I - SERVICES GÉNÉRAUX

Rapporteur spécial : M. Roland du LUART

Le budget des Services généraux du Premier ministre constitue l'un des quatre fascicules budgétaires des services du Premier ministre 1( * ) .

Comme les années précédentes, le budget des Services généraux du Premier ministre pour 2000 recouvre une grande variété de dépenses.

Ainsi, il comprend les dotations de trois cabinets ministériels 2( * ) (Premier ministre, ministre des relations avec le Parlement et ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation) ainsi que les fonds spéciaux .

Sont également inscrits à ce budget les crédits destinés aux services et organismes rattachés au Premier ministre . Il s'agit du Secrétariat général du gouvernement (SGG) ainsi que des directions, services, commissariats, délégations, conseils et missions dont la gestion administrative et budgétaire est assurée par la direction des services administratifs et financiers, placée auprès du SGG.

Enfin, y figurent les crédits alloués à cinq autorités administratives indépendantes, soit une de plus que l'an dernier : le Médiateur de la République, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité, la Commission consultative du secret de la défense nationale et le Conseil de prévention et de lutte contre le dopage 3( * ) .

Ce budget est ventilé en quatre agrégats qui ne sont pas tous étudiés par la présente note de présentation.

L'agrégat 01 - Administration générale - regroupe tous les crédits relatifs aux dépenses de personnel de l'ensemble des Services généraux du Premier ministre (rémunérations d'activité, pensions, charges sociales) et ceux relatifs à leur fonctionnement (à l'exception du CSA).

L'agrégat 02 - Fonction publique - regroupe les moyens que le ministre de la Fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation consacre à ses missions interministérielles. Il s'agit notamment des crédits finançant l'action sociale interministérielle, les subventions de fonctionnement aux écoles de formation sous tutelle du Premier ministre, les crédits du fonds pour la réforme de l'Etat (FRE) ainsi que les crédits liés aux actions de formation et de perfectionnement dans l'administration.

L'agrégat 04 - Politique de la communication - regroupe les crédits relatifs aux aides à la presse, aux abonnements souscrits auprès de l'Agence France Presse (AFP) et à l'aide de l'Etat aux financements des exonérations de redevances de télévision.

L'agrégat 05 - Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) regroupe les crédits consacrés à cette autorité administrative indépendante.

Les crédits de ces quatre agrégats représentent l'ensemble des dotations affectées aux Services généraux du Premier ministre. Les moyens destinés à la politique de la communication et au CSA (agrégats 4 et 5) font l'objet d'études plus détaillées dans les notes de présentation des crédits de la communication et de la presse. En outre, les observations relatives à la fonction publique (agrégat 2) font l'objet d'un rapport séparé. Enfin, les crédits de l'Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN) sont examinés dans le cadre du budget du Secrétariat général de la défense nationale (SGDN), qui conserve la tutelle de l'établissement par délégation du Premier ministre.

POUR 2000, UN BUDGET DE PRÈS DE 5 MILLIARDS DE FRANCS, EN HAUSSE DE 18,6 %

Un budget de près de 5 milliards de francs

Ce n'est pas un " petit budget "

Les crédits demandés pour le budget 2000 des Services généraux du Premier ministre (dépenses ordinaires et crédits de paiement) s'élèvent à 4,856 milliards de francs.

Il convient donc de se rappeler que le budget des Services généraux du Premier ministre n'est pas un " petit budget " : il est mieux doté que le budget de l'environnement ou encore celui de l'aménagement du territoire et requiert donc à ce titre toute l'attention de notre commission.

Une hausse de 18,6 % pour 2000

Ce budget pour 2000 est en hausse de + 18,6 % par rapport aux crédits votés en loi de finances initiale pour 1999.

Depuis 1997, le montant global de ce budget était stable autour de 4 milliards de francs, comme le montre le tableau ci-après. L'augmentation pour 2000 rompt cette logique de stabilité nominale.

Montants des crédits votés et évolution

(en milliards de francs et %)

1997

1998

Evolution 98/97

1999

Evolution 99/98

2000

Evolution 2000/99

4,049

4,071

- 0,5 %

4,095

+ 0,6 %

4,856

+ 18,6 %

Source : Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie

Cette hausse très spectaculaire demandée pour 2000 s'explique pour l'essentiel par l'évolution de l'agrégat 4 - Politique de la communication , comme le montre le tableau ci-dessous. Les crédits demandés pour cet agrégat connaissent une progression de 81 % en raison de la réforme de l'audiovisuel public et de l'augmentation des crédits d'aide à la presse.

Présentation des crédits par agrégat et évolution

(en millions de francs)

 

Crédits votés pour 1999

Crédits demandés pour 2000

Evolution (%)

Agrégat 1 - Administration générale

1500

1565

+ 4 %

Agrégat 2 - Fonction publique

1413

1317

- 7 %

Agrégat 4 - Politique de la communication

976

1768

+ 81 %

Agrégat 5 - CSA

206

206

--

Source : Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie

Hors audiovisuel public, ce budget connaît une diminution d'environ - 1 %.

