2. Une coordination très faible des politiques de communication du monde agricole
Le second objectif assigné à l'AFICAR était de rationaliser et de fédérer une communication agricole abondante mais dispersée . Cette vocation était, au demeurant, l'une des motivations à l'appui d'un conseil d'administration paritaire. De ce point de vue, les résultats sont également décevants.
a) Le ministère de l'agriculture donne-t-il l'exemple ?
Votre rapporteur spécial se demande, en premier lieu, si le ministère de l'agriculture et de la pêche lui-même s'efforce de coordonner ses propres actions de communication « grand public » avec celles de l'opérateur dont il assure la tutelle . Le code rural prévoit, par exemple, que le directeur de l'AFICAR peut être le délégué général à la communication du ministère, ce qui pourrait favoriser la mise en cohérence des actions de communication entreprises de part et d'autre. A l'heure actuelle, ces postes sont toutefois occupés par deux personnes différentes 36 ( * ) .
Interrogés sur les conséquences qu'ils avaient tirées de la création d'un opérateur dédié pour la définition de leurs propres actions de communication, les représentants du ministère de l'agriculture et de la pêche ont précisé que, nonobstant l'existence de l'AFICAR, ledit ministère avait toujours vocation à communiquer en direction du grand public sur les politiques qu'il menait.
De fait, on constate que la communication ministérielle inclut, sans coordination apparente avec l'AFICAR, des actions en partie tournées vers le grand public dont on aurait pu penser qu'elles correspondaient à la vocation de l'agence. Il en va ainsi, par exemple, de l'opération « Parlons agriculture ! » , conçue comme l'occasion d'un large dialogue « ouvert à tous » associant « agriculteurs, professionnels, experts, représentants de la société civile, responsables politiques ou simples citoyens », et appuyée sur trois rencontres ouvertes au public sur les thèmes « Qu'est-ce qu'on mange ? », « Quelles agricultures pour demain ? » et « Qui va nourrir le monde ? ».
Le dossier de presse de cette opération annonce l'installation d'une plate-forme d'échanges « afin de renforcer le lien entre ruraux et citadins autour des enjeux de l'agriculture de demain » et précise que le site www.parlonsagriculture.com permettra « à chacun de prendre part au débat citoyen » et « donnera une voix au grand public, citadin ou rural ». Autant de démarches dont votre rapporteur spécial estime qu'elles ressortissent largement au champ d'action de l'AFICAR.
b) Les opérations de communication de la profession
Le bilan n'est guère différent en matière de communication des organisations professionnelles agricoles et les moyens limités de l'AFICAR ne lui ont pas permis d'agir efficacement dans cette direction, condamnant l'agence à n'être qu'une structure de plus.
Dans son rapport annuel sur la gestion 2006, le contrôleur général économique et financier exprimait également certains doutes quant aux capacités de l'AFICAR à rationaliser la communication agricole : « on peut même se demander si le conseil d'administration de l'AFICAR, où l'Etat et les professionnels sont représentés à parité, a bien eu l'effet de mise en cohérence des comportements qui en était attendu . Par exemple, on peut relever (entre autres) qu'après avoir participé à la prise de décision sur l'opération Train de la terre, les Jeunes agriculteurs, représentés au CA de l'AFICAR, ont lancé pour leur compte une opération "Un week end sur terre" se déroulant juste avant celle de l'AFICAR, avec pour effet d'assécher ses financements ».
Cette appréciation est confirmée par la lecture des procès-verbaux de conseil d'administration de l'AFICAR, qui ne comportent aucune trace d'un quelconque débat sur l'amélioration de la coordination entre les différents intervenants de la communication agricole.
* 36 Situation qui, selon le délégué général à la communication du ministère, ne pose aucun problème de principe.