PRINCIPALES OBSERVATIONS ET RECOMMANDATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR SPÉCIAL

Principales observations

Aux origines de l'AFICAR

1. La création, en 2006, de l'Agence française d'information et de communication agricole et rurale a résulté d'une prise de conscience des carences de la communication agricole « grand public » , face à a dégradation de l'image de ce secteur auprès de l'opinion.

2. L'agence a été conçue comme un instrument de nature à mettre en oeuvre des actions de communication communes à la profession et à rationaliser les initiatives dispersées des différents intervenants du monde agricole en matière de communication.

3. Pour ce faire, l'AFICAR avait vocation à mutualiser des subventions du budget de l'Etat et des partenariats financiers extérieurs , en provenance notamment des organisations professionnelles agricoles.

Un premier bilan peu convaincant

4. Les premières années d'activité de l'AFICAR ont vu la mise en place d'actions de communication d'envergure limitée et très en deçà des attentes exprimées. L'existence de l'opérateur n'a pas davantage permis de mettre en cohérence les politiques de communication des différents intervenants du monde agricole.

5. La faiblesse principale de l'AFICAR réside dans l'insuffisance de ses financements, et en particulier de la quasi-absence de partenariats financiers extérieurs . Outre le caractère limité des actions menées, le manque de ressources a entravé la gestion d'un opérateur qui semble, par ailleurs, entretenir des relations distantes avec la tutelle.

6. L'échec relatif de l'AFICAR à faire émerger une communication commune au monde agricole résulte du poids des intérêts sectoriels et de la réticence des organisations professionnelles agricoles à contribuer au financement d'un opérateur public.

Quelles voies pour une réforme ?

7. Suite à la démission du président de l'AFICAR, intervenue en mars 2008, et aux travaux de contrôle menés par votre rapporteur spécial, certaines organisations professionnelles agricoles semblent avoir pris conscience du caractère très insatisfaisant de la situation de l'agence.

8. Attentif à la démarche poursuivie au nom de votre commission des finances, le ministère de l'agriculture et de la pêche a, lors d'un conseil d'administration de l'AFICAR tenu le 13 mai 2008, invité les organisations représentées à formuler sans tarder des propositions concrètes et chiffrées quant à l'avenir de l'opérateur.

9. Deux scénarios sont, selon votre rapporteur spécial, aujourd'hui envisageables :

a) la communication agricole générique et « grand public » pourrait être conduite et financée par la profession , selon des modalités qu'elle déterminerait librement. Dans un tel contexte, le ministère chargé de l'agriculture ou ses opérateurs seraient libres de subventionner ponctuellement certaines actions jugées conformes aux missions d'intérêt général qui leur sont assignées. Si un tel schéma devait être retenu, il est douteux que l'existence d'un opérateur autonome demeure pleinement justifiée, et la suppression de l'AFICAR pourrait être envisagée à moyen terme ;

b) le maintien durable de l'AFICAR ne saurait être envisagé qu'à la triple condition de mobiliser de façon pérenne des participations financières extérieures au moins égales à la participation de l'Etat, de formaliser par convention l'appui technique que devraient apporter les services du ministère de l'agriculture et de la pêche et d'améliorer la coordination entre, d'une part, la politique de communication grand public du ministère et des organisations professionnelles agricoles et, d'autre part, les actions de l'AFICAR.

I. AUX ORIGINES DE L'AFICAR

Le constat d'une forme de « divorce » entre l'opinion publique française et le monde agricole s'est imposé à mesure que les crises sanitaires, la prise de conscience des atteintes à l'environnement causées par un modèle « productiviste » ou, plus récemment, les débats entourant la culture des organismes génétiquement modifiés se multipliaient.

Dès la fin des années 1990, et notamment suite à la crise dite de la « vache folle », la profession agricole a donc souhaité se doter d'un outil de communication tourné vers le « grand public » . Au terme de nombreuses réflexions et après une tentative infructueuse de création d'un Fonds de valorisation et de communication agricole, les démarches conjointes des organisations professionnelles agricoles et de l'Etat ont abouti, en 2006, à la création opérationnelle de l'AFICAR.

A. MIEUX COMMUNIQUER EN AGRICULTURE

1. Une communication abondante mais peu coordonnée

a) Des actions de communication multiples

La communication « grand public » dans le secteur agricole résulte d'actions nombreuses, fruits de l'initiative d'intervenants multiples.

Au nombre de ces intervenants figure en premier lieu le ministère de l'agriculture et de la pêche , qui consacre une partie de ses crédits 4 ( * ) de communication à des actions spécifiquement tournées vers le grand public (cf. tableau).

