II. COMPTES SPECIAUX DU TRESOR ET FISCALITÉ AFFECTEE
Les prélèvements obligatoires affectés
aux comptes spéciaux du Trésor connaissent une croissance
sensible.
Les données figurant dans le tableau qui suit rappellent la structure et
l'évolution des prélèvements obligatoires affectés
au financement des comptes spéciaux du Trésor.
Liste des taxes, prélèvements et impositions de toute nature dont le produit est affecté pour tout ou partie aux comptes spéciaux du Trésor (1990 à 1995)
Evolution des prélèvements obligatoires affectés aux CAS entre 1997 et 1998 (en millions de francs) |
||||
Désignation |
Compte spécial bénéficiaire |
1997 |
1988 |
Ecart |
Redevance sur les consommations d'eau |
Fonds national pour le développement des adductions d'eau |
532 |
540 |
+ 1,5 |
Prélèvement sur le produit du Pari mutuel |
Fonds national pour le
développement de la vie
associative
|
24
|
24
|
0
|
Prélèvement sur les sommes misées au loto national |
Fonds national pour le développement du sport |
0 |
0 |
0 |
Prélèvement sur les sommes misées au loto sportif |
Fonds national pour le développement du sport |
0 |
0 |
0 |
Produit de la taxe spéciale sur les débits de boisson et sur les dépenses d'indemnité |
Fonds national pour le développement du sport |
33 |
33 |
0 |
Prélèvement sur les sommes misées sur les jeux de loterie instantanés |
Fonds national pour le développement du sport |
|||
Prélèvement sur les sommes misées sur les jeux exploités en France métropolitaine par la Française des Jeux |
Fonds national pour le développement du sport |
851 |
851 |
0 |
Taxe forestière |
Fonds forestier national |
317 |
300 |
- 5,4 |
Taxe de défrichement des surfaces en nature de bois ou de forêts |
Fonds forestier national |
34 |
32 |
- 5,9 |
Taxe additionnelle au prix des places dans les salles de spectacles de spectacle cinématographique |
Soutien financier de l'industrie cinématographique |
502 |
517 |
+ 3 |
Prélèvement spécial sur les bénéfices résultant de la production, de la distribution ou de la représentation de films pornographiques, d'incitation à la violence |
Soutien financier de l'industrie cinématographique |
0,2 |
0,2 |
|
Contribution "sur-loyers" |
440 |
- 110 |
||
Contribution "1 % logement" |
7.000 |
7.400 |
+ 211,4 |
|
Taxe sur le chiffre d'affaires des chaînes de télévision |
1.695 |
1.810 |
+ 6,8 |
|
Taxe sur les encaissements au titre de la commercialisation des vidéogrammes |
Soutien financier de l'industrie cinématographique |
90 |
93 |
+ 3,3 |
Produit des redevances incluses dans le prix de certains carburants et combustibles liquides |
Fonds de soutien aux hydrocarbures |
188 |
188 |
0 |
Redevance de la télévision |
Compte d'emploi des taxes parafiscales attachées au financement des organismes du service public de la radiodiffusion sonore et de la télévision |
11.638,4 |
12.415,2 |
+ 6,7 |
Redevance sur l'édition des ouvrages de librairie |
Fonds national du livre |
27 |
27 |
0 |
Redevance sur l'emploi de la reprographie |
Fonds national du livre |
78 |
78 |
0 |
Redevance sur les ressources des grands fonds marins |
Fonds pour la participation des PVD aux ressources des grands fonds marins |
|||
Produit de la taxe sur les bureaux |
Fonds pour l'aménagement de l'Ile-de-France |
1.615 |
1.640 |
+ 1,5 |
Produit de la taxe de péréquation des transports aériens |
Fonds de péréquation des transports aériens |
42 |
48,5 |
+ 15,5 |
Produit de la taxe sur les titulaires d'ouvrages hydroélectriques concédés |
Fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables |
890 |
1.690 |
+ 89,9 |
Produit de la taxe sur les concessionnaires d'autoroutes |
Fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables |
2.210 |
2.210 |
0 |
Totaux |
29.566,2 |
31.172,5 |
+ 5,4 |
|
1)
949,2
après adoption de l'article 22 bis du
projet de loi de finances par l'Assemblée nationale
|
Entre 1990 et 1995, les prélèvements
obligatoires affectés aux comptes spéciaux du Trésor
s'étaient accrus de 41,2 % soit un accroissement annuel moyen
soutenu (+ 7,1 %) très supérieur à celui des
prélèvements obligatoires revenant au budget
général.
