C. L'EXEMPLE DE LA COMMUNE DE SAVERNE : LA SOBRIÉTÉ ÉNERGÉTIQUE POUR FAIRE FACE AU QUADRUPLEMENT DU COÛT DE L'ÉNERGIE
M. Stéphane Leyenberger, maire de Saverne. - Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, je vous remercie de me donner la possibilité de porter la voix des villes de taille moyenne, qui sont les moteurs de nos territoires. Saverne est une ville de 12 000 habitants en Alsace, au sein d'une communauté de communes de 36 000 habitants. Elle est la ville centre d'un territoire beaucoup plus vaste, d'environ 150 000 personnes. Nous avons donc des obligations de centralité très fortes, avec les recettes d'une ville de 12 000 habitants. Nous avons un budget de fonctionnement de 16 millions d'euros, 90 000 m² de bâtiments à chauffer et éclairer et 70 kilomètres de voirie à entretenir et éclairer. Nous faisons en outre partie des communes qui arrivaient à l'échéance de leur contrat d'électricité au 31 décembre dernier. Nous avons donc dû renouveler notre appel d'offres. Nous n'avons eu qu'un participant, Électricité de Strasbourg, et nous avons aujourd'hui un coût de l'énergie multiplié par quatre, particulièrement difficile à amortir, sans compter l'augmentation du coût du gaz, plus fluctuante. Fin 2022, les services de la commune ont réalisé un calcul : à consommation identique aux années précédentes, nous aurions eu à subir 1,6 million d'euros de factures supplémentaires, soit 10 % de notre budget de fonctionnement. Ceci aurait supposé de mettre fin à toute une série de politiques publiques.
Avec notre équipe municipale, nous nous sommes refusés à cette absurdité consistant à prélever l'impôt exclusivement pour payer des fluides et à ne plus mener de politique publique. Dès l'automne, nous avons donc pris des décisions drastiques pour un plan de sobriété renforcé, d'abord des mesures de bon sens (limitation de la température dans nos bâtiments, chasse au gaspillage), puis des mesures exceptionnelles relativement drastiques. Dès le mois de septembre, nous avons décidé de couper l'éclairage public de 21 heures à 6 heures, pour 200 000 euros d'économies. Nous avons promis à nos administrés, en échange, la poursuite des politiques culturelles, sociales, sportives et environnementales auxquelles nous nous étions engagés. Nous avons également pris la décision, pour la première fois, de fermer une semaine entière les services publics, avec quelques permanences pour certains services, entre Noël et Nouvel An. J'ai pris la décision d'accorder quatre jours de congé supplémentaires à mon personnel. La balance entre le coût et le bénéfice nous est apparue largement positive. Nous n'avons pas eu de difficulté avec les syndicats sur cette question. La mesure la plus spectaculaire, que nous sommes une des rares collectivités à avoir prise, a consisté à mettre en place pendant l'hiver une semaine de quatre jours, du lundi au jeudi, afin d'abaisser le chauffage dès le jeudi après-midi et de ne le rallumer que dans la nuit du dimanche au lundi, pour les principaux services publics. Les résultats sont encourageants. Les calculs, qui sont en cours de finalisation, font apparaître 30 à 40 % d'économies sur les volumes consommés durant cette période. Cette économie en volume, cumulée à l'augmentation de 7,1 % des bases fiscales, et à l'amortisseur de l'État, que nous espérons mais qui demeure une interrogation puisque nous estimons y être éligibles et que nous en attendons 400 000 euros, nous permet de maintenir notre fonctionnement. À la hausse des coûts de l'énergie s'ajoute cependant celle des matières premières, alors même que nous sommes engagés dans un plan pluriannuel d'investissement qu'il ne nous est pas possible de différer. Nous avons un certain nombre de travaux en cours, notamment sur le château des Rohan, pour un budget de 6,5 millions d'euros. Nous avons donc une certaine inquiétude quant à l'avenir, au vu de notre capacité d'autofinancement qui se dégrade, avec des taux d'intérêt en augmentation.
En étant réactifs et en prenant des mesures fortes, nous sommes capables de faire face à une situation conjoncturelle. Si celle-ci devait devenir structurelle, nos marges de manoeuvre s'en trouveraient fortement réduites. Nos marges fiscales sont devenues particulièrement limitées à la seule taxe foncière, ce que je regrette profondément.