PRINCIPALES OBSERVATIONS
L'exécution et la gestion des crédits demandés pour 1998 et 1999
Tableau récapitulatif de la gestion 1998
(en millions de francs)
|
Montants DO |
Montants CP |
Montants totaux |
Crédits initiaux |
4.026 |
45 |
4.071 |
Reports gestion précédente |
111 |
161 |
272 |
Transferts et répartition |
- 601 |
- 33 |
- 634 |
Crédits nets |
3.520 |
241 |
3.761 |
Dépenses nettes |
3.366 |
20 |
3.386 |
Ouvertures de crédits |
3 |
-- |
3 |
Annulations de crédits |
- 43 |
-- |
- 43 |
Reports gestion suivante |
114 |
220 |
335 |
Source : Compte général de
l'administration
des finances rendu pour l'année 1998 - Services généraux
du Premier ministre. Direction générale de la comptabilité
publique
Les crédits disponibles en fin d'année 1998 se sont
trouvés ramenés de 4.071 millions de francs à 3.761
millions de francs, soit une forte
diminution de 7,6 %.
Cette diminution
est de 12,72 % pour les seules dépenses ordinaires.
Importance des transferts et des répartitions
Cette
évolution s'explique en grande partie par le montant des transferts et
des répartitions
qui affectent le budget des Services
généraux du Premier ministre.
Le budget des Services généraux du Premier ministre se
caractérise particulièrement par l'existence de
plusieurs
dotations à vocation interministérielle et redistributive
, au
sein de chapitres dits " réservoirs ". C'est le cas notamment
du chapitre 33-94 - Prestations et versements facultatifs qui a
été la source de 77 % des répartitions en 1998.
En 1998, selon la Cour des comptes
6(
*
)
, ce sont ainsi 331,1 millions de
francs (contre 219 millions de francs en 1997) qui ont été
répartis à partir de chapitres du budget des Services
généraux du Premier ministre, soit plus de 8 % des
crédits ouverts pour les dépenses ordinaires. Pour les
dépenses en capital, ce sont plus de 13 % des crédits ouverts en
loi de finances initiale qui ont été répartis.
Régularité discutable de répartitions de crédits en provenance du titre V
En 1999,
des répartitions de crédits du titre V (dépenses en
capital) sont intervenues pour abonder des chapitres de titre III
(dépenses de fonctionnement). Il faut souligner en particulier un
arrêté du 8 juillet 1999
portant répartition de
10,97 millions de francs de crédits en provenance du chapitre 57-07
" Cités administratives - Acquisitions, constructions et
aménagement d'immeubles " qui ouvre notamment 8,27 millions de
francs de crédits dans des chapitres du titre III de différents
ministères.
Par cette opération discutable, plus de 75 % des crédits
répartis ont donc changé fondamentalement de nature.
Les transferts de crédits
concernent plus particulièrement
deux secteurs : les dépenses de personnel et les actions de
communication du gouvernement. Il n'est en effet pas rare que le budget des
Services généraux du Premier ministre participe à une
opération de communication menée par un ministère et dans
le sens inverse, qu'un ministère apporte sa contribution à une
campagne d'information menée au niveau interministériel sur le
budget du Premier ministre.
Des annulations de crédit plus limitées que les années précédentes
Les
annulations de crédit en 1998 sont restées relativement modestes,
limitées à 1 %
des montants votés en loi de
finances initiale. Le montant des crédits annulés
s'établit à 43 millions de francs.
Toutefois
l'annulation dès le 16 janvier d'un crédit de 13,80
millions de francs
laisse pensif sur l'utilité de ce crédit
que le Parlement avait voté quelques semaines plus tôt.
Cette situation constitue toutefois une nette amélioration par rapport
aux années 1996 et 1997. L'examen des réponses au questionnaire
de votre rapporteur spécial sur les crédits accordés
à l'Ecole nationale d'administration (ENA) indique en particulier qu'en
1996 et 1997 la subvention versée a été réduite par
des mesures d'annulation des crédits dans le cadre d'économies
à réaliser sur le budget de l'Etat. La subvention de l'Etat au
budget de l'école pour 1997 qui était présentée en
augmentation a en réalité été stable. De même
les fonds de roulement des Instituts régionaux d'administration (IRA)
ont été mis à contribution en 1997 pour compenser les
mesures d'annulation de crédits pour 18,9 milliards de francs.
