Propositions de résolution sur la communication de la commission européenne au Conseil et au Parlement européen relative à l'approche de l'Union européenne en vue du cycle du millénaire de l'Organisation Mondiale du Commerce
SOUPLET (Michel)
RAPPORT 65 (1999-2000) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Tableau comparatif
au format
Acrobat
( 94 Ko )
Fichier
au format
Acrobat
( 204 Ko )
Table des matières
-
INTRODUCTION
-
I. LA COMMUNICATION DE LA COMMISSION
EUROPEENNE : UN PLAIDOYER POUR
UN CHAMP DE NÉGOCIATIONS AUSSI LARGE QUE POSSIBLE DÉBOUCHANT SUR UN
ACCORD GLOBAL
- A. FAVORISER UN CYCLE COMPLET DE NÉGOCIATIONS COMMERCIALES
- B. RENFORCER LES ACCORDS EXISTANTS DANS LES SECTEURS DE L'AGRICULTURE ET DES SERVICES
-
C. OUVRIR LES NÉGOCIATIONS SUR DE NOUVEAUX
SUJETS
- 1. Etablir un cadre multilatéral de règles régissant les investissements internationaux
- 2. Mettre en place un cadre contraignant de règles multilatérales en matière de concurrence
- 3. Introduire les préoccupations d'environnement et de protection de la santé des consommateurs au sein des négociations
- 4. Approfondir les accords multilatéraux sur les droits de propriété intellectuelle
- 5. Ouvrir l'accès aux marchés publics
- 6. Mieux prendre en compte les aspirations des pays en développement
- 7. Introduire des clauses sociales dans les engagements commerciaux multilatéraux
-
II. LES PROPOSITION DE RÉSOLUTIONS SUR LA
PRÉPARATION DE LA
CONFÉRENCE MINISTÉRIELLE DE L'OMC À SEATTLE
- A. LA PROPOSITION DE RÉSOLUTION N° 46 SUR LE VOLET AGRICOLE ET AGRO-ALIMENTAIRE DES NÉGOCIATIONS
-
B. LA PROPOSITION DE RÉSOLUTION N° 47 DE LA
DÉLÉGATION POUR
L'UNION EUROPÉENNE DU SÉNAT SUR LE VOLET NON-AGRICOLE DES
NÉGOCIATIONS
- 1. L'ordre du jour et les modalités du nouveau cycle de négociations
-
2. Les thèmes à aborder
- a) Le respect de l'exception culturelle
- b) L'introduction dans le cadre de l'OMC de règles multilatérales sur l'investissement
- c) La détermination de normes sociales minimales dans les règles du commerce internationale
- d) Approfondir les accords relatifs aux services
- e) Renforcer les protections internationales de la propriété intellectuelle
- f) Clarifier les relations entre les règles de l'OMC et les accords environnementaux multilatéraux
- g) Assurer un suivi des négociations
- C. LA PROPOSITION DE RÉSOLUTION N° 55 PRESENTEE PAR MME HÉLÈNE LUC, MM. GÉRARD LE CAM, JACK RALITE ET LES MEMBRES DU GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN
- III. LA POSITION DE LA COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
-
I. LA COMMUNICATION DE LA COMMISSION
EUROPEENNE : UN PLAIDOYER POUR
UN CHAMP DE NÉGOCIATIONS AUSSI LARGE QUE POSSIBLE DÉBOUCHANT SUR UN
ACCORD GLOBAL
- PROPOSITION DE RÉSOLUTION
N° 65
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 10 novembre 1999
RAPPORT
FAIT
au nom de la
commission des Affaires économiques et du Plan
sur les propositions de
résolution
présentées en application de l'article 73
bis
du Règlement par :
- MM. Jean BIZET et Marcel DENEUX, au nom de la délégation pour l'Union
européenne, sur
la communication de la Commission au Conseil et au Parlement européen relative à
l'approche de l'Union européenne en vue du
cycle du millénaire de
l'Organisation
Mondiale du Commerce
(E-1285) ;
- MM. Marcel DENEUX, Jean BIZET, Pierre ANDRÉ, Mme Janine BARDOU, MM. Bernard
BARRAUX,
Michel BÉCOT, Georges BERCHET, Gérard CÉSAR, Marcel-Pierre CLEACH, Désiré
DEBAVELAERE, Michel DOUBLET, Jean-Paul EMORINE, André FERRAND, Hilaire FLANDRE,
Philippe
FRANÇOIS, Jean FRANÇOIS-PONCET, François GERBAUD, Francis GRIGNON, Louis
GRILLOT,
Georges GRUILLOT, Mme Anne HEINIS, MM. Rémi HERMENT, Jean HUCHON, Bernard JOLY,
Patrick
LASSOURD, Jean-François LE GRAND, Guy LEMAIRE, Kléber MALÉCOT, Louis MERCIER,
Louis
MOINARD, Bernard MURAT, Jean-Pierre RAFFARIN, Raymond SOUCARET et Michel
SOUPLET sur la
communication de la Commission européenne au Conseil et au Parlement européen
relative
à l'approche de l'Union européenne en vue
du cycle du millénaire de
l'Organisation Mondiale du Commerce
(E-1285) ;
- Mme Hélène LUC, MM. Gérard LE CAM, Jack RALITE et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen sur la communication de la Commission
européenne au
Conseil et au Parlement européen relative à l'approche de l'Union européenne en
vue du
cycle
du millénaire de l'Organisation Mondiale du Commerce
(E-1285),
Par M. Michel
SOUPLET,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jean François-Poncet, président ; Philippe François, Jean Huchon, Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Pastor, Pierre Lefebvre, vice-présidents ; Georges Berchet, Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Louis Moinard, secrétaires ; Louis Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM. Bernard Barraux, Michel Bécot, Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Gérard César, Marcel-Pierre Cleach, Gérard Cornu, Roland Courteau, Charles de Cuttoli, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Xavier Dugoin, Bernard Dussaut , Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire Flandre, Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Serge Godard, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Joly, Alain Journet, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Edmond Lauret, Gérard Le Cam, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber Malécot, Louis Mercier, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Jean-Jacques Robert, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Henri Weber.
Voir les
numéros :
Sénat
:
47
,
46
et
55
(1999-2000).
Union européenne. |
INTRODUCTION
Mesdames,
Messieurs,
Comment faire en sorte que les négociations du cycle du Millénaire, qui
devraient
s'engager lors de la troisième Conférence ministérielle de l'Organisation
Mondiale du
Commerce (OMC) du 30 novembre au 3 décembre prochain à Seattle,
servent au
mieux les intérêts de l'Union européenne et favorisent l'équilibre et la
loyauté des
échanges commerciaux internationaux ?
La Commission européenne a fourni sa réponse à cette question dans une
communication du
8 juillet 1999, relative à "
l'approche de l'Union
européenne en
vue du cycle du millénaire de l'organisation mondiale du
commerce
"
1(
*
)
, dans laquelle elle
dresse les grandes orientations qu'elle
propose en vue de la Conférence de Seattle.
Sur la base de cette communication, le Conseil a adopté le 26 octobre dernier
une
déclaration
2(
*
)
qui autorise la Commission à
engager des
négociations sur le contenu de la déclaration ministérielle qui sera discutée à
Seattle en vue de définir l'ordre du jour et le calendrier de ce nouveau cycle
de
négociations. Le Conseil a indiqué à cette occasion qu'il se réunirait en
session
spéciale à Seattle, pendant la durée de la conférence, afin d'apporter une
contribution au stade final des négociations.
Dans ce cadre, le Gouvernement devra défendre les intérêts de la France et
prendre
position sur la portée, les modalités et le calendrier des futures
négociations.
Compte tenu de l'importance majeure de ce sujet pour notre pays, le Sénat a
manifesté
une attention toute particulière aux préparatifs de la conférence de Seattle.
C'est
ainsi que trois projets de résolution portant sur l'approche de l'Union
européenne pour
le cycle de négociations à venir ont été déposés au début du mois de novembre.
La première, issue des travaux du groupe de travail de la commission des
affaires
économiques sur l'avenir des industries agro-alimentaires a été déposée par MM
Jean Bizet et Marcel Deneux et les membres de la majorité sénatoriale
composant le
groupe de travail
3(
*
)
.
La seconde, issue des travaux de la Délégation du Sénat pour l'Union
européenne, a
également été déposée par MM. Marcel Deneux et Jean Bizet
4(
*
)
.
La troisième a été déposée par Mme Hélène Luc, MM. Gérard Le Cam, Jack
Ralite
et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen
5(
*
)
.
Les deux premières propositions de résolution sont complémentaires : la
première
porte sur l'ensemble des sujets qui seront abordés lors de la Conférence de
Seattle à
l'exclusion des affaires agricoles, la deuxième concerne exclusivement le volet
agricole
et agro-alimentaire de ces négociations. La troisième couvre l'ensemble de ces
thèmes.
Aussi votre Commission vous propose de les réunir en une seule résolution.
Elle
souhaite que cette résolution puisse constituer le fondement d'un dialogue
constructif
entre le Gouvernement et le Sénat sur les négociations de l'OMC.
