Introduction par Gérard Larcher, président du Sénat
C'est avec plaisir que j'ouvre la 7e cérémonie de remise du prix de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les femmes et les hommes. Je donne son nom entier à la délégation, car c'est bien sur les deux pôles que sont les droits des femmes et l'égalité des chances qu'ont travaillé et que travaillent encore les lauréats distingués aujourd'hui.
Le droit des femmes, c'est d'abord, malheureusement et même dramatiquement, le droit d'être protégées. J'ai en cet instant une pensée pour l'action de Monique Pelletier, qui vient de nous quitter et que je connaissais personnellement. Elle a défendu, lorsqu'elle était au Gouvernement, la proposition de loi sénatoriale devenue la loi de 1980 portant définition pénale et criminalisation du viol. Et voilà que cet après-midi, en séance, a été adoptée définitivement la proposition de loi visant à modifier la définition pénale du viol et des agressions sexuelles, pour y faire figurer explicitement la notion de consentement.
La proposition de loi qui a créé la loi de 1980 relevait de l'initiative de Brigitte Gros, sénateur - à l'époque, on ne disait pas sénatrice - des Yvelines, mon département. Elle m'avait accueilli comme tout jeune maire de Rambouillet, à l'époque. Les enjeux de cette loi sont toujours actuels, tant la correctionnalisation des viols demeure une pratique courante.
L'adoption du texte de cet après-midi consacre une évolution nécessaire de notre droit qui suit les recommandations du Conseil de 1'Europe. Elle permettra, espérons-le, une meilleure pédagogie, notamment pour les mineurs, sur le consentement.
D'autres combats pour protéger les femmes se poursuivent, souvent portés par les victimes et leurs avocats, tels que maître Stéphane Babonneau et maître Antoine Camus, défenseurs de Gisèle Pelicot, qui sont honorés aujourd'hui. Ce sont des combats, car ils rencontrent parfois, souvent même, des oppositions farouches et, dans notre monde actuel de réseaux sociaux et de populismes rampants, des attaques décomplexées. La délégation honore à juste titre Jeanne Hefez, chargée de plaidoyer au sein de l'ONG Ipas, pour ses travaux sur les mouvements anti-droits et masculinistes.
La délégation a un autre champ d'action : l'égalité des chances. Je salue le rapport transpartisan de Marie-Do Aeschlimann, Jocelyne Antoine, Laure Darcos et Marie-Pierre Monier, dont le nom est porteur d'avenir et d'espoir et parle au scientifique que je suis : XX=XY, féminiser les sciences, dynamiser la société. Il comporte des préconisations qui susciteront le débat. Mais c'est le rôle du Parlement.
Madame Charlotte Jacquemot, vous révélez la réalité du phénomène de discrimination dans les sciences. Monsieur Didier Roux, avec la Fondation La main à la pâte, vous agissez pour que tous les enfants, filles et garçons, s'engagent dans la démarche scientifique dès le plus jeune âge. C'est le diagnostic et, j'espère, la solution, ou une partie de la solution.
Bien sûr, l'égalité des chances, c'est aussi l'égalité des chances face à la maladie. L'Institut des cancers des femmes du professeur Anne Vincent-Salomon de l'Institut Curie fait l'objet d'une mention spéciale de la délégation.
Le choix des lauréats reflète le champ des réflexions de la délégation : évaluer la loi et accompagner, si nécessaire, les évolutions du droit, poser un diagnostic objectif sur les situations et formuler des préconisations.
Je suis impressionné par la diversité et la richesse des apports des lauréats aux droits des femmes et à l'égalité des chances. Nous disposons des connaissances et des moyens d'agir pour remédier aux dysfonctionnements de la société. C'est à nous, Sénat, Parlement, de nous en emparer en nous appuyant sur vos connaissances et vos actions.
Mesdames et Messieurs les lauréats, je vous souhaite une excellente cérémonie.