Présentation détaillée : un budget tiré par l'augmentation de ses dépenses de fonctionnement

Le tableau suivant fournit le détail des évolutions des crédits par titre. L'augmentation générale de 18,6 % du budget est la résultante de deux évolutions contrastées entre :

• les dépenses ordinaires (titres III et IV) qui augmentent de 23,97 %,

• et les dépenses en capital (titre V) qui diminuent de 36,5 %.

Répartition des crédits votés pour 1999 et demandés pour 2000
par grande nature de dépenses et évolution

(en millions de francs)

Nature des dépenses

Crédits votés pour 1999

Crédits demandés pour 2000

Evolution (en %)

Dépenses ordinaires - DO - (titres III et IV)

3.730

4.625

+ 23,97 %

Dépenses en capital - CP - (titre V)

364

232

- 36,47 %

Total DO + CP

4.095

4.856

+ 18,59 %

Autorisations de programme - AP

396

246

- 37,80 %

Source : Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie

Les dépenses ordinaires augmentent très fortement (+ 23,97 %)

Le budget des Services généraux du Premier ministre est essentiellement un budget de fonctionnement . Les dépenses du titre III (moyens des services) représentent en effet 71 % du montant des crédits demandés pour 2000 et l'ensemble des dépenses ordinaires (titres III et IV - moyens des services et interventions publiques) représente 95 % de ce budget .

Crédits demandés pour 2000 par titre

(en millions de francs)

Crédits demandés pour 2000

Montant

Part dans le total (en %)

. Titre III - Moyens des services

3.441

71 %

. Titre IV - Interventions publiques

1.184

24 %

. Titres III et IV (dépenses ordinaires)

4.625

95 %

. Titre V - Investissements exécutés par l'Etat (dépenses en capital - crédits de paiement)

232

5 %

TOTAL

4.857

100 %

Source : Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie

L'évolution générale des dépenses ordinaires (+ 23,97 %) s'explique en partie par l'augmentation des crédits demandés pour l'agrégat 4 - Politique de la communication dont l'évolution a été expliquée plus haut.

Les autres agrégats connaissent des évolutions plus douces mais qui demeurent relativement fortes :

+ 4,33 % pour l'agrégat 1 - Administration générale

• + 3,20 % pour l'agrégat 2 - Fonction publique.

Cette évolution positive s'explique notamment par les mesures suivantes :

l'effet de la poursuite de l'exécution des accords salariaux du 10 février 1998 et l'extension de ces efforts à d'autres catégories pour un coût total de 29,9 millions de francs ;

le transfert de 56 emplois qui étaient durablement mis à la disposition des Services du Premier ministre ; il s'agit d'une mesure de consolidation du transfert intervenu en gestion 1999 d'emplois de différents ministères mis à disposition des Services généraux du Premier ministre ; cette mesure de régularisation aura pour effet d'améliorer la sincérité de ce budget ;

la création de 20 emplois d'agents titulaires destinés à compenser les effets de la réforme du service national ( cf. infra ) ;

le transfert des moyens consacrés au Conseil de prévention et de lutte contre le dopage à partir du Ministère de la jeunesse et des sports pour un montant de 4,7 millions de francs et le transfert à son profit de trois emplois ;

l'octroi de nouveaux crédits à la Mission interministérielle de soutien technique pour le développement des technologies de l'information et de la communication dans l'administration (MITC) pour un montant de 11 millions de francs et le transfert à son profit de 5 emplois ;

le transfert à partir du budget du Ministère de l'emploi et de la solidarité d'un crédit de 0,7 million de francs destiné aux moyens de fonctionnement de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) ;

le renforcement des moyens de la Commission consultative du secret de la défense nationale pour 0,94 million de francs et avec la création d'un emploi de chef de service.

Les effectifs budgétaires des Services généraux du Premier ministre

Les Services généraux du Premier ministre sont particulièrement touchés par la réforme du service national. En effet, plus de 10 % des emplois sont occupés par des appelés . Ceux-ci étaient encore 152 au 1 er janvier 1999 mais leur effectif décroît rapidement. Pour compenser cette diminution et la prochaine disparition des appelés, 7 créations d'emplois ont été obtenues en 1999 et 20 autres créations de poste sont prévues pour 2000 4( * ) . Les autres besoins devront être couverts en faisant appel à des volontaires à statut militaire, en recourant à des prestations de services extérieures, par des gains de productivité ou la diminution voire la suppression de certaines prestations.

Un document issu du Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie dans le dossier de présentation du projet de loi de finances pour 2000 indique que le budget des Services généraux du Premier ministre ne connaîtra aucune suppression d'emplois et seulement vingt créations d'emplois budgétaires.