L'étendue des sujets susceptibles d'être abordés lors de la Conférence de
Seattle et
des négociations qui en découleront, leurs inévitables implications sur la
législation
française et leurs nombreuses conséquences sur l'avenir d'un nombre croissant
d'activités économiques, ne permettent plus de considérer, comme ce fût trop
longtemps
le cas, que ces négociations internationales relèvent exclusivement du domaine
de
l'exécutif.
Votre commission constate, en outre, que
nos concitoyens aspirent
aujourd'hui à ce que
la mondialisation et la recherche de règles internationales susceptibles d'en
encadrer
les effets fassent l'objet d'un débat approfondi
. Elle se félicite, à ce
propos, de
la décision de la Conférence des Présidents du Sénat d'organiser un débat en
séance
publique sur ce sujet le 23 novembre prochain.
Cette résolution permettra ainsi d'éclairer la préparation de ce débat et de
rappeler au Gouvernement qu'il est nécessaire de renforcer le cadre
multilatéral de
l'OMC et de prendre en compte non seulement la dimension commerciale des
échanges
internationaux, mais également leur dimension culturelle, sociale et
environnementale
.
I. LA COMMUNICATION DE LA COMMISSION EUROPEENNE : UN PLAIDOYER POUR UN CHAMP DE NÉGOCIATIONS AUSSI LARGE QUE POSSIBLE DÉBOUCHANT SUR UN ACCORD GLOBAL
La communication du 8 juillet 1999 relative à l'approche de l'Union européenne en vue du cycle du millénaire de l'organisation mondiale du commerce dresse les grandes orientations que la Commission propose en vue des prochaines négociations.
A. FAVORISER UN CYCLE COMPLET DE NÉGOCIATIONS COMMERCIALES
La Commission
estime que le principal enjeu de la Conférence interministérielle de l'OMC à
Seattle
est la mise en place d'un cycle complet de négociations débouchant sur un
accord global
.
Elle considère, en effet, que seule une négociation portant sur un grand nombre
de
secteurs est susceptible d'aboutir à une répartition équilibrée des avantages
entre
tous les membres de l'OMC.
Dans ce contexte, la Commission plaide pour que le champ des négociations soit
étendu
au-delà de celui prévu par les dispositions des accords de Marrakech -aux termes
desquelles doivent commencer en janvier 2000 de nouvelles négociations
commerciales
sur l'agriculture et sur les services-, à de nouveaux sujets tels que le droit
de la
concurrence, l'environnement, le droit de la propriété intellectuelle, les
marchés
publics, les normes sociales et le développement durable.
La Commission européenne propose que la Communauté aborde les négociations de
Seattle
avec
quatre objectifs
:
-
accroître la libéralisation des échanges, tout en maintenant le
traitement
spécial et différencié des pays en développement ;
- renforcer les principes fondamentaux de l'OMC ;
- accorder la priorité à l'intégration des pays en développement et des
pays les
moins avancés dans les échanges internationaux ;
- traiter dans les négociations de nouveaux sujets comme la santé,
l'environnement
et les problèmes sociaux.
La Commission plaide, par ailleurs, en faveur d'un " engagement
unique ", selon lequel rien ne sera décidé tant qu'aucun accord
n'aura été
trouvé sur l'ensemble des questions abordées, refusant ainsi tout accord
partiel avant
la fin du cycle des négociations.
Elle estime
, par ailleurs, qu'il
devrait être
possible
d'atteindre les objectifs visés à l'issue de trois ans de
négociations
,
quitte à mettre en oeuvre par consensus les accords avant la conclusion
officielle des
négociations, comme cela a été le cas lorsque le cycle d'Uruguay est arrivé à
son
terme.
B. RENFORCER LES ACCORDS EXISTANTS DANS LES SECTEURS DE L'AGRICULTURE ET DES SERVICES
1. Le volet agricole
Evoquant le
volet agricole, la Commission constate, tout d'abord, que
les Etats membres
ont
respecté, en grande partie, les engagements pris à Marrakech
en matière
d'accès au
marché, de soutien interne et de subventions à l'exportation.
Elle indique, ensuite, que
l'Union européenne a participé au processus
d'analyse et
d'échange de renseignements
, notamment lors de la réunion ministérielle de
Singapour.
Enfin,
elle aborde les négociations du cycle du millénaire
en rappelant
que
l'article 20 de l'accord de l'Uruguay Round sur l'agriculture
"
établit
un équilibre entre l'objectif à long terme -à savoir des réductions
progressives et
substantielles du soutien et de la protection, synonymes de réforme
fondamentale- et
d'autres préoccupations telles que notamment, l'expérience tirée de la mise en
oeuvre
des engagements de réduction convenus en 1994, le traitement spécial et
différencié en
faveur des pays en développement membres de l'OMC et les considérations autres
que
commerciales
".
La Communication de la Commission dans le secteur agricole a été précisée
par la
réunion informelle des ministres de l'agriculture des Quinze à Tampere le
14 septembre et par le Conseil Agriculture du
27 septembre dernier, qui a
adopté une position unanime
. Les ministres de l'agriculture ont, à titre
liminaire,
exprimé l'idée selon laquelle le nouveau cycle de négociations devait être
" " global ", c'est-à-dire fondé sur le principe
d'un
" engagement unique " : rien ne sera décidé tant qu'il
n'y aura
pas d'accord sur l'ensemble des thèmes en jeu.
La déclaration du 27 septembre définit les principaux objectifs de
l'Union
européenne en vue des futures négociations de l'OMC dans le secteur agricole
:
-
en matière d'accès au marché
: la Communauté doit agir dans
le but
de "
prendre part à l'expansion du commerce mondial qui résultera
du
nouveau cycle ",
en négociant un abaissement des barrières
commerciales
dans le domaine agricole. En contrepartie, les partenaires commerciaux
devraient autoriser
l'Union européenne à améliorer les possibilités d'accès aux marchés pour ses
exportateurs. Par ailleurs, "
il faudrait aussi obtenir une
protection pour
les produits communautaires dont la réputation de qualité est liée à une
origine ou
une indication géographique "
;
-
en ce qui concerne
le soutien interne
: les aides
directes
peuvent contribuer à "
certaines missions de l'agriculture
multifonctionnelle, notamment dans le domaine du développement
rural
".
Dans ce cadre, le Conseil estime que des instruments similaires à
"
la
clause de paix ",
qui
permet aux aides compensatoires de
la PAC
d'être exonérées de l'engagement de réduction des soutiens qu'accordent les
pays à
leur agriculture, et à "
la clause de sauvegarde
spéciale
",
qui autorise la perception de droits de douane additionnels afin de réagir aux
perturbations du marché communautaire causées par l'importation de certains
produits
dont la tarification a été intégrée au GATT, seront nécessaires à l'avenir,
" afin
d'assurer la sécurité juridique des résultats des négociations et pour
permettre de
faire face à des offres de prix anormalement basses ou à de brusques poussées
des
importations. En outre, le maintien du concept des boîtes bleues et vertes doit
être
assuré " ;
-
pour les
subventions à l'exportation
: les
ministres
s'engagent à en négocier la réduction, pour autant que ce type de soutien soit
traité
" sur
une base commune "
avec l'ensemble des partenaires. En outre, les
formes
moins transparentes de soutien aux exportations, comme les situations de
monopole de
commercialisation des denrées alimentaires et l'acheminement d'aide alimentaire
doivent
être examinés avec attention ;
-
en ce qui concerne la sécurité et la qualité des produits
alimentaires
:
le principe de précaution, en vertu duquel l'Union s'oppose notamment aux
importations de
boeuf américain traité aux hormones, doit permettre à l'Union européenne
d'établir le
niveau de protection approprié ;
- les ministres de l'agriculture rappellent la volonté de l'Union de
défendre les
rapports privilégiés avec les pays en développement, en prenant l'engagement de
"
garantir un accès en franchise de droits aux marchés pour
pratiquement
tous les produits exportés par les pays les moins avancés, et ce au plus tard à
la fin
du nouveau cycle de négociations
". Le Conseil souligne que
l'élargissement aura une incidence profonde sur l'agriculture européenne et
devrait
contribuer à la stabilisation et au développement des marchés mondiaux par la
mise en
oeuvre des politiques communautaires. Enfin, "
le modèle européen
d'agriculture
" est mis une nouvelle fois en exergue, comme
instrument de
consécration de son caractère multifonctionnel.
2. Approfondir l'accord sur les services
Considérant que
l'Union européenne est le leader mondial en matière de commerce de services,
la
Commission estime que la Communauté se doit d'adopter dans ce domaine une
position
d'ouverture ambitieuse et d'approfondir l'accord général sur le commerce
(AGCS).
Dans cette perspective, la Commission estime que l'Union européenne devrait se
fixer
quatre objectifs.
Obtenir des négociations globales : aboutir à une consolidation des
niveaux
de libéralisation consentis depuis l'entrée en vigueur du GATS et engager une
libéralisation plus poussée, en tenant compte des spécificités de chaque
secteur.
Rechercher une plus grande ouverture des marchés : la Commission
estime que
cette ouverture à la concurrence nécessite une plus grande sécurité juridique,
et donc
des disciplines réglementaires prévisibles et transparentes. Elle propose, pour
ce
faire, de renforcer les disciplines fondées sur l'article VI du GATS,
relatif aux
droits antidumping et aux droits compensateurs.
