II. L'INSERTION PROFESSIONNELLE
Il semble évident que la réussite scolaire ne
vaut rien si elle n'est pas suivie par une insertion rapide et réussie
dans la vie professionnelle. Cela requiert deux conditions cumulatives :
- une orientation précoce ;
- une sensibilisation à la vie économique via un rapprochement de
l'école et de l'entreprise.
A. LE PROBLÈME DE L'ORIENTATION
1. Les expériences européennes
Dans la plupart des pays européens, on constate, outre
les dispositifs spécifiques d'orientation mis en place, le
développement de la fonction d'orientation au sein même de
l'école. Ainsi, les enseignants sont amenés à jouer un
rôle essentiel en la matière. Plus proches de leurs
élèves et en contact permanent avec eux, ils occupent une
position privilégiée pour comprendre leurs aspirations, orienter
leurs besoins, les aider à surmonter leurs difficultés.
C'est ainsi que des enseignants assument des activités d'orientation, le
plus souvent à temps partiel. Ils prennent le nom de
Skolevejleder
(enseignant conseiller) au Danemark, de
Dekanen
aux
Pays-Bas, de Careers
teachers
au Royaume-Uni. Le professeur principal
tend à être chargé d'une responsabilité croissante
en matière d'orientation, pour un groupe d'élèves
spécifiques.
En
Espagne
, depuis la réforme, une grande importance est
accordée au développement de ces fonctions d'orientation, non
seulement par le " professeur titulaire " que chaque groupe
d'élèves se verra attribuer, mais également par chaque
enseignant dans sa classe.
L'intégration de l'orientation dans les programmes d'enseignement
participe du même mouvement de développement de l'orientation au
sein de l'école. C'est le cas notamment au Danemark et en Allemagne, au
Portugal et au Royaume-Uni.
En
Allemagne
,
l'Arbeitslehre
est une initiation au monde du
travail mise en place dans toutes les
Hauptschulen
(Premier cycle de
l'enseignement secondaire) à raison de 5 heures par semaine pendant
trois ans (de 13 à 15 ans). Ce programme vise à informer les
élèves sur les formations possibles en les mettant en contact
avec la réalité du monde du travail au cours de demi-semaines de
stages en entreprise ou de visites.
Au
Danemark
, des stages en entreprises sont organisés au cours de
deux dernières années de la
Folkeskole
(vers 15-16 ans),
notamment à l'initiative de l'enseignant lui-même.
2. L'éducation à l'orientation en France
L'approche d'orientation commence
au collège
,
dès la classe de cinquième et se poursuit jusqu'au lycée.
A la fin de leur scolarité au collège, les élèves
se trouvent en effet amenés à formuler un premier choix de
formation. Ils doivent se déterminer en fonction de projets scolaires,
voire professionnels à plus long terme. Ils doivent donc avoir une bonne
connaissance des voies de formation mais aussi maîtriser un certain
nombre de repères dans le monde professionnel et avoir conscience de
leurs potentialités et de leurs aspirations.
Prenant en compte les résultats d'une expérimentation conduite en
1995-1996, la circulaire n° 96-204 du 31 juillet 1996 précise
les objectifs assignés à l'éducation à
l'orientation et ses conditions de mise en œuvre. Celle-ci est
définie comme une mission du collège incombant à
l'ensemble de l'équipe éducative. Etendue aux classes de
quatrièmes à la rentrée 1996, elle est mise en œuvre
en classe de troisième à la rentrée 1997.
Le bilan de la mise en place de l'éducation à l'orientation en
collège, effectué cette années, se révèle
très positif. Près de 70 % des collèges ont inclus un
programme d'information pour l'orientation dans le projet
d'établissement. La moitié de collèges ont mis en place
des séquences spécifiques régulières, d'autres
préfèrent réserver des temps forts dans l'année.
L'implication des enseignants s'effectue peu à peu, mais tous demandent
une formation particulière.
La nécessité d'améliorer
l'information des
lycéens
dans le domaine des poursuites d'études fait l'objet
d'un large consensus. Deux difficultés apparaissent alors à ce
niveau.
La première réside dans la complexité des cursus et la
nécessité d'améliorer la lisibilité
générale du système. Pour pallier cet inconvénient,
des documents destinés aux lycées de première et terminale
sont distribués à tous les élèves depuis 1996.
La seconde difficulté concerne l'appropriation de cette information par
les élèves. Elle suppose la mise en place d'une médiation.
La fonction de professeur principal dans les classes de première et
terminale des lycées, créée à la rentrée
1992, devrait répondre à ce besoin. Les conseillers
d'orientation-psychologues jouent à leur égard un rôle de
conseiller technique en termes de méthodes et d'activités
spécifiques.
Par ailleurs, la rénovation pédagogique du lycée fait du
choix des options et des filières conduisant aux différents
baccalauréats la conséquence d'un projet cohérent et
défini de poursuite d'études. Ce choix ne peut se faire utilement
sans que soit abordée la place réelle des contenus disciplinaires
dans les différents cursus des enseignements supérieurs.
Dans la continuité des objectifs assignés à
l'éducation à l'orientation dans les collèges, la
circulaire n° 96-230 du 1er octobre 1996 précise les
finalités, objectifs et conditions de mise en oeuvre d'une
éducation à l'orientation adaptée aux problèmes
spécifiques rencontrés dans les lycées d'enseignement
général et technologique.
Le bilan de la mise en place de l'éducation à l'orientation en
lycée, effectué cette année, fait ressortir un
réel effort des établissements
malgré les
contraintes liées aux échéances du baccalauréat.
Plus de la moitié des rectorats ont constitué un groupe
académique de pilotage et certains des groupes départementaux.
Une formation des professeurs principaux a été entreprise ainsi
que l'élaboration d'outils statistiques sur le devenir des
étudiants dans certaines académies.
La plupart des lycées ont inclus dans le projet d'établissement
un programme d'éducation à l'orientation, sous des formes
diverses : plages d'informations, rencontres thématiques,
interventions d'enseignants-chercheurs, travaux par petits groupes sur
thème... Ce sont les professeurs principaux, les conseillers
d'orientation-psychologues, les conseillers principaux d'éducation, les
documentalistes qui s'impliquent le plus dans l'exécution de ce
programme.
Ces actions ont été poursuivies à la rentrée
scolaire 1997. Une brochure destinée à l'ensemble des
équipes éducatives des lycées est disponible depuis
septembre dans les établissements. Elle fait le point sur les
réalisations dans les académies en 1996-1997 et formule des
recommandations. Elle propose aux chefs d'établissements, aux
conseillers d'orientation-psychologues et aux enseignants des pistes de travail
pour l'année scolaire 1997-1998.