement
(+ 20,2 % et + 26,3 %).
L'accroissement des provisions est ainsi apparemment conséquente et se
réalise dans le cadre d'une référence financière
globale pour la période 1995-1999 de 2.345 millions d'écus,
soit environ 15 milliards de francs.
La répartition indicative de cette enveloppe est la suivante :
1.785 millions d'écus pour les réseaux "transport"
(75 du total), 112 millions d'écus pour les réseaux
"énergie" et 448 millions d'écus pour les réseaux
"télécommunications".
Les programmes de réseaux transeuropéens doivent être
approuvés car ils soutiennent des projets réellement
européens et contribuant à construire les infrastructures
européennes et favorables à l'emploi.
Il est cependant à noter que le financement communautaire des projets
est minime.
Ainsi, s'agissant du TGV Est, si le coût total du projet a
été estimé à 33,15 milliards de francs, le
financement de la Communauté ne devrait pas excéder 2,7
milliards. Pour l'heure, les crédits employés n'ont du reste eu,
pour seul objet, qu'une série d'études préparatoires sans
doute utiles mais dont l'effet concret reste douteux. En 1996 et 1997, les
subventions communautaires reçues par la France n'ont pas
dépassé 41,5 millions d'écus au titre des TGV Sud et
Est.
Les moyens consacrés aux autres politiques internes s'effondreraient
de 20,5 % et 345 millions d'écus. Cette évolution
démontre abondamment que les crédits européens peuvent
être ajustés si la volonté politique s'en manifeste
. Il
reste qu'avec un niveau de crédits de l'ordre de 8,3 milliards de
francs, les politiques internes de la Communauté apparaissent toujours
aussi peu convaincantes. On pourrait même dire qu'elles le sont de moins
en moins, la réduction des crédits et le maintien des programmes
renforçant les aspects négatifs du saupoudrage, si bien qu'aucune
politique interne n'atteint la taille critique qui est pourtant, quasiment, la
seule justification à l'intervention européenne en la
matière.
2. Les actions extérieures
Les crédits de paiement consacrés aux
actions extérieures s'élèveraient à
4.207 millions d'écus et s'infléchiraient de 6,5 % par
rapport à 1997.
Le financement des actions à destination des pays d'Europe centrale et
orientale et de celles consacrées à la politique
méditerranéenne de l'Union a fait l'objet d'une programmation
à moyen terme (1995-1999) lors du sommet européen de Cannes de
juin 1995. En 1998, une singularité apparaît, le niveau des
crédits consacrés à la politique
méditerranéenne excédant celui de ceux destinés aux
PECO.
La dotation prévue pour les pays d'Europe centrale et orientale
s'élèverait à 1.125 millions d'écus en
crédits d'engagement. La politique méditerranéenne de
l'Union serait dotée elle de 1.142 millions d'écus
(+ 14,8 %).
Si la politique méditerranéenne de l'Europe est une orientation
à approuver, il n'est pas sûr qu'y consacrer autant de moyens
qu'à préparer les pays d'Europe centrale et orientale à
l'adhésion à l'Union européenne soit vraiment raisonnable.
Les crédits destinés aux Etats de l'ex-URSS
s'élèveraient à 480 millions d'écus en
crédits de paiement. Les crédits prévus au titre des
accords de pêche se monteraient à 301 millions d'écus.
Les autres dotations qui concernent principalement l'aide alimentaire et
humanitaire et la coopération avec les autres régions du monde
baisseraient de 12 % par rapport à 1997 et s'établiraient
à 1.595 millions d'écus.
Cette baisse continue des moyens
traduit l'effacement de notre
continent d'importants points
du monde et paraît trahir
l'idéal des fondateurs de l'Europe qui, avec les accords de Lomé,
avaient souhaité donner à notre continent le visage de la
générosité.
CHAPITRE II
LA PARTICIPATION DE LA FRANCE AU BUDGET
DES COMMUNAUTES EUROPEENNES
Le montant de la contribution française au budget
des Communautés européennes est évalué à
91,5 milliards de francs.
Par rapport à l'évaluation de notre contribution qui avait
été faite en loi de finances initiale pour 1997, l'augmentation
du prélèvement sur recettes serait de 5,2 % et
contribuerait à hauteur de 4,5 milliards de francs au creusement du
déficit de l'Etat. Par rapport au montant de la contribution
française pour 1997 tel qu'il résulte des prévisions
d'exécution connues à ce jour - 88 milliards de
francs -, l'évaluation pour 1998 se traduira par une progression du
prélèvement sur recettes de 4 %.