Inclure dans les négociations tous les points encore en suspens et les
mesures de
sauvegarde, les subventions et les marchés publics.
Favoriser une participation accrue des pays en développement au commerce
mondial
des services.
3. Poursuivre la réduction des droits sur les produits non agricoles
Constatant la
très grande disparité entre les structures tarifaires des Etats membres de
l'OMC,
la
Commission prône une réduction des droits, une élimination des pics tarifaires
et une
harmonisation des structures tarifaires pour l'ensemble des produits non
agricoles sans
exception.
La Commission souligne néanmoins la nécessité de tenir compte des différents
niveaux
de développement
et propose en conséquence de définir des fourchettes
tarifaires,
ainsi que des droits moyens pondérés fixés selon le niveau de développement et
le
caractère plus ou moins " sensible " des secteurs
concernés. Elle
considère également que l'Union européenne devra veiller à ce que le système de
préférence généralisée (SPG) dont bénéficient les pays en développement ne soit
pas remis en cause.
La Commission plaide, par ailleurs, pour que la Communauté parvienne à des
avancées en
matière de mesures non tarifaires, de sorte que les bénéfices des nouvelles
réductions
de droits ne soient pas à l'avenir réduits par de nouveaux dispositifs non
tarifaires.
Enfin, la Commission souhaite que soit abordée la question des pays les moins
avancés
(PMA) et des pays en développement (PED).
Elle propose qu'à Seattle, tous
les pays
développés s'engagent à accorder, au plus tard à la fin du cycle, l'entrée en
franchise à la quasi-totalité des produits des pays les moins avancés.
La Commission propose également d'élargir l'éventail des produits des pays en
développement bénéficiant du système des préférences généralisées, notamment si
ces pays réduisent certains de leurs droits et acceptent davantage de
consolidations
tarifaires. Elle souhaite cependant que ne soient pas remis en cause les
engagements
régionaux tels que la Convention de Lomé.
C. OUVRIR LES NÉGOCIATIONS SUR DE NOUVEAUX SUJETS
1. Etablir un cadre multilatéral de règles régissant les investissements internationaux
La Commission
estime qu'il est de l'intérêt de la Communauté de poursuivre des négociations
au sein
de l'OMC en vue d'établir des règles régissant les investissements
internationaux
.
Elle souligne que l'OMC présente l'avantage, d'une part, d'être la seule
enceinte
multilatérale susceptible de prendre en compte les intérêts tant des pays
développés
que des pays en développement, d'autre part, d'être fondée sur des principes de
non-discrimination qui pourraient constituer le socle d'un régime
d'investissement ouvert
et efficace.
Dans cette perspective, la Commission considère qu'un régime multilatéral des
investissements internationaux devrait :
- encourager la contribution des investissements internationaux au
développement
durable ;
- ouvrir les marchés nationaux aux investissements internationaux ;
- protéger les investissements internationaux tout en préservant la
capacité des
pays hôtes à réglementer en toute transparence et sans discrimination
l'exercice des
activités économiques sur leur territoire ;
- favoriser un climat commercial stable et transparent.
2. Mettre en place un cadre contraignant de règles multilatérales en matière de concurrence
La Commission
estime que dans un contexte de mondialisation croissante des grandes
entreprises,
la
mise en place d'un cadre multilatéral en matière de droit de la concurrence est
nécessaire pour limiter les risques de conflits liés à l'application de droits
nationaux de la concurrence différents
.
La Commission propose qu'un éventuel accord sur le droit de la concurrence
permette :
- la définition de règles communes en matière d'adoption et d'application
du droit
de la concurrence ;
- une approche commune à l'égard des pratiques anticoncurrentielles
caractérisées ;
- la mise en place d'une coopération internationale en matière de
notification, de
consultation et de surveillance de ces pratiques ;
- la définition de la procédure de règlement des différends en matière de
droit
de la concurrence.
3. Introduire les préoccupations d'environnement et de protection de la santé des consommateurs au sein des négociations
La Commission
propose d'inclure dans les négociations un volet environnemental clarifiant les
relations
entre les règles de l'OMC et les mesures commerciales adoptées à des fins
environnementales
.
Dans cette perspective, la Commission estime que la priorité doit être accordée
à la
clarification des relations entre les règles de l'OMC et :
- les mesures commerciales adoptées en vertu des accords environnementaux
multilatéraux (AEM) ;
- les exigences liées aux procédés et méthodes de production des produits
et, en
particulier, les règles d'étiquetage écologique ;
- l'application du principe de précaution au nom duquel les Etats membres
sont
susceptibles de prendre des mesures pour protéger la sécurité sanitaire des
populations
et l'environnement.
4. Approfondir les accords multilatéraux sur les droits de propriété intellectuelle
La Commission juge souhaitable l'approfondissement de l'accord sur les droits de propriété intellectuelle (ADPIC) annexé à l'accord de Marrakech. Toutefois, compte tenu de la date d'entrée en vigueur du traité -1 er janvier 2000- pour les pays en développement et de l'opposition de la majorité d'entre eux à une modification de l'ADPIC, elle doute que les négociations puissent aboutir à un abaissement des normes.
5. Ouvrir l'accès aux marchés publics
Observant que les marchés publics ont été tenus à l'écart du champ d'application des règles commerciales multilatérales alors même qu'ils représentent plus de 15 % du PIB des Etats membres, la Commission souhaite un approfondissement des accords sur les marchés publics (AMP) et une intégration des questions relatives aux marchés publics dans le cadre multilatéral de l'OMC.
6. Mieux prendre en compte les aspirations des pays en développement
La Commission
souhaite une prise en compte accrue des intérêts des pays en développement et
de la
notion de développement durable dans le nouveau cycle de négociations.
Dans cette perspective, elle propose :
- une extension des franchises de droits à la quasi-totalité des produits
des pays
les moins avancés (PMA) ;
- une amélioration des dispositifs de traitement spécial et
différencié ;
- un renforcement de l'assistance technique et des mesures de coopération
des pays
développés envers les pays les moins avancés ;
- un approfondissement des relations entre l'OMC et les autres
organisations
internationales qui oeuvrent en faveur du développement durable ;
- des initiatives en faveur de l'intégration au sein de l'OMC des pays
actuellement
hors du système tels que la Russie et la Chine.
7. Introduire des clauses sociales dans les engagements commerciaux multilatéraux
La Commission
préconise la poursuite des efforts en faveur de l'introduction
" d'une clause
sociale " dans les engagements commerciaux multilatéraux.
Consciente des
réticences que suscite cette démarche, notamment dans les pays en voie de
développement
qui estiment que de telles clauses sont susceptibles de servir de prétexte à
des mesures
protectionnistes, la Commission plaide pour une démarche graduelle fondée sur
une
coopération entre l'OMC et l'Organisation internationale du travail (OIT).
Dans cette perspective, elle propose :
- de renforcer la coopération entre les secrétariats de l'OMC et de
l'OIT ;
- de soutenir toute demande de l'OIT en vue d'obtenir le statut
d'observateur à
l'OMC ;
- d'encourager la mise en place de mesures positives permettant aux pays en
développement d'obtenir des avantages s'ils prouvent qu'ils respectent les
principales
conventions de l'OIT.
II. LES PROPOSITION DE RÉSOLUTIONS SUR LA PRÉPARATION DE LA CONFÉRENCE MINISTÉRIELLE DE L'OMC À SEATTLE
A. LA PROPOSITION DE RÉSOLUTION N° 46 SUR LE VOLET AGRICOLE ET AGRO-ALIMENTAIRE DES NÉGOCIATIONS
Votre rapporteur
approuve sans réserve les termes de la proposition de résolution signée par
l'ensemble
des membres de la majorité sénatoriale composant le groupe de travail sur
l'avenir du
secteur agro-alimentaire.
Il se félicite que la proposition de résolution n° 46 prenne en compte les
préoccupations du secteur agro-alimentaire dans les négociations du cycle du
millénaire.
Après les nombreux visas qui s'avèrent utiles afin de suivre l'évolution des
négociations entre les différents partenaires après le cycle d'Uruguay, les
signatures
de la proposition de résolution développent dix alinéas.
Le premier souligne que la politique agricole commune, réformée lors du Conseil
de
Berlin de mars 1999, constitue le " socle
indéformable " des
prochaines négociations internationales dans le domaine agricole. Trois
objectifs
essentiels doivent permettre de guider l'action de la Commission : il
s'agit du
maintien de la préférence communautaire, souvent mise à mal, de la garantie du
revenu
des agriculteurs et enfin l'affirmation de la capacité exportatrice de
l'agriculture
européenne.
Le deuxième alinéa rappelle l'unité de vues des quinze Etats membres en
mars 99
lors du Conseil de Berlin sur la Politique agricole commune ainsi que sur la
notion de
développement rural.
Le troisième alinéa demande expressément à l'Union européenne d'adopter une
attitude
offensive dans les négociations agricoles.
Les signataires souhaitent, d'une part, que l'Union européenne puisse
promouvoir le
modèle agricole et alimentaire européen basé sur la qualité et la diversité des
produits, la sécurité sanitaire des consommateurs et le respect de
l'environnement.