L'augmentation serait, en 1998, de 5,4 % par rapport à 1997
5(
*
)
. Là aussi, la
croissance des prélèvements est plus vive que celle des recettes
du budget.
Les variations d'une année sur l'autre sont sans doute variables. Cela
correspond d'abord à des réformes de structure avec, certaines
années, la création de nouveaux comptes. Ainsi, la forte
progression des prélèvements affectés aux comptes
spéciaux en 1995 avec 15,9 % avait-elle pu être
imputée à la création du fonds de
péréquation des transports aériens et du fonds
d'investissement des transports terrestres et des voies navigables en
particulier. Des opérations de débudgétisation de recettes
contribuent également à la variabilité des ressources des
comptes.
Les modifications apportées aux tarifs de prélèvements qui
exercent dans certains cas de fortes tentations concourent beaucoup aux
variations observées, le dynamisme propre des bases servant d'assiette
aux impôts affectés au comptes spéciaux du Trésor
étant très inégal comme viendront le confirmer les
éléments d'analyse ponctuels donnés dans ce rapport sur ce
sujet. Il y a là une sorte de fatalité des affectations.
Le montant des prélèvements obligatoires affectés
aux comptes d'affectation spéciale représente un peu plus de la
moitié du volume de leurs opérations
. Ainsi, en 1998, avec
31,2 milliards de francs elle s'élèverait à un peu moins
de 55 % du total de leurs recettes.
Ce résultat qui confirme que
la formule des comptes spéciaux
du Trésor a pour effet, entre autres choses, de financer une partie
importante des dépenses publiques sans supporter l'obligation de
recourir à due concurrence à des prélèvements
fiscaux est cependant essentiellement du au compte de cessions de titres
publics comme le montrent les données suivantes
:
Dépenses
Recettes fiscales
6(
*
)
Recettes non
fiscales
7(
*
)
60,6 31,2 29,4
·
La structure des prélèvements
obligatoires affectés aux comptes spéciaux du Trésor
apparaît très typée
. Si l'on néglige le produit
de la redevance audiovisuelle qui représente 39,8 % des
prélèvements obligatoires affectés aux comptes
spéciaux du Trésor, 6,9 % des prélèvements
obligatoires proviendraient en 1998 des contributions assises sur les jeux,
5,3 % du produit de la taxe sur les bureaux, le reste
- 48 % - résultant essentiellement d'impositions
prélevées auprès des professionnels (dans le domaine
forestier, de la communication, du pétrole), de titulaires de
concessions ou d'ouvrages publics, ou des consommateurs.
Si dans l'ensemble, on peut observer une logique de financement convenable des
opérations des comptes, une certaine sur-représentation des
recettes assises sur les jeux doit être relevée tandis que, pour
certains comptes, soit le système de financement apparaît
inutilement complexe (fonds national de développement du sport), soit il
semble dépourvu d'une logique solide (fonds national pour le
développement de la vie associative).
Certains prélèvements ne donnent lieu qu'à des
produits très modestes.
Il en va ainsi pour les
prélèvements concernant les débits de boisson, la taxe de
défrichement des surfaces en nature de bois ou de forêts ou encore
la redevance sur l'emploi de la reprographie dont les montants sont chaque fois
inférieurs à 50 millions de francs.
Cette situation n'est pas entièrement satisfaisante au regard des
coûts d'administration pour les services fiscaux mais aussi pour les
contribuables qu'elle implique.
Il y a d'ailleurs lieu d'observer dans certains cas des
phénomènes de non-recouvrement partiel particulièrement
accusés qui, il faut le concéder, concernent également des
taxes d'un produit potentiel plus substantiel (ainsi, de la taxe
forestière).