L'évaluation de la contribution de chaque Etat au budget communautaire
est imprécise pour quatre raisons :
Le budget des Communautés européennes comporte bon nombre
de dépenses à caractère
évaluatif
. Il en va
ainsi des dépenses agricoles dont le niveau varie largement en fonction
de l'évolution des prix agricoles.
Le budget des Communautés européennes connaît des
difficultés d'exécution
budgétaire
récurrentes. Lorsque des excédents sont constatés à
ce titre, ils sont reportés sur les exercices suivants, ce qui
réduit le montant de la contribution demandée aux Etats-membres .
L'évaluation de la contribution des Etats dans leurs monnaies
nationales dépend du taux de conversion desdites monnaies en écu.
Il y a là un mécanisme de pénalisation automatique des
Etats dont la monnaie se déprécie et qu'il faut garder à
l'esprit dans le contexte du débat sur les relations entre les Etats
à monnaie fluctuante et le budget européen.
Le taux de conversion conventionnellement retenu pour évaluer le niveau
de la contribution française pour 1998 est de 6,60 francs pour un
écu.
Enfin, l'article 10 du règlement n° 1552/89 portant
application de la décision relative au système des ressources
propres, en particulier ses paragraphes 4 à 9, prévoit, on le
rappelle, les modalités de régularisation des ressources TVA et
PNB perçues par la Communauté.
Les recettes du budget communautaire sont fixées en
référence à des assiettes estimées en avril de
l'exercice N-1. Selon l'évolution de la conjoncture économique,
celles-ci peuvent se trouver sur ou sous-évaluées.
L'article 10 prévoit que, sur le fondement des données
réelles concernant les assiettes TVA et PNB communiquées par les
Etats membres au cours de l'exercice N+1, la Commission effectue les
ajustements et en informe les Etats. Ceux-ci inscrivent alors le montant
correspondant à l'ajustement en déduction ou en augmentation de
leur versement de décembre N+1.
Un problème particulier à cette année doit être
abordé.
L'évaluation de notre contribution au budget européen est
inférieure de 1,7 milliard de francs à la somme qui
résulterait de l'application du taux de conversion de l'écu
contre franc retenu dans le cadre de l'exercice d'évaluation
-6,60 francs pour un écu- de la contribution française
déterminée dans la partie "recettes" du projet de budget
communautaire -14.119,6 millions d'écus-.
Au terme de cette opération, la contribution française devrait
être estimée à 93,2 milliards de francs.
Il faut observer qu'en revanche ce chiffre inclut les frais de perception des
ressources propres traditionnelles (droits de douane,
prélèvements agricoles et cotisations sur le sucre et
l'isoglucose) qui font par ailleurs l'objet d'une inscription en recettes non
fiscales du budget de l'Etat. Ils sont évalués à
1,136 milliard de francs en 1998, en croissance de 1,7 % par rapport
à 1997.
Une présentation nette de la contribution française au budget
communautaire conduirait donc à évaluer celle-ci à
92,1 milliards de francs.
Mais, le chiffrage retenu intègre une hypothèse de report d'un
solde positif de l'exercice 1997 qui viendrait minorer l'appel à
contribution des Etats-membres par rapport aux besoins théoriques
correspondant au projet de budget. Ceci se traduit pour notre pays par une
perspective d'économies de l'ordre de 2,6 milliards de francs que
l'évaluation fournie dans le cadre du projet de loi de finances
considère comme acquise.
Ce n'est pas la première fois que cette méthode qui comporte une
correction implicite de l'estimation du prélèvement sur recettes
est employée.
Compte tenu de l'inscription d'une recette non fiscale de 1,136 milliard
de francs représentative des frais de prélèvement des
ressources propres traditionnelles des Communautés, le
prélèvement européen s'élève en somme nette
à 90,4 milliards de francs.
I. L'EVOLUTION DU PRÉLÈVEMENT SUR RECETTES
Evolution du prélèvement sur recettes au profit des Communautés européennes
(en millions de francs)
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
|
Prévision (PLF) |
63,5 |
70,7 |
84,2 |
883,4 |
90,8 |
88,0 |
89,0 |
87,0 |
91,5 |
Réalisation |
60,8 |
78,5 |
75,5 |
77,9 |
83,4 |
80,4 |
80,4 |
88 |
|
Ecart |
- 7,3 |
+ 3,9 |
- 11,6 |
- 6,4 |
- 8,4 |
- 9,8 |
- 6,5 |
+ 1 |
Entre 1990 et 1997, l'accroissement du
prélèvement sur recettes au profit des Communautés
européennes aura été de 44,7 %.
