CHAPITRE III

LA POLITIQUE MENÉE EN FAVEUR DE L'AMÉLIORATION DE LA SÉCURITÉ ET DE LA CIRCULATION ROUTIÈRES

A. L'ACTION DE L'ÉTAT EN FAVEUR DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE

1. Les actions de sensibilisation de l'opinion publique

La réduction des moyens de paiement de la sécurité routière en 1996 (- 6,5 %), puis en 1997 (- 14 %), les annulations de crédit intervenues en 1997 (pour 34 millions de francs) et la stabilisation à un faible niveau en 1998 des dotations à la délégation interministérielle à la sécurité routière, avaient conduit à supprimer l'une des trois campagnes annuelles de communication. Cette mesure a laissé sans communication institutionnelle une période importante de trafic, les résultats statistiques faisant état d'un accroissement concomitant de la gravité des accidents, notamment pour les jeunes.

Les campagnes de sensibilisation, d'information et de responsabilisation à tous les âges de la vie sont ainsi indispensables pour que l'amélioration souvent très coûteuse de la sécurité des véhicules et des infrastructures, ne soit pas neutralisée par l'inertie ou la dégradation des comportements des conducteurs.

L'expérience montre que ces campagnes de communication peuvent avoir un impact significatif sur les comportements. A titre d'exemple, la campagne consacrée en 1994 au port de la ceinture pour le conducteur s'était traduite par une diminution de près d'un tiers du nombre de conducteurs non protégés.

Votre rapporteur regrette donc la diminution tendancielle des moyens affectés aux campagnes nationales : les dotations budgétaires ont été divisées par trois en termes réels depuis vingt-cinq ans, à moins de 30 millions de francs pour 1999 (soit l'équivalent pour la collectivité de huit vies sauvées sur la route), alors même que le coût réel des campagnes était par ailleurs multiplié par trois.

La tonalité des campagnes de communication de la sécurité routière a été récemment infléchie vers des messages plus durs et plus réalistes. Cette inflexion traduit la volonté de la sécurité routière de sensibiliser les conducteurs aux dangers des situations de tous les jours. Mais, cette inflexion reflète aussi la réceptivité croissante de la population française, notamment des jeunes, à une communication plus crue.

- Lors de la campagne d'automne 1997, du 28 novembre au 9 décembre 1997, une dizaine de messages de 30 secondes ont ainsi repris des situations de la vie quotidienne, appelant les automobilistes à plus de prudence : " Cette nuit sur la route, il y aura 10 morts et 150 blessés... respecter la vitesse autorisée, c'est se donner le temps de voir. C'est donner à chacun toutes les chances de finir son trajet... " " ... même à faible vitesse, attacher sa ceinture de sécurité à l'arrière comme à l'avant, c'est s'attacher à sa vie et à celle des autres... "

ou

" D'ici la fin de cet après-midi, en centre ville, 10 piétons seront renversés . Par des automobilistes qui ne respectent pas la vitesse autorisée en ville. Des automobilistes qui se disent qu'il n'y a pas de risque à rouler un peu plus vite. En cas de choc, à 60 km/h, dans plus de 8 cas sur 10, les piétons sont tués. Respecter les 50 km/h en ville, c'est respecter la vie de tous. C'est donner une chance à tout le monde de finir son trajet ."

ou

" Cette nuit, 7 personnes seront écrasées dans leur voiture. Une voiture où prennent place des passagers à l'arrière. Des personnes qui se sentent tellement protégées par les sièges avant, qu'elles ne mettent pas leur ceinture de sécurité. Lors d'un choc à 50 km/h, une force d'une tonne les propulsera sur les sièges avant. Même à faible vitesse, attacher sa ceinture de sécurité à l'arrière comme à l'avant, c'est s'attacher à sa vie et à celle des autres ."

- De même, lors de la campagne de printemps 1998 (du 7 au 16 mars), la sécurité routière a diffusé 14 messages radio qui présentaient des situations de la vie quotidienne et qui rappelaient combien de vies pourraient être sauvées à chaque période de la journée par le respect de la réglementation sur le port du casque, les distances de sécurité, la limitation d'alcool lors des fêtes ou des sorties nocturnes, la conduite des deux-roues et des motos, les dangers du "slalom" dans la circulation, par exemple :

" Ce soir, avant 20 heures, il y aura sur la route 4 morts et 100 blessés. Ce sont des conducteurs qui connaissent, par coeur, le trajet qu'ils prennent tous les jours. Des conducteurs qui s'autorisent à rouler un peu plus vite, à faire un peu moins attention. En augmentant leur vitesse, ils réduisent leur champ de vision et la possibilité de réagir à temps. Respecter les limitations de vitesse, c'est respecter la vie des autres. C'est surtout donner une chance à tout le monde de rentrer chez soi. Ce soir. C'était un message de la sécurité routière ."