Or, l'étude attentive du fascicule " Services généraux du Premier ministre " démontre au contraire qu'il y aura 42 suppressions d'emplois et 127 créations (dont 41 transformations d'emplois), soit 85 créations nettes d'emplois au sein de ce fascicule budgétaire.

Le Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie semble donc n'avoir pris en compte que les créations d'emplois résultant de la réforme du service national en oubliant notamment les créations au profit des autorités administratives indépendantes (1 emploi créé pour la Commission nationale consultative du secret de la défense nationale), celles résultant de transferts d'emplois d'agents mis à disposition par d'autres ministères au profit des Services du Premier ministre (56 emplois transférés) ou d'autres organismes (5 emplois transférés au bénéfice de la Mission interministérielle de soutien technique pour le développement des technologies de l'information et de la communication dans l'administration ; 3 emplois transférés pour le Conseil de prévention et de lutte contre le dopage).

Tableau récapitulatif de l'évolution du nombre des emplois

Catégories d'emplois

Effectifs au 31.12.1999

Suppressions

Créations

Effectifs en 2000

Différence 1999 / 2000

Titulaires

1.033

45

125

1.113

+ 80

Contractuels

365

38

43

370

+ 5

Militaires sous contrat et de carrière

4

--

--

4

--

Totaux

1.402

83

168

1.487

+ 85

Source : Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie

Pour mémoire les appelés étaient 152 au 1 er janvier 1999.

Les dépenses en capital diminuent fortement (- 36,5 %)

Les crédits de paiement diminuent de 36,5 % et les autorisations de programme de 37,8 %. Etant donné que les dépenses d'investissement ne représentent que 5 % du montant des crédits demandés pour 2000 au titre du budget des Services généraux du Premier ministre, cette diminution ne pèse pas lourd face à la très forte augmentation des dépenses ordinaires.

Cette évolution des crédits de dépenses en capital s'explique notamment par :

la non-reconduction de crédits exceptionnels d'action sociale liés aux derniers accords salariaux (diminution sur le chapitre 57-06 qui passe de 205 millions de francs à 65 millions de francs) ;

le transfert de certains crédits de chapitre du titre V vers des chapitres du titre III , plus conformes à la destination de ces crédits 5( * ) . Il convient de rappeler que la Commission des finances du Sénat s'était étonnée lors du vote du projet de loi de finances pour 1999 de l'importance des crédits d'action sociale transférés au titre V. Elle s'était opposée à ce transfert insuffisamment justifié entre dépenses de fonctionnement et dépenses en capital. Les modifications présentées dans le projet de loi de finances pour 2000 confirment son analyse.

Les dépenses d'entretien du patrimoine immobilier de l'Etat : un sujet d'actualité

Le rapport présenté à MM. Strauss-Kahn et Sautter par M. Jean-Jacques François le 30 juin 1998 sur la situation du système financier de l'Etat souligne le coût de l'immobilier de l'Etat : dérive des coûts d'entretien de + 1,9 % par an (coût estimé à 3 milliards de francs par an), diminution de la valeur du patrimoine (perte de valeur estimée à 29 milliards de francs) et donc " perte " totale sur dix ans de 60 milliards de francs. Face à cette situation, il préconise notamment de mettre en place une politique de mise à niveau coûteuse (entre 5 et 6 milliards de francs par an) mais rentable à l'horizon de dix années.

Le budget des Services généraux du Premier ministre recouvre un patrimoine immobilier important : 64.800 m 2 dont 31.410 dans des locaux classés " monuments historiques " (soit 48 % du total). Or, bien souvent ce patrimoine n'est pas aux normes et son entretien est coûteux , notamment lorsqu'il s'agit d'hôtels particuliers.

Les dépenses de gros entretien du patrimoine immobilier des Services du Premier ministre (chapitre 57-02) et celles des cités administratives (chapitre 57-07) augmentent sensiblement mais permettront-elles pour autant de faire face aux charges et obligations imparties à l'Etat en sa qualité de propriétaire ? Il semble en effet important que l'Etat montre le bon exemple en matière de respect des normes de sécurité.

Il faut reconnaître que l'examen des réponses au questionnaire de votre rapporteur spécial montre un intérêt certain pour le maintien à niveau de l'état du patrimoine.

Montants des crédits de paiement votés en 1999 et demandés en 2000
pour le gros entretien

(en millions de francs)

 

Dotations 1999

Dotations 2000

Evolution (en %)

Chapitre 57-02 - SGG - Equipement et matériel

16.630

22.630

+ 36 %

Chapitre 57-07 (articles 10, 20 et 30) - Cités administratives - Acquisitions, constructions et aménagement d'immeubles

123.000

144.000

+ 17 %

Source : Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page