II. LA NOUVELLE DONNE PUBLICITAIRE

La confiance règne. Dopés par une bonne conjoncture - qui confirme la corrélation entre croissance réelle et croissance du marché publicitaire - les professionnels affichent un réel optimisme.

Au vu des résultats pour 1997 et des perspectives pour 1998, on ne peut que partager ce sentiment. A moyen terme, il convient d'être plus prudent, comme y invitent certains acteurs du marché, telle la régie IP. Celle-ci, qui vient de passer sous le contrôle de CLT-UFA, conclut ainsi une étude récente des marchés occidentaux : " la croissance du marché publicitaire n'est plus forcément proportionnelle à la croissance économique... Il faudra s'habituer à des taux de croissance plus modestes ".

On ne peut faire l'économie, si l'on veut analyser les perspectives des entreprises audiovisuelles d'une analyse des tendances des marchés publicitaires.

C'est pourquoi M. le Président de la commission des finances du Sénat a commandé (fin 1997) au Conseil supérieur de l'audiovisuel une étude sur " L'audiovisuel et la publicité ".

S'agissant des perspectives à moyen terme, l'exercice est délicat, mais tout laisse prévoir une possible mutation des marchés publicitaires.

La révolution numérique apporte deux innovations, l'interactivité et la possibilité de ciblage . Elles seront de nature à modifier profondément les relations entre annonceurs, publicitaires, médias et consommateurs. La combinaison, sur une grande échelle et non plus de façon expérimentale, de ces deux éléments devrait changer les règles du jeu publicitaire ; on sera désormais en mesure, à la fois, de procéder à des " frappes chirurgicales " ne portant que sur des publics très ciblés, et d'en mesurer l'impact commercial avec précision, presque en temps réel. On a donc toutes raisons de penser que l'annonceur aura les moyens de demander des comptes et de juger l'efficacité d'une campagne, selon un constant souci de rentabilité.

La télévision a été, avec le hors-médias, le moteur de la prospérité du secteur de la publicité ces dernières années ; réciproquement, la publicité s'est révélée un élément stratégique de l'équilibre d'exploitation, aussi bien des chaînes privées que des chaînes publiques. Les ressources publicitaires ont, en effet, servi - aux Gouvernements successifs - de variables d'ajustement du budget des chaînes publiques. C'est regrettable, mais c'est ainsi. Publicité et audiovisuel sont donc liés de façon indissoluble.

Mais ce lien financier se double désormais d'une interdépendance technologique. Parce qu'elle a introduit depuis longtemps la mesure des audiences, parce qu'elle propose des versions thématiques, donc personnalisées, et qu'elle évolue vers une interactivité croissante, parce qu'elle se rapproche d'Internet, enfin, la télévision est au coeur de cette mutation probable des marchés publicitaires.

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