d) Les nouvelles interventions en matière de presse (article 10)
Les 600 000 francs inscrits à l'article 60 du chapitre 42-37 procèdent d'un redéploiement interne au titre III (crédits du service d'information et de presse) vers le titre IV du budget du ministère des affaires étrangères. Ces crédits regroupent des subventions versées à l'association de la presse étrangère et à l'association de la presse diplomatique française, ainsi qu'à l'association de correspondants des radios et des télévisions étrangères à Paris.
e) La baisse de l'assistance aux Français de l'étranger (chapitres 46-91 et 46-94)
Les crédits destinés à l'action sociale, à l'assistance et à la solidarité figurent aux chapitres 46-91 (frais de rapatriement) et 46-94 (assistance aux Français de l'étranger et aux réfugiés étrangers en France). En 1998, l'ensemble de ces crédits passera de 134,16 millions de francs à 132,9 millions de francs.
(1) Les rapatriements des Français résidant à l'étranger (chapitre 46-91)
Les crédits inscrits au chapitre 46-91 visent à
financer trois types de rapatriement :
- les
rapatriements pour indigence,
destinés à ceux de nos
compatriotes qui se trouvent dans la situation la plus précaire, et dont
on estime que leur situation serait meilleure en France que dans leur pays de
résidence (3,99 millions de francs sont prévus en 1997 pour
financer ce type de secours, qui a concerné 331 personnes entre le 1er
juin 1996 et le 1er juin 1997) ;
- les
rapatriements sanitaires
concernent les Français
expatriés qui ne peuvent être traités sur place, soit en
raison de l'insuffisance de leurs ressources, soit du fait de l'inadaptation
des structures sanitaires locales (entre le 1er juin 1996 et le 1er juin 1997,
le nombre d'évacuations médicales de Français
résidant à l'étranger s'est élevé à
51) ;
- les
rapatriements pour formation professionnelle
visent la
réinsertion sociale et professionnelle des jeunes Français sans
qualification, ne disposant d'aucune perspective d'emploi à
l'étranger (ce type de rapatriement représenterait un coût
de 250 000 francs en 1997). Les 21 rapatriements pour formation professionnelle
effectués entre le 1er juin 1996 et le 1er juin 1997 ont tous
concerné des Français résidant en Afrique francophone.
Les crédits inscrits au chapitre 46-91 ont financé 802
rapatriements en 1995, et 439 entre le 1er juin 1996 et le 1er juin 1997.
Pour l'essentiel, les rapatriements de Français résidant à
l'étranger ont concerné le Maghreb (31 %), l'Afrique francophone
(30 %), et l'Europe (20 %), comme le montre le tableau ci-après :
Répartition des rapatriements financés sur le
chapitre 46-91 par zone géographique
(entre le 1er juin 1996 et le 1er juin 1997)
Zones géographiques |
Nombre de
rapatriements
|
|
Afrique du Nord (hors Algérie) |
86 |
(76) |
Algérie |
50 |
(45) |
Afrique francophone |
133 |
(79) |
Afrique non francophone |
0 |
(0) |
Amériques |
18 |
(16) |
Asie-Océanie |
46 |
(14) |
Europe |
90 |
(85) |
Proche et Moyen-Orient |
16 |
(16) |
TOTAL |
439 |
(331) |
Les crédits inscrits au chapitre 46-91 (frais de rapatriement) sont maintenus au niveau prévu par le précédent budget (soit 4,24 millions de francs). Le chapitre 46-94 (assistance aux Français de l'étranger et aux réfugiés étrangers en France) connaîtra néanmoins une baisse de 0,93 % entre 1997 et 1998.
(2) La baisse des crédits destinés à l'assistance aux Français de l'étranger
La baisse observée sur le chapitre 46-94 recouvre
l'incidence de l'effet-change (- 1,84 million de francs), des économies
budgétaires qui s'élèvent à 3 millions de francs,
les effets d'un transfert interne vers le titre III (- 360 000 francs),
concernant les dépenses liées à l'information des
Français de l'étranger, tandis que la sécurité et
l'assistance aux Français de l'étranger font l'objet d'un effort
particulier de 4 millions de francs. Les crédits inscrits au chapitre
46-94 passeront donc de 129,9 à 128,7 millions de francs,
l'économie nette réalisée sur ce chapitre
représentant 1,2 million de francs.
Notons que cette réduction des crédits consacrés à
l'
assistance
à l'étranger
(article 11) pourrait
affecter l'aptitude de notre pays à répondre aux
besoins de
nos compatriotes en difficulté à l'étranger
, qu'il
s'agisse des personnes âgées, des handicapés ou des
Français de passage ou détenus à l'étranger.
En effet, les
crédits inscrits à l'article 11,
dont il
convient de souligner la
modicité
(99,3 millions de francs en
1997 ; 97,96 millions de francs prévus pour 1998), permettent d'allouer
des
" allocations de solidarité "
à nos
compatriotes âgés, établis hors de France, afin de garantir
à ceux-ci des ressources équivalentes au minimum vieillesse servi
sur le territoire national. Selon le pays, le montant de ces allocations,
versées en monnaie locale, varie entre 500 et 3 400 francs par mois. Or
la baisse des crédits inscrits à l'article 11 paraît
d'autant plus problématique que l'on observe une
tendance à
l'augmentation du nombre de bénéficiaires d'allocations de
solidarité :
3 223 en 1996, 3 397 pendant le premier trimestre 1997.
