B. FRANCE 2
La situation de la société apparaît plus fragile. L'image de l'entreprise apparaît en dépit du talent et des compétences qu'elle rassemble, facilement brouillée pour une opinion, qui voit mal les différences qu'elle présente avec TF1 ; l'audience est plus volatile comme on l'a vu plus haut, tandis que les structures financières semblent moins solides.
1. Exécution 1998
Les
résultats de cet exercice sont affectés par deux réformes
du régime comptable, qui, quelque fondées qu'elles soient,
aboutissent à rendre plus complexe l'interprétation des chiffres.
D'une part, on a procédé à la réforme des
coefficients d'amortissement des programmes, qui passent de 66% pour la
première diffusion et 34% pour la seconde, à 80% pour la
première et 20% seulement pour la seconde. Ce changement a pour
conséquence que l'on voit apparaître des fortes reprises
d'amortissements et de provisions en produits et, en charges, des
amortissements plus importants au titre des programmes nouvellement produits.
Ces mouvements de sens contraires ne facilitent pas la lecture des soldes de
gestion et ont tendance à déconnecter les résultats
comptables de ce qu'on pourrait appeler les " fondamentaux " de
l'entreprise, c'est-à-dire la comparaison de l'évolution des
charges et des produits directement liés à l'exploitation.
Comment interpréter les soldes dans ces conditions car la
dégradation très sensible du résultat d'exploitation entre
1997 et 1998, qui passe de 169,2 MF à -117,6 MF tient
largement à ce changement de méthodes comptables, ne serait-ce
notamment que parce que les abandons de programmes sont désormais
passés en charges, ce qui se traduit au cours de l'exercice par une
charge supplémentaire de près de 185 MF.
On a le sentiment ; à considérer le résultat
budgétaire, -103,6 MF contre - 12,2 MF en 1997, qu'il y a une
vraie détérioration de la situation de l'entreprise en 1998, due
au recul des ressources propres, que les 15 MF rajoutés par le
collectif 1998 n'ont pu compenser.
De fait, il semble que, dans une interprétation sommaire des chiffres
fournis dans l'annexe jaune, l'on assiste à une dérive des
coûts notamment salariaux, d'autant plus préoccupante qu'elle ne
trouve pas pour la financer une évolution dynamique des
ressources : tandis que
la masse salariale augmente de plus de 10% par
rapport à 1997
, les ressources publicitaires plafonnaient,
annonçant le recul que l'on constate aujourd'hui. L'annexe jaune note
ainsi, incidemment, qu'un
" contrôle effectif des dépenses
de personnel aurait certainement permis de limiter l'augmentation
générale des charges d'exploitation ( + 6,4%) , alors que les
produits d'exploitation n'augmentaient que de 2,3%, et que le chiffres
d'affaires régressait de 0,7%. "
D'autre part, France 2 a été autorisée à
bénéficier d'amortissements dérogatoires dans le cadre des
provisions réglementées au passif du bilan. C'est ainsi que le
résultat exceptionnel devient positif pour la première fois
depuis 1993 par l'effet de fortes reprises et de fortes provisions, parmi
lesquelles on note une reprise au titre du déménagement de
presque 19 MF. Ce changement de règles du jeu se traduit par une
remontée des capitaux propres, qui outre 55 MF de redevance
d'investissement prévus par la loi de finances initiale pour 1998,
incorpore également pour 1256 MF d'amortissements
réglementés au passif. Une telle situation veut-elle dire que la
société n'aura pas besoin d'être
recapitalisée ?
2. Exécution 1999 et perspectives 2000
L'exécution du budget 1999 est tout entière
dominée par la non réalisation des recettes publicitaires :
-76 MF de retard au 31 juillet et probablement plus aujourd'hui, par
rapport aux objectifs pourtant révisés à la baisse de
15 MF en début d'année.
Au 30 juin dernier, on en était à une prévision de
-95 MF de recettes pour une moins value de recettes publicitaires
estimée à l'époque à seulement 65 MF, ce qui
veut dire qu'on situera à plus de 100 MF en dessous des recettes
prévues au budget 1999, et probablement bien au delà, sans que
d'ailleurs l'on parle de plan d'économies.
Pour ce qui concerne l'exercice 2000, on ne peut se satisfaire de la simple
mention des mesures nouvelles de 345 MF, sans les mettre en perspective.
Certes, il s'agit de financer le
" renforcement des investissements de la
chaîne en matière d'information et de coproductions
cinématographiques et télévisuelles "
ainsi
qu'une
" politique plus active d'acquisitions de droits, notamment
cinématographiques et sportifs.
", anticipant "
le
rôle fédérateur et de référence de la
chaîne en matière de programme.
"
Soit. Mais on ne peut manquer d'être frappé d'une
coïncidence : la croissance des ressources - propres et publiques de
la société, 7,5% est à peu de choses près celle de
la masse salariale de 1999 à 2000. Si l'on tient compte en outre de la
nécessité de financer les 35 heures, on devine que le taux
de croissance de la masse salariale pourrait être encore plus important
et donc, faute de financement complémentaire, l'investissement pourrait
se trouver compromis au moment où la société s'engage sur
la voie du numérique terrestre.