UNE POLITIQUE D'OUVERTURE À L'APPUI DE LA CROISSANCE ET DE L'EMPLOI EN EUROPE

Le Marché commun, on le sait, s'est construit autour de principes forts d'ouverture en matière économique : libre circulation, marché intérieur, concurrence notamment, afin de faciliter la reconstruction et le développement de l'Europe. Les investissements étrangers, surtout américains dans un premier temps, ont ainsi accompagné la croissance européenne.

En dépit des crises récentes et des réflexes de fermeture qu'elles ont suscités chez certains, la politique européenne n'a eu de cesse d'affirmer la nécessité que l'Union européenne reste ouverte aux investissements étrangers. Le niveau des investissements en Europe tend en effet à décliner, notamment en raison du désengagement des financements publics consécutif à la crise et du vieillissement de la population. La reprise est fragile et les politiques européennes s'efforcent de la soutenir : la politique monétaire bien sûr, le plan d'investissement Juncker, dont la durée vient d'être doublée et les objectifs d'investissement portés à 500 Mds€, tout comme les stratégies sectorielles structurelles, vont en ce sens.

Dans les lignes directrices intégrées « Europe 2020 », le Conseil de l'Union européenne a ainsi mis l'accent sur le fait que l'Union doit « rester attractive pour les investissements privés, y compris les investissements étrangers » 2 ( * ) .

Même si certaines acquisitions s'accompagnent de réductions d'effectifs, les investissements directs étrangers en Europe s'accompagnent souvent de créations d'emplois. À cet égard, le maintien en Europe des centres décisionnels et le développement des centres de recherche développement sont cruciaux.

La théorie économique s'est bien sûr penchée sur l'impact des investissements directs étrangers sur l'emploi et sur la qualité très inégale des emplois créés. Les statistiques disponibles montrent des différences sensibles selon le pays d'accueil . La France connaît ainsi une forte progression des investissements étrangers mais ceux-ci sont assortis d'un impact moins fort qu'auparavant en matière de création d'emplois.

Les investissements étrangers en France au plus haut depuis dix ans
mais des effets moins favorables sur l'emploi

En 2016, quelque 1 117 décisions d'investissements physiques en France ont été prises par des opérateurs étrangers, d' Amazon , le géant américain de l'e-commerce au groupe électronique chinois TCL Communication , désireux d'implanter ou d'élargir des activités en France, soit 16 % de plus que l'année précédente.

L'Allemagne est devenue le premier investisseur en France, avec une progression de 35 % du nombre de projets. Pour la première fois elle a dépassé, de peu, les États-Unis. De la réparation de navires à La Ciotat ( Blohm et Voss ) à la production de croquettes pour chiens à Villeneuve-sur-Lot, ( Deuerer ), les groupes allemands ont fait de la France le premier pays d'accueil de leurs implantations dans l'Union européenne.

Ce haut niveau d'investissements étrangers n'a toutefois pas permis des créations d'emplois dans une proportion similaire à celle constatée 10 ans plus tôt. C'est ainsi qu'en 2016, il a été créé 10 000 emplois de moins qu'en 2006, pour le double de projets. In fine , ce sont 30 108 emplois qui ont été créés ou maintenus l'an dernier grâce aux capitaux étrangers, soit 11 % de moins que l'année précédente.

Si cette décrue traduit la transformation des usines, moins consommatrices de main-d'oeuvre que par le passé, elle illustre semble-t-il également le souci des groupes étrangers de limiter la création d'emplois dans un environnement social et fiscal souvent perçu comme rigide et imprévisible . À l'inverse, le crédit d'impôt recherche a permis de générer 2 612 emplois en 2016 : McCain , spécialiste américain de la frite, a ainsi créé un centre d'innovation dans les Hauts-de-France, avec 15 emplois, tandis que le semencier japonais Sakata installait sa filiale Sakata Vegetable Europe à Uchaud, dans le Gard : seize personnes ont été recrutées en 2016, le même effectif étant prévu en 2017

Les investissements dans la production, - premier contributeur avec 11 271 emplois créés -, représentent 25 % des projets mis en oeuvre en France par les industriels allemands, italiens ou japonais. Une usine de fabrication de pales d'éoliennes est ainsi en cours de construction au Havre : un investissement de 50 millions d'euros réalisé par le danois LM Wind Power , racheté par l'américain General Electric , et qui devrait générer la création de 500 emplois.

La logistique et la distribution sont également de gros pourvoyeurs d'emplois. Les plates-formes qu' Amazon , UPS et Otto ont bâties ou agrandies en 2016 ont ainsi créé 3 863 emplois en France en 2016, auxquels s'ajoutent 3 459 « jobs » dans les points de vente de l'américain Cosco ou du britannique Primark .

On relèvera enfin que les promesses de créations d'emplois ne sont pas toujours tenues . General Electric ( GE ) s'était ainsi engagé à développer l'emploi en France au moment du rachat d' Alstom mais a annoncé récemment la suppression de 350 emplois au sein de GE Hydro et une refonte de la branche GE Power qui pourrait fortement affecter l'emploi en France.


* 2 Recommandation (UE) 2015/1184 du Conseil du 14 juillet 2015 relative aux grandes orientations des politiques économiques des États membres et de l'Union européenne.

Page mise à jour le

Partager cette page