Réponse de Marie-George Buffet

Merci pour ce prix.

Tout d'abord, je voudrais remercier la délégation aux droits des femmes du Sénat, comme celle de l'Assemblée nationale. Dans ces deux lieux de délibération de la République, elles mènent le combat pour que, partout, le droit des femmes soit reconnu. C'est un long combat, universel. Il s'agit simplement de faire en sorte que la moitié de l'humanité ait les mêmes droits que l'autre moitié. C'est tout simple.

Ce combat pour les droits des femmes nous a permis d'avancer, ici et ailleurs. Nous avons gagné des acquis importants. Nous voyons bien qu'en raison de la domination patriarcale, et de tout ce qui perdure, ce combat doit toujours être mené. Il nous suffit de regarder ce qu'il se passe au sein de l'Union européenne, sur le plan politique, ou ce qui vient de se passer aux États-Unis s'agissant du droit à l'avortement. Écoutons les propos que nous entendons parfois sur la place des femmes dans la société. Ils prouvent que nous devons continuer à mener ce combat. Le sport peut être un instrument remarquable en la matière. Ce sport, c'est le rapport au corps, à l'espace, et donc, quelque part, à la liberté. C'est aussi le rapport aux autres, la mixité. C'est le fait d'être ensemble sur un stade. C'est tout cela, le sport.

Que les femmes puissent avoir accès au sport en pleine liberté est un droit essentiel, qui se heurte à des habitudes culturelles. Combien de parents, encore aujourd'hui, pensent que les garçons doivent faire du sport - c'est une évidence - alors que les filles peuvent choisir si elles comptent en pratiquer un ou non ? Combien de parents, ou d'enfants, pensent qu'il y a des sports féminins - la gymnastique - et masculins - le rugby ? Il existe aussi des préjugés cultuels. Nous voyons comment des individus utilisent la religion pour cacher le corps des femmes et leur interdire la liberté d'aller dans l'espace public. Ainsi, le sport peut être un vecteur important de liberté.

Vous l'avez rappelé, les premiers discours des talibans ont interdit la pratique sportive. Toutes les championnes, qu'elles soient footballeuses, handballeuses ou autre, ont été immédiatement pourchassées pour avoir été connues comme étant des athlètes de haut niveau. Il est donc encore nécessaire de nous battre.

Nous ne pouvons pas laisser le silence retomber sur la situation en Afghanistan, ni en Iran. Nous avons vu, il y a quelques jours à la télévision, les images d'une boxeuse ayant fui l'Iran il y a deux ans. Aujourd'hui, elle est championne de boxe.

Nous devons aider les sportives afghanes à quitter le pays et à venir chez nous pour vivre leur vie et pratiquer le sport qu'elles aiment. Dans les jours à venir, sept handballeuses pourront peut-être obtenir leur visa et pratiquer leur discipline dans notre pays. Je l'espère.

Je préside une association, Femmes d'ici et là-bas, qui vise à ce que partout, les femmes aient droit et accès à une pratique sportive. Nous qui aimons nous proclamer le pays des droits des êtres humains, mobilisons-nous pour que les Jeux olympiques et paralympiques qui se tiendront en France en 2024 soient les jeux de la mixité et de l'accès, partout, des femmes au sport. Nous ne pouvons pas admettre des délégations non mixtes, ni des délégations faussement mixtes, alors que les femmes sont privées de la pratique sportive dans leur pays. Nous l'avons vu lors des derniers JO, il arrive que des États placent des femmes « prétextes » dans leurs délégations, tout en interdisant la pratique du sport féminin.

Les JOP 2024 doivent être ceux de la pleine mixité. J'espère que le prix que vous m'avez attribué aujourd'hui permettra une réelle mobilisation, pour que ces Jeux témoignent d'un progrès important sur la pratique féminine dans le sport.

Merci beaucoup.

Annick Billon, présidente de la délégation aux droits des femmes. - Je propose à Laure Darcos de se joindre à nous, puisqu'elle a pris part à notre table ronde du 25 novembre 2021. J'en profite pour saluer la Présidente Éliane Assassi qui nous a rejoints, ainsi que notre collègue Laurence Rossignol. Je suis très heureuse de cette soirée, où des femmes inspirantes et inspirées sont à l'honneur.

J'invite maintenant Shoukria Haidar à nous rejoindre.

Les thèmes associés à ce dossier