II. DES SITUATIONS TRÈS CONTRASTÉES, LA FRANCE HANDICAPÉE
Malgré un certain rapprochement, le paysage des prélèvements obligatoires en Europe présente de forts contrastes avec des niveaux et des structures des prélèvements très différents selon les pays.
A. UNE DISPERSION DES NIVEAUX DE PRÉLÈVEMENTS QUI, MÊME LÉGÈREMENT RÉDUITE, RESTE IMPORTANTE
1. Une légère réduction de la dispersion des taux de pression fiscale
Si, entre 1990 et 2000, la dispersion des taux de P.O. s'est plutôt réduite, l'Europe reste caractérisée par d'importants écarts de niveaux de prélèvements obligatoires.
Evolution des écarts à la moyenne des
prélèvements obligatoires en Europe
(en points de PIB) |
|||
|
1990 |
2000 |
Variation |
Suède |
+ 14,6 |
+ 12,5 |
- 2,1 |
Danemark |
+ 8,1 |
+ 7,6 |
- 0,5 |
Finlande |
+ 5,7 |
+ 5,2 |
- 0,5 |
Belgique |
+ 4,2 |
+ 4,7 |
+ 0,5 |
France |
+ 4 |
+ 4,7 |
+ 0,7 |
Pays-Bas |
+ 3,8 |
+ 1 |
- 2,8 |
Luxembourg |
+ 1,5 |
+ 1,2 |
- 0,3 |
Autriche |
+ 1,5 |
+ 2,5 |
+ 1 |
Italie |
- 0,1 |
+ 1,5 |
+ 1,6 |
Allemagne |
- 2,2 |
- 3 |
- 0,8 |
Grande-Bretagne |
- 3,1 |
- 3,1 |
0 |
Irlande |
- 5,5 |
- 9,3 |
- 3,8 |
Espagne |
- 6 |
- 5,5 |
+ 0,5 |
Portugal |
- 9,6 |
- 6,1 |
+ 3,5 |
Grèce |
- 9,7 |
- 2,8 |
+ 6,9 |
En 1990,
huit pays enregistraient un taux de prélèvements obligatoires
supérieur à la moyenne européenne, et sept pays un taux
inférieur. En 2000, hormis l'Italie, dont le taux de
prélèvements est désormais supérieur à la
moyenne, la composition de ces deux groupes de pays n'a pas changé. Le
premier groupe est constitué des pays suivants : Suède,
Danemark, Finlande, Belgique, France, Pays-Bas, Luxembourg, Autriche et Italie.
Quant au second groupe, il rassemble toujours l'Allemagne, la Grande-Bretagne,
l'Irlande, l'Espagne, le Portugal et la Grèce.
Dans ce panorama marqué par une certaine stabilité des
positions, il faut toutefois mettre en évidence le resserrement des
situations
.
Les écarts à la moyenne sont moins amplement dispersés en
2000 que dix ans plus tôt. La Suède occupe toujours le premier
rang en termes de taux de prélèvements obligatoires mais celui-ci
n'excède plus le taux moyen que de 12,5 points contre 14,6 en 1990.
De la même manière, le Danemark, toujours en deuxième
position, s'est un peu rapproché du taux moyen. Cinq des huit pays du
premier groupe ont connu un tel processus, seuls de ces cinq pays, la Belgique,
la France et l'Autriche augmentant leur décrochage par rapport au taux
de PO moyen entre 1990 et 2000. Dans le second groupe, celui des pays qui
connaissaient en 1990 un taux de prélèvements inférieur
à la moyenne, seul un pays - l'Allemagne - a accentué
l'écart entre son taux de PO et le taux de PO moyen.
2. La France dans le groupe des pays les plus mal placés
Il
n'en reste pas moins que, même raccourcie, l'échelle des taux de
prélèvements obligatoires en Europe continue de présenter
des degrés nettement marqués.
Les deux cas extrêmes, la Suède et l'Irlande, exceptés,
plusieurs groupes de pays se détachent :
• un premier groupe
composé du
Danemark
, de la
Finlande
, de la
Belgique
et de la
France
, où le
taux de prélèvements est nettement (de + de 4,5 points)
supérieur à la moyenne ;
• un deuxième groupe
avec l'
Autriche
,
l'
Italie
, le
Luxembourg
et les
Pays-Bas
, dont les taux de
prélèvements ne sont qu'un peu supérieurs à cette
moyenne ;
• trois pays, la
Grande-Bretagne
, l'
Allemagne
et la
Grèce
, où les taux de PO sont assez sensiblement
inférieurs à celle-ci ;
• enfin, deux pays, l'
Espagne
et le
Portugal
qui, même
s'ils se sont rapprochés du taux moyen, restent très
éloignés de ce dernier.
Cette situation correspond assez étroitement aux niveaux relatifs des
dépenses publiques dans les Etats européens.
Dépenses publiques en 2000
(en points de PIB)
Belgique |
49,9 |
Allemagne |
45,6 |
Grèce |
44,7 |
Espagne |
39,9 |
France |
53,2 |
Irlande |
33,3 |
Italie |
46,5 |
Luxembourg |
41,2 |
Pays-Bas |
45,3 |
Autriche |
51,8 |
Portugal |
44,8 |
Finlande |
48,4 |
Danemark |
53,3 |
Suède |
58,4 |
Royaume-Uni |
37,7 |
UE 15 |
45,8 |
Il existe cependant quelques nuances liées à l'existence de soldes publics différents et de ressources publiques alternatives aux prélèvements obligatoires.
Ecarts
entre les dépenses publiques
et les prélèvements
obligatoires en 2000
(en points de PIB)
Belgique |
+ 3,9 |
Allemagne |
+ 7,8 |
Grèce |
+ 6,7 |
Espagne |
+ 4,6 |
France |
+ 7,7 |
Irlande |
+ 1,8 |
Italie |
+ 4,2 |
Luxembourg |
- 0,8 |
Pays-Bas |
+ 3,5 |
Autriche |
- 8,5 |
Portugal |
+ 10,1 |
Finlande |
+ 1,9 |
Danemark |
+ 4,9 |
Suède |
+ 5,1 |
Royaume-Uni |
0 |
Ces
nuances ne sont pas négligeables, comme le montre le tableau ci-avant.
L'écart existant entre les dépenses publiques et les
prélèvements obligatoires constitue un indice de la
soutenabilité des finances publiques
. En effet, plus cet
écart est grand, plus le socle de financement du secteur public
apparaît dépendant de recettes non fiscales dont la
récurrence est moins avérée que pour les recettes
fiscales. Par ailleurs, quand il s'accompagne d'un plus fort déficit
public, il engendre des charges d'intérêt qui sont susceptibles,
en fonction des conditions comparées de la croissance et du coût
de la dette, d'enclencher un effet boule de neige de l'endettement qui creuse
mécaniquement le besoin de financement public.
De ces différents points de vue,
la situation de la France
apparaît très inquiétante
. Avec
un très haut
niveau de ses dépenses publiques
, malgré
le poids
très élevé de ses prélèvements
obligatoires
, notre pays est l'un des pays d'Europe que
l'écart
très important entre ses prélèvements et ses
dépenses publics
désigne tout particulièrement comme
étant confronté à
un sérieux problème de
soutenabilité de ses finances publiques
.