3. L'Asie et le tabou de l'influence chinoise
Après le « désenchantement » du rapprochement avec l'Occident et la multiplication des différends avec les Etats-Unis, Vladimir Poutine a fait du rapprochement avec l'Asie, et en particulier avec la Chine , l'une des premières priorités de sa politique étrangère. La fourniture d'énergie et d'armements, tout comme l'attachement commun à un monde multipolaire et la coopération sur des grands dossiers régionaux, comme la Corée du Nord ou l'Iran, ont permis à la Russie de nouer une étroite coopération avec la Chine. Dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et de la sécurité, la Russie et la Chine coopèrent depuis 2001, avec les trois Etats d'Asie centrale frontaliers de cette dernière, au sein de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Les manoeuvres militaires conjointes russo-chinoises de 2005 ont ainsi frappé les esprits. Le choix du nouveau président russe Dmitri Medvedev d'effectuer en Chine son premier déplacement à l'étranger, hors des pays de la Communauté des Etats indépendants, est d'ailleurs révélateur de la réorientation de la priorité de la politique étrangère russe.
Pour autant, si les différends frontaliers avec la Chine semblent avoir trouvé une solution satisfaisante pour les deux parties, l'émergence de la puissance chinoise, le renforcement de son influence, notamment en Asie centrale, et surtout la pression démographique chinoise exercée sur les régions sous peuplées de Sibérie suscitent une grande méfiance de la part de la Russie. Au cours de sa visite, la délégation a eu le net sentiment que cette question était dans tous les esprits des responsables russes, même si elle reste encore taboue pour nombre d'entre eux.
La Russie veille dans le même temps à développer ses échanges économiques avec le Japon , s'agissant notamment des fournitures de gaz et de pétrole. La Russie poursuit aussi sa coopération avec l'Inde , notamment en matière d'armement. Enfin, elle garde des liens avec la Corée du Nord .