RAPPORT GENERAL N° 85 TOME 3 ANNEXE 18 - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - EMPLOI ET SOLIDARITE : II. - SANTE ET SOLIDARITE
M. Jacques OUDIN, Sénateur
COMMISSION DES FINANCES, DU CONTROLE BUDGETAIRE ET DES COMPTES ECONOMIQUES DE LA NATION - RAPPORT GENERAL N° 85 TOME 3 ANNEXE 18 - 1997/1998
Table des matières
- PRINCIPALES OBSERVATIONS
-
CHAPITRE PREMIER
PRESENTATION GENERALE DES CREDITS- I. UNE NOMENCLATURE BUDGÉTAIRE MOUVANTE
- II. LES DÉPENSES D'ADMINISTRATION GÉNÉRALE
- III. LES DÉPENSES D'INTERVENTION SANITAIRES
- IV. PERSONNES AGÉES ET PERSONNES HANDICAPÉES
- V. DÉVELOPPEMENT DE LA VIE SOCIALE
- VI. LUTTE CONTRE L'EXCLUSION
- VII. INTÉGRATION
- VIII. VILLE ET DÉVELOPPEMENT SOCIAL URBAIN
-
CHAPITRE II
UNE POLITIQUE DE SOLIDARITÉ NON MAÎTRISÉE - TRAVAUX DE LA COMMISSION
N° 85
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès verbal de la séance du 20 novembre 1997.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M. Alain LAMBERT,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 18
EMPLOI ET SOLIDARITÉ :
II
.
- SANTÉ ET SOLIDARITÉ
Rapporteur spécial
: M. Jacques OUDIN
(1) Cette commission est composée de :
MM.
Christian Poncelet,
président
; Jean Cluzel, Henri Collard,
Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Philippe Marini,
René Régnault,
vice-présidents
; Emmanuel
Hamel, Gérard Miquel, Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Alain Lambert,
rapporteur
général
; Philippe Adnot, Bernard Angels, Denis Badré,
René Ballayer, Bernard Barbier, Jacques Baudot, Claude Belot,
Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël
Bourdin, Guy Cabanel, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Yvon
Collin, Jacques Delong, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut,
Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Marc Massion, Michel
Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Oudin, Maurice Schumann,
Henri Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
(1997-1998).
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS
LA PERSISTANCE D'ÉVOLUTIONS NON
MAÎTRISÉES
En 1998, comme les années précédentes, les augmentations
de crédits les plus importantes en volume du budget de la Santé,
de la Solidarité et de la Ville résulteront de la croissance non
maîtrisée de dépenses sociales obligatoires.
Les crédits consacrés à l'allocation du RMI progresseront
en 1998 à un rythme de + 4,5% qui, certes, peut paraître
modéré par rapport aux premières années de mise en
place du dispositif et s'inscrit en retrait par rapport à celui de 1997
(+ 5,3%). Néanmoins, compte tenu de la masse de ces crédits qui,
avec un montant de 25,327 milliards de francs, constituent 34,6% du budget,
ce taux d'augmentation correspond à une dépense
supplémentaire non négligeable de 1,097 milliard de francs.
Le ralentissement du rythme de progression des dépenses de RMI est donc
tout relatif.
Par ailleurs, du fait des recoupements entre la population concernée par
le RMI et celle concernée par l'AAH,
il est admis que les
dépenses consacrées à ces deux types de prestations sont
pour une large part substituables.
Or, les crédits consacrés
à l'AAH sont également en augmentation sensible en 1998.
Les dépenses d'AAH progresseront en 1998 de + 4,6% pour atteindre
23,389 milliards de francs, soit un supplément de crédits de
1,129 milliards de francs par rapport à 1997.
Les efforts faits pour contenir les dépenses d'AAH ne produisent
toujours pas les effets espérés. Le nouveau barème
d'incapacité fixé par la loi de finances pour 1994 n'a
modifié qu'à la marge les décisions des COTOREP : la
proportion des allocations attribuées au titre de l'article L. 821-2,
c'est-à-dire d'une inaptitude à exercer une activité
professionnelle, est passée de 37,9% au premier semestre 1994 à
37,5 % au premier semestre 1997
. Votre rapporteur approuve donc la mission
conjointe IGAS-IGF mandatée par le ministre de l'Emploi et de la
Solidarité sur le fonctionnement des COTOREP.
En revanche, le complément d'AAH instauré en 1994 produit
pleinement ses effets inflationnistes. La dépense afférente s'est
élevée en 1996 à 725 millions de francs pour 111.000
bénéficiaires. Votre rapporteur rappelle qu'un caractère
d'automaticité a été conféré à cette
prestation, alors que l'aide forfaitaire à laquelle elle s'est
substituée devait faire l'objet d'une demande.
Dans son récent rapport sur les minimas sociaux, le Conseil
supérieur de l'emploi, des revenus et des coûts s'étonne du
peu d'informations disponibles sur les bénéficiaires, et
s'interroge sur l'interférence possible entre la situation du
marché du travail et le classement en AAH. Il relève notamment
une sureprésentation inexpliquée de la classe d'âge des
55-59 ans dans la population des bénéficiaires de l'AAH.
La progression des trois grandes masses de crédits ci-dessus
évoquées est traditionnelle. Mais d'autres chapitres
budgétaires, plus modestes, enregistrent également en 1998 des
hausses fortes et largement subies. Ainsi, les crédits consacrés
aux tutelles et curatelles d'Etat, qui résultent de décisions de
justice, augmentent de + 13,9%, pour s'établir à 515 millions de
francs.
Les crédits de frais de justice et réparation civiles
ne sont stabilisés à 10,9 millions de francs qu'en raison de
la non prise en compte des dépenses effectivement constatées les
années précédentes, qui ont toujours été
plus de 10 fois supérieures.
LE FORT ACCROISSEMENT DES DÉPENSES DE SANTÉ
Les crédits d'interventions sanitaires enregistrent la plus forte
progression du budget de la Santé, la Solidarité et la Ville pour
1998, leur augmentation de +10,3% les portant à 3,7 milliards de francs.
Cet agrégat était déjà en augmentation de + 8,5% en
1997.
Cette augmentation rapide des dépenses budgétaires
liées à la santé accompagne le relâchement de
l'objectif national de dépenses d'assurance maladie
présenté par le Gouvernement dans le projet de loi de financement
de la sécurité sociale pour 1998, qui augmente de 2,2% par
rapport à 1997 pour atteindre 613,6 milliards de francs.
Une partie de l'augmentation des crédits d'interventions sanitaires
s'explique par la
montée en puissance de l'Agence nationale
d'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES),
dont
la dotation est portée à 37,3 millions de francs pour 1998
(+43,4%), ainsi que par la
création des deux agences de veille et de
sécurité sanitaire
instituées par la proposition de
loi de M. Claude Huriet, pour lesquelles une dotation de 80 millions de
francs est prévue en 1998.
Par ailleurs, les dotations des quatre autres établissements sanitaires
(Agence du médicament, Agence française du médicament,
Office de protection contre les radiations ionisantes, Etablissement
français des greffes) sont toutes présentées en
augmentation pour 1998, alors qu'elles étaient stables ou en diminution
en 1997.
Au total, l'ensemble des subventions aux établissements
nationaux à caractère sanitaire augmente de + 52,8% en 1998 pour
atteindre 296,2 millions de francs.
Les établissements nationaux intervenant en matière de
santé publique se sont ainsi multipliés depuis le début
des années 1990. Cette politique de démembrement des
compétences du ministère de la Santé obéit à
une logique de spécialisation, mais constitue également un
palliatif à la faiblesse chronique des moyens humains de ses services
centraux. Elle appelle également des précautions de
méthode.
A cet égard, votre rapporteur tient à rappeler
les critiques formulées par l'IGAS dans son dernier rapport public sur
ces délégations de gestion, dont elle estime que les objectifs
sont flous, les financements opaques et la tutelle insuffisante.
Une autre cause de la progression des dépenses d'interventions
sanitaires réside dans la
création d'un fonds d'aide à
l'adaptation des établissements hospitaliers
, doté de 500
millions de francs en autorisations de programme et de 150 millions de francs
en crédits de paiement. Pour les mesures intéressant le
personnel, ce fonds d'équipement a son pendant dans le
fonds
d'accompagnement social pour la modernisation des hôpitaux
prévu par le projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 1998, qui sera financé par
l'assurance maladie à hauteur de 300 millions de francs.
Votre rapporteur estime que la création de ce fonds comporte un
risque sérieux de dérapage financier.
Chacun sait qu'une
restructuration génère d'abord des coûts avant de permettre
de réaliser des économies. C'est pourquoi il importe que les
restructurations hospitalières soient financées d'abord par un
redéploiement des moyens existants dans le cadre des nouvelles
enveloppes régionales, plutôt que par des moyens
budgétaires supplémentaires. Ce principe de rigueur est d'autant
plus justifié que l'offre d'équipements hospitaliers reste
globalement excédentaire, et qu'elle génère sa propre
demande de soins.
La création du fonds d'aide à l'adaptation des
établissements hospitaliers ne peut donc être admise qu'à
titre de mesure transitoire, afin d'encourager les premiers
établissements candidats aux opérations de restructuration et
d'amorcer ainsi le processus qui sera ensuite conduit par les agences
régionales de l'hospitalisation.
Les opérations bénéficiant des concours du fonds devront
en outre être soigneusement sélectionnées parmi celles qui
généreront le plus rapidement des économies de
fonctionnement substantielles.
LA NÉCESSITÉ D'ORGANISER LA POLITIQUE DE LUTTE CONTRE LE
CANCER
Le budget de la Santé ne comporte pratiquement pas de moyens
spécifiquement consacrés à la politique de lutte contre le
cancer. Les crédits consacrés à la politique de lutte
contre l'alcoolisme et la tabagie, d'un montant de 185 millions de francs, n'y
contribuent qu'indirectement. Les crédits consacrés à la
protection et à la veille sanitaire, d'un montant respectif de 324,5 et
115,2 millions de francs n'y contribuent que très marginalement. Les
seuls crédits spécifiques s'élèvent à
3,5 millions de francs destinés au suivi du programme national de
dépistage du cancer du sein et à 3 millions de francs
destinés au financement des registres des cancers. Par ailleurs, deux
emplois seulement de la Direction générale de la santé
sont affectés au suivi de cette politique.
Votre rapporteur estime que cette modestie des crédits
budgétaires est révélatrice de l'inorganisation de la
politique de lutte contre le cancer, qui ne souffre pas la comparaison avec la
politique de lutte contre le SIDA.
Il convient pourtant de rappeler que le cancer reste la seconde cause de
mortalité après les maladies cardio-vasculaires, avec 28% des
décès, et la première cause de mortalité
prématurée, avec 37% des décès avant 65 ans. Les
succès enregistrés depuis l'apparition des premières
chimiothérapies il y a trente ans restent limités à
certaines formes de cancer spécifiques, mais la mortalité par
cancer du poumon continue de progresser.
L'inorganisation de la politique de lutte contre le cancer est observable
à tous les niveaux.
La prévention et le dépistage apparaissent à la fois
insuffisants en volume et anarchiques dans leurs pratiques, les
compétences étant dispersées entre les départements
et l'assurance maladie.
L'efficacité des soins souffre d'un cloisonnement entre les
différentes structure, alors que l'interdisciplinarité est une
exigence vitale en matière de cancer. Les modes de tarification semblent
par ailleurs avoir des effets pervers sur les choix thérapeutiques.
La recherche apparaît excessivement dépendante à
l'égard des fonds privés, qu'il s'agisse des laboratoires
pharmaceutiques pour la recherche clinique ou des associations caritatives pour
la recherche fondamentale.
Votre rapporteur, qui a auditionné de nombreuses personnalités
faisant autorité en matière de cancérologie, formulera
prochainement un certain nombre de propositions regroupées autour de
trois axes : mieux connaître
,
mieux coordonner et mieux
contrôler.
CHAPITRE PREMIER
PRESENTATION GENERALE DES
CREDITS
I. UNE NOMENCLATURE BUDGÉTAIRE MOUVANTE
Depuis 1996, les crédits du ministère des
Affaires sociales et de la Santé étaient présentés
en deux fascicules distincts, intitulés respectivement "Santé
publique et services communs" et "Action sociale et solidarité".
Pour le budget de 1998, ces deux fascicules sont fondus en un seul. Ce nouveau
fascicule unique intègre en outre l'ancien fascicule "Ville et
intégration", ainsi que les crédits consacrés à
l'action sociale en faveur des rapatriés et les crédits de la
mission interministérielle à la lutte contre la drogue et la
toxicomanie, qui étaient antérieurement inscrits au budget du
Premier ministre.
Votre rapporteur approuve ce regroupement des crédits du
ministère de l'emploi et de la solidarité, qu'il avait
appelé de ses voeux l'an dernier.
En effet, dans son rapport sur le budget pour 1997, il avait estimé que
la présentation des crédits du ministère des affaires
sociales en deux fascicules distincts n'obéissait pas à une
nécessité très forte et considéré que cette
dichotomie paraissait d'autant moins logique que les moyens des services
demeuraient communs au volet sanitaire et au volet social.
Toutefois, ces modifications de présentation incessantes obscurcissent
considérablement l'analyse. Les conventions de présentation des
fascicules budgétaires veulent que les "bleus" fusionnés soient
présentés avec leurs dotations de 1997 mais vidés de leur
contenu pour 1998, tandis qu'à l'inverse les dotations
transférés sont présentées dans le nouveau "bleu"
unique comme des mesures entièrement nouvelles pour 1998, sans que les
montants de 1997 soient rappelés.
Si l'on ajoute à ces conventions de présentation les remodelages
de nombreux chapitres du nouveau fascicule, qui se traduisent par des
transferts internes complexes, il apparaît que rares sont les
évolutions de lignes budgétaires qui peuvent être
immédiatement saisies sans reconstruction méthodique permettant
de raisonner à structures constantes.
PRÉSENTATION DÉTAILLÉE DE LA RÉORGANISATION DE LA NOMENCLATURE DU BUDGET DE LA SANTÉ, SOLIDARITÉ ET VILLE
La nomenclature du budget santé, solidarité et
ville est réorganisée pour répondre :
- à la prise en compte de l'évolution des structures
ministérielles ;
- aux objectifs d'identification des crédits déconcentrés
et de simplification des imputations budgétaires.
Effets de l'évolution de la structure ministérielle
:
Le champ de compétence du ministère a donné lieu à
la fusion des sections budgétaires 35 (santé publique et services
communs), 39 (ville et intégration) et 42 (action sociale et
solidarité), ainsi qu'au transfert des crédits provenant du
budget du Premier ministre (services généraux) pour les
interventions en faveur des rapatriés et pour la mission de lutte contre
la drogue et la toxicomanie (MILDT).
La fusion des sections 39 et 42 sur la section 35 a conduit aux regroupements
suivants :
les subventions aux établissements figurent au chapitre 36-81
(précédemment réparties entre les chapitre 36-21, 36-41 et
36-81) ;
les bourses d'enseignement sanitaire et social sont sur un chapitre 43-34
unique ;
les subventions aux CHRS pour les réfugiés sont
regroupées sur le chapitre 46-23 (dépenses d'aide sociale
obligatoire, qui comprend notamment les CHRS de droit commun). Par ailleurs le
chapitre 46-25 (dépenses d'allocation supplémentaire en faveur
des ressortissants de l'aide sociale) devient un article du chapitre46-23 ;
les crédits de lutte contre la toxicomanie issus des sections 35
et 42 sont regroupés sur un chapitre 47-15 unique.