D'autre part, la proposition de résolution souligne l'importance d'une prise en
compte
des facteurs de compétitivité du secteur agro-alimentaire, qui doivent être
améliorés
afin de maintenir l'Europe au premier rang mondial.
Le quatrième alinéa précise que l'Europe se doit, lors du cycle du Millénaire,
de
définir, de préciser et de promouvoir le principe de multifonctionnalité de
l'agriculture consacré à la fois à Berlin en mars 1999 et, en France, à
travers
la loi d'orientation agricole de juillet dernier.
Le cinquième alinéa insiste sur la nécessaire protection des indications
géographiques, face aux insuffisances de l'Accord sur " les aspects
du droit de
propriété intellectuelle touchant au commerce " (ADPIC) dues à
l'existence de
nombreuses dérogations.
Le sixième alinéa traite du renforcement des normes internationales notamment
dans le
cadre de l'OMC et de la FAO. Il fait référence au rôle croissant du Codex
Alimentarius,
longuement analysé dans le récent rapport d'information de la Commission des
Affaires
économiques sur l'avenir du secteur agro-alimentaire
6(
*
)
,
ainsi qu'à la nécessaire définition du principe de précaution.
Le septième alinéa souligne l'intérêt de distinguer, au sein des pays
émergents, les
pays les moins avancés, qui ont impérativement besoin d'un statut dérogatoire
au sein
de l'OMC.
Le huitième alinéa concerne l'accès au marché : si les signataires
acceptent le
principe d'une ouverture plus grande des marchés communautaires, ils souhaitent
néanmoins que celle-ci ait pour contrepartie une ouverture similaire des
marchés de nos
partenaires commerciaux.
Le neuvième alinéa demande à l'Union européenne de ne pas hésiter à
" mettre au grand jour ", lors des négociations
internationales,
l'ensemble des pratiques mises en oeuvre par les différents Etats dans le
domaine
agricole telles que les aides à l'exportation et à la consommation aux
Etats-Unis et le
mécanisme des boards pour les pays du groupe de CAIRNS.
Le dixième et dernier alinéa souligne la nécessité de prévoir des règles
" équitables et transparentes " pour les échanges
commerciaux
agricoles et agro-alimentaires.
B. LA PROPOSITION DE RÉSOLUTION N° 47 DE LA DÉLÉGATION POUR L'UNION EUROPÉENNE DU SÉNAT SUR LE VOLET NON-AGRICOLE DES NÉGOCIATIONS
La proposition de résolution de la Délégation pour l'Union européenne successivement les questions relatives à la définition de l'ordre du jour et des modalités du nouveau cycle de négociations multilatérales puis aux sujets sectoriels.
1. L'ordre du jour et les modalités du nouveau cycle de négociations
En préalable à
l'exposé de ses souhaits concernant la préparation de la conférence de Seattle,
la
Délégation pour l'Union européenne a souhaité
rappeler
"
l'attachement
que la France porte à l'Organisation Mondiale du Commerce
, en raison de la
place
qu'elle offre à l'ensemble des pays, quel que soit leur état de développement,
de son
rôle éminent dans le règlement des conflits, et de sa contribution au
développement
des échanges, facteur de stabilité et de progrès
"
Votre Commission tient, à ce propos, à rappeler combien le système d'échange
multilatéral a été, depuis sa création et son approfondissement avec la
création de
l'OMC, un élément majeur du maintien de la croissance mondiale.
La Délégation a, ensuite, estimé indispensable que soient discutées, lors du
nouveau
cycle de négociation "
des questions nouvelles rendues nécessaires
pour
permettre une meilleure gestion du phénomène de la
mondialisation
". Elle
souhaite en conséquence que "
les membres de l'OMC puissent
parvenir à
s'accorder sur
un ordre du jour élargi
".
La Délégation souligne ensuite la nécessité
d'un cycle global de
négociations
au terme duquel aucun accord sectoriel ne serait possible avant la conclusion
d'un accord
global.
Elle se prononce, enfin, en faveur de
la priorité accordée, lors de ce
cycle, à
l'intégration des pays en voie de développement dans le commerce
international.
Il
est ainsi souhaité que soient pris en compte
" leurs
particularismes et
leurs fragilités " .
Ces positions sont en tous points conformes à celles adoptées par la Commission
dans sa
communication du 8 juillet et par les quinze membres de l'Union le
26 octobre
dernier.
Votre Commission estime qu'il est dans l'intérêt de l'Union européenne que
le champ
des négociations porte sur un nombre de secteurs suffisamment important pour
que l'on
puisse aboutir à une répartition équilibrée des avantages entre tous les
membres de
l'OMC.
2. Les thèmes à aborder
La proposition de résolution de la Délégation pour l'Union européenne aborde successivement les principaux thèmes qui devraient faire l'objet de négociations de la conférence lors du cycle du millénaire.
a) Le respect de l'exception culturelle
Soulignant
l'importance de la promotion de la diversité culturelle, la proposition de
résolution
engage le Gouvernement à veiller au respect de l'exception culturelle
"
notamment
lorsque sera abordé le principe d'un accord multilatéral relatif aux
investissements
".
Il convient de rappeler que les services culturels entrent, au même titre que
l'ensemble
des activités de services, dans le champ de l'accord général sur le commerce de
services (GATS). Un des enjeux du précédent cycle de négociations comme du
prochain
cycle est en conséquence de déterminer s'ils seront soumis aux mêmes règles et
principes de l'OMC que les autres services, à savoir la clause de la nation la
plus
favorisée et celle du traitement national.
Comme le souligne le rapporteur pour avis de la commission des affaires
culturelles sur
les crédits du cinéma et du théâtre dramatique
7(
*
)
, ces
principes interdiraient la mise en oeuvre de politiques culturelles, dans le
secteur
audiovisuel et cinématographique, reposant sur des accords de coproduction avec
certains
pays, l'instauration de quotas de diffusion d'oeuvres selon leur origine, ou
l'octroi de
subventions sélectives.
Lors de la conclusion du précédent cycle, l'Union européenne avait, à
l'initiative de
la France, veillé à préserver sa liberté actuelle et future en matière de
politique
audiovisuelle et sa capacité à définir librement les instruments pour la mettre
en
oeuvre. Cette " exception culturelle " recouvrait
juridiquement deux
aspects :
- une absence d'offre de libéralisation de la Communauté et de ses Etats
membres,
qui permet notamment de ne pas respecter le principe du traitement national
dans ce
secteur ;
- des dérogations à la clause de la nation la plus favorisée, qui
autorisent à ne
pas accorder le même traitement à tous les membres de l'OMC.
Ces acquis sont cependant susceptibles d'être remis en cause sous l'effet de
plusieurs
facteurs :
- les évolutions technologiques intervenues depuis 1994, en particulier la
progression des technologies numériques, et le développement d'Internet, qui
ont permis
de nouvelles formes de diffusion des contenus audiovisuels ;
- l'inclusion dans le champ des futures négociations à l'OMC, des règles
sur les
subventions accordées aux activités de services, et la définition éventuelle de
disciplines sur l'investissement du type de celles que prévoyait le projet
d'Accord
Multilatéral sur l'Investissement discuté dans le cadre de l'OCDE.
Dans ce contexte, votre Commission se félicite de ce qu'une position commune
entre les
membres de l'Union sur ce thème ait pu être dégagée lors du Conseil du
26 octobre. Les conclusions de ce conseil indiquent, en effet, que
"
l'Union
veillera, pendant les prochaines négociations de l'OMC, à garantir, comme dans
le cycle
de l'Uruguay, la possibilité pour la Communauté et ses Etats membres de
préserver et de
développer leur capacité à définir et mettre en oeuvre leurs politiques
culturelles et
audiovisuelles pour la préservation de leur diversité
culturelle
". Elle
regrette néanmoins que l'Union européenne n'ait pas reprise la notion
d'exception
culturelle.
C'est pourquoi votre Commission approuve la position de la Délégation en
faveur de
l'exception culturelle. Elle a néanmoins souhaité compléter la proposition de
résolution en demandant "
à ce que soit confirmé le principe de
neutralité technologique selon lequel les oeuvres culturelles quel que soit
leur mode de
diffusion, y compris électronique, relèvent du régime des
services ".
Dans la perspective d'éventuelles négociations sur le commerce électronique,
certains
Etats -au premier rang desquels les Etats-Unis- seraient, sans nul doute, tentés
d'exclure les services offerts via Internet du régime des services, en
soutenant qu'il
s'agit de marchandises immatérielles. Les transactions relèveraient alors du
GATT, qui
prévoit un régime beaucoup plus libéral que le GATS. Il importe de souligner
que le
mode de transmission d'un service ne modifie en rien la nature de ce dernier.
Ce principe
de neutralité technologique permet de s'assurer que l'ensemble des services
audiovisuels,
quel que soit leur mode de diffusion, sont couverts par les accords de
Marrakech. Il est
donc nécessaire que ce principe soit confirmé afin de ménager toutes les marges
de
manoeuvre nécessaires à nos politiques en faveur des contenus audiovisuels
quelques en
soient les supports.
b) L'introduction dans le cadre de l'OMC de règles multilatérales sur l'investissement
La proposition
de résolution plaide par la mise en place d'un cadre juridique multilatéral sur
les
investissements internationaux.
