III. ETAT DES LIEUX EN FRANCE APRES LA CRISE ET PRECONISATIONS

A. LES DÉFAUTS DU MARCHÉ DU TRAVAIL FRANÇAIS ONT ÉTÉ AGGRAVÉS PAR LA CRISE

La crise de 2008 a incité les autorités françaises à infléchir ou à recentrer certains aspects de l'utilisation des crédits du FSE.

Les crédits du FSE ont tendance à être utilisés en France en gardant à l'esprit quatre problèmes plus spécifiquement français, à savoir que la formation doit se faire tout au long de la vie, que les mutations économiques entraînent de nécessaires reclassements et transitions professionnelles, qu'il faut accompagner la création et la reprise d'entreprises et qu'il faut lutter contre l'exclusion sociale.

Cette grille d'analyse conduit aux constats et aux préconisations suivantes pour chaque problématique.

1. Les formations tout au long de la vie

Comme il a été dit, le taux de participation à la formation continue est relativement faible en France. Pour pallier cette faiblesse, les crédits du FSE doivent permettre :

- de poursuivre l'effort de formation,

- de favoriser l'individualisation des parcours de formation,

- de favoriser les formations vers de « nouveaux emplois » liés à l'après-crise et à l'évolution économique,

- de rechercher une articulation avec la réforme de la formation professionnelle.

Il reste, comme il a été dit, que la force de frappe de la formation professionnelle, telle qu'elle est organisée en France, fait concurrence à cette action du FSE.

2. La mobilité professionnelle

La mobilité professionnelle est peu développée en France : 6 % des salariés effectuent 55 % des mobilités. Les crédits du FSE devraient être destinés à cibler des actions de formation de longue durée permettant des reconversions véritables d'un métier à un autre.

3. La création et la reprise d'entreprises

La création d'entreprises se développe en France grâce au statut d'auto-entrepreneur : beaucoup de chômeurs souhaitent aujourd'hui créer une entreprise, mais les micro-entreprises, souvent créées par des auto-entrepreneurs, ne résistent pas très longtemps aux difficultés conjoncturelles. Quant à la reprise d'entreprises, elle est délicate aujourd'hui à cause de la pyramide des âges et de la difficile transmission du capital et des compétences. Partout où cela est possible, les crédits du FSE sont mobilisés pour permettre à un chômeur ou à un actif de suivre une formation qui renforce ses connaissances et ses compétences en matière de gestion et de management.

4. L'exclusion sociale

Les publics les plus éloignés du marché du travail sont aussi les plus sensibles à la conjoncture. Les bénéficiaires du RMI et du RSA ont augmenté avec la crise, et les dispositifs d'insertion ne parviennent pas aujourd'hui à proposer suffisamment de « sorties » vers l'emploi. On envisage une utilisation des crédits du FSE portant l'accent sur une approche globale de la personne et une offre d'accompagnement personnalisée et renforcée.

*

En conclusion, la politique suivie grâce aux crédits du FSE s'attaque aux faiblesses structurelles de l'emploi et de la formation en France, faiblesses que la crise actuelle tend à accentuer. Les opérations financées par le FSE soutiennent les parcours de formation et le retour à l'emploi pour les catégories les plus en difficulté. Le FSE à programmation pluriannuelle, tel qu'il est décliné en France, est adapté pour déployer des efforts dans la durée et lutter contre les insuffisances structurelles et les distorsions sociales du marché du travail.

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