Par ailleurs, l'évolution de certaines structures ou procédures
nécessite les mouvements suivants :
création de deux articles (41 et 42) au sein du chapitre 37-13,
pour permettre le cas échéant de déléguer les
crédits aux conseillers pour les affaires sociales auprès des
ambassadeurs désignés ordonnateurs secondaires (par transfert du
chapitre 34-98 article 40) ;
création d'un article 40 au chapitre 43-33, afin de financer
l'institut de formation aux carrières administratives, sanitaires et
sociales de Dieppe, devenu groupement d'intérêt public, (par
transfert du 37-13 50) ;
création d'un article 60 au chapitre 66-20 pour permettre le
versement d'une subvention destinée à l'institut national des
jeunes sourds de Paris, désormais maître d'ouvrage pour ses
travaux de réhabilitation (crédits précédemment
inscrits sur le chapitre 56-10) ;
création d'un chapitre 66-12 pour le fonds d'aide à
l'adaptation des établissements de santé, en accompagnement de la
réforme hospitalière.
Mesures de simplification et d'identification
a) Regroupement de certaines dotations
Le nombre d'articles diminue par globalisation de crédits sur les
chapitres suivants 31-41, 31-42, 33-90, 33-91, 34-94, 34-98, 47-11, 47-12
Certains chapitres sont regroupés :
le chapitre 34-11 (protection et prévention sanitaire -
matériels et fonctionnement technique) est supprimé, les
crédits sont ventilés sur les chapitres 34-98 (administration
centrale et services communs - moyens de fonctionnement des services) et 37-13
(services des affaires sanitaires et sociales - dépenses diverses) ;
le 47-22 fusionne avec le 47-21 (insertion par l'économique et
programmes d'action sociale)
b) Distinction des crédits déconcentrés
Afin d'identifier les crédits déconcentrés sur des
articles distincts, le chapitre 43-02 (droits des femmes), et les chapitres de
la délégation interministérielle à la ville et au
développement social urbain (34-60, 37-60 et 37-82, et 67-10) sont
réorganisés.
Pour les autres chapitres (titre 4 notamment), les articles à gestion
déconcentrée étaient déjà distingués.
Votre rapporteur espère que la présentation retenue cette
année sera conservée pour les exercices à venir et que le
budget de la Santé, solidarité et ville trouvera enfin le minimum
de stabilité nécessaire à sa lisibilité.
L'ensemble formé par les crédits de la Santé,
solidarité et ville s'élève pour 1998 à
73,1
milliards de francs
, en progression, à structure constante, de
+2,6% par rapport à 1997.
Le taux de progression de +2,6%, calculé à structure constante,
est inférieur à celui de +3,1% figurant dans les documents
fournis à l'appui du projet de loi de finances pour 1998, selon lesquels
les crédits votés de 1997 ne seraient que de 70,930 milliards de
francs.
Cette différence correspond exactement aux transferts de crédits
en provenance du budget du Premier ministre, au titre des rapatriés et
de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la
toxicomanie, qui semblent ne pas avoir été pris en compte par le
ministère du Budget. Cette omission prouve bien les inconvénients
des modifications de structures budgétaires, qui deviennent difficiles
à saisir même pour les services de Bercy.
Le budget de la santé, la solidarité et la
ville est principalement un budget d'intervention, les dépenses du titre
IV en constituant plus de 90%.
Celles-ci, en progression de +3,3%,
expliquent l'essentiel de l'augmentation du budget, les moyens des services
étant stabilisés et les dépenses en capital étant
en diminution de -11,8%.
Dans sa nouvelle conformation, le budget est désormais composé de
sept agrégats de volumes très différents, deux d'entre eux
représentant à eux seuls plus de 80 % des crédits.
II. LES DÉPENSES D'ADMINISTRATION GÉNÉRALE
Les dépenses d'administration générale sont stabilisées au niveau de 5,08 milliards de francs, soit une légère progression de +0,6 % par rapport au budget voté de 1996. Elles représentent 7% des crédits de paiement du budget de la Santé, la Solidarité et la Ville.
A. LES DÉPENSES DE PERSONNEL
Le solde des mouvements d'effectifs fait apparaître une
augmentation de 199 emplois
, qui s'explique de la façon suivante :
- les créations de postes au titre du renforcement des administrations
portent sur 25 emplois (17 en administration centrale et 8 dans les services
déconcentrés) ;
- la résorption de l'emploi précaire se traduit par la
création de 284 emplois dans les services
déconcentrés
(il s'agit de l'intégration des agents
gérant le dispositif du RMI) ;
- le partage des services départementaux d'action sociale dans le cadre
de la décentralisation se traduit par un solde positif de 33 emplois
(48 suppressions pour 81 créations) ;
- la participation à l'effort général de maîtrise
de l'emploi public se traduit par la
suppression nette de 149 postes
budgétaires vacants ou gelés
d'agents de catégorie C ;
- les transferts aboutissent à un gain de 6 emplois (5 emplois en
provenance du budget du Travail, en vue de la mise en place d'une
délégation aux affaires européennes et internationales,
auxquels s'ajoute l'emploi du Délégué aux
rapatriés).
Au total, les effectifs du ministère passent de 14.110 emplois en
1997 à 14.309 emplois en 1998. La suppression de 218 emplois de l'an
dernier se trouve ainsi presque annulée.
Les dépenses de rémunération afférentes, y compris les charges de retraite, s'élèvent à 3,890 milliards de francs , en progression de 3,4% par rapport à 1997.
B. LES MOYENS DES SERVICES
1. Les moyens de fonctionnement de l'administration centrale
Hors transferts, les
moyens de fonctionnement de
l'administration centrale
(chapitre 34-98) passent de 190,6 millions
de francs à
187,7 millions de francs, soit une diminution de + 1,5
%.
Les
dépenses d'administration centrale
(article 10) sont
stabilisées, hors transferts, à 136,7 millions de francs.
Les
dépenses de télécommunications
(article 60)
bénéficient de transferts de crédits en provenance des
autres articles du chapitre budgétaire pour un montant de 5 millions de
francs, ce qui les portent à 29 millions de francs (+ 20,8 %). Il s'agit
de poursuivre l'apurement de la
dette cumulée de 27 millions de
francs en 1997
.
2. Les moyens de fonctionnement des services déconcentrés
Les crédits consacrés aux
services
déconcentrés de l'administration sanitaire et sociale
(chapitre 37-13) sont réduits en 1998 de 120,9 millions de francs et
s'établissent à 653,1 millions de francs, en diminution de
-15,6 % par rapport au budget voté de 1997.
Toutefois, cette forte baisse recouvre essentiellement des transferts internes
de crédits. A structure constante, la diminution de ce chapitre
budgétaire n'est plus que de 11,3 millions de francs, soit une baisse de
-1,5% seulement.
3. Les dépenses d'informatique
Les dépenses d'informatique et de bureautique (chapitre 34-95) s'établissent à 125,2 millions de francs pour 1998, soit une diminution de - 1,5% par rapport à la dotation de 1997. Les mesures acquises négatives, qui s'élèvent à 13,9 millions de francs, ne sont pas totalement compensées par les mesures nouvelles, qui atteignent un montant de 12 millions de francs. Sur ce montant de 125,2 millions de francs, 4,4 millions de francs seulement sont prévus pour l'informatique hospitalière (article 30).
L'utilisation des crédits d'informatique hospitalière
Les crédits d'informatique hospitalière servent
essentiellement au programme de médicalisation des systèmes
d'information (PMSI) et aux actions de tutelle de la direction des
hôpitaux en matière d'informatique.
1.
Le programme de médicalisation des systèmes
d'information (PMSI)
"court séjour" est désormais
passé à un stade opérationnel. Cela induit des besoins
nouveaux en matière d'exploitation de bases de données
(10 millions de "résumés de sortie" au titre des
années 1994 et 1995, 8 millions au titre de 1996), servant de
support aux travaux de classification et études statistiques, ainsi que
de maintenance et diffusion d'outils informatiques.
Depuis avril 1996, le centre de traitement de l'information PMSI (CTIP),
dépendant de l'Université Paris VI, assume ces tâches
dont l'exécution doit nécessairement être poursuivie pour
assurer le maintien de l'infrastructure technique du dispositif national. Il
s'agit en particulier de la gestion des nomenclatures d'actes et de la
maintenance des logiciels destinés aux services
déconcentrés de l'Etat et aux établissements de
santé.
En 1998, 3,5 millions de francs seront nécessaires, compte tenu des
éléments suivants :
- le PMSI est étendu aux structures de soins de suite et de
réadaptation à compter du 1er janvier 1998, et son extension
à la discipline psychiatrique est en cours d'étude ;
- la gestion de la base des résumés de sortie transmis par
les établissements privés à but lucratif doit être
confiée au CTIP à partir de 1998. Cela représente une
augmentation de 50 % du volume de la base actuelle, nécessitant un
renforcement des moyens humains et techniques du centre.
2.
Les dépenses relatives aux actions de tutelle
de
la direction des hôpitaux en matière d'informatique ont
concerné, en 1997, l'enquête sur l'informatique
hospitalière, l'information sur la sécurité informatique
et les veilles technologiques, le dossier de santé informatisé,
et les problèmes informatiques liés au passage à l'euro.
Pour 1998, les actions de tutelle devraient porter sur la création d'une
structure pour réguler l'informatique hospitalière, le
développement du noyau logiciel commun hospitalier et l'informatisation
du circuit du médicament.
4. L'Ecole nationale de la santé publique
La
subvention à l'Ecole nationale de la santé
publique
(chapitre 36-81, article 10) est augmentée de 2,5
millions de francs par rapport à 1997, et s'établit à
67,2 millions de francs (+3,9%).
La mission de l'ENSP est triple :
- la première mission de l'Ecole est la formation initiale et
continue des cadres relevant du ministère chargé de la
santé : médecins et pharmaciens inspecteurs de santé
publique, inspecteurs des affaires sanitaires et sociales, ingénieurs du
génie sanitaire, ingénieurs d'études sanitaires,
techniciens sanitaires, directeurs d'hôpital, infirmières
générales, directeurs d'établissement social ;
- la deuxième mission est la recherche au profit de l'enseignement
dispensé au sein de l'Ecole ;
- la troisième mission de l'Ecole est la coopération
internationale dans le domaine de l'enseignement et de la recherche.
5. La formation permanente
Les crédits consacrés à la
formation
permanente du personnel
(chapitre 37-05) sont réduits de 7,5 % pour
s'établir à 11,1 millions de francs pour 1998.
Ces crédits servent au règlement des frais pédagogiques
des formations, hors stages informatique et bureautique, des frais de
préparations aux concours et examens professionnels, des frais de
déplacement et d'indemnités pour tous types de stage et des frais
relatifs à l'organisation des concours et examens professionnels.
C. LES FRAIS DE JUSTICE ET DE RÉPARATIONS CIVILES
Votre rapporteur relève que le montant de la dotation
prévue pour les
frais de justice et de réparations civiles
(chapitre 37-91), reconduite en 1998 au niveau de 10,9 millions de francs, est
purement indicatif.
En pratique, les
dépenses constatées en exécution ont
toujours été très supérieures ces dernières
années
: 124,7 millions de francs en 1993, 198 millions de francs en
1994, 177 millions de francs en 1995, 147 millions de francs en 1996. Les
crédits supplémentaires demandés à ce titre par le
projet de loi de finances rectificative pour 1997 récemment
déposé par le gouvernement s'élèvent à 77
millions de francs.
TYPOLOGIE DES CONTENTIEUX A L'ORIGINE DES FRAIS DE JUSTICE ET DE REPARATIONS
CIVILES
Les sommes versées au titre du
contentieux des
hémophiles et transfusés contaminés par le VIH
résultent des condamnations prononcées par les juridictions
administratives. Elles n'englobent pas les indemnités versées par
le Fonds d'indemnisation institué par l'article 47 de la loi du
31 décembre 1991 portant diverses dispositions d'ordre social, dont
les crédits sont inscrits au budget des Charges communes. (la dotation
correspondante est de 250 millions de francs pour 1998).
Les montants versés à partir de 1995
aux infirmières
contaminées par le VIH dans l'exercice de leurs fonctions
résultent de conventions passées entre l'Etat et ces personnes,
dans le cadre d'une indemnisation de solidarité. Les personnes
concernées sont les personnels des établissements publics
sanitaires ou médico-sociaux. A ce jour, 22 personnes ont
bénéficié de cette mesure.
Les sommes versées à partir de 1994 aux victimes
de la
maladie de "Creutzfeldt-Jacob"
contractée à la suite d'un
traitement par hormone extractive de croissance résultent
également de conventions passées entre l'Etat et les personnes
concernées dans le cadre d'une indemnisation de solidarité :
40 dossiers ont été définitivement traités
depuis 1994 pour un nombre total de personnes indemnisées, victimes et
proches parents de celles-ci, de 249. Le montant total des indemnités
versées à ce jour s'élève à
75,7 millions de francs.
Les sommes versées au titre du
contentieux des cotisations dues par
l'Etat aux URSSAF
correspondent aux cotisations d'assurance maladie des
bénéficiaires de l'allocation aux adultes handicapés, dues
par l'Etat au titre des années 1984 et 1985. Leur versement
résulte de condamnations prononcées par les tribunaux des
affaires de sécurité sociale. Le montant total de la dette
réclamée par les URSSAF s'élèverait à
294 millions de francs environ. Les sommes réglées par
l'Etat à ce jour s'établissant à 219 millions de
francs environ, soit 75 % du total.
Les sommes versées à partir de 1994 au titre du
contentieux
de la sectorisation psychiatrique
correspondent à des sommes dues
par l'Etat, d'une part, aux établissements de santé pour des
dépenses exposées par ces derniers antérieurement à
la loi n°85-1468 du 31 décembre 1985 relative à la
sectorisation psychiatrique qui a mis ces dépenses à la charge de
l'assurance maladie et, d'autre part, aux départements
antérieurement à l'entrée en vigueur de la loi
n° 83.663 du 22 juillet 1983 relative à la
répartition des compétences entre les communes, les
départements, les régions et l'Etat, au titre des actions de
dépistage et de prophylaxie des maladies mentales. Leur versement
résulte de condamnations prononcées par les juridictions
administratives.
La dette totale au titre de ce contentieux
s'élèverait à 244 millions de francs environ. A ce
jour, les sommes réglées par l'Etat à la suite de
condamnations s'élèvent à 50,5 millions de francs
environ, soit 20,7 % du total
.
Les sommes versées au titre du
contentieux des accidents
vaccinaux
correspondent pour l'essentiel à des indemnités
servies sous forme de rentes ou de capital à des personnes ayant subi
des dommages corporels à la suite de vaccinations obligatoires. Leur
versement résulte soit de condamnations prononcées par les
juridictions administratives, soit de décisions prises par le
ministère après avis de la commission de règlement amiable
des accidents vaccinaux en application de l'article L 10-1 du code de la
santé publique. Un montant de 13,5 millions de francs a
été versé à ce titre en 1996.
Les sommes versées au titre du
contentieux de la pharmacie et des
laboratoires d'analyses
, concernent dans la quasi totalité des cas
des créations d'officines de pharmacie effectuées de
manière dérogatoire. Leur versement résulte de
condamnations prononcées par les juridictions administratives. Un
montant de 41,2 millions de francs a été versé
à ce titre en 1996.
