B. LA REMISE EN CAUSE DU DISPOSITIF DANS LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998

1. Les modifications résultant de l'article 14 du projet de loi de finances pour 1998

Affichant son souhait de " moraliser " le dispositif de défiscalisation des investissements réalisés outre-mer et de le rendre plus équitable alors même que les multiples modifications du régime de la loi Pons ont permis d'aboutir à un dispositif cohérent et transparent, le Gouvernement apporte des correctifs importants à travers l'article 14 du projet de loi de finances pour 1998.

Les modifications proposées reposent sur une approche qui se veut équilibrée, associant recherche de l'équité fiscale et maintien de l'efficacité du dispositif et elles précisent que :

- l'octroi de l'agrément devra prendre en compte le nombre d'emplois créés ou maintenus grâce au projet d'investissement ;

- le déficit de défiscalisation des investissements est applicable de façon identique à l'ensemble de l'outre-mer puisque sont supprimées les dispositions particulières applicables à la Nouvelle-Calédonie et à Saint-Pierre-et-Miquelon ;

- les investissements défiscalisés ne peuvent plus être déduits du revenu global pour le calcul du plafonnement de l'ISF ;

- sont désormais exclus de l'assiette défiscalisable les subventions publiques perçues et la TVA, qui est récupérable par les entreprises.

2. La remise en cause du dispositif résultant des modifications adoptées par l'Assemblée nationale

Avec la volonté de traquer une niche fiscale qui ne profiterait qu'aux très gros contribuables, l'Assemblée nationale a considérablement réduit la portée du dispositif de défiscalisation au point de lui faire perdre tout intérêt pour les particuliers, à l'exception des seuls professionnels appartenant au secteur dans lequel l'investissement est programmé.

Sans avoir procédé à aucune étude d'impact, ce vote risque de faire disparaître un dispositif dont le bilan rappelé ci-dessus a pu montrer le dynamisme et l'intérêt qu'il représentait pour toute une série de secteurs d'activité dont le développement est primordial pour l'avenir des DOM-TOM.

L'amendement adopté en séance publique supprime la possibilité d'imputer sur le revenu global les déficits de la catégorie BIC (bénéfices industriels et commerciaux). Il s'agit de la même restriction que celle adoptée en 1996 pour les investissements réalisés en métropole dans le secteur de l'hôtellerie. Ce type d'investissements a d'ailleurs quasiment disparu, mettant fin à une situation totalement anormale, puisque dans un marché de l'hôtellerie en surcapacité, cet avantage fiscal favorisait les investissements dans les hôtels de chaîne.

Or, dans les DOM-TOM, nul ne peut prétendre que les secteurs où sont réalisés les investissements sont en surcapacité. L'alignement du dispositif fiscal relatif à l'investissement dans l'outre-mer sur celui des BIC hôteliers va très certainement entraîner sa disparition alors même que les besoins de développement sont importants et que les handicaps de l'outre-mer pèsent lourdement sur son économie.

De plus, ce dispositif semble ignorer que certaines activités productives de l'outre-mer demeurent insuffisamment rentables, même lorsque l'investissement initial est défiscalisé.

Il s'agit notamment de la pêche à La Réunion, des énergies renouvelables aux Caraïbes, et de presque tous les investissements en Polynésie et Nouvelle-Calédonie. Pour ce type de projets, il faut maintenir également la défiscalisation des pertes d'exploitation, afin d'assurer la réalisation de l'opération et le maintien des emplois.

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