Après une forte augmentation de 1990 à 1994 (+ 37 %),
suivie d'une stagnation, le prélèvement reprend un rythme de
progression rapide en 1997.
Evolution pour la France du prélèvement communautaire rapporté au PIB
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 (1) |
||||||||
Prélèvement communautaire (mf) |
75,5 |
77,9 |
83,4 |
80,1 |
80,4 |
88 (1) |
91,5 |
|||||||
PIB (mdf) |
6.999,5 |
7.077,1 |
7.389,7 |
7.662,4 |
7.861 |
8.104 |
8.448 |
|||||||
Prélèvement communautaire/PIB |
1,07 % |
1,1 % |
1,13 % |
1,04 % |
1,02 % |
1,08 % |
1,08 % |
(1) Estimations provisoire
L'exercice 1995 apparaît ainsi comme exceptionnelle et marquée non
par une interruption mais par une suspension de la progression du
prélèvement. Cette suspension était venue moins d'une
maîtrise des dépenses communautaires que de la réduction de
la part de la France dans le total de son financement qui est passée de
19,6 à 17,5 % entre 1994 et 1995, réduction elle-même
venue de l'élargissement de la Communauté. La modération
relative des évolutions nominales en France, en particulier l'atonie de
la croissance, devait contribuer à stabiliser la part de la France dans
le financement du budget communautaire.
Mais, la reprise du mouvement d'augmentation du prélèvement sur
recettes dans le PIB s'accompagne d'un
accroissement
de sa part dans
les recettes fiscales nettes de l'Etat,
passée d'un peu moins de
6 % en 1995 à quelque 6,3 % l'an prochain
.
Les mécanismes de transferts de recettes des Etats
membres
vers le budget européen
Les recettes d'un exercice budgétaire
européen comprennent :
- Les ressources propres traditionnelles (droits de douane, cotisations
"sucre", droits agricoles) constatées de novembre de l'année n-1
à octobre de l'année n. Elles sont inscrites aux comptes de
la Commission auprès du Trésor de chaque Etat au plus tard le
premier jour ouvrable après le 19 du deuxième mois suivant celui
de la constatation des droits.
- Les versements des "ressources propres TVA et PNB" effectués
mensuellement à raison d'un douzième des sommes inscrites au
budget convertis au taux de change du dernier jour de cotation de
l'année précédant l'exercice budgétaire.
- Ces recettes sont augmentées ou diminuées du solde des
"ressources propres TVA et PNB" relatives à l'exercice antérieur
et aux exercices précédents le cas échéant. La
régularisation au titre de ces soldes intervient au mois de
décembre de l'année n et vient, soit en diminution, soit en
augmentation du versement, évoqué dans le paragraphe
précédent, effectué au mois de décembre.
Le solde au titre des "ressources propres" est la différence entre la
somme des versements par douzième opérés l'année
précédente et la somme des versements qu'aurait dû
acquitter un Etat compte tenu de la valeur prise effectivement par l'assiette
-la base TVA ou le PNB- au cours de l'année précédente.
L'existence de ces "soldes" s'explique par le fait que les
versements des
Etats sont calculés sur des bases théoriques issues de
prévisions macro-économiques que la réalité peut
déjouer.
Par exemple, si l'estimation de croissance du PIB est, une année
donnée, trop favorable, les versements des Etats au titre de la
ressource PNB seront à leur tour excessifs si bien qu'une
régularisation interviendra l'année suivante, au mois de
décembre.
- Diverses recettes correspondant au fonctionnement des
Communautés, comme les retenues sur les rémunérations du
personnel, les intérêts de trésorerie, les contributions
aux programmes de recherche...
Parmi ces diverses recettes figurent les recettes d'intérêt,
a-t-on dit, 17,4 millions d'écus, étaient budgetées
en 1996 au titre des produits d'intérêts et des remboursements de
prêts consentis par les Communautés dans le cadre des protocoles
financiers. Ce chiffre paraît étonnamment modeste compte tenu des
masses financières en jeu. Il est vrai que la gestion de
trésorerie de la Commission paraît serrée, reposant sur une
mise à disposition des crédits au fur et à mesure des
besoins -soit une trésorerie d'une quinzaine de jours- et
réalisée à partir des comptes de la Commission dans les
livres des Trésors nationaux non productifs
d'intérêt
1
.
