4. Tentative d'appréciation des avantages attendus de la transformation du GIE en société
Les
avantages attendus de la transformation du GIE résident tous dans des
gains de gestion associés à une direction plus centralisée.
Les analystes citent généralement à ce propos les
avantages suivants :
Une meilleure maîtrise de la politique commerciale de
l'entreprise
. Airbus éprouverait en effet quelques
difficultés à connaître précisément ses prix
de revient. La marge résultant des fabrications Airbus est le
résultat de deux types de marges, différentes selon chacun des
partenaires :
- la
marge commerciale
, résultat de l'écart entre le prix
de vente des avions et le prix de cession entre les partenaires industriels
(Aérospatiale, Dasa, British Aerospace et Casa) et le GIE Airbus. Cette
marge (de l'ordre de 4 % au titre de l'année 1996 et de
l'ordre de 2 % au titre de l'année 1997) sert à payer
les charges du GIE Airbus (personnel, frais de recherche et
développement, assistance aux clients). L'éventuel
excédent est distribué aux partenaires au prorata de leur
participation dans le GIE ;
- la
marge industrielle
est le résultat de l'écart entre
le prix de cession au GIE Airbus et le prix de revient des fabrications. Les
partenaires du GIE Airbus consolident le résultat de ces deux marges au
niveau de leur résultat consolidé.
La superposition de ces marges ne permet pas une connaissance suffisamment
précise de la structure des coûts. Cette méconnaissance
pourrait gêner Airbus dans la détermination de sa politique de
prix.
La réduction de certaines charges
. Il s'agit notamment de celles
concernant les achats externes. Actuellement, ceux-ci ne sont pas actuellement
centralisés ce qui ne permet pas de bénéficier de la
puissance d'une société réalisant un tel chiffre
d'affaires. Mais il s'agit des surcoûts résultant de la
séparation des tâches par industriel et par pays qui
entraîne des augmentations des encours à l'origine de
l'augmentation du besoin en fonds de roulement de chacun des membres du GIE.
L'accès aux marchés financiers
:
Le GIE Airbus ne peut pas avoir accès aux marchés financiers,
notamment en raison de l'absence de comptes publiés et de notation de la
part des agences de rating.
Un plus grand pouvoir de négociation
avec les banques
grâce à une surface financière supérieure dans les
interventions sur les marchés.
Ces différents arguments ont conduit les partenaires à
réaliser des évaluations des gains devant résulter de la
transformation du GIE.
Ces estimations sont bien entendu tenues secrètes par chacun
puisqu'elles reposent sur des scénarios significatifs des
stratégies propres de chaque industriel.
C'est donc avec une certaine précaution que l'on doit prendre le chiffre
parfois cité d'un gain d'efficacité de l'ordre de 15 %.
Il faut en effet souligner les incertitudes qui s'attachent à
l'impact de la transformation du statut d'Airbus
. L'on peut à cet
égard citer deux écueils.
A court terme, les coûts de cette opération pourraient l'emporter
sur les gains nécessairement retardés et dépendants de
l'amélioration , pour une part conjecturale, de la gestion de
l'entreprise associée au changement du statut.
Le détachement des actifs Airbus de chaque partenaire est quant à
lui susceptible d'engendrer des coûts immédiats d'ailleurs
d'autant plus élevés qu'il ne serait pas l'objet d'un
aménagement fiscal.
Plus encore, il est susceptible d'entamer la cohérence d'entreprises
qui, par définition, n'auraient plus alors la responsabilité des
actifs apportés au consortium. On sait que cette inquiétude est
tout particulièrement légitime chez Aérospatiale pour qui,
même après sa fusion avec Matra Hautes Technologies, les
activités Airbus représentent une part essentielle de ses
activités.
Mais surtout, il apparaît établi que l'avenir d'Airbus suppose
d'adjoindre à ses activités commerciales les autres sources de
chiffre d'affaires qui font la solidité de ses concurrents
américains
.
Car à supposer même établis les gains d'efficacité
résultant du changement du statut d'Airbus, il est manifeste que la
solidité de l'industrie aéronautique européenne reposera,
comme en sont convenues les principales entreprises du secteur -voir infra- sur
la constitution d'une entreprise à activités multiples.