Votre rapporteur considère que le fait que les crédits du
chapitre 37-91 soient le plus souvent engagés à la suite de
décisions de justice, ne saurait justifier leur sous-évaluation
chronique en loi de finances initiale. Un souci de sincérité
budgétaire devrait conduire à les fixer à un niveau au
moins dix fois supérieur à celui demandé au Parlement.
III. LES DÉPENSES D'INTERVENTION SANITAIRES
Les dépenses d'interventions sanitaires augmentent de + 10,3% par rapport à 1997, pour s'établir à 3,711 milliards de francs pour 1998. Cette augmentation fait suite à celle de + 8,5% déjà enregistrée cette année par rapport à 1996. Ces crédits représentent 5,1% du budget de la Santé, la Solidarité et la Ville.
A. LA FORMATION DES PROFESSIONS PARAMÉDICALES
Les crédits consacrés à la
formation
des professions médicales et paramédicales
(chapitre 43-32)
progressent de + 36,6% par rapport à 1997, pour atteindre 536 millions
de francs.
Cette très forte progression s'explique uniquement par la mise à
niveau des crédits consacrés à la formation des
étudiants en médecine, odontologie et pharmacie (article 21), qui
sont portés de 115 millions de francs en 1997 à 260,9 millions de
francs pour 1998.
Il s'agit de financer le stage
"extrahospitalier" de six
mois que les étudiant de troisième cycle de médecine
générale ont désormais l'obligation d'effectuer
auprès d'un médecin généraliste
agréé, en application de l'ordonnance relative à la
maîtrise médicalisée des dépenses de soins.
Les crédits consacrés aux
bourses d'études des
professions paramédicales
(chapitre 43-34, article 10) sont en
hausse de + 3,8%, pour atteindre 242,5 millions de francs en 1998, ce qui
permettra de porter de 18.936 à 19.662 francs le montant de la bourse
à taux plein.
B. LES SUBVENTIONS AUX ÉTABLISSEMENTS NATIONAUX À CARACTÈRE SANITAIRE
Les crédits consacrés aux
établissements nationaux à caractère sanitaire
(chapitre 36-81) augmentent de 102,4 millions de francs pour atteindre
296,2 millions de francs, soit une progression de + 52,8 %.
L'an dernier, ces crédits avaient déjà été
votés en forte hausse de + 21,9% par rapport au budget voté
de 1996,
en raison de la création de l'Agence nationale
d'évaluation et d'accréditation en santé (ANAES),
pour
laquelle une dotation de 26 millions de francs avait été
prévue. Cette dotation est portée à 37,3 millions de
francs pour 1998, soit une
augmentation de + 43,4% par rapport à
1997.
Créée sous la forme d'un établissement public
administratif par l'ordonnance n°96-346 du 24 avril 1996 portant
réforme de l'hospitalisation publique et privée, l'ANAES, au
titre de sa
mission d'accréditation
, est chargée :
- d'élaborer ou de valider, selon des méthodes
scientifiquement reconnues, des référentiels de qualité
des soins et des pratiques professionnelles ;
- de diffuser et de favoriser l'utilisation de ces
différentiels ;
- de mettre en oeuvre une procédure d'accréditation des
établissements sanitaires, qui vise à porter une
appréciation indépendante sur la qualité de leurs services
à l'aide d'indicateurs, de critères et de
référentiels.
Au titre de sa
mission d'évaluation
, qui concerne les champs
hospitalier et ambulatoire, l'ANAES est chargée :
- d'élaborer, de valider et de diffuser des méthodes
d'évaluation des soins et des pratiques professionnelles ;
- d'élaborer et de valider des recommandations de bonnes pratiques
cliniques et des références médicales et professionnelles
en matière de prévention, de diagnostic et de
thérapeutique ;
- de donner un avis sur la liste des actes, prestations et fournitures,
autres que les médicaments, pris en charge par l'assurance maladie ;
- de réaliser ou de valider des évaluations des
technologies médicales.
L'ANAES apparaît donc comme un
élément essentiel de la
réforme du système de soins
, qui contribuera utilement
à la transparence et à la rationalisation de l'allocation des
ressources aux hôpitaux, en complément des données issues
du PMSI. Elle s'est substituée à l'Agence nationale pour le
développement de l'évaluation médicale (ANDEM).
Toutefois, l'Agence tarde à se mettre à l'oeuvre. Le
décret précisant son organisation et son rôle n'a
été pris que le 7 avril 1997. Par ailleurs, l'ANAES
rencontre des difficultés dans le recrutement de son personnel
. Elle
emploie actuellement 40 permanents, qui devraient être portés
à 140 dans les trois prochaines années. Mais, elle doit surtout
recruter, à la vacation, 500 à 1.000 accréditeurs qui
se rendront dans les établissements, ainsi que les 11 membres du
collège d'accréditation qui se prononcera sur les dossiers. Or,
en tant qu'établissement public de l'Etat, l'ANAES ne peut recruter que
sous contrat de droit public, formule qui n'est pas adaptée aux
personnes issues du secteur privé auxquelles il lui faudra recourir.
Les dotations des quatre autres établissements nationaux à
caractère sanitaire en 1998 se répartissent comme suit :
- 79,6 millions de francs pour l'Agence du médicament, en
augmentation de + 9,6 % par rapport à 1997 ;
- 30,7 millions de francs pour l'Agence français du sang, en
augmentation de + 4,8 % par rapport à 1997 ;
- 45,4 millions de francs pour l'Office de protection contre les
rayonnements ionisants, en augmentation de + 2 % par rapport à
1997 ;
- 22,3 millions de francs pour l'Etablissement français des
greffes, en augmentation de + 8,8 % par rapport à 1997.
Par ailleurs, une dotation nouvelle de 80 millions de francs est
prévue pour les organismes qui seront créés par la
proposition de loi sénatoriale relative au renforcement de la veille
sanitaire et du contrôle de la sécurité sanitaire,
actuellement en instance devant l'Assemblée nationale.
Cette proposition de loi, présentée par M. Claude Huriet au
nom de la commission des affaires sociales, prévoit la transformation du
Réseau national de santé publique, qui est un GIP
constitué entre l'Etat, l'INSERM et l'ENSP, en Institut de veille
sanitaire, doté du statut d'établissement public.
Elle prévoit par ailleurs la création d'une agence de
sécurité sanitaire des produits de santé et d'une agence
de sécurité sanitaire des aliments.
La dotation prévisionnelle de 80 millions de francs, dont
l'utilisation exacte apparaît encore très
indéterminée, correspond à un
solde net
, compte
tenu des moyens en personnels et en équipements qui seront
redéployés.
C. LES CRÉDITS CONSACRÉS À LA LUTTE CONTRE LES FLÉAUX SANITAIRES
Les crédits consacrés à la
lutte
contre le Sida
(chapitre 47-18) diminuent en 1998 de 1,2 million de
francs, soit une baisse de - 0,2% qui les porte à 472,8 millions
de francs. Toutefois, cette diminution n'est qu'apparente, puisqu'elle
résulte d'un transfert de 5,2 millions de francs au réseau
national de santé publique (chapitre 47-12 article 80).
Les crédits de
lutte contre la toxicomanie
(chapitres 47-15 et
47-17) regroupent cette année les crédits antérieurement
dispersés entre les budgets de la Santé, de la Ville et du
Premier ministre.
Ces crédits augmentent pour 1998 de
91,8 millions de francs, à structure constante, soit une hausse de
+ 9,3 % qui les porte à 1,074 milliard de francs.
Cette hausse
résulte principalement de celle des crédits de la mission
interministérielle de lutte contre la toxicomanie, qui sont accrus de
63,5 millions de francs pour atteindre 294 millions de francs en 1998.
Les crédits de
lutte contre l'alcoolisme et le tabagisme
(chapitre 47-17) sont en légère augmentation de + 0,8% par
rapport à 1997, et s'établissent à 185 millions de francs
pour 1998. Comme d'habitude, l'essentiel de ces crédits est
affecté à la lutte contre l'alcoolisme (182,1 millions de
francs), la lutte contre le tabagisme étant réduite à la
portion congrue (2,9 millions de francs).
Votre rapporteur regrette que la lutte contre le cancer fasse figure de
"parent pauvre" au regard des trois politiques précédentes.
Certes, la lutte contre l'alcoolisme et le tabagisme contribue à la
prévention du cancer. Mais, les crédits spécifiquement
consacrés au cancer dans le budget de la santé, solidarité
et ville apparaissent
excessivement modestes
. Outre les
3,5 millions de francs destinés à la mise en place des
structures de pilotage, de suivi et d'évaluation du programme national
de dépistage du cancer du sein inscrites sur le chapitre 47-11,
3 millions de francs sont destinés au financement des registres des
cancers, inscrits sur le chapitre 47-12. On peut également admettre
qu'une fraction des subventions au Réseau national de santé
publique (27,4 millions de francs) et aux Observatoires régionaux
de la santé (19,6 millions de francs) contribue à une
meilleure connaissance de la prévalence des pathologies
cancéreuses.
D. LA PROTECTION ET LA VEILLE SANITAIRES
Les crédits consacrés aux
programmes et
dispositifs en faveur de la santé des populations
(chapitre 47-11)
sont réduits de 324,5 millions de francs à 300 millions de
francs, soit une diminution de - 7,5% par rapport au budget voté de 1997.
Des moyens nouveaux sont prévus pour les crédits
déconcentrés de promotion de la santé et de prospective en
santé publique (+2,8 millions de francs), destinés aux
comités départementaux et régionaux d'éducation
pour la santé. Mais, par ailleurs, une mesure de révision des
services votés touche les interventions sanitaires en direction de
publics prioritaires (-18,7 millions de francs), tandis que certains
crédits avaient été votés à titre non
reconductible (-1,8 millions de francs).
Les crédits consacrés aux
programmes et dispositifs de veille
sanitaire
(chapitre 47-12) sont en très légère
diminution de - 0,6 % par rapport à 1997, pour s'établir à
115,2 millions de francs.
Cette quasi-stabilité recouvre un
redéploiement des moyens au profit du Réseau national de
santé publique (+5,2 millions de francs, soit une augmentation de +
24%).
E. LES DÉPENSES D'ÉQUIPEMENT SANITAIRE
Pour 1998, les
subventions d'équipement
sanitaire
(chapitre 66-11) sont réduites de 69,5 millions de francs
à 46 millions de francs en autorisations de programme, soit une
diminution de - 34%, et de 247 millions de francs à 125,2 millions de
francs en crédits de paiement, soit une diminution de - 49,3%. Ces
crédits, qui correspondent à l'exécution des contrats de
plan Etat-régions, sont en
décroissance rapide depuis
1994
, où ils s'élevaient à 434,9 millions de francs en
autorisations de programme et à 489,6 millions de francs en
crédits de paiement.
Un chapitre 66-12 nouveau est créé pour accueillir la
dotation du fonds d'aide à l'adaptation des établissements
hospitaliers, doté de 500 millions de francs en autorisations de
programme et de 150 millions de francs en crédits de paiement.
Créé pour une période de cinq ans, ce fonds devrait
attribuer des subventions aux établissements de santé qui
présenteront des projets contribuant à l'adaptation de l'offre
régionale de soins hospitaliers. Les projets seront
sélectionnés par les agences régionales de
l'hospitalisation, qui privilégieront les projets générant
des économies de fonctionnement suffisantes pour couvrir
l'investissement initial dès la troisième année.
Le
taux de subvention devant être compris entre 20% et 50%, ce sont au total
1 à 2,5 milliards de francs qui pourraient être engagés.
Ce fonds vient s'ajouter
au fonds d'accompagnement social pour la
modernisation des hôpitaux
prévu par le projet de loi de
financement de la sécurité sociale pour 1998, qui sera
financé par l'assurance maladie à hauteur de 300 millions de
francs, ainsi qu'au
fonds pour l'emploi hospitalier
créé
par la loi n° 94-628 du 25 juillet 1994 destiné à
financer la cessation progressive d'activité des agents hospitaliers et
financé par une cotisation de 0,45 % assise sur l'assiette des
rémunérations, qui dispose de ressources annuelles d'environ
400 millions de francs.
Votre rapporteur estime que cette multiplication de fonds spécifiques
pour financer les restructurations hospitalières n'est pas de bonne
méthode. Celles-ci devraient être réalisées dans le
seul cadre des nouvelles procédures d'allocations de moyens, sous la
direction des agences régionales de l'hospitalisation.
En effet, les
restructurations ne doivent pas être financées par des
crédits nouveaux, qu'ils viennent de l'Etat ou de l'assurance maladie,
mais par le redéploiement des moyens répartis conformément
à l'objectif national des dépenses d'assurance maladie.
IV. PERSONNES AGÉES ET PERSONNES HANDICAPÉES
Les crédits consacrés aux politiques en faveur des personnes âgées et des handicapés s'élèvent en 1998 à 29,925 milliards de francs , en augmentation de + 4,2% par rapport au budget voté de 1997. Ils représentent 40,9% du budget de la santé, de la solidarité et de la ville.
A. LES CENTRES D'AIDE PAR LE TRAVAIL
Les crédits alloués aux centres d'aide par le travail (chapitre 46-23, article 10) progressent de +3,3 % par rapport à 1997, pour atteindre 6 milliards de francs . Cet accroissement de 194,7 millions de francs correspond à un ajustement aux besoins de 59,7 millions de francs et à une mesure nouvelle de 135 millions de francs destinée à financer la création de 2.000 places supplémentaires.
B. L'ALLOCATION AUX ADULTES HANDICAPÉS
La contribution de l'Etat au financement de
l'allocation
aux adultes handicapés
(chapitre 46-92) s'accroît de 1,129
milliards de francs en 1998, pour atteindre
23,389 milliards de francs, soit
une progression de + 7,2 %
par rapport à 1997.
Pour 1996, dernière année connue, le nombre des
bénéficiaires de l'AAH était de 635.000, en progression de
+2,9% par rapport à l'année antérieure.
C. L'ACTION SOCIALE
Les crédits d'
action sociale en faveur des personnes
handicapées et des personnes âgées
sont inscrits
à l'article 47-21. Avec une dotation de 148,7 milliards de francs,
ces crédits sont en diminution de - 3,7 % par rapport à
1997.
A l'article 30
Dépenses non déconcentrées
, 2,8
millions de francs sont prévus pour les personnes âgées et
16,9 millions de francs pour les personnes handicapées. Ces
crédits serviront notamment à subventionner le centre technique
national d'études et de recherche sur les handicaps et les inadaptations
(CTNERHI), pour un montant de 9,5 millions de francs. Le solde est
destiné aux associations nationales.
A l'article 50
Dépenses déconcentrées
, 129 millions
de francs sont prévus pour le financement des auxiliaires de vie (118
millions de francs pour 1.864 équivalent temps plein) et 11 millions de
francs pour les centres régionaux d'aide à l'enfance et à
l'adolescence.
V. DÉVELOPPEMENT DE LA VIE SOCIALE
Les crédits consacrés au développement de
la vie sociale s'élèvent à
3,768 milliards de francs
pour 1998
, en diminution de -19,1% par rapport au budget voté de
1997. Ils représentent 5,2 % du budget de la Santé, la
Solidarité et la Ville.
Cet agrégat assez disparate est constitué pour plus de la
moitié par des subventions à certains régimes de
protection sociale et, pour le reste, par des dépenses de natures
très diverses.
