AVANT-PROPOS
Le
décret pris en Conseil des Ministres le 4 février 1998 et
portant création du Comité Interministériel de la
Coopération Internationale et du Développement (CICID)
entraîne une triple évolution du dispositif français d'aide
au développement :
-
dans sa définition
, par le caractère
interministériel
clairement affirmé dans la composition et
le rôle du CICID (le texte du décret du 4 février 1998
est publié en annexe 1) ;
-
dans son secteur d'application
, puisqu'à la notion de
" champ ", traditionnellement retenue pour définir la
sphère de compétence géographique du ministère de
la Coopéraion, doit se substituer celle de
" zone de
solidarité prioritaire ",
dont la délimitation
appartiendra au CICID, lorsqu'il tiendra sa première
réunion ;
-
dans ses instruments d'intervention
, avec
la fusion
entreprise dans le projet de loi de finances pour 1999
des budgets et des
ministères de la Coopération et des Affaires
étrangères
, et avec les nouvelles missions
déléguées à l'Agence française de
Développement (AFD) en matière de santé et
d'éducation.
Cependant, dans l'attente des décisions à prendre par le CICID,
il faut constater que le
dispositif français actuel d'aide publique
au développement est dominé par l'influence
prépondérante qu'y occupe le ministère des Finances, et
que le renforcement des missions déléguées à l'AFD
accroîtra cette influence
. Le premier chapitre de ce rapport est donc
consacré à l'analyse de cette aide publique ; le
deuxième chapitre porte sur les crédits spécifiques au
ministère délégué à la Coopération,
dont le troisième décrit les grands axes d'action en 1998. Enfin,
le quatrième chapitre explicite les observations de la commission des
Finances du Sénat.
CHAPITRE PREMIER
LE DISPOSITIF DE L'AIDE PUBLIQUE
FRANÇAISE
AU DÉVELOPPEMENT N'A PAS ÉTÉ
SUBSTANTIELLEMENT MODIFIÉ
PAR LA FUSION DES MINISTÈRES DES
AFFAIRES
ÉTRANGÈRES ET DE LA COOPÉRATION
Le dispositif français d'aide publique au développement, caractérisé par sa complexité, n'a guère été modifié par la réforme du 4 février 1998. L'aide publique française se distingue toujours par son montant , comparativement élevé par rapport à ses principaux partenaires, car il atteint 0,41 % du produit intérieur brut (PIB) en 1998 , et par la multiplicité de ses sources .
I. LA FRANCE SE SITUE PARMI LES PREMIÈRES DES GRANDES NATIONS POUR LE MONTANT DE SON AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT
En effet, la contribution publique globale de la France au développement est élevée, tant en valeur absolue qu'en proportion de son PIB ; elle est de surcroît constante, passe principalement par les canaux de l'aide bilatérale, et était jusqu'en 1995 principalement orientée vers les pays d'Afrique historiquement liés à la France ; une première réforme avait alors élargi le " champ " traditionnel vers 34 nouveaux pays.
A. UNE CONTRIBUTION PUBLIQUE ÉLEVÉE
Aucun
texte international ne fournit une définition précise de l'aide.
Chaque organisation adopte une notion adaptée à ses fonctions.
L' " aide publique au développement " (APD) est celle
dont il est le plus souvent fait usage.
Le
Comité d'aide au développement
(CAD)
1(
*
)
de l'Organisation pour la
Coopération et le Développement (
OCDE
) considère
par " aide publique au développement "
l'ensemble des
" dons et prêts accordés par le secteur public dans le but
essentiel d'améliorer le développement économique et le
niveau de vie et assortis de conditions financières
libérales
".
Le CAD lui-même souligne qu' " outre les apports financiers,
l'aide couvre la coopération technique ".
L'APD est donc une notion plus large que celle que décrit l'état
récapitulatif des crédits concourant à la
coopération avec les Etats en voie de développement (annexe jaune
au projet de loi de finances), et qui regroupe l'effort budgétaire de la
France.
Ainsi, en
1998
,
l'APD française devrait se monter à
34,724 milliards de francs
(29,911 hors TOM) alors que
l'effort budgétaire serait de 20,726 milliards de francs.
L'annexe "jaune" au projet de loi de finances initialement créée
par l'article 48 de la loi de finances du 23 février 1963,
-à la même date que le concept de coopération- et qui
récapitule l'effort accompli par le budget national en faveur de la
coopération avec les Etats et territoires en développement,
présente ainsi ces crédits :
L'article 107 de la loi de finances pour 1983 modifié par
l'article 122 de la loi de finances pour 1985, demande au Gouvernement de
présenter chaque année, en annexe à la loi de finances, un
état retraçant les crédits qui concourent à la
coopération avec les Etats en développement, auxquels sont
adjoints les charges du Trésor, le volume global de l'aide publique au
développement (APD) de la France au cours de l'année
écoulée et sa répartition en aide bilatérale et
multilatérale.
1. Effort d'aide publique au développement
Le tableau d'effort d'APD est établi, non pas directement d'après
les données budgétaires, mais
d'après la
méthodologie retenue par le Comité d'aide au développement
(CAD) de l'OCDE.
