D. UN SYSTÈME DE REMPLACEMENT BAROQUE, PEU EFFICACE ET SOURCE DE GASPILLAGE
Faisant
suite à la table ronde " Pas de classe sans enseignant ",
installée en septembre 1997 par le ministre de l'éducation
nationale, le rapport du recteur Bloch, remis en février 1998, fait le
point sur les causes de l'absentéisme des enseignants et l'organisation
des remplacements.
Sur ce dernier point, le rapport relève " la mauvaise organisation
des remplacements " surtout dans le second degré. Au-delà
des moyens quantitatifs affectés au remplacement, aucune
réflexion d'ensemble n'avait été menée pour
envisager le remplacement comme un service ayant ses besoins propres.
Trop souvent, les postes de remplacement constituent une variable d'ajustement
dans la gestion des enseignants, et permettent d'affecter par défaut
ceux qui n'ont pu être nommés sur un poste mis dans le
mouvement.
1. Le système de remplacement dans le premier degré : un fonctionnement convenable mais coûteux
a) Une organisation convenable
Dans le
premier degré, il existe des titulaires remplaçants qui sont
organisés sous deux systèmes distincts : d'une part, des
brigades " départementales " constituées d'enseignants
pour assurer les remplacements longs sur l'ensemble du département et,
d'autre part, des enseignants chargés des remplacements courts,
implantés sur des zones d'intervention localisée (ZIL).
A ces titulaires remplaçants, il faut ajouter les enseignants de
deuxième année d'IUFM qui doivent un quart de leur temps à
l'enseignement.
Compte tenu de la polyvalence naturelle des enseignants du premier
degré, ce système fonctionne de manière satisfaisante,
même si la répartition de ce potentiel de remplacement entre les
départements pourrait être revue, certains départements
ayant un peu trop de titulaires remplaçants eu égard à
leurs besoins réels.
Le potentiel de remplacement dans le premier degré est ainsi
évalué à 8,5 % du total des personnels en poste
devant les élèves, pour faire face à un absentéisme
évalué à 8 %, soit 5,5 % pour les congés
maladie, maternité et 2,5 % pour les absences au titre de la
formation continue.
b) Un système coûteux et encore perfectible
Les
moyens consommés pour assurer les remplacements en 1997
s'élevaient à 25.016 ETP, soit environ 10 % des enseignants
du premier degré titulaires d'un poste devant les élèves
(259.434).
Malgré son importance, on évalue à 1 % les absences
non remplacées, le coefficient d'utilisation des remplaçants
étant évalué à 75 ou 80 % sur toute
l'année.
Il convient de remarquer qu'aucun système -si complet soit-il- ne peut
assurer 100 % des remplacements dans une situation extrême, comme
une épidémie de grippe, qui touchera non seulement les titulaires
mais également les titulaires remplaçants.
Il faut ensuite constater, en le déplorant, que faute de disposer de
postes de reclassement ou de réadaptation, on affecte parfois sur les
postes de titulaires remplaçants, des enseignants qui ne sont plus
capables de faire classe.
Dans les statistiques, ces enseignants sont comptabilisés dans les
moyens de remplacement, mais en réalité ils ne sont pas
utilisés. Le représentant du SNUIPP, a estimé devant la
commission que dans chaque département, environ cinq ou dix enseignants
du premier degré se trouvaient dans ce cas, ce qui représente
entre 500 et 1.000 postes au niveau national.
Il convient de préciser que les absences non remplacées ne se
traduisent pas forcément par des élèves sans professeur,
puisque la plupart du temps les élèves sont répartis entre
les classes. Le problème est plus grave lorsqu'il s'agit de classe
unique et il arrive que l'inspecteur d'académie soit obligé de
fermer l'école.