Cette campagne a été principalement diffusée sur les radios préférées des jeunes, 85 % de la population étant exposée à ces messages en moyenne 11 fois.

- Enfin, la sécurité routière a lancé le 10 novembre 1998 une campagne de communication radiodiffusée ciblée sur les jeunes et portant sur le thème de la vitesse, par exemple :

" Ce soir, vous sortez avec des copains. Avant l'aube, il y aura 3 morts et 15 blessés graves de moins de 25 ans sur la route. Ils ont bu un verre, puis un autre, puis encore un autre. Ils ont voulu rentrer, vite, trop vite, sûrs de leurs réflexes. Pourtant, au-delà de 2 verres, il est difficile de maîtriser son véhicule et le moindre obstacle peut avoir des conséquences graves. Avant de sortir, choisir une personne qui restera sobre pour reconduire les autres, c'est donner à tous la chance de rentrer. C'était un message de la sécurité routière ."

Il a par ailleurs été demandé aux partenaires locaux de relayer cette campagne : une plaquette et des dépliants présentant " quelques vérités sur la vitesse " ont ainsi été diffusés auprès des préfectures, de la gendarmerie et de la police. Les contrôles seront également renforcés aux endroits les plus accidentogènes.

Pour 1999, les campagnes de communication devraient être également centrées sur les jeunes et sur la vitesse, en lien avec le projet de loi introduisant un délit de grande vitesse, qui a été adopté en première lecture par le Sénat.

2. Les actions en faveur de la formation des conducteurs

Les dotations proposées pour 1999 concernant la formation à la conduite automobile et les contrôles d'aptitude s'élèvent (hors personnel) à 39 millions de francs de crédits de fonctionnement (- 1 million de francs) et à 6 millions de francs d'investissement (+ 3 millions de francs).

La modernisation des équipements de correction des examens théoriques du permis de conduire, entamée en 1996, est achevée. Le service public des examens du permis de conduire dispose désormais d'équipements modernes de correction de l'examen (boîtiers de correction électronique associé à un micro-ordinateur portable).

Ce mouvement de modernisation est poursuivi en 1998 et 1999 par une nouvelle opération qui consiste essentiellement à :

- rénover le contenu de l'examen pour le rendre conforme aux objectifs définis par le programme national de formation à la conduite automobile ;

- remplacer le dispositif actuel fondé sur des séries fixes (images et questions fixes) et des matériels de projection de diapositives par un système associant des technologies nouvelles plus interactives (lecteur CD-ROM et canon à images) rendant possible le déroulement de l'examen selon un mode aléatoire moins propice au bachotage.

Par ailleurs, la formation professionnelle des inspecteurs du permis de conduire et de la sécurité routière sera renforcée afin de mieux répondre aux attentes du public en matière d'accueil et d'écoute.

Les suivis d'enseignement effectués par les inspecteurs du permis de conduire auprès des écoles de conduite montrent que cette formation est efficace, puisque la proportion de résultats d'évaluation insuffisants s'est repliée de 13 % en 1991 à 4,3 % en 1997.

Enfin, en 1999, sera mis en chantier un registre national des auto-écoles permettant de connaître mieux ce milieu professionnel en termes de données économiques. Il sera également le support permettant le contrôle régulier des auto-écoles qui incombe à l'Etat.

Pour la première fois depuis 6 ans, le nombre de candidats aux examens du permis de conduire a augmenté en 1997 (+ 0,8 %), notamment pour les véhicules légers (+ 2,8 %). Il s'agit sans doute là d'un effet de la reprise économique.

Le nombre des places d'examens attribuées a diminué (- 1,2 % pour les épreuves théoriques et - 0,8 % pour les épreuves pratiques), et le taux d'attribution de places d'examens, indice représentatif du fonctionnement global du service, est resté constant.

Le taux de réussite aux examens a progressé en 1997 pour les épreuves théoriques (67,7 % en 1997 contre 66,7 % en 1996). Pour les épreuves pratiques, toutes catégories confondues, il a diminué (56,6 % en 1997 contre 58,1 % en 1996). Cette évolution démontre qu'il convient de ne pas relâcher les efforts pour améliorer la qualité de la formation dispensée aux candidats au permis de conduire par les établissements d'enseignement de la conduite.

S'agissant enfin de l'apprentissage anticipé de la conduite, le nombre des inscriptions a encore légèrement augmenté en 1997 (+ 4,7 %), soit environ 18 % des premières inscriptions au permis B. Le taux de réussite en première présentation à l'examen reste très largement supérieur à celui observé dans le cadre de la formation traditionnelle (74,5 % contre 50,2 %).