Cette méthodologie a pour objet de rendre possibles
les comparaisons internationales avec nos partenaires de l'OCDE, basées
sur le critère d'effort d'aide publique au développement
rapporté au produit intérieur brut. Elle diffère des
inscriptions budgétaires sur les points suivants :
- l'APD au sens du CAD est comptabilisée en décaissements
nets des remboursements de prêts des pays bénéficiaires,
que l'origine des crédits soit budgétaire ou non. Les
données budgétaires, qui retracent des inscriptions, peuvent s'en
écarter significativement ;
- le périmètre géographique retenu par le CAD
comprend l'ensemble des pays en développement ainsi que les territoires
d'outre-mer. Les dépenses dans les TOM ne peuvent être
entièrement déduites des inscriptions budgétaires ;
- certaines dépenses, comme l'assistance militaire, ne sont pas
retenues par le CAD au titre de l'aide publique au développement, alors
qu'elles concourent à la coopération avec les Etats
bénéficiaires ;
- les données définitives de notre effort d'aide ne sont
connues que six mois environ après la clôture de l'exercice
considéré. L'effort d'aide présenté dans ce
document pour les années 1998 et 1999 repose sur des prévisions
d'exécution, qui sont nécessairement moins fiables.
2. Budget général, ventilation par ministère
Ces tableaux retracent, par ministère et par chapitre, les
crédits ouverts en loi de finances initiale pour 1998 et les
inscriptions du projet de loi de finances pour 1999, concourant à la
coopération avec les Etats en développement.
Une distinction a été opérée entre les
dépenses relatives à la gestion des services chargés de la
coopération d'une part, et le montant de l'aide bilatérale et
multilatérale octroyée aux Etats bénéficiaires
d'autre part.
Compte tenu de la fusion des sections budgétaires Affaires
étrangères et Coopération intervenue dans le cadre du PLF
1999, la ventilation des crédits correspondants est
présentée sur la base de la nouvelle nomenclature.
3. Charges du Trésor
Cette partie du fascicule retrace les charges imputées sur les comptes
spéciaux du Trésor.
4. Effectifs du personnel d'assistance technique
Ces tableaux retracent les effectifs d'assistance technique civile et
militaire, ventilés par fonction.
Source : annexe jaune au projet de loi de finances pour 1999
L'évolution de la contribution respective de chacun des pays membres du
CAD de 1996 à 1997 (derniers chiffres disponibles) est retracée
dans le tableau ci-après :
L'APD
DES PAYS DU CAD DE L'OCDE EN 1996 ET 1997
EXPRIMÉE EN MILLIARDS DE
DOLLARS ET EN % DU PNB
2(
*
)
PAYS |
APD 1996 |
APF/PNB 1996 |
APD 1997 |
APD/PNB 1997 |
Evolution en % 3( * ) |
Allemagne |
7 601 |
0,33 |
5 913 |
0,28 |
- 10,9 |
Australie |
1 074 |
0,28 |
1 076 |
0,28 |
3,6 |
Autriche |
557 |
0,24 |
531 |
0,26 |
8,4 |
Belgique |
913 |
0,34 |
764 |
0,31 |
- 4,8 |
Canada |
1 795 |
0,32 |
2 146 |
0,36 |
20,8 |
Danemark |
1 772 |
1,04 |
1 653 |
0,97 |
3,3 |
Espagne |
1 251 |
0,22 |
1 227 |
0,23 |
10,9 |
Etats-Unis |
9 377 |
0,12 |
6 168 |
0,08 |
- 35,5 |
Finlande |
408 |
0,34 |
379 |
0,33 |
3,7 |
France |
7 451 |
0,48 |
6 348 |
0,45 |
- 3,8 |
Irlande |
179 |
0,31 |
187 |
0,31 |
8,9 |
Italie |
2 416 |
0,20 |
1 231 |
0,11 |
- 45,2 |
Japon |
9 439 |
0,20 |
9 358 |
0,22 |
9,.6 |
Luxembourg |
82 |
0,44 |
87 |
0,50 |
19,6 |
Norvège |
1 311 |
0,85 |
1 306 |
0,86 |
5,9 |
Nouvelle-Zélande |
122 |
0,21 |
145 |
0,25 |
2,7 |
Pays-Bas |
3 246 |
0,81 |
2 946 |
0,81 |
22,1 |
Portugal |
218 |
0,21 |
251 |
0,25 |
27,3 |
Royaume-Uni |
3 199 |
0,27 |
3 371 |
0,26 |
- 2,2 |
Suède |
1 999 |
0,84 |
1 672 |
0,76 |
- 5,9 |
Suisse |
1 026 |
0,34 |
839 |
0,32 |
- 4,2 |
TOTAL |
55 438 |
0,25 |
47 580 |
0,22 |
- 7,1 |
Source : Ministère des Finances
On constate que la France occupe un rang remarquable tant par le montant de sa
contribution que pour la part que celle-ci représente au sein de la
richesse nationale ; mais notre pays est cependant touché par le
déclin général de l'APD.