CHAPITRE III :

LES DEFIS POSÉS PAR L'UNION EUROPÉENNE

I. LA POLITIQUE MENÉE PAR L'UNION EUROPÉENNE AURA DES EFFETS DÉCISIFS SUR L'AVENIR DE LA FILIÈRE PORTUAIRE FRANÇAISE

A. LA PUBLICATION DU LIVRE VERT SUR L'UNION EUROPÉENNE

La commission européenne a publié le 10 décembre dernier un "livre vert relatif aux ports et aux infrastructures maritimes".

Le livre vert comprend une série d'actions :

- action n° 1 : l'intégration des ports dans le réseau transeuropéen de transport.

- action n° 2 : la connexion du réseau transeuropéen avec les pays limitrophes, dans la perspective de l'élargissement de l'Union européenne.

- action n° 3 : le renforcement des ports comme points de transfert intermodal .

- action n° 4 : le développement du transport maritime à courte distance en Europe.

- action n° 5 : une meilleure prise en compte de la sécurité maritime et de l'environnement .

- action n° 6 : une amélioration de la recherche- développement .

- action n° 7 : la fixation d'un cadre pour les redevances portuaires qui sera inscrit dans une proposition de directive du Conseil.

- action n° 8 : un cadre pour la fixation des redevances portuaires, hors de la zone portuaire.

- action n° 9 : le soutien financier de l'Union Européenne pour le développement des infrastructures.

- action n° 10 : le respect des règles du traité CE pour les services portuaires .

- action n° 11 : un cadre réglementaire pour libéraliser les services portuaires .

Ce document, très attendu, bien que n'ayant pas de caractère normatif, définit les axes de réflexion de la commission en matière de politique portuaire et devrait servir de base à de futures actions, et notamment des directives.

La commission européenne déclare assigner deux objectifs à la définition d'une politique portuaire européenne : intégrer les ports dans des réseaux transeuropéens et assurer le respect d'une concurrence libre et loyale dans l'Union européenne.

B. UN ACCORD SUR LE FOND MAIS QUELQUES RÉSERVES

Le livre vert de l'Union européenne est une vision intéressante mais qui présente quelques risques pour l'avenir des financements publics nationaux

Le 8 avril dernier, votre rapporteur avait présenté une communication, adoptée en commission, qui approuvait d'une manière générale les objectifs définis par le livre vert, tout en faisant quelques observations de "réserve" qu'il rappelle ici :

- la commission propose de "recenser les ports susceptibles d'améliorer l'intégration du maillon portuaire dans la chaîne multimodale"
: il parait difficile d'accepter un classement des ports suivant des critères figés car il pourrait privilégier les grands ports du nord de l'Europe en proposant une intégration selon le seul axe nord-sud 8( * ) .

Il est en effet rappelé que l'inscription des ports dans les schémas transeuropéens de transports est un préalable au soutien financier de l'Union européenne , dans la mesure où les orientations fixées dans ces schémas doivent servir de base à d'éventuelles décisions prises dans le cadre des fonds structurels. Il convient d'autant plus d'être vigilant sur les critères retenus pour cette inscription, afin que certains grands ports ne soient pas favorisés.

- l'introduction d'une concurrence transparente entre les ports ne peut qu'être approuvée, mais sous certaines conditions.

Votre rapporteur estime légitime d'introduire dans la comptabilité des ports une distinction entre les missions d'intérêt général et les fonctions commerciales.

Cependant, la commission européenne propose également un recensement des financements publics, qui permettra d'établir certaines comparaisons. L'aide publique au financement des infrastructures ne devra pas être contrainte par un cadre trop strict, chaque Etat devant garder la possibilité d'apprécier le montant de son aide. Ainsi, le recensement des financements publics dans les ports maritimes ne devra pas entraver des projets de développement que les ports mettent actuellement en place, tel le projet port 2000 au Havre.

Suivant le principe de subsidiarité, il ne semble pas que la commission européenne soit en effet la mieux à même de définir un cadre rigide pour les redevances et investissements portuaires des différents Etats-membres.

En revanche, dès lors que des mécanismes de séparation comptable existeront, il lui sera possible de contrôler toute aide publique à une entreprise portuaire, s'assimilant à une aide d'Etat.

Résumé des observations sur le livre vert

adoptées par la commission des finances du Sénat le 8 avril 1998

1 - une approbation sur les objectifs poursuivis, à savoir intégrer les ports dans des réseaux transeuropéens et assurer le respect d'une concurrence libre et loyale dans l'Union européenne, dans la mesure où un classement a priori des ports ne contredirait pas ces objectifs.

2 - un accord de principe sur les mesures en faveur de la sécurité et de l'environnement, sous réserve du respect du principe de subsidiarité.

3 - un soutien sans réserve en faveur de la transparence avec le souhait de mettre en oeuvre une séparation comptable entre les services commerciaux et la gestion des infrastructures dans les ports.

4 - des réserves à l'égard d'une application rigide du principe utilisateur-payeur qui ne tiendrait pas compte de la nécessité de financer des investissements sur le long terme, et pourrait bloquer ces projets d'investissement.

5 - le souci de ne pas adopter une approche rigide en matière de redevances portuaires : la politique en la matière ne devra pas être différente de celle existant pour les autres modes de transports, afin de ne pas créer un désavantage compétitif sur ce segment et les ports devraient conserver une liberté de tarification.

6 - un accord pour une libéralisation progressive des services portuaires mais sans remise en cause brutale de leur situation et en tenant compte de leurs obligations et de leurs situations différenciées.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page