3. La politique contractuelle avec les collectivités locales

a) Les plans départementaux d'actions de sécurité routière (PDASR)

Lancés par les circulaires du Premier ministre en date du 11 août 1987 et du délégué interministériel à la sécurité routière du 13 novembre 1987, les plans départementaux d'actions de sécurité routière constituent un cadre de cohérence de la politique départementale menée en matière de sécurité routière.

Ces plans sont les supports essentiels des politiques locales, ils coordonnent l'ensemble des actions et initiatives publiques et privées et servent de relais à la politique nationale.

L'Etat a décidé en 1994 la déconcentration des responsabilités au niveau du préfet de département, ce qui s'est traduit notamment par la déconcentration de l'approbation du PDASR au niveau du préfet et l'affectation de dotations financières en début d'année (27 millions de francs pour l'ensemble des départements en 1994, 22 millions de francs en 1995, 20 millions de francs en 1996, 18 millions de francs en 1997, 19 millions de francs en 1998).

L'examen des PDASR 1998 montre une implication inégale des collectivités (trois départements sur quatre). Si ce nombre est comparable à celui de 1997, par contre leur participation financière s'inscrit en repli pour 1998, à 9 millions de francs (contre 10 millions de francs en 1997).

La politique du gouvernement est de renforcer, à travers la concertation au plan local, la politique de prévention menée en partenariat avec les collectivités.

Suite aux décisions du comité interministériel de la sécurité routière du 26 novembre 1997, il a été engagé une réflexion relative à la mise en place d'organisations locales permettant aux collectivités locales de mieux trouver leur place dans la définition et la mise en oeuvre de la politique de sécurité routière au sein de chaque département. La délégation interministérielle à la sécurité routière est chargée de remobiliser les préfets et l'ensemble des services de l'Etat afin de refonder les bases contractuelles de ces programmes.

b) Les aménagements de sécurité

En 1998, le montant total des crédits affectés aux aménagements de sécurité sur le chapitre 53-42 article 50 a été de 183,7 millions de francs en autorisations de programme. Ce montant se répartit de la façon suivante :

- aménagements de sécurité d'initiative locale (dotation déconcentrée) : 80 millions de francs répartis entre les départements en fonction du linéaire de réseau national à leur charge et de la densité d'accidents sur ce réseau ;

- opérations spécifiques de sécurité : 67 opérations pour 103,7 millions de francs (dont 66,2 millions de francs sur les contrats Etat-régions et 37,5 millions de francs sur le programme général et la réserve parlementaire). Ces opérations consistent à traiter des zones d'accumulation d'accidents qu'elles soient ponctuelles ou linéaires.

Pour 1999, les crédits s'élèvent à 190 millions de francs en autorisations de programme et à 186,9 millions de francs en crédits de paiement.

Selon les évaluations effectuées en 1995 par le ministère de l'équipement pour la période 1983-1993, ces opérations sont particulièrement rentables, compte tenu du coût des accidents de la route pour les collectivités. Les opérations les plus rentables sont par ailleurs les moins onéreuses :

Évaluation des opérations de suppression des zones
d'accumulation d'accidents

 

Taux de rentabilité

Nombre de victimes graves divisé par

Rectification de virages

44 %

7,5

Aménagements de carrefours (hors giratoires)

31 %

5

Aménagement de carrefours en ronds-points

20 %

22

Aménagements d'entrée et/ou traversées d'agglomérations

19 %

2

Ces évaluations ne prennent pas en compte le bénéfice social résultant éventuellement de la baisse des nuisances sonores (en particulier si la vitesse moyenne est ralentie en agglomération).

En revanche, ces évaluations sont peut-être optimistes dans la mesure où le traitement d'un " point noir " peut s'accompagner de l'apparition d'un " point noir " quelques centaines de mètres plus loin. Par exemple, la rectification d'un virage " incite " les conducteurs à rouler plus vite, ce qui accroît le risque de manquer le virage suivant.

c) Le traitement des itinéraires générateurs d'accidents

Le traitement de sections d'itinéraire où le taux ou la gravité des accidents est anormalement élevé était un axe fort de la politique engagée par la direction des routes pour le Xieme Plan.

En 1998, dans le cadre des contrats Etat-Régions, les dotations ont concerné 7 sections d'itinéraires pour un montant total de 7,9 millions de francs (contre 11 millions en 1997). Sur le programme général de sécurité, les dotations ont concerné 8 sections pour un montant de 7,2 millions de francs (contre 15 millions en 1997).

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