Il n'empêche qu'en l'absence de données claires sur le profil de
trésorerie de la Commission l'on ne peut accorder pleinement foi
à des chiffres que seul un contrôle approfondi permettrait de
valider.
En tout état de cause, les Etats, lorsque leur solde au titre des
ressources propres fait apparaître un excédent
régularisable, supportent en trésorerie la charge
d'intérêts correspondant aux délais de
régularisation.
(1) Il est intéressant d'observer que les sommes
créditées à la Commission sont, elles, productives
d'intérêts pour les Etats membres.
II. LA STRUCTURE DU PRÉLÈVEMENT SUR RECETTES
Evolution de la structure de la contribution
française au budget des
Communautés européennes
(en Mécus) |
1993 (1) |
1994 (1) |
1995 (2) |
1996 (3) |
1997 (4) |
1998 |
Cotisations sucre et isoglucose |
321,7 |
393,7 |
375,3 |
328,9 |
58,3 |
50,0 |
Prélèvements agricoles |
76,9 |
67,4 |
49,4 |
59,1 |
374,4 |
337,1 |
Droits de douane |
1.485,0 |
1.408,9 |
1.476,9 |
1.326 |
1.432 |
1.119,5 |
Contribution TVA |
6.812,9 |
7.267,1 |
7.595,5 |
7.138,8 |
6.914,9 |
6.433,1 |
Contribution PNB |
3.037,4 |
3.600,8 |
2.569,9 |
3.741,9 |
5.094,1 |
6.179,6 |
Sous-total |
11.733,9 |
12.737,9 |
12.067 |
12.594,7 |
13.873,7 |
14.119,6 |
Frais de perception des ressources propres |
- 188,4 |
- 187 |
- 190,2 |
- 171,4 |
- 186,5 |
- 150,7 |
Total des versements effectifs |
11.545,5 |
12.550,9 |
11.876,8 |
12.423,3 |
13.687,3 |
13.968,9 |
(1) Source : rapport Cour des Comptes des CE
(2) Source : compte de gestion et bilan financier de la commission pour 1995
(3) Selon BRS 1/96
(4) Selon projet de budget pour 1997, hors prise en compte des conditions
prévisionnelles d'exécution du budget 1996.
Depuis 1992, la structure du prélèvement sur recettes a
évolué considérablement.
La part des prélèvements agricoles et de ceux liés aux
cotisations "sucre" serait de 10,6 % en 1998 contre 13,4 %
en 1997.
La part des droits de douane dans le prélèvement, de 10,3 %
en 1997, serait de 7,9 % l'an prochain. Ce repli sur moyenne
période s'explique par plusieurs phénomènes :
- la structure de nos importations s'est déformée au profit
d'une pénétration plus grande de produits exonérés
de droits de douane ;
- le niveau général du tarif douanier s'est infléchi.
A cet égard, 1995 apparaît comme une exception. Cette
année-là, pour la première fois depuis plus de cinq ans,
les droits de douane versés au budget communautaire avaient
enregistré une progression (+ 5,6 %).
La question reste posée de savoir si l'Europe doit accepter
unilatéralement toutes les formes d'un désarmement douanier
à l'heure où ses concurrents pratiquent des politiques
commerciales à coup de dévaluations compétitives et
notamment les USA.
Cette question cruciale renvoie elle-même à deux
inquiétudes :
- accepter la diminution tendancielle des vraies ressources propres de la
Communauté revient à augmenter sensiblement les
prélèvements sur les ressources des Etats membres : la
"ressource TVA"
et la
"ressource PNB".;
l'acceptabilité
politique d'une telle démarche a des limites ;
- l'ouverture du marché européen doit se faire de
façon ordonnée. Or, l'évolution des perceptions au titre
des droits de douane incline à imaginer qu'un certain laisser-aller
douanier aux frontières de l'Union européenne, mais
également à nos frontières, tend à prévaloir.
La contribution TVA, qui représentait 68,1 % du total en 1992 et
49,8 % en 1997, en constituerait moins de 45,5 % en 1998.
Cette inflexion s'explique par l'application du volet structurel de la
réforme des ressources propres des Communautés européennes.