Ces mesures d'annulation brutales semblent donc s'être
raréfiées au cours de l'année 1998 et au premier semestre
1999, à l'exception notable du
Centre des hautes études sur
l'Afrique et l'Asie modernes (CHEAM)
qui
a vu
sa dotation
initiale amputée d'un quart
à la suite d'un virement de
crédit (290.000 francs) et d'une annulation de crédit (457.300
francs) au budget des Services généraux du Premier ministre,
alors même que le budget pour 1998 comportait déjà une
mesure nouvelle négative de 90.814 francs pour la subvention au CHEAM.
Concrètement, il y a eu
non-versement de la 4
ème
trimestrialité de la dotation de base émanant du budget des
Services généraux du Premier ministre
(747.300 francs) et de
celle du ministère de la coopération (200.000 francs). Le
résultat d'exploitation du CHEAM s'est donc traduit pour 1998 par
un
solde négatif de 399.686 francs
, alors qu'avec les subventions
votées il aurait été positif de 547.613 francs
7(
*
)
.
Les suites données aux remarques de la Cour des comptes
Dans son
rapport sur l'exécution des lois de finances pour 1998
8(
*
)
et s'agissant du chapitre 31-05 -
" Direction du personnel de la documentation française -
dépenses de personnel de production ", la Cour des comptes signale
que des efforts ont été entrepris afin limiter le décalage
entre la dépense et le remboursement par le compte de commerce de la
Documentation française.
Toutefois, elle déplore que ce même chapitre donne lieu à
des
ordonnancements sans crédits
, régularisés
ultérieurement par la procédure du rétablissement de
crédits. Elle
préconise donc de doter ce chapitre de
crédits suffisants en loi de finances initiale
pour éviter le
recours à cette procédure peu régulière au regard
de l'article 11 de l'ordonnance organique du 2 janvier 1959 qui dispose que
" les dépenses sur crédits limitatifs ne peuvent être
engagées et ordonnancées que dans la limite des crédits
ouverts ".
Or, dans le projet de loi de finances pour 2000, ce chapitre n'est toujours pas
doté.
Sur ce point, la recommandation de la Cour des Comptes est donc
restée lettre morte.
Votre rapporteur spécial le
déplore. Il semblerait toutefois, d'après les renseignements pris
par votre rapporteur spécial, que le gouvernement s'oriente vers une
dotation de ce chapitre en projet de loi de finances rectificative pour 1999.
Il conviendra de s'en assurer le moment venu.
La nébuleuse des organismes rattachés au Premier ministre
La nébuleuse en voie de stabilisation ?
Après l'augmentation du nombre des organismes
rattachés au Premier ministre en 1998,
l'année 1999 semble
avoir été marquée par une stabilisation
. Le peu
d'exactitude des renseignements fournis à votre rapporteur
spécial ne lui permet toutefois pas encore de tirer un diagnostic clair
des évolutions intervenues.
Selon les réponses au questionnaire de votre rapporteur spécial,
en 1999, trois organismes ont été supprimés :
• la délégation interministérielle à la coupe
du monde de football,
• le centre d'enregistrement et de révision des formulaires
administratifs (Cerfa),
• la commission pour la simplification des formalités (COSIFORM).
Votre rapporteur spécial tient à faire remarquer que cet
état des lieux demandé aux Services du Premier ministre comporte
d'ores et déjà
deux erreurs
puisque la mission pour la
célébration du cinquantième anniversaire de la
déclaration universelle des droits de l'homme ainsi que la commission de
contrôle de l'organisation et du déroulement de la consultation
des populations de Nouvelle Calédonie prévue par l'article 76 de
la Constitution ont également disparu en 1999.
Trois nouveaux organismes auraient été créés
en 1999 :
• la commission pour les simplifications administratives (COSA) en
remplacement de la COSIFORM et du Cerfa,
• la mission interministérielle pour la célébration
du centenaire de la loi du 1
er
juillet 1901 relative au contrat
d'association, qui est chargée de proposer un programme national des
manifestations et à concourir à sa mise en oeuvre,
• la commission pour l'examen des demandes d'indemnisation des victimes
de spoliation.
Il est intéressant d'observer la
création de plus en plus
fréquente d'organismes à durée de vie limitée
.
Par exemple, le décret portant création de la mission
interministérielle pour la célébration du centenaire de la
loi de 1901 fixe une
date de cessation d'activité de cette
mission
, le 1
er
janvier 2001. Cette pratique qui prévoit
explicitement la disparition d'un organisme évite de les
pérenniser ou de les faire tout simplement tomber en
désuétude. Elle va dans le sens d'une clarification de la
" nébuleuse ".