Actions de communication en direction du grand public envisagées
par le ministère de l'agriculture et de la pêche en 2008

(en euros)

Actions

Crédits de paiement

Stand du ministère au Salon international de l'agriculture (23/02/08) sur le thème « Les bénéfices de la PAC dans le quotidien des Français ».

488.000

Opération « Parlons agriculture » engager par le ministère pour installer le débat sur les nouveaux enjeux stratégiques de l'agriculture (dispositif internet, relations presse, série de trois conférences à Paris et à Bruxelles).

815.000

Développement et maintenance du site internet « agriculture.gouv.fr ». Développement de l'interactivité, multilinguisme (Présidence française de l'Union européenne), mise en ligne vidéo, personnalisation et suivi des messages des internautes. Maintenance technique.

150.000

Partenariat avec l'Institut national de la consommation (série TV Consomag) sur le thème de l'alimentation.

100.000

Participation à l'opération « Fraîch'attitude » organisée par la filière des fruits et légumes (coût estimatif à financer en fonction des disponibilités budgétaires).

25.000

Participation au Fooding (coût estimatif à financer en fonction des disponibilités budgétaires).

20.000

Total

1.598.000 5 ( * )

Source : commission des finances, d'après les informations transmises par la délégation à l'information et à la communication du ministère de l'agriculture et de la pêche

Les interprofessions engagent également des dépenses de communication substantielles, plus spécifiquement orientées vers la promotion des produits au sein de chaque filière . Pour le seul secteur animal 6 ( * ) , les actions de communication représentent un montant de 15,3 millions d'euros pour la filière bovine, 2,75 millions d'euros pour la filière ovine, 3,1 millions d'euros pour le veau et 7,6 millions d'euros pour les secteurs porc-volaille et productions animales spéciales.

Les chambres d'agriculture et leur Assemblée permanente mettent également en oeuvre des « actions pouvant sensibiliser une cible grand public ou apparentée : salons de l'agriculture locaux, journées de découverte à la ferme, marchés de producteurs, colloques et émissions donnant la parole aux agriculteurs et représentants du monde agricole et rural, appuis pédagogiques aux établissements scolaires et organisation de classes vertes » 7 ( * ) . Ces actions prennent, notamment, la forme d'une chaîne de télévision événementielle autour du salon international de l'agriculture et dotée d'un budget total de 600.000 euros.

Enfin, certains syndicats agricoles se livrent à une communication « grand public » relativement développée, dont témoignent notamment les actions de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (opérations « fermes ouvertes » pour les scolaires, expression directe à la radio ou à la télévision, marchés des Terres de France, présence sur les salons, publications et campagnes d'affichage) ou les opérations événementielles des Jeunes agriculteurs (Grande moisson sur les Champs-Elysées, Agri-parade et Agri-village, Marché de Noël sous la Tour Eiffel, opération « Week-end sur terre », concours de labour...).

b) Une communication sectorielle et dispersée

Votre rapporteur spécial déduit de ce qui précède que les faiblesses de la communication agricole « grand public » ne résident pas tant dans son insuffisance que dans la surabondance d'actions ponctuelles, éparpillées, et obéissant à des logiques sectorielles .

Dans un livre blanc paru en 2006 et intitulé La communication agricole vers le grand public , la SAF-Agriculture de France 8 ( * ) résumait ainsi les principaux défauts de cette communication :

« - la communication de crise, sans anticipation, place l'agriculture sur le plan défensif et donne une image déformée de la réalité [...] ;

« - les actions de communication globale ont été trop souvent centrées sur l'événementiel et perçues comme des coups médiatiques sympathiques et sans lendemain [...] ;

« - beaucoup d'actions, y compris locales, sont mises en place chaque année sur l'ensemble de notre territoire sans ligne stratégique, sans coordination et restent sans suite, ce qui décourage les agriculteurs à les renouveler ou à s'y impliquer, ce qui pose des problèmes de lisibilité, de visibilité, de légitimité, voire d'acceptabilité par l'opinion. »

* 4 Le projet annuel de performances pour 2008 fait notamment état, au programme 215, de 2.922.463 euros d'autorisations d'engagement et de 1.922.463 euros de crédit de paiement consacrés au programme de communication du ministère (programme 215, action n° 4).

* 5 Ce montant correspond aux seules actions de communication « grand public » du ministère.

* 6 Seules données transmises par le ministère de l'agriculture et de la pêche.

* 7 L'ensemble des citations sont tirées des réponses au questionnaire annexées au présent rapport.

* 8 Association reconnue d'utilité publique.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page