2. Une « agence » vouée à la sécurité globale ?
Face aux évolutions du contexte stratégique international, l'OTAN se résout de moins en moins à se cantonner aux missions de défense collective de ses membres ou de gestion des crises à la périphérie de l'Europe. La structure internationale et l'administration américaine souhaiteraient lui assigner une vocation plus large la transformant en « pourvoyeur de sécurité », dans tous les domaines et face à tous les types de menaces.
Les documents adoptés au sommet de Riga n'ont pas repris l'intégralité de ces préoccupations qui continuent néanmoins de se manifester dans les différentes instances de l'Alliance.
Les évolutions récentes dénotent tout d'abord une volonté de dépasser la seule mission de défense pour aller vers une mission de sécurité, entendue dans un sens large .
Ainsi sont désormais fréquemment évoquées à l'OTAN des préoccupations nouvelles dont toutes n'ont pas nécessairement d'implications militaires directes. Il en est ainsi de la lutte contre le terrorisme , de la protection des infrastructures sensibles , de la gestion des conséquences des attaques chimiques, biologiques, radiologiques ou nucléaires , du partage du renseignement ou encore de la surveillance de la situation maritime ( Maritime situationnal awareness ). Plus récemment, la question de la protection contre les « cyberattaques » a été abordé, non seulement dans ses aspects relatifs aux systèmes d'information et de communication de l'Alliance, mais également à la suite des intrusions dont ont été victimes les systèmes informatiques de l'Estonie.
De même, à la suite des tensions survenues en Europe centrale et orientale au sujet des livraisons de gaz provenant de Russie, le thème de la sécurité des approvisionnements énergétiques a été évoqué, les préoccupations des nouveaux pays-membres rejoignant celles des Américains quant aux risques pouvant peser sur l'accès aux ressources dans certaines régions ou sur les voies de communication. Le sujet n'a pas été mis à l'ordre du jour du sommet de Riga, mais certains pays-membres souhaiteraient que l'OTAN s'implique dans la protection des infrastructures de transport et de stockage ainsi que des lignes de communication et, de manière plus générale, serve de cadre à des consultations entre ses membres sur un sujet considéré comme un enjeu vital de sécurité.
Au-delà de ces thèmes nouveaux, l'OTAN souhaite également mettre en oeuvre un concept d'approche globale des crises , s'appuyant sur le constat effectué en Afghanistan notamment que ces crises ne peuvent être résolues par la seule action militaire et nécessitent la mise en oeuvre d'un ensemble varié d'instruments. L'approche globale comporte un volet extérieur, visant à mieux coordonner l'action de l'OTAN et celles des autres organisations internationales présentes sur le terrain. Mais elle comporte également un volet interne, visant à permettre à l'OTAN de jouer sur une palette plus large d'instruments, non exclusivement militaires .
L'expérience des équipes provinciales de reconstruction ( Provincial reconstruction team - PRT ) en Afghanistan constitue une première incursion dans le domaine civilo-militaire. Ces équipes agrègent des éléments militaires, rattachés à la chaîne de commandement de la FIAS, et des éléments civils. Elles visent à mener de pair la sécurisation de certaines zones et les efforts de reconstruction.
La directive politique globale adoptée à Riga reconnaît que l'OTAN n'a « pas besoin de développer des capacités destinées à des fins strictement civiles », plusieurs Etats, dont la France, considérant que de telles capacités seraient redondantes avec celles dont disposent déjà l'ONU ou l'Union européenne. Mais l'objectif reste bien d' améliorer la planification civilo-militaire au sein de l'organisation. De fait, l'OTAN a développé une expertise civile dans le cadre des plans civils d'urgence élaborés à la suite des attentats de septembre 2001 et du Centre euro-atlantique de coordination des réactions en cas de catastrophe (EADRCC). Cette expertise pourrait être utilisée dans le domaine de la réponse aux crises. Certains Etats-membres, comme le Danemark, initiateur du concept de planification globale, voient dans le développement d'une dimension civile aux côtés de l'action militaire de l'OTAN un moyen d'apporter leur valeur ajoutée aux opérations de l'Alliance.
Enfin, l'OTAN entend développer sa coopération et son assistance en matière de réforme du secteur de la défense et de la sécurité dans les pays partenaires et dans les régions où elle est engagée.