A. LES SUBVENTIONS À DIVERS RÉGIMES DE SÉCURITÉ SOCIALE
Les subventions à divers régimes de sécurité sociale sont regroupées au sein de l'article 47-23, qui représente à lui seul 52,3 % de l'agrégat "Développement de la vie sociale". Elles se décomposent en deux masses très inégales.
1. La subvention d'équilibre au régime des mineurs
La subvention à la Caisse autonome de
sécurité sociale dans les mines (CANSSM) inscrite à
l'article 10 est destinée à équilibrer
financièrement ce régime spécial après la prise en
compte de toutes ses autres ressources qui sont constituées par les
cotisations, une taxe sur les hydrocarbures et les transferts de compensation.
Le tableau ci-après retrace l'ensemble des opérations
prévisionnelles de recettes et de dépenses de la CANSSM pour
1998, hors subvention de l'Etat :
La subvention d'équilibre à la CANSSM
s'établit donc à 1.506 milliards de francs pour 1997, en
diminution de 798,3 millions de francs par rapport à 1997, soit une
baisse de - 34,6 %.
Comme l'an dernier, votre rapporteur s'interroge sur la justification du
rattachement de cette subvention d'équilibre au budget de l'action
sociale et de la solidarité. En effet, l'usage est plutôt de
rattacher chaque subvention d'équilibre allouée à un
régime spécial de sécurité sociale au
ministère qui a la tutelle du secteur d'activité correspondant.
Ainsi, la subvention d'équilibre du BAPSA, d'un montant de
7,871 milliards de francs pour 1998, est inscrite au chapitre 46-32
du budget de l'agriculture ; la subvention d'équilibre du
régime de retraite de la SNCF, d'un montant de 14,043 milliards de
francs, est inscrite au chapitre 47-41 du budget des transports terrestres
; la subvention d'équilibre de l'ENIM, d'un montant de
4,599 milliards de francs pour 1998, est inscrite au chapitre 47-37
du budget de la mer.
Appliquée au cas présent, cette logique budgétaire
devrait conduire à rattacher la subvention d'équilibre de la
CANSSM au budget de l'industrie
. Il convient d'ailleurs de relever que le
budget de l'Industrie comporte d'ores et déjà des crédits
destinés à financer les prestations spécifiques dont
bénéficient certains mineurs pensionnés
(chapitre 46-93).
La réduction de près de 800 millions de francs de la subvention
d'équilibre à la CANSSM apparaît, par son volume, comme la
principale mesure "d'économie" du budget de la santé,
solidarité et ville pour 1998.
Or, cet ajustement à la baisse
résulte uniquement de l'accroissement des transferts de compensation au
bénéfice du régime des mineurs en raison de la
dégradation spontanée de son rapport démographique.
2. Les subventions aux régimes de sécurité sociale des territoires et collectivités d'outre-mer
A côté de la subvention d'équilibre au
régime des mineurs, le chapitre 47-23 comporte des subventions aux
régimes de sécurité sociale des territoires et des
collectivités d'outre-mer, pour un montant bien moindre de
257,2 millions de francs, en progression toutefois de 3 % par rapport
à 1997. Ces subventions se répartissent comme suit :
- 7,2 millions de francs au titre de l'allocation vieillesse de
Saint-Pierre-et-Miquelon (article 50), en diminution de - 5,3 % par
rapport à 1997 ;
- 30 millions de francs au titre de la protection sociale des
collectivités territoriales de Saint-Pierre-et-Miquelon et de Mayotte
(article 60), ces crédits étant reconduits à leur
niveau de 1997 ;
- 220,2 millions de francs au titre de la protection sociale des
territoires d'outre-mer (article 70), une mesure nouvelle de
20 millions de francs étant prévue en application de la loi
d'orientation n° 94-99 du 5 février 1994, relative
à la Polynésie française.
B. LES CRÉDITS EN FAVEUR DES RAPATRIES
L'agrégat "Développement de la vie sociale"
intègre cet année les crédits consacrés aux
prestations sociales et aux actions culturelles en faveur des rapatriés,
qui constituent le
chapitre 46-03 (nouveau).
La dotation de ce chapitre s'élève à 135 millions de
francs pour 1998, en diminution de 10% par rapport à 1997
. Ces
crédits sont destinés au financement du plan d'actions sur cinq
ans en faveur des anciens membres des formations supplétives,
résultant de la loi n°94-488 du 11 juin 1994, ainsi que des aides
exceptionnelles de l'Etat aux rapatriés réinstallés dans
le cadre des CODAIR.
Le détail des mesures financées et des crédits
correspondants est le suivant :
Article 10 - Action sociale, éducative et culturelle -
dépenses non concentrées : 5,307 millions de francs
Paiement des frais de regroupement des appelés du contingent ;
participation financière du ministère des rapatriés,
à la formation professionnelle des enfants de français musulmans
rapatriés au sein des écoles de l'ONAC ; résorption
du site de BIAS.
Article 20 - Retour en métropole et accueil - dépenses
déconcentrées : 0,787 millions de francs
Prise en charge des frais de transport des rapatriés, du territoire
d'origine au lieu de repli en France ; versement d'une indemnité
forfaitaire de déménagement aux rapatriés se repliant en
France et admis à la loi du 26 décembre 1961 ; versement
pendant 12 mois maximum d'une prestation de subsistance aux rapatriés
demandeurs d'emploi ou de réinstallation ; participation aux frais de
fonctionnement et d'entretien du centre d'hébergement des
rapatriés d'Indochine de Saint-Livrade (Lot-et-Garonne).
Article 30 - Réinstallation des rapatriés - dépenses
déconcentrées : 0,496 millions de francs
Subventions d'installation (installation de la famille rapatriée) aux
rapatriés salariés et aux personnes de plus de 50 ans inactives
ou infirmes ; capital de reconversion aux anciens non-salariés
reconvertis au salariat, subvention complémentaire de reclassement aux
rapatriés non salariés réinstallés dans une
activité indépendante.
Article 40 - Régime sociaux - dépenses non
déconcentrées : 4,694 millions de francs
Participation au régime temporaire de sécurité sociale
(durant la première année suivant le rapatriement) ; prise en
charge des retraites dues aux anciens personnels du service des eaux d'Oran et
des manufactures de tabacs d'Algérie.
Article 50 - Aides sociales et actions culturelles - dépenses non
déconcentrées : 15,3 millions de francs
Secours aux rapatriés se trouvant dans une situation financière
difficile, attribués par l'administration centrale ; aide
spéciale versée aux conducteurs de taxis rapatriés qui
restituent leur licence (incessible) qui leur avait été
attribuée dans le cadre de l'ordonnance n° 62-913 du 4 août
1962 ; versement de subventions à des associations de rapatriés
de dimension nationale ; versement de l'aide exceptionnelle de l'Etat aux
rapatriés réinstallés.
Article 60 - Action sociale, éducative et culturelle -
dépenses déconcentrées : 10,542 millions de francs
Les crédits inscrits à l'article 60 sont des crédits
déconcentrés aux préfets pour leur permettre l'application
du plan d'action prévu par la loi du 11 juin 1994 et ses textes
réglementaires.
Article 70 - Régimes sociaux - dépenses
déconcentrées : 10,542 millions de francs
Prise en charge des rachats de cotisations de retraite complémentaire
des anciens Harkis (régime Ircantec) ; allocation spécifique aux
conjoints survivants des anciens membres des formations supplétives.
Article 80 - Aides sociale et actions culturelles - dépenses
déconcentrées : 2,032 millions de francs
Secours sociaux accordés par les préfets aux rapatriés
démunis (l'aide financière est limitée à 3.000
francs par an et par famille) ; secours de désendettement immobilier
(SEDI)
Votre rapporteur rappelle que dans un rapport récent et non rendu
public, la Cour des Comptes aurait dénoncé la distribution
arbitraire par la délégation aux rapatriés des aides
exceptionnelles des CODAIR, ainsi que des subventions aux associations
nationales de rapatriés.
C. LES AUTRES DÉPENSES
1. Le service national des objecteurs de conscience
Les crédits consacrés au
service national
des objecteurs de conscience
( chapitre 37-01) diminuent de 41,5% en 1998,
pour s'établir à 118 millions de francs, contre 201,6
millions de francs en 1997.
Cet ajustement aux besoins intègre
à la fois la diminution de 42% du nombre des demandeurs du statut
d'objecteur de conscience constatée en 1997 et la participation
financière qui est désormais demandée aux organismes
d'accueil
(indemnité mensuelle de 1.700 francs).
Au 1er mars 1997, il y avait 14.247 objecteurs de conscience en poste
auprès de 6.000 organismes.
2. Le service des droits des femmes
Les crédits consacrés en 1998 à la promotion et l'information relatives aux droits des femmes (chapitre 43-02) sont réduits de 6,6 millions de francs pour s'établir à 72,1 millions de francs pour 1998, soit une baisse de - 8,5% par rapport à 1997.
3. La formation des travailleurs sociaux
Les crédits consacrés en 1998 au
fonctionnement des écoles de formation des travailleurs sociaux
(chapitre 43-33) s'élèvent à 537,2 millions de
francs, en progression de + 5% par rapport à 1997.
Cette mesure
d'ajustement correspond à l'extension en année pleine de
l'accroissement de 10 % de la capacité d'accueil des 156 centres
à la rentrée 1997, qui ont accueilli 29.260 étudiants.
Les crédits consacrés aux bourses des travailleurs sociaux
(chapitre 43-34) diminuent de - 8,2% par rapport à 1997, pour
s'établir à 81,1 millions de francs.
4. La tutelle et curatelle d'Etat
Le nombre des décisions judiciaires confiant
à l'Etat des mesures de tutelle et curatelle, en application de
l'article 433 du code civil, est toujours en accroissement rapide
: 17.191
décisions ont été rendues en 1996, soit une progression
brute de + 25,5 % par rapport à l'année précédente
et
une progression nette de + 13,9 %
compte tenu des mesures
éteintes en cours d'année (le stock est de 76.778).
En conséquence, la dotation correspondante (chapitre 46-23, article
60) est portée à 515 millions de francs pour 1998, soit une
hausse de + 18,3 %.
L'augmentation constatée depuis plusieurs années proviendrait de
l'insuffisante application du principe, pourtant rappelé à
plusieurs reprises par la Cours de cassation, selon lequel la tutelle
administrative n'est qu'une mesure subsidiaire, à réserver pour
les cas où aucune personne de l'entourage du majeur ne peut en assumer
charge.
VI. LUTTE CONTRE L'EXCLUSION
Les crédits consacrés aux politiques de lutte contre l'exclusion s'élèvent pour 1998 à 29,483 milliards de francs , en augmentation de + 4,1 % par rapport au budget voté de 1997. Ils représentent 40,3% du budget de la Santé, la Solidarité et la Ville.
A. LE REVENU MINIMUM D'INSERTION
Les crédits consacrés à l'allocation du RMI (chapitre 46-21) s'accroissent de 1,097 milliards de francs par rapport à 1997 et atteignent 25,327 milliards de francs, soit une progression de + 4,5%. Ces moyens nouveaux tiennent compte de l'augmentation prévue du nombre des bénéficiaires et de la revalorisation de l'allocation.
B. LES CENTRES D'HÉBERGEMENT ET DE RÉADAPTATION SOCIALE
Les crédits consacrés aux centres d'hébergement et de réadaptation sociale (chapitre 46-23, article 22) bénéficient d'un ajustement aux besoins de 28,2 millions de francs et d'une mesure nouvelle de 42 millions de francs qui permettra de créer 500 places supplémentaires . Au total, leur dotation progresse de + 2,8% par rapport à 1997 pour atteindre 2,412 milliards de francs .
C. LES CRÉDITS DE LUTTE CONTRE L'EXCLUSION
Les crédits consacrés à
l'intégration et à la lutte contre l'exclusion
(chapitre
47-21, articles 60 et 70), diminuent de - 3,4% par rapport à 1997, pour
s'établir à 760,8 millions de francs. Cette diminution s'explique
par une révision des services votés dans l'attente du projet de
loi de prévention et de lutte contre les exclusions annoncé pour
le début de 1998, pour lequel une dotation provisionnelle de 225
millions de francs a été inscrite au budget des Charges communes.
En revanche, les crédits consacrés à
l'insertion par
l'économique
(chapitre 47-21, articles 80 et 90) progressent de + 2%
par rapport à 1997, pour atteindre 135,2 millions de francs. Ces
crédits sont destinés aux structures spécialisées
que sont les entreprises d'insertion, les régies de quartier, les
associations intermédiaires et les chantiers-écoles.
Par ailleurs, les
dépenses d'aide médicale gratuite
(chapitre 46-23, article 81) sont reconduites pour 1998 au niveau de
807 millions de francs. Les dépenses à la charge de l'Etat,
destinées principalement aux soins à l'hôpital,
représente moins de 10% de l'aide médicale gratuite, qui
relève pour l'essentiel de la compétence des départements.
Le nombre de famille bénéficiaires était de 35.300 en 1996.
D. LES DÉPENSES D'ÉQUIPEMENT SOCIAL
Les subventions d'équipement social accordées aux établissements de réinsertion sociale et professionnelle (chapitre 66-20, article 40) progressent de + 20% en autorisations de programme, pour atteindre 30 millions de francs, et de + 46,7% en crédits de paiement, pour s'établir à 20,9 millions de francs.
VII. INTÉGRATION
Les crédits consacrés à
l'intégration s'élèvent pour 1998 à
434,4 millions de francs
, en diminution de - 0,2% par rapport
à 1997. Ils représentent à peine 0,6% du budget de la
santé, la solidarité et la ville.
Les crédits consacrés aux
interventions en matière de
populations et de migrations
(article 47-81 nouveau, articles 20 et 30)
sont en diminution de - 1,5% par rapport à 1997, pour s'établir
à 59 millions de francs. Ils sont destinés principalement au
financement des contrats d'agglomération conclus entre l'Etat et les
communes pour les programmes locaux d'insertion des immigrés, à
la coordination du réseau national d'accueil des réfugiés,
à l'accompagnement social dans les centres de rétention, et aux
actions de formation linguistique et professionnelle des réfugiés.
Les crédits consacrés aux
allocations d'attente pour les
réfugiés et demandeurs d'asile
(article 47-81 nouveau,
article 40) diminuent de 32 millions de francs en 1997 à 18
millions de francs pour 1998. Toutefois, l'essentiel de cette baisse correspond
en fait à un transfert de charges vers le Fonds d'action social pour les
travailleurs immigrés (FAS).
L'essentiel du nouvel agrégat "Intégration" est constitué
par les crédits consacrés aux
centres d'hébergement et
de réadaptation sociale pour les réfugiés
(chapitre
46-23, article 21), dont la dotation augmente de 2,6% en 1998, pour atteindre
294,7 millions de francs. Une mesure nouvelle de 5,5 millions de francs est
prévue pour la création de 100 places supplémentaires.
Par ailleurs, votre rapporteur rappelle que l'essentiel des financements de la
politique d'intégration des populations immigrées ne sont pas de
nature budgétaire, mais transitent par des établissements publics
spécialisés tels que le Fonds d'action sociale pour les
travailleurs immigrés et leurs familles (FAS), la Société
nationale de construction de logement pour les travailleurs (SONACOTRA),
l'Office des migrations internationales (OMI) ou l'Agence nationale pour la
participation des employeurs à l'effort de construction (ANPEEC).
