VII. CULTURE ET SANTÉ
A. DÉBAT CONJOINT : CULTURE ET DÉMOCRATIE, ET LES RÉSEAUX ÉDUCATIFS ET CULTURELS DES COMMUNAUTÉS À L'ÉTRANGER
Le premier rapport intitulé « Culture et démocratie » a été présenté par Mme Vesna Marjanoviæ (Serbie - SOC). La culture et les arts sont une source de développement humain et de renouveau intellectuel. Ils sont un instrument puissant pour prévenir la radicalisation et donner à la société civile des moyens de façonner une citoyenneté démocratique.
L'année 2016 offre l'occasion en Europe d'affirmer de nouvelles priorités politiques et de donner des suites concrètes aux déclarations politiques des ministres de la culture de l'Union européenne à Riga et des ministres de l'éducation du Conseil de l'Europe à Bruxelles concernant la promotion de la citoyenneté et les valeurs communes de la liberté et de la non?discrimination à travers la culture et l'éducation.
Le Conseil de l'Europe a une longue expérience en matière de culture et de démocratisation et doit continuer de jouer un rôle moteur pour que la culture fasse partie intégrante du processus démocratique. Il est recommandé dans le rapport d'encourager la coopération entre les différents secteurs du Conseil de l'Europe en vue d'élaborer des approches novatrices en matière de politiques culturelles et de gestion de la diversité.
Les États membres doivent mieux intégrer les activités culturelles dans le système éducatif, améliorer l'accès à la culture des enfants et des jeunes marginalisés et défavorisés et soutenir les projets qui visent à intégrer les activités culturelles dans d'autres domaines d'action, comme la santé, les services sociaux, les établissements pénitentiaires et les programmes de réinsertion des détenus. Il est aussi recommandé de consacrer l'une des prochaines éditions du Forum mondial de la démocratie au thème de la culture et de la démocratie afin de promouvoir des politiques novatrices et l'échange de bonnes pratiques avec les parties prenantes dans les États membres.
Le second rapport traite des « réseaux éducatifs et culturels des communautés à l'étranger ». Rédigé par M. Pierre-Yves Le Borgn' (Français établis hors de France - Socialiste, républicain et citoyen) , il a été présenté en son absence par Mme Vesna Marjanoviæ (Serbie - SOC). Il explique que l'intégration des migrants et des diasporas est un enjeu majeur pour les sociétés européennes actuelles. Les communautés qui vivent à l'étranger sont des relais essentiels entre les cultures européennes et peuvent contribuer à la cohésion sociale et au renforcement du pluralisme et de la démocratie dans les sociétés européennes.
Dans ce rapport, les États membres sont invités à faire participer les réseaux éducatifs et culturels des communautés vivant à l'étranger de manière plus systématique à l'élaboration et à la mise en oeuvre de politiques concernant différents aspects du processus d'intégration (dont l'intégration éducative, culturelle et sociale). Il leur est aussi demandé de mettre en place des plateformes nationales qui permettraient aux différents ministères et institutions spécialisées de travailler de manière transversale avec les associations de diasporas, d'encourager la création de plateformes analogues au niveau local et de proposer des programmes d'aide financière adéquats pour aider les associations de diasporas à professionnaliser leurs activités, à développer et à consolider leurs réseaux et à mener des actions conjointes.
Au niveau européen, le rapport préconise la mise en place d'un réseau parlementaire européen sur les politiques relatives aux diasporas et la création, par celles-ci, d'une plateforme européenne chargée de recueillir des données et d'évaluer les impacts de ces communautés sur les sociétés européennes des points de vue culturel et social, ainsi que de promouvoir l'échange de bonnes pratiques et la mise au point de projets conjoints.
Par ailleurs, M. Thierry Mariani (Français établis hors de France - Les Républicains) a rédigé un rapport pour avis, au nom de la commission des migrations, des réfugiés et des personnes déplacées sur « les réseaux éducatifs et culturels des communautés à l'étranger » qui a été présenté, en son absence, par M. Andrea Rigoni (Italie - ADLE).
