INTRODUCTION
C'est
presqu'un lieu commun de souligner le contraste entre ce que le tourisme
apporte à l'économie française, en termes
d'activité et d'emplois comme de recettes pour la balance des paiements
et l'effort public qui lui est directement consacré.
Ce contraste est d'autant plus étonnant que les élus locaux
nombreux dans les rangs de chacune des assemblées savent, bien
d'expérience tout ce que le tourisme peut apporter comme
possibilité de développement.
Cette année au moment où l'on songe aux nouveaux contrats de
plan, votre commission des finances a souhaité inscrire son tour
d'horizon de la situation du tourisme dans la perspective d'un meilleur
aménagement touristique du territoire.
20% du territoire absorbe 80% de la demande touristique
. Un tel
déséquilibre est un des premiers défis à relever
dans les années à venir et justifie, à lui seul, un budget
du tourisme plus important, même si un certain nombre d'interventions
peuvent et même doivent être prises en charge par les
collectivités territoriales. On peut rappeler qu'en Espagne, notamment,
une bonne partie de l'action de promotion touristique relève des
régions.
La France possède outre son passé culturel un atout majeur,
l'espace. Le luxe aujourd'hui, c'est l'espace, répète une
publicité. Quant à la diversité de ses paysages qui en en
est la conséquence, c'est à la fois un avantage et un handicap
dans la mesure où il lui faut promouvoir des produits touristiques
éminemment variés. Il en résulte une nécessaire
dispersion de nos efforts quand d'autres pays peuvent s'attacher à ne
faire la promotion que d'un petit nombre de lieux.
Il ne faudrait pas non plus que, parce que la France dispose d'un avantage
comparatif dans le domaine du tourisme qu'il faille considérer cet
avantage comme acquis. Un capital naturel cela doit s'entretenir, qu'il
s'agisse du cadre matériel ou de l'image de marque ? Ne serait-ce
que parce que certains investissements sont en passe de devenir
obsolètes.
La politique du tourisme ne peut se réduire aux seules actions
financées sur le budget des plus modestes soumis au vote du
parlement ; nombreuses sont les actions transversales menées avec
d'autres administrations et, notamment, avec les ministères de la
culture et de l'environnement.
Enfin, le tourisme possède une dimension sociale sur laquelle le
rapporteur spécial ne peut qu'insister. Sans doute a-t-il la conviction
que le secteur du tourisme ne créée pas autant d'emplois qu'il le
pourrait, faute sans doute d'efforts suffisants en matière de formation
professionnelle mais aussi par suite de vocations car les conditions de travail
sont dans le secteur souvent médiocres, ce qui ne peut que
décourager nombre de jeunes.
A cet égard, votre rapporteur spécial a la conviction que le
développement économique passe par le progrès
social ; Telles sont les raisons qui justifient l'inclusion d'un chapitre
sur les relations sociales dans le secteur du tourisme.
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS
Les crédits demandés au titre du Tourisme pour 2000 s'élèvent à 423,4 millions de francs, soit une hausse sensible de près de 7,7 % par rapport à ceux inscrits dans la loi de finances initiale pour 1999 (393,3 millions de francs).
Il
convient de rappeler que lors de l'examen de la loi de finances pour
1999
, comme lors des années précédentes, le
Parlement avait majoré de près de 21 millions de francs les
crédits demandés par le projet de loi de finances initiale en
termes de crédits de paiement
.
Cette différence entre le projet et la loi de finances initiale pour
1999 -due en fait à d'importants crédits non reconductibles-
explique les divergences de chiffres quant à la croissance du budget du
tourisme, le secrétariat d'État ayant tendance à se
prévaloir des évolutions plus favorables en termes de LFI :
c'est ainsi que dans cette optique, la croissance des crédits de
paiement que traduit le présent projet de budget, n'est plus de
7,7 % mais de 13,8 %.
Une fois n'est pas coutume aucune mesure de régulation de
crédits n'est, pour l'instant, intervenue en 1999.
A. LES DÉPENSES ORDINAIRES
1. Les moyens des services préservés
Les
crédits du
titre III
demandés pour 2000, soit 137,6
millions de francs, marquent une
augmentation de 8,5%
par rapport aux
crédits votés en 1999, qui étaient de 126,8 millions de
francs.
Cette évolution apparemment favorable, qui fait contraste avec la
stagnation que l'on connaît depuis 1995 ne constitue pas encore le
renversement de tendance attendu au niveau du fonctionnement de
l'administration centrale.
L'augmentation des charges de personnel atteint 0,46 % contre près de
3,5%
en 1999, forte croissance qui s'expliquait, d'une part, par
l'application des revalorisations salariales générales et,
d'autre part, à la transformation de 48 emplois de contractuels du
tourisme en 48 emplois de contractuels du ministère de l'Equipement.
On note qu'après la baisse de trois emplois enregistrée en 1998,
puis la stabilisation de cette année, l'année 2000 se
caractérise par la reprise de la baisse des effectifs, qui ne se
monteront plus qu'à 321 unités (155 titulaires et 166
contractuels). C'est ainsi que sont supprimés
deux emplois
dans
le projet de budget pour 2000 correspondant à un emploi d'ouvrier et
à deux emplois de contractuels compensés par la création
d'un poste de titulaire.
