CHAPITRE II :

LES PERSPECTIVES POUR 1998 DES ADMINISTRATIONS CENTRALE ET TERRITORIALE

I. L'EVOLUTION DES CRÉDITS DE L'ADMINISTRATION GENERALE ET DE L'ADMINISTRATION TERRITORIALE

A. LES CRÉDITS DE L'ADMINISTRATION CENTRALE PROGRESSENT

Cet agrégat regroupe :

- les moyens de fonctionnement des services de l'administration centrale et des services centraux délocalisés (hors police et sécurité civile) ;

- les crédits de fonctionnement consacrés à l'action sociale et à la formation (hors police), aux cultes, aux contentieux, aux élections et à la recherche.

Les crédits de l'administration centrale s'établissent à 16,8 milliards de francs dans le projet de loi de finances pour 1998, en progression de 11,1 %. Le montant de ces crédits comme leur taux de progression sont trompeurs. En effet, 85 % des sommes concernées échappent au contrôle du ministère de l'intérieur, et l'augmentation n'est plus de 3,4 % une fois retranchées les dépenses électorales.

1. Le poids écrasant des charges de pensions

Les crédits de l'administration générale sont composés à plus de 70 % par les sommes consacrées à la " Participation du ministère de l'intérieur aux charges du fonds spécial des ouvriers de l'Etat " et à la " Participation aux charges de pensions ". Ces crédits, qui figurent aux chapitres 32-92 et 32-97, sont respectivement dotés de 61,3 millions et 13 milliards de francs. Ils correspondent à la part patronale du ministère de l'intérieur pour le financement des retraites de ses fonctionnaires.

Ces crédits ne font que transiter par le ministère de l'intérieur et sont, chaque année, transférés en début d'exercice vers le budget des charges communes.

2. L'augmentation inévitable des dépenses électorales

Les crédits servant à financer les consultations électorales sont inscrits au budget de l'administration centrale du ministère de l'intérieur. Par conséquent, la courbe de l'évolution du chapitre 37-61 est accidentée et dessinée par le calendrier électoral.

Le projet de loi de finances pour 1997 avait inscrit 25 millions de francs à ce chapitre, de manière à financer les élections partielles. Les élections législatives anticipées ont été en partie financées par 495 millions de francs ouverts par le décret d'avances du mois de juillet 1997, et figureront dans le projet de loi de finances rectificative pour 1997 qui sera discuté au Parlement au mois de décembre 1997.

A l'inverse de 1997, 1998 sera une année électorale chargée. Par conséquent, le projet de loi de finances a inscrit 1,3 milliards de francs au chapitre 37-61. Cette enveloppe servira à financer :

- le solde des élections législatives générales de 1997 pour 230 millions de francs ;

- les élections sénatoriales générales pour 13 millions de francs ;

- les élections cantonales générales pour 427 millions de francs ;

- les élections régionales générales pour 554 millions de francs ;

- les élections partielles pour 36 millions de francs ;

- les dépenses communes aux différents scrutins pour 40 millions de francs.

Le passage de 25 millions à 1,3 milliards de francs des dépenses électorales permet aux crédits de la sécurité d'afficher une progression de 3,6 %. Hors dépenses électorales, ce taux n'est plus que de 1,06 %

3. Une évolution des crédits plutôt favorable

Une fois retranchées les sommes commentées ci-dessus, les crédits de l'administration générale s'élèvent à 2,55 milliards de francs, soit 5 % du total des crédits de la sécurité.

Hors dépenses électorales, ils augmentent de 3,4 % par rapport à 1997. Ce taux est supérieur à celui de la progression des dépenses du ministère de l'intérieur (hors élection), qui est de 1,06 %

a) Les dépenses de personnel

Les dépenses de personnel (rémunérations et indemnités) augmentent de 2,4 %, passant de 825,3 à 855,4  millions de francs.

Cette augmentation est principalement liée à la revalorisation des régimes indemnitaires. le chapitre 31-02 " Administration centrale et services techniques communs " progresse en effet de 10,2 % pour s'établir à 162,2 millions de francs. Au sein de ce chapitre, la plus forte augmentation est celle des services de transmissions.

Les effectifs de l'administration générale seront réduits de 39 unités en 1998. En effet, les 42 créations d'emplois (dont 5 ingénieurs et 1 inspecteur général) s'accompagnent de 81 suppressions (dont 75 agents administratifs de 2ème classe).

b) Les dépenses de fonctionnement

Outre les dépenses électorales, les dépenses de fonctionnement de l'administration générale comprennent :

- les " Frais de contentieux " (chapitre 37-91) qui, s'élèvent à 451,3 millions de francs. Le montant important de cette enveloppe (il est supérieur à celui des moyens de fonctionnement globalisés) sert à financer les dépenses liées au refus de concours de la force publique pour l'exécution des décisions de justice pour environ 300 millions de francs par an, et les dépenses de réparation des dommages imputables à des attroupements ou rassemblements pour de 100 millions de francs par an.

