III. UNE DÉPENSE PUBLIQUE D'ÉDUCATION NON OPTIMISÉE
A. DES RÉSULTATS PARFOIS INQUIÉTANTS PAR RAPPORT AUX EFFORTS BUDGÉTAIRES DE LA NATION
L'effort
budgétaire considérable consenti par la nation en faveur de
l'enseignement scolaire était certes en partie imposé par le
mouvement de démocratisation de l'enseignement du second degré.
On peut constater un consensus général sur un tel objectif,
d'autant plus qu'un haut niveau de qualification est indispensable à la
compétitivité de l'économie à une époque
où la " matière grise " elle-même est
mondialisée.
Le second degré a même dû faire face à un
phénomène de massification que la loi a repris à son
compte : la loi de 1989 d'orientation sur l'éducation s'est
fixée comme objectif de porter 80 % d'une classe d'âge au niveau
du baccalauréat.
Des réserves peuvent cependant être exprimées quant
à l'efficacité de la dépense d'éducation, en ce
sens où les résultats obtenus dans certains domaines sont
décevants par rapport aux crédits engagés.
Du reste, cette critique n'est pas propre à la France. Dans son
édition 1998 de
Regards sur l'éducation : les indicateurs
de l'OCDE
, l'organisation internationale note :
" compte tenu
du poids des dépenses d'éducation,
[...]
il est important
que les systèmes éducatifs délivrent de bons
résultats à un coût raisonnable
"
, ce qui
n'est pas toujours le cas. Des " zones d'ombre " subsistent à
cet égard dans le système éducatif français.
1. La non maîtrise des savoirs fondamentaux
Depuis
1989, il est procédé à une évaluation des
connaissances en français et en mathématiques des
élèves à l'entrée au CE2, et à
l'entrée en 6
ème
.
De telles évaluations aident les enseignants à mieux identifier,
en début d'année scolaire, les acquis et les lacunes de leurs
élèves, les chiffres cités plus loin étant ceux de
l'évaluation menée en septembre 1997.
Les résultats font apparaître qu'un nombre non
négligeable d'élèves ne maîtrisent pas encore les
connaissances de base.
Le tableau ci-après, extrait d'une note d'information de la direction de
la programmation et du développement du ministère de
l'éducation nationale, est relatif à l'évaluation des
élèves à l'entrée en classe de CE2 :
De manière générale, les tests de reconnaissance de mots
courants et de déchiffrage de mots inconnus sont bien réussis,
mieux que les épreuves concernant la compréhension de textes. En
revanche, les activités demandant une réflexion sur la langue
sont source de réels problèmes.
En mathématiques, certains types d'épreuves sont bien, voire
très bien maîtrisés, la géométrie et
l'addition notamment, mais la soustraction et la multiplication beaucoup moins
bien. La recherche ou l'interprétation de l'information sont des
activités bien maîtrisées. Mais les élèves
sont confrontés à d'importantes difficultés lorsqu'il
s'agit d'analyser une situation, d'organiser une démarche, de mettre en
oeuvre une technique opératoire et de formuler une réponse.
Le tableau ci-après présente la répartition des
élèves à l'entrée en CE2 selon les niveaux de
compétence en lecture et en calcul en 1997 :
Il apparaît que près d'un élève sur quatre ne
maîtrise pas les compétences de base en lecture, et que la
moitié n'a pas un niveau supérieur aux compétences de
base. Les résultats sont légèrement meilleurs en calcul,
22,6 % des élèves ne maîtrisant pas les compétences
de base.
A l'entrée en 6
ème
, le score moyen global de
réussite des tests de français est de 61,9 %.
La réussite moyenne dans les trois champs dans lesquels a
été classé l'ensemble des tests est assez homogène,
de 58,5 % à 63,4 %.
Le tableau ci-dessous montre que le score moyen global des élèves
en mathématiques est de 54,7 %.
Des disparités importantes apparaissent selon les domaines
évalués : le score moyen de réussite dans le domaine
des techniques opératoires est de 74,5 %, mais de 45 % dans celui du
traitement de l'information.
Le tableau ci-après précise la répartition des
élèves de 6
ème
selon les niveaux de
compétences en lecture, en calcul et en géométrie en 1997.
Les résultats sont globalement meilleurs en français qu'en
mathématiques. Environ 15 % des élèves ne maîtrisent
pas les compétences de base de la lecture, ce qui peut paraître
tout de même important à 11 ou 12 ans et eu égard au fait
que la lecture est la clé de la réussite dans n'importe quelle
discipline, ainsi qu'un facteur d'intégration sociale évident. La
moitié des élèves ne maîtrisent que les
compétences de base, seuls 8 % à peine des élèves
ne maîtrisant que l'ensemble des compétences en lecture.
Ces indications confirment les inquiétudes régulièrement
exprimées sur la persistance, dans notre pays, d'un niveau
élevé d'illettrisme.
Les résultats en mathématiques sont moins bons. Près d'un
quart des élèves ne maîtrisent pas les compétences
de base en géométrie et un tiers d'entre eux en calcul.
En calcul, moins d'un élève sur cinq maîtrise plus que les
compétences de base et seulement 3,4 % des élèves
détiennent l'ensemble des compétences. En
géométrie, 60 % des élèves ne maîtrisent que
les compétences de base, et seulement 2,7 % l'ensemble des
compétences.