Quant à la contribution assise sur le PNB, passée de 25,9 %
à 36,7 % du total entre 1992 et 1997, elle atteindrait 43,8 %
de l'ensemble de notre contribution l'an prochain, ce qui est la
meilleure
démonstration de l'analyse selon laquelle elle évolue sans
considération du rythme de croissance de son assiette
puisqu'elle
progresserait de 21,3 % contre une croissance du PIB en niveau
escomptée à 4,2 %.
III. LES VERSEMENTS DU BUDGET DES COMMUNAUTES EUROPEENNES AU BENEFICE DE LA FRANCE
Paiements annuels à la France et aux Etats-membres |
|||||
(en millions d'écus) |
|||||
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
||
Paiements annuels |
58.573,2 |
64.207,6 |
60.304,8 |
63.041,3 |
|
Versements aux autres Etats membres |
49.523,4 |
53.681,7 |
50.380,3 |
52.891,7 |
|
Versements à la France |
9.049,8 |
10.525,9 |
9.924,5 |
10.149,6 |
|
Part de la France dans les versements aux Etats (en %) |
18,2 |
19,6 |
19,6 |
19,1 |
|
Part de la France dans les dépenses (en %) |
15,4 |
16,4 |
16,5 |
16,1 |
|
Source : Rapport de la Cour des comptes des Communautés européennes |
Le dernier montant global connu des paiements des
Communautés européennes en France est celui de 1995.
Les versements à la France ont représenté cette
année-là avec 10,1 milliards d'écus, 16,1 % des
dépenses communautaires, mais la part de la France dans les seuls
versements aux Etats a atteint 19,1 %. Comme la France avait
contribué à hauteur de 17,5 % au budget communautaire, la
contribution nette de notre pays s'est élevée en 1995 à
environ 1,7 milliard d'écus : 14,3 % du
prélèvement sur recettes accordé.
Ainsi, la très légère diminution de la part des paiements
communautaires revenant à notre pays aura-t-elle été
compensée en 1995 par la régression importante de la part
incombant à la France dans le financement du budget communautaire. Ce
dernier phénomène a été partiellement dû
à l'élargissement de l'Union à 15 membres (v. infra).
Paiements annuels aux Etats membres au titre des principaux secteurs en 1995
(en millions d'écus)
|
Total des versements effectués par la CE aux Etats membres |
|
Part de la France dans la
dépense
communautaire
|
FEOGA-Garantie |
34.497,7 |
8.423,3 |
24,4 |
FEOGA-Orientation |
2.778,7 |
358,8 |
12,9 |
Fonds régional |
8.373,6 |
266,0 |
3,2 |
Fonds social |
4.734,1 |
501,3 |
10,6 |
Recherche |
2.537,8 |
297,5 |
11,7 |
Autres |
10.119,4 |
302,7 |
3,0 |
Total |
63.041,3 |
10.149,6 |
16,1 |
Source : Rapport de la Cour des comptes des Communautés européennes (exercice 1995) |
Le niveau important des versements communautaires au
bénéfice de notre pays s'explique par les dépenses
agricoles effectuées à partir du FEOGA garantie.
Les autres chefs de dépenses du budget communautaire voient notre taux
de retour atteindre des niveaux défavorables comme le démontre le
tableau ci-après.
Ecarts entre la
part de
la contribution française
(en points) |
|
FEOGA-Garantie |
+ 6,9 |
FEOGA-Orientation |
- 4,6 |
Fonds régional |
- 14,3 |
Fonds social |
- 6,9 |
Recherche |
- 5,8 |
Autres |
- 14,5 |
A. LES VERSEMENTS AGRICOLES
La structure des dépenses effectuées en France est en effet singulière. Nous bénéficions du quart des dépenses du FEOGA-Garantie, ce qui correspond à notre vocation agricole.
Evolution des versements agricoles au profit de la France (en millions d'écus) |
||||
FEOGA-Garantie |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Paiements totaux |
34.748,2 |
33.605,4 |
34.497,7 |
39.107,8 |
Paiements en France |
8.148,8 |
8.048,8 |
8.376,5 |
9.557,6 |
Taux de retour pour la France |
23,6 |
24,0 |
24,3 |
24,4 |
Source : Ministère de l'Agriculture |
90 % environ des crédits communautaires sont
versés directement aux organismes d'intervention sans transiter par le
budget de l'Etat.