Votre Commission souligne que l'Europe et la France ont intérêt à un accord
multilatéral sur l'investissement
. L'Union est, en effet, le premier
investisseur
direct à l'étranger au monde, avec 386 milliards de dollars de flux
d'investissements directs étrangers en 1998, ce qui représente trois fois le
flux
d'investissements directs étrangers sortant des Etats-Unis.
Les entreprises européennes souhaitent, en outre, que les garanties offertes à
leurs
investissements par les accords bilatéraux de protection des investissements
que la
France a conclus avec des pays en développement soient améliorées. Si les
investissements français sont localisés à 80 % dans les pays développés,
les
pays en développement constituent un enjeu important, compte tenu de leurs
perspectives
de croissance et de la moindre sécurité juridique qu'ils offrent aux
investisseurs.
C'est pourquoi la tenue de négociations sur les investissements dans un forum
aussi large
que l'OMC est nécessaire.
Votre rapporteur, souscrivant à la position de la Délégation, a souhaité
préciser
sur ce point la nécessité de préserver la faculté des pays hôtes de réglementer
l'activité des investisseurs sur leur territoire, conformément aux principes de
base de
l'OMC
. La remise en cause de cette faculté a, en effet, été à l'origine de
la
contestation puis de l'abandon de l'accord multilatéral sur l'investissement
(AMI), qui
était en cours de négociation dans le cadre de l'OCDE.
c) La détermination de normes sociales minimales dans les règles du commerce internationale
La Délégation
pour l'Union européenne a estimé qu'il fallait, lors du débat qui devrait être
consacré à la détermination de règles sociales minimales, que
"
toutes
assurances soient données aux pays en voie de développement pour que ces normes
ne
puissent être invoquées dans un seul but de protectionnisme, mais qu'elles
répondent au
souci de protéger les droits des travailleurs
".
Il convient de rappeler que la question des normes sociales minimales avait
fait l'objet
d'affrontements entre les pays industrialisés et les pays en développement lors
de la
conférence ministérielle de l'OMC à Singapour. La déclaration adoptée à l'issue
de
ces débats a reconnu que l'Organisation internationale du travail était
l'organisation
compétente, mais que les secrétariats de l'OIT et de l'OMC devaient collaborer.
Depuis Singapour, l'OIT a adopté à l'issue de sa conférence ministérielle de
l'année
dernière, le 17 juin 1998, une Déclaration garantissant les droits
fondamentaux des travailleurs et a adopté cette année une Convention
interdisant les
formes les plus intolérables du travail des enfants, lors de l'assemblée de
l'organisation en juin dernier.
L'une des questions posées à l'OMC est celle de la légitimité de mesures
commerciales
incitatives, réservées aux pays respectant leurs engagements à l'OIT.
Sur ce sujet, l'Union européenne a longtemps été divisée entre les Etats
membres tels
que la France, l'Allemagne et l'Autriche, qui demandent l'établissement d'un
groupe de
travail, et ceux qui, tels le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l'Espagne ou l'Irlande
considèrent que l'Union européenne met en péril le cycle de négociations en
recherchant l'inclusion du sujet à l'OMC.
Votre Commission a approuvé, sous réserve de modifications rédactionnelles la
proposition de résolution qui reflète assez fidèlement l'état d'un débat où il
convient de concilier des exigences contradictoires : faire progresser le
respect des
droits fondamentaux du travail et lutter contre les formes les plus
intolérables de
" dumping social ", tout en évitant que l'Union européenne
se trouve
isolée dans un conflit avec les pays en voie de développement pour lesquels le
faible
niveau des salaires et de protection sociale constitue un élément essentiel de
la
compétitivité de leurs produits.
d) Approfondir les accords relatifs aux services
La proposition
de résolution demande au Gouvernement de
" veiller à ce que l'Union
européenne obtienne de ses partenaires commerciaux la réciprocité des avantages
qu'elle
leur consentira en matière de libéralisation dans le secteur des services, sans
préjudice du traitement particulier consenti aux pays en voie de
développement
".
Votre Commission partage cette position et souhaite qu'en matière de
services, secteur
dans lequel l'Union européenne et la France disposent d'avantages comparatifs
certains,
soit négociée une ouverture des marchés des pays tiers aussi large que celle
existant
actuellement pour le marché communautaire.
Elle souligne également la nécessité d'un renforcement des disciplines de
l'accord
général sur le commerce des services afin de garantir dans ces secteurs un
environnement
réglementaire transparent et prévisible.
e) Renforcer les protections internationales de la propriété intellectuelle
La proposition
de résolution souligne l'inquiétude de la Délégation pour l'Union européenne
devant
le "
manque de prévision des objectifs retenus en matière de
défense de la
propriété intellectuelle
", et demande au Gouvernement de
soutenir toute
initiative permettant d'assurer, sur le plan international, le respect de la
propriété
intellectuelle, notamment en matière d'appellation d'origine. La Délégation pour
l'Union européenne souhaite, en outre, une harmonisation des conditions et des
procédures de brevetabilité.
Rappelons que l'Accord de Marrakech avait permis la conclusion de l'accord sur
les aspects
des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (accord ADPIC).
Cet
accord a constitué une novation majeure, en soumettant à l'Organe de règlement
des
différends de l'OMC les règles définies à l'Organisation mondiale de la
propriété
intellectuelle (OMPI) figurant dans les conventions internationales de brevets,
marques et
droits d'auteur.
Tous les Etats membres de l'OMC n'ont pas encore transposé cet accord. Les pays
développés ont, en effet, disposé pour ce faire, d'un délai d'un an à compter de
l'entrée en vigueur de l'accord, c'est-à-dire jusqu'au
1
er
janvier 1996.
Les pays en développement membres de l'OMC ont disposé d'un délai
supplémentaire de
quatre ans, soit jusqu'au 1
er
janvier 2000, et les pays
les moins
avancés ont obtenu un délai de onze ans pour mettre en oeuvre la transposition
définitive de l'ADPIC.
L'accord ADPIC établit des normes de protection minimales, qui doivent figurer
dans la
législation de chaque pays. Il précise les procédures juridiques et les mesures
correctives auxquelles les détenteurs de droits doivent avoir accès dans le
cadre des
procédures judiciaires et/ou administratives pour protéger leurs intérêts. Cet
accord
permet ainsi de suspendre l'importation de produits contrefaits ; à cette
fin, il
dispose que "
les membres de l'OMC prévoiront des procédures
pénales et
des peines applicables pour les actes délibérés de contrefaçon de marque de
fabrique
ou de commerce ou de piratage
".
Dans ce domaine, l'objectif de l'Union est donc d'abord d'obtenir la mise en
oeuvre
complète et réelle de l'accord ADPIC pour tous les membres de l'OMC et ensuite
de le
compléter, en particulier en élargissant la couverture de l'accord aux brevets
et
indications géographiques
. A l'inverse, nombre de pays en voie de
développement qui
n'ont jamais bien admis la multilatéralisation des règles de propriété
intellectuelle
-dont ils craignent qu'elle ne freine les transferts de technologie- sont
hostiles à la
réouverture d'une négociation sur l'ADPIC.
Dans ce contexte, la Commission, dans sa communication du 8 juillet plaide
pour une
position prudente, observant que certains pays en développement s'opposeront à
toute
modification de l'ADPIC. La proposition de résolution regrette cette prudence
et souligne
la nécessité d'assurer pleinement la protection des droits de propriété
intellectuelle.
Il convient d'observer que la déclaration du Conseil du
26 octobre 1999 va sur
ce point plus loin que la communication de la Commission et rencontre ainsi les
préoccupations de la Délégation pour l'Union européenne. Le Conseil prévoit, en
effet, qu'
" il faudra prendre des décisions sur le suivi des ADPIC,
notamment en ce qui concerne l'extension de la protection au titre des
indications
géographiques (registre multilatéral des vins, spiritueux et autres
produits)
".
Il ajoute, en outre, que
" les questions laissées de côté à la fin
de
l'Uruguay Round devront être examinées plus à fond, par exemple le dépôt des
brevets
".
f) Clarifier les relations entre les règles de l'OMC et les accords environnementaux multilatéraux
La proposition
de résolution n° 47 plaide pour "
un renforcement des
synergies
entre la libéralisation du commerce et la protection de l'environnement
"
et demande que soit formellement imposé le respect des accords environnementaux
multilatéraux (AME). La Délégation pour l'Union européenne souhaite également
la
confirmation du droit à se prévaloir de l'usage du principe de précaution par
des
mesures commerciales restrictives
.
Rappelons que dès la conclusion des accords de Marrakech, l'OMC s'est dotée d'un
programme de travail sur les relations entre le commerce et l'environnement qui
traite des
liens entre les règles commerciales et les règles environnementales.
Depuis 1995, une attention croissante s'est également portée sur les questions
de santé
publique et de protection des consommateurs. Les crises (vache folle,
dioxine...) et les
contentieux commerciaux récents (amiante, boeuf aux hormones...) ont démontré
l'imbrication grandissante des problématiques commerciales et
environnementales. Dans ce
contexte, les préoccupations des opinions publiques se sont cristallisées sur la
revendication d'une approche fondée sur le principe de précaution.