Sur l'article 11 du chapitre 46-94 sont également imputés les
secours occasionnels et les allocations dites à durée
déterminée
versées à nos ressortissants
établis à l'étranger qui, se trouvant temporairement en
grandes difficultés, ne peuvent bénéficier d'aucune autre
possibilité d'assistance sur place. Ces secours ponctuels concernent
pour la plupart la prise en charge de frais médicaux et pharmaceutiques.
En 1996, 10 000 secours occasionnels ont ainsi été
attribués. Là encore, on peut s'interroger sur les
conséquences de la diminution des crédits inscrits à
l'article 11, alors que
les besoins en termes de secours paraissent
augmenter
. Ainsi les moyens consacrés aux secours occasionnels
seront-ils de 4 ,46 millions de francs au moins en 1997, pour 4,37 millions de
francs en 1996. De même, le nombre d'allocations à durée
déterminée attribuées en 1997 pourrait dépasser le
nombre d'allocations versées en 1996 (1 285) puisqu'il s'élevait
à 820 pour le premier trimestre.
Les crédits de l'article 11 ont également vocation à
financer des
allocations de solidarité
attribuées à
nos compatriotes handicapés établis hors de France. Du même
montant que les allocations de solidarité en ce qui concerne les adultes
handicapés, elles sont comprises entre 500 et 825 francs par mois pour
les enfants. Là encore, on observe une
augmentation
régulière du nombre d'allocataires.
Celui-ci est, en effet,
passé de 1 070 en 1993 à 1 174 en 1996, et probablement 1
317 en 1997.
Enfin, sur l'article 11 du chapitre 46-94 sont également imputés
les
secours occasionnels
attribués aux Français
détenus à l'étranger et aux Français de passage en
difficulté. Une part des avances remboursables versées à
ceux-ci pèse sur le budget du quai d'Orsay, compte tenu de la proportion
quasi constante de bénéficiaires non solvables ou peu scrupuleux.
Sur l'
article 12
du chapitre 46-94 sont imputés les
crédits du
Comité d'entraide aux Français
rapatriés,
dont la subvention s'est élevée à
900 000 francs en 1997. Les missions du CEFR concernent, d'une part,
l'accueil en France de nos compatriotes résidant à
l'étranger en situation d'indigence qui, désireux de revenir dans
leur pays, ne disposent pas de possibilité d'accueil en France. D'autre
part, le CEFR a pour vocation d'accueillir les Français
évacués dans l'urgence en raison de crises politiques graves
survenues dans leur pays de résidence (cas du Centrafrique en 1996 et du
Congo-Brazzaville en 1997), et qui sont démunis de possibilité
d'hébergement en France.
Ainsi le CEFR a-t-il contribué à l'hébergement, dans ses
divers centres d'accueil, de 105 Français évacués du
Congo-Brazzaville, tout en prenant en charge le transport de 120 autres
Français vers le domicile de parents ou d'amis, et en attribuant
à 72 personnes une aide financière dès leur arrivée
sur le territoire français.
Le chapitre 46-94 permet aussi de financer des
actions de formation
professionnelle
(article 31) destinées à la
réinsertion professionnelle des intéressés soit en France
(ce type d'action concerne environ 200 personnes chaque année), soit
à l'étranger (quelque 2 000 demandeurs d'emploi seraient ainsi
placés à l'étranger chaque année).
Enfin, les efforts consacrés, dans le cadre du projet de budget pour
1998, à la
sécurité de nos ressortissants à
l'étranger,
sont liés à la
généralisation, dans certaines zones, des risques de nature
politique, ou liés à des phénomènes naturels. Dans
146 pays ont donc été mis en place des plans désormais
informatisés d'urgence et d'évaluation. Parallèlement ont
été modernisés et développés les
réseaux radio de sécurité : leur nombre a plus que
triplé entre 1993 et 1996, passant de 90 à 200. Dans les postes
les plus exposés seront mis en place 54 stocks alimentaires de
sécurité, représentant quelque 64 000 rations
individuelles. Les bonnes conditions dans lesquelles s'est
déroulé le rapatriement des Français évacués
de Brazzaville a illustré l'efficacité de ces mesures, et la
pertinence de l'effort -certes relatif- consacré aux moyens qui leur
sont affectés.
Par ailleurs, il convient de noter
l'augmentation des crédits
inscrits à l'article 33 (adoption internationale),
affectés
au soutien administratif et juridique apporté par le ministère
des affaires étrangères aux candidats à une adoption
à l'étranger, à travers la Mission pour l'adoption
internationale créée au sein de la Direction des Français
de l'étranger. L'augmentation sensible du nombre de ce type d'adoption
par des parents français explique que 480 000 francs de
mesures nouvelles soient affectés à l'article 33, soit une
augmentation de 60 %. Ces crédits passeront, en effet, de 800 000
francs en 1997 à 1,281 million de francs en 1998.
De manière générale, la baisse des crédits
destinés à l'assistance à l'étranger paraît
en contradiction avec la tendance à l'aggravation de la situation
d'un nombre croissant de nos compatriotes établis hors de France,
confrontés à des difficultés économiques et
sociales croissantes.
Par ailleurs, comme votre rapporteur l'a déjà fait observer,
la modicité des moyens consacrés à la solidarité
et à l'assistance aux Français de l'étranger ressort de
manière encore plus alarmante si l'on se réfère à
l'importance de la population concernée,
évaluée
à quelque 1 671 000 personnes (920 000 Français
immatriculés, auxquels s'ajoutent environ 746 000
non-immatriculés).