La Cour des Comptes, dans son rapport public 1997 qui vient de
paraître, a procédé à l'examen de l'action de ces
établissements publics et de la multiplicité des organismes
qu'ils subventionnent.
Ses observations extrêmement critiques sont
résumées dans le sévère constat suivant :
" Les crédits publics effectivement consommés en faveur
de l'insertion sont en décroissance régulière. Cette
tendance ne résulte pas d'un choix délibéré des
pouvoirs publics, lesquels affirment leur volonté forte
d'intégration, mais de dysfonctionnements administratifs croissants.
" Ceux-ci ont pour origine une définition insuffisante des
priorités de l'action publique qui est due, pour une part, à une
méconnaissance des besoins concrets et à l'absence de vue
d'ensemble des réalisations financées depuis trois
décennies.
" L'examen par la Cour des politiques menées en matière
d'accueil, de logement, de prévention sanitaire et d'action
socio-culturelle permet de constater que le nombre d'organismes intervenant
dans la mise en œuvre de la politique d'intégration a
été multiplié par 25 depuis 1970 pour s'établir
à plus 5.000 en 1995. Durant cet exercice, 30 % des dossiers de
financement acceptés par le Fonds d'action sociale pour les travailleurs
migrants représentait, au surplus, 3 % seulement des crédits
engagés.
" Les délais d'instruction des dossiers de financement
compromettent la trésorerie des associations relayant la puissance
publique et provoquent une sous-consommation importante des crédits.
"
En outre, le nombre des intervenants ne permet pas à
l'administration de contrôler réellement ces derniers pour
s'assurer d'une part, de la qualité de leur gestion, et d'autre part, de
la réalisation effective des actions d'insertion financées sur
fonds publics "
VIII. VILLE ET DÉVELOPPEMENT SOCIAL URBAIN
Les crédits consacrés à la ville et au
développement social urbain s'élèvent pour 1998 à
753,8 millions de francs
en crédits de paiement,
en
diminution de - 11,8 %
par rapport au budget voté de 1997.
Ils représentent 1 % du budget de la santé, de la
solidarité et de la ville.
Ces crédits sont par ailleurs présentés par
M. Philippe Marini dans son rapport spécial sur le budget de la
Ville (rapport n
o
85, annexe n
o
19).
D'après le "jaune" correspondant, ils constituent 7 %
seulement
des crédits budgétaires consacrés à la politique de
la ville, et 4,6 % de l'effort financier total en faveur de cette
politique.
CHAPITRE II
UNE POLITIQUE DE SOLIDARITÉ NON
MAÎTRISÉE
Votre rapporteur constate avec inquiétude que les
dépenses de solidarité poursuivent inexorablement leur
progression, quelle que soit la conjoncture sociale et économique. Les
développements suivants concernent les trois plus gros postes de
dépenses du budget de la Santé, solidarité et ville. Les
dépenses d'allocation du RMI représentent 34,7 % du total
des crédits, les dépenses d'allocation aux adultes
handicapés en représentent 31,8 %, et les dotations aux
centres d'aide par le travail en représentent 8,2 %.
Or, ces masses de crédits, qui constituent à elles seules
75 % du budget de la Santé, solidarité et ville, sont toutes
trois présentées en hausse sensible pour 1998. L'examen des
dispositifs correspondants fait apparaître des dysfonctionnements, sur
lesquels votre rapporteur estime souhaitable d'obtenir l'éclairage de la
Cour des Comptes.
I. LE REVENU MINIMUM D'INSERTION : UN DISPOSITIF TOUJOURS EN EXPANSION
A. DES BÉNÉFICIAIRES DE PLUS EN PLUS NOMBREUX
Depuis la création du RMI, le nombre des allocataires a plus que doublé pour passer de 407.000 en décembre 1989 à plus d'un million en décembre 1996.
Toutefois, si l'on prend en compte les
bénéficiaires du RMI, c'est-à-dire les allocataires plus
les membres de leurs foyers (conjoints, concubins et enfants à charge),
le nombre de ceux-ci est passé de 826.000 à 1.945.000 entre
décembre 1989 et décembre 1996.
Le profil des allocataires fait apparaître qu'en métropole,
59,2 % des allocataires sont des hommes seuls ou des femmes seules sans
enfant, ni personne à charge ; un cinquième sont des familles
monoparentales et un cinquième des couples. Près des deux tiers
des allocataires n'ont aucune personne à charge, 17,5 % ont une
personne à charge, 10,3 % deux personnes et 8,6 % trois ou
plus.
Les allocataires sont plutôt jeunes : l'âge moyen est de
38 ans, un tiers a moins de 30 ans et 48 % moins de 35 ans,
alors que la condition d'âge restreint l'entrée au RMI aux jeunes
de 25 ans et plus, sauf s'ils ont des enfants. La
prépondérance des jeunes s'explique par la forte
corrélation entre chômage et RMI. En effet, le taux de
chômage est particulièrement élevé dans ces classes
d'âge qui, par ailleurs, n'ont que peu de références de
travail pour les droits aux ASSEDIC.
Pour 15,3 % des allocataires de métropole, le RMI constitue le seul
revenu dont ils disposent ; 28,5 % n'ont pour seules ressources que le RMI
et des prestations versées par les caisses d'allocations familiales.
La répartition géographique des allocataires fait
apparaître qu'en proportion de la population, hormis les
départements d'outre-mer, le département des
Pyrénées-Orientales a le plus fort taux de personnes
bénéficiaires du RMI par rapport à sa population
(6,1 %), suivi de l'Hérault (5,9 %), des
Bouches-du-Rhône (5,7 %) et de la Corse du Sud (5,5 %).
En valeur absolue, le département du Nord compte le plus d'allocataires
du RMI (53.793). Il est suivi par les départements des
Bouches-du-Rhône (54.240), de La Réunion (50.876) et Paris
(49.716).
B. DES CONTRÔLES RENFORCÉS
Aux termes de l'article 21 de la loi du 1er décembre
1988 relative au RMI, le contrôle des déclarations des
bénéficiaires est assuré par l'organisme payeur (CAF ou
MSA). Ce dernier peut demander toutes les informations nécessaires aux
administrations publiques, notamment financières, aux
collectivités territoriales, aux organismes de sécurité
sociale, de retraite complémentaire et d'indemnisation du chômage
ainsi qu'aux organismes publics ou privés concourant aux dispositifs
d'insertion ou versant des rémunérations au titre de l'aide
à l'emploi.
L'article 21 prévoit également que ces informations peuvent
faire l'objet d'échanges automatisés entre les organismes
susvisés, qui sont soumis à autorisation de la CNIL. Dans leur
rapport d'enquête de février 1995, l'IGAS et l'IGF
préconisaient le développement intensif de ces échanges,
en particulier avec les ASSEDIC, pour éviter la sous-déclaration
des ressources par les allocataires, fait générateur d'indus de
RMI.
Depuis l'intervention du décret n
o
96-630 du
16 juillet 1996,
le numéro d'inscription au répertoire
(NIR) national d'identification des personnes physiques peut être
utilisé dans le cadre des échanges automatisés
d'informations
entre d'une part, les organismes payeurs du RMI et d'autre
part, les organismes d'indemnisation du chômage et les organismes publics
ou privés qui versent des rémunérations ou des aides
à l'emploi ou à la formation relevant des dispositions
d'insertion.
Les effets de la mise en place des échanges automatisés de
données CAF-ASSEDIC pour le contrôle de la déclaration des
allocations de chômage ont été, pour l'essentiel, acquis en
1995 et se sont poursuivis en Ile-de-France en 1996, où l'entrée
en vigueur du dispositif a été reporté d'un an.
L'année 1996 a bénéficié surtout des effets des
croisements de fichiers qui, faute du NIR, ne pouvaient être
instaurés entre la caisse nationale des allocations familiales et le
centre national pour l'aménagement des structures des exploitations
agricoles (CNASEA).
En outre, l'exploitation du fichier national des bénéficiaires
permet à la CNAF de détecter les attributions multiples de RMI
qui, au demeurant, restent un phénomène très marginal
(0,20 % des bénéficiaires du RMI) dont la cause
réside principalement dans les changements d'adresse non signalés
par les allocataires.
Le niveau moyen des allocations différentielles effectivement
versées s'établissait, au 31 décembre 1996, à
1.925 francs en métropole et 1.626 francs dans les DOM.
C. DES CRÉDITS EN HAUSSE CONTINUE
Les crédits consacrés à l'allocation du RMI inscrits au chapitre 46-21 ont été multipliés par quatre en dix ans, pour passer de 6 milliards de francs en 1989 à 24,4 milliards de francs en 1997.
Après les très forts taux de progression
enregistrés lors de la mise en place du dispositif, l'évolution
des crédits consacrés au RMI semble s'être stabilisé
à un rythme annuel de + 5 %, qui apparaît encore rapide au
regard de la progression des dépenses de l'Etat et de la croissance de
la richesse nationale.
Par ailleurs, ces crédits inscrits au budget de la santé,
solidarité et de la ville représentent moins de 60 % du
coût global du dispositif. Il faut y ajouter, pour l'Etat, la
créance de proratisation destinée aux DOM (790 millions de
francs pour 1998), les mesures spécifiques pour l'emploi et le budget.
Il faut également y ajouter, pour les départements, les
crédits d'insertion obligatoires (3,7 milliards de francs en 1996),
ainsi que l'aide médicale gratuite afférente au RMI
(3,6 milliards de francs).
D. DES EFFORTS D'INSERTION INÉGAUX
Le suivi des bénéficiaires du RMI pendant leur
parcours de réinsertion est de la responsabilité des organismes
instructeurs du RMI (CCAS, service social, organismes agréés). Le
contrat d'insertion est destiné à formaliser le projet
d'insertion mis au point par le service instructeur en accord avec le
bénéficiaire, par lequel ce dernier et la collectivité
s'engagent.
Les contrats signés continuent leur progression observée les
années antérieures, comme le montre le tableau ci-après:
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Contrats signés/renouvelés |
338.000 |
422.000 |
557.950 |
601.191 |
634.945 |
Contrats en cours |
215.000 |
271.000 |
331.850 |
367.800 |
400.700 |
Le taux de contractualisation, c'est-à-dire le rapport
entre le nombre total d'allocataires et le nombre des allocataires
bénéficiant d'un contrat d'insertion est ainsi passé de 45
% en 1993 à 52,9 % en 1996.
Cette évolution est donc plutôt satisfaisante.
Toutefois, le
contrat d'insertion est souvent assez formel et ne garantit pas une insertion
professionnelle effective.
Le nombre des allocataires du RMI ayant eu accès à une insertion
professionnelle a cru au cours des années de façon pratiquement
parallèle à la croissance du nombre des
bénéficiaires. Chaque année près d'un tiers du
stock trouve une insertion professionnelle.
La part des emplois marchands s'est accrue dans ces sorties du RMI, mais
principalement grâce au CIE, c'est-à-dire à un autre
dispositif subventionné.
Au total, le taux de consommation des crédits résultant de
l'obligation d'insertion des départements s'est beaucoup
amélioré dans la période récente et a même
dépassé 100 % en 1994, du fait des reports des années
antérieures.
Evolution du taux de consommation des crédits
d'insertion obligatoires
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
Consommation |
71,9 % |
77,03 % |
93,87 % |
97,11 % |
100,82 % |
97 % |
Dans le cadre de l'obligation légale de 20 % du montant
des crédits d'allocation, les conseils généraux peuvent
financer sur les crédits d'insertion des frais de structure
(fonctionnement du CDI, des CLI, des cellules d'appui) jusqu'à un
montant correspondant à 10 %.
Par ailleurs, la loi de 1992 réformant le RMI et l'aide médicale
a permis aux départements d'effectuer sur les crédits d'insertion
une imputation forfaitaire au titre de l'aide médicale de 3 points de
ces 20 % en métropole (3,75 % dans les DOM).
Aussi, les crédits d'insertion potentiellement disponibles pour
financer les actions d'insertion proprement dites ne correspondent pas à
20 % mais à environ 15 % des allocations versées par l'Etat.
Il subsiste de fortes disparités locales face à l'insertion,
d'abord liées aux écarts des taux de chômage, mais aussi
à la plus ou moins forte mobilisation des acteurs locaux.
Il peut également exister des effets d'échelle : ainsi, dans les
10 départements où les bénéficiaires ont le
plus de chances de se voir proposer une mesure d'accès à l'emploi
(43 % du stock des bénéficiaires en 1996), le stock de
bénéficiaires varie de 496 à 2330. Dans les dix où
la probabilité est la plus faible (13 % du stock) le stock varie de
11.400 à 51.850.
Au total, les allocataires du RMI ont de 15 à 100 % de chances de
bénéficier d'un contrat d'insertion selon les départements
où ils se trouvent.
II. L'ALLOCATION AUX ADULTES HANDICAPÉS : UNE PRESTATION DÉTOURNÉE DE SON OBJECTIF
A. UNE PROGRESSION DES DÉPENSES PLUS RAPIDE QUE CELLE DU NOMBRE DES BÉNÉFICIAIRES
Pour 1996, dernière année connue, le nombre des bénéficiaires de l'AAH était de 630.000, en progression de + 2,9 % par rapport à l'année antérieure. L'évolution du nombre des bénéficiaires de l'AAH au cours des onze dernières années est la suivante :
Evolution du nombre des bénéficiaires de
l'AAH
Année |
Bénéficiaires |
Evolution en % |
1986 |
482.000 |
0,9 % |
1987 |
495.000 |
2,7 % |
1988 |
511.000 |
3,2 % |
1989 |
524.000 |
2,5 % |
1990 |
539.000 |
2,9 % |
1991 |
552.000 |
2,4 % |
1992 |
563.000 |
2,0 % |
1993 |
583.000 |
3,6 % |
1994 |
597.000 |
2,4 % |
1995 |
617.000 |
3,4 % |
1996 |
630.000 |
2,9 % |
Pour 1998, la contribution de l'Etat au financement de
l'allocation aux adultes handicapés
(chapitre 46-92)
s'accroît de 1,129 milliards de francs pour atteindre 23,389 milliards de
francs, soit une progression de + 5,1 % par rapport aux
crédits initiaux de 1997.
Par ailleurs, le projet de loi de finances rectificative pour 1997
récemment déposée par le Gouvernement demande l'ouverture
de 110 millions de francs de crédits supplémentaires au
titre de l'AAH.
Le tableau ci-après retrace l'évolution des crédits
consacrés à l'AAH depuis dix ans :
Crédits consacrés à l'AAH
(en millions de francs)
Année |
Crédits |
Evolution en % |
1987 |
12.997 |
+ 5,0 |
1988 |
13.544 |
+ 4,2 |
1989 |
14.286 |
+ 5,5 |
1990 |
15.881 |
+ 5,4 |
1992 |
16.575 |
+ 4,4 |
1993 |
17.895 |
+ 8,0 |
1994 |
18.661 |
+ 4,3 |
1995 |
20.081 |
+ 7,6 |
1996 |
21.350 |
+ 6,3 |
1997 |
22.370 |
+ 4,8 |
1998 (LFI) |
23.389 |
+ 4,6 |
Le rapprochement de l'évolution du nombre des
bénéficiaires de l'AAH et du nombre des crédits
afférents est instructif. Entre 1987 et 1996, les
bénéficiaires sont passés de 495.000 à 630.000,
soit une augmentation de 27,3 %. Sur la même période, les
crédits consacrés à l'AAH sont passés de 12,997
milliards de francs à 21,350 milliards de francs, soit une augmentation
de 64,3 %.
