A. ÉVOLUTION DE LA PART DE MARCHÉ DE LA TÉLÉVISION
Si l'on s'accorde généralement pour constater la reprise de la croissance du marché publicitaire, en revanche, il n'existe pas de consensus sur l'ampleur des changements qui pourraient résulter des innovations technologiques et, en particulier, de l'arrivée d'Internet comme moyen de communication de masse.
1. La situation du marché de la publicité télévisée
La
publicité télévisée qui absorbait en 1987 moins
de 25 % des recettes publicitaires des grands médias, en
mobilise aujourd'hui plus du tiers, en dépit des multiples contraintes
réglementaires
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*
)
.
Toutefois, cette progression, du fait des fluctuations conjoncturelles, n'a
été ni régulière ni homogène.
La télévision a, plus que la presse ou la radio,
bénéficié de la forte expansion des années 80. Elle
a, moins que les autres médias, souffert du tassement du marché
publicitaire de 1991 à 1993. Elle a repris sa progression à
partir du second semestre 1993, en raison du redressement de l'ensemble du
marché publicitaire. L'infléchissement enregistré en 1996
est resté relatif. La progression observée en 1997, bien que
légèrement en retrait par rapport aux années
précédentes, est plus élevée que la moyenne des
grands médias.
On peut distinguer, dans l'évolution des rapports entre l'audiovisuel et
la publicité, au cours des dix dernières années, deux
périodes aux profils sensiblement différents.
1) La première période, (1987-1992) est celle qui s'ouvre avec la
création de La Cinq et de M6, et la privatisation de TF1 ; elle se
termine avec la disparition de La Cinq.
Elle se caractérise par une vive croissance de l'offre publicitaire
entraînant, dans un contexte économique favorable, l'ensemble du
marché publicitaire. Bien que cette rapide progression des
investissements publicitaires à la télévision ait surtout
bénéficié aux chaînes privées, elle s'est
avérée globalement insuffisante. Son infléchissement
à partir de 1990 a accentué les difficultés de La Cinq,
qui a cessé d'émettre début avril 1992.
2) La seconde période (1992-1997) a suivi la disparition de La Cinq,
avec l'arrivée d'ARTE, puis de La Cinquième. On est alors
passé de trois chaînes privées et deux chaînes
publiques, à deux chaînes privées et quatre chaînes
publiques (sur trois canaux) ; deux chaînes
généralistes publiques et deux chaînes
généralistes privées.
Cette période se caractérise par une croissance beaucoup plus
modérée des recettes publicitaires de la
télévision, en dépit d'une forte augmentation de la
durée des espaces publicitaires offerts, notamment sur les chaînes
publiques.
Le redéploiement des investissements des annonceurs sur quatre
chaînes généralistes au lieu de cinq a cependant permis
à chacune d'entre elles, prise isolément, de connaître une
forte progression de son chiffre d'affaires publicitaire, en dépit de la
morosité de l'environnement économique. " Cette embellie
technique " aurait été de courte durée, si elle n'avait
été relayée par la reprise des années 1992 à
1995
, qui furent particulièrement favorables sur le plan
économique pour les chaînes hertziennes. Le repli intervenu en
1996 n'en est apparu que plus significatif.
Un contexte favorable
Les annonceurs ont dépensé, en 1997, 158,3 milliards de
francs pour promouvoir leurs produits et faire connaître leurs marques,
soit 3,8 % de plus que l'année précédente, selon
l'étude " France Pub ", rendue publique, au début mars
1998, par Havas et sa filiale Havas Média Communication. Ces
spécialistes tablent sur une croissance du marché publicitaire de
4,5 % pour l'année 1998. Cette étude, dont c'est la
sixième édition, est fondée sur le recensement des
investissements réels de 2 500 entreprises, en distinguant la part
allouée aux médias (télévision, presse, radio,
affichage et cinéma) de celle affectée au hors-médias
(marketing direct, promotion, événementiel, multimédia,
annuaires).
On note que cette croissance globale de 3,8 %, en 1997, est
légèrement supérieure à celle observée en
1996, soit 2,9 %, tout en restant en dessous des taux de 4,4 % et
4,5 % observés en 1994 et 1995.
En 1997, le
hors-médias
a continué d'attirer les deux
tiers (64 %) des dépenses de communication, contre 63,8 % en
1996. Après avoir fortement progressé, ce secteur pourrait se
stabiliser : " En 1998, la croissance des investissements médias devrait
être similaire à la croissance du hors-médias ",
prévoit le directeur des études d'Havas, en ce qui concerne la
répartition médias/hors-médias.
Le marché français est similaire à celui de l'Italie,
où les médias représentent 34,3 % des
investissements, selon l'étude Europub (avril 1998), de la Belgique
(33,1 %) et de l'Allemagne (37,4 %). En revanche, au Royaume-Uni
(50,4 %) comme aux Pays-Bas (75,3 %), les médias attirent
encore la majorité des dépenses publicitaires.
Le
marketing direct
- ( mailing, éditions publicitaires,
prospectus et marketing téléphonique) qui représente la
plus grosse part du marché publicitaire, avec 49,5 milliards de
francs, soit 31,3 % - et la promotion des ventes (réductions
de prix, objets publicitaires, PLV et jeux-concours), ont augmenté
respectivement de 4,5 % et 4,1 % en 1997.
Parmi les
médias,
la presse a bien résisté en 1997.
Des progressions supérieures à la moyenne du marché ont
été enregistrées par la presse quotidienne nationale (+
9,6 % à 1,69 milliard de francs) et la télévision
(+ 5,8 % à 19,1 milliards de francs). Le succès de
la presse quotidienne s'explique en partie par l'introduction de la couleur et
le dynamisme commercial des supports. La presse quotidienne régionale
(PQR), en revanche, paraît se moins bien porter. Ses recettes
publicitaires ont fléchi de 8,8 % en 1996 pour tomber à
2,99 milliards de francs.
La situation n'est guère plus satisfaisante pour la radio, dont les
recettes publicitaires régressent pour la deuxième année
consécutive (1,4 %), du fait, notamment, de la diminution du nombre
des campagnes nationales. Selon la même étude de France pub, un
renversement de tendance (+ 2 %) pourrait cependant intervenir en
1998.
Les
médias
dits de
complément
continuent, de
leur côté, à améliorer leurs parts de marché.
L'affichage a progressé de 4,8 % (8,4 milliards de francs),
comme le cinéma, qui atteint presque le demi-milliard de francs
d'investissements, " un seuil symbolique ", selon les experts,
grâce à une croissance de 8 %. Enfin, en 1997,
40 millions de francs ont été consacrés à
l'achat d'espaces publicitaires sur Internet.
En dernier lieu, l'étude indique que le poste " multimédia ",
qui, selon France Pub, avait réalisé en 1996 un chiffre
d'affaires publicitaire de 405 millions de francs (coût de la
création du support,
on line
et
off line
inclus), s'est
accru en 1997 de près de 60 % pour atteindre 645 millions de
francs.
La concentration des annonceurs
La concentration des dépenses est très importante : en
1997, 3,3 % des annonceurs disposant d'un budget publicitaire
supérieur à 500 000 francs représentaient
70 % des dépenses. Les vingt premiers annonceurs en assuraient
près de 30 %, tandis que 5 groupes : PSA, Renault,
Nestlé l'Oréal et Danone en représentaient à eux
seuls 11,4 %.
38,2 % de ces dépenses étaient, toujours en 1997,
réalisés par les trois principaux secteurs concernés,
alimentation-boissons, transport et distribution.