Il s'est félicité du rapport de M. Pierre-Yves Le Borgn' qui met en exergue la valeur des réseaux éducatifs et culturels créés par les diasporas dans leurs communautés d'accueil, tout en soulignant le manque de reconnaissance de leur potentiel et les obstacles à leur développement.
À l'appui des recommandations figurant dans le projet de résolution, il propose trois amendements destinés à mettre encore plus l'accent sur l'importance des réseaux de diasporas en Europe et sur la nécessité de les intégrer dans les sociétés d'accueil pour qu'ils participent à la recherche de solutions collectives aux enjeux contemporains.
M. André Schneider (Bas-Rhin - Les Républicains) , s'exprimant au nom du groupe du PPEIDC, s'est félicité de l'enseignement de l'allemand dès le primaire en Alsace, et de l'action des réseaux culturels des diasporas qui favorise la paix sociale. Toutefois, l'enseignement des langues et cultures d'origine peut se transformer en cours de propagande pour un pays étranger en l'absence de contrôle effectif. Une réflexion devra être menée notamment pour développer l'enseignement de certaines langues comme le russe et l'arabe. Enfin, il a insisté sur la nécessité d'offrir aux expatriés un enseignement de leur langue permettant ainsi la transmission d'une culture et de valeurs partagées dans leur pays d'origine.
M. Frédéric Reiss (Bas-Rhin - Les Républicains) a rappelé l'intérêt du dialogue interculturel pour la démocratie. La pratique d'activités culturelles à l'école, avec le concours des parents et d'intervenants extérieurs, est indispensable pour transmettre des valeurs, une histoire et des traditions. Face au repli identitaire, la culture peut favoriser la citoyenneté et la solidarité. Pour cela, les collectivités locales ont un rôle à jouer et doivent permettre le développement de projets culturels en faveur des jeunes.
Mme Maryvonne Blondin (Finistère - Socialiste et républicain) a vanté les mérites du service civique français qui crée davantage de cohésion dans une société dont les valeurs sont menacées par le terrorisme. Ce dispositif favorise l'accès à la citoyenneté et à la culture. Ainsi, c'est la diffusion de cette culture qui permettra de lutter contre l'obscurantisme.
Pour Mme Marie-Christine Dalloz (Jura - Les Républicains) , lorsque la culture de l'autre est montrée du doigt, la démocratie est en danger. Elle prend l'exemple de l'interdiction de l'usage des langues minoritaires en Ukraine et plaide pour un travail sur place avec les réseaux culturels des communautés russophones, polonaises et hongroises afin de relancer le dialogue. Pour elle, la démocratie n'est possible que si les citoyens sont capables de s'ouvrir à la culture des autres. Elle estime, en outre, que les réseaux culturels doivent permettre de préserver le lien avec la culture d'origine mais aussi de favoriser l'ouverture à la culture du pays d'accueil. Enfin, pour être un vecteur de démocratie, la culture doit être à la portée de tous. Elle cite en exemple le système des « bibliobus » dans les zones rurales dépourvues de bibliothèques en France.
Mme Catherine Quéré (Charente-Maritime - Socialiste, républicain et citoyen) rappelle que la diversité culturelle est un atout pour l'Europe. Elle souhaiterait disposer de statistiques sur le nombre de personnes vivant dans un autre pays du Conseil de l'Europe et sur les mariages mixtes contractés dans ce cadre. Les réseaux éducatifs et culturels des communautés vivant à l'étranger doivent permettre de créer des passerelles entre les cultures et favoriser la démocratie. S'il faut veiller à ne pas nier l'identité culturelle d'origine, l'État doit assurer un certain contrôle des cours de langue dispensés par les réseaux culturels pour les mineurs.