La progression régulière du nombre des
bénéficiaires se traduit donc par une augmentation
amplifiée des dotations budgétaires correspondantes.
B. UNE PRESTATION SENSIBLE À LA SITUATION DE L'EMPLOI
L'évolution des crédits budgétaires
relatifs à l'AAH entre 1987 et 1997 s'explique :
- d'une part, par
l'augmentation du montant de la prestation
(2.632 francs au 1er janvier 1987 ; 3.433 francs au
1er janvier 1997) et la création à partir du
1er février 1993 de l'aide forfaitaire en faveur de la vie autonome
à domicile des personnes adultes handicapées, transformée
en
complément d'AAH
par la loi du 18 janvier 1994
(549 francs au 1er janvier 1997) ;
- d'autre part, par
l'accroissement du nombre des
bénéficiaires
de 495.000 pour 1987, à 630.000 au titre
de 1996 dont 110.000 pour le seul complément d'AAH.
Divers facteurs peuvent être pris en considération pour expliquer
l'évolution de la prestation.
Il en est ainsi d'une meilleure connaissance de l'accès au droit,
grâce aux informations données par les CAF et les COTOREP
(formulaire unique).
Surtout, l'examen des relevés statistiques du régime
général fait apparaître une forte inertie dans la structure
des bénéficiaires. Ainsi, 30 % des entrants ont moins de
vingt-cinq ans, et la moitié des allocataires ont moins de quarante ans.
De l'âge peu élevé des bénéficiaires
découle un effet mécanique, qui est la permanence du
bénéfice de la prestation.
De plus, en décembre 1995, 60 % des allocataires percevaient une
AAH à taux plein, ce qui indique l'absence de ressources des
intéressés.
Ce constat peut notamment trouver son explication dans la dégradation de
la situation économique, le chômage touchant
particulièrement les personnes handicapées, déjà
fragilisées dans leur vie quotidienne par le handicap.
Or, la
situation de chômage donne lieu, en application de la
réglementation, à des abattements ou à la neutralisation
des ressources, ce qui permet de faire rentrer de nouvelles personnes dans le
champ de la prestation ou de leur donner une différentielle d'AAH qui se
rapproche davantage du taux plein.
La situation du marché de l'emploi peut également expliquer que
l'instauration du RMI en 1988 n'a pas eu pour effet le basculement de certains
bénéficiaires de l'AAH dans le champ du RMI. Dans un tel
contexte,
la phase d'instruction du RMI a pu, à l'inverse, être
un facteur déclenchant de l'orientation vers la COTOREP
et donc de
l'attribution de l'AAH, notamment au titre de l'article L.821-2 du code de
la sécurité sociale.
C. UNE RÉFORME DES CONDITIONS D'ATTRIBUTION INEFFICACE
A la suite des observations de la Cour des Comptes,
l'article 95 de la loi de finances pour 1994 a modifié
l'article L.821-2 du code de la sécurité sociale, qui
prévoit désormais que les personnes qui sont, en raison de leur
handicap, dans l'impossibilité reconnue par la commission technique
d'orientation et de reclassement professionnel (COTOREP) de se procurer un
emploi
doivent également justifier d'un taux minimal
d'incapacité
. Ce taux a été fixé à
50 % par le décret n°94-379 du 16 mai 1994.
Les nouvelles dispositions législatives ne s'appliquent pas aux
demandes de renouvellement de l'allocation déposées par les
personnes bénéficiant de celle-ci au 1er janvier 1994, ce
qui limite l'effet de la mesure aux nouvelles demandes, soit un peu moins de la
moitié des décisions d'attribution.
Depuis le 1er décembre 1993, les COTOREP appliquent, pour la
détermination du taux d'incapacité ouvrant droit à l'AAH,
un nouveau guide-barème d'évaluation des déficiences et
incapacités des personnes handicapées. Ce barème prend en
compte notamment l'aptitude de celles-ci à exercer une activité
professionnelle. De ce fait, la fixation d'un taux minimal ne devrait avoir
pour conséquence que d'exclure du droit à l'AAH les seuls
demandeurs dont le handicap -quelle qu'en soit l'origine- n'est pas la cause
principale de leur impossibilité de se procurer un emploi. Ces derniers
peuvent bénéficier d'une part du dispositif d'insertion et de
protection sociale offert à l'ensemble des demandeurs d'emploi et
d'autre part, sur décision des COTOREP, de formations dispensées
dans des centres de rééducation professionnelle.
En tout état de cause, les COTOREP n'ont pu appliquer effectivement
cette mesure qu'après la parution du décret du 16 mai 1994
fixant le taux minimal d'incapacité requis conformément aux
nouvelles dispositions de la loi. De ce fait, l'impact de la réforme n'a
pu être mesuré qu'à la fin de l'année 1994.
L'observation des relevés statistiques des décisions
d'attribution de l'AAH montre que le nombre des AAH attribués au titre
de l'article L.821-2 est de 57.510 en 1996, contre 55.930 en 1995.
Pour les premières demandes, la part des décisions d'attribution
au titre de l'article L.821-2 est de 37,8 % en 1994, soit 36,3 %
en 1995 et 34,6 % en 1996.
Il semble donc que la réforme ait eu un effet modérateur sur
les décisions des COTOREP lors des trois premières années
de son entrée en vigueur. Cependant, pour le premier semestre 1997, la
part des décisions d'attribution au titre d'une première demande
est remontée à 37,5 %.
Il apparaît donc que l'article 95 de la loi de finances pour 1994
n'a pas permis d'arriver à une diminution significative des AAH
attribuées à ce titre.
L'AAH continue d'être utilisée pour retirer du marché de
l'emploi des personnes qui seraient par ailleurs aptes à travailler, ce
qui constitue un détournement de ses objectifs.
Un indice supplémentaire de cette dérive est fourni par le
récent rapport du Conseil supérieur de l'emploi, des revenus et
des coûts sur les minimas sociaux. Dans ce rapport, le CSERC
relève une surreprésentation inexpliquée de la classe
d'âge des 55-59 ans dans la population des
bénéficiaires de l'AAH. Ce phénomène semble
indiquer que les entreprises utilisent l'AAH comme une "mesure d'âge"
pour l'adaptation des effectifs de leur personnel, avec la complicité
des COTOREP.
III. LES CENTRES D'AIDE PAR LE TRAVAIL : DES ÉTABLISSEMENTS SATURÉS
A. UNE PROGRESSION RAPIDE DU NOMBRE DE PLACES
Le financement des centres d'aide par le travail a
été récemment rationalisé. L'article 68 de la
loi du 4 février 1995 portant diverses dispositions d'ordre social
a modifié les conditions de financement des centres d'aide par le
travail, en prévoyant :
- la distinction juridique entre l'activité sociale prise en charge
intégralement par l'aide sociale de l'Etat et l'activité de
production et de commercialisation, autofinancée à titre
principal ;
- la possibilité dérogatoire de prise en charge
exceptionnelle et temporaire de certaines dépenses de l'activité
de production et de commercialisation par l'aide sociale de l'Etat.
Au préalable, pour mener à bien la clarification et la
rationalisation des dépenses des CAT, une mission d'appui
interministérielle avait élaboré en 1994 de nouveaux
outils d'évaluation physico-financière de l'activité des
établissements ainsi que des références professionnelles
indicatives.
Dès 1995, les crédits budgétaires ont inclus une part
prioritairement affectée aux établissements dont la situation, au
regard notamment de ces références professionnelles, était
la plus inéquitable. Une nouvelle procédure d'allocation
régionalisée des ressources a, d'autre part, été
appliquée aux CAT.
Pour 1998, les crédits alloués aux centres d'aide par le
travail (chapitre 46-23, article 10) progressent de + 3,3 %
par rapport à 1997, pour atteindre 6,038 milliards de francs.
Cet accroissement de 370,1 millions de francs correspond à un
ajustement aux besoins de 235,1 millions de francs et à une mesure
nouvelle de 135 millions de francs destinée à financer la
création de 2.000 places supplémentaires. Il s'inscrit dans
le prolongement d'un effort budgétaire de l'Etat constant au cours des
dernières années.
Cet effort budgétaire accompagne la progression continue des places de CAT depuis dix ans :
B. DES BESOINS TOUJOURS INSATISFAITS
L'article 22 de la loi du 13 juin 1989 portant diverses
mesures d'ordre social, dit "amendement Creton", qui prévoit la
possibilité du maintien en établissements d'éducation
spéciale des jeunes adultes, a entraîné un certain nombre
de difficultés. Le contentieux qui opposait l'assurance maladie et les
départements sur les modalités de la prise en charge
financière des personnes concernées a pu être aplani par la
circulaire du 27 janvier 1995.
Les difficultés rencontrées dans l'application du dispositif
résultent de deux facteurs. Le premier est lié au silence du
législateur s'agissant de la prise en charge financière des
jeunes adultes maintenus suite à une orientation de la COTOREP vers le
secteur du travail protégé, et du recours à un texte
réglementaire pour la mise en oeuvre de l'amendement. Le second est
inhérent au dispositif lui-même dans la mesure où la
présence de jeunes adultes dans les établissements
d'éducation spéciale dont la vocation est d'accueillir les
enfants ou les adolescents, génère nécessairement, dans
nombre de cas, de graves perturbations dans l'activité de ces structures
et bloque très fréquemment, l'entrée des plus jeunes
qu'elles ont vocation à accueillir.
L'insuffisance des équipements pour adultes handicapés à
l'origine de "l'amendement Creton" perdure. Malgré l'effort
conséquent tant de l'Etat et de l'assurance maladie (27.500 places
de centres d'aide par le travail, maisons d'accueil spécialisées
et foyers à double tarification supplémentaires
créées de 1990 à 1997) que des conseils
généraux (15.900 places nouvelles de foyers de 1990 à
1996), la capacité d'accueil des structures pour adultes ne permet pas
de faire face à toutes les demandes et notamment à toutes celles
des jeunes adultes qui sont issus des établissements d'éducation
spéciale.
Fin 1996, les effectifs relevant du dispositif de
l'amendement Creton s'élevaient encore à 4.600 personnes.
Simultanément, on enregistre un engorgement des établissements
d'éducation spéciale et une liste d'attente de placement de
jeunes handicapés dans ces établissements.
Par ailleurs, les bases juridiques du dispositif apparaissent fragiles,
puisqu'elles ne reposent que sur des circulaires. Les dernières
instructions ministérielles du 27 janvier 1995, prises à la
suite d'une décision et d'un avis du Conseil d'Etat de juin 1993 et
à l'issue d'une concertation avec les principales parties
concernées, n'ont pas permis d'éviter les contestations.
Des
recours en annulation ont été introduits contre la circulaire
précitée, qui a été annulée par le Conseil
d'Etat dans sa décision du 9 juillet 1997.
Selon les indications fournies à votre rapporteur, pour les trois
prochaines années, 10.000 places de CAT et 5.500 places de
maisons d'accueil spécialisées et foyers à double
tarification seraient nécessaires. Cette évaluation couvre
à la fois la résorption définitive des effectifs "Creton",
les besoins nouveaux des jeunes qui sortent chaque année
définitivement des établissements d'éducation
spéciale (plus de 12.000) et une partie des besoins également
considérables recensés à partir des listes d'attente hors
du dispositif "Creton".
Votre rapporteur estime que ces évaluations devraient faire l'objet
d'une programmation en bonne et due forme, qui seule permettrait un
véritable suivi en cours d'exécution et une évaluation au
terme de la période fixée.
C. DES SOLUTIONS ALTERNATIVES À DÉVELOPPER
Actuellement, le taux de sortie des CAT vers le milieu
ordinaire n'est que de 0,8 %, ce qui est tout à fait insuffisant et
explique l'engorgement des équipements destinés aux
handicapés au moins autant que "l'amendement Creton".
Votre rapporteur approuve donc l'intention exprimée par le ministre de
l'emploi et de la solidarité, lors de son audition devant la commission
des finances, de favoriser le développement de prises en charge
innovantes et plus dynamiques, porteuses de meilleures chances d'insertion pour
les travailleurs handicapés, en incitant les CAT à s'adapter
à l'évolution des formes nouvelles de production et à
s'ouvrir sur un environnement moins protégé, plus dynamique et
plus proche des conditions de travail de droit commun.
La mise en oeuvre de cette politique suppose qu'en parallèle, les
dispositifs de formation dans les établissements d'éducation
spéciale et dans les structures
ad hoc
soient
évalués et améliorés.
L'emploi des handicapés en milieu ordinaire représente 80 %
de l'emploi des personnes handicapées, contre 20 % en milieu
protégé, mais a cependant peu progressé depuis la loi du
10 juillet 1987. Après une phase de croissance de 1988 à
1992, le nombre de salariés handicapés stagne depuis 1995 autour
de 265.000.
La conjoncture économique et la situation du marché du travail
n'en sont pas la seule cause. Il faut y rajouter le vieillissement de la
population des bénéficiaires, mais aussi le relatif échec
des accords pour l'emploi des personnes handicapées. En 1997,
101 accords sont en vigueur, 90 % d'entre eux étant conclus
avec des grandes entreprises et 80 % étant concentrés dans
trois régions.
Par ailleurs, le mécanisme de la garantie de ressources des travailleurs
handicapés (GRTH) assure un complément de
rémunération au travailleur handicapé lui permettant
d'obtenir une rémunération totale équivalente à
celle des autres salariés. Depuis le 1er janvier 1997, l'AGEFIPH a
pris en charge le financement de la garantie de ressources lorsque l'emploi est
effectué en milieu ordinaire de production. Cette part s'est
élevée en 1997 à 245 millions de francs pour un total
de 12.800 places.
TRAVAUX DE LA COMMISSION
I. EXAMEN EN COMMISSION
**
Réunie le 19 novembre sous la présidence
de M. Christian Poncelet, président
, la commission des finances
a procédé à l'
examen des crédits de l'emploi et
de la solidarité : II. - Santé, solidarité et ville, -
Santé et solidarité pour 1998,
sur le rapport de
M. Jacques Oudin, rapporteur spécial.
M. Philippe Marini
a constaté la complexité croissante
des structures administratives en charge de la politique de santé, et
s'est demandé s'il n'y avait pas là matière à des
mesures de simplification qui constituerait des gisements d'économies
pour les années futures.
M. Henri Collard
a souhaité savoir si des crédits
étaient prévus pour le financement de la prestation
spécifique dépendance.
M. Christian Poncelet, président
, après avoir
souligné la forte augmentation des crédits consacrés
à l'ANAES, s'est demandé s'il n'y avait pas un risque de doublon
entre les multiples établissements nationaux à caractère
sanitaire et les services centraux du ministère.
M. Jacques Oudin, rapporteur spécial
, a indiqué qu'aucun
crédit budgétaire n'était prévu pour la prestation
spécifique dépendance, s'agissant d'une dépense d'aide
sociale de la compétence des départements.
Il a fait valoir que la multiplication de nouvelles structures sanitaires
résultait pour partie du plan de maîtrise des dépenses
d'assurance maladie de 1996 dont il a rappelé les grands principes :
planification sanitaire plus efficace, réduction des
inégalités régionales, contractualisation des
établissements avec les ARH sur la base de l'évaluation faite par
l'ANAES, ajustement des dotations en conséquence. Il a fait valoir que
les ARH étaient constituées sous forme de groupements
d'intérêt public entre les directions régionales des
affaires sanitaires et sociales (DRASS) et les caisses régionales
d'assurance maladie (CRAM), et pouvaient donc être
considérées comme une amorce de rationalisation des structures.
