C. AU TOTAL, UNE ADÉQUATION DES RESSOURCES FINANCIÈRES EFFECTIVEMENT OCTROYÉES AUX OBJECTIFS FIXÉS QUI INTERROGE
Si l'exécution du début de période de la programmation est globalement conforme à son esprit et permet des avancées indéniables et nécessaires, elle est néanmoins caractérisée, dans un contexte de contraintes fortes pesant sur les finances publiques, par une très forte tension - se manifestant par une hausse du report de charges très significative - et une rigidification pesant sur les crédits de la mission « Défense ». Elle l'est également, d'un autre côté, par des écueils tenant à l'acquisition de certains types de matériels, à la tenue des cibles de hausse d'effectifs prévues en LPM et à la réalisation effective des objectifs de rehaussement de la préparation opérationnelle et de disponibilité des matériels.
Ces tensions pesant sur les deux volets de la programmation physico-financières de la LPM témoignent de la matérialisation des limites de celle-ci en exécution.
D'une part, l'enveloppe budgétaire prévue dans la LPM 2024-2030 était de 400 milliards d'euros, et non de 413,3 milliards d'euros. Or, les 13,3 milliards d'euros de ressources complémentaires présentent par nature une probabilité de réalisation moindre que les crédits, comme le montre d'ailleurs les éléments évoqués supra. En outre, la prise en compte dans ces ressources complémentaires des reports de charges constitue une fragilité initiale de la programmation.
D'autre part, l'exécution de la LPM se déroule dans un environnement dégradé du point de vue des finances publiques. En effet, son début d'exécution intervient alors que les niveaux de déficit public et d'endettement sont particulièrement élevés en France. Il en résulte une difficulté pour le ministère des armées pour obtenir l'ensemble des crédits qu'il sollicite, notamment au titre des surcoûts constatés en cours d'année. Même si, jusqu'ici, cette situation n'a pas conduit à renoncer aux ambitions capacitaires du fait de la mobilisation importante du report de charges, la réduction de 5,7 milliards d'euros des dépenses de l'agrégat « Équipement » prévu par l'A2PM 2024 - et qui ne sera pas sans conséquence capacitaires - peut être interprété comme une première conséquence matérielle à moyen terme de cette situation.
Une enveloppe pleine et entière de 413,3 milliards d'euros complétée par des abondements complémentaires couvrant l'intégralité des surcoûts en exécution serait peut-être compatible avec les objectifs fixés en LPM dans un environnement présentant pas ou peu d'aléas. Dans la réalité du début d'exécution de la LPM, l'adéquation entre les ressources et les objectifs prévus peut en revanche être questionnée. Et ce alors même que se pose aujourd'hui la question du caractère potentiellement insuffisant des capacités des armées visées par la LPM, au regard du nouveau contexte stratégique en Europe tel qu'il résulte des déclarations du nouveau président américain Donal Trump sur la protection de l'Europe.