Dans ce contexte, l'Union européenne s'est prononcé, en particulier lors du
Conseil du
26 octobre, en faveur d'un renforcement des synergies entre la
libéralisation
commerciale, la protection de l'environnement et le développement durable. Elle
a, dans
cette perspective, défini quatre objectifs de négociation :
- la reconnaissance par l'OMC des AME, y compris en tant qu'ils autorisent
des
mesures restrictives au commerce, dans des conditions qui restent à
définir ;
- la reconnaissance des démarches d'éco-étiquetage dans des limites qui
restent à
définir ;
- la clarification des relations entre les accords de l'OMC et les
principes
environnementaux fondamentaux, en particulier le principe de précaution, ce
dernier
étant présent de façon implicite dans certains accords du cycle d'Uruguay, mais
n'ayant
pas de valeur générale ;
- la coopération entre l'OMC et les institutions internationales qui
traitent
d'environnement, notamment le PNUE, la Banque Mondiale, la CNUCED et les
secrétariats des
AME.
La Délégation pour l'Union européenne appuie donc cette position, que votre
rapporteur partage en espérant qu'il sera possible de trouver un terrain
d'entente avec
les autres parties à la négociation
.
g) Assurer un suivi des négociations
Après avoir
observé que le Conseil avait affirmé l'importance de maintenir des contacts
étroits
avec les Parlements tant lors de la préparation de la réunion de Seattle que
pendant les
négociations ultérieures, la proposition de résolution demande au Gouvernement
"
d'assurer l'information complète et régulière du Parlement sur le
contenu et les développements de la négociation, permettant ainsi la
sensibilisation des
citoyens aux enjeux et avancées de celle-ci
".
Votre rapporteur ne peut que s'associer à ce souhait. Il considère que l
es
Français
ne comprendraient pas que la représentation nationale ne soit pas associée à des
négociations sur des domaines aussi importants.
C. LA PROPOSITION DE RÉSOLUTION N° 55 PRESENTEE PAR MME HÉLÈNE LUC, MM. GÉRARD LE CAM, JACK RALITE ET LES MEMBRES DU GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN
La proposition
de résolution n°55 aborde successivement des recommandations relatives aux
"
conditions
de la négociation
", aux sujets agricoles, à
"
l'exception
culturelle
", à l'industrie et aux services, et aux
"
autre
sujets
".
En préalable à l'exposé des souhaits concernant la préparation de la conférence
de
Seattle, la proposition de résolution n°55 rappelle dans une série de
considérants les
positions du groupe communiste, républicain et citoyen sur les échanges
commerciaux
internationaux et l'OMC.
D'emblée, ces considérants situent cette proposition de résolution dans une
position
beaucoup plus critique à l'égard de la mondialisation et de l'ouverture d'un
nouveau
cycle de négociations que ne le sont les deux premières propositions de
résolution
étudiées.
Il est ainsi considéré que "
la mondialisation de type
capitaliste et la
domination de puissantes firmes multinationales qui l'accompagnent ont pour
conséquence
le pillage irraisonné des ressources de la planète, la dégradation de
l'environnement,
l'insécurité croissante des produits destinés à la consommation animale et
humaine et
l'uniformisation des cultures locales, régionales et
nationales
". La
proposition de résolution n°55 souligne également "
qu'au sein de
chacun
de ces pays, des pans entiers de leurs économies sont mis à mal par l'ouverture
à la
concurrence et la soumission aux règles du libéralisme avec la disparition
d'activités
essentielles, la destruction de leurs industries, la délocalisation des
capitaux et la
suppression d'emplois ".
1. Les conditions de la négociation
En dépit de
cette différence d'approche, une partie des positions relatives à l'ordre du
jour et aux
modalités des négociations rejoignent celles formulées dans la proposition de
résolution n°47 auxquelles votre Commission souscrit
. Il s'agit notamment de
l'approbation "
de l'ouverture d'un cycle complet de négociations
qui ne se
limite pas à l'agriculture et aux services et intègre les normes sociales et
environnementales
" ou du souhait "
qu'au cours des
prochaines
négociations les pays en voie de développement et les pays les moins avancés
soient en
mesure de faire valoir leurs spécificités et être parties prenantes du système
commercial international
".
D'autres recommandations se situent en contradiction avec les positions
généralement
défendues par votre Commission
. C'est par exemple le cas lorsque la
proposition de
résolution "
demande à la Commission européenne de s'opposer
catégoriquement à toutes propositions qui auraient pour conséquence d'aggraver
les
conditions de la concurrence, de poursuivre l'ouverture des
marchés
".
Cette demande apparaît, en effet, en contradiction même avec l'objectif des
négociations qui est de poursuivre l'ouverture de certains marchés grâce à la
définition de règles communes.
Certaines recommandations relatives aux conditions de la négociation
introduisent,
enfin, de nouveaux éléments dans le débat, qui peuvent utilement compléter la
proposition de résolution n° 47
sous réserve de quelques
modifications. Il
s'agit de la demande d'un bilan sur l'accord de Marrakech, du souhait que
l'administration
américaine obtienne du Congrès un mandat de négociation et de l'exigence d'une
démocratisation de la procédure de règlement des conflits.
Votre Commission partage ainsi le souhait que soient poursuivies les
négociations sur
la réforme de la procédure des différends de l'OMC afin de la rendre plus
transparente
et plus impartiale
. Cette transparence peut passer par un dialogue accru
avec les
Organisation non gouvernementales (ONG), même si on peut s'interroger sur la
portée
pratique et juridique d'une reconnaissance du droit pour les organisations non
gouvernementales, les organisations syndicales et tout représentant de la
société
civile de se constituer partie civile.
Les affaires relatives aux boeufs aux hormones ou aux conflits sur le régime des
exportations de banane ont, par ailleurs, démontré qu'il fallait renforcer
l'impartialité de la procédure. Les modalités de désignation des membres de
l'organe
d'appel ne semblent, en effet, pas offrir toutes les garanties d'indépendance
que l'on
pourrait attendre d'une instance arbitrale ou juridictionnelle. De même, il
conviendrait
de préciser les règles actuelles relatives à la mise en application des
décisions de
l'organe de règlement des différends, en particulier, en cas de divergence des
deux
parties sur l'interprétation d'une décision.
En ce qui concerne le mandat de négociation de l'administration américaine,
votre
Commission partage également les inquiétudes des auteurs de cette proposition de
résolution.
Il est, en effet, à craindre que l'exécutif américain ne soit
pas en
mesure de signer un accord avant janvier 2002. Il ne disposera pas, en effet,
d'un mandat
de négociation du Congrès et, ce dernier ne votera vraisemblablement pas un
" fast
track " avant les élections présidentielles et législatives de 2000. C'est
pourquoi, sans conditionner la reprise des négociations à l'adoption par le
congres d'un
mandat de négociation, il convient d'attirer l'attention sur le fait que ce
mandat devra
être adopté en cours de négociation.
2. Le volet agricole
De nombreux
alinéas figurant dans la proposition de résolution n° 55 s'avèrent
identiques à ceux présents dans la proposition de résolution n° 46.
Il s'agit notamment :
- de la préservation des objectifs de la PAC que sont la préférence
communautaire,
la garantie du revenu agricole et la capacité exportatrice de l'agriculture
européenne ;
- du souhait de voir l'Union européenne faire prévaloir, dans les
négociations
internationales, la qualité et la diversité des produits agricoles, la sécurité
alimentaire et la richesse culturelle de l'alimentation européenne ;
- de la reconnaissance du principe de multifonctionnalité de
l'agriculture ;
- de la prise en compte des exigences des consommateurs ;
- du renforcement des normes internationales de sécurité sanitaires et
alimentaires, définies dans le cadre de l'OMS et de la FAO ainsi que de
l'affirmation du
principe de précaution ;
- de la demande faite à l'Union européenne de distinguer très nettement le
cas des
pays les moins avancés lors des négociations internationales afin de préserver
l'économie de ces Etats ;
- de la nécessité pour l'Union européenne d'avoir une attitude offensive en
mettant au grand jour l'ensemble des pratiques des Etats-Unis et du pays du
groupe de
CAIRNS en matière d'aide à l'agriculture.
Sur certains points, la proposition de résolution du groupe communiste
républicain et
citoyen est néanmoins distincte de la proposition de résolution n° 46.
Ainsi, la
proposition de résolution n° 55 :
- souhaite que la Commission européenne s'oppose à toute mesure qui aurait
pour
conséquence d'accroître la libéralisation des échanges ;
- précise de manière détaillée la notion de multifonctionnalité de
l'agriculture ;
- demande la reconnaissance d'un droit pour chaque consommateur de
bénéficier d'une
alimentation accessible à tous ;
- spécifie que le principe de précaution doit être fondé sur l'inversion
de la
charge de la preuve pour les produits susceptibles de menacer la santé des
consommateurs ;
- souhaite que l'Union européenne défende "
une conception de
l'agriculture non productiviste et non intensive capable d'éliminer la faim
dans le
monde, de garantir l'indépendance alimentaire, la sécurité d'approvisionnement
et
l'équilibre des relations internationales
".
Votre rapporteur, sans être en désaccord avec l'esprit de ces différents
points, ne
souhaite pas tous les retenir.
