B. LA PLACE DE PARIS DISPOSE D'ATOUTS INDÉNIABLES POUR JOUER LES PREMIERS RÔLES EN MATIÈRE FINANCIÈRE

Les déterminants de la compétitivité des places financières ont fait l'objet de multiples travaux théoriques et empiriques 32 ( * ) .

Si des débats nourris demeurent sur leur importance relative, quatre principaux facteurs explicatifs ont été mis en évidence par la littérature économique :

- le capital humain , l'existence d'un bassin de main d'oeuvre qualifiée dans le domaine financier étant généralement associée à un système éducatif performant ou à une forte capacité à attirer des expatriés ;

- les infrastructures , en particulier dans les domaines des transports et des technologies de l'information et de la communication ;

- le niveau d'activité potentiel , qui dépend notamment de la taille et du taux d'épargne de l'économie domestique ainsi que de la présence de grandes entreprises clientes ;

- l'environnement des entreprises , qui recouvre de multiples composantes (fiscalité, qualité de l'encadrement réglementaire, droit du travail, etc.).

Au regard de ces critères, la place de Paris présente d'indéniables atouts pour jouer les premiers rôles en matière financière.

1. Une formation en finance de premier plan

S'agissant du capital humain, les écoles et les universités françaises ont la capacité de pourvoir aux besoins de l'industrie financière , avec la formation, chaque année, d'environ 8 000 étudiants pour les métiers de front - office (dont 900 ingénieurs spécialisés dans le secteur financier) et de 18 000 étudiants pour les métiers de middle et back-office 33 ( * ) .

Historiquement, les banques françaises ont bénéficié de l'apport d'ingénieurs mathématiciens de grande qualité , qui ont favorisé l'informatisation de leurs activités dès les années 1960 et l'importation de nouveaux modèles de gestion des risques à partir des années 1980. Comme le relève Thierry Pascault, « nos banques ont ainsi largement devancé les banques anglo-saxonnes, dont les dirigeants étaient majoritairement de formation juridique » 34 ( * ) .

L'excellence des formations offertes en France dans le domaine financier, qui s'appuie notamment sur une forte tradition mathématique, est aujourd'hui pleinement reconnue à l'international.

En 2016, cinq écoles françaises figurent ainsi aux dix premières places du classement des masters en finance publié par le Financial Times 35 ( * ) . À titre de comparaison, les premiers représentants britannique et allemand figurent respectivement à la onzième et à la vingtième place.

Pour attirer les diplômés des grandes écoles françaises, l'industrie financière britannique n'hésite pas à les rémunérer à un niveau significativement supérieur à leurs homologues anglais : à titre d'illustration, les anciens étudiants de l'École Polytechnique arrivent en tête d'une étude menée en 2015 auprès de 700 jeunes professionnels travaillant à la City , avec une rémunération 38 % supérieure aux diplômés d'Oxford et de Cambridge 36 ( * ) .

2. Une métropole mondiale dotée d'infrastructures de qualité

Un constat identique peut être dressé concernant la qualité de vie et les infrastructures .

L'enquête annuelle « Cities of Opportunity » du cabinet PwC 37 ( * ) , qui a récemment classé Paris à la quatrième place des métropoles les plus attractives et dynamiques à l'échelle internationale, situe ainsi la capitale française :

- en tête de son classement pour les critères de la qualité de vie et de la couverture des transports ;

- à la deuxième place mondiale sur la thématique « Hub international pour le business ».

Classement européen des métropoles les plus attractives
à l'échelle internationale

Source : commission des finances du Sénat (d'après l'étude « Cities of Opportunity 2016 » du cabinet Pwc)

Il peut être noté que Francfort, Dublin et Luxembourg ne figurent pas dans cette étude , qui ne prend en compte que les trente premières métropoles mondiales.

3. Un marché immobilier attractif pour les entreprises

S'agissant du marché de l'immobilier d'entreprise, Paris présente l'avantage d'offrir à la fois des prix modérés et une forte capacité d'accueil.

Pour les entreprises, s'installer à Paris permet ainsi d'éviter les problèmes de congestion liés aux prix de l'immobilier (Londres) et au manque d'espace disponible (Dublin, Luxembourg et, dans une moindre mesure, Francfort).

Comparaison du marché immobilier d'entreprise

Source : commission des finances du Sénat (d'après les données de Paris Europlace)

Selon les données de l'étude réalisée à la demande de Paris Europlace 38 ( * ) , les bureaux parisiens sont ainsi deux fois moins chers qu'à Londres , pour une capacité d'accueil quatre fois supérieure à Francfort.

4. Un centre financier qui bénéficie d'une épargne domestique abondante et de la présence de grandes entreprises

Si une place financière est susceptible de croître de façon autonome par rapport à son « arrière-pays », le dynamisme de la zone économique à laquelle elle est adossée constitue un atout pour son bon développement.