Répartition des crédits communautaires par organismes d'intervention (en millions de francs) |
||||
Organismes |
1995 |
1996 |
||
ONILAIT |
5.508 |
5.599 |
||
ONIFLHOR |
2.064 |
1.919 |
||
ONIC |
23.096 |
24.949 |
||
FIRS |
2.062 |
3.385 |
||
SIDO |
9.437 |
9.594 |
||
FIOM |
81 |
69 |
||
OFIVAL |
5.650 |
8.098 |
||
ONIVINS |
1.416 |
630 |
||
CNASEA |
1.567 |
1.443 |
||
OEDADOM |
316 |
478 |
||
SAV |
- |
584 |
||
ACCT |
3.573 |
5.699 |
||
Source : Ministère de l'Agriculture |
Malgré une baisse relative des dépenses de
restitution auxquelles donnent lieu nos exportations agricoles qui elle
même résulte de la mise en oeuvre de la réforme de la
politique agricole commune et d'un phénomène de rapprochement du
prix de nos grandes exportations agricoles avec les cours des marchés
mondiaux, les versements agricoles à destination de notre pays se sont
accrus de 14,1 % en 1996 sous l'effet de l'augmentation des aides aux
revenus et de versements accidentels liés à la "crise de la vache
folle".
Mais, les modalités des règlements financiers entre la France et
le budget communautaire ne sont pas entièrement satisfaisants.
L'Agence centrale des organismes d'intervention (ACOFA) est contrainte de
pré-financer les aides en raison d'un versement tardif de celles-ci par
le budget communautaire et supporte de ce fait les frais financiers
intercalaires non négligeables, estimés à 202,5 millions
de francs en 1996 après un coût de l'ordre de 320,4 millions
de francs en 1995.
B. LES VERSEMENTS AU TITRE DES ACTIONS STRUCTURELLES
Au total, la part relative de la France dans les versements
communautaires a été infléchie entre le premier exercice
de programmation 1989-1993 - 10,2 % - et le second 1994-1999 - 8,2 % -.
C'est le reflet de la volonté de concentrer les aides sur les
régions en retard de développement, du Sud de l'Europe en
particulier, qui a marqué l'élaboration de la deuxième
phase de programmation des actions structurelles.
Toutefois, l'importance relative du secteur agricole et des zones rurales dans
notre pays a limité l'érosion des versements effectués au
titre des actions structurelles qu'impliquait la logique de programmation
adoptée. Encore faut-il avoir conscience que les chiffres
mentionnés ne sont que théoriques et que l'impact réel de
la programmation dépend des capacités démontrées
d'en user.
Une évolution significative doit cependant être mise en valeur
: la baisse très sensible de la part des dépenses communautaires
résultant du Feoga-orientation dans notre pays qui du fait de la mise en
oeuvre de la nouvelle programmation est passée de 21,6 à
14,2 % entre 1993 et 1994 et s'est poursuivie en 1995.
Cette chute laisse à penser que nous ne mettons pas tout en oeuvre pour
utiliser les facilités européennes offertes pour favoriser le
développement rural.
Ceci est d'autant plus regrettable que le niveau de développement moyen
de nos régions nous exclut du bénéfice de nombre des
interventions du Fonds européen de développement régional
(FEDER).
L'impact de la politique régionale européenne
en France souffre, comme il en va pour la politique régionale
européenne en général, d'un défaut
d'évaluation.
Le montant global des versements s'est élevé en 1995 à
1,1 milliard d'écus, environ 7,1 milliards de francs, soit
moins d' 1 millième du PIB.
Il y a là plus qu'un indice de la modestie des effets des versements
structurels dans notre pays. Cependant, pour certaines régions, les
aides européennes ont un poids relatif important. Celui-ci le serait
davantage si la moitié de la population française n'était
pas concernée par les aides communautaires au titre des trois objectifs
régionaux 1, 2 et 5 b.
A ce problème de sélection qui renvoie à celui du
saupoudrage des interventions, il faut ajouter un problème de gestion et
d'évaluation.
S'agissant de la gestion, il apparaît que l'une des faiblesses de la
France vient d'un défaut de clarté dans la répartition des
compétences entre les différents niveaux d'intervention
(État, région, département, commune) qui nuit à
l'efficacité de notre action régionale et nous empêche de
profiter pleinement des abondements de crédits disponibles à
travers le budget européen.
