2. Un réemploi massif aux effets perturbateurs
Le
réemploi massif des maîtres auxiliaires a contribué
à rendre encore plus rigide la gestion du système éducatif
et s'est en fait traduit par de nouveaux dysfonctionnements.
Cette décision de réemploi a en effet figé la situation
existante, à la manière d'une photographie, selon l'expression du
directeur des personnels enseignants au ministère de l'éducation
nationale. Le nombre de maîtres auxiliaires par académie et leur
répartition par discipline correspondaient en effet aux besoins de
chaque académie à un moment donné.
Le réemploi systématique des maîtres auxiliaires qui a
été décidé sans tenir compte de l'évolution
des besoins disciplinaires a ainsi perpétué ou aggravé les
déséquilibres constatés dans certaines disciplines et
s'est traduit par une augmentation des surnombres des personnels contractuels
dans certaines matières, notamment l'histoire-géographie, la
physique et les sciences économiques et sociales, alors que d'autres
disciplines restaient déficitaires en enseignants (sciences de la vie et
de la terre, espagnol, éducation musicale, ...).
Le réemploi systématique des maîtres auxiliaires, bien
loin de répondre aux besoins actualisés des académies, a
eu ainsi des effets perturbateurs non négligeables et a conduit la
plupart des recteurs à recruter de nouveaux contractuels, en
dépit de l'interdiction posée par le ministre, pour assurer les
rentrées scolaires de 1997 et 1998.
3. Une interdiction contournée par la plupart des académies
Le
ministère de l'éducation nationale ne contrôle pas
l'utilisation de la dotation d'emplois faite à chaque académie,
et n'est donc actuellement pas en mesure de s'assurer que l'interdiction
d'employer de nouveaux maîtres auxiliaires est respectée. En
effet, le recrutement des maîtres auxiliaires se réalise au niveau
déconcentré, et constitue une prérogative des recteurs.
Au cours de l'année scolaire 1997-1998, les académies ont
diversement apprécié cette interdiction : 9 maîtres
auxiliaires ont été par exemple recrutés dans
l'académie d'Amiens, contre 114 dans l'académie de Montpellier.
S'agissant de l'année scolaire en cours, les recrutements
" clandestins " de maîtres auxiliaires ont concerné
inégalement les académies comme en témoignent les exemples
suivants :
- Lille : 81
- Amiens et Grenoble : 45
- Clermont-Ferrand : 21
- Martinique : 12
- Lyon : 2
La direction des affaires financières du ministère de
l'éducation nationale évalue ainsi qu'il suit le nombre de
maîtres auxiliaires recrutés pendant le premier trimestre de
chaque année scolaire depuis la rentrée de 1996 :
Rentrées scolaires |
Nombre de recrutements |
1996 |
1321 |
1997 |
766 |
1998 |
633 |
Si ces chiffres indiquent que le recrutement de nouveaux maîtres auxiliaires dans l'enseignement du second degré a été considérablement réduit, ils font cependant apparaître qu'environ 1.400 embauches ont été effectuées de façon illicite lors des deux dernières années, ce qui témoigne à la fois de la grande autonomie des recteurs par rapport à la " centrale " et de la nécessité de conserver une telle variable d'ajustement jusqu'à ce que plus de souplesse soit apportée dans l'utilisation des enseignants titulaires.