Une nouvelle autorité administrative indépendante est
rattachée aux services du Premier ministre, en provenance du
Ministère de la jeunesse et des sports : le
Conseil de
prévention et de lutte contre le dopage
créé par la
loi n° 99-223 du 23 mars 1999. Cette autorité administrative
indépendante a été installée le 23 juin 1999
auprès du ministre de la Jeunesse et des Sports et dispose d'un budget
de fonctionnement de 4 millions de francs en 1999 (4,7 millions de francs sont
prévus pour 2000). Il est destinataire des procès-verbaux des
contrôle anti-dopage et veille à la mise en oeuvre des
procédures disciplinaires par les fédérations
concernées. Il est doté d'un pouvoir disciplinaire de
régulation et participe au dispositif de veille sanitaire par
l'intermédiaire de sa cellule scientifique. Enfin, il peut proposer au
ministre de la Jeunesse et des Sports toute mesure tendant à
prévenir ou à combattre le dopage.
Vers un nouveau CERC ?
Le jeudi 14 octobre 1999, l'Assemblée nationale a adopté une proposition de loi visant à substituer un nouvel organisme, le Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CERC) au Conseil supérieur de l'emploi, des revenus et des coûts (CSERC), lui-même créé en 1993 en remplacement de l'ancien Centre d'étude des revenus et des coûts (CERC) qui datait de 1966. Ce nouvel organisme aurait pour mission de " contribuer à la connaissance des revenus, des inégalités sociales et des liens entre l'emploi, les revenus et la cohésion sociale ". Il serait placé auprès du Premier ministre.
Des efforts de clarification qui tardent à venir
Depuis
des années,
les Commissions de finances des deux chambres
réclament un audit
de l'ensemble des organismes rattachés au
Premier ministre. Cette année encore, le rapporteur spécial
à l'Assemblée nationale, M. Georges Tron a insisté
sur ce point.
Or, le gouvernement estime à l'occasion de chaque discussion
budgétaire, que cet audit n'est pas nécessaire car il existe dans
cet ensemble des organismes utiles et que, somme toute, ces organismes ne
représentent qu'à peine 10 % du budget des Services
généraux du Premier ministre. Votre rapporteur spécial n'a
jamais contesté l'utilité d'un certain nombre d'organismes
rattachés aux Services du Premier ministre et il estime que l'argument
des montants en cause
9(
*
)
ne
justifie pas un immobilisme sur cette question et le refus de mener un effort
de rationalisation de grande ampleur.
Plutôt que de poursuivre dans cette exhortation qui n'est pas entendue,
votre rapporteur spécial préférera mener chaque
année une
mission de contrôle budgétaire
sur l'un de
ces organismes. Les résultats de cette mission seront
intégrés dans les prochains rapports budgétaires.
Les suites données par la MILDT au rapport de la Cour des Comptes
La
Commission des finances tient également à se faire l'écho
des suites données aux
rapports de la Cour des comptes
. En
particulier, la Cour avait formulé un certain nombre de critiques
à l'égard de la Mission de lutte contre la drogue et la
toxicomanie (MILDT) dans un
rapport du 7 juillet 1998
. Plus d'un an plus
tard, la MILDT traduit dans ses réponses à un questionnaire
envoyé par votre rapporteur spécial, de réels efforts.
Le 15 octobre 1998, une note d'étape a été remise au
Premier ministre. Un Comité interministériel s'est tenu le 16
juin 1999 et un nouveau plan gouvernemental a été établi
pour la période 1999-2001. La MILDT a également mis en oeuvre un
ensemble de mesures visant à clarifier l'utilisation et les objectifs
des crédits interministériels et à revoir ses
modalités d'intervention en amont et en aval des procédures
budgétaires.
Où en sont les réimplantations d'administrations ?
Au 15
septembre 1999, 27.170 transferts d'emplois ont été
arrêtés par les Comités interministériels
d'aménagement du territoire (CIAT) entre 1991 et 1998.
Sur cet ensemble,
14.510 emplois ont été effectivement
transférés,
soit 53,4 % du programme arrêté,
avec un rythme moyen de 2000 par an. Toutefois, par rapport à l'an
dernier,
l'augmentation du nombre de transferts effectifs n'est que de
520 sur un an.
Le rythme annuel des transferts décroît depuis
quelques années.
Si l'on ajoute les 3.777 transferts d'emplois qui sont en cours de
réalisation, le taux de réalisation du programme est de 67,3 %
(ce pourcentage était de 66 % l'an dernier).
Comme l'an dernier,
aucun crédit n'est prévu en projet de loi
de finances
pour faciliter les réimplantations d'administrations.
