II. DÉFENDRE LES ENSEIGNANTS FACE AUX PRESSIONS ET MENACES EN HAUSSE

A. UNE VIOLENCE ENDÉMIQUE, QUI TOUCHE DÉSORMAIS LE PRIMAIRE

 

La problématique de la violence à l'école n'est pas nouvelle : treize plans de prévention et de lutte contre celle-ci ont été pris par les différents ministres de l'éducation nationale depuis 1986.

Mais elle connait ces dernières années une ampleur croissante et généralisée. Pendant longtemps épargnée, l'école primaire est désormais touchée.

des établissements
du secondaire déclarent
au moins un incident grave
(en 2021/2022)

Pour rendre compte de l'ampleur de cette violence scolaire, que le recours aux pourcentages tend à minimiser, la mission a procédé à une estimation en valeur absolue du nombre d'enseignants victimes d'atteintes aux personnes et aux biens, à partir des enquêtes de victimation du ministère de l'éducation nationale.

L'assassinat de Samuel Paty a mis en lumière l'effet amplificateur que jouent les réseaux sociaux dans la propagation des rumeurs et les pressions et menaces contre les enseignants. Aujourd'hui, tout agent public de l'éducation nationale peut se retrouver désigné à la vindicte populaire, à la suite d'un message posté par un élève, un parent d'élève ou même un tiers.

B. L'ENSEIGNANT : DU SPLENDIDE ISOLEMENT REVENDIQUÉ À UNE SOLITUDE DOULOUREUSE

L'enseignant travaille davantage avec ses collègues enseignant la même matière que lui, plutôt qu'avec ceux intervenant sur une même classe mais dans une autre discipline. Il en résulte un travail en silo entre les enseignants des différentes matières. Ainsi, moins de 60 % des enseignants du second degré public ont l'impression de faire partie d'une équipe.

Or aujourd'hui, cet isolement assumé - qui prend également sa source dans la figure de l'enseignant seul face à sa classe - s'est transformé en solitude pesante, dans un contexte de remise en cause de l'autorité de l'école et de l'enseignant.

La coéducation prônée par les textes a progressivement été dévoyée, écartelée entre des parents demandant tout à l'école en termes d'éducation - et rejoints en cela par la dérive de croire que l'école puisse répondre à tous les maux de la société -, et des parents devenus trop intrusifs sommant l'enseignant de justifier une note donnée ou encore les documents pédagogiques utilisés. Il n'est ainsi plus rare pour les chefs d'établissement de recevoir des courriers d'avocats remettant en cause une sanction disciplinaire prononcée contre un élève.

Face aux contestations, pressions voire menaces dont ils sont victimes, les enseignants se sentent peu soutenus par leur hiérarchie. En 2021, seuls 54 % des enseignants disent avoir reçu un soutien total de la part des personnels de direction. Surtout, il existe une profonde coupure entre les agents de l'éducation nationale dans les établissements scolaires et ceux travaillant dans les services centraux ou du rectorat.

 

déclarent s'être déjà autocensurés pour éviter de possibles incidents portant sur les questions de religion en 2021. Ils n'étaient que 36 % en 2018.

Une formation défaillante, conjuguée à un manque de soutien, une hausse de la violence ainsi que des contestations des enseignements expliquent l'explosion de cette autocensure.

des enseignants
du secondaire public

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