S'il considère que la précision apportée au
principe
de multifonctionnalité de l'agriculture s'avère très utile, il estime néanmoins
que :
- l'application systématique du mécanisme du renversement de la charge de
la preuve
lors de la mise en place du principe de précaution peut s'avérer, en réalité,
beaucoup
trop complexe et conduire à terme à transformer le principe de précaution en
principe
de suspicion voire en principe d'inaction ;
- la prise en compte des besoins alimentaires de la planète figure
implicitement
dans la reconnaissance de la spécificité des pays les moins avancés ;
- l'ouverture croissante de la libéralisation des échanges n'est pas un
mal en soi,
surtout dans un environnement multilatéral régulé. Ainsi, il s'avère plus
important et
plus efficace de structurer l'environnement des échanges par la prise en compte
des
normes sociales, environnementales.. plutôt que de se replier sur soi ;
- enfin, il peut paraître trop facile et quelque peu paradoxal d'opposer
systématiquement le développement de l'agriculture intensive et l'insuffisance
alimentaire mondiale. Le dernier alinéa de la proposition du groupe communiste
est pour
le moins surprenant.
3. Le volet culturel
Dans le domaine
culturel, la proposition de résolution n°55 demande à ce que
"
l'Union
européenne s'appuie sur les acquis des accords de Marrakech pour exiger le
maintien de
l'exception culturelle
" et invite l'Union européenne
"
à
proposer que l'UNESCO soit l'enceinte dans laquelle se discutent les règles
spécifiques
concernant l'audiovisuel et les autres services culturels, quel qu'en soit le
support
physique
".
Votre Commission souscrit la volonté de préserver le principe de l'exception
culturelle mais s'interroge sur la vocation de l'UNESCO à être l'enceinte
privilégiée
de négociation des règles commerciales relatives à l'audiovisuel et aux autres
services
culturels.
4. L'industrie et les services
Dans les
secteurs de l'industrie et des services, la proposition de résolution demande
que :
- "
L'Union européenne s'oppose à toute nouvelle
déréglementation et
libéralisation de secteurs sensibles comme l'énergie, les transports, la santé,
l'éducation, les services postaux ainsi que tout autre service public ou
relevant de
l'intérêt général
" ;
- "
La situation des secteurs à forte intensité de
main-d'oeuvre comme
le textile ou l'habillement soit mieux considérée au regard de la situation de
l'emploi
et de l'aménagement du territoire " ;
- "
Souhaite également une meilleure prise en compte du
phénomène de
dumping social pour autoriser le cas échéant certains pays à renforcer leur
niveau de
protection des secteurs menacés par des prix excessivement bas
".
Bien que réservée sur leur formulation, votre Commission partage pleinement le
souci qui
anime ces recommandations sur l'aménagement du territoire, sur l'emploi et sur
la
défense des entreprises et sur les services publics qui y contribuent.
5. Les autres sujets
La proposition
de résolution n°55 rassemble enfin, dans un chapitre consacré aux
" autres
sujets ", des considérations sur les relations entre les règles du
commerce
internationale et les normes fondamentales du travail, la protection de
l'environnement,
les règles de concurrence, le régime des investissements internationaux et les
transactions financières.
Certaines des recommandations rejoignent celles formulées par la proposition
de
résolution n°47 auxquelles votre Commission souscrit
. Il s'agit, en
particulier, de
la volonté d'établir un lien entre les questions commerciales et les normes
fondamentales du travail ou du souhait que soient prises en compte les normes
environnementales.
Votre Commission partage par ailleurs le souci de la proposition de résolution
d'éviter
tout "
retour au projet d'accord multilatéral sur l'investissement
(AMI)
".
Elle est, en revanche, favorable à la mise en place d'un cadre multilatéral sur
les
investissements directs dans la mesure où il préserverait la faculté des pays
hôtes de
réglementer l'activité des investisseurs sur leur territoire, conformément aux
principes de base de l'OMC.
D'autres recommandations n'ont pas recueilli l'approbation de votre
Commission
. Le
souhait "
d'un cadre réglementaire permettant d'enrayer les
phénomènes de
concentrations, de fusions, d'acquisitions à caractère oligopolistique ou
monopolistique
"
apparaît, en effet, peu réaliste. Il est apparu préférable de promouvoir la
poursuite
des négociations relatives au lien entre les règles du commerce international
et les
droits nationaux de la concurrence. De même, la création d'une taxe sur les
transactions
financières au niveau mondial semble pas pouvoir être négocié au sein de l'OMC.
III. LA POSITION DE LA COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Votre
Commission a tout d'abord souhaité réunir les trois propositions de résolutions
dans un
seul document qui expose la position du Sénat sur la préparation de la
Conférence de
Seattle et les négociations qui en découleront.
Dans cette perspective,
elle a organisé, selon l'ordre des thèmes abordés
par la
communication de la Commission, les différentes recommandations qu'elle a
souhaité
retenir
en fonction des observations qui précèdent.
Après avoir procédé à des modifications d'ordre rédactionnel, afin d'harmoniser
des
recommandations issues des différents textes,
elle a souhaité compléter les
propositions de résolution qui lui ont été soumises sur deux points.
Elle a tout d'abord souligné la nécessité de poursuivre les négociations
relatives au
lien entre les règles du commerce international et les droits nationaux de la
concurrence
,
afin de définir un cadre général fondé sur les principes de transparence et de
non-discrimination.
Les pratiques anticoncurrentielles constituent, en effet, une source de
distorsions
économiques et une atteinte manifeste aux droits des consommateurs. Elles
doivent en
conséquence être combattues tant au niveau international qu'au niveau européen.
Le
champ d'action des grands groupes internationaux étant aujourd'hui mondial, il
faut
envisager un niveau de régulation de la concurrence, au niveau mondial pour
assurer le
caractère équitable du jeu concurrentiel. Il est donc nécessaire que les
négociations
sur le droit de la concurrence se poursuivent dans le cadre de l'OMC.
Votre Commission a également souhaité que l'Union européenne obtienne une
réduction
des obstacles non tarifaires aux échanges internationaux, notamment en
renforçant les
dispositions actuelles de l'accord sur les obstacles techniques au commerce
(OTC)
.
Au-delà des droits de douane, d'autres obstacles, tels que les règles
techniques, les
normes ou les procédures douanières limitent encore l'entrée des marchandises
et des
services. Votre commission a considéré qu'il ne servirait à rien de s'entendre
sur une
suppression des droits de douane si les obstacles non tarifaires en annulaient
les effets.