IV. LE SOLDE DES FLUX FINANCIERS
A. DONNEES D'ENSEMBLE
Solde par Etat membre en 1995 selon la Cour des comptes européenne
Etat membre |
Recettes effectives 95 |
Dépenses réparties 95 |
Solde 1995 |
Solde 1994 |
Solde 1993 |
ECU/hbt |
||
(Mécus) |
% |
(Mécus) |
% |
(Mécus) |
(Mécus) |
(Mécus) |
1995 |
|
Belgique
|
2.680,1
|
4,0
|
2.368,9
|
3,8
|
- 311,2
|
- 309,3
|
60,0
|
- 30,8
|
non réparti |
4.793,2 |
|||||||
Total |
67.827,6 |
100,0 |
63.041,3 |
100,0 |
||||
Source : Relations financières avec l'Union européenne. PLF pour 1990 |
Au vu de l'évolution de leurs soldes respectifs, les
pays peuvent être regroupés dans des ensembles distincts :
- Les pays les moins prospères (Espagne, Portugal, Irlande et
Grèce) sont bénéficiaires nets du budget communautaire.
Leur solde a progressé très rapidement sous l'influence de la
mise en oeuvre des fonds structurels. Le cas de ces pays illustre le
caractère redistributif du budget communautaire utilisé comme
vecteur de la cohésion économique et sociale ;
- A l'inverse, onze pays sont contributeurs nets.
Rapportés au nombre d'habitants, les soldes montrent que pour certains
pays, l'influence des transferts financiers réalisés via le
budget communautaire sur le niveau de revenu par habitant est importante. Il en
va ainsi pour les Etats dont le niveau de revenu par habitant est sensiblement
inférieur à la moyenne européenne.
Le débat sur la hiérarchie des Etats membres
selon leur
position de contributeur net ou, au contraire, de bénéficiaire
net a pris ces derniers mois une importance considérable comme en
témoignent les déclarations faites sur ce thème par les
responsables allemands.
Il s'agit pourtant d'une approche fondamentalement
non-européenne.
Le budget européen étant censé
construire l'Europe, la vraie question est de savoir si cet objet est poursuivi
efficacement et non de savoir si chacun "récupère" ce qu'il a
versé.
Par ailleurs, l'approche par le solde de chaque Etat membre ignore qu'une
partie importante des dépenses européennes ne peut être
répartie entre Etats.
Techniquement, cette somme s'élevait
à 7,2 milliards d'écus en 1994 et à
4,8 milliards d'écus en 1995 soit respectivement, 12 % et
7,6 % du total des dépenses européennes ces deux
années-là.
Mais, en réalité, le montant des dépenses
concernées est évidemment beaucoup plus élevé que
celui des seules dépenses non-réparties entre les Etats. Si le
budget européen ne retraçait bien que des dépenses
fondées sur le principe de subsidiarité, on devrait même
estimer que toutes les dépenses européennes devraient,
plutôt que d'être considérées comme autant de
versements à tel ou tel Etat, être comprises comme autant de
dépenses pour l'Europe.
Sous réserve de ces observations de principe, on peut néanmoins,
à l'analyse des soldes par Etat membre, mesurer les transferts
financiers que recèle la mécanique budgétaire
européenne.
Une observation préliminaire de méthode s'impose
cependant.
Les soldes tels qu'ils sont présentés dans le
tableau ci-dessus sont établis sur la base des versements effectifs. Ils
ne sont pas comptabilisés en droits constatés. Or, on l'a dit, il
existe un important écart entre les crédits budgétaires et
les dépenses réelles au terme duquel le "reste à liquider"
sur certains crédits, au tout premier chef sur les crédits
d'actions structurelles, atteint des montants considérables. En
conséquence, les soldes ici examinés devraient être
corrigés des droits constatés au titre de ces paiements
reportés. Dans ces conditions, les Etats appelés à
bénéficier des crédits d'actions structurelles
relativement plus que les autres verraient leurs soldes améliorer. A cet
égard, on sait que la France est appelée à
bénéficier d'une proportion des dépenses structurelles
sensiblement plus faible que d'autres Etats dont, en particulier, l'Allemagne.
Ainsi, l'écart entre les soldes respectifs de la France et de
l'Allemagne serait-il moins grand si on les corrigeait en prenant en compte les
paiements à venir sur les restes à liquider.
