B. UNE SITUATION ATYPIQUE PAR RAPPORT AUX AUTRES PAYS EUROPÉENS
1. Une évolution contraire à celle des autres pays européens
La comparaison avec la moyenne des autres pays européens, que l'on prenne comme base de référence l'Europe des 15 ou la zone euro, est très défavorable à la France. En moyenne, le niveau des dépenses publiques en France est supérieur de 4 à 6 points de PIB par rapport aux autres pays de l'Union européenne. L'écart s'est creusé de près de 2 points de PIB entre 1996 et 2003.
Comparaison des dépenses publiques France - zone euro - Europe des 15
(en % du PIB)
Source : Commission européenne
L'évolution des dépenses publiques françaises depuis plus de vingt ans se distingue de celle de l'ensemble des partenaires européens de la France. Hormis certains pays d'Europe du Nord, la France fait désormais la course en tête en matière de dépenses publiques.
Ce n'était pas le cas en 1980 : des pays comme les Pays-Bas où le Royaume-Uni se caractérisaient par un poids des dépenses publiques dans le PIB supérieur à celui de la France. Ces pays ont durablement réduit le poids de leurs dépenses publiques.
Il en est de même de l'Italie, qui après des années 1980 marquées par une forte dynamique des dépenses, a entrepris une action destinée à faire passer ces dépenses en-dessous de la barre des 50 % du PIB.
La France est ainsi le seul pays européen à avoir mené délibérément une politique destinée à faire passer les dépenses publiques au-dessus de la barre des 50 % du PIB. Les pays scandinaves ont en effet stabilisé ou réduit leurs dépenses.
Comparaison des dépenses publiques en Europe
(en % du PIB)
Source : Commission européenne
2. L'explication du décalage : le poids des dépenses sociales et de santé
La ventilation des dépenses publiques par fonction pour chacun des membres de l'Union européenne permet de mieux discerner les priorités budgétaires de chacun.
Dépenses des administrations publiques par fonction en 2001
(en % du PIB)
|
France |
Allemagne |
UE à 15 |
Royaume-Uni |
Suède |
Frais d'administration |
6,4 |
6,3 |
6,7 |
4,3 |
8,5 |
Défense |
2,4 |
1,2 |
1,7 |
2,6 |
2,2 |
Ordre et sécurité publics |
1,0 |
1,6 |
1,6 |
1,9 |
1,4 |
Affaires économiques |
5,2 |
4,3 |
4,2 |
2,3 |
4,4 |
Protection de l'environnement |
1,3 |
0,6 |
0,7 |
0,5 |
0,3 |
Logements/équipements collectifs |
1,0 |
1,1 |
0,9 |
0,4 |
1,0 |
Santé |
7,9 |
6,3 |
6,3 |
6,1 |
6,6 |
Loisirs, culture et culte |
0,8 |
0,7 |
0,8 |
0,5 |
1,1 |
Enseignement |
6,0 |
4,2 |
5,1 |
4,6 |
7,7 |
Protection sociale |
20,4 |
21,9 |
18,8 |
16,0 |
23,9 |
Source : Eurostat
Cette ventilation montre tout d'abord que si les dépenses liées aux services généraux des administrations publiques sont inférieures en France à la moyenne de l'Union européenne, elles sont supérieures de 2 points de PIB à celles du Royaume-Uni, où la gestion des finances publiques paraît ainsi particulièrement optimisée. De manière compréhensible, elle montre le poids des dépenses militaires en France ou au Royaume-Uni par rapport à la moyenne européenne. En revanche, les dépenses régaliennes liées à l'ordre public et à la sécurité sont inférieures en France à la moyenne européenne, et ce de manière significative, ainsi qu'au budget qui leur est consacré par l'Allemagne ou le Royaume-Uni.
C'est enfin et surtout en matière de santé et de protection sociale que des différences majeures apparaissent entre la France et ses voisins. Les dépenses publiques qui leur sont consacrées représentent 28,3 % du PIB en France, contre 22,1 % au Royaume-Uni et 25,1 % du PIB pour la moyenne européenne.
En ce qui concerne les domaines sociaux et de santé, il y a ainsi une préférence plus marquée en France que dans la plupart des autres pays européens pour une gestion des dépenses par la puissance publique plutôt que par des régimes de marché.