S'agissant de l'ANAES, il a estimé qu'il faudrait encore attendre un an
avant de pouvoir porter un jugement sur son fonctionnement.
Enfin, le rapporteur spécial a présenté deux amendements,
l'un visant à réduire les crédits du titre III de 80
millions de francs et l'autre tendant à diminuer les crédits du
titre IV de 958 millions de francs.
La commission a alors
adopté ces deux amendements
puis les
crédits de
la santé, de la solidarité et de la
ville ainsi réduits
.
II. AUDITION DU MINISTRE DE L'EMPLOI ET DE LA SOLIDARITÉ ET DU SECRÉTAIRE D'ÉTAT À LA SANTÉ
Réunie le 20 novembre sous la présidence de
M. Christian Poncelet, président, la commission des finances a
procédé à l'audition de
Mme Martine Aubry,
ministre de l'emploi et de la solidarité.
Le ministre a rappelé tout d'abord que la progression de ces
crédits était de 3,6 % pour l'emploi, de 4,4 % hors
budget des charges communes.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a ensuite insisté sur le fait que le budget de l'emploi pour 1998
constituait, à ses yeux, un budget de rupture par rapport à la
démarche traditionnelle du ministère du travail, centrée
sur le traitement et l'accompagnement social du chômage. Elle a
insisté sur deux mesures pour illustrer ce tournant vers une politique
offensive de l'emploi : la création d'activités et d'emplois
nouveaux pour les jeunes et la réduction de la durée du travail.
S'agissant des emplois jeunes,
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi
et de la solidarité,
a estimé que le dispositif permettait de
passer de la logique des contrats aidés à une logique
économique, ces emplois ne devant pas concurrencer des emplois
préexistants du secteur privé ni du secteur public.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
rappelé que 8,35 milliards de francs étaient ouverts pour
les emplois-jeunes en 1998, dont 300 millions de francs affectés
aux départements d'outre-mer, et que cette enveloppe avait
été précédée par l'ouverture de
2 milliards de francs par décret d'avance en juillet dernier. Elle
a rappelé également que la loi du 16 octobre 1997
créait aussi un dispositif d'encouragement des jeunes à la
création d'entreprises, sous forme d'une avance remboursable assortie
d'un suivi pendant les trois premières années.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a ensuite présenté l'orientation du budget de 1998 vers la
réduction du temps de travail, le Gouvernement s'étant
engagé sur le passage aux 35 heures au 1er janvier 2000, pour
les entreprises de plus de 10 salariés ; l'Etat accompagnera
le mouvement et aidera les entreprises à l'anticiper par une incitation
sous forme d'abattement forfaitaire de cotisations sociales, que la loi
d'orientation et d'incitation mettra en place. Dans cette perspective, une
provision de 3 milliards de francs est constituée, sans être
individualisée, à l'intérieur des 43,2 milliards de
francs inscrits aux crédits des charges communes sur la ligne de
l'allégement de cotisations sur les bas salaires, cette provision
permettant de financer le passage aux 35 heures pour environ
1 million de salariés, au fil des accords de branches ou
d'entreprises.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a précisé que cette provision s'ajouterait à
l'enveloppe de 2,14 milliards de francs destinée à financer
la loi "de Robien", soit 1,3 milliard de francs de plus que la
dotation
1997.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a ensuite souligné que les dispositifs traditionnels de traitement
social du chômage étaient replacés dans une perspective de
prévention et de lutte contre les exclusions. Ainsi, les contrats
emploi-solidarité (CES) seront maintenus au niveau de
500.000 entrées et seront réservés aux personnes les
plus défavorisées ; les contrats consolidés à
l'issue d'un CES seront renforcés de 50 % afin d'aider notamment
les chômeurs âgés qui ont peu de chances de se
réintégrer dans un emploi classique. Les emplois de ville
devraient être englobés par les emplois-jeunes, et lorsque cette
conversion ne sera pas possible, ils pourront se poursuivre jusqu'à
terme : 414 millions de francs de crédits sont prévus
à cette fin dans le budget de 1998.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a insisté sur le moyens affectés aux personnes les plus
touchées par le chômage : au total, 484 millions de
francs, en hausse de 6 % sont consacrés à l'insertion par
l'économique à raison de 349 millions de francs sur le
budget de l'emploi et 135 millions de francs sur le budget de la
solidarité pour l'accompagnement social nécessaire à ces
publics.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
s'est félicitée de ce que les contrats initiative-emploi
aient été recentrés par le Gouvernement
précédent sur les publics prioritaires :
200.000 entrées sont prévues en 1998, ce qui correspond au
niveau atteint cette année, même si les crédits
nécessaires diminuent fortement (13,2 milliards de francs contre
17,9 milliards de francs budgétés en 1997), car le freinage
des entrées 1997 se répercute sur le coût 1998.
Enfin,
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la
solidarité,
a rappelé que la capacité d'accueil dans
les stages collectifs pour les chômeurs de longue durée serait
portée à 160.000 places, soit 30.000 places de plus
qu'en 1997.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a souligné que les préretraites ne devaient plus être
l'instrument prioritaire des restructurations des entreprises alors que les
préretraites progressives, moins coûteuses pour la
collectivité, étaient maintenues au même niveau qu'en 1997.
En revanche, la contribution des grandes entreprises aux préretraites
serait augmentée, de façon à cibler les mesures sur les
entreprises en difficulté, les petites entreprises, les régions
en crise, et à porter la part des préretraites de 80 %
à 30 % dans les instruments des plans sociaux.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a aussi insisté sur l'extension de l'allocation de remplacement pour
l'emploi, auquel le Gouvernement contribuera à hauteur de 40 %
dès lors que les partenaires sociaux auront conclu des
négociations au niveau interprofessionnel ou par branche, et aussi sur
les 8,115 milliards de francs prévus dans le budget de 1998, qui
permettront à la fois de couvrir une revalorisation
générale de l'allocation de solidarité spécifique
et une majoration spéciale pour les allocataires ayant validé
40 annuités de cotisations.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a ensuite abordé la problématique de l'allégement du
coût du travail en reconnaissant que la lourdeur des charges sociales sur
les bas salaires constituait un véritable problème. Dans un
contexte où l'importance du coût par poste de travail
s'avère difficile à chiffrer, l'enveloppe consacrée
à la ristourne dégressive est maintenue à
40 milliards de francs en 1998. La principale mesure qui permet de tenir
dans cette enveloppe est la proratisation de l'exonération pour les
emplois à temps partiel. La deuxième mesure ramène le
plafond d'exonération de 1,33 à 1,30 SMIC, l'effet de
cette mesure sur le montant en francs de l'exonération étant
atténué par la revalorisation du SMIC de 4 % intervenue en
juillet 1997.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a souligné que par ailleurs le basculement des cotisations
d'assurance maladie sur la contribution sociale
généralisée (CSG) contribuerait à
l'allégement des charges sociales et que le Gouvernement étudiait
la voie de l'élargissement de l'assiette des cotisations patronales.
Par ailleurs,
Mme Martine Aubry
a rappelé que la France
était contrainte de mettre fin au plan spécifique
d'allégement de charges pour le secteur textile-habillement,
condamné par la commission de Bruxelles, et que le Gouvernement
s'efforçait d'aménager l'obligation de remboursement des aides
perçues à ce titre ; toutefois, l'application du plan
pourrait être poursuivie en 1998 dans les limites autorisées dans
le cadre de la règle de minimis, c'est-à-dire à hauteur de
650.000 francs par entreprise sur trois ans.
S'agissant des exonérations applicables dans les zones de
redynamisation urbaine et de revitalisation rurale et dans les zones franches,
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a rappelé qu'elles avaient été maintenues, dans leur
principe, pour les zones franches jusqu'à l'établissement d'un
bilan du pacte de relance pour la ville.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a ensuite présenté les crédits de la formation
professionnelle : à champ constant, c'est-à-dire en
rétablissant dans le budget de l'emploi les primes des contrats
d'apprentissage qui figuraient aux charges communes, les crédits de la
formation professionnelle augmentent de 2 %, avec un montant de
24,5 milliards de francs, dont la moitié pour les contrats en
alternance ; si l'on y ajoute le financement des formations de
l'association pour la formation professionnelle des adultes, composé de
la subvention de l'Etat et des rémunérations des stagiaires, le
budget de la formation professionnelle est porté à
30 milliards de francs, soit 27 % des 112,6 milliards de francs
du budget de l'emploi, hors budget des charges communes.
Mme Martine
Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a insisté
sur la nécessité de développer la formation en alternance,
le nombre des jeunes actifs de moins de 26 ans diminuant
régulièrement dans les entreprises.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a rappelé que le nombre de contrats d'apprentissage prévus
dans le budget 1998 était porté de 220.000 à 240.000, les
contrats de qualification étant ramenés au niveau de la tendance
réelle de 1997, soit 100.000 contre 130.000 prévus en 1997, la
faiblesse de ces contrats étant au demeurant préoccupante.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a indiqué qu'elle souhaitait entreprendre une remise à plat
des circuits de financement de la formation, ainsi que de son contenu et de ses
objectifs.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité
, a
ensuite présenté le budget de la santé, de la
solidarité et de la ville pour 1998 qui s'élève à
73,2 milliards de francs, en augmentation de près de 3 %. La
première priorité de ce budget est d'assurer pleinement la
mission de protection des plus fragiles : cette priorité est au
centre de l'aide sociale de l'Etat et des programmes d'action sociale
confiés aux associations. Ce bloc de crédits regroupe
20 milliards de francs sur les 63,7 milliards de francs du budget de
la solidarité. Le budget prévoit la création de
2.000 places supplémentaires de centres d'aide par le travail
(CAT), pour un montant de 135 millions de francs, auxquelles il faut
ajouter les 500 places d'ateliers protégés
créées sur le budget de l'emploi. Les centres d'aide par le
travail représentent 6 milliards de francs sur les
10,5 milliards de francs de l'aide sociale de l'Etat.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la
solidarité
, a estimé que la progression de l'allocation aux
adultes handicapés était préoccupante : elle a
conduit à inscrire 23,4 milliards de francs à ce titre, en
hausse de 5 % sur les 22,3 milliards de francs de 1997. Une mission
d'analyse de la politique d'attribution et du fonctionnement des COTOREP vient
donc d'être confiée à l'inspection générale
des affaires sociales et à l'inspection des finances. Par ailleurs, les
crédits de l'aide sociale, ajustés en hausse de 29 millions
de francs sont portés à 350 millions de francs et la
dotation de 807 millions de francs pour l'aide médicale permet
d'apurer des dettes auprès des fournisseurs de soins, dans l'attente de
l'assurance maladie universelle.
S'agissant des mesures de tutelles décidées par les juges, dont
l'Etat doit honorer le financement, une mission d'enquête a
été lancée pour mieux cerner le sujet :
80 millions de francs supplémentaires portent la dotation de 1998
à 515 millions de francs, afin d'apaiser les craintes des
associations tutélaires. La baisse des crédits inscrits pour 1998
pour les objecteurs de conscience qui représentait 118 millions de
francs contre 201 millions de francs en 1997, s'explique par la diminution
rapide du nombre de jeunes appelés sollicitant le bénéfice
du statut d'objecteur dans la perspective de la suppression de la conscription.
Concernant les personnes âgées,
Mme Martine Aubry,
ministre de l'emploi et de la solidarité
, a signalé que les
227 millions de francs de crédits du titre VI affecté
à l'humanisation des hospices permettaient d'envisager, en 1999, le
terme de ce plan commencé il y a plus de 20 ans.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la
solidarité
, a souligné que la prise en charge des personnes
âgées dépendantes était un sujet majeur, qui devait
être traité dans son ensemble : l'augmentation du nombre de
lits en cure médicale et en long séjour et la
réorganisation de la tarification en sont des éléments
essentiels. S'agissant des modes de garde à domicile, le comité
national de gérontologie sera bientôt réuni pour faire un
bilan de la mise en place de la prestation spécifique dépendance,
qui se traduit aujourd'hui par des différences de traitement sur le
territoire national.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité
, a
ensuite estimé nécessaire d'envisager la réforme de loi de
1975 sur les institutions sociales et médico-sociales, afin d'assurer
une plus grande égalité sur le territoire.
S'agissant de la future loi cadre sur l'exclusion,
Mme Martine Aubry,
ministre de l'emploi et de la solidarité
, a précisé
qu'une provision de 225 millions de francs inscrite au budget des charges
communes en constituait un premier élément.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité
, a
ensuite rappelé que la hausse de 4,5 % de la dotation du revenu minimum
d'insertion d'environ 25,3 milliards de francs, était à la
fois ajustée aux besoins estimés et cohérente avec la
mobilisation des dispositifs d'insertion, et que 500 places
supplémentaires de centres d'hébergement et de
réadaptation sociale seraient financées en 1998, ces centres
devant être désormais ouverts toute l'année.
S'agissant de l'accueil et l'intégration des populations
étrangères,
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de
la solidarité
, a rappelé que l'essentiel des moyens
était porté par le budget des établissements publics,
l'office pour les migrations internationales et surtout le fonds d'accueil
social, qui seraient utilisés pour l'insertion en France mais aussi, le
cas échéant une aide au retour pour les étrangers non
régularisés.
S'agissant de la politique de la ville,
Mme Martine Aubry, ministre de
l'emploi et de la solidarité
, a rappelé que serait
lancée au début de l'année prochaine une loi cadre de
lutte contre les exclusions. Le total des moyens affectés à la
politique de la ville en 1998 se monte à 15 milliards de francs,
soit 1 milliard de plus qu'en 1997.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité
, a
estimé que cette politique devrait être réexaminée
en s'interrogeant sur l'utilité des crédits et l'adaptation des
procédures ; 1998 étant la dernière année des
contrats de ville, un bilan des contrats de ville et du pacte de relance sera
établi en 1999, ce qui justifie un budget de continuité pour 1998.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité
, a
ensuite évoqué l'action en faveur des droits des femmes :
l'égalité des droits entre les femmes et les hommes
n'étant pas acquise, qu'il s'agisse de l'accès à l'emploi,
de la formation et des salaires, il est nécessaire de les promouvoir,
avec l'appui de l'Etat. Tel est l'objet des 72 millions de francs
consacrés au soutien des initiatives et des mouvements qui s'emploient
à défendre l'égalité des droits, la parité
dans la vie politique et la vie publique, ainsi que les droits propres comme
l'accès à la contraception et à l'interruption volontaire
de grossesse.
S'agissant enfin des moyens du service public de l'emploi et de
l'administration sanitaire et sociale,
Mme Martine Aubry
a
rappelé que les mesures essentielles du budget de 1998 concernaient le
personnel et correspondaient à deux priorités, la
résorption de l'emploi précaire et le renforcement de
l'encadrement pour lesquels il a été dérogé
à la norme de stabilité des effectifs prescrite en 1998 : on note
en effet la création nette de 369 emplois budgétaires, 199 du
côté solidarité, 170 du côté emploi,
auxquelles il faut y ajouter les 70 créations d'emplois
autorisées à l'agence nationale pour l'emploi, qu'elle financera
à l'intérieur de l'enveloppe de subvention de fonctionnement.