Les crédits de paiement disponibles sur le chapitre 57-01 devraient
permettre de couvrir les dépenses d'ores et déjà
programmées par le comité de gestion du fonds pour la
réforme de l'Etat pour la fin de l'exercice 1999 et pour l'exercice
2000.
Des
crédits dits " de retour "
seront attribués
au fonds des délocalisations publiques en loi de finances rectificative
pour 1999. Ces crédits correspondent aux produits de la vente
d'immeubles franciliens libérés par des services
délocalisés ou à la contrepartie budgétaire de la
réaffectation des immeubles à d'autres administrations
10(
*
)
.
L'autofinancement global des opérations qui était prévu
à l'origine n'a été que très partiellement
respecté
: le fonds des délocalisations publiques a
dû financer les premières opérations sans aucune
contrepartie et même lorsqu'ils étaient prévus, les retours
au fonds ont tardé compte tenu de la crise de l'immobilier, de la
durée longue de réalisation des opérations et des lenteurs
de procédure pour la vente de biens publics. Pour les années
antérieures à 1999, les " remboursements " au fonds
représentent
moins de 4 % des crédits octroyés
.
Le gouvernement ne montre pas, dans sa politique de réimplantation
des administrations, de volonté forte de réformer l'Etat.
Crédits inscrits aux chapitres 57-01 et 37-07 depuis 1992
(en millions de francs)
|
Chapitre 57-01 AP |
Chapitre 57-01 CP |
Chapitre 37-07 DO |
LFI 1992 |
800 |
400 |
100 |
LFI 1993 |
0 |
400 |
85,86 |
LFI 1994 |
130 |
30 |
20 |
LFI 1995 |
25 |
12,5 |
0 |
LFI 1996 |
5,5 |
5,5 |
0 |
LFI 1997 |
30 |
0 |
0 |
LFR 1997 |
5,5 |
5,5 |
0 |
LFI 1998 |
0 |
26 |
0 |
LFR 1998 |
15,4 |
67,4 |
0 |
LFI 1999 |
0 |
0 |
0 |
LFR 1999 (prévision) |
15,5 |
15,5 |
0 |
PLF 2000 (prévision) |
0 |
0 |
0 |
TOTAL |
1.026,9 |
956,9 |
205,86 |
Source : Services du Premier ministre
Tableau des opérations de réimplantation d'administrations par région
Région |
Transferts d'emplois réalisés |
Transferts d'emplois en cours |
Total des transferts d'emplois réalisés ou en cours |
% du total |
ALSACE |
407 |
0 |
407 |
2,23 |
AQUITAINE |
938 |
901 |
1 839 |
10,06 |
AUVERGNE |
240 |
21 |
261 |
1,43 |
BOURGOGNE |
33 |
28 |
61 |
0,33 |
BRETAGNE |
571 |
66 |
637 |
3,48 |
CENTRE |
1 098 |
171 |
1 269 |
6,94 |
CHAMPAGNE-ARDENNE |
43 |
0 |
43 |
0,24 |
CORSE |
2 |
0 |
2 |
0,01 |
FRANCHE-COMTÉ |
461 |
0 |
461 |
2,52 |
ILE-DE-FRANCE |
1 959 |
333 |
2 292 |
12,53 |
LANGUEDOC-ROUSSILLON |
815 |
3 |
818 |
4,47 |
LIMOUSIN |
386 |
109 |
495 |
2,71 |
LORRAINE |
310 |
0 |
310 |
1,70 |
MIDI-PYRÉNÉES |
764 |
250 |
1 014 |
5,54 |
NORD-PAS-DE-CALAIS |
583 |
189 |
772 |
4,22 |
HAUTE-NORMANDIE |
119 |
137 |
256 |
1,40 |
BASSE-NORMANDIE |
170 |
30 |
200 |
1,09 |
PAYS-DE-LOIRE |
1 368 |
342 |
1 710 |
9,35 |
PICARDIE |
738 |
70 |
808 |
4,42 |
POITOU-CHARENTES |
759 |
20 |
779 |
4,26 |
PROVENCE-ALPES-COTE-D'AZUR |
949 |
23 |
972 |
5,32 |
RHONE-ALPES |
1 094 |
1 063 |
2 157 |
11,80 |
Départements d'Outre-Mer |
13 |
17 |
30 |
0,16 |
Répartition régionale non disponible |
690 |
4 |
694 |
3,80 |
TOTAL GÉNÉRAL |
14 510 |
3 777 |
18 287 |
100,00 |