B. LES FAIBLESSES DU GIE

Certaines faiblesses d'Airbus sont « objectives », ressortent clairement d'une analyse factuelle et peuvent être imputées à la forme juridique du GIE, d'autres moins démontrables, reposent sur des opinions souvent subjectives.

1. La répartition des rôles dans le consortium avec une dissociation des fonctions commerciales et productives semble induire des difficultés

Avec un effectif limité à 2.300 personnes principalement dédié aux services à la clientèle, le GIE est surtout responsable de la commercialisation des avions, du montage des financements associés aux ventes et du service après vente. Les partenaires assurent quant à eux la production et la conception effective des appareils.

On relèvera que parmi les critiques adressées au consortium, il apparaît d'abord qu'Airbus communiquerait moins bien avec ses utilisateurs que ses concurrents.

Les quelques témoignages recueillis sur ce point convergent vers l'opinion selon laquelle la sophistication technologique des appareils du GIE serait excessive et contrasterait avec les possibilités d'équipement des cabines qui resteraient assez sommaires. Les « produits Airbus » seraient trop marqués par le réflexe de l'ingénieur et pas suffisamment par des préoccupations commerciales.

En bref, Airbus serait moins à l'écoute des besoins des compagnies que ses concurrents américains
. Il est clair que la façon dont a été conduit le projet concernant le Boeing 777 a marqué les esprits. Comme le soulignait le président de Cathay Pacific Airways, le 777 a été le premier avion conçu en coopération étroite entre le constructeur et les compagnies aériennes. Le projet a d'ailleurs été baptisé « Faisons-le-ensemble » par les parties prenantes.

C'est ainsi que, par exemple, les compagnies ont imposé à Boeing de pouvoir reconfigurer très rapidement la cabine inférieure du 777 afin de l'adapter aux besoins de l'exploitation commerciale. Cette exigence a été satisfaite puisque la cabine du 777 peut être entièrement réaménagée en moins de 72 heures contre deux ou trois semaines pour les autres appareils. Poursuivre ce mode de relations constitue désormais une priorité de la direction de Boeing qui a d'ores et déjà adopté ce schéma pour la conception des futurs 747.

Ces appréciations subjectives qui contrastent avec les succès commerciaux du consortium restent partiellement à démontrer . Mais il faut relever qu'à leur appui, les observateurs font valoir des éléments de fait, en particulier la multiplication en peu de temps des modèles d'un même type d'appareil par le GIE européen qui contrasterait avec la capacité des appareils américains à satisfaire durablement la demande sans nécessiter de développements complémentaires rapprochés dans le temps.

Il est évidemment difficile d'établir un lien entre la formulation de ces appréciations et la forme juridique actuelle d'Airbus. Toutefois, la dissociation entre la fonction commerciale du consortium assumée par le GIE et les fonctions techniques et de conception réalisées dans le cadre des diverses entreprises partenaires pourrait être à l'origine de frottements susceptibles d'affecter plus ou moins le dialogue avec les clients.

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