M. Alain Lambert, rapporteur général
, a admis la
proratisation de l'exonération de charges au titre du travail à
temps partiel, mais s'est inquiété de la façon dont les
entreprises réagiraient à la diminution de l'exonération
sur les bas salaires. Il a, par ailleurs, souhaité savoir si le
Gouvernement envisageait de prolonger les contrats de ville jusqu'en 1999.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité
, a
fait valoir que le volume global de la ristourne dégressive sur les bas
salaires serait maintenu à 40 milliards de francs pour 1998,
l'abaissement du seuil de 1,33 SMIC à 1,30 SMIC étant
compensé par l'effet volume de la hausse du SMIC. Elle a estimé
que ce système coûteux constituait une trappe à bas
salaires et générait d'importants effets de seuil, mais qu'il
devait être maintenu dans l'immédiat faute de meilleure solution.
Elle a considéré que la modification marginale qui lui serait
apportée n'aurait pas d'effet au niveau micro-économique sur les
comportements des entreprises, et a souligné la nécessité
d'aller plus loin dans l'allégement des charges sur les bas salaires,
notamment par une réforme de l'assiette des cotisations sociales
patronales et de la taxe professionnelle. Elle a assuré que, si
l'expérience du contrat de ville apparaissait plus fructueuse, celle-ci
serait prolongée en 1999, et qu'il n'y aurait pas de rupture des
engagements de l'Etat en toute hypothèse. Elle a ajouté qu'une
véritable déconcentration des crédits lui paraissait
nécessaire en la matière.
M. Jacques Oudin
,
rapporteur spécial des crédits
de la santé et de la solidarité,
s'est félicité
de l'approche rigoureuse du ministre sur le revenu minimum d'insertion (RMI) et
l'allocation aux adultes handicapés (AAH), qui sont deux postes de
dépenses en forte progression et constituent l'essentiel de ce budget.
Il a estimé nécessaire de réviser ces dispositifs et utile
de solliciter l'éclairage de la Cour des Comptes. Relevant la
progression continue du nombre de places dans les centres d'aide par le travail
(CAT), il a souhaité savoir quel était l'objectif poursuivi. Il
s'est enfin déclaré inquiet du démembrement des
compétences de l'administration sanitaire résultant de la
multiplication des agences et des offices dans ce secteur.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité
, a
indiqué que la hausse du revenu minimum d'insertion était
très directement liée au reprofilage de l'allocation
supplémentaire de solidarité intervenu en 1997. Elle a
estimé souhaitable une diminution du nombre des allocataires du RMI, par
une relance des dispositifs d'insertion. Elle a constaté que le
resserrement des critères d'attribution de l'AAH en 1995 n'avait eu
aucun effet, les COTOREP continuant de l'accorder très largement. Elle a
estimé opportun de recentrer l'AAH sur les véritables
handicapés. Elle a rappelé avoir été à
l'origine en 1991 de la première programmation sur cinq ans des places
en CAT, mais que "l'amendement Creton" avait entre temps perturbé ces
prévisions. Elle a estimé qu'il existait d'autres solutions que
la multiplication des places, notamment le développement du travail
à mi-temps dans les CAT et de celui de l'emploi en milieu ordinaire.
Elle a fait valoir que la création prochaine des agences de veille et de
sécurité sanitaires répondrait à un vrai besoin,
mais que d'une façon générale, elle était
opposée à la dilution des responsabilités et
préférait disposer de directeurs d'administration centrale forts
plutôt que d'une multitude de délégués
spécialisés.
M. Emmanuel Hamel, rapporteur spécial des crédits de
l'emploi
, a souhaité connaître l'appréciation du
ministre sur les résultats obtenus par l'agence nationale pour l'emploi
(ANPE) et l'agence pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) dans le
cadre des contrats de progrès. Il a également souhaité
connaître la justification de la diminution du nombre des contrats de
formation en alternance et des contrats initiative emploi en 1998. A l'inverse,
il s'est demandé si l'objectif de 150.000 emplois jeunes dans le
secteur public en 1998 ne risquait pas d'être dépassé. Il a
enfin souhaité savoir quel résultat le ministre espérait
des incitations à la réduction collective du temps de travail.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité
, a
indiqué que l'AFPA avait beaucoup progressé sur la qualité
de l'accueil et la gestion de son personnel, conformément à ses
engagements dans le cadre du contrat de progrès. Elle a
précisé que l'AFPA, qui avait eu tendance à
empiéter sur le marché concurrentiel de la formation, avait
été recentrée sur ses missions de service public en faveur
des demandeurs d'emplois et des publics les plus fragiles. Elle a
néanmoins estimé que des progrès pouvaient encore entre
être réalisés dans la coordination entre l'AFPA et l'ANPE.
S'agissant de cette dernière, le ministre a indiqué que l'agence
avait bien réussi son recentrage en direction des entreprises, puisque
désormais 40 % des offres d'emplois sont déposées
à l'ANPE et que les employeurs reconnaissent la qualité du
travail de présélection des candidatures que celle-ci
réalise pour leur compte. Néanmoins, elle a estimé que
l'ANPE devait encore progresser dans le traitement individualisé des
chômeurs.
Le ministre a justifié la baisse de 25 % du nombre de contrats
initiative-emploi par le recadrage du dispositif sur les publics les plus en
difficulté, et indiqué que le nombre de contrats
emploi-solidarité serait maintenu au niveau atteint en 1997, au moins
jusqu'au bilan qui sera réalisé en juin 1998.
S'agissant de la réduction de la durée du travail, elle s'est
déclarée convaincue que les entreprises se saisiraient de
l'opportunité qui leur était offerte lorsqu'elles auraient pris
conscience des souplesses de la loi. A cet égard, elle a estimé
que la réalité des réactions des entreprises sur le
terrain était très différente de la position de la
confédération nationale du patronat français (CNPF). Elle
a fait valoir que des inquiétudes comparables avaient été
exprimées à propos de la loi de Robien, qui est désormais
un succès reconnu, et s'est déclaré optimiste sur la
nouvelle étape proposée car les entreprises ont toujours
intérêt à repenser leur organisation du travail.
Le ministre a affirmé que le nombre de 150.000 emplois-jeunes ne
serait pas dépassé en 1998, car elle avait donné des
instructions pour que les préfets soient très fermes sur les
critères d'accès au dispositif et n'y admettent que des emplois
pérennes. Elle a fait valoir l'expérience réalisée
à Lille, où la part du financement de la municipalité pour
des emplois de ce type avait pu être réduite de 80 % à
35 % en trois ans.
M. Philippe Adnot
, après avoir pris acte du maintien global
du nombre des contrats emploi-solidarité, a néanmoins
constaté que, dans son département, ceux-ci étaient en
réduction sensible. Il s'est déclaré entièrement
d'accord avec l'analyse du ministre sur les préretraites, estimant
néfaste de donner aux entreprises un accès trop facile à
ce dispositif, alors que bien d'autres solutions existent. Il s'est
inquiété de l'impact de la réduction des
exonérations de charges sociales sur la compétitivité des
entreprises, et a estimé que l'on faisait un mauvais procès aux
conseils généraux qui cherchent à s'assurer de la
réalité de l'aide aux personnes handicapées
financée par l'allocation compensatrice pour tierce personne.
Mme Maryse Bergé-Lavigne
, évoquant le sommet
européen sur l'emploi, a estimé qu'après la
réalisation de l'euro et du marché unique pour les marchandises,
le prochain chantier était celui de l'harmonisation sociale
européenne. Elle a regretté qu'il n'y ait toujours pas de statut
de la société européenne, et a fait part des
inquiétudes des salariés du consortium Airbus, dans la
perspective de la transformation de celui-ci en société.
M. Marc Massion
s'est félicité de la progression des
crédits en faveur des entreprises d'insertion, tout en espérant
que celles-ci n'auraient plus à souffrir de retard dans le versement de
leurs subventions et en regrettant qu'elles n'aient pas accès aux
dispositifs d'exonération de cotisations sociales.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité
,
s'est étonnée de la diminution des contrats
emploi-solidarité observé par M. Philippe Adnot dans son
département, et a supposé que cela tenait peut-être
à l'épuisement du contingent attribué au préfet.
Elle a estimé que l'ajustement de la ristourne dégressive sur les
bas salaires n'aurait pas d'effet sensible au niveau de chaque entreprise, et
s'est déclarée convaincue qu'à la fin de 1998 le volume
global des allégements de charges sociales serait supérieur
à celui de 1997, du fait de l'incitation à la réduction du
temps de travail.
Le ministre a estimé parfaitement normal que les départements
contrôlent l'effectivité de l'aide financée par
l'allocation compensatrice pour tierce personne, mais a constaté que,
pour l'instant, la loi ne leur permettait pas de le faire. D'une façon
plus générale, elle a considéré que les aides aux
personnes handicapées et aux personnes âgées devaient
être revues au regard des progrès de la longévité. A
cet égard, elle a fait valoir que le grand progrès apporté
par la prestation spécifique dépendance résidait dans la
mesure précise du handicap et dans la proportionnalité de l'aide
en fonction de ce handicap. Elle a estimé que les aides publiques
devraient être attribuées selon les deux critères de la
dépendance physique et de la dépendance financière, les
solidarités familiales devant jouer pleinement.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité
,
s'est déclarée en parfait accord avec l'analyse de M. Marc
Massion sur les entreprises d'insertion et a regretté que celles-ci ne
puissent pas bénéficier des exonérations de charges
offertes aux entreprises classiques pour l'embauche de chômeurs de longue
durée. Elle a jugé nécessaire de simplifier les statuts
des différents types d'entreprises d'insertion, et d'introduire une
"clause sociale" dans les procédures de marché public afin de
rétablir une égalité de concurrence entre celles-ci et les
entreprises ordinaires.
Elle a affirmé que le sommet pour l'emploi serait une grande date pour
la construction européenne, et que les Gouvernements devaient enfin
reconnaître la nécessité d'efforts convergents pour
réduire le chômage, sauf à discréditer l'Europe
auprès des opinions publiques. Elle a estimé qu'il convenait de
faire preuve de la même détermination contre le chômage que
pour la rigueur monétaire et budgétaire. Elle s'est
déclarée convaincue de la nécessité d'examiner en
même temps le coût et la durée du travail. Elle a fait
valoir que le modèle européen commun n'était certainement
pas le libéralisme dérégulé, car chacun des Etats
membres reconnaît qu'il n'est pas possible de progresser
économiquement avec des salariés en situation précaire,
même si les entreprises ont par ailleurs impérativement besoin de
souplesse.
M. Guy Cabanel
a estimé que la loi de 1985 sur la formation
professionnelle et l'apprentissage n'avait eu que très peu d'effets, et
que la France aurait eu intérêt à s'inspirer du
modèle allemand, même si celui-ci apparaissait aujourd'hui en
perte de vitesse. Après avoir rappelé la baisse d'activité
préoccupante dans le secteur du thermalisme, il a fait valoir que cette
thérapeutique n'était certainement pas dépassée
dans toutes les disciplines et s'est inquiété qu'aucune
décision ne soit prise à l'approche de la prochaine saison
thermale. Evoquant la prestation spécifique dépendance, il a fait
valoir qu'il ne s'agissait que d'un dispositif transitoire, encore incomplet en
l'absence de réforme de la tarification des établissements, et a
mis en garde contre l'égalitarisme qui conduit à critiquer la
disparité des efforts consentis par des départements aux
ressources très variables.
M. Michel Moreigne
s'est déclaré favorable à
une majoration du minimum vieillesse, notamment en faveur des artisans,
commerçants et agriculteurs.
M. Jacques Chaumont
s'est inquiété des pratiques
d'une minorité de médecins qui accordent des arrêts de
travail de complaisance, ainsi que de la diminution des contrats
emploi-solidarité dans le secteur sanitaire.
M. Gérard Miquel
a regretté que les entreprises
d'insertion, en dépit de leurs efforts méritoires, ne parviennent
que très rarement à rompre pour leur personnel le cercle des
contrats aidés, du chômage et du RMI.
M. François Trucy
s'est interrogé sur les raisons ayant
conduit le Gouvernement à desserrer le frein mis à la croissance
des dépenses d'assurance maladie, et s'est inquiété du
niveau des prix des appareillages médicaux.
M. Yvon Collin
s'est inquiété de la progression de
la toxicomanie, contre laquelle ni la prévention ni la répression
ne semblaient avoir d'effet, et qui touchaient désormais même les
communes rurales.
M. Roland du Luart
a estimé indispensable que des directives
soient adressées aux COTOREP afin que celles-ci fassent preuve de plus
de rigueur, et surtout harmonisent leurs pratiques à travers l'ensemble
du pays.
En réponse aux intervenants précédents,
M. Bernard Kouchner
, secrétaire d'Etat à la
santé, a rappelé que le seul Premier ministre qui avait
cherché à transposer en France le modèle allemand
d'apprentissage était Mme Edith Cresson, sans grand succès.
Il a considéré que le thermalisme n'était pas
menacé, même si son efficacité n'est pas prouvée
pour toutes les spécialités. Il a fait valoir que la
réforme de la tarification des établissements accueillant des
bénéficiaires de la prestation spécifique
dépendance se heurtait à l'invraisemblable opacité des
pratiques actuelles.
S'agissant de la revalorisation du minimum vieillesse, il a rappelé que
le Gouvernement avait déjà fait un effort en faveur des veuves et
des agriculteurs, et a estimé difficile d'aller plus loin dans
l'immédiat.
S'agissant des arrêts de travail de complaisance, il a
considéré que les médecins étaient pris en otage
par le système de rémunération à l'acte, qui les
contraint à accorder les arrêts demandés, sauf à
perdre leur clientèle. Il a souligné que le contrôle en la
matière était de la responsabilité des caisses d'assurance
maladie, et que les abus provenaient également des employeurs qui
utilisent les arrêts de travail de longue durée pour
écarter certains salariés qu'ils ne veulent pas licencier dans
les règles.
S'agissant de la progression de l'objectif national d'assurance maladie, le
secrétaire d'Etat l'a justifiée par la situation des
hôpitaux, qui se sont trouvés étranglés par la
rigueur de l'objectif fixé l'an dernier. Il a néanmoins
affirmé que le Gouvernement continuait dans la voie de la réforme
hospitalière, et avait notamment relancé la procédure des
schémas régionaux d'organisation sanitaire qui serviront aux
agences régionales de l'hospitalisation pour répartir les
dotations entre les établissements.
S'agissant de la toxicomanie, il a estimé qu'il convenait à la
fois de diminuer le nombre de toxicomanes, de limiter les conséquences
néfastes pour les personnes concernées, et surtout de
contrôler les aspects économiques du marché de la drogue,
ce qui impliquait une action européenne et même mondiale. Il a
souligné qu'il convenait de bien distinguer le simple usager de drogue
du toxicomane, et d'informer aussi bien sur les toxiques légaux
qu'illégaux. Il s'est inquiété de la consommation massive
de psychotropes en France, qui est de l'ordre de 18 millions de
boîtes par mois, car ces drogues légales et remboursées par
la sécurité sociale semblent très largement
associées aux accidents de la route. Il a estimé que l'absence de
toute distinction au regard du droit pénal entre drogue douce et drogue
dure méritait d'être débattue et que la prison ne
constituait en aucun cas une solution, même s'il convenait de maintenir
un interdit.
Réunie le 19 novembre 1997 sous la présidence de
M. Christian Poncelet, président,
la commission des finances a
adopté les crédits de la santé, de la solidarité et
de la ville, réduits par deux amendements portant sur les titres III et
IV.