- les " Dépenses informatiques " (chapitre 34-82) qui s'élèvent à 20 millions de francs ;

- les " Frais de réception et de voyages exceptionnels " (chapitre 34-03) pour 17,5 millions de francs ;

- les " Etudes générales " (chapitre 34-98) de l'administration centrale et de la direction générale des collectivités locales pour 4,4 millions de francs ;

- le chapitre 34-01 des moyens de fonctionnement globalisés, qui s'établit à 352,8 millions de francs et connaît une progression de 25 %, soit 70 millions de francs. Cette hausse s'explique par un double mouvement : d'une part, une économie de 20 millions de francs sur l'ensemble des articles et, d'autre part, l'inscription d'un nouvel article 93 " Remboursement à France Télécom : plan d'apurement de la dette " doté de 90 millions de francs.

- les interventions du titre IV (chapitre 41-51) servent à financer les subventions aux administrations des cultes d'Alsace et de Lorraine à hauteur de 5,9 millions de francs.

c) Les dépenses d'investissement

Regroupées au titre V, les dépenses d'investissement de l'administration générale rassemblent :

- les dépenses de recherche scientifique et technique du chapitre 57-09, qui n'était pas doté en 1997, et qui reçoit 2,5 millions de francs en 1998 ;

- les dépenses d'équipement immobilier, qui diminuent en crédits de paiement, passant de 66,5 à 37 millions de francs et augmentent en autorisations de programme de 19 à 38 millions de francs.

- les dépenses d'équipement informatique qui augmentent en crédit de paiement de 18 à 26,5 millions de francs et, contrairement à 1997, sont dotées de 17 millions de francs en autorisation de programme.

B. LES CREDITS DE L'ADMINISTRATION TERRITORIALE DIMINUENT

L'agrégat de l'administration territoriale regroupe l'ensemble des moyens de fonctionnement et d'investissement consacrés aux préfectures, sous préfectures, secrétariats généraux pour l'administration régionale (SGAR), états-majors de zones de sécurité civile (EMZ) et secrétariats généraux des zones de défenses (SGZD). Ces crédits sont déconcentrés à 90 %.

Sa dotation dans le projet de loi de finances pour 1998 s'établit à 6,16 milliards de francs, en baisse de 2,7 %. Cette baisse résulte de la diminution des crédits de deux chapitres :

- les dépenses de fonctionnement et d'entretien des préfectures (chapitre 37-10) qui diminuent de 59,6 millions de francs ;

- les dépenses d'équipement immobilier (chapitre 57-40) qui baissent de 115 millions de francs.

1. Les dépenses de personnel

Elles conservent leur position dominante au sein des crédits de l'administration territoriale avec 67 % du total des dépenses.

Les rémunérations (chapitre 31-11) augmentent de 0,77 %, soit 27 millions de francs et s'établissent à 3,4 milliards de francs. les indemnités passent de 512,2 à 511,2 millions de francs.

Le ministre de l'intérieur a expliqué devant votre commission des finances que " le projet de budget dégage les moyens nécessaires (6,6 MF) pour rendre plus équitable le régime indemnitaire des personnels en harmonisant les indemnités, et mieux prendre en compte les qualifications et les sujétions de certains postes ". Il a justifié cette démarche par la nécessité de réduire les écarts de traitement entre les agents territoriaux de l'Etat et les fonctionnaires des collectivités locales.

Votre rapporteur ne trouve pas de trace de ce mouvement louable dans les documents budgétaires. Au contraire, il constate que les chapitres concernés font l'objet de mesures nouvelles négatives. Il a cependant reçu l'assurance que l'effort indemnitaire en faveur des personnels des préfectures serait effectif en 1998, et gagé par des suppressions d'emplois budgétaires non pourvus, notamment dans l'administration des cultes.

S'agissant des effectifs, l'année 1998 sera marquée par la création de 40 postes d'attachés, gagées par des suppressions d'emplois de catégorie C. La suppression de 10 postes de sous-préfets non pourvus s'inscrit également dans ce mouvement de constitution de gages afin de pouvoir procéder à des réformes sans accroître la dépense budgétaire.

2. La baisse apparente des dépenses de fonctionnement des préfectures

La baisse des crédits de l'administration territoriale provient en grande partie de celle des " Dépenses d'entretien et de fonctionnement " du chapitre 37-10, qui regroupe de manière globalisée les moyens de fonctionnement des préfectures. Les crédits de ce chapitre s'établissent à 1,67 milliards de francs, soit 27% des dépenses d'administration territoriale.

Ce chapitre diminue de près de 60 millions de francs, soit 3,4% par rapport à la dotation pour 1997. La baisse ne conduira pas à une contraction des moyens des préfectures car elle intervient après une progression importante en 1997, provoquée par le transfert sur le chapitre 37-10 d'une enveloppe de 220 millions de francs, destinée à compenser le coût de la suppression de la franchise postale pour le courrier interadministratif. Cette enveloppe s'est avérée supérieure aux besoins, ce qui a permis de réaliser des économies sur ce chapitre en 1998.

3. Les dépenses informatiques

Le ministre de l'intérieur a annoncé devant votre commission des finances qu'" en matière informatique, le projet de budget préserve le financement des projets nouveaux à la même hauteur qu'en 1997, donc aux alentours de 25 MF ".

Les documents budgétaires indiquent que les dépenses de fonctionnement du titre III consacrées à l'informatique s'établissent à 238,3 millions de francs, en baisse de 16,6 millions de francs. S'agissant des dépenses d'équipement informatique du titre V, les préfectures ne seront pas dotées en 1998.

Page mise à jour le

Partager cette page