Néanmoins, une donnée ne peut être occultée :
l'importance de la contribution nette de l'Allemagne qui atteint près de
8 fois celle de notre pays. Elle exerce naturellement une influence certaine
dans les négociations européennes et devrait tout
particulièrement compter lors de la préparation des futures
perspectives financières.
A ce sujet, nul ne doit cependant se dissimuler que l'élargissement de
l'Union se traduira par une évolution substantielle des transferts
financiers entre Etats européens.
Pour le reste, l'évolution des soldes démontre une certaine
volatilité due à la variation des conditions économiques
d'ensemble et des secteurs d'intervention du budget communautaire, de
l'agriculture en particulier. Mais elle apporte aussi la démonstration
de la sensibilité de la contribution de chaque Etat à sa
situation monétaire et, notamment, à l'évolution du taux
de change de sa devise contre écu.
Ce facteur de variation disparaîtra à l'avenir pour les pays qui
auront adopté l'euro. En revanche, les Etats qui, dans
l'immédiat, ne l'adapteront pas verront leur contribution varier en
fonction de la fluctuation du cours de leur monnaie contre l'euro.
On peut illustrer l'ampleur de cet aléa en indiquant que moyennant une
dépréciation du franc contre écu de 10 % notre
contribution en 1998 devrait être réestimée de l'ordre de
9 milliards de francs.
B. DONNEES POUR LA FRANCE
Les derniers chiffres disponibles concernent l'exercice 1995.
Le solde indiqué ne reprend, on le rappelle, que les opérations
enregistrées sur le budget communautaire, telles que communiquées
par la Cour des Comptes.
Le solde budgétaire pour la France est le suivant :
Evolution du solde net français (en millions d'écus courants) |
|||||||||
Mécus courants |
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
||
Paiements en France |
5.676 |
6.285 |
8.152 |
9.050 |
10.526 |
9.925 |
10.150 |
||
Ressources propres versées par la France |
|
|
|
|
|
|
|
||
Solde |
- 2.947 |
- 1.805 |
- 2.450 |
- 1.443 |
- 1.020 |
- 2.626 |
- 1.727 |
||
Source : Rapport de la Cour des comptes européenne |
Le solde financier de la France est allé en
s'améliorant. Après s'être sensiblement
dégradé en 1994 sous l'effet des évolutions relatives des
dépenses agricoles et des dépenses structurelles, il s'est
beaucoup allégé en 1995.
Cette évolution a été favorisée par
l'élargissement de l'Union, l'année 1995 étant celle du
passage d'une Union à 12 vers une Union à 15 et par la croissance
des retours agricoles.
Elle s'explique également par les effets de la sous-exécution du
budget pour 1994 qui a permis de réduire l'appel à contribution
de l 'ensemble des Etats-membres, la régularisation des ressources PNB
et TVA versées en 1994 ayant en outre provoqué un reversement de
1,5 milliards à notre pays en décembre 1995.
Toutefois, même si en 1996 un phénomène analogue devrait
être constaté, le solde français devrait à l'avenir
se dégrader sous l'effet de la logique même du mécanisme de
financement du budget européen et des orientations retenues en
matière de répartition de la dépense européenne.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le mercredi 12 novembre 1997, sous la
présidence de
M. Christian Poncelet, président, la
commission a procédé à l'examen de l'article 24 du projet
de loi de finances pour 1998 portant évaluation du
prélèvement opéré sur les recettes de l'Etat au
titre de la participation de la France au budget des Communautés
européennes.
M. Denis Badré, rapporteur spécial, a présenté
les principales caractéristiques du projet de budget des
Communautés européennes, puis ses observations sur le
prélèvement demandé.
M. Christian Poncelet a souligné la nécessité d'un
débat clair sur les conséquences de l'élargissement de
l'Union aux pays d'Europe centrale et orientale et, en particulier, sur
l'impact budgétaire de cet élargissement.
La commission a alors adopté l'article 24 du projet de loi de finances
pour 1998.
1
Le solde budgétaire de
l'Etat n'est pas entièrement équivalent à la
capacité de financement de l'Etat et encore moins à celle des
administrations publiques que vise le traité de Maastricht.
2
Rapport de la Cour des Comptes des Communautés pour
l'exercice 1992, page 30.
3
"Pour ou contre le futur système de TVA en Europe ?"
Rapport n° 264 - 1996-1997
4
La baisse programmée des dépenses de
compensation permettrait une progression des autres dépenses de
687 millions d'écus, soit 4,5 milliards de francs environ.