Les
moyens de fonctionnement des services
, après avoir
stagné en 1999, s'accroissent de 26,2%, augmentation qui, au delà
d'un changement de nomenclature
1(
*
)
, n'aboutit en fait pas à
donner de moyens supplémentaires aux administrations centrales :
• formellement, les crédits du chapitre 34-97 - 32 millions
de francs en 1999 - sont supprimés et, en contrepartie, 49,9 millions de
francs sont inscrits au chapitre 34-98, qui ne concernait en 1999 que les
moyens de délégations régionales au tourisme ;
• le regroupement s'accompagne d'un fort développement des
crédits de l'administration centrale, qui passent de 31 millions de
francs en 1999 à 40,9 millions de francs en 2000 soit +32%. Cette
évolution ne correspond pas à des moyens administratifs
supplémentaires - les crédits de fonctionnement courant baissent
même de 0,81% - mais aux besoins engendrés par la
nécessaire réforme de la traditionnelle enquête aux
frontières dont la méthodologie doit changer par suite,
notamment, de l'avènement de l'Euro.
2. Les moyens d'intervention en nette reprise
Le
chapitre 44-01
Développement de l'économie
touristique
,
qui s'était redressé en 1999 avec une
hausse de
+ 17 % - faisant suite à une baisse de 8,3 %
en 1998 -, connaît une croissance de 12,8 % dans le budget pour
2000.
Cette nette augmentation correspond à des évolutions
contrastées. D'une part :
•
l'article 33
relatif aux
Contrats de plan
État - régions
, est en hausse de
+ 69,5 %
: cette dotation passe de 17,7 millions en
1999 à 30 millions de francs dans le présent projet de
budget, ce qui va permettre de répondre aux aspirations des
régions en matière de développement touristique dans
la perspective du XII Plan : amélioration de la qualité et la
commercialisation de l'hébergement, adaptation des entreprises au
marché, renforcement de l'attractivité des territoires ;
• l'article 50
Maison de la France,
après le fort redressement de 1999,
+ 25,4 %
- qui
avait fait suite à la baisse de 9 % en 1998 -, continue sur sa
lancée avec une hausse de 13,4 % pour l'année 2000. En fait,
il s'agit de la compensation du passage à la TVA de cet organisme,
opération en principe neutre mais qui, compte tenu des
possibilités de récupération, devrait lui permettre de
dégager environ un million de francs de moyens nouveaux sur une dotation
dotale de 90,7 millions de francs.
En revanche, comme l'année dernière, d'autres articles
connaissent des évolutions moins favorables :
•
l'article 10
Observation économique
voit
ses crédits simplement maintenus pour 2000, après la forte
régression de
- 11,4 % en 1999 ;
• l'article 34
Autres opérations de développement
territorial
connaît une régression de ses crédits
de 40,5 % après le fléchissement de 1999, - 1 %.
Enfin, en baisse globale de 7,1 %,
l'article 21
Interventions stratégiques
recouvre des situations
diverses :
• le paragraphe 30 Soutien au secteur associatif, qui avait
été porté à la suite d'une forte augmentation en
1999 à 11 millions de francs, est doté de 11,8 millions
de francs pour 2000, afin de permettre, dans le cadre de conventions
d'objectifs, de faire relayer par les associations de tourisme l'action de
l'État en faveur du développement local et de l'insertion
sociale ;
• au
paragraphe 20 Valorisation du produit touristique français
l'AFIT
, Agence française de l'ingénierie touristique,
bénéficie d'1 million de francs de crédits
supplémentaires, ce qui porte sa dotation pour 2000 à
9 millions de francs, soit, compte tenu des apports en nature et des
ressources externes, un budget total de 35 millions de francs en
l'an 2000 ;
• le
paragraphe 10
Actions à caractère
économique
, est doté de 20,8 millions de francs, ce qui
situe ce poste au dessous de son niveau de 1995 et 1996.
En définitive, les variations de ces postes se répercutent au
niveau du total des
dépenses ordinaires,
qui augmentent de
près de
+ 11,2 %
par rapport au budget voté de 1999
(13,5 % en loi de finances initiales).
B. LES DÉPENSES EN CAPITAL
Les
dépenses en capital, regroupées dans le
chapitre 66-03
,
Développement territorial du tourisme
, connaissent un traitement
relativement favorable, si l'on fait abstraction des augmentations de
crédits non reconductibles intervenues au cours de la discussion du
budget du tourisme pour 1999 :
• les
autorisations de programme
se maintiennent au niveau de
59 millions ; cette stabilisation au niveau élevé de
1999 résultant des amendements parlementaires, recouvre les
évolutions suivantes : forte augmentation des crédits
consacrés à l'article 10 aux contrats de plan qui passent de
20,7 à 34,7 millions de francs de 1999 à 2000, maintien au
niveau de 24,3 millions des dotations prévues pour la
rénovation des hébergements touristiques associatifs ;
• les
crédits de paiements
, en diminution globale de
20 %, traduisent néanmoins des évolutions positives hors
article 20 - Programme d'aménagement touristique - dont il faut rappeler
qu'il avait été abondé de plus de 14 millions de
francs au cours de la discussion budgétaire du projet de loi de finances
pour 1999 : à côté du maintien des crédits
consacrés aux hébergements associatifs, on constate que l'accent
est mis sur dotations affectées aux contrats de plan, qui s'accroissent
de + 34,4 %.