2. Il reste essentiel que la France maintienne son aide publique au développement à un niveau significatif
La dépense de coopération est d'abord utile
pour les pays qui en sont les destinataires.
Elle a sans doute beaucoup contribué à l'amélioration de
l'état sanitaire des populations africaines, amélioration
constatée aussi bien par le Centre international de l'enfance, que par
l'organisation mondiale de la santé (OMS) et le programme des Nations
Unies en faveur du développement (PNUD).
Ainsi, pour ne prendre que quelques exemples, l'espérance de vie
à la naissance est passée de 36 ans dans les années
1950-1955 à 44 ans dans les années 1970-1975 pour atteindre 50
ans dans les années 1990-1995. Ces progrès s'expliquent par une
couverture vaccinale plus étendue, l'efficacité accrue des
systèmes de santé et une transition démographique bien
engagée.
Le rapport mondial du PNUD sur le développement humain (1997) note des
progrès importants pour l'accès à l'eau potable et la
diminution du taux d'analphabétisme chez les adultes. Dans chacun des
cas analysés, l'aide extérieure et l'aide française en
particulier, ont eu un effet bénéfique. La production
cotonnière associée aux cultures vivrières en fournit la
meilleure preuve, tout comme les infrastructures de transport. Sans ces apports
de financement et d'expertise, il est probable que la situation aurait
empiré.
Par ailleurs, l'Afrique est plus que jamais présente dans le domaine
culturel. Des artistes et des créateurs africains ont acquis une
renommée internationale dans presque toutes les disciplines. Avec l'aide
de la coopération française, le patrimoine culturel, historique
et archéologique africain est valorisé et porté à
la connaissance des africains. Sa diffusion et sa promotion hors du continent
contribuent à améliorer l'image de l'Afrique.
Malgré l'ampleur des progrès qui restent à accomplir dans
de nombreux secteurs, on peut considérer que l'APD fournie par le
secrétariat d'État à la coopération a
contribué à répondre à des besoins exprimés
par les pays du champ, notamment les pays africains et, au niveau
macro-économique, ses effets sont jugés positifs. L'aide publique
a donc été utile.
Cependant, la persistance de conflits intérieurs affectant certains
États africains, les risques climatiques et sanitaires (VIH-SIDA...) et
l'existence de populations vivant des situations de grande pauvreté
prouvent que nombre de pays dépendent encore dans une large mesure de
l'aide extérieure. L'aide publique reste donc très utile.
Mais la dépense en faveur de la coopération est
également riche de retombées pour la France, aussi bien en termes
politiques qu'économiques.
L'aide bilatérale étant en partie liée, on peut
considérer que son taux de retour est au moins égal à un.
Le rapport du Conseil économique et social sur le développement
du Tiers-Monde et la croissance française prouve que l'aide et les
échanges commerciaux avec les pays en développement sont
bénéfiques pour l'économie française aussi bien
pour la balance commerciale que pour les créations d'emploi.
Par ailleurs, selon un rapport du ministère des affaires
étrangères, l'aide française multilatérale
connaît des taux de retour commerciaux "
en rapport avec le rang
économique de la France
".
Les retombées politiques de l'aide multilatérale sont
jugées "
très satisfaisantes dans la mesure où nous
avons jusqu'ici réussi à faire largement prévaloir nos
vues sur la priorité aux pays les moins avancés et en particulier
l'Afrique sub-saharienne
".
Les votes à l'ONU, quand la France a été mise en cause,
par exemple lors de la reprise des essais nucléaires à Mururoa,
ou lorsque notre pays fait des propositions d'action ou encore soutient
certaines positions, prouvent la fidélité de la grande
majorité des pays bénéficiaires de l'aide
bilatérale. La même constatation vaut aussi pour des enjeux
permanents tels que la Francophonie.
La dépense en faveur de la coopération est donc utile pour les
retombées qu'elle apporte à la France et, au-delà de la
fierté légitime que l'on peut éprouver à
l'égard de la générosité de notre pays à
l'égard des pays en voie de développement, il faut
également considérer que la coopération a des
retombées tout à fait bénéfiques pour notre pays.
A cet égard, votre rapporteur se félicite du fait que les
crédits du FAC augmentent. En effet, cet instrument joue un rôle
particulièrement important dans la gestion de l'aide-projet. Or, les
crédits qui lui étaient affectés avaient malheureusement
atteint un niveau en deçà duquel il n'était pas
souhaitable de descendre.