À cet égard, la situation de la place de Paris apparaît doublement favorable .

Son développement peut tout d'abord s'appuyer sur l'abondante épargne des Français , dont le taux d'épargne (14,5 % en 2015, 15,2 % en moyenne entre 1991 et 2015) reste significativement plus élevé que la moyenne de la zone euro (12,7 %) 39 ( * ) . En 2015, l'encours moyen des placements financiers par habitant atteint ainsi 68 800 euros en France, soit un niveau très légèrement supérieur à celui observé en Allemagne 40 ( * ) .

Surtout, la place de Paris est susceptible de bénéficier de la présence de nombreuses grandes entreprises en Île-de-France, qui constituent autant de clients potentiels.

À titre d'illustration, 29 des 500 entreprises listées dans le classement Forbes Fortune Global 500 ont leur siège dans la région, ce qui place Paris au 1 er rang européen et au 3ème rang mondial , derrière Tokyo et Pékin 41 ( * ) .

Par rapport à Francfort, la place de Paris peut en outre tirer parti de la concentration des grands groupes dans la région francilienne, qui contraste avec la grande dispersion des activités économiques sur le territoire allemand . À deux exceptions près (Michelin à Clermont-Ferrand et Auchan à Croix), l'ensemble des sièges sociaux des grandes entreprises françaises sont situés en Île-de-France.

Nombre de sièges sociaux des cinq cents
plus grandes entreprises mondiales

Source : commission des finances du Sénat (d'après le classement Forbes Fortune Global 500 )

5. Des autorités de supervision efficaces et reconnues au plan international

Sur le plan de la supervision, la place de Paris peut s'appuyer sur deux institutions reconnues au plan international : l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) et l'Autorité des marchés financiers (AMF).

À cet égard, l'efficacité du système de supervision français a été renforcée par la réforme entreprise en 2010 42 ( * ) , qui a fusionné les autorités de contrôle et d'agrément des secteurs de la banque et de l'assurance.

Là encore, la situation de Francfort apparaît plus contrastée . Si la BaFin est en théorie l'autorité de supervision unique des banques, des assurances et des marchés financiers 43 ( * ) , les Länder ont néanmoins conservé leur compétence de contrôle des bourses. Le Land de Hesse est ainsi en charge de la supervision de la Deutsche Börse - et disposait de ce fait d'un « droit de veto » sur le projet de rapprochement avec le London Stock Exchange (LSE) -, alors même qu'il ne dispose pas de la même expertise, ni de la même expérience qu'une autorité telle que l'AMF.

Au total, la place de Paris réunit donc de nombreux atouts, qui devraient lui permettre de se positionner parmi les centres financiers de référence à l'échelle internationale.


* 32 Voir notamment : Imad Moosa, Larry Li et Riley Jiang, « Determinants of the Status of an International Financial Centre », The World Economy , Volume 39, n° 12, décembre 2016 ; Lillian Cheung et Vincent Yeung, « Hong Kong as an International Financial Centre : Measuring its Position and Determinants », Hong Kong Monetary Authority, 2007 ; Michael Mainelli, « What Makes A Successful Global Financial Centre ? », Gresham College, 2009.

* 33 Paris Europlace, « La Place de Paris en pole position en Europe pour attirer les entreprises », 29 novembre 2016, p. 37.

* 34 Thierry Pascault, « Les ingénieurs au service des banques, une spécificité bien française » in École française de la finance - Mythe ou réalité ?, L'année des professions financières , 2016, p. 43.

* 35 Financial Times Rankings, « Masters in Finance Pre-experience », 2016.

* 36 Les Échos, « Finance : à la City, les ingénieurs français sont les mieux payés », 12 août 2015.

* 37 Pwc, « Cities of Opportunity 2016 », septembre 2016.

* 38 Paris Europlace, « La Place de Paris en pole position en Europe pour attirer les entreprises », précité, 2016.

* 39 Taux d'épargne brute des ménages (en % du revenu disponible), données Eurostat et Insee.

* 40 Observatoire de l'épargne réglementée, « Rapport annuel 2015 », juillet 2016, p. 17.

* 41 Business France, « 20 chiffres (et faits) qui témoignent de l'attractivité de la région Paris-Île-de-France », décembre 2016.

* 42 Ordonnance n° 2010-76 du 21 janvier 2010 portant fusion des autorités d'agrément et de contrôle de la banque et de l'assurance.

* 43 Avant la réforme de 2002, il existait toutefois trois autorités de surveillance distinctes : l'Office fédéral de contrôle de la profession, l'Office fédéral de supervision des professionnels de l'assurance et l'Office fédéral pour la supervision des marchés financiers.

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