2. Une forte implication dans les principaux dossiers internationaux
La Russie est fortement impliquée sur la plupart des grands dossiers internationaux.
Dans la région des Balkans occidentaux , après avoir été marginalisée lors de l'intervention de l'OTAN contre la Serbie en 1999, la Russie, qui est membre du « groupe de contact », a effectué un retour remarqué.
La forte opposition de la Russie à l'indépendance du Kosovo lui a permis, en effet, de renforcer son influence en Serbie et, plus largement, dans la région. Cette opposition est justifiée par le respect de l'intégrité territoriale de la Serbie et des frontières issues de la Seconde Guerre mondiale, le risque de déstabilisation que pourrait entraîner cette indépendance sur les pays voisins, comme la Macédoine ou le Monténégro, qui comportent une forte minorité albanaise, ainsi que des droits de la minorité serbe, en particulier sur le plan religieux. La Russie met également en avant les effets que pourraient avoir un tel précédent sur les « conflits gelés », notamment sur le statut des régions séparatistes de Transnistrie en Moldavie, ou d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud en Géorgie.
L'opposition de la Russie à l'indépendance du Kosovo semble cependant moins tenir à l'amitié traditionnelle entre Russes et Serbes ou aux liens résultant de la même appartenance à la communauté slave et à la religion orthodoxe, qu'aux intérêts bien compris de la diplomatie russe. Le Kosovo constitue, en effet, un levier important pour la politique étrangère russe, qui lui permet de demeurer un acteur de premier plan dans la région et, plus généralement, sur la scène européenne et internationale. Par ailleurs, son soutien lui a permis de renforcer sa présence économique en Serbie, notamment sur le plan énergétique, ce pays étant entièrement dépendant de la Russie pour son approvisionnement en pétrole et en gaz.
Au Proche-Orient , la Russie cherche à s'affirmer comme un acteur de plein exercice, à peser dans les tentatives de règlement des crises, sans négliger ses intérêts commerciaux (dans les secteurs de l'énergie et de l'armement notamment). Elle reste impliquée dans le conflit israélo-palestinien, en tant que membre du « Quartette ».
La Russie s'efforce aussi de renouer avec ses anciens alliés dans la région, comme la Syrie , de nouer des coopérations avec les autres pays producteurs énergétiques, comme l'Algérie ou la Libye , de s'assurer d'une bonne coopération avec un Iran voisin qui s'affirme, mais aussi de restaurer le crédit russe dans le monde musulman. La Russie souhaite jouer le rôle de médiateur, souligne sa capacité d'entretenir des relations avec tous les acteurs, y compris le Hamas et le Hezbollah, et elle tente d'offrir des alternatives, notamment en soutenant le dialogue avec la Syrie.
La Russie est ainsi fortement impliquée dans le dossier nucléaire iranien . Elle joue un rôle ambigu faisant preuve à la fois de ses responsabilités internationales en votant les différentes résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies mais aussi en défendant ses intérêts politiques et économiques traditionnels dans cette zone depuis le XIXe siècle. C'est ainsi que la coopération de la Russie avec l'Iran pour la construction de la centrale nucléaire de Bushehr, constitue un important point de friction avec les Etats-Unis. En effet, même si ce projet ne semble pas comporter en lui-même de risque de prolifération, compte tenu de l'engagement russe, pris sur l'insistance américaine, de fournir le combustible puis de le rapatrier, la volonté affichée de la Russie de poursuivre quoi qu'il arrive la coopération affaibli la stratégie de pression sur les autorités iraniennes. Moscou n'a pas conditionné sa coopération à un règlement satisfaisant du dossier iranien, sans doute en raison des retombées économiques d'un projet évalué à 800 millions de dollars.