*
* *
Réunie le mercredi 10 novembre 1999, la Commission des Affaires économiques a adopté, à l'unanimité, la proposition de résolution ci-après :
PROPOSITION DE RÉSOLUTION
Le Sénat,
Vu l'article 88-4 de la Constitution,
Vu la communication de la Commission européenne au Conseil et au Parlement
européen n°
E-1285 du 8 juillet 1999 relative à l'approche de l'Union européenne en vue du
cycle du
millénaire de l'Organisation Mondiale du Commerce,
Vu l'avis 1/94 du 15 novembre 1994 de la Cour de justice des Communautés
européennes,
qui établit un partage de compétences entre l'Union européenne et ses Etats
membres
pour conclure des accords internationaux en matière de commerce de marchandises
et de
services et de protection de la propriété intellectuelle,
Vu l'accord de Marrakech instituant l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC),
auquel sont
annexés les différents accords concluant les négociations commerciales du cycle
d'Uruguay, signé le 15 avril 1994, dont la ratification a été autorisée par la
loi n°
94-1137 du 27 décembre1994, et entré en vigueur le 1er janvier 1995,
Vu les déclarations ministérielles de l'OMC adoptées par la Conférence
ministérielle
de Singapour le 13 décembre 1996 et par la Conférence ministérielle de Genève
le 20
mai 1998,
Vu les conclusions des Conseils européens de Berlin des 24 et
25 mars 1999 sur
l'Agenda 2000 et de Cologne des 3 et 4 juin 1999 sur l'OMC,
Considérant que l'article 20 de l'accord sur l'agriculture et l'article XIX de
l'accord
général sur le commerce des services de l'Accord de Marrakech, disposent que
devront
commencer en janvier 2000 de nouvelles négociations commerciales sur
l'agriculture et sur
les services,
Considérant que la Conférence ministérielle de l'OMC, qui se réunira à Seattle
aux
Etats-Unis d'Amérique du 30 novembre au 3 décembre 1999, devra décider de
l'ouverture
d'un nouveau cycle de négociations commerciales multilatérales et arrêter
l'ordre du
jour et les modalités de ces négociations,
Se félicite de ce qu'une position commune aux Quinze membres de l'Union
européenne ait
pu être définie afin de confier à la Commission la conduite des négociations
lors de
cette Conférence sur les thèmes de travail définis par les Conseils des 11 et 26
octobre 1999 ;
Rappelle l'attachement de la France au rôle que joue l'OMC, à la place qu'elle
offre à
l'ensemble des pays, quel que soit leur état de développement, ainsi qu'à sa
contribution aux règlements des conflits commerciaux, et au développement des
échanges,
facteur de stabilité et de progrès ;
Souhaite qu'à l'occasion de la Conférence de Seattle un bilan du précédent
cycle de
négociations soit établi ;
Estime indispensable qu'il y soit discuté, non seulement des questions
relatives à
l'agriculture et aux services constitutives de " l'agenda incorporé "
de
Marrakech, mais également des droits de douanes sur les produits industriels,
de la
protection de la propriété intellectuelle, des marchés publics, des obstacles
techniques aux échanges ainsi que des " nouveaux sujets " qu'il
est
nécessaire de lier au commerce international, comme les normes fondamentales du
travail,
l'environnement, la sécurité alimentaire, l'investissement et le droit de la
concurrence ; souhaite en conséquence que les membres de l'OMC parviennent
à
s'accorder sur un ordre du jour élargi ;
Soutient la position défendue par la Commission et le Conseil en faveur d'un
cycle global
de négociations, supposant l'obtention d'un accord sur l'ensemble à l'issue des
négociations, et non la recherche d'accords sectoriels, de façon à aboutir à un
accord
équilibré et profitable à tous les membres de l'OMC ;
Souhaite que l'Union européenne insiste pour que l'administration américaine
dispose
rapidement d'un mandat de négociation du Congrès américain ;
Approuve la volonté d'accorder une priorité, lors des prochaines négociations, à
l'intégration des pays en voie de développement dans les échanges commerciaux
internationaux et soutient le souhait exprimé par l'Union de tenir compte de
leurs
particularismes en leur accordant un traitement différencié ; demande que
le
traitement des pays en voie de développement distingue les pays émergents des
pays les
moins avancés ;
Demande que la politique agricole commune réformée constitue pour la Commission
européenne un socle intangible, ayant pour objectif le maintien de la préférence
communautaire, du revenu agricole et de la capacité exportatrice de
l'agriculture et de
l'industrie agro-alimentaire européenne ;
Estime nécessaire, à cette fin, que les quinze Etats membres de l'Union
européenne
maintiennent l'unité de vues dont ils ont su faire preuve lors du Conseil
européen de
Berlin sur l'Agenda 2000 ;
Invite l'Union européenne à avoir une attitude offensive afin de promouvoir son
modèle
agricole et alimentaire garantissant la qualité et la diversité des produits, la
sécurité sanitaire des consommateurs et le respect de l'environnement, tout en
permettant aux entreprises agro-alimentaires européennes d'améliorer leur
compétitivité dans les échanges internationaux ;
Juge indispensable que l'Union européenne fasse reconnaître le principe de
multifonctionnalité d'une agriculture fondée sur des techniques de production
prenant en
compte les aspects économiques, sociaux, territoriaux et environnementaux de
celle-ci ;
Préconise que l'Union européenne obtienne le renforcement des normes
internationales de
sécurité sanitaire et alimentaire, définies dans le cadre de l'OMS et de la FAO,
notamment au sein du Codex Alimentarius ;
Souligne la nécessité pour l'Union européenne de faire prendre en compte, dans
le champ
des négociations, les pratiques restrictives ou à visées commerciales de nos
partenaires, en particulier des Etats-Unis, tels que les modalités contestables
de
certaines formes d'aide alimentaire, le recours abusif aux crédits à
l'exportation des
produits agricoles, ou l'attribution de droits exclusifs à l'exportation à des
sociétés commerciales d'Etat ;
Juge indispensable que l'Union européenne cherche, dans le cadre de l'OMC, à
établir
des règles équitables et transparentes pour le commerce des produits agricoles
de base
et transformés ;
Souhaite qu'en matière de services, secteur dans lequel l'Union européenne et
la France
disposent d'avantages comparatifs certains, soit négociée une ouverture des
marchés des
pays tiers aussi large que celle existant actuellement pour le marché
communautaire, sous
réserve de dispositions spécifiques pour les pays les moins avancés ;
préconise
un renforcement des disciplines de l'accord général sur le commerce des
services, en vue
de garantir un environnement réglementaire transparent et prévisible ;
demande au
Gouvernement de veiller à ce que l'Union européenne obtienne de ses partenaires
commerciaux la réciprocité des avantages qu'elle pourrait leur consentir ;
Souligne l'importance qu'il attache au maintien et à la promotion de la
diversité
culturelle ; engage le Gouvernement à veiller, avec la plus grande vigilance,
au respect
de l'exception culturelle dans tous les aspects de la négociation qui
pourraient la
remettre en cause, notamment lorsque sera abordé le principe d'un accord
multilatéral
relatif aux investissements ; demande à ce que soit confirmé le principe de
neutralité
technologique selon lequel les oeuvres culturelles, quel que soit leur mode de
diffusion y
compris électronique, relèvent du régime des services ;
Approuve l'ouverture de négociations en vue d'établir un accord multilatéral
garantissant un cadre stable et prévisible pour les investissements directs
étrangers
dans tous les pays et souhaite que cet accord préserve la faculté des pays
hôtes de
réglementer l'activité des investisseurs sur leur territoire, conformément aux
principes de base de l'OMC ;
Souligne la nécessité de déterminer en matière de commerce international des
règles
sociales minimales ; souhaite que l'Union européenne parvienne à
convaincre les
pays membres de l'OMC de l'opportunité d'établir un lien entre les règles
commerciales
multilatérales et ces normes sociales minimales ; demande que toutes
assurances
soient données aux pays en voie de développement pour que ces normes ne
puissent être
invoquées dans un but de protectionnisme ;
S'inquiète, par ailleurs, du manque de précision des objectifs retenus en
matière de
défense de la propriété intellectuelle ; demande au Gouvernement de
soutenir toute
initiative permettant d'assurer, sur le plan international, le respect de la
propriété
intellectuelle, notamment en matière de droits d'auteurs et d'appellations
d'origine qui
demeurent insuffisamment protégés ; souhaite, en outre, l'harmonisation des
conditions
de brevetabilité et des procédures de délivrance des brevets ;
Estime nécessaire la poursuite des négociations relatives au lien entre la
libéralisation du commerce et la protection de l'environnement ainsi que la
prise en
compte des exigences d'un développement durable; souhaite que soient clarifiées
les
relations entre les règles de l'OMC et les mesures commerciales prises
conformément aux
dispositions des accords environnementaux multilatéraux et demande que soit
assuré le
respect de ces accords ;
Demande également la confirmation du droit de recourir à des mesures
commerciales
restrictives fondées sur le principe de précaution, lorsque la santé des
citoyens, la
protection des consommateurs ou la préservation de l'environnement le
justifient ;
Approuve la poursuite de négociations relatives aux liens entre commerce et
droit de la
concurrence, afin de définir un cadre général fondé sur les principes de
transparence
et de non-discrimination qui s'appliquerait aux politiques et aux droits
nationaux de la
concurrence ;
Juge indispensable que l'Union européenne obtienne une réduction des obstacles
non
tarifaires aux échanges commerciaux internationaux, notamment en renforçant les
dispositions actuelles de l'accord sur les obstacles techniques au
commerce ;
Souhaite que soient poursuivies les négociations sur la réforme de la procédure
de
règlement des différends de l'OMC afin de la rendre plus transparente et plus
impartiale ;
Observe que le Conseil a affirmé l'importance de maintenir des contacts étroits
avec les
Parlements, tant lors de la préparation de la réunion de Seattle que pendant les
négociations ultérieures ; demande au Gouvernement d'assurer l'information
complète et
régulière du Parlement sur le contenu et les développements de la
négociation.
1
La communication de la Commission européenne au Conseil et au Parlement
européen du
8 juillet 1999 relative à l'approche de l'Union européenne en vue du
cycle du
millénaire de l'Organisation mondiale du commerce (COM [1999] 331 final/document
n° E 1285).
2
Conclusions du Conseil du 26 octobre 1999 sur la préparation de la
troisième conférence ministérielle de l'OMC.
3
Proposition de résolution n°46 de MM. Jean Bizet et Marcel Deneux
sur la
communication de la Commission européenne au Conseil et au Parlement européen
COM/1999/331 final du 8 juillet 1999 relative à l`approche de l'Union
européenne en vue
du cycle du millénaire de l'organisation mondiale du commerce (N° E 1285).
4
Proposition de résolution n°47 de MM. Marcel Deneux et Jean Bizet
au non de
la Délégation pour l'Union européenne sur la communication de la Commission
européenne
au Conseil et au Parlement européen COM/1999/331 final du 8 juillet 1999
relative à
l`approche de l'Union européenne en vue du cycle du millénaire de l'organisation
mondiale du commerce (N° E 1285).
5
Proposition de résolution n°55 de Mme Hélène LUC, MM. Gérard LE
CAM,
Jack RALITE et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen sur la
communication de la Commission européenne au Conseil et au Parlement européen
COM/1999/331 final du 8 juillet 1999 relative à l`approche de l'Union
européenne en vue
du cycle du millénaire de l'organisation mondiale du commerce (N° E 1285).
6
Rapport d'information n° 39 (1999-2000) présenté par MM. M.
Deneux,
J. Bizet et B. Dussaut au nom du groupe de travail sur les industries
agro-alimentaires.
7
Rapport pour avis n° 67 (1998-1999) de M. Marcel Vidal de la
Commission
des affaires culturelles sur les crédits du cinéma et du théâtre
dramatique.