N°
442
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Rattaché pour ordre au procès-verbal de la séance du 17
juin 1999
Enregistré à la Présidence du Sénat le 18 juin 1999
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1 ) sur le projet de loi, ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE, portant règlement définitif du budget de 1997 ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Alain Lambert,
président
; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude
Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet,
vice-présidents
; Jacques-Richard Delong, Marc Massion,
Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Philippe
Marini,
rapporteur général
; Philippe Adnot, Denis
Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse
Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin,
Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean
Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard,
Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude
Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne,
Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri
Torre, René Trégouët.
Voir les numéros :
Assemblée nationale (11
ème
législ
.
)
:
1277
,
1603
,
1685
et T.A.
346.
Sénat
:
441
(1998-1999).
Lois de Règlement |
CHAPITRE PREMIER :
LA CROISSANCE EN
1997
1997 a été une année de reprise économique. L'amorce du retour à la croissance observée au troisième trimestre 1996 s'est ainsi confirmée dès le deuxième trimestre après un début d'année hésitant.
La croissance 1995-1997 à prix courants
(En milliards de francs)
|
1995 |
1996 |
1997 |
Produit intérieur brut |
7752,4 |
7951,4 |
8.224,9 |
Evolution (n/n-1 en %) |
3,4 |
2,6 |
3,4 |
Importations |
1.638,3 |
1.703,1 |
1.851,3 |
Évolution (n/n-1 en %) |
8,4 |
4,0 |
8,7 |
Total |
9.390,8 |
9.854,5 |
10.076,2 |
Évolution (n/n-1 en %) |
4,2 |
2,8 |
4,4 |
Dépenses de consommation finale des ménages |
4.257,4 |
4.392,5 |
4.464,2 |
Évolution (n/n-1 en %) |
3,2 |
3,2 |
1,6 |
Dépenses de consommation finale des Administrations Publiques |
1.850,8 |
1.923,2 |
1.977,9 |
Évolution (n/n-1 en %) |
2,2 |
3,9 |
2,8 |
Formation brute de capital fixe |
1.456,9 |
1.469,2 |
1.486,7 |
Evolution (n/n-1 en %) |
1,8 |
0,8 |
1,2 |
Variation de stocks |
28,9 |
- 19,4 |
- 1,5 |
Exportations |
1.744,7 |
1.835,1 |
2.093,6 |
Évolution (n/n-1 en %) |
8,3 |
5,2 |
14,1 |
Source : INSEE, Comptes nationaux
Le taux de croissance nominal s'est accéléré passant de
2,6 % en 1996 à 3,4 % en 1997. Cette accélération a
été plus accusée en ce qui concerne les volumes ; le
taux de croissance réel -légèrement révisé
à la baisse dans le cadre de l'adoption de la nouvelle base de
comptabilité nationale- s'est en effet hissé à 2 % contre
1,1 % en 1996.
La reprise a été pour l'essentiel générée
par le commerce extérieur, la demande interne des agents
économiques privés restant globalement atone.
Contributions à la croissance du PIB en volume
(En %)
|
1996 |
1997 |
Dépense de consommation finale des ménages |
0,7 |
0,1 |
Dépense de consommation finale des administrations publiques |
0,5 |
0,4 |
Formation brute de capital fixe totale |
0,0 |
0,1 |
Formation brute de capital fixe des sociétés non financières |
- 0,1 |
0,1 |
Formation brute de capital fixe des ménages |
0,0 |
0,0 |
Formation brute de capital fixe des administrations publiques |
0,0 |
- 0,2 |
Formation brute de capital fixe des sociétés financières |
0,1 |
0,1 |
Solde extérieur des biens et services |
0,4 |
1,1 |
Importations de biens et services |
- 0,3 |
- 1,3 |
Exportations de biens et services |
0,8 |
2,5 |
Variation des stocks |
- 0,6 |
0,2 |
Produit intérieur brut |
1,1 |
2,0 |
Source : INSEE, Comptes nationaux
La contribution du commerce extérieur au suplément de
croissance a été importante (0,7 point de PIB sur un total
de 0,9).
La croissance française a été plus modeste que la moyenne
de croissance des pays de l'Union européenne (+ 2,6 %) et des
autres pays de l'OCDE qui, malgré la stagnation économique du
Japon (+ 0,5 %), s'est élevée à 2,7 %.
L'activité a été en effet particulièrement soutenue
aux Etats-Unis (+ 3,8 %) avec, pour la première fois depuis
l'entrée de l'économie américaine en phase haute du cycle,
un rythme de croissance supérieure à la croissance potentielle
telle qu'elle est calculée par l'OCDE.
L'activité économique française a
bénéficié de cet écart de conjoncture. Les
exportations ont progressé de 12,1 % en volume tandis que les
importations ne s'accroissaient que de 7,7 %. L'amélioration des
termes de l'échange a permis d'amplifier cette dynamique inégale
si bien que le solde du commerce extérieur est passé de 132
à 242 milliards de francs entre 1996 et 1997. Cette très
nette amélioration de l'excédent commercial a
généré une augmentation du PIB de 1,1 % soit un peu
plus de la moitié de la croissance de 1997.
Dans le même temps, la demande intérieure a été,
dans ces grandes composantes, atone.
Les seuls soutiens actifs de la demande intérieure sont venus de la
variation des stocks et des dépenses publiques de consommation.
La
consommation des ménages ou l'investissement des entreprises ont, quant
à elles, stagné.
Les entreprises ont continué à déstocker mais à un
niveau inférieur à celui de 1996 si bien que la contribution des
stocks à la croissance très négative en 1996 (-0,6 point
de PIB) s'est retournée, devenant légèrement positive en
1997 (+0,2 point de PIB).
La rupture de cette variable explique à elle seule la différence
comptable entre le rythme de croissance de 1996 et celui de 1997.
Au total, la contribution à la croissance des dépenses des
administrations publiques s'est un peu infléchie par rapport à
1996 (+ 0,2 contre + 0,5 point de PIB).
Les dépenses publiques de consommation ont progressé un peu moins
vite qu'en 1996, l'investissement public exerçant quant à lui un
effet dépressif sur l'activité à hauteur de 0,2 point
de PIB.
Les autres composantes de la demande interne ont été en moyenne
languissantes.
Après avoir connu une croissance de son volume de 1,3 % en 1996, la
consommation des ménages a stagné (+ 0,2 %). Ce
résultat a été constaté malgré une vive
progression du pouvoir d'achat de leur revenu disponible (+ 3,5 %)
résultant pour beaucoup de la revalorisation du SMIC intervenue au
troisième trimestre. Celle-ci, plutôt que d'entraîner un
surcroît de consommation s'est traduite par une augmentation brutale du
taux d'épargne des ménages passé d'un trimestre à
l'autre de 14,5 % à 15,1 %.
L'investissement des entreprises a lui aussi stagné.
Les perspectives médiocres de la demande intérieure l'ont
emporté sur l'essor des exportations dans l'esprit d'investisseurs qui
n'ont pas été contraints par des taux d'utilisation des
capacités de production restés peu tendus.
L'assouplissement des conditions monétaires avec une baisse du niveau
des taux à long terme, assez sensible en moyenne mais hésitante
en cours d'année, n'a pas été tel que les entreprises
inversent leurs choix en faveur d'une gestion axée sur la recherche
d'une capacité de financement. Celle-ci a continué à se
situer globalement à un haut niveau, ce qui a permis